La Maison du Brésil pendant les « années 1968 »

Entre internationalisme des réseaux universitaires et nationalisme des militaires

Angélica Muller

p. 185-198


Texte intégral

1Dès la création de la Cité universitaire de Paris (CIUP) dans les années 1920, le gouvernement brésilien, reconnu alors pour sa tradition diplomatique en dépit d’un rôle peu important dans le secteur culturel et éducatif, a été intéressé par l’idée de construire une maison pour les étudiants brésiliens à Paris1. D’une part, l’idée s’inscrivait dans la lignée du modernisme en vogue, où le Brésil cherchait à réfléchir sur son identité, en soulignant sa spécificité au sein de la concertation internationale de l’après-guerre. D’autre part, elle a aidé à l’incorporation de la culture française au Brésil – par des affinités intellectuelles et culturelles cultivés à long durée – renforçant ainsi l’ambition impériale initiale de la diplomatie universitaire française2. C’est ainsi qu’en 1928 l’ambassadeur brésilien, Luis Martins de Souza Dantas, rend visite à André Honnorat, l’un des fondateurs, de la Cité universitaire pour lui demander de réserver un terrain pour le Brésil sur la « colline de Montsouris ». La visite a eu lieu en compagnie de Paulo Carneiro, alors doctorant boursier de l’État brésilien en chimie à la Sorbonne, qui deviendra chercheur à l’Institut Pasteur à Paris et sera délégué permanent du Brésil auprès de l’Unesco.

2L’idée d’avoir une maison pour les étudiants en France peut être bien accueillie par une grande partie de l’élite brésilienne qui envoie ses enfants dans les universités européennes car il y a alors peu d’offre universitaire dans le pays. La tradition universitaire au Brésil est tardive, même si on la compare à ses voisins sud-américains3. Les années 1930 et 1940 ont été le moment de création des premières universités au Brésil. Et l’influence française peut être constatée au travers des missions des enseignants qui ont eu un rôle prépondérant dans la création de la faculté nationale de philosophie de l’université du Brésil à Rio de Janeiro, comme dans la constitution de l’université de São Paulo. Mais jusqu’à ce moment, comme l’a souligné l’historienne Juliette Dumont, les échanges des étudiants universitaires ne font pas l’objet d’une attention particulière au Brésil4.

3C’est seulement dans les années 1950, lors de l’expansion des universités et de la création des organismes qui réglementent l’enseignement supérieur dans le pays, qu’apparaît la reprise du projet de construction d’une Maison du Brésil (MB) en France. Ainsi, en 1952, la « Commission pour la construction du Pavillon Brésilien à la Cité Universitaire de Paris » est créée au sein de l’Institut brésilien de l’Éducation, de la Science et de la Culture, organisme du ministère des Relations extérieures, aussi connu comme Itamaraty. Présidée par Ana Amélia de Queiroz Carneiro de Mendonça5, poète et traductrice, qui quelques années auparavant avait tenté d’établir les premières maisons d’étudiants en dehors du Brésil, cette commission s’est réunie pendant trois ans et a compté avec le soutien du ministère de l’Éducation et de la Culture (MEC)6.

4Le 11 juin 1954, l’ambassadeur Caio de Mello Franco signe avec le recteur de l’académie de Paris, Jean Sarrailh, l’acte de donation à l’université de Paris de l’édifice à construire7. Certaines des conditions stipulées dans l’acte de donation sont importantes pour comprendre les règlements qui doivent guider le fonctionnement du pavillon. Enregistrée comme « Université de Paris, Maison du Brésil », celle-ci serait administrée par l’université de Paris8 et gérée par un conseil d’administration constitué de 10 membres parmi lesquels : l’ambassadeur du Brésil à Paris, ou son délégué ; le recteur de l’Académie de Paris, président de la CIUP ; le délégué général de la Cité ; quatre personnalités brésiliennes proposées par l’ambassadeur au recteur de l’Académie de Paris et deux personnalités françaises proposées par le conseil d’administration de la CIUP au recteur de l’Académie de Paris. La gestion de la Maison resterait à la charge d’un directeur nommé par le recteur de l’académie de Paris, proposé par le conseil d’administration de la Maison du Brésil9.

5Le projet de construction du bâtiment a été esquissé par l’architecte moderniste brésilien Lucio Costa (qui, avec Oscar Niemeyer, participera à la construction de la capitale Brasilia dans les années suivantes). En juillet 1954, le contrat entre le gouvernement brésilien et l’atelier de Le Corbusier est signé, et en juillet 1955 a lieu la pose de la première pierre de la maison, dans laquelle Paulo Carneiro dépose l’acte de donation signé l’année précédente10. Entre le choix du terrain et le début de la construction, 27 ans se sont écoulés. Plus que l’importance de Paulo Carneiro en tant que promoteur des relations académiques franco-brésiliennes, l’acte montre aussi le profil qui était souhaité pour les occupants de la maison : des étudiants de haut niveau capables de se déplacer autour du monde et représentant leur pays. Plus qu’un pavillon des étudiants brésiliens, la Maison devra être un monument qui représente les relations entre le Brésil et la France, un patrimoine commun, comme la qualifia par la suite l’Unesco.

6Au début de l’année 1959, l’organisation administrative de la Maison du Brésil se met en mouvement : en février le professeur Péricles Madureira de Pinho – fonctionnaire du MEC qui supervise la construction du pavillon – est nommé directeur et la maison est inaugurée le 18 juillet, au lendemain de la première réunion du conseil d’administration. C’est au cours de ce réunion qu’est approuvé le règlement interne de la Maison qui, des années plus tard, sera perçu par les résidents comme « un dispositif drastique11 » : fermeture de la Maison à 1 h 30 (le résident arrivant après cet horaire devra présenter sa carte de résident au gardien qui en informera le directeur ultérieurement) ; interdiction de rester dans les chambres après 9 h 00 du matin afin de permettre l’accès aux employées de ménage ; l’ascenseur bloqué à 17 h 00, desservant seulement le 4e et 5e étages réservés aux femmes (les hommes et couples qui habitent aux étages inférieurs devront utiliser les escaliers) ; interdiction de fixer des panneaux sur le Pavillon sans la permission du directeur ; et, entre autres règles ; limitation des visites dans le hall du bâtiment à 23 h 00. Dans ses premières années d’existence, la maison a joué un rôle important de représentation du Brésil à Paris : « la Maison a vécu ses premières années avec tout l’éclat dont elle pouvait jouir : toutes les autorités et tous les artistes nationaux de passage à Paris lui rendaient visite, et c’est ainsi que la Maison a reçu le président Juscelino Kubitschek en personne, et qu’elle a présenté des concerts de Vinicius de Moraes12 ».

7En interne, plusieurs problèmes se sont présentés en commençant par le bâtiment lui-même dont les installations et le mobilier n’étaient pas terminés au moment de l’ouverture. Le budget prévu était insuffisant, ce qui provoqua des problèmes dans les paiements, découlant également de la difficulté du MEC à transmettre les montants attendus. Lors de la réunion du conseil d’administration du 2 février 196013, première réunion depuis l’inauguration du bâtiment, la directrice Célia Neves Lazzarotto, relate les problèmes disciplinaires rencontrés avec les résidents qui s’expliqueraient selon elle par leur « hétérogénéité ». Ainsi, il est proposé que la Maison ne puisse recevoir dorénavant que des étudiants déjà diplômés d’un premier cycle universitaire (avec une exception pour les médecins et les artistes dont le travail est reconnu) « dont la maturité faciliterait le maintien de la discipline ». La plupart des conseillers ont trouvé la proposition radicale et ont choisi d’approuver une nouvelle règle d’admission des résidents : tous devaient à présent être titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et soumettre un plan d’études concret. Le conseil a également mis en doute la capacité du directeur de la Maison à sélectionner les candidatures qui n’avaient pas été recommandées et à ce titre, toutes les demandes des candidats brésiliens devaient dans un premier temps être approuvées par la Coordenação de aperfeiçoamento de pessoal de nível superior (Coordination de perfectionnement du personnel de l’enseignement supérieur ou CAPES). C’est seulement après l’analyse des dossiers que le directeur prendrait les décisions en fonction des critères de la CIUP et les passerait pour contrôle au conseil d’administration de la Maison si nécessaire.

8Après ses quatre premières années durant lesquelles la Maison vit se succéder quatre directeurs14, le professeur d’histoire de l’Université de São Paulo, Luis Lisanti Filho, qui avait été l’élève de Fernand Braudel et occupait un poste d’enseignant à l’École Pratique des Hautes Études (VIe section) fut nommé en juillet 1963. La décision de nommer Lisanti plut au grand historien français : « Cette nomination va donc créer un lien de plus entre l’École et les universitaires brésiliens au moment où d’ailleurs, nous sommes disposés à faire en direction de toute l’Amérique du Sud, un effort considérable de rapprochement et de collaboration15. » Il semble que la Cité universitaire soit considérée comme une partie importante de l’approche et de la collaboration de la VIe section avec le monde universitaire en Amérique du Sud. La trajectoire de Ruggiero Romano, directeur de la Maison d’Italie depuis 1957 et directeur des études de la VIe section de l’EPHE, spécialiste de l’Amérique espagnole, nous aide à comprendre. Comme le montre Maurice Aymard et Roberto Giacone16, plus qu’une aide financière aux chercheurs en début de carrière – ce qui a contribué au processus de professionnalisation de ces acteurs –, ils ont joué une fonction de médiateurs entre deux mondes, au profit des étudiants qui pouvaient y trouver une place pour étudier à Paris, étendant un réseau de contacts qui ne se limitait pas aux murs nationaux des maisons. À travers les processus d’échanges culturels, typiques de la figure du passeur – de ses « hommes doubles17 » – on peut penser à l’importance stratégique du poste de directeur d’une maison pour l’expansion des liens académiques entre la France et l’Amérique du Sud ou précisément entre la France et le Brésil.

« La Mecque du communisme » : la Maison du Brésil vue par les gouvernements militaires

9Le 1er avril 1964, le Brésil connaît un coup d’État organisé par des civils et des militaires, qui renversent le Président João Goulart (1961-1964). La dictature militaire durera 21 ans. Le discours anti-corruption associé à un discours anticommuniste, très présent dans la société brésilienne depuis les années 1920 et ravivé en 1959 avec le succès de la révolution cubaine, servent de piliers idéologiques au renversement du gouvernement. L’un des axes idéologiques des militaires fut de neutraliser et d’éliminer les opposants dits « communistes » ou liés aux idées « gauchistes » et « subversives ». Ce n’est pas par hasard qu’un des premiers actes entrepris par les putschistes fut de mettre le feu au siège de l’Union nationale des étudiants, à Rio de Janeiro. L’UNE, seul organisme représentant les étudiants au niveau national, était connu durant le gouvernement João Goulart pour la défense des réformes fondamentales (« reformas de base18 »), et plus particulièrement pour la réforme de l’université. L´UNE est devenue illégale, ce qui ne l’a pas empêchée d´exercer pendant les années 1960 un rôle important d’opposition à la dictature.

10Après les syndicats et les organisations de travailleurs ruraux, les institutions universitaires ont été les cibles d’actions répressives19. On estime qu’entre vingt et trente mille personnes ont été arrêtées dans les premiers jours qui ont suivi le coup d’État, parmi lesquels plusieurs professeurs, universitaires reconnus, et de nombreux étudiants. Les universités furent envahies, plusieurs recteurs déchus, des enseignants licenciés ou mis à la retraite, et de nombreuses enquêtes administratives furent lancées contre professeurs et étudiants. Une fois le nouveau gouvernement installé, il y eut un changement radical de ses cadres et de son orientation idéologique dont le discours du nouveau ministre de l’Éducation, ancien recteur de l’université fédérale du Paraná, ce dont Flávio Suplicy de Lacerda témoigne : « nettoyer » le ministère pour « désinfecter les institutions responsables de la formation de la jeunesse en éliminant tout élément relevant du communisme20 ».

11C’est dans ce contexte que le 8 juin 1964, le directeur de la Maison du Brésil reçoit la décision du ministre de l’Éducation le destituant et nommant à sa place le professeur de l’université fédérale du Ceará, Francisco Martins. La nouvelle ne semble pas satisfaire Luís Lisanti, qui s’est alors mobilisé pour conserver sa fonction, en activant son réseau. Fernand Braudel intervient en faveur de son ancien étudiant et écrit même à Castelo Branco, le nouveau président du Brésil, en lui demandant la prolongation de Lisanti dans sa fonction : « je vous le demande avec d’autant plus de confiance que j’ai eu le plaisir de vous connaître personnellement, ayant fait plusieurs conférences en 1947 à la (École militaire de la) Praia Vermelha21 ».

12De son côté, le délégué général de la Cité, Robert Garric, rencontre le chargé d’affaires de l’ambassade du Brésil, Raul de Vincenzi, pour s’informer de la destitution de Lisanti : en effet, la direction de la Cité n’avait pas été mise au courant de cette décision. À cette occasion, il demande son maintien à la direction de la Maison, au nom de l’excellence de son travail après tous les troubles qui avaient marqué les mandats des quatre directeurs précédents22. Cette « visite » ne suffisant pas, Garric prépare un document cinglant à l’attention de l’ambassade. Dans ce document, le délégué général rappelle aux autorités brésiliennes certains points importants de l’accord signé concernant la gestion de la Maison, et principalement le point mentionnant que c’est le recteur de l’université de Paris qui seul peut nommer les directeurs dans les Maisons qui sont partie intégrante de l’université de Paris, et il revient au conseil d’administration de la Maison du Brésil de proposer un ou plusieurs noms de nouveau directeurs. Il conclut : « De son côté, M. le Ministre Chenot, président de la Cité internationale, serait heureux de s’entretenir personnellement de l’ensemble des problèmes que peut poser l’administration de la Maison du Brésil, avec votre Ambassadeur, lorsque celui-ci aura pris son poste23. » Le ministère des Relations extérieures s’est chargé de transmettre le document Garric au ministère de l’Éducation et de la Culture qui fut contraint d’annuler la nomination du nouveau directeur et de conserver Luis Lisanti à la tête de la Maison. Les dirigeants du ministère réalisèrent alors qu’en dehors des questions budgétaires et de la sélection des résidents, la Maison ne relevait pas de l’autorité du ministère brésilien.

13Ainsi, sous le prétexte de s’enquérir des problèmes rencontrés par les Maisons du Brésil à l’étranger (car il y en avait aussi une à Madrid), le gouvernement organisa au sein de la CAPES un groupe de travail. Celui-ci suggéra au président de la République l’adoption d’un nouveau décret qui transmettait la responsabilité des Maisons au ministère des Relations extérieures et ne laissait à la CAPES que la charge de la sélection des boursiers. Ces suggestions sont entérinées dans le décret no 56728 du 16 août 1965 qui stipule également que « les Maisons du Brésil seront dirigées, comme le prévoit les accords établis, par un directeur nommé par l’ambassadeur du Brésil dans leur pays respectif, sur indication du ministre des Relations extérieures avec une liste triple préparée par une commission de surveillance ». Cette commission, composée de deux membres du MEC et de deux membres du MRE, sera présidée par le Président du conseil de la CAPES.

14Au Brésil, la résistance au régime se développe : les étudiants, ainsi que des intellectuels et des artistes, ont formé un front de résistance au régime se montrant chaque fois plus autoritaire. Par conséquent, l’appareil de surveillance de l’État s’est accru, y compris à l’étranger. Si entre 1965 et 1967, la vie de la Maison du Brésil ne semble pas avoir été touchée par cette surveillance, la suspicion des militaires concernant la Maison et ses éléments potentiellement « subversifs » augmente progressivement. C’est ainsi que durant l’année 1967, les correspondances entre les autorités militaires concernant la circulation de « suspects24 » se sont multipliées, ainsi que sur la surveillance des institutions gouvernementales et les critères adoptés pour l’exercice de leurs fonctions. Inquiet de « la véritable propagande organisée dans le but de tordre la vérité des événements qui se produisent au Brésil » depuis l’étranger, le conseil de sécurité nationale a envoyé une demande à la division de sécurité et informations (DSI) du ministère de l’Éducation afin de recevoir les listes des noms des candidats, avant l’octroi de l’aide, afin d’éviter à l’avenir « le paradoxe du gouvernement brésilien qui soutient financièrement des éléments qui vont à l’étranger pour y dénigrer leur patrie25 ».

15Le 18 mai 1967, le chef du Conseil de sécurité nationale a demandé un rapport à la DSI du ministère des Relations extérieures sur la Maison du Brésil suite à la réception d’« informations peu flatteuses » au sujet des activités de la Maison. Par conséquent, un rapport contenant toutes les données sur son organisation et ses objectifs est demandé : qui la dirige à l’heure actuelle, s’il y a un fonctionnaire diplomatique et, surtout, si la maison fait la promotion de réunions à caractère politique26. La surveillance de la Maison du Brésil s’accroit proportionnellement aux mouvements de résistance qui grandissent au Brésil et à l’étranger et connaissent leur apogée.

L’année 1968

16La contestation organisée par le mouvement étudiant au Brésil grandit fortement et explose en mars 1968 avec la mort d’un lycéen tué par l’armée à Rio de Janeiro. La mort d’Edson Luís provoque de grandes manifestations à travers le pays, et les étudiants semblaient gagner le soutien d’une classe moyenne et d’une partie de la presse qui avait soutenu le coup d’État. Si l’armée est très préoccupée par l’importance de ces manifestations qui ont lieu dans le pays contre le gouvernement, les événements de Mai 68 en France ne font qu’amplifier cette inquiétude.

17Le 24 avril, le comité des résidents tient une réunion avec le directeur de la Maison du Brésil afin d’établir un programme culturel pour le mois suivant et pour parler de la libéralisation du régime des visites en vue de ces événements27. C’est ainsi que Lisanti convoque une réunion d’urgence à l’ambassade le 26 avec comme ordre du jour, l’examen du problème de la libre circulation des hommes et des femmes entre les logements. Au cours de la réunion, Lisanti déclare que « les mouvements étudiants situés à Nanterre et dans d’autres universités produisent des effets profonds sur la Cité ». Il vote en faveur de la liberté de circulation et se justifie par le fait de ne pas être en mesure d’isoler la Maison du Brésil du monde universitaire français. Une autre question abordée par le directeur lors de la réunion mérite d’être mise en évidence : le « mauvais recrutement » des boursiers dont le niveau aurait diminué de manière significative. Il attribue cela au recrutement réalisé « dans un modèle précaire », ainsi qu’au contexte (international) avec l’émergence de la crise étudiante. Il suggère « l’institution d’un examen psycho-physique obligatoire, ce qui permettrait une sélection plus précise des boursiers. » L’ambassadeur Carlos Chagas s’adresse alors au ministère des Relations extérieures relayant la question du faible niveau de recrutement des boursiers, afin d’améliorer la sélection effectuée par la CAPES.

18Lors d’une assemblée le 22 mai 1968, les résidents de la Maison du Brésil, conformément aux propositions du mouvement étudiant, ont adopté la cogestion comme mode de vie communautaire. Le sujet de la cogestion, mot d’ordre parmi les gauches françaises dans cette période, comme la question des libertés (liberté d’expression et politique) seront au centre des discussions et des actions dans les années qui vont suivre entre les résidents, la direction de la Maison du Brésil et la CIUP. D’autre part, la question de la cogestion a été considérée comme « le problème fondamental » de la Maison et a fait l’objet de discussions entre le ministère des Relations extérieures et de l’Education et de la Culture ; et surtout, elle était au centre des préoccupations des militaires car cette proposition est en contradiction avec son projet d’« interventionnisme contrôlant de l’État ».

19Le 29 mai, la Maison du Brésil, comme certains autres pavillons de la Cité tels ceux du Maroc, Argentine et du Portugal, a été occupée. Les occupants étaient des gens extérieurs à la maison et pour la plupart étrangers : espagnols, portugais, latino-américains et seulement deux ou trois Français. Selon les différents documents, le nombre des participants varie beaucoup, entre 30 et 100 personnes28. Les comités d’occupation avaient pour objectif de soutenir le mouvement révolutionnaire français et également de protester contre les régimes en place dans les pays respectifs des maisons. Le cas du Brésil n’a pas fait exception : avec des portraits et pensées de Lénine, Mao Tsé-Toung, Fidel Castro et du « grand chef » Che Guevara, le drapeau rouge a été hissé, à 3 heures du matin, dans la résidence du directeur pour montrer l’ouverture d’une nouvelle ère : liberté d’opinion et d’engagement politiques pour les Brésiliens et pour les Latino-américains qu’étudient et travaillent en France. Le dépliant du comité d’occupation énonçait clairement l’intention : « un groupe des révolutionnaires brésiliens, avec le soutien de leurs camarades français et d’autres nationalités, ont libéré la maison du Brésil de l’administration laquais de la dictature militaire du président Costa e Silva29. »

20À la différence, selon le journal Le Monde30, que l’occupation n’y fut pas paisible et que même les étudiants brésiliens et français qui ont soutenu et participé aux mouvements de protestation dans les universités parisiennes furent molestés dans la Maison. Le pire est arrivé quand un étudiant, qui était ouvertement opposé au mouvement et qui prétendait établir une liste des résidents communistes pour la remettre à la police fut enfermé dans sa chambre et interrogé longuement, comme le relate le journal. Il s’agissait du docteur Gilberto Mauricio Pradez de Faria, à qui il fut conseillé par l’ambassade de retourner au Brésil. C’est l’ambassade brésilienne, elle-même proche du ministère français des Affaires étrangères au travers de la Direction des relations culturelles, qui signala l’événement : « le docteur […] a été obligé par la force de signer un papier le déclarant “agent anti-communiste à la solde du gouvernement brésilien”, de même qu’un reçu d’une somme d’argent qui lui a été extorquée pour aider la lutte révolutionnaire31 ».

21Le même sort a été réservé au directeur de la maison le soir du 30 mai. Après avoir eu toute sa maison fouillée, il a été interrogé sur sa situation vis-à-vis du gouvernement brésilien. Luis Lisanti fut expulsé de sa résidence le lendemain. Secoué par l’événement, Lisanti a écrit une lettre à l’ambassade du Brésil relatant les évènements. Cependant, il a insisté pour montrer que les faits étaient directement liés aux évènements parisiens, faisant ainsi de la Maison une sorte de « victime » et non un « agent » des mobilisations étudiantes, minimisant ainsi le rôle des étudiants brésiliens dans cette effervescence. Réaffirmer le contexte étudiant bouillonnant français présente un double intérêt, celui de ne pas mettre l’accent sur les étudiants brésiliens et de présenter la Maison du Brésil comme un agent passif, même si les secteurs militaires du régime ne voient déjà plus d’un bon œil cet « espace ». La Maison est libérée le 12 juin, date à laquelle Lisanti commence à établir les pertes matérielles, en proposant aux résidents et aux fonctionnaires de signaler leurs biens volés. Bien que la plupart des résidents n’ait pas répondu à son appel, le directeur dépose une plainte en justice32. Comme la situation à la Cité est encore incertaine, Lisanti accepte la suggestion du délégué général que ce dernier dirige temporairement la Maison, comme il l’avait fait avec d’autres pavillons également envahis (comme ceux de l’Espagne et du Portugal)33.

22En août, Luis Lisanti décide démissionner du poste qu’il occupait. En septembre 1968, le conseil d’administration approuve sa démission et propose José Alves Guimarães, directeur de l’école des Beaux-Arts de Belo Horizonte, homme proche du régime, pour lui succéder. Lors de cette réunion du conseil d’administration, il est envisagé la possibilité de faire de la Maison du Brésil une résidence pour les couples uniquement. Lisanti s’oppose à cette suggestion en démontrant que la Maison n’avait pas été conçue pour recevoir des résidents des deux sexes. Surtout, il pressentait que cette idée, loin de correspondre au mouvement français sur cette question, pourrait diminuer la possibilité d’avoir des résidents militants non détectés par le régime. L’année 1968 s’est terminée au Brésil par un Acte Institutionnel (AI) édicté par le gouvernement militaire qui a rendu le régime plus répressif. L’AI-5 qui, entre autres mesures, prévoyait le jugement de crimes politiques par des tribunaux militaires et la suspension de l’habeas corpus concernant tous les cas de crimes contre la sécurité nationale, inaugurait la période la plus dure de la répression de la dictature, non seulement avec le renvoi d’un nouveau lot de professeurs, mais aussi avec l’extermination de ses opposants dont plusieurs étudiants et enseignants34.

23Cependant, c’est aussi à partir de ce moment que le gouvernement militaire entreprend une réforme de l’université par une modernisation autoritaire : expansion des universités, augmentation du nombre d’étudiants, et surtout renforcement et développement des cours de deuxième cycle auront été la facette modernisatrice du régime. D’autre part, les militaires ont élargi leur aire de surveillance en créant des « agences de sécurité et de l’information » dans chaque université fédérale qui devaient rapporter toutes les informations sur les facultés et ses étudiants au service national d’Information (SNI)35, organisme directement lié au président de la République. Si au Brésil les militaires augmentaient la surveillance des opposants, comment contrôler les Brésiliens en territoire français ? Ceci était devenu un grand défi pour le gouvernement. Les dissidents prônant des idées opposées au régime étaient extrêmement surveillés, quand ils n’étaient pas exterminés. Les vents libertaires de Mai 68 qui soufflaient de l’autre côté de l’Atlantique hantaient les dirigeants brésiliens. De leur côté, les exilés ont commencé à utiliser différents canaux pour dénoncer la dictature faisant de la Maison du Brésil non seulement un lieu de diffusion de ces informations mais aussi un abri pour de nombreux clandestins.

Les conséquences des événements de 1968

24En avril 1969, le nouveau directeur de la Maison du Brésil envoie un rapport au service de surveillance de l’armée de l’air, décrivant la situation à la Cité suite aux événements de l’année précédente : interdiction d’entrée dans la Cité des forces de l’ordre, liberté de regroupement politique quelle que soit la sensibilité ; droit d’entrer et de transiter librement dans les pavillons ; liberté garantie d’exprimer des opinions et de poser des affiches, liberté de visiter les chambres. Il explique : « Même avec les mesures de rétablissement de l’ordre qui ont été appliquées, celles-ci rentrent en conflit avec les intérêts légitimes de la Nation qui subventionne la Maison, avec l’intérêt des résidents et avec l’autorité du directeur36. » Des documents issus des services secrets des forces armées brésiliennes ont exagéré le manque de contrôle, la « concession des libertés les plus absurdes » et « la généralisation de la promiscuité entre les sexes à l’intérieur de la Maison » dénonçant nominalement les éléments « suspects37 ». Des rapports présentant leur vision de la vie politique française et de l’administration De Gaulle, qui a « beaucoup joué au socialiste »38, montrent tout d’abord, une vision du monde de militaires brésiliens guidés par la culture politique autoritaire et l’anti-communiste :

« Il n’est donc pas surprenant qu’à la Cité universitaire règnent les étudiants de la garde rouge et drapeau noir, et cela explique pourquoi la police ne peut pas y intervenir car elle fait partie du gouvernement. […] Les forces armées tout en maintenant la philosophie de non intervention, se montrent de plus en plus insatisfaites avec la haute direction. Pour compenser les facilités accordées aux Rouges et Noirs (anarchistes), les ministères militaires (là-bas états-majors) n’incluent plus dans leurs voyages d’attachés représentants des pays dits socialistes. Quasiment quotidiennement apparaissent dans des journaux ou magazines, des articles sur le “malaise des forces armées avec la conjoncture française”. Bien que le « Président » soit jugé comme « omniscient » grâce au soutien des armes, on oublie que c’est lui qui a trouvé le moyen pour réprimer le mouvement de Mai. En continuant avec ce mépris, de tout et tout le monde, et le mécontentement croissant de tous et en particulier des forces armées, peut-être que rien ne se passera quand l’Allemagne demandera à nouveau de l’aide aux généraux français stationnés là-bas39. »

25Pour l’attaché militaire qui observe de près les évènements de la Cité, l’issue ne fait pas de doute : il faut fermer la Maison du Brésil qui est devenue celle de la France. Son directeur n’a aucune ou presque aucune autorité sur celle-ci ou ses occupants. À cause des actions qui s’y sont déroulées, l’existence de la Maison du Brésil détériore plus que n’améliore l’image du Brésil. Elle coûte enfin au gouvernement brésilien bien trop chère sur le plan économique (50 000 dollars par an), « pour le prestige de Paris comme Mecque de l’enseignement (et la subversion étudiante). » L’attaché conclut : « Nous croyons que cela devrait déjà être fermé depuis Mai 1968. Lorsque nous sommes sollicités nous conseillons l’ambassadeur Bilac Pinto de le faire » (Il ne l’a pas fait)40 ».

26Les dossiers des commandements de l’armée de l’air et de la mer, rédigés au cours des années 1969 et 1970, contiennent de nombreux documents détaillés sur la fondation du pavillon, les listes des étudiants, les lettres des directeurs, les législations, opinions, coupures de presses du Brésil et de France, le suivi de la question de la mise en œuvre de la cogestion, et de longues analyses sur la situation, rédigés par des civils et des militaires. Cela montre bien la surveillance militaire de ce régime et les divergences avec les mouvements de contestation en France et la manque de réponse autoritaire de la part du gouvernement français.

27Cette affirmation devient encore plus vraie quand elle est croisée avec le diagnostic du ministre-conseiller, chargé d’affaires, membre civil d’Itamaraty qui fait un long rapport sur l’état de la Maison du Brésil destiné au ministre des Relations extérieures. Dans ses conclusions, en dépit du constat de la faible influence du Brésil sur la vie de la Maison, il a tenté de présenter les aspects positifs pour la maintenir ouverte : « En fait, la Maison du Brésil rend d’important services à la culture brésilienne, l’accueil qu’elle offre […] à nos compatriotes qui se déplacent à Paris en recherche d’élargissement de leurs connaissances et de leurs expériences, en termes de sciences, de technologie, de la littérature et des arts à un niveau universitaire41. »

28En 1970, stimulés par le Bureau International42, les résidents de la Maison ont commencé une grève contre la hausse des loyers qui a duré plusieurs mois. Alors que le nouveau statut sur la cogestion n’avait pas encore été mis en place, et sous la pression des militaires concernant l’image « négative » que la Maison du Brésil diffusait, l’ambassade négocie la révision du statut de la Maison du Brésil avec la CIUP pour faire en sorte que le gouvernement brésilien se désengage de cette institution. Ainsi, le 22 juillet 1971, l’ambassadeur du Brésil en France, le général Aurelio de Lyra Tavares, signe chez le notaire, en compagnie du recteur Robert Mallet, un acte rectificatif de la donation initiale du gouvernement brésilien. Dans cet acte, la composition du conseil d’administration de la Maison passe de dix à six membres, avec la suppression de quatre membres brésiliens – le seul membre brésilien restant au Conseil étant un représentant de l’ambassade – et l’ambassadeur se désengage de la présidence du conseil d’administration. Mais surtout, la “Maison du Brésil” est officiellement renommée « Fondation Franco-Brésilienne ».

29En conséquence de ces modifications de statuts, le gouvernement brésilien cesse d’envoyer des directeurs en mission officielle et de subvenir aux besoins de la Maison. Cependant, l’implication gouvernementale du Brésil n’a pas pour autant cessé à cette date : la CAPES est restée en charge de la réception et de la sélection des candidatures brésiliennes, ce qui a permis un certain « triage » des candidats et les militaires ne cessèrent pas d’« accompagner les activités » développées à la MB, comme le montrent les rapports. En partie Maison rattachée et Maison nationale, la direction de la Maison du Brésil a été confiée à des personnalités françaises : le chercheur du CNRS, Michel Rémi Ferlus jusqu’en 1975 puis le géographe français Jean Piwnik jusqu’en 1991, date à laquelle commencèrent des négociations pour que la Maison soit de nouveau dirigée par le Brésil.

30Ce qui aurait pu faire partie de la facette modernisatrice du régime, c’est-à-dire l’expansion des échanges scientifiques entre le Brésil et la France (passant par la Maison du Brésil), a succombé en raison de son visage autoritaire et répressif. Juliette Dumont et Anaïs Fléchet, en analysant l’action culturelle de l’Itamaraty entre 1945-1980, ont montré que furent introduites des politiques spécifiques dans ce domaine, dont le but était de défendre les intérêts économiques et stratégiques du pays, comme développer la popularité des productions brésiliennes à l’étranger43. Dans le milieu artistique, la situation s’est avérée souvent ambiguë, ce qui indique une plus grande autonomie de l’Itamaraty en face des militaires, qui finiront par financer, par exemple, des présentations d’artistes brésiliens contre la dictature comme Chico Buarque et Gilberto Gil.

31De la même manière, on constate une certaine « ambiguïté » dans le développement de la politique académique. La surveillance militaire des « étudiants subversifs » boursiers échappait souvent au contrôle voulu en montrant les connexions et les réseaux possibles du milieu académique franco-brésilien. En plus du simple pragmatisme, il semble donc qu’il s’agissait beaucoup plus d’une politique de réaction que de proposition de la part des militaires. C’est cette clé qui nous permet de comprendre le désengagement du Brésil de sa Maison en France, dès que celle-ci est devenue un point important d’opposants au régime brésilien, en plus de la propre conjoncture française incarnée par les gauches ; ces motifs ont servi de justification à une telle action.

32La réalité politique brésilienne contrastait avec l’« ambition intégratrice » du projet d’une Maison à l’intérieur de la Cité, ce projet qui se destinait à « apprendre aux futures élites dirigeantes de chaque nation à se connaître et à se respecter pour assurer la paix, telle est l’utopie revendiquée de la Cité, une utopie pacifiste fondée sur l’application de la philosophie libérale solidariste aux relations internationales44 ». L’objectif de créer des réseaux transnationaux qui sont à l’origine de la présence d’une Maison du Brésil à la Cité, pensé par l’État dans les années 1950, était imprégné par ces principes et signalait la volonté du Brésil de dialoguer et d’assurer une présence sur la scène de la production intellectuelle mondiale. À partir de 1964, la logique militariste, basée sur la doctrine de sécurité nationale, dont la théorie prend inspiration dans l’expérience française en Algérie45, contrastait énormément avec ces principes et avec la libre circulation des idées qui prédominait à la Cité. Le résultat, un peu logique, était la négation de l’internationalisme.

Notes de bas de page

1 Salim Inez Machado, 1959-2009: 50 anos da Casa do Brasil, 82 anos de história. Archive personnelle.

2 Tronchet Guillaume, Savoirs en diplomatie. Une histoire sociale et transnationale de la politique universitaire internationale de la France (années 1870-années 1930), Thèse de doctorat en Histoire, université de Paris 1, 2014.

3 La tradition universitaire de l’Amérique espagnole est contrastée, avec l’ouverture d’universités au Pérou et au Mexique au xvie siècle, et en Argentine au début du xviie siècle. La première faculté ouverte au Brésil, une école de médecine, date du début du xixe siècle, lorsque la cour portugaise a été transférée dans le pays en 1808.

4 « L’intérêt pour les échanges universitaires et pour ce qu’ils peuvent apporter au rayonnement du Brésil est l’objet d’un projet formulé et transmis à la Division de coopération intellectuelle par la Casa do Estudante du Brésil (CEB) en 1941. Le but est d’« offrir aux étudiants des universités brésiliennes l’opportunité d’être représentés à l’étranger d’une manière vraiment expressive », avec un « processus de sélection individuelle adéquat et rigoureux, en effet, il s’agirait de constituer des délégations capables de coopérer largement à la consolidation des relations du Brésil avec les nations de tout le continent ». Cependant, ce projet n’a jamais été mis en pratique. Dumont Juliette, De la coopération intellectuelle à la diplomatie culturelle. Les voies/x de l’Argentine, du Brésil et du Chili (1919-1946), Thèse de doctorat, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 2013, p. 636-637.

5 Ana Amélia, dans les années 1930-40 fut la présidente de la Maison de l’Étudiant du Brésil.

6 Salim Inez Machado, Discours 50 ans Maison du Brésil, op. cit.

7 Ibid.

8 Selon la convention établie pour la fondation nationale le 25 juillet 1925.

9 Archives de l’ambassade du Brésil, n. 606/542.93 (85).

10 Salim Inez Machado, Discours 50 ans Maison du Brésil, op. cit.

11 Archives de l’ambassade du Brésil, n. 606/542.93 (85).

12 Salim Inez Machado, Discours 50 ans Maison du Brésil, op. cit.

13 Archives de l’ambassade du Brésil, Procès-verbal de la réunion du conseil d’administration de la Maison du Brésil de la Cité universitaire de Paris, le 2 février 1960.

14 Il s’agit de Péricles Madureira de Pinho, Célia Neves Lazarotto, Leônidas Sobrinho Porto, Américo Jacobina Lacombe.

15 Archives F. Braudel, Correspondance Braudel MS 8510 (72), Dossier Lisanti Filho Luis. Lettre 26 du 15 juillet 1963, de Fernand Braudel à M. Almir de Castro.

16 Aymard Maurice, Giacone Roberto (dir.), En souvenir de Ruggiero Romano, actes de la journée d’études (Maison de l’Italie-Paris, le 28 mai 2015), Paris, Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, 2017. Voir la contribution de Roberto Giacone dans le présent volume.

17 Charle Christophe, « Les temps des hommes doubles », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 39/1, 1992, p. 73-85.

18 Les reformas de base étaient le nom donné par l’équipe du Président Goulart à l’ensemble des réformes structurelles proposées pour l’État brésilien dans les domaines éducatif, fiscal, politique et agraire.

19 Motta Rodrigo Patto Sá, As universidades e o regime militar, Rio de Janeiro, Zahar, 2014. p. 23.

20 Ibid., p. 33.

21 Archives F. Braudel, Correspondance Braudel MS 8510 (72), Dossier Lisanti Filho Luis. Lettre 30 du 19 mai 1964, de Fernand Braudel à Castelo Branco.

22 Archives de l’ambassade du Brésil, 542.93 (85) de 15 de junho de 1964.

23 Arquivo Nacional, BR_DFANBSB_AAJ_IPM_0236_d. Lettre de Robert Garric au chargé d’affaires de l’ambassade du Brésil, le 17 juin 1964.

24 Arquivo Nacional, Ofício n 033-1S/2144/67. Em 21.6.1967.

25 Arquivo Nacional, BR_DFANBSB_N8_0_PSN_EST_0301_d0001de0001. Ofício n 031-1S /2142/67.

26 Arquivo Nacional, BR_DFANBSB_N8_0_PSN_EST_0301_d0001de0001. Oficio n 019-1S/1104/67.

27 Archives Nationales, 20090014/33. Rencontre du Comité des Résidents avec le directeur de la Maison du Brésil, le 24 avril 1968.

28 Archives de l’ambassade du Brésil, Rapport du directeur à l’ambassade du Brésil.

29 Archives du CHS, 003839. CC1801_P1CHS_2-Mai68-11, p. 59.

30 Journal Le Monde, 2-3 juin 1968.

31 Archives de l’ambassade du Brésil, telegrama confidencial expedido em 04 de junho de 1968.

32 Archives Nationales, 20090014/30. Procès-verbal, 14 juin 1968.

33 Archives nationales, 20090014/30. Carta de Luís Lisanti ao Embaixador do Brasil em Paris, em 25 de junho de 1968.

34 Pour de plus amples informations sur la relation de la dictature avec les universités voir, Muller Angélica, « Violações de direitos humanos na universidade », in Brasil, Relatório da Comissão Nacional da Verdade, tomo 2, dezembro de 2014, p. 265-298.

35 Sous la dictature, le Système national d’information (SISNI) a été développé, désignant l’ensemble des organes destinés à la production d’informations au profit de la politique de sécurité et de développement du pays. A son sommet se trouvait le service national d’Information (SNI) ; aux niveaux ministériels, les divisions de sécurité et information (DSI) ; puis dans les principales autarcies (dont les universités), les conseils de sécurité et information (ASI). Tous les organes relèvent du SNI qui en rapporte au Président de la République et à sa junte militaire.

36 Arquivo Nacional, BR_DFANBSB_AAJ_IPM_0187_d. A casa do Brasil em Paris e as condições de seu funcionamento, em 25 de abril de 1969.

37 Arquivo Nacional, BR_DFANBSB_AAJ_IPM_0236_d. EME – Adido do Exército a Embaixada do Brasil na França. PB 24/69-S/2.1.

38 Arquivo Nacional, Informação N. 020 /1A2/EMA5R, 07 de maio de 1969 ; ref Of n. 033/69-GP, de 31 de março de 1969.

39 Ibid.

40 Arquivo Nacional, INFORMAÇÃO N. 020 /1A2/EMA5R, 07 de maio de 1969 ; ref Of n. 033/69-GP, de 31 de março de 1969.

41 Archives de l’ambassade du Brésil, 542.93(85)1969/13.

42 Archives de l’ambassade du Brésil, 542.93(85). Tous en grève des loyers. Carta do diretor da MB ao embaixador Bilac Pinto em 04 de março de 1970.

43 Dumont Juliette, Fléchet Anaïs, « “Pelo que é nosso!”: a diplomacia cultural brasileira no século xx », Revista Brasileira de História, no 34(67), 2014, p. 214.

44 Kévonian Dzovinar, Tronchet Guillaume (dir), La Babel étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris (1920-1950), Rennes, PUR, 2013, p. 21.

45 Nabuco Araújo Rodrigo de, Conquête des esprits et commerce des armes : la diplomatie militaire française au Brésil (1945-1974), Thèse de doctorat en histoire, université Toulouse II, 2011.


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