Le directeur Ruggiero Romano, la Maison de l’Italie et la Cité universitaire de Paris

Micro-histoire d’une nomination (1953-1957)

Roberto Giacone

p. 237-250

Note de l’auteur

Cette contribution, traduite en français par Florence Courriol, a été publié dans une première version en italien dans le volume de Aymard Maurice et Giacone Roberto (dir.), En souvenir de Ruggiero Romano. Actes de la journée d’études, Maison de l’Italie, Paris, le 28 mai 2015, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, Nouvelle série, X, 2017. Nous remercions le directeur éditorial Paolo Grossi d’en avoir autorisé la publication en langue française dans une version remaniée.


Texte intégral

1La Cité universitaire n’avait pas encore célébré le rituel de la pose de la première pierre de la toute nouvelle Maison de l’Italie1 (la cérémonie n’allait avoir lieu que le 7 mai 1955) que Fernand Braudel, à l’époque professeur au Collège de France, codirecteur de la revue Annales et secrétaire général de la sixième section de l’École pratique des hautes études, écrivait dès le 30 juin 1953 à Jean Sarrailh, recteur de l’Académie de Paris, pour appuyer la candidature de Ruggiero Romano à la direction de la future Maison. Tout en s’excusant de cette requête adressée si longtemps à l’avance, il expliquait que Ruggiero Romano avait toutes les qualités requises :

« On me dit qu’il est question de créer à la Cité universitaire un pavillon italien. Je m’en réjouis plus qu’un autre ayant eu l’occasion de m’en occuper assez activement au cours de ces dernières années2. Puis-je vous signaler, le cas échéant, que la désignation comme directeur de ce pavillon de M. Ruggiero Romano, directeur à titre étranger à l’École des hautes études, serait une solution excellente à tous les points de vue ? Excellente du point de vue français, car Ruggiero Romano, italien, est un ami passionné de notre pays ; excellente du point de vue de la Cité universitaire car, comme sa jeune et charmante femme, il est d’une générosité sans limite et possède un talent exceptionnel d’organisateur. C’est la raison pour laquelle je me permets cette recommandation3 ».

2De toute évidence, la lettre de Fernand Braudel, très en avance sur le calendrier4 – la Maison de l’Italie n’ouvrirait ses portes que début décembre 1957 et ne serait inaugurée officiellement que le 25 janvier 1958 – devait avoir été sollicitée par l’intéressé lui-même et donne à penser que des manœuvres étaient déjà en cours en 1953 pour la nomination du futur (et premier) directeur de la « Maison italienne de l’étudiant ». De nouveaux événements s’étaient vraisemblablement produits qui avaient alors suscité l’attention si ce n’est l’inquiétude de Ruggiero Romano, à tel point que ce dernier, sans même attendre la réponse, écrivait le jour suivant à Braudel :

« Je me permets de vous rappeler ce que je vous ai demandé dans une de mes précédentes lettres, au sujet d’un éventuel appel à diriger le pavillon italien à Paris. J’ai réussi à obtenir, par l’intermédiaire de M. Chabod, un appui du ministère italien des Affaires étrangères auprès de l’Ambassade d’Italie à Paris afin que, de ce côté-là, il n’y ait pas de difficultés sur mon nom. Mais tout dépend, bien entendu, du rectorat de Paris et de la direction générale de la Cité. Dois-je vous redire que je compte sur vous5 ? »

3Cet emballement si précoce est très étrange, surtout lorsqu’on sait le temps qu’il faudra pour construire le pavillon italien ; les courriers continuent de se croiser sans attendre les réponses respectives. Ruggiero Romano revient encore sur le sujet dans une courte missive adressée à Braudel quelques jours plus tard :

« Après avoir écrit ma dernière lettre, j’ai reçu la vôtre dans laquelle vous m’annoncez être intervenu auprès du recteur. Veuillez m’excuser mais ne croyez-vous pas possible de savoir par Mlle Thomas auprès de qui il vaudrait mieux faire pression ? Je crois en effet que, notamment lorsqu’il s’agit de désigner le directeur d’un nouveau6 pavillon, les «instances» qui interviennent dans ce genre de décision sont multiples7 ».

4La référence à Jeanne Thomas, responsable pugnace et puissante du secrétariat de la Cité8, comme l’étaient à l’époque toutes les secrétaires ayant accédé à des postes de pouvoir, mais néanmoins connue par un cercle relativement restreint de personnes, démontre que le jeune professeur Romano avait essayé d’étudier avec une longueur d’avance le fonctionnement des mécanismes de la Cité universitaire. Il n’entendait pas être pris au dépourvu au moment de la nomination du premier directeur de la Maison italienne de l’étudiant.

5Pendant ce temps, le Comité d’organisation de la Maison de l’Italie recueillait les fonds nécessaires à la construction du pavillon sous la conduite de Luigi Morandi, qui, en plus d’être président de la Commission exécutive pour la réalisation de la Maison italienne, était aussi vice-président de la Société Montecatini. Une visite à Paris du président du Conseil Alcide De Gasperi ainsi que la signature d’un important accord bilatéral permirent de débloquer ce dossier9 : après plusieurs discussions entre Luigi Morandi et le délégué général de la Cité universitaire André Paul Marchaud10 et un voyage de Morandi à Paris en novembre 195311, l’acte de donation de la Maison italienne de l’étudiant à la Cité universitaire12 pouvait enfin être signé le 16 décembre 1953 et, le 7 mai 1955, la première pierre était posée en présence des deux ministres des Affaires étrangères, Gaetano Martino pour l’Italie et Antoine Pinay pour la France13. Le long processus de construction était donc désormais engagé : il faudrait encore deux ans et demi pour que l’ouvrage soit terminé. Un temps long si l’on considère les attentes exprimées dans la correspondance entre le Comité italien et la Cité universitaire (cette dernière espérait inaugurer le pavillon italien pour l’année universitaire 1956-1957)14 mais relativement rapide, en réalité, eu égard aux délais actuels de construction d’un bâtiment universitaire.

6Dès le début des travaux, le Comité d’organisation se met aussi à réfléchir à la future gestion de la Maison, pour le moment où celle-ci devait être opérationnelle. Une longue lettre circonstanciée adressée le 13 janvier 1956 par le président Morandi au secrétaire général de la Cité Louis Péhuet15 aborde le problème des budgets de la Fondation italienne et demande à voir un échantillon de budgets d’autres résidences de la Cité déjà en fonction. Le courrier s’attarde surtout sur les caractéristiques que devrait avoir le futur directeur16, sous la forme de questions spécifiques posées à son interlocuteur Louis Péhuet :

« 1. Selon vous, le directeur, doit-il être marié de sorte que sa femme puisse coopérer avec lui et, dans certains cas, le remplacer ? Au cas où il aurait des enfants, cela serait-il tolérable ?
2. Quel est l’âge préférable ?
3. Quel degré de culture devrait-il avoir ?
4. S’il est un homme d’études, il aura besoin de quelques heures de liberté pendant la journée ; cela serait-il tolérable ?
5. Quelle serait sa rétribution ? Le directeur peut-il arrondir sa rétribution en donnant, par exemple, des leçons – par exemple de langue italienne – à des étudiants d’autres Pays ? A mon avis, il n’est pas conv[e]nable que le directeur donne des leçons à payement à des étudiants demeurant dans la Maison d’Italie.
6. Le contrat d’emploi prévoit-il un engagement de quelques temps et, en cas affirmatif, dans quelle mesure ?
7. Naturellement, le directeur doit connaître assez bien la langue française et, je pense qu’il devrait connaître également assez bien la langue anglaise pour pouvoir s’entretenir avec les jeunes gens des autres pays17 ».

7Certaines de ces questions pourrait faire sourire aujourd’hui mais il est évident que, dans l’Italie des années 1950 (et même au-delà, à en lire la réponse du secrétaire général et le règlement très strict de la Cité universitaire en vigueur jusqu’en mai 1968), elles avaient du sens pour ne pas dire même une importance primordiale. La réponse de Louis Péhuet datée du 31 janvier 1956, qui s’accompagne de règlements internes et de projets budgétaires de maisons similaires (et déjà opérationnelles) de la Cité, est tout aussi détaillée et répond point par point aux interrogations de Morandi :

« 1. Il apparaît indispensable que le directeur d’une fondation soit marié de manière que sa femme puisse contribuer avec lui à l’œuvre de rapprochement des résidents de la maison. Il n’y a pas d’objection à ce qu’il ait des enfants, le nombre maximum devant être en rapport avec la consistance du logement mis à la disposition du directeur.
2. Il est difficile de fixer un âge. Il y a à la Cité des directeurs qui ont seulement une trentaine d’années, mais qui ont déjà une certaine expérience de la vie. À l’autre pôle il est souhaitable de ne pas dépasser la cinquantaine.
3. Le degré de culture doit être celui de l’enseignement supérieur.
4. Il n’y a pas d’objection à ce que le directeur qui poursuit des études personnelles puisse disposer de quelques heures de liberté. C’est à lui d’organiser son travail afin que le fonctionnement de la maison n’en souffre pas.
5. Sur la rétribution il n’est pas possible de vous donner d’indications précises. Je pense que le mieux serait que nous nous entretenions lors de votre prochain passage à Paris. Il n’y aura pas d’inconvénient à ce qu’une partie de sa rétribution provienne des cours donnés dans un établissement d’enseignement18. Mais il ne serait pas désirable que ce soit à l’occasion de leçons – notamment de langue italienne qu’il donnerait à des résidents de la Cité universitaire.
6. Le directeur est nommé par arrêté rectoral du recteur de l’Université de Paris, sur présentation du conseil d’administration de la maison, ainsi qu’il est prévu à l’acte de donation. Mais il est souhaitable que le conseil d’administration n’engage de prime abord le directeur que pour une période d’essai, qui pourrait être de deux ou trois années.
7. Il est indispensable que le directeur connaisse parfaitement la langue française. Si cette connaissance s’allie avec celle d’une autre langue, il n’y aurait que des avantages19 ».

8Avec l’avancement des travaux de construction du bâtiment, c’est aussi un regain d’intérêt qui se manifeste pour la nomination du futur directeur du pavillon italien de la Cité. Dans un courrier du 22 février 1956, Georges Bourgin, directeur honoraire des Archives nationales20, se renseigne en effet auprès d’André Marchaud21, délégué général de la Cité, pour connaître les procédures de nomination du directeur de la future Maison italienne. Il le prévient déjà que, si les circonstances le permettent, il suggérera un candidat qui lui semble remplir toutes les conditions pour ce poste22. La réponse de Marchaud23 le 24 février va dans le sens souhaité par le directeur honoraire des Archives. Quelques jours plus tard, ce dernier écrit donc une autre lettre, adressée cette fois-ci au président de la Cité universitaire André François-Poncet24 : tout en s’excusant de ne pouvoir participer, pour raisons de santé, à une réception justement organisée en l’honneur de la fondation italienne, il avance le nom du professeur Salvo Mastellone25 comme possible directeur de la Maison italienne en cours de construction26. Il y indique que le candidat pourrait, en temps utile, avoir également l’appui d’éminents professeurs de la Sorbonne tels Henri Bédarida et très probablement Pierre Renouvin27. La candidature de S. Mastellone, à en juger rétrospectivement, aurait pu être redoutable pour Ruggiero Romano, si elle n’avait été invalidée, au moment de la décision finale, par le fait qu’en 1957 Mastellone, qui était pourtant un brillant chercheur, n’était qu’un « simple » enseignant au Lycée italien de Paris et n’avait encore à l’époque aucune fonction universitaire de quelque nature28.

9Pendant ce temps, les travaux de construction avancent, mais pas aussi rapidement que le voudrait la direction de la Cité universitaire. Après avoir abandonné l’idée d’ouvrir les portes de la Maison pour l’année universitaire 1956-1957, en raison de retards variés, l’objectif est désormais de pouvoir accueillir les premiers étudiants pour la fin de l’année 1957. Les mois filent à toute allure. Une lettre de Luigi Morandi du 28 mai 1957 ne parle pas encore de l’ouverture et encore moins de la nomination du directeur de la Maison mais elle voit de toute évidence le bout du tunnel puisqu’elle demande déjà des renseignements sur le prix mensuel d’une chambre pour un résident29. Notre hypothèse est qu’entre ce courrier et la réponse qui s’en est suivie des coups de fil ont été passés, ou du moins qu’il y a eu des contacts pris par l’intermédiaire de l’Ambassade d’Italie.

10En effet, la réponse de Péhuet, le 3 juin 1957, est beaucoup plus détaillée que ne le sont les questions de Morandi et elle se penche également sur la question des étapes de la nomination du directeur de la future Maison : s’agit-il là de préoccupations personnelles de Péhuet ou de demandes verbales sur le sujet ? C’est en tout cas la première fois que la Cité presse le Comité d’organisation dans un document officiel : le temps est clairement compté à présent, puisque le pavillon italien doit être opérationnel pour l’année universitaire 1957-1958 :

« Nous ne savons encore à partir de quelle date la Maison de l’Italie pourra être ouverte aux étudiants. Nous souhaitons qu’elle puisse l’être pour octobre. Or il est nécessaire que trois mois au moins avant l’ouverture le directeur de la Maison soit installé et qu’il se préoccupe de recruter un économe. Il y a en effet de nombreuses questions, notamment matérielles, à mettre au point avant l’ouverture de la Maison30 ».

11La lettre s’étend également sur les tarifs moyens appliqués par les maisons déjà en fonction et sur d’autres aspects de la vie des étudiants à la Cité : on peut ainsi y apprendre qu’en 1957, le coût moyen d’une chambre pour un mois varie de 6 200 à 7 200 anciens francs, un repas coûte 150 francs, sur lesquels l’étudiant n’en paye que 75, tandis que la seconde moitié est reversée à l’État français à titre complémentaire. Des prix indéniablement plus bas que ceux qui sont pratiqués de nos jours à la Cité, si l’on se fie aux statistiques de l’INSEE31.

12Quelques semaines plus tôt, le chantier de la future Maison italienne avait reçu la visite président du Conseil italien Antonio Segni, accompagné par l’ambassadeur Quaroni32 : cela apportait une confirmation supplémentaire, après la visite effectuée par le président de la République Giovanni Gronchi le 27 avril 1956, au terme d’un voyage officiel à Paris et sur invitation du président de la République française, René Coty, que non seulement le Comité d’organisation mais aussi l’État italien portaient une attention considérable à la construction d’une telle résidence universitaire qui allait représenter les universités et la culture italiennes dans un nouveau contexte, fédératif et international, et ce des décennies avant l’ouverture européenne incarnée par les échanges Erasmus.

13La lettre écrite par Louis Péhuet le 3 juin 1957 obtient l’effet escompté et les événements s’accélèrent tout à coup : l’Ambassade d’Italie écrit rapidement au délégué général de la Cité en proposant quatre personnalités italiennes pour le premier conseil d’administration (Camilla Falck, Cesare Chiodi, Piero Portaluppi et Luigi Morandi)33 et elle demande à ce qu’elles puissent être présentées le 21 juin (date à laquelle ces personnes seraient à Paris) au recteur de l’Académie de Paris et au président et administrateur délégué de la Cité34.

14Ce même 21 juin 1957 – la coïncidence calendaire n’a sans doute rien de fortuit – Ruggiero Romano pose officiellement sa candidature au poste de directeur de la Maison de l’Italie en adressant une lettre de quelques lignes au délégué général de la Cité André Marchaud :

« Monsieur le Recteur,
À la veille de l’achèvement de la construction du pavillon italien de la Cité universitaire, je me permets de poser ma candidature à la direction de cette institution.
Je vous prie de vouloir bien trouver ci-joint mon curriculum vitae en 5 exemplaires et je vous remercie par avance de l’accueil que vous voudrez bien réserver à ma demande.
Veuillez agréer, Monsieur le recteur, l’expression de mes sentiments très respectueux et dévoués.
R. ROMANO35. »

15Le style, déjà plutôt laconique bien que formellement irréprochable, est encore plus concis dans le curriculum – de quelques lignes lui aussi – que R. Romano inclut dans son courrier :

« Ruggiero ROMANO
Né à Fermo (Italie) le 23 novembre 1923
Études à la Faculté de Lettres de Naples (110/110 cum laude : 1945)
Études à la Faculté de Philosophie de Naples (110/110 cum laude : 1947).
Élève de l’Istituto Storico Italiano (Naples : 1945-1947).
Élève de la Scuola Storica Italiana (Rome : 1949-1950).
Boursier du Gouvernement Français (Ministère des Affaires Étrangères : 1947-1948).
Attaché de recherches au Centre National de la recherche Scientifique : 1948-1951.
À partir du mois d’avril 1951, Directeur d’Études à l’École Pratique des Hautes Études, VIe Section, Sciences Économiques et Sociales.
Nombreuses publications scientifiques éditées en France et en Italie36. »

16S’agit-il là de timidité ? De réticence ? Ou bien de morgue ? Difficile de savoir : dans tous les cas, c’est une présentation très concise. Toujours est-il que, à l’exception d’une cordiale (et là aussi succincte) réponse de Marchaud à Romano, les archives de la Cité sont peu loquaces sur ce qui se passe durant les quelques jours qui s’écoulent entre la visite à la Cité (et à l’Ambassade) des quatre nouveaux conseillers du conseil d’administration de la Maison de l’Italie et le décret du 1er juillet 1957 signé par Jean Sarrailh, recteur de l’Académie de Paris37 qui, de manière assez surprenante, nomme le professeur Ugo Salati à la direction provisoire de la Maison :

« VU les actes de donation du 16 décembre 1953 et 21 octobre 1954 relatifs à la donation faite à l’Université de Paris par la « Casa Italiana Della [sic] Studente »,
VU le decrét [sic] du 11 juin 1954,
Sur proposition du Conseil d’Administration de la Maison de l’Italie,
Arrête :
M. le Professeur Ugo SALATI38 est chargé des fonctions de directeur de la Maison de l’Italie à la Cité Universitaire, à titre provisoire ».

17C’est donc un troisième nom qui s’impose sur les candidats « officiels » qui avaient de surcroît tous deux été indiqués par les plus éminents professeurs de la Sorbonne des années 1950. Les documents d’archives ne nous permettent pas de comprendre ce qui s’est réellement passé et pourquoi il n’y a pas eu directement de nomination définitive. Il est vrai aussi qu’une nomination urgente était nécessaire puisque la Maison devait commencer à fonctionner. Il y avait trop de tâches urgentes à gérer. Quelques doutes subsistent pourtant.

18Le conseil d’administration s’est-il divisé sur les deux candidats, Mastellone et Romano, et n’a donc pas voulu prendre immédiatement une décision qui n’aurait pas été le fruit d’un commun accord ? Ou bien la décision n’a peut-être pas pu être prise parce que le conseil d’administration de la Maison était de fait encore incomplet ? La nomination par le conseil d’administration de la Fondation nationale39 des deux personnalités françaises, en l’occurrence un professeur de la Sorbonne, Henri Bédarida, et le directeur émérite des Archives nationales Georges Bourgin, n’a lieu que le 9 juillet 1957 et est ratifiée le 12 juillet par le recteur de l’Académie de Paris40.

19On peut donc supposer que les deux nouveaux membres français avaient été avertis au préalable de leur nomination imminente – nomination qui n’était pas, au demeurant, inattendue, puisqu’ils s’étaient beaucoup activés, lors des années précédentes, auprès des autorités académiques et politiques en Italie et en France pour promouvoir la construction du pavillon italien – et qu’ils avaient donc dû être invités de manière informelle à la réunion du 1er juillet dont l’issue avait été la nomination du directeur à titre temporaire Ugo Salati. Leur présence au conseil d’administration du 1er juillet confirmerait même davantage la thèse d’une divergence au sein du conseil, puisque Bourgin comme Bédarida étaient sans aucun doute favorables à la candidature de Mastellone41, tandis que l’attaché culturel de l’Ambassade d’Italie, Franco Borlandi, penchait pour celle de Romano42.

20Il est ainsi presque certain que le choix de nommer le professeur Ugo Salati en tant que directeur à titre temporaire de juillet à novembre pour les opérations cruciales et nécessaires qui précédaient l’ouverture proprement dite de la Maison italienne (comme la prise en charge et le montage de tout le mobilier dans les chambres, le nettoyage final du bâtiment, l’ouverture et l’aménagement des secrétariats, l’examen des candidatures des premiers étudiants à admettre, etc.) eut aussi pour objectif d’établir un statu quo pour favoriser une réflexion collective, voire apaiser des tensions internes au conseil d’administration. Rappelons-le en effet, si la candidature Mastellone avait soulevé des doutes puisqu’il était enseignant en lycée, celle de Romano avait elle aussi suscité une certaine perplexité au sein du conseil d’administration, du fait de ses tendances politiques jugées trop à gauche43.

21Il n’y a plus de trace, dans les documents d’archives, de réunions ou de correspondances épistolaires entre le comité de la Maison, la Cité, le rectorat parisien ou l’Ambassade d’Italie. Toutefois, au moins un autre conseil d’administration a sûrement dû se réunir : il en est fait mention dans une lettre du délégué général Marchaud au directeur du Collegio Ghislieri de Pavie qui souhaitait présenter la candidature, un peu tardive, de Luigi Cavalli, un jeune diplômé de vingt-huit ans, fonctionnaire de la maison d’édition Rizzoli44.

22Selon toute probabilité pourtant, – du moins pour ce qui est des membres italiens du conseil d’administration – une décision définitive favorable à la candidature de Romano devait déjà avoir été prise au moment de leur visite à Paris le 21 juin 1957. En effet, la nomination d’Ugo Salati avait été dictée par la nécessité d’avoir un directeur immédiatement opérationnel. Il convient de rappeler que Ruggiero Romano n’aurait pas été tout de suite disponible pour s’acquitter des tâches liées à la gestion du pavillon italien : grâce à Braudel, Romano avait en effet reçu depuis peu une invitation de la part de l’Université du Chili à Santiago pour le semestre de juillet à octobre 195745. Il s’agissait là d’une expérience importante qu’il ne voulait certainement pas manquer de faire (et qui d’ailleurs aurait des développements considérables par la suite), et Romano n’aurait par ailleurs pas pu décevoir son Maître, qui depuis trois ans proposait sa candidature aux autorités universitaires de Santiago, ni donc renoncer à ce voyage à quelques jours du départ.

23La nomination de Ruggiero Romano au poste de directeur de la Maison de l’Italie survient finalement peu après son retour du Chili, par un décret du recteur Jean Sarrailh du 27 novembre 1957, et tout se passe comme s’il s’agissait d’une formalité, sans qu’il y ait aucune trace, dans les archives, d’une délibération préalable du conseil d’administration de la Maison italienne, comme l’exigeraient les statuts :

« VU les actes de donation du 16 décembre 1953 et 21 octobre 1954 relatifs à la donation faite à l’Université de Paris par la « Casa Italiana Della [sic] Studente »,
VU le décret [sic] du 11 juin 1954,

Arrête :
M. le Professeur Ruggiero ROMANO est chargé des fonctions de directeur de la Maison de l’Italie à la Cité Universitaire, en remplacement de M. le Professeur Ugo SALATI46 ».

24Les premiers jours, et même les premiers mois de gestion ont dû mettre à rude épreuve les capacités du nouveau directeur. La « Maison de l’étudiant » est en effet sur le point d’accueillir ses premiers résidents, mais les documents d’archives révèlent un grand nombre de problèmes matériels et immédiats, surtout en ce qui concerne les équipements, sans doute insuffisamment testés ou terminés en toute hâte. C’est en particulier l’installation électrique qui donne des soucis : d’après l’architecte Max Klein, qui a suivi les travaux sur place, elle n’est pas aux normes ; il décline ainsi toute responsabilité en cas d’occupation des locaux47. De même en octobre 1959, soit quasiment deux ans après l’ouverture, un contrôle du Bureau d’hygiène de la Direction de l’urbanisme de la Ville de Paris constate certaines défaillances lors de l’achèvement des travaux48. Mais en attendant, parmi les nombreuses urgences à gérer, il y a surtout l’inauguration officielle de la Maison : elle est célébrée de manière solennelle le 25 janvier 1958, en présence du président de la République française René Coty, du président du Sénat italien Cesare Merzagora et de nombreuses autres personnalités49. La gestion en moins de deux mois des problèmes matériels et logistiques de la Maison et des différents aspects de la cérémonie d’inauguration n’ont pas dû être une sinécure pour le nouveau directeur.

25Les premiers chercheurs entrent à la Maison de l’Italie en décembre 1957, quelques jours après la nomination de Ruggiero Romano. Ce dernier demeurera à sa tête pendant onze ans, date à laquelle il donnera sa démission ; lui succédera, au 1er novembre 1968, le professeur Aldo Vitale50, nommé par le recteur sur une proposition du conseil d’administration lors de la séance du 11 octobre 196851. Les presque onze années pendant lesquelles la Maison de l’Italie a pu compter sur la direction de Ruggiero Romano mériteraient bien sûr une étude approfondie, qu’un chercheur mènera peut-être un jour. L’article de Maurice Aymard et des témoignages d’anciens résidents de la Fondation italienne, insérés dans le volume En souvenir de Ruggiero Romano52, peuvent tout de même représenter une première contribution importante.

26Dans cette contribution, seules ont été prises en considération les années 1953-1957 alors que se prépare l’ouverture de la Maison de l’Italie à la Cité universitaire de Paris et que cette période marque le début d’un long parcours, qui dure désormais depuis soixante ans, de relations universitaires entre la France et l’Italie, à laquelle Ruggiero Romano a donné le premier une empreinte importante et durable. On voudrait citer ici, en guise de conclusion, la lettre que le comité des résidents écrivit à Ruggiero Romano en novembre 1968, quelques jours après qu’il eut renoncé à un nouveau mandat de directeur, ainsi que la réponse de ce même Ruggiero, deux jours plus tard :

« Monsieur le Professeur,
Au nom de tous les résidents, nous souhaitons vous exprimer nos regrets d’avoir appris votre décision de renoncer au poste de directeur de la Maison de l’Italie, dont vous vous êtes acquitté pendant tant d’années de manière exemplaire.
Nous sommes certains que la trace de votre action ne se perdra pas, empreinte d’équilibre et d’engagement moral ; vous en avez fait preuve y compris dans des moments particulièrement difficiles.
Nous tenons à vous remercier tout spécialement pour les conseils et l’aide que vous avez bien voulu nous fournir même au cours de cette récente période, et ce malgré votre désaccord sur le principe de cogestion.
Dans l’espoir de vous revoir souvent parmi nous, nous vous prions d’agréer notre plus vive sympathie et nos cordiales salutations.
Paris, le 14 novembre 196853. »

« 16 novembre 68
Chers amis,
Je vous suis très reconnaissant de la lettre que vous avez bien voulu m’envoyer. Pour être sincère, je ne crois pas mériter les éloges que vous avez eu la courtoisie de m’adresser. En effet, j’ai toujours pensé que l’on ne peut mériter d’éloges que si l’on fait plus que son devoir : or je n’ai pas fait plus que mon devoir. Cela a été facilité par les qualités humaines et scientifiques que les résidents de la Maison de l’Italie ont toujours montrées.
Il m’est malheureusement impossible, pour toute une série de raisons, d’adresser comme je l’aurais pourtant voulu un message personnel à tous les résidents de la Maison. J’en appelle donc à votre amabilité pour que vous présentiez mon souhait de bonne chance à chacun sans exception des jeunes étudiants et chercheurs présents au sein de la Maison. Cette dernière, j’en suis convaincu, et quelle que soit la forme d’administration qui prévaudra, sera toujours à la hauteur de la réputation qu’elle a su se forger.
Avec mes meilleures et mes plus sincères salutations à tous,
R. Romano54. »

27Ruggiero Romano ne revint pas de sitôt à la Maison de l’Italie. Presque trente ans devaient s’écouler avant qu’il n’en franchisse à nouveau le seuil55. Mais le dialogue entamé avec de nombreux résidents et anciens résidents perdura : d’abord à l’École des hautes études, mais aussi dans d’autres universités à travers le monde. Les mois difficiles qui s’étaient succédés à partir de Mai 68 et qui avaient sérieusement ébranlé les institutions y compris à la Cité universitaire, n’avaient pas pour autant entamé la gratitude et le souvenir de plus de dix ans d’engagement du professeur Ruggiero Romano à la direction de la Maison de l’Italie.

Notes de bas de page

1 Sur la « Maison italienne », voir le volume de Albanese Giulia, La Maison de l’Italie. Storia della residenza alla Cité Universitaire di Parigi, Milano, Franco Angeli, 2004.

2 Une telle affirmation mériterait un article à part mais on peut préciser ici que, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les contacts entre la France et l’Italie avaient repris y compris aux plus hauts niveaux institutionnels, dans le but de parvenir à la construction d’une résidence italienne à la Cité universitaire. Fernand Braudel avait été l’un des plus fervents défenseurs de la présence italienne dans un tel contexte universitaire. Sur la période du projet de construction de la Maison entre 1948 et 1955, cf. Albanese Giulia, op. cit., p. 32-43.

3 Correspondance personnelle de Fernand Braudel, Dossier Ruggiero Romano, Bibliothèque de l’Institut de France, Paris [désormais CPFB].

4 La réponse du recteur Sarrailh est un peu agacée : « Mais la maison n’est pas encore construite ! ». Elle se poursuit cependant sur un ton plus conciliant : « Le moment venu, rappelez-moi la candidature de M. R. Romano » (CPFB, 4 juillet 1953).

5 Lettre datée du 1er juillet 1953 (CPFB).

6 Le soulignement est présent dans le texte original de la lettre.

7 Lettre de Ruggiero Romano à Fernand Braudel, 4 juillet 1953 (CPFB).

8 Jeanne Thomas (1901-1995), belle figure de la Résistance française, secrétaire personnelle d’André Honnorat (1868-1950) – l’un des pères fondateurs de la Cité universitaire – devint, après la mort de ce dernier, la responsable du secrétariat central de la Cité jusqu’en 1967. Elle est l’initiatrice de l’Alliance internationale des anciens résidents de la Cité. Un beau portrait d’elle est accessible sur le site de l’Alliance : [http://allianceinternationale.org/les-anciens-celebres/jeanne-thomas-linitiatrice-de-lalliance-internationale], consulté le 4 mars 2020.

9 Albanese Giulia, op. cit., p. 40.

10 André Paul Marchaud (1887-1973), recteur de l’Académie de Bordeaux de 1944 à 1950, puis délégué général de la Cité universitaire du mois de mai 1950 au 9 juillet 1957, avait succédé aux fonctions de délégué général à André Lirondelle, lui aussi recteur de l’Académie de Bordeaux de 1938 à 1941, puis délégué général de la Cité du 12 mai 1945 au 21 décembre 1949. Dans les documents d’archives, il continue à être mentionné avec ce titre honorifique de « recteur » qui lui vient précisément de sa précédente fonction à Bordeaux, et non de celle qu’il occupe à la Cité.

11 Lettre de Luigi Morandi, 14 octobre 1953 (Archives nationales [désormais AN], 20090013/1162).

12 Albanese Giulia, op. cit., p. 41, note 29.

13 Ibid., p. 42-43.

14 Cf. infra.

15 Premier à être nommé « secrétaire général administratif de la Cité universitaire », Louis Péhuet occupa ce poste de 1948 à 1957.

16 D’après ce qu’indique Morandi dans un passage de la lettre, le sujet avait déjà été abordé de vive voix le mois précédent entre Louis Péhuet et Giuseppe Torno, l’un des membres du Comité d’organisation italien et bras droit de l’architecte Piero Portaluppi.

17 AN 20090013/1162.

18 Le secrétaire général reviendra sur ce sujet quelques jours plus tard, dans une lettre du 6 février 1956 dans laquelle il présente de manière exhaustive les différents traitements et salaires en vigueur à la Cité universitaire pendant ces années-là (AN 20090013/1162).

19 AN 20090013/1162.

20 Georges Bourgin (1879-1958) est nommé directeur par intérim des Archives pour quelques mois seulement, de juillet à octobre 1944, en attendant que Charles Samaran (1941-1944 et 1944-1948) – nommé par le gouvernement de Vichy et suspendu dès la Libération par le gouvernement provisoire présidé par de Gaulle – ne soit rétabli dans ses fonctions, comme d’autres dirigeants des administrations centrales. Mais Bourgin obtiendra en contrepartie le droit de continuer à porter ce titre (et de se servir du papier à en-tête des Archives nationales en y ajoutant à la main son adresse personnelle…) : je dois ces informations à Maurice Aymard, de même que la transcription des lettres manuscrites de Bourgin, dont l’écriture était particulièrement difficile à déchiffrer.

21 Dans la lettre, Bourgin se trompe sur l’orthographe du nom et écrit « Marchaux ».

22 « Monsieur le recteur, […] Aujourd’hui permettez-moi d’en venir à un problème qui se rattache à la fondation d’une Maison italienne à la Cité universitaire. Je désirerais savoir quel est le statut des directeurs des maisons nationales, s’ils sont nommés par la France, s’ils doivent être obligatoirement français. Votre réponse orienterait sans doute une démarche ultérieure, au cas où la désignation d’un directeur étranger serait possible. Je songe pour l’Italie, dans cette hypothèse, à quelqu’un qui me paraît très bien » (AN 20090013/1162).

23 « Le directeur est nommé par le recteur, président du conseil de l’Université, sur proposition du conseil d’administration de la maison. Il peut être italien ou français. Si la règle habituellement appliquée à la Cité est suivie – ce qui est très probable – le directeur sera italien ».

24 André François-Poncet (1887-1978), ambassadeur de France, membre de l’Académie française et chancelier de l’Institut de France exerça les fonctions de présidente de la Cité universitaire du 29 novembre 1951 au 25 février 1964.

25 Salvo Mastellone (1920-2012), professeur d’Histoire des doctrines politiques à Pérouse à partir de 1966, puis à Florence à partir de 1970 jusqu’à son éméritat, fut l’un des plus grands spécialistes de Mazzini et de la pensée politique européenne. Ce fut aussi un grand organisateur culturel : il dirigea en effet le Centro di Cultura per Stranieri de Florence – qu’il déplaça ensuite à la Villa Fabbricotti, sur les premières pentes des collines de Florence – de 1971 à 1996.

26 « Mais M. Mastellone, tel est son nom, marié à une Anglaise et professeur au Liceo italiano de Paris, bientôt libero docente des Universités romaines, pourrait, à mon avis, être le directeur qui convient » (Lettre d’André Marchaud, 24 février 1956, AN 20090013/1162).

27 « Le moment venu, mon témoignage sera à son dossier. Mais il faut compter sur les témoignages à coup sûr de Bédarida et très probable de Renouvin » (Lettre d’André Marchaud, 24 février 1956, AN 20090013/1162). Henri Bédarida (1887-1957), professeur de Littérature italienne à la Sorbonne, sera nommé – en tant que personne qualifiée – membre du premier conseil d’administration de la Maison de l’Italie, mais il mourra quelques semaines plus tard sans avoir pu assister à l’inauguration de la Maison italienne le 25 janvier 1958. Pierre Renouvin (1893-1974) est un historien, spécialiste de l’histoire des relations internationales. Dans les années 1955-1958, il est doyen de la Faculté de Lettres de la Sorbonne.

28 Albanese Giulia, op. cit., p. 44, note 39, qui cependant ne cite pas le nom de Mastellone. Elle ne fait pas référence à la lettre de Bourgin, mais aux informations que lui fournit Ruggiero Romano au cours d’une interview le 2 mai 2000.

29 « Les difficultés de plusieurs genres qui se sont présentées pour la réalisation de la Maison de l’Italie, sont désormais surmontées. Aussi, je pense que le moment est désormais venu de nous occuper de la vie de la Maison de l’Italie. […] Pour pouvoir donner cours à cette action il me faut, entre autres, savoir quelle sera, en principe, la dépense que chaque résident devra soutenir par mois, pour le logement et la nourriture » (Lettre de Luigi Morandi à Louis Péhuet, 28 mai 1957, AN 20090013/1162).

30 Lettre de Louis Péhuet, 3 juin 1957 (AN 20090013/1162).

31 Si l’on se base pour les calculs sur les indices de l’INSEE, ces valeurs correspondraient à environ 125-145 euros en 2014 pour le coût de la chambre, tandis que le prix du repas reviendrait à 3 euros, dont seulement 1,50 à la charge du résident. Pour la conversion voir : [http://www.insee.fr/fr/service/reviser/calcul-pouvoir-achat.asp].

32 Le jour de la visite n’est pas connu, car le document d’archive sur lequel on s’appuie ici est une note très brève du secrétaire général Louis Péhuet lequel, sur indication d’un appel téléphonique du conseiller culturel Borlandi à 14 h 00, annonce une visite du président Segni vers 16 h 00-16 h 15. Étant donné que le premier gouvernement Segni tombe le 15 mai 1957, la visite a dû avoir lieu de toute façon avant cette date (AN 20090013/1162).

33 Camilla Falck, femme d’Enrico Falck (1899-1953), premier président du Comité d’organisation de la Maison de l’Italie ; Cesare Chiodi (1885-1969) président du Touring Club d’Italie représentant le Rotary ; Piero Portaluppi (1888-1967), l’architecte à l’origine du projet de construction de la Maison ; Luigi Morandi, vice-président de la société Montecatini et frère de Rodolfo Morandi, secrétaire national du PSI et grand artisan de la construction de la Maison italienne.

34 La lettre, datée du 18 juin 1957, est envoyée par le Conseiller culturel Franco Borlandi et comprend une invitation à un déjeuner adressée par l’ambassadeur à toutes les personnes citées (AN 20090013/1162).

35 Sur papier à en-tête portant la mention : « École Pratique des Hautes Études – VIe Section – Sorbonne ».

36 Lettre de Ruggiero Romano, 21 juin 1957 (AN 20090013/1162).

37 Jean Sarrailh (1891-1964) fut recteur de l’Académie de Paris de 1947 à 1961. Giulia Albanese affirme elle aussi que les sources n’expliquent pas les raisons du choix de ce directeur (Albanese Giulia, op. cit., p. 44).

38 Ugo Salati (1911-1995), professeur de langue et littérature françaises à l’Università Cattolica de Milan puis à la Bocconi de 1965 à 1981.

39 Extrait du Procès-verbal du conseil d’administration de la Fondation nationale, mardi 9 juillet 1957, 75e séance (AN 20090013/1162).

40 Copie de l’arrêté du recteur de l’Académie de Paris, enregistré par la Cité universitaire en date du 3 octobre 1957 (AN 20090013/1162).

41 Cf. supra.

42 C’est Ruggiero Romano lui-même qui, dans une interview du 2 mai 2000, indique à l’auteure que « l’idée [de nommer Romano à la direction de la Maison] avait été celle de Franco Borlandi, historien de l’économie passé à la diplomatie et qui était à ce moment-là attaché culturel à l’Ambassade d’Italie à Paris, y compris pour éviter que la désignation ne s’oriente, comme cela semblait être le cas au départ, vers un enseignant du secondaire [à savoir M. Mastellone], inapte selon lui à jouer un rôle de coordination pour des chercheurs d’un niveau universitaire et culturel supérieur » (Albanese Giulia, op. cit., p. 44-45). Maurice Aymard confirme les informations fournies par Giulia Albanese : Borlandi était par ailleurs un ami de Lucien Febvre et de Fernand Braudel. Un motif supplémentaire pour soutenir la candidature de Romano.

43 « La candidature de Romano avait tout de suite plu à Morandi mais avait rencontré quelques résistances au sein de l’Ambassade d’Italie, où il était considéré comme un peu trop exposé politiquement à gauche, bien qu’il n’ait jamais été inscrit à aucun parti » (Albanese Giulia, op. cit., p. 45).

44 « Paris, le 29 novembre 1957 […] Cette candidature arrive malheureusement trop tard car le conseil d’administration a déjà pratiquement arrêté son choix. La nomination officielle par le recteur de l’Université de Paris va intervenir incessamment. Le candidat retenu est lui aussi excellent » (AN 20090013/1162).

45 Cette précision, fondamentale pour comprendre le déroulement des événements par rapport à la nomination de Ruggiero Romano, m’a été fournie par Maurice Aymard.

46 AN 20090013/1162.

47 AN 20090013/1162.

48 AN 20090013/1162.

49 Sur l’inauguration, se reporter à : « Inauguration de la Maison de l’Italie à la Cité universitaire (25 janvier 1958) », Annales de l’Université de Paris, 28e année, no 2, avril-juin 1958, p. 162-164 ; « La Maison de l’Italie, inaugurée par M. Coty à la Cité universitaire de Paris », Le Figaro, 27 janvier 1958 ; Albanese Giulia, op. cit., p. 45-48, et les documents en annexe (p. 105-117) incluant le protocole détaillé minute par minute de l’inauguration et des discours officiels.

50 Professeur à Paris 3-Sorbonne Nouvelle, Aldo Vitale (1928-1989) devint le deuxième directeur de la Maison de l’Italie et le resta pendant plus de vingt ans, du 1er novembre 1968 au 2 juin 1989, date à laquelle il mourut subitement d’une crise cardiaque, dans l’exercice de ses fonctions.

51 AN 20090013/1162.

52 Aymard Maurice et Giacone Roberto (dir.), En souvenir de Ruggiero Romano, op. cit.

53 Suivent deux signatures pour le Comité de gestion sortant (Salvatore Giuffrè et Leonida Aguirre Silva) et trois signatures pour le Comité de gestion élu (Giovani Girolamo, Irnerio S. Seminatore e Jorge Gonzalez Aznar), AN 20090013/1162.

54 Lettre no 185, CPFB.

55 Le 30 novembre 1997, à l’occasion du 40e anniversaire du pavillon italien à la Cité universitaire, le professeur Ruggiero Romano fut invité par le conseil d’administration de la Maison à être l’un des intervenants officiels de la journée. Il déclara alors avec une certaine émotion que c’était la première fois, depuis ce lointain mois de novembre 1968, qu’il revenait dans la résidence italienne.


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