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L’Église dans l’enseignement secondaire

 | 
Samuel Gicquel
, 
Frédéric Le Moigne

Quatrième partie. Recompositions religieuses

Affirmations différenciées du caractère religieux des institutions catholiques d’enseignement secondaire

Guillaume Dupuy

Texte intégral

  • 1 Léger Alain, « Les détours par l’enseignement privé », dans Jean-Pierre Terrail (dir.), La scolaris (...)
  • 2 Langouët Gabriel et Léger Alain, Le choix des familles. École publique ou école privée ?, Paris, Fa (...)
  • 3 Léger Alain, « Les détours par l’enseignement privé », op. cit., p. 13.

1Dans les années 1960-1970, l’obligation religieuse a cédé la place à la proposition dans les institutions catholiques. Si l’évolution de la transmission religieuse à la fin du xxe siècle en milieu scolaire n’a pas fait l’objet d’études approfondies, des sociologues ont toutefois cherché à comprendre l’importance du facteur religieux dans le choix des familles de scolariser leurs enfants dans les établissements privés catholiques. En s’appuyant sur une recherche portant sur les trajectoires d’environ 80 000 enfants, Alain Léger a établi à la fin des années 1990 que le choix de la scolarisation dans un établissement privé pour des raisons confessionnelles est extrêmement minoritaire1. Avec Gabriel Langouët, il met en évidence qu’à la fin du xxe siècle, seules 27 % des familles qui scolarisent tous leurs enfants dans des établissements privés (soit seulement 6,5 % de l’ensemble des familles ayant des enfants scolarisés) déclarent accorder beaucoup d’importance aux motifs religieux dans leur choix d’établissement2. Si, comme les deux auteurs le précisent, « la grosse majorité des usagers du privé n’y viennent pas vraiment par choix positif, captivés par le charme discret des établissements catholiques ou fascinés par on ne sait quel “caractère propre”, mais tout simplement parce qu’ils ont été mis en échec scolaire par l’enseignement public3 », on peut se demander quelle place prend le religieux dans les établissements privés catholiques sous contrat d’association avec l’État. Autrement dit, dans quelle mesure l’enseignement secondaire dit « libre » et « catholique » est-il réellement catholique ?

  • 4 Le président de la Conférence des évêques de France, nommé à la présidence du Conseil pour l’enseig (...)

2Comme semble le percevoir le cardinal Ricard4, en ouverture de la session de printemps des adjoints diocésains en pastorale qui s’est tenue au Secrétariat général de l’enseignement catholique en mars 2019, la réponse n’est pas évidente :

« Il nous faut résister à une double tentation. La première consiste à réduire l’évangélisation à la seule présence de la catéchèse, aux moments de propositions explicites de la foi et aux temps de célébration […] alors que la formation intégrale des enfants en est une composante à part entière. La deuxième à la réserver à des établissements catholiques qui cultivent l’entre-soi social et religieux5. »

3Tous les établissements privés catholiques n’accordent pas une même place au religieux et à la transmission religieuse. L’objet de cette étude est de montrer que la plus ou moins grande affirmation du caractère religieux d’un établissement est intimement liée à sa position dans l’espace local des établissements scolaires, de sorte que les établissements privés les plus attractifs peuvent faire du religieux un élément à part entière de leur projet d’établissement tandis que les établissements moins attractifs, au contraire, tendent à reléguer le religieux au rang des activités secondaires voire accessoires.

Cadre théorique et méthode d’enquête

  • 6 Dupuy Guillaume, D’un collège à l’autre. Sociologie des mobilités scolaires en cours de cursus coll (...)
  • 7 Ce département est situé dans le Grand-Ouest. Le taux de scolarisation dans l’enseignement privé y (...)
  • 8 Prises en notes tout au long de l’année scolaire 2018-2019, les expériences vécues personnellement (...)

4L’enquête exploite les résultats d’une thèse de sociologie consacrée à l’étude des mobilités scolaires en cours de cursus collégien, dont une partie porte sur l’analyse de l’offre scolaire locale6. Elle est complétée par une recherche par observation participante en tant que professeur depuis treize ans dans cinq collèges et lycées privés catholiques sous-contrat d’association avec l’État situés dans un département de province que le chanoine Boulard place au milieu du xxe siècle parmi les « indifférents à traditions chrétiennes », soit ceux dans lesquels le taux de pratique pascale est alors compris entre 20 % et 45 %7. Cette position privilégiée pour accéder aux données de terrain est renforcée par l’entretien de relations suivies avec des informateurs de toutes sortes qui observent de l’intérieur le quotidien de nombreux établissements8.

  • 9 Briand Jean-Pierre et Chapoulie Jean-Michel, « L’institution scolaire et la scolarisation : une per (...)

5La collecte des données et leur analyse ont été réalisées dans une « perspective institutionnelle », dans le sens formulé par Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie à l’occasion de leurs recherches sur l’histoire de l’enseignement9. De ce point de vue, l’institution scolaire est considérée comme une organisation dont l’impératif premier est le traitement de flux d’élèves dans des réseaux d’établissements. Le recrutement des élèves dépend toujours des contraintes de la gestion avant de dépendre des caractéristiques des élèves eux-mêmes. Puisque, selon cette perspective, « c’est par rapport à l’institution que se définissent – et donc que peuvent être comprises – les actions des diverses catégories impliquées dans les processus de scolarisation », l’école tient le premier rôle dans la définition des comportements de scolarisation. Cette relation de détermination nous amènera d’abord à étudier l’offre scolaire avant d’analyser, ensuite, la plus ou moins grande affirmation du caractère religieux dans chacun des établissements. La perspective institutionnelle adoptée nécessite également d’intégrer dans le schéma de compréhension l’environnement de l’institution, et notamment l’espace concurrentiel dans lequel elle s’insère.

Frontières et structure de l’espace local des collèges étudiés

6Défini comme l’ensemble des établissements d’un territoire engagés dans des relations de concurrence afin de capter chaque année suffisamment d’élèves pour se pérenniser et/ou se développer, l’espace local des collèges pris pour terrain d’enquête est situé en province. Il représente les secteurs de recrutement liés aux lieux d’habitation des élèves inscrits dans un collège privé sous-contrat situé dans un quartier intermédiaire de la préfecture, agglomération elle-même localisée en plein centre géographique du département. Il intègre également les secteurs proches et a priori concernés par son offre de scolarisation bien que, dans les faits, aucun élève n’en provienne. L’espace local des collèges représente ainsi l’équivalent du centre-ville de la préfecture et un territoire correspondant à un petit peu moins d’un quart du département.

7À cet espace étudié dans le cadre de la thèse, nous avons ajouté deux collèges pour l’enquête. Un collège a intégré l’espace local après un déménagement qui s’apparente plus à une fermeture/réouverture qu’à un simple changement d’adresse. L’autre, rural, a été choisi afin d’étoffer l’analyse et de s’appuyer sur des données empiriques plus nombreuses, bien qu’il soit en marge de l’aire géographique étudiée.

8Les données institutionnelles recueillies par les services de l’Éducation nationale ont été exploitées pour mettre en évidence les écarts objectifs qui séparent les établissements de l’espace local des collèges. En les comparant au regard de leur implantation géographique, de leur attractivité auprès des élèves, des familles et des personnels, du recrutement social, de l’avance ou du retard scolaire de leurs élèves ainsi qu’au regard des performances aux épreuves standardisées et du devenir scolaire des élèves à la sortie du collège, nous avons pu constituer des groupes hiérarchisés de collèges qui se ressemblent ou, au contraire, s’opposent. Nous ne retiendrons ici que les établissements privés catholiques (tous sous contrat d’association avec l’État), regroupés en cinq catégories, pour mettre en lien les positions relatives qu’ils occupent dans l’espace avec les affirmations différenciées du caractère catholique de chacun d’entre eux.

Quasi-absence du religieux dans les collèges populaires urbains et relégués

  • 10 Dupuy Guillaume, D’un collège à l’autre…, op. cit., p. 198-203.

9Pour des raisons historiques, concurrentielles et économiques détaillées ailleurs, les établissements privés catholiques accueillent un public en moyenne socialement plus favorisé que les établissements publics à l’échelle nationale10. À l’analyse des situations de chacun d’eux dans leur contexte concurrentiel local, ils sont même quasi systématiquement mieux positionnés que leurs concurrents publics les plus proches. C’est ainsi qu’à l’échelle du terrain d’enquête, les institutions catholiques d’enseignement secondaires sont quasi absentes de la catégorie des établissements secondaires les plus relégués de l’espace local des collèges. Seul un collège dit « de la nouvelle chance », sous la tutelle d’une Fondation catholique, scolarise une nette majorité d’élèves entretenant un rapport très distancié à l’école. Les seules évocations du religieux sur le site Internet de l’établissement sont la bénédiction du collège par l’évêque à l’occasion de l’inauguration de l’établissement consécutive à son déménagement et à sa refondation (changement de nom et de projet d’établissement) et de deux pèlerinages réalisés en 2017 et 2019.

Caractère accessoire du religieux dans les collèges ruraux

  • 11 Ibid., p. 62-65.

10Pour des raisons également historiques, les établissements secondaires privés sont peu implantés dans les territoires ruraux dans le département étudié11. Comme les collèges publics ruraux, ils scolarisent des élèves majoritairement issus des milieux populaires et sont peu attractifs. Bien que nous ne soyons pas en mesure de préciser leurs faibles taux de remplissage, l’insuffisance de leurs effectifs crée en permanence des doutes chez les personnels quant à la possibilité d’assurer à long terme leur pérennité. Dans un tel contexte, les administrateurs des établissements adoptent une posture ouverte à tous dans laquelle le religieux apparaît comme accessoire. Dans une de ces institutions, seule l’expression « enrichissement spirituel » est utilisée sur le site Internet de l’établissement et aucune mention n’est faite à la pastorale. Dans un autre collège rural, l’établissement est présenté par le directeur comme étant catholique bien que ce caractère religieux soit résumé à la participation facultative au temps fort de Noël, à l’opération caritative « bol de riz » et à la possibilité pour ceux qui le souhaitent d’assister à une messe une fois par mois.

Difficile affirmation de l’identité catholique des collèges urbains en position intermédiaire/reléguée

11Le caractère religieux des collèges privés sous-contrat n’est guère plus affirmé dans les établissements catholiques urbains implantés dans ou à proximité immédiate des quartiers populaires. Comme les collèges ruraux, ils sont d’autant plus ouverts à tous qu’ils parviennent difficilement à recruter suffisamment d’élèves pour assurer leur pérennité et qu’une part importante du public accueilli est musulmane. La spécificité de leur recrutement rend ainsi problématique l’affirmation du caractère catholique de l’établissement. Certes, une partie des familles musulmanes choisissent de scolariser leurs enfants dans un établissement catholique plutôt que dans un établissement public. C’est par exemple le cas de l’imam d’un des quartiers de l’espace local qui juge préférable un établissement religieux à un areligieux. Mais d’autres familles musulmanes expriment des réticences à inscrire leurs enfants dans un collège catholique, comme en témoignent des réactions entendues à l’occasion des portes ouvertes d’un de ces établissements. Inquiets que leur enfant soit exposé à une autre religion que la leur, des parents hésitent et parfois renoncent à y inscrire leurs enfants.

12Du point de vue des gestionnaires du réseau des établissements catholiques et de ces collèges occupant des positions relativement reléguées dans l’espace local, l’affirmation d’une identité catholique revêt bien moins d’importance que la capacité à pérenniser l’établissement, ne serait-ce qu’à moyen terme. Dans un de ces établissements, le directeur est choisi non pas pour ses convictions religieuses (jamais manifestées) mais pour son leadership d’enseignant expérimenté et apprécié dans l’établissement, ainsi que pour sa capacité supposée à garantir sa survie. Dans l’autre collège, les directrices successives sont arrivées dans l’enseignement catholique non pas par conviction religieuse mais par nécessité économique pour l’une, par opportunité pour l’autre. Au risque de déplaire à quelques enseignants croyants, l’une d’entre elles enlève d’ailleurs dès son entrée en fonction la statue de la Vierge Marie de son bureau pour la remplacer par le drapeau du Rotary club international. Les candidats à la direction de ces établissements étant peu nombreux, les gestionnaires du réseau départemental des établissements catholiques n’ont ainsi pas les moyens de porter aux postes de direction de ces établissements des agents sélectionnés pour mettre en œuvre des actions particulièrement favorables à l’affirmation du caractère religieux de ces collèges.

13Cette très faible affirmation du caractère catholique des collèges qui occupent des positions intermédiaires voire reléguées dans l’espace local des établissements s’objective aussi par le peu d’espace dédié au religieux. Ni l’un ni l’autre ne possède de chapelle ou d’église. Un de ces collèges ne dispose pas d’espace dédié à la catéchèse. Le directeur délocalise cette activité et la délègue aux personnels de la paroisse locale, de sorte qu’à peu près aucune action permettant d’affirmer explicitement le caractère catholique de l’établissement n’est proposée en interne. L’autre collège attribue à l’aumônerie une mini salle de classe de 15 mètres carrés que l’aumônier parvient difficilement à remplir, faute d’un nombre suffisant d’élèves inscrits à la catéchèse. Parce qu’il n’arrive pas à fédérer suffisamment d’élèves pendant les temps consacrés au catéchisme dans l’emploi du temps, ce dernier cherche à échanger avec des élèves en jouant au basket avec les plus jeunes d’entre eux pendant les récréations du matin. Dans cet établissement, aucune référence religieuse n’apparaît sur les supports de médiatisation (affiches, publicités, site Internet). Comme dans l’autre collège occupant une position similaire dans l’espace local des établissements, rien de religieux n’est imposé aux élèves. Seule une célébration dans l’église de quartier est proposée à ceux qui le souhaitent à l’occasion de Noël.

Caractère secondaire du religieux dans les collèges en positions intermédiaires/favorisées

14Le caractère religieux des établissements catholiques est plus affirmé, bien qu’encore très secondaire, dans les collèges urbains qui occupent des positions plus favorables dans l’espace local des établissements scolaires. Dans un des deux collèges considérés, sous tutelle congréganiste, tout se passe comme si l’appartenance au réseau des établissements sous cette tutelle obligeait à affirmer davantage le projet religieux de l’établissement sans que le religieux soit pour autant plus présent dans l’établissement. S’il apparaît comme une toile de fond dans la présentation de l’établissement, aucune information ne présente l’organisation concrète de la pastorale. Délocalisée du centre-ville de la préfecture à une commune limitrophe au début des années 1980 pour réduire la concurrence interétablissements privés et tenter de capter un public plus nombreux sur un territoire dénué de collèges catholiques, cette institution ne dispose d’ailleurs ni de chapelle, ni d’église. La place très secondaire accordée à la pastorale est même suggérée par l’intitulé d’un des axes du projet d’établissement « Rendre plus visible les actions de l’Équipe Pastorale », qui se limitent à la proposition, pour ceux qui le souhaitent, de participer à des actions de type « opération bol de riz ».

  • 12 Selon les termes utilisés sur le site Internet de l’établissement.

15L’autre collège qui occupe une position similaire dans l’espace local des établissements a une histoire de plusieurs siècles et est implanté à moins d’un kilomètre de la cathédrale et du centre-ville de la préfecture. Comme en atteste l’existence d’une chapelle, d’un aumônier et de plusieurs animateurs en pastorale, le religieux y est plus présent et affirmé. Acceptant difficilement que des enseignants refusent de s’impliquer dans la catéchèse ou d’assurer les heures de culture religieuse, le directeur de l’établissement, catholique, entre parfois en conflit avec certains d’entre eux sur ce sujet. Les élèves doivent faire le choix entre une de ces deux activités, d’un volume d’une heure hebdomadaire, inscrite dans l’emploi du temps. De nombreuses activités religieuses sont par ailleurs proposées à ceux qui le souhaitent. Des groupes d’aumônerie sont possibles de la 5e à la 3e pour ceux qui veulent « prolonger et approfondir la réflexion » de même que la poursuite d’une démarche de préparation au baptême, à la première communion, à l’eucharistie ou à la confirmation sur le temps de catéchèse. Un temps de prière de quinze minutes est proposé tous les vendredis ainsi que plusieurs célébrations à la chapelle et temps forts aux élèves « désireux de vivre et célébrer leur foi12 ».

Possibilité d’affirmation du caractère catholique des collèges occupant des positions hégémoniques

16Les collèges qui occupent des positions hégémoniques dans l’espace des établissements ne sont pas confrontés aux mêmes problèmes que ceux qui occupent des positions reléguées. Parce qu’ils sont très attractifs et recueillent plus de demandes d’inscription de familles souhaitant y scolariser leurs enfants que de places, les personnels et le chef d’établissement peuvent, s’ils le souhaitent, affirmer plus complètement le caractère religieux du collège sans courir le risque de mettre en cause leur capacité à attirer suffisamment d’élèves pour assurer leur pérennité.

17Bien qu’un des collèges sous tutelle diocésaine occupe une telle position, le religieux y est présenté mais peu affirmé, peut-être parce qu’il ne semble pas être une préoccupation de son directeur. Comme le manifeste aussi l’appellation de l’établissement, qui porte le nom d’un arbre et non d’un saint, le collège, qui ne dispose ni de chapelle ni d’église, entretient depuis ses débuts des liens peu étroits avec l’Église locale. Le projet éducatif est présenté comme inscrit dans les missions de l’Éducation nationale et de l’enseignement catholique, en s’appuyant sur une sélection de textes qui ne font pas mention de l’aspect religieux. Sur le site Internet du collège, le religieux occupe très peu de place. La seule référence explicite au religieux est la présentation d’un axe du projet d’établissement intitulé « dire sa source et en vivre » proposant aux élèves « d’intégrer l’équipe d’animation pastorale en lien avec la paroisse », de « participer aux temps forts de l’établissement » (messe de l’avent, chemin de croix) et de « participer à la catéchèse, à la culture religieuse et aux activités proposées par la pastorale ».

  • 13 Kim et Noé est un document présenté par son éditeur (Médiaclap Édition, pour les Directions diocésa (...)

18Si les personnels en place dans ce collège n’affirment pas le caractère religieux de l’établissement malgré la position hégémonique dans l’espace local, ce n’est pas le cas des autres collèges locaux qui occupent une telle position. Le religieux est par exemple présent et affirmé dans un collège implanté de longue date dans le centre-ville de la préfecture. Bien que nous ne disposions pas d’informations sur l’actuelle directrice de l’établissement, le chef d’établissement précédent, à la tête de cette institution pendant plusieurs décennies, est un catholique engagé faisant de son établissement, doté d’une chapelle, un lieu empreint de religiosité. Sur le site Internet de l’institution, « la vie chrétienne » est l’objet d’un onglet au même titre que les informations les plus importantes. Le projet d’établissement fait explicitement référence à la religion : « La communauté éducative a le souci de faire découvrir aux élèves le sens de l’homme et de l’amour à la lumière de l’Évangile. » Dans ce collège, l’affirmation du caractère religieux ne se réduit pas à une présentation rhétorique. Une messe de rentrée est obligatoire pour tous les élèves, de même que la présence aux temps forts pendant lesquels des témoins extérieurs viennent présenter leurs engagements. En 6e, un temps hebdomadaire de catéchèse est inscrit à l’emploi du temps de tous les élèves, tandis qu’un autre est consacré à la culture religieuse, à partir des documents Kim et Noé13. L’offre de pratiques religieuses facultatives est largement plus étoffée que dans les établissements occupant des positions plus reléguées et de nombreux moments dédiés à la pratique religieuse jalonnent l’année scolaire pour ceux qui le souhaitent. Des enseignants et le prêtre de la paroisse locale proposent de préparer les élèves à la confirmation. Des pèlerinages, un week-end de retraite et des temps forts sont proposés, dont trois annuellement à la cathédrale. L’engagement dans les mouvements d’Église est encouragé, ainsi que des actions concrètes en faveur des plus démunis.

19Dans un autre établissement (sous tutelle congréganiste) disposant de sa propre chapelle et occupant une position hégémonique dans l’espace local des collèges, le religieux est également présent et affirmé. L’emploi du temps est construit de manière que chaque élève de 6e et de 5e ait une heure hebdomadaire de catéchèse ou de culture religieuse. Des temps de sensibilisation aux actions humanitaires et des conférences ou tables rondes sur des sujets d’actualité et/ou religieux sont imposés aux élèves tout au long de leur scolarité. Des parents catholiques pratiquants contribuent par ailleurs à orienter la politique de l’établissement et les pratiques pédagogiques par leurs contestations répétées des choix de gestion et des propositions pédagogiques jugées en opposition avec leurs convictions religieuses. C’est ainsi qu’un cycle de quelques séances de yoga a été annulé au collège. Considérant le yoga comme une pratique inadmissible dans un établissement catholique, des parents d’élèves se sont plaints auprès du chef d’établissement puis de l’évêque. Ils ont finalement obtenu l’abandon de ce projet pour tous les élèves. C’est ainsi qu’aux pratiques religieuses imposées aux élèves s’ajoutent les orientations plus indirectes et implicites des pratiques pour trouver un point d’équilibre entre les familles les plus revendicatives sur le plan religieux, les projets des personnels de l’établissement et la supervision du chef d’établissement par les représentants de la tutelle religieuse. L’affirmation plus nette du caractère religieux de ces établissements s’objective également dans ce collège par une offre large de pratiques religieuses facultatives. Sont ainsi proposés aux élèves de ce collège occupant une position hégémonique dans l’espace local des établissements une préparation à la profession de foi en 6e, un pèlerinage à Lourdes en 5e, une préparation à la confirmation, une récollection, un temps de prière hebdomadaire ainsi que la participation à diverses célébrations tout au long de l’année.

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  • 15 L’implantation géographique des catholiques contribue également à expliquer la plus ou moins grande (...)
  • 16 Les catholiques observants font partie des catholiques les plus engagés. Ils se pensent, selon Yann (...)

20La situation est similaire dans le dernier établissement privé (sous tutelle diocésaine) qui occupe une position hégémonique dans l’espace local des collèges. Alors qu’il est de notoriété publique que ce collège scolarise une large partie de la bourgeoisie catholique locale14, le caractère religieux de l’établissement, qui dispose également de sa propre chapelle, est présent et affirmé15. Cette affirmation religieuse est telle que l’ancien directeur, catholique observant16, est à l’instigation de la création d’une école et d’un collège privés catholiques hors contrat d’association avec l’État dans lesquels l’éducation est avant toute autre chose religieuse. Bien que le chef d’établissement ait changé, le religieux est mis au premier plan sur le site Internet du collège. Le projet pastoral est détaillé et fait explicitement référence au Christ :

« Rejoindre le jeune dans son histoire pour favoriser une vraie rencontre avec le Christ, grâce à l’aumônerie ouverte à tous avec des propositions variées dans le respect de chacun. Tout au long de l’année, la vie du Christ rythme notre vie de Chrétiens au sein de l’établissement grâce notamment à nos temps forts. »

21Dans ce collège aussi, l’emploi du temps prévoit une heure hebdomadaire de catéchèse ou de culture chrétienne en 6e et en 5e. En 4e, les élèves doivent participer à des ateliers animés par des intervenants qui « portent un regard chrétien ». Ceux qui le souhaitent bénéficient également d’une offre élargie de pratiques religieuses facultatives. La préparation à la profession de foi et à la réception des sacrements est proposée au sein de l’établissement grâce notamment à l’implication régulière de plusieurs mères d’élèves dans l’animation pastorale. De même que dans le collège évoqué précédemment, des parents catholiques observants contribuent à orienter la politique de l’établissement et les pratiques pédagogiques par leurs contestations répétées de pratiques jugées en inadéquation avec leur religion. Des familles se sont plaintes par exemple d’une enseignante de français travaillant avec ses élèves sur le livre Harry Potter, considérant qu’un tel choix revient à faire l’éloge de la sorcellerie. En 2017, une partie des familles catholiques observantes a pris à partie une enseignante et a contesté sa légitimité professionnelle en raison de son homosexualité. Les enseignants se savent ainsi surveillés par des parents enclins à les contester dès lors que les pratiques pédagogiques mettent en cause le regard religieux qu’ils portent sur le monde.

22Finalement, à l’échelle de l’espace local des collèges dans lequel nous avons mené l’enquête, la plus ou moins grande affirmation du caractère religieux d’un collège est liée à sa position dans l’espace local des établissements scolaires. Les collèges les plus attractifs peuvent faire du religieux un élément à part entière de leur projet d’établissement, à tel point que les personnels de certains collèges utilisent l’attractivité scolaire de l’établissement pour imposer la catéchèse ou la culture chrétienne à des élèves non catholiques. Les collèges moins attractifs tendent au contraire à reléguer le religieux au rang des activités secondaires, accessoires, voire à le déléguer aux services paroissiaux. Leur préoccupation première est de scolariser suffisamment d’élèves pour pérenniser l’établissement. Parce que l’affirmation du caractère religieux peut agir dans ce contexte comme une catégorie repoussoir pour une partie de leur clientèle potentielle, il n’est pas dans l’intérêt des personnels de ces établissements de médiatiser une forte identité religieuse.

Une relation aussi observée au lycée

23L’étude plus succincte de la situation dans l’espace local des lycées privés sous contrat locaux fait apparaître la même relation. La mention du caractère religieux des lycées les plus relégués est quasi inexistante. Dans le lycée professionnel rural du département d’enquête, la seule référence au religieux sur le site Internet de l’établissement est la présence ponctuelle d’un aumônier à l’écoute de ceux qui le souhaitent. Dans le lycée agricole d’une ville de 12 000 habitants, seule une phrase du projet d’établissement évoque « un lieu qui respecte les convictions de chacun ». L’identité religieuse d’un lycée professionnel peu attractif de la préfecture du département n’est guère plus affirmée. Si une équipe pastorale composée notamment d’enseignants propose des temps de prière et de célébration ainsi que la possibilité de se préparer aux sacrements, il est mentionné en tout premier lieu que l’objectif de la pastorale est de « favoriser les temps de réflexion et d’échanges dans le respect de conscience de chacun », d’organiser « des temps de convivialité » et « d’ouvrir à la solidarité ».

24La religion prend plus de place dans les lycées les plus attractifs. Le lycée professionnel attractif de la préfecture du département mentionne explicitement les différentes célébrations organisées tout au long de l’année au sein du lycée : la Saint-Vincent, la Sainte-Catherine, Noël, la Chandeleur, le Carême et Pâques. Un voyage est organisé tous les ans à Rome et un autre dans un lieu explicitement tourné vers la pratique religieuse. Dans un autre lycée polyvalent aux caractéristiques similaires, 12 heures annuelles sont programmées dans l’emploi du temps pour que chaque élève réalise un « parcours des religions ». Bien que ce lycée ait une histoire de plusieurs siècles marquée par l’administration des pères jésuites, le site Internet de l’établissement propose un long développement sur la vie spirituelle sans presque jamais évoquer la religion. Seule la dernière proposition du projet d’établissement évoque explicitement la foi, Jésus-Christ, les Évangiles et l’Église. Le lycée général et technologique du centre-ville de la Préfecture, le plus attractif du département, affirme quant à lui plus clairement son caractère religieux. Un des sept onglets du site Internet de l’établissement est dédié à la pastorale. Il permet d’ouvrir seize pages différentes relatives à des actions et à des propositions faites dans le lycée par la pastorale. Une animatrice est employée à mi-temps dans l’établissement pour l’animation de celle-ci et pour travailler en étroite relation avec l’aumônier impliqué dans le lycée au minimum une journée par semaine. Un espace est dédié en permanence à la pastorale. Des temps de prière et de célébration sont proposés régulièrement et des week-ends de réflexion sont organisés. Les élèves sont invités à participer à des rencontres conviviales, à des opérations caritatives et à intégrer des groupes de préparation aux sacrements.

25Bien que nous disposions de moins d’informations sur les lycées que sur les collèges pour étayer l’analyse, tout semble indiquer à l’échelle du département d’enquête que la position d’un lycée dans l’espace local des établissements permet de comprendre, comme c’est le cas dans les collèges, la propension que les personnels ont à affirmer leur caractère religieux.

Une relation également identifiée en Île-de-France

26Afin de vérifier si la relation entre position dans l’espace local des établissements et plus ou moins grande affirmation du caractère religieux est un effet de contexte ou une tendance voire une constante indépendante du territoire d’implantation des établissements, nous avons vérifié si elle est aussi identifiable ailleurs. Notre réseau d’informateurs et les données statistiques dont nous disposons nous ont amené à analyser la situation dans des collèges situés en Île-de-France. Là aussi, cette relation est observable. Aucune mention au religieux n’est par exemple faite sur le site Internet du collège Notre-Dame des Vertus, à Aubervilliers, établissement relativement relégué dans l’espace local. Dans ce collège dont les indicateurs statistiques internes à l’Éducation nationale mentionnent que près de 20 % des élèves sont étrangers et que les effectifs sont bien inférieurs à la moyenne départementale (362 élèves contre 582 en moyenne en 2011), l’affirmation du caractère catholique agirait là aussi comme un repoussoir pour une partie de la clientèle. Alors qu’il occupe une position plus intermédiaire dans son espace local, le collège privé Assomption, situé à Bondy, présente quant à lui avec précision un projet pastoral dans lequel la religion catholique est secondaire. Si l’approfondissement de la foi catholique est proposé aux élèves qui le souhaitent, la dimension interreligieuse est présentée comme particulièrement importante pour les personnels de l’établissement.

27Ce n’est par contre pas le cas au collège Jeanne d’arc de Colombes. Alors que ce collège occupe une position hégémonique dans cette commune de plus de 80 000 habitants et une position favorisée dans son espace local des établissements, les personnels affirment clairement son caractère religieux. Une heure de culture religieuse est intégrée à l’emploi du temps des élèves de 6e et de 5e. Des célébrations de la Parole sont obligatoires pour tous les élèves et ponctuent l’année liturgique sur le temps scolaire dans la chapelle de l’institution ou dans l’église à proximité. Le site Internet de l’établissement mentionne l’existence d’un espace dédié à la pastorale accessible à tous les élèves pour échanger, lire, jouer, voir des films, partager, avoir des réponses à des questions, bricoler, etc. Des ateliers et groupes de réflexion y sont organisés. Un partenariat avec l’association Asmae-Sœur Emmanuelle existe et un groupe Fraternité Saint-Vincent de Paul 13-18 ans est ouvert aux élèves qui souhaitent s’engager au service des autres en participant par exemple à des visites en maison de retraite, à des collectes alimentaires, à des opérations de jardinage. Des rencontres sont également organisées à l’aumônerie de Colombes après les cours, le mercredi et le samedi pour les élèves qui souhaitent découvrir la foi des chrétiens ou continuer à cheminer dans la foi, dans la continuité du catéchisme.

28Le collège Sainte-Croix de Neuilly, situé à Neuilly-sur-Seine, illustre enfin comment des établissements qui occupent une position hégémonique dans leur espace scolaire local peuvent faire du religieux un élément central de leur projet d’établissement. Sur les trois seuls onglets disponibles sur le site Internet de ce collège scolairement et socialement élitiste, un est consacré à la pastorale. Dans cet établissement, l’emploi du temps intègre pour tous les élèves une heure de catéchisme en 6e et en 5e. Chacune de ces heures commence par la lecture de la parole de Dieu et l’objectif annoncé est d’amener les élèves à réfléchir, à analyser l’Évangile et surtout à approfondir leur foi. Deux messes hebdomadaires, plusieurs célébrations tout au long de l’année scolaire ainsi qu’un pèlerinage à Lourdes sont proposés. Surtout, le projet pastoral de l’école annonce clairement la place centrale accordée au religieux dans le projet éducatif :

« Lieu de mission de l’Église, soutien des parents dans l’éducation à la vie chrétienne, l’école catholique s’attache à ce que puisse naître une relation personnelle entre l’enfant et Jésus-Christ, Parole de Dieu pour les hommes, Parole vivante. Dieu fait homme.
La pastorale à l’école Sainte-Croix vise à imprégner l’ensemble de la vie de l’école, dans le respect de chacun, pour développer la formation intégrale de chaque élève, et former une communauté joyeuse et fraternelle, qui cherche à vivre l’Évangile au quotidien en se laissant instruire et guider par le Christ, le Bon Pasteur. »

29Par ailleurs, plusieurs de nos informateurs, dont un chef d’établissement et une enseignante en poste dans des établissements élitistes des Hauts-de-Seine, affirment que la pression à l’entrée de certains établissements de ce département est si forte que la sélection qui s’y est d’abord faite sur des critères indissociablement scolaires et socio-économiques se fait maintenant, en plus, sur des critères religieux. Une enquête plus détaillée mérite d’être réalisée pour le vérifier.

  • 17 Dupuy Guillaume, « Densités des offres scolaires locales et politiques scolaires localisées », Rech (...)

30Cette recherche apporte un complément aux résultats d’une recherche antérieure17. Nous avions montré que la quasi-impossibilité pratique de création de collèges privés dans les territoires attractifs sur le plan démographique dans lesquels l’offre scolaire est peu abondante favorise progressivement leur sélectivité scolaire et sociale ainsi que leur positionnement dans les positions les plus attractives de l’espace scolaire local. Nous pouvons dorénavant ajouter que cette situation leur offre en plus la possibilité, si les personnels le souhaitent, d’affirmer leur caractère religieux et même, pour les plus attractifs, d’imposer des pratiques religieuses à des élèves peu ou pas croyants inscrits dans l’établissement avant tout pour des raisons scolaires. Au contraire, les difficultés de recrutement des établissements dans les territoires peu attractifs sur le plan démographique dans lesquels l’offre scolaire est abondante prédisposent les personnels à viser une clientèle large en reléguant au rang des problématiques secondaires voire accessoires les questions religieuses. Il s’agit justement de ne pas affirmer le caractère religieux de l’établissement pour ne pas faire fuir une partie des élèves potentiels de l’établissement.

31Comme le montrent quelques cas évoqués dans cette recherche, la position d’un établissement dans l’espace scolaire local ne détermine pas à elle seule son affirmation religieuse, de sorte qu’il s’agit en aucun cas d’affirmer qu’il existe une stricte corrélation entre ces deux données. Un collège qui occupe une position hégémonique dans la préfecture du département d’enquête affirme par exemple très peu son caractère religieux. Il n’en reste pas moins qu’elles sont intimement liées de manière relativement systématique. Et s’il est possible de faire l’hypothèse selon laquelle la figure du chef d’établissement ainsi que la nature de la tutelle peuvent influencer l’affirmation religieuse d’un établissement, il faudrait une nouvelle recherche pour saisir dans quelle mesure ces acteurs ont les moyens de résister à la nécessité de l’ouverture à tous quand leur établissement est menacé de fermeture à cause d’un recrutement insuffisant.

  • 18 Ministère de l’Éducation nationale – Division de l’évaluation, de la prospective et de la performan (...)
  • 19 D’après Ghislaine Cormier, le coût moyen par élève varie en fonction de la taille de l’établissemen (...)

32Finalement, dans la mesure où les établissements catholiques d’enseignement affirment de manière très inégale leur caractère religieux en fonction des positions qu’ils occupent dans leurs espaces scolaires locaux respectifs, il reste à tenter d’estimer quelle position ils occupent majoritairement à l’échelle nationale. En 2018, dans l’enseignement privé, 46,1 % des collèges, 44,4 % des lycées généraux et technologiques et 83,3 % des lycées professionnels scolarisent moins de 300 élèves18. Considérant que l’effectif moyen des collèges publics français est de 496 élèves, que celui des collèges privés est de 375 élèves et que les services territoriaux en charge des collèges du département d’enquête estiment qu’un collège est particulièrement coûteux lorsque l’effectif est inférieur à 450 élèves, la grande majorité des établissements privés sous contrat n’est donc pas, a priori, en position d’affirmer avec force un caractère religieux19. Au contraire, seuls 13,2 % des collèges, 19,5 % des lycées généraux et technologiques et 0,5 % des lycées professionnels scolarisent plus de 700 élèves. Ceux-là, beaucoup moins nombreux, peuvent affirmer plus clairement leur caractère religieux. Tout mène donc à penser que l’affirmation globale du caractère religieux est très relative dans la majorité des établissements.

Notes

1 Léger Alain, « Les détours par l’enseignement privé », dans Jean-Pierre Terrail (dir.), La scolarisation de la France. Critique de l’état des lieux, Paris, La Dispute, 1997, p. 69-85, [http://alain-leger.lescigales.org/docs/dispute.pdf].

2 Langouët Gabriel et Léger Alain, Le choix des familles. École publique ou école privée ?, Paris, Fabert, 1997, p. 147.

3 Léger Alain, « Les détours par l’enseignement privé », op. cit., p. 13.

4 Le président de la Conférence des évêques de France, nommé à la présidence du Conseil pour l’enseignement catholique, s’implique dans les débats sur le nouveau statut de l’enseignement catholique de 2013.

5 [https://enseignement-catholique.fr/redeployer-la-dimension-pastorale], consulté le 3 novembre 2020.

6 Dupuy Guillaume, D’un collège à l’autre. Sociologie des mobilités scolaires en cours de cursus collégien, thèse de sociologie, dir. David Lepoutre et Gildas Loirand, université Paris-Nanterre, 2017.

7 Ce département est situé dans le Grand-Ouest. Le taux de scolarisation dans l’enseignement privé y est d’environ 15 % dans l’enseignement primaire et de 23 % dans le secondaire.

8 Prises en notes tout au long de l’année scolaire 2018-2019, les expériences vécues personnellement et racontées par les collègues, amis ou membres de la famille travaillant dans des établissements privés ou parents d’élèves dans de tels établissements ont permis d’enrichir l’enquête en permettant de mieux connaître ce qui se vit dans chacun d’eux.

9 Briand Jean-Pierre et Chapoulie Jean-Michel, « L’institution scolaire et la scolarisation : une perspective d’ensemble », Revue française de sociologie, no 34-1, 1993, p. 3-42.

10 Dupuy Guillaume, D’un collège à l’autre…, op. cit., p. 198-203.

11 Ibid., p. 62-65.

12 Selon les termes utilisés sur le site Internet de l’établissement.

13 Kim et Noé est un document présenté par son éditeur (Médiaclap Édition, pour les Directions diocésaines des Pays de la Loire, en collaboration avec le Service diocésain de catéchèse d’Angers et la faculté de théologie de l’université catholique d’Angers) comme un support de formation humaine, culture chrétienne et religieuse.

14 Sur les liens entre bourgeoisie et catholicisme identitaire de centre-ville, lire Rousseau André, « La résistance à l’objectivation. Le catholicisme sous le regard de la sociologie », dans Christian Sorrel (dir.), Des chiffres et des cartes. Approches sérielles et spatiales en histoire religieuse, Lyon, Chrétiens et Sociétés, Documents et mémoires, no 20, 2013, p. 97-116.

15 L’implantation géographique des catholiques contribue également à expliquer la plus ou moins grande affirmation du caractère religieux des établissements privés. En effet, les établissements privés qui occupent les positions hégémoniques sont bien souvent implantés, comme c’est le cas dans le département d’enquête, sur des territoires traditionnellement investis par la bourgeoisie catholique locale. Les établissements les plus relégués sont au contraire implantés dans des territoires comme les quartiers urbains populaires, dans lesquels les catholiques sont moins présents.

16 Les catholiques observants font partie des catholiques les plus engagés. Ils se pensent, selon Yann Raison du Cleuziou, comme une minorité élitiste devant reconformer les pratiques diocésaines au magistère romain. Voir Raison du Cleuziou Yann, Qui sont les catholiques aujourd’hui ?, Paris, Desclée de Brouwer, 2014.

17 Dupuy Guillaume, « Densités des offres scolaires locales et politiques scolaires localisées », Recherches en Éducation, Hors-Série no 7, 2015, p. 99-110.

18 Ministère de l’Éducation nationale – Division de l’évaluation, de la prospective et de la performance, Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, Statistiques – publications annuelles – 2019.

19 D’après Ghislaine Cormier, le coût moyen par élève varie en fonction de la taille de l’établissement : les petits établissements, souvent ruraux, ont des budgets par élève nettement supérieurs à ceux des établissements de taille moyenne ou importante. Dans les collèges de moins de 600 élèves, le budget moyen par élève est de 880 euros, alors que dans les collèges comptant plus de 900 élèves, il est inférieur à 700 euros (Cormier Ghislaine, « Le budget de fonctionnement des établissements publics locaux d’enseignement en 2012 : près de 7 milliards d’euros », Note d’information, no 34, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, octobre 2014).

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