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Introduction. Pour une histoire multi-située de la Cité internationale universitaire de Paris
Dzovinar Kévonian et Guillaume Tronchet
p. 15-34
Texte intégral
1Septembre 2001. Alors que le xxe siècle vient à peine de s’achever, un colloque organisé à l’initiative de la Maison des étudiants canadiens et de la Fondation nationale de la Cité internationale universitaire de Paris célèbre les 75 ans du campus du boulevard Jourdan en revenant sur son évolution depuis sa création. Parce qu’aucun bâtiment n’y a été construit depuis 1969, ce colloque se veut l’amorce d’une réflexion concrète sur les pistes nouvelles à explorer pour l’avenir de l’institution, afin que la Cité connaisse un nouvel élan et ne reste pas « figée dans son développement1 ». Un discours disruptif transparaît dans les contributions, prônant le réveil d’une institution assoupie, qui aurait perdu son énergie créatrice au cours de la seconde moitié du xxe siècle et devant à nouveau s’inspirer, dans le contexte de la globalisation néolibérale, du modèle de développement initial de l’entre-deux-guerres. On y trouve rappelée « l’originalité profonde » de la Cité qui, dès sa création, se serait inscrite « à contre-courant de l’étatisme français » par un partenariat entre les institutions publiques et les entreprises privées, ainsi qu’un hommage rendu à une construction juridique de compromis associant un droit de regard de l’université et une autonomie dans la recherche de financements français et internationaux. C’est ce compromis historique qui aurait assuré la pérennité de l’institution en dépit de « trois crises profondes » : la Seconde Guerre mondiale, la contestation étudiante de 1968 et la grave crise financière des années 1980-19902. Cette réflexion critique amorcée au début des années 2000 engage effectivement la Cité dans une nouvelle phase de son histoire. Celle-ci se prolonge aujourd’hui avec le programme de développement « Cité 2025 », qui prévoit la rénovation d’anciens pavillons, la construction de dix nouvelles « maisons » et une augmentation de la capacité d’accueil de près d’un tiers, soit la possibilité d’aller bien au-delà des 10 000 résidents accueillis chaque année3.
2Ce jugement critique porté en 2001 soulève d’emblée un premier paradoxe : est-il bien certain qu’il faille considérer la seconde moitié du xxe siècle comme une période de léthargie ayant succédé à l’euphorie des années 1920 et 1930, alors que la Cité universitaire subit de plein fouet les crises de la décolonisation et de la Guerre froide, tout en voyant sa population résidente doubler, seize pavillons se construire, et une vie étudiante de plus en plus participative et engagée, par ailleurs inscrite dans des mobilisations locales, nationales et transnationales sans commune mesure avec celles connues au cours de l’entre-deux-guerres ? La Cité n’est-elle en outre que le réceptacle des chaos du monde ou participe-t-elle des dynamiques politiques, sociales et culturelles qui travaillent ce dernier ?
3Pour répondre à ces questions, le présent ouvrage se compose de plusieurs études de cas, dont la périodisation couvre la période courant des années 1950 aux années 2000, dans la suite logique du premier volume collectif paru aux Presses universitaires de Rennes en 2013 sous le titre La Babel étudiante4. Cet ouvrage s’intéressait aux premières décennies de l’histoire de l’institution, de sa création dans les années 1920 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et à la disparition de la génération des fondateurs : Émile Deutsch de la Meurthe (†1924), Paul Appell (†1930), André Honnorat (†1950), Jules Coulet (†1952), David David-Weill (†1952) et Jean Branet (†1954).
4Sans prétendre appréhender l’ensemble du sujet, le volume de 2013 se voulait une contribution à l’histoire sociale et transnationale de l’institution en forme de synthèse fondée à la fois sur de nouvelles recherches et sur les jalons posés depuis les années 1990 autant dans les productions suscitées par la Cité elle-même que dans les travaux de recherche en histoire5. Ce volume permit de montrer comment le projet, initialement conçu au sein de l’université de Paris pour répondre à la surpopulation étudiante, en est peu à peu devenu autonome, à la croisée de dynamiques associant une fondation nationale reconnue d’utilité publique, responsable de son développement et de sa gestion, et une nébuleuse d’acteurs diplomatiques, universitaires, culturels français et étrangers autour de pavillons financés par une intrication forte entre mécénat privé et institutions publiques6. Nous avions voulu questionner le projet alors porté dans les années 1920 et 1930 par la Fondation nationale, dont le discours internationaliste et pacifiste s’était progressivement substitué aux ambitions initiales au point de recouvrir les réalités beaucoup plus complexes d’un espace transnational largement marqué tout autant par l’impérialisme culturel et l’affirmation du rayonnement national, que par des logiques concurrentes et des interactions avec des réseaux académiques, diplomatiques et philanthropiques transnationaux. La Cité universitaire nous semblait alors devoir être saisie, non pas seulement à travers le discours de ses fondateurs ou de ses promoteurs, mais bien comme un espace social, dont les dynamiques nécessitent une analyse multiscalaire (vie de campus, histoire des maisons nationales et rattachées, Fondation nationale, université et rectorat de Paris, ambassades, réseaux philanthropiques transnationaux, etc.) et multi-située (institutions, gouvernance, sociabilités, interactions culturelles, etc.).
5La limite principale de ce premier volume, que nous avions annoncée d’emblée, résidait surtout dans la difficulté à appréhender finement l’ensemble de la population résidente de la Cité. Si les sources disponibles réunies alors nous avaient en effet permis d’identifier et d’étudier les mécènes, administrateurs, architectes et directeurs initiaux, et de reconstituer d’un même mouvement une première biobibliographie générale, la population résidente au cours de cette période demeurait dans une relative invisibilité en raison principalement des difficultés de traitement de l’immense corpus constitué par les fiches individuelles du service des admissions des résident·e·s de la Cité. Le programme de recherche GlobalYouth, lancé en 2017 par Guillaume Tronchet à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (ENS-PSL, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, CNRS), et financé par l’Agence nationale de la Recherche, commence seulement à permettre de combler cette lacune. Nous y reviendrons.
6Pourquoi, dès lors, un nouveau livre ? Au-delà de l’évidente nécessité de poursuivre, pour la seconde moitié du xxe siècle, le travail engagé par le premier volume sur la période qui précède, l’histoire de la Cité internationale universitaire de Paris à partir des années 1950 rencontre nombre de domaines de recherche pour lesquels elle constitue un observatoire fécond : histoire urbaine et de l’architecture, histoire de la jeunesse, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, histoire des relations internationales et des transferts culturels, histoire de l’immigration et des mobilités académiques et scientifiques internationales, histoire coloniale et post-coloniale, histoire de la santé, des sports et du spectacle vivant. Objet complexe, la Cité internationale universitaire de Paris est assurément un terrain de jeu passionnant pour l’historien. Il eût été inconcevable de ne pas poursuivre plus avant nos investigations.
Une sociohistoire encore en friche
7L’historiographie concernant la Cité internationale universitaire de Paris depuis les années 1950 recoupe pour partie celle de l’entre-deux-guerres, que nous avions présentée en introduction de la première publication7. La bibliographie générale qui a été mise à jour et placée à la fin du présent volume rend compte de la variété des études publiées depuis l’origine de l’institution. Elle montre qu’une part essentielle des publications existantes concerne l’histoire patrimoniale de la Cité, connue pour être tout à la fois un espace de création et d’innovation architecturales ainsi qu’un espace de projection de cultures nationales folklorisées8. La valorisation de ce patrimoine est aujourd’hui assurée à la Cité même par un centré dédié9.
8Le dernier ouvrage s’inscrivant dans cette dynamique a été publié en 2017. La conservatrice en chef du patrimoine à la Région Île-de-France, Brigitte Blanc, y livre une sociohistoire urbaine et patrimoniale de la Cité fondée sur des recherches archivistiques approfondies10. Ce travail, qui renouvelle sans commune mesure l’ouvrage de Bertrand Lemoine, publié en 1990, permet d’identifier les principales étapes, enjeux et contraintes de la constitution du foncier, des aménagements du domaine et du bâti des différentes entités de cet espace urbain qu’est la Cité, intégré depuis l’origine aux projets d’aménagement et d’extension de la Ville de Paris. L’auteure montre comment la première phase d’extension s’effectue jusqu’à la Seconde Guerre mondiale par trois acquisitions successives sur la base de la convention de 192111, avant de s’achever au début des années 1950 avec l’échec d’une tentative d’acquisition de nouveaux terrains sur les communes d’Arcueil, de Gentilly et de Montrouge, et l’amputation du terrain de la Cité de deux hectares pour la construction d’une deuxième rocade du boulevard périphérique doublant extérieurement les boulevards militaires (dits des Maréchaux) qui bordaient la Cité au nord et la ceinturant désormais au sud. Le premier tronçon du nouveau périphérique parisien, achevé au printemps 1960, prend la forme d’une rocade autoroutière à grand débit, dont la limite matérielle, imposante entre les voies de circulation rapides et l’espace public, et les nuisances sonores permanentes viennent désormais doubler cette nouvelle frontière socio-spatiale entre la ville-centre de Paris et les communes environnantes de la banlieue, isolant au sud de la Cité la Maison des élèves-ingénieurs des Arts et Métiers nouvellement édifiée (1950)12. Cette rupture importante dans l’histoire de la Cité, et qui reste une préoccupation actuelle13, empêche toute nouvelle extension. Les constructions de pavillons à la Cité dans la seconde moitié du siècle se traduisent donc par une densification interne au domaine existant14. Cette deuxième vague de constructions s’illustre par quelques grands noms de l’architecture contemporaine, qui, pour certains, étaient déjà connus de la Cité avant-guerre : Lucien Bechmann, Albert Laprade, Johannès Krahn, Max Bourgoin, Claude Parent, André Bloc, Lucio Costa, Le Corbusier, Alfred Audoul, Jean Vernon, Bruno Philippe, Reidar Lund, Jean Sebag, etc. Dans cet esprit, la production académique récente est d’ailleurs marquée par de nombreux projets de nouvelles fondations étudiantes conçues dans le cadre de mémoires de fin d’études en architecture et que nous avons signalés dans la bibliographie.
9En dehors de cette histoire urbaine et patrimoniale, que le présent volume, sous la plume de Loïc Vadelorge, tâchera à son tour d’enrichir, l’histoire de la Cité internationale universitaire de Paris dans la seconde partie du xxe siècle n’a pas encore fait l’objet d’une synthèse générale. La thèse de psychologie sociale soutenue par Anne d’Huart-Gouletquer en 1977 sous la direction du professeur Jean Stoetzel, constitue l’une des rares productions scientifiques avant les années 1990 qui tente d’embrasser la période15. L’analyse de l’inter-culturalité et de l’interdisciplinarité de la Cité entre société mosaïque et spatialisation des différences sont au centre de ce travail ethnographique mené par quelqu’un qui est aussi une ancienne résidente de la Cité (1954-1958), administratrice de l’Alliance des anciens résidents à partir de 1970, et rédactrice en chef du bulletin de l’association jusqu’au milieu des années 1980. Il faut attendre 2018 pour retrouver une approche ethnographique du campus et de ses résident·e·s, dans la thèse de sociologie et micropolitique des sociabilités soutenue par Marion Ink et portant sur l’étude comparée de trois résidences universitaires internationales16. L’ouvrage de Bertrand Lemoine ne donne quant à lui que quelques brèves indications pour la période qui nous intéressse de même que le colloque organisé en 2001 sous la direction de l’historien Guy Berthiaume, alors directeur de la Maison des étudiants canadiens, et déjà mentionné plus haut. Dans ces deux derniers cas cependant, la dimension factuelle associée à une mise en perspective historique s’inscrivent dans une mise en récit institutionnelle de l’histoire de la Cité. Il y a donc, à bien des égards, encore beaucoup à faire pour appréhender cette histoire dans sa globalité.
10Si, quittant le cadre général, on s’intéresse à présent aux historiographies particulières des différentes maisons et fondations de la Cité, référencées dans la bibliographie placée à la fin de ce volume, force est de constater qu’elles s’inscrivent dans des temporalités propres et disjointes de celle plus globale de la Cité. Les premières publications sont le plus souvent issues de revues d’architecture et d’urbanisme, contemporaines de la construction, et concernent l’ensemble des maisons, avec une attention particulière accordée aux bâtiments et architectes remarquables17. Par la suite, les échéances commémoratives ont constitué pour un certain nombre de fondations, l’occasion de colloques, de travaux de recherche et de valorisation des archives, à l’image des récents ouvrages sur la Fondation hellénique ou d’un volume à paraître sur la Maison du Maroc. Ces ouvrages forment le corpus le plus significatif de la production historienne sur l’histoire de la Cité18. Les deux dernières décennies ont également été marquées par la publication de monographies19, de mémoires de Master et d’articles qui attestent de l’intérêt actuel pour les institutions culturelles à l’étranger, les mobilités étudiantes et la circulation des savoirs20. Parallèlement, on constate ces dernières années l’apparition d’une littérature du témoignage et du récit21, qui vient en résonance avec une volonté institutionnelle et associative (la Fondation nationale, les réseaux d’anciens résidents) de renouer avec l’héritage et la mémoire de la Cité qu’il s’agisse du mécénat privé, des relations avec les familles des fondateurs ou de la mobilisation des anciens résidents.
11Il faut enfin signaler la dynamique suscitée par des subventions et programmes de recherches. Le chercheur suisse Matthieu Gillabert, que nous avons accueilli en 2014-2015 au sein de l’Institut des sciences sociales du politique (UMR 7220) pour un projet sur la francophonie à la Cité universitaire, a codirigé en 2016 la réalisation d’un colloque sur les circulations étudiantes dans l’espace francophone après 194522. Il propose dans le présent volume quelques éléments des recherches menées à ce sujet. Par ailleurs, depuis septembre 2017, Guillaume Tronchet, qui a soutenu sa thèse en 2014 sur l’histoire de la politique universitaire internationale de la France23, est responsable du programme de recherche GlobalYouth qui, avec le soutien de l’Agence nationale de la Recherche, et en partenariat avec les Archives nationales, vise à exploiter de façon systématique le fichier des résidents de la Cité universitaire en vue d’une analyse prosopographique des résidents des années 1920 aux années 1960, et qui a pour ambition de coordonner une recherche collective autour de l’histoire de la Cité et, plus largement, des mobilités étudiantes internationales au xxe siècle. Le présent ouvrage, dont plusieurs auteurs sont d’ailleurs membres de l’équipe ANR, est en partie le fruit de cette dynamique. Il repose sur l’exploitation des riches archives de la Cité, déposées pour une grande part aux Archives nationales en 2009 et dont la structure permet d’explorer plus largement les différentes facettes de la Cité (archives de la Fondation nationale, archives des maisons et fondations24, archives du Théâtre et archives de l’Alliance internationale des anciens résidents). Ces fonds demandent à être croisés avec les fonds privés des principaux protagonistes, avec celles des différents ministères français impliqués dans le projet, comme ceux des États ou associations privées et fondations donatrices et/ou gestionnaires des maisons. La participation récente de plusieurs jeunes chercheurs à l’exploitation de ces archives témoigne de la vigueur de ce terrain de recherche et de l’intérêt indéniable que constitue cet espace social original qu’est la Cité.
Les dynamiques géopolitiques d’un espace international
12Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Cité universitaire constitue un vaste campus, dont la première vague de constructions (1925-1938) a déjà permis l’ouverture de vingt pavillons destinés au logement et à la vie étudiante (théâtre, piscine, service médical, etc.), principalement avec le soutien et les financements d’États et de réseaux philanthropiques euro-atlantiques. Cette période est marquée par une sortie de guerre difficile et longue. L’occupation militaire américaine en 1944-1945 puis la présence du Centre d’études de l’armée américaine jusqu’à l’été 1946 retardent les travaux de réhabilitation et de réparation consécutives à l’occupation allemande25. La question des indemnisations des dommages de guerre et des réquisitions par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme donne lieu à une bataille d’expertise qui dure près de dix ans26, tandis que les mesures d’augmentation des loyers prises par la Fondation nationale pour pallier ces difficultés financières sont l’occasion d’une réactivation des contestations étudiantes nées au temps du Front Populaire et qui avaient disparues avec la guerre.
13Du début des années 1950 à la fin des années 1960, une seconde vague de constructions dote la Cité de seize nouvelles résidences, soit une capacité d’accueil totale d’environ 5 500 places, la construction de la Maison de l’Iran en 1969 signant la fin de la croissance du campus jusqu’aux années 2010, ainsi que de nouveaux services, à l’image de l’hôpital, sur la création duquel Didier Fischer et Robi Morder reviendront dans le présent volume. Cet élan bâtisseur s’appuie sur une nouvelle donne socipolitique. Héritière d’un projet inséré dans un système national-impérial construit en 1919 et par une génération associant diplomatie universitaire et mécénat privé, la Cité voit sa gouvernance à présent dominée par les milieux des catholiques sociaux et démocrates-chrétiens et ceux du Mouvement républicain populaire (MRP), à l’image de Robert Garric, délégué général de la Cité de 1958 à 1967, et sur l’itinéraire et l’action duquel la contribution de Pascal Bousseyroux reviendra ici. Cette nouvelle gouvernance acte de fait la disparition des familles de la grande bourgeoisie juive de la IIIe République, collectionneurs, mécènes et philanthropes, brutalement évincées par la politique antisémite de Vichy, l’aryanisation de l’économie française et la politique d’extermination nazie27.
14Cette proximité avec le MRP permet de comprendre les liens étroits des dirigeants de la Cité avec les milieux européistes et la création des maisons de l’Allemagne28 (1956) et de l’Italie (1958) dans le contexte de la construction économique européenne, ainsi que la continuité de l’insertion de la Cité dans le système national-impérial en dépit du mouvement de décolonisation en marche : inauguration de la Maison de la France d’Outre-mer en 1951 sur le modèle de la Maison de l’Indochine (1930), soit une résidence destinée aux étudiants des territoires coloniaux, à propos de laquelle Françoise Blum reviendra plus avant dans ce volume ; construction des deux pavillons du Maroc et de la Tunisie sous protectorat français en 1953 (trois ans avant les indépendances), sur l’histoire desquels se penchent ici Guillaume Denglos et Pierre Vermeren ; donation du gouvernement cambodgien de 1950 permettant la construction de la Maison du Cambodge (inaugurée après l’indépendance), ainsi qu’on le verra ici dans la contribution de Sara Legrandjacques. La création en 1954 par la Fondation nationale d’une revue – La Cité, les Arts, les Lettres, l’Actualité en France et dans le Monde – est une autre illustration de cette dynamique cherchant à intégrer la Cité aux projets de relance et de modernisation de l’économie française, dans le double contexte de l’Union française et de la construction européenne. Cette revue illustrée sur papier glacé est inspirée par la vogue du photoreportage sur le modèle de Life ou de Paris-Match. Elle paraît jusqu’en 1970 et a pour rédacteur en chef René Bocca, ancien résident, diplomate monégasque et délégué auprès de l’Unesco. Elle ne comprend qu’une courte rubrique consacrée à la vie à la Cité car l’essentiel des articles concerne les pays, les économies et les cultures du monde, textes qu’encadrent de larges encarts publicitaires vantant les mérites des grandes compagnies françaises d’aviation, les sociétés et banques d’investissements dans les territoires coloniaux, les industries de développement et entreprises touristiques.
15Dans cette période, comme pour l’entre-deux-guerres, la Cité s’inscrit donc pleinement dans la géopolitique mondiale, un système international désormais aussi structuré par la Guerre froide et la logique bipolaire. Nulle maison des pays de l’Est n’est alors édifiée : l’Europe de la Cité reprend les contours de celle du rideau de fer et le monde de la Cité, celui du bloc occidental, en cohérence avec les orientations dominantes de la politique étrangère française. Elle n’en perd pas pour autant son ambition cohésive, obligeant les discours de légitimation portés par les dirigeants de la Cité à évoluer pour tenir compte des recompositions des pratiques et représentations. Ainsi en est-il de la pose de la première pierre de la Maison du Liban en 1961 saluée dans la revue La Cité en ces termes : « Les étudiants libanais porteront témoignage des hautes vertus qui distinguent leur patrie, une patrie où l’Est et l’Ouest ont appris à se tendre la main29. »
16La période est par ailleurs marquée par un nouvel équilibre entre investissements privés et dotations gouvernementales, dans lequel s’affirment les États indépendants issus de la décolonisation. Si, comme dans l’entre-deux-guerres, les pavillons bénéficiant de dotations uniquement privées restent minoritaires – comme la Maison Victor Lyon (1950), qui s’inscrit dans le modèle du mécénat de la grande bourgeoisie de la IIIe république30, ou comme la Maison du Portugal (1963), financée par la Fondation Calouste Gulbenkian –, les pavillons édifiés à partir des années 1950 reposent moins sur une association public/privé comme c’était le cas de ceux de la première vague, mais bien davantage sur l’initiative d’autorités étatiques et/ou avec des dotations gouvernementales. Ainsi en est-il de la Maison du Mexique (1953), de la Maison du Brésil (1959), de la Maison de l’Inde (1968) ou de la Maison de l’Iran (1969). Les nouveaux États indépendants issus de la décolonisation structurent ainsi leur modalité d’internationalisation et de reconnaissance en investissant les espaces universitaires des anciennes métropoles impériales, ne disposant souvent pas de structures universitaires suffisantes en interne ou faisant le choix d’investir par des bourses publiques dans la formation à l’étranger de leurs nouvelles élites nationales. L’association des investissements publics et privés comme dans le cas de la Maison de l’Italie (1958) ou de la Maison du Liban (1963) sont quant à eux minoritaires et conduisent à s’interroger sur les raisons d’un désinvestissement des élites fortunées envers la Cité. Plusieurs hypothèses, qu’il faudrait éprouver, peuvent être avancées : renforcement des prérogatives et des engagements de l’État français dans les universités à partir de 1945 avec un affaissement du mécénat privé dans les années 196031 ; dispositions légales et fiscales en vigueur ; moindre attractivité pour les élites du fait de la massification et de la démocratisation de l’université ; baisse corrélative de la plus-value de capital culturel et de reconnaissance sociale escompté par un tel investissement, etc.
17Cette nouvelle configuration pose a minima la question de savoir si, du fait de ces dynamiques, et dans un contexte marqué à la fois par des processus de décolonisation et de mobilisations sociales et politiques, la Cité universitaire continue à être perçue, comme dans l’entre-deux-guerres, comme un espace transnational d’intégration et de gratification des élites nationales32. De quoi, en somme, la nouvelle géopolitique de la Cité universitaire est-elle le nom ? Au-delà des enjeux politiques et diplomatiques, dont le présent ouvrage tâchera de donner quelques exemples, les enjeux universitaires ne sauraient non plus être négligés, qu’il s’agisse d’insérer la construction des pavillons dans la stratégie de « diplomatie universitaire33 » des États qui en sont à l’origine ou dans les réseaux académiques transnationaux au sein desquels la gestion des pavillons et la nomination de leurs directeurs s’insèrent. Les liens avec la VIe section de l’École pratique des hautes études (EPHE), où le délégué général de la Cité, Pierre Marthelot (1967-1977), est directeur d’études, seraient à cet égard intéressants à creuser. On l’entreverra ici à travers les liens entre Fernand Braudel, l’EPHE et la Maison du Brésil ou encore la Maison de l’Italie, sur laquelle revient la contribution de Roberto Giacone.
18La dernière décennie du xxe siècle, enfin, est marquée en 1992 par le décès d’Étienne Dalmasso après dix-sept ans de délégation générale. Une nouvelle dynamique appelle à rénover les plus anciens pavillons de la Cité34, à moderniser les installations obsolètes et mettre aux normes les infrastructures, à s’adapter aux attentes de confort (individualisation des sanitaires et douches), à rajeunir les cadres administratifs, à s’ouvrir sur la dynamique urbaine parisienne, à intégrer davantage les étudiants (création d’une délégation des Comités de résidents). Le discours initial des fondateurs est remobilisé sous une forme renouvelée. Prenant acte de la fin de la guerre froide et de « l’éclatement des empires », un discours de refondation réhabilite la notion « d’esprit de la Cité », associant culture française et internationale, amitiés dépassant les frontières politiques et intellectuelles, « lutte contre les forces centrifuges qui pousse chaque Maison au repli sur soi35 ». Dans cette courte période qui va de l’effondrement du communisme aux attentats de 2001, la Cité est traversée par cette renaissance de l’internationalisme libéral, qui met en avant le dynamisme des sociétés civiles et des acteurs transnationaux privés face au déclin d’un monde « westphalien » d’États et de blocs idéologiques rivaux et figés depuis les années 1970. Cette croyance dans la victoire idéologique de la démocratie libérale comme modèle politique et économique supérieur, est alors mise en résonance avec certains des discours fondateurs de la Cité, constituant de fait un nouveau cadre mobilisateur : importance des collectifs et des mécènes privés36, représentation de la Cité comme la territorialisation d’une société civile internationale de la jeunesse et nouvelles circulations migratoires des élites37. Plus près de nous, la série de manifestations organisée en hommage à André Honnorat en 2010, le lancement en 2015 à l’occasion des 90 ans de la Cité, d’un événement devenu annuel « l’Université de la Paix », destiné à illustrer les valeurs pacifistes et les enjeux d’un espace dédié aux échanges internationaux, rendent compte de cette volonté d’affirmer « l’éclatant destin d’une utopie38 ».
Démographie et sociologie des mondes étudiants de la Cité universitaire
19Cette évolution de la géopolitique monumentale du campus du boulevard Jourdan ne reflète qu’en partie la sociographie de ses résidents. La Cité internationale universitaire de Paris accueille en effet depuis sa création des résidents aux origines nationales plus diversifiées que celles annoncées au frontispice des pavillons qui les logent. En vertu du principe du « brassage », imposé par la Fondation nationale à l’ensemble des pavillons, on ne trouve pas que des Brésiliens à la Maison du Brésil, ou des Indiens à la Maison de l’Inde, même s’ils sont souvent majoritaires, mais également des résidents issus des quatre coins du globe. Pour rester fidèle à ces principes, la photographie de la population résidente n’en évolue pas moins profondément des années 1950 aux années 2000.
20Le rapport entre Français et étrangers, tout d’abord, s’inverse au cours de la période. En 1947, sur une population totale d’un peu plus de 3 000 résidents, on compte encore une majorité de résidents français (53,5 %), 11 % de résidents de l’Union française et 35,5 % d’étrangers. Dix ans plus tard, tandis que les capacités d’accueil se sont accrues (4 600 résidents en 1955) et que la part des étrangers reste stable (33 %), la proportion de résidents français commence à décroître (48 %) au profit des résidents issus de l’Union française (19 %). Au lendemain des décolonisations, il y a désormais plus d’étrangers que de Français à la Cité universitaire : en 1965, sur une population d’environ 5 400 résidents, on compte 52 % d’étrangers39. Cette dynamique va en s’accentuant jusqu’à la fin de la période considérée : en 2003, la Cité universitaire se compose de 72 % d’étrangers et de 28 % de Français. Dans la mesure où il n’y a plus de constructions nouvelles à la Cité depuis 1969, cet écart grandissant résulte moins d’une croissance des effectifs étrangers, bien réelle cependant, que d’une décroissance des effectifs français, tandis que la Cité accuse aussi une chute globale de ses effectifs (environ 15 % de recul entre 1965 et 2003).
21Dans les années 1980, le délégué général de la Cité, Étienne Dalmasso, regrette d’ailleurs publiquement la faiblesse du nombre de Français, désormais bien loin des 50 % d’hexagonaux voulus par les fondateurs, dans une institution qu’il considère encore comme « une variable stratégique de l’action de la France dans le monde » : parlant de « phase d’atonie », de « moment problématique », il pointe alors des difficultés économiques, des mutations psychologiques des étudiants et une poussée nationaliste au sein d’un espace qui serait passé d’une cité-monde à une cité-dortoir40. Alors même que la période est marquée par une massification de l’enseignement supérieur et un accroissement de la mobilité étudiante internationale, la Cité internationale universitaire de Paris semble surtout pâtir d’une recomposition de l’espace universitaire francilien41 et de la concurrence des résidences universitaires qui se multiplient depuis les années 1960 sous l’égide des Comités régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), tandis que le développement des universités de province ne fait plus de Paris un passage obligé dans un parcours d’études. C’est d’ailleurs précisément face à cette concurrence, dont André Honnorat pressentait déjà la menace en 194942, que les dirigeants de la Cité universitaire ajoutent dans les années 1960 l’épithète « internationale » à l’appellation de l’institution, afin de mieux la distinguer parmi les résidences universitaires françaises.
22La deuxième dynamique qui affecte la population résidente est celle d’une montée en puissance des nationalités dites du « tiers-monde » à partir des années 1960, par rapport aux résidents européens et américains, dont la présence reste stable mais, par effet mécanique, dont la part diminue dans le total des effectifs. Alors qu’en 1947, on comptait parmi les étrangers 64 % de résidents européens et 18 % de résidents d’Amérique du Nord, il n’y a plus que 30 % d’Européens à la Cité à partir des années 1970 (part relativement stable jusqu’aux années 2000) et 10 % d’Américains du Nord en 1970 puis 6,5 % en 2003, sur une population totale représentant désormais plus de 120 nationalités. Les résidents du continent africain, s’ils sont plus nombreux (+ 68 % d’augmentation entre 1947 et 2003), représentent également une part de moins en moins importante des effectifs étrangers (35 % en 1947 contre 19 % en 2003). En revanche, l’augmentation significative du nombre et de la part des étudiants originaires d’Asie (0,5 % des résidents en 1947 contre 18,9 % en 2003) d’Amérique centrale et septentrionale (4,5 % en 1947 contre 12 % en 2003) et du Moyen Orient (1,7 % en 1947 contre environ 15 % en 2003) traduit à la fois les nouvelles capacités d’accueil créées en faveur de ces résidents à la Cité (maisons de l’Inde, du Brésil, du Cambodge, etc.) et les mutations des flux de la mobilité étudiante internationale dans le seconde moitié du xxe siècle, notamment dans le cadre de la « fuite des cerveaux » vers les puissances universitaires occidentales. Ces tendances par aires géographiques masquent toutefois des fluctuations internes parfois importantes, souvent au gré du contexte politique international : la disparition de certaines nationalités de la Cité (25 étudiants chinois en 1946, contre 1 seul en 1970 par exemple ; on pourrait aussi prendre l’exemple de l’Iran), l’arrivée de réfugiés ou l’accueil des boursiers étrangers du gouvernement français ou de leur propre gouvernement sont autant de sous-groupes qu’il importe d’étudier plus finement, en tenant compte des logiques propres à chacun d’entre eux.
23Concernant les étudiants réfugiés43, et comme pour la période précédente, leur invisibilité est constatée. Elle tient à l’inexistence d’une mention spécifique dans l’instruction des dossiers d’admission. Seule une analyse longitudinale des nationalités du fichier général des admissions (mais qui est lui-même classé par ordre alphabétique) pourrait renseigner une approche quantitative, qui toutefois ne comprendrait que les résidents déclarés. Les sources indirectes (témoignages de résidents, archives des associations caritatives, police des étrangers) doivent être croisées pour saisir cette réalité. Ainsi, au sein de l’Alliance internationale des anciens résidents, les membres espagnols ou originaires d’Europe centrale qui avaient été eux-mêmes étudiants réfugiés à la Cité dans la période précédente se font les relais de l’entraide en faveur des nouveaux réfugiés. En mars 1957 par exemple, l’Alliance lance un « SOS » à ses membres pour la trentaine de réfugiés hongrois accueillis à la Cité44. Elle propose qu’ils en « adoptent » un dans leur famille afin de leur procurer un environnement chaleureux et fraternel45. L’Alliance comprend déjà en 1953 dans son comité directeur puis membre du Bureau, Joseph Molnos, réfugié hongrois et secrétaire général du Centre culturel international de Royaumont.
24La transformation des flux entrants à la Cité s’accompagne d’un même mouvement par un vieillissement de la population résidente : alors qu’en 1965, plus de 68 % des résidents avaient moins de 24 ans, ils ne sont désormais plus que 44 % dans les années 198046, tandis que la population des plus de 30 ans passe de 8 % en 1965 à plus 17 % au début des années 2000, notamment du fait de la mise en place d’une politique d’accueil de stagiaires et une admission étudiante désormais réservée aux second et troisième cycles universitaires. Le type d’études suivies évolue également : le nombre d’étudiants en médecine chute nettement au cours de la période, passant de 19 % des étudiants en 1947 à 7 % en 2003, de même que le nombre d’étudiants en lettres, quoique de façon moins prononcée (24 % en 1970 contre 17,5 % en 2003), tandis qu’on observe une croissance du nombre des résidents de la Cité étudiant les sciences (plus de la moitié des effectifs, universités et grandes écoles confondues au début des années 2000) ainsi qu’une augmentation du nombre d’étudiants en droit et en sciences économiques (11 % en 1970 contre près de 20 % en 2003). En outre, d’autres profils apparaissent, comme les étudiants en écoles d’art, quasiment absents dans les années 1940, et représentant près de 8 % des effectifs en 2003. Il sera intéressant d’observer ce que cette évolution peut avoir comme conséquence sur les pratiques à la Cité.
25Une autre caractéristique de la période est l’évolution de la répartition par sexe. En 1947, on compte 83 % d’hommes et 17 % de femmes, une répartition assez stable jusqu’aux années 1968, tandis que la Cité demeure marquée, comme avant-guerre, par la ségrégation spatiale des sexes : la grande majorité des pavillons interdit en effet toute visite d’un autre sexe, ou en règlemente l’accès. Ainsi en est-il de la Résidence Honnorat, entièrement réaménagée en 1965 pour l’accueil des étudiantes : « L’intérieur a changé : mobilier suédois, murs turquoises, interphone, tout le confort y est. Mais seules les résidentes peuvent en juger car deux portes – vitrées certes – mais commandées par des sonnettes stridentes, en règlent l’accès. Donc, n’y entre pas qui veut47. » Une minorité de pavillons seulement (dont la Maison de Monaco, la Maison des Provinces de France, la Maison du Maroc, la Maison du Japon) admettent alors la liberté de circulation mixte. Ainsi, pour la Maison des Provinces de France, on parle de « révolution de 1958 » et non de 1968. Cette année-là, les résidents obtiennent, du nouveau directeur Henri van Effenterre, par une menace de grève des loyers la fin des « tabous de la morale sexuelle » et la cogestion au sein du conseil d’administration de la maison48. Si la féminisation des effectifs progresse sensiblement jusqu’à atteindre un taux de plus de 25 % de résidentes en 1970, de façon étonnante, une chute de ces effectifs s’opère ensuite. En 1985, la part des femmes n’est plus que de 11,2 % du total. Une étude approfondie des raisons de cette chute, à rebours de la féminisation des effectifs universitaires en France, de même qu’une analyse des rapports de sexe à la Cité et des effets de la masculinisation des effectifs sur les pratiques sociales à la Cité, reste un chantier à entreprendre. De la même façon, on ne dispose pas encore à l’heure actuelle d’analyse détaillée des origines sociales des étudiants, même si, sans surprise, les données dont on dispose pour certaines périodes indiquent, dans l’ensemble, une nette sous-représentation des enfants d’ouvriers et d’artisans à l’inverse des enfants de fonctionnaires, cadres, professions libérales et commerçants. De ce point de vue, si le livre tentera ici d’apporter quelques éléments de réponse sur ces différents sujets, le programme de recherche GlobalYouth en cours, devrait permettre de mener prochainement cette analyse plus fine de la population résidente, et de donner à voir une photographie précise et inédite des flux d’étudiants en mobilité vers Paris, des années 1920 aux années 1960.
Un observatoire de la globalisation étudiante
26La compréhension des formes de la sociabilité étudiante, des échanges culturels et des mobilisations sociales et politiques permises par ces interactions est un troisième axe majeur du présent ouvrage. Pour l’heure, les travaux restent quasi inexistants concernant les acteurs associatifs qui apparaissent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ou qui développent à partir de cette date une activité significative à la Cité. Nous disposons pourtant de sources importantes – archives et publications de périodiques pour l’essentiel – que nous avons choisi de référencer dans la mesure où elles sont susceptibles d’intéresser les chercheur·e·s. Il s’agit notamment de l’Alliance internationale, association des anciens de la Cité, de l’Association internationale des résidents de la Cité (AIRCUP), et de l’Association sportive de la Cité (ASCUP).
27À l’origine de l’Alliance internationale49, on trouve l’Association des anciens de la Fondation Deutsch, créée par André Bossin, ancien résident, avocat au Palais de justice de Paris et ancien militant catholique du Foyer de la Paix de Bierville, centre de rencontre et de refuge pour les exilés allemands et catalans. Ce dernier est, dans les années 1930, proche de Mac Sangnier (proche du MRP à la Libération, et député de Paris) et de la revue L’Éveil des peuples où signent Pierre Cot et René Cassin. Il est par ailleurs associé aux activités de résistances menées à la Cité pendant la guerre par Jeanne Thomas, secrétaire de la Fondation nationale et d’André Honnorat, et soutient les réseaux des exilés tchécoslovaques, comme en témoigne Milos Nekvasil50. Jeanne Thomas s’engage à partir de 1948 avec André Bossin dans la mobilisation des anciens résidents au sein de l’Alliance internationale, dont elle s’occupe bénévolement (elle décède en décembre 1995). On trouve à leurs côtés François Fontaine, ancien résident du Collège franco-britannique (1938-1939), décédé en 1996, connu pour être l’ami et proche collaborateur de Jean Monnet pendant près de trente ans. Il est en effet chef de cabinet de Jean Monnet au Commissariat au Plan à partir de 1947, le suit ensuite à Luxembourg, à la Haute-Autorité de la CECA, puis est nommé en 1955 directeur du Bureau d’information des Communautés européennes à Paris, fonction qu’il assume jusqu’en 1981. François Fontaine, qui est l’un des fondateurs du récit des origines de la construction européenne51, est l’un des piliers de l’Alliance internationale de la Cité et le gérant de son bulletin encore dans les années 1980. Le premier président de l’association est enfin l’avocat Albert Brunois, résident de la Fondation argentine de 1929 à 1935, qui devient bâtonnier du Barreau de Paris en 1965 puis membre de l’Institut.
28Officiellement fondée en juin 1948, soit au lendemain du coup de Prague et du Congrès de l’Europe à La Haye, l’Alliance internationale a pour objet d’« unir tous ceux qui, ayant eu le privilège de résider à la Cité universitaire de Paris, ont la volonté de poursuivre l’œuvre des fondateurs de cette institution : fidèle à la vocation de l’université de Paris et à celle de la Cité Universitaire, l’association entend servir un large idéal de compréhension humaine, maintenir et resserrer les liens d’amitié entre les anciens résidents de toutes les nationalités en vivifiant l’esprit qui les animait dans un commun effort intellectuel et culturel, développer la solidarité sous toutes ses formes entre ceux qui vécurent ou vivent actuellement à la Cité Universitaire52 ». L’association est reconnue d’utilité publique en 1968 avec statut consultatif à l’Unesco. L’orientation initiale de l’organisation est dominée par l’idée de cultiver les liens d’amitié entre les anciens résidents dispersés dans leurs pays d’origine (l’une des rubriques permanentes du bulletin reprend la devise de la Sorbonne, Hic et ubique terrarum). Il s’agit également de constituer une « communauté » transnationale fraternelle (carnet rose, nominations prestigieuses, réussites professionnelles, etc.). L’organisation annuelle à partir de 1948 de la « Garden Party des Nations » (qui devient, après 1965, la « Fête des Nations ») est l’un des temps forts de l’activité de l’association qui offre également un service d’entraide et de relecture des thèses à destination des résidents ainsi que des voyages d’agrément pour ses membres. Étroitement associée aux milieux européistes chrétiens démocrates, comme plusieurs des dirigeants de la Cité ainsi que nous l’avons déjà mentionné, l’Alliance internationale a une table mensuelle au restaurant de l’Unesco à Paris, et également à Bruxelles au sein du Foyer européen53. L’association pratique aussi l’entraide sociale en direction des étudiants : aides financières ponctuelles, propositions de petits emplois, invitations d’étudiants à des repas dominicaux ou des dîners familiaux. Espace de sociabilité élitaire, l’association a des liens étroits avec la Fondation nationale de la Cité et en défend les valeurs cohésives jusqu’aux années 1980 où se conjugue baisse des adhésions d’un tiers (300 membres environs) et difficultés financières54.
29L’AIRCUP, Association internationale des résidents de la Cité universitaire de Paris existe à travers le journal L’Écho de la Cité à partir de 1948 également. Comme la bibliographie le montre, son histoire reste à écrire et tient notamment en une succession de journaux et bulletins éphémères dont nous avons essayé de reconstituer la trame. Ces sources donnent à voir des résidents mobilisés dès 1948 lors de la grève des loyers, dénonçant en particulier à partir de 1951 le paternalisme condescendant de la Fondation nationale, protestant contre les restrictions des bals, la faiblesse des ressources financières des comités de résidents et revendiquant la « cogestion55 ». L’AIRCUP est également au centre des grandes manifestations du printemps 1953, nées à la Maison des étudiants arméniens et qui se sont étendues à l’ensemble de la Cité, protestant contre « l’arbitraire » des exclusions de résidents. L’année 1961 est marquée par une nouvelle mobilisation étudiante au Collège franco-britannique contre les restrictions et le contrôle des résidents, et, en 1965, c’est au tour de la Fondation Biermans-Lapôtre d’être au cœur d’une mobilisation revendiquant une véritable représentation étudiante dans les instances de gouvernance de la Cité avant même les évènements de mai 1968 et les dispositions spécifiques de la Loi Faure concernant la représentation étudiante au sein des conseils d’administrations des universités. La même année, la relance d’un journal de l’AIRCUP en janvier 1965 est liée au suicide d’un résident « expliquant son geste par l’isolement où il se trouvait plongé ». Le nom du journal est alors surmonté par la formule « Seuls dans la Cité ». L’esprit combattif du précédent Journal de la Cité (1951-1959) dirigé par Jean Charlot, est présenté comme la référence du nouveau périodique. Là encore, le présent ouvrage tentera de poser quelques jalons qui mériteront d’être ultérieurement approfondis dans le cadre d’une analyse plus resserrée des noyaux dirigeants de cette association, des origines sociales et nationales de ses membres, de ses réseaux politiques, et de ses pratiques d’intégration des résidents et de mobilisation sociale et politique.
30Quant à l’ASCUP, Association sportive de la Cité universitaire de Paris, elle reste également peu étudiée. Si dans les années trente, un club sportif existait déjà à la Cité, c’est bien la fondation de l’ASCUP qui marque la relance en 1945 de l’activité des étudiants sur le campus. Première association de la Cité universitaire fondée après la Seconde Guerre mondiale, celle-ci est créée par Joseph Marcel avec son frère Paul Marcel, résident à la maison de l’Indochine (1946-1950), ancien champion de tennis, et élève de l’INALCO. L’association compte 700 membres en 1948, 1560 en 1954 (les activités étant gratuites pour les résidents), 1800 membres en 1958 dont 1200 résidents. La contribution de Lidia Lesnykh dans cet ouvrage permettra d’en mieux connaître le fonctionnement et ses connexions avec les réseaux universitaires sportifs transnationaux. Le même constat peut être établi pour le CCI, Centre culturel international qui fonctionne de 1948 à 1968 au sein de la Maison internationale avec le soutien de la Fondation nationale. Ses objectifs fondateurs sont d’« aider, promouvoir et coordonner les activités culturelles de la Cité, animé par les résidents et pour les résidents, promouvoir un idéal de compréhension et de connaissance des cultures56 », notamment dans le cadre de l’organisation des activités théâtrales, et non sans tensions avec la politique culturelle du Ministère Malraux à partir des années 1960, comme le montre la contribution de Nathalie Lempereur dans ce volume.
31Ces activités associatives et culturelles ne sont bien évidemment pas déconnectées des activités syndicales et militantes des résidents de la Cité universitaire qui, tout au long de la période, s’intègrent dans un processus de mobilisation sociales et politiques que la multiplicité des appartenances nationales des résidents connecte aux luttes politiques internationales de la période. Plus encore que dans la période précédente, la Cité universitaire est en effet une caisse de résonnance des conflits nationaux (mobilisations politiques, révolutions, dictatures et guerres civiles), régionaux (conflit israélo-arabe, question arménienne, question palestinienne, répressions sud-américaines) et internationaux (grandes crises de la Guerre froide), dont la crise de Mai 68 et le début des années 1970 à constituent certainement un point d’acmé, comme le montre Guillaume Tronchet dans sa contribution. Ainsi, la fermeture du Collège d’Espagne est ordonnée par Franco en 1968 après son occupation par les résidents. Il ne rouvrira qu’en 1987. La Maison du Cambodge est pour sa part fermée de 1973 à 2003. Le Shah Reza Pahlavi se désengage de la Maison de l’Iran dans les années 1970, car elle est devenue l’un des centres de la contestation politique. Les régimes de dictature au Brésil (1964-1985), en Grèce (1967-1974) ou en Argentine (1976-1983) affectent tout à la fois les maisons et les relations avec la Cité, comme on aura l’occasion de le voir à travers les contributions d’Angelica Müller et de Nino Lima. Étudiants réfugiés ou exilés peuplent la Cité au rythme des vagues répressives (de 1956 en Hongrie et en Égypte, de 1968 en Tchécoslovaquie, de 1973 au Chili, etc.), avec ce même prisme d’invisibilité que nous avions constaté pour la période de l’entre-deux-guerres57, et sur lequel on aura l’occasion de revenir ultérieurement : habitants clandestins, colocataires non identifiés, étudiants admis localement et en toute discrétion par certains directeurs et directrices de maison. Les documents permettant d’en mesurer la réalité se trouvent notamment au croisement des sources des mobilisations étudiantes, des archives de la police et de celles des maisons58.
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32Telles sont quelques-unes des pistes soulevées par cet ouvrage, dont on aura compris qu’il vise à appréhender les dimensions transnationales d’un espace social internationalisé aussi complexe que passionnant à étudier.
33Les contributions rassemblées ont été regroupées en trois ensembles : reconstruction et enjeux de gouvernance, transitions impériales et mondialisation, espaces et pratiques transverses. Les pages qui vont suivre n’ont cependant nulle prétention à l’exhaustivité dans le traitement des sujets qui seront abordés, mais bien à tirer le bilan de travaux en cours dont les perspectives de recherche ne sauraient en outre se limiter au cadre du boulevard Jourdan. On aura l’occasion d’y revenir en conclusion.
Notes de bas de page
1 Panet-Raymond Robert, « Avant-propos », in Berthiaume Guy (dir.), La Cité internationale universitaire de Paris : 75 ans d’évolution, Paris, MEC, CIUP, 2001, p. 7.
2 Archambault Édith, « Le mandat original de la Cité universitaire », in Berthiaume Guy (dir.), op. cit., p. 39-51.
3 Ainsi, la troisième vague de construction à la CIUP a débuté avec l’inauguration de la Maison de la région Île-de-France (2017), de la maison de la Corée (2018), de la résidence Julie-Victoire Daubié (2018), du Pavillon Habib Bourguiba, second pavillon de la Tunisie (2020), de la Maison des étudiants de la Francophonie (2021). Sont en cours d’édification : la Maison de la Chine, la Maison de l’Égypte. Voir Camby Carine (dir.), International creative campus : la Cité internationale du xxie siècle, Paris, L’Œil d’or, 2014.
4 Kévonian Dzovinar et Tronchet Guillaume (dir.), La Babel étudiante. La Cité internationale universitaire de Paris (1920-1950), Rennes, PUR, 2013, 250 p. (accessible désormais en ligne : [https://books.openedition.org/pur/112058]). Le détail des contributions présentées dans ce premier volume a été répertorié dans la bibliographie placée en fin du présent ouvrage.
5 Voir les recensions de : Verdeil Chantal dans Histoire de l’éducation, vol. 144, 2015, p. 128-131 ; Scott Marie dans Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 122/2, 2014, p. 222-223 ; Maurel Chloé, note de lecture dans Les Carnets du Mouvement social, [https://lms.hypotheses.org/3145], mis en ligne le 27 décembre 2013, consulté le 4 mars 2020.
6 Voir la thèse de Tronchet Guillaume, Savoirs en diplomatie. Une histoire sociale et transnationale de la politique universitaire internationale de la France (années 1870-années 1930), Thèse de doctorat en Histoire, université Paris 1, 2014, 701 p., dactyl.
7 Kévonian Dzovinar et Tronchet Guillaume, « La Cité internationale universitaire de Paris dans l’atelier de l’historien », in Kévonian Dzovinar et Tronchet Guillaume (dir.), La Babel étudiante, op. cit., p. 14-17.
8 Voir notamment les travaux de Gilles Ragot, Damien Richard et Brigitte Blanc.
9 L/Oblique, Centre de valorisation du patrimoine de la cité internationale : espace d’exposition permanent et centre de documentation (au sein de la Fondation Avicenne).
10 La Cité internationale universitaire de Paris : de la cité-jardin à la cité-monde, Lyon, Lieux-dits, coll. « Patrimoines d’Ile-de-France », 2017 (notamment les parties 2 et 3, 1945-2015).
11 Voir le mémoire de recherche de Vilanova Constance, Défendre les zoniers des fortifications de Paris. Cinquante ans de résistance contre un projet urbain (1880-1930), Mémoire de Master 2 d’Histoire, université Paris 1, 2016, dactyl.
12 Lortie André, « Paris équipée : De l’enceinte militaire à l’enceinte automobile. De la défense militaire au développement urbain », Les Annales de la recherche urbaine, no 50, 1991, p. 73-82 (qui souligne la verticalité contrastante de la Maison de l’Iran). Voir également les productions de l’architecte et chercheur Bertrand Lemoine ainsi que celles de l’agence TVK.
13 Camby Carine et al. (dir.), L’insertion urbaine du Boulevard périphérique : un enjeu de développement urbain au sud de Paris, actes du colloque du 8 décembre 2008, Paris, L’Œil d’or, 2012.
14 Soulignons l’importance du protocole d’échange foncier conclu en 2012 entre l’État, la Ville de Paris, la Chancellerie des universités de Paris et la Cité universitaire, dans la nouvelle dynamique de son développement actuel.
15 Huart Gouletquer Anne (d’), Étude psycho-sociologique sur la Cité universitaire de Paris, Thèse de IIIe cycle de sociologie, université Paris-5, 1977, 2 vol., dactyl. Elle devient ensuite ingénieur de recherches, puis chargée de mission auprès du groupement aérien du ministère de l’Intérieur en 1994.
16 Ink Marion, Sociologie et micropolitique des sociabilités. Ethnographies comparées dans trois résidences universitaires internationales – France, États-Unis, Canada, Thèse de doctorat de l’université PSL, EHESS, 2018, dactyl., 415 p.
17 On peut ainsi citer le cas de la Maison de l’Iran (1969) et de la Maison du Brésil (1959).
18 Fondation Biermans-Lapôtre (1977), Fondation Deutsch de la Meurthe (1985), Maison Heinrich Heine (1998), Maison des étudiants canadiens (2001 et 2016), Maison de la Norvège (2004), Maison du Mexique (2004), Fondation danoise (2007), Maison de l’Inde (2008), Pavillon suisse (2008), Collège d’Espagne (2010).
19 Voir notamment Marianne Kärre et Bo Kärre (2001), Giulia Albanese (2004), Victoria Khouzami (2005), Alejandra Birgin (2011), Pierre Van den Dungen et Serge Jaumain (2013), Karam Ceres Brum (2014), Maria Gravari-Barbas (2015), Michel Chai (2016).
20 Voir notamment Sophie Mouton (2006 et 2009), Hans Manfred Bock (2007), Perrine Plisson (2008), Violette Matuszeski (2014), Matthieu Gillabert (2015), Antonia Maria Mora Luna (2016), Elisa Capdevila (2017), Angelica Müller (2018), Nino Lima (2018), Kostis Kometis (2018), Valentin Rebour (2018 et 2019), Sara Legrandjacques (2019).
21 Voir notamment Tangi Bertin, Amélie Blanchard et Guillemette Racine (2012) ; Tangi Bertin, Guillemette Racine (2014) ; Dans les mur…mur(e)s de la Cité U. / Résidents CIUP. Récits et nouvelles, Saint-Denis, Edilivre, 2017 ; 17 boulevard Jourdan : la Cité de la sérendipité : récits, Paris, AI, 2018 ; Charlotte Saint-Mart, Amadou Gueye, Rygoh Philippe N’Guessan (2018).
22 Colloque de Montréal et de Fribourg « Circulations étudiantes dans l’espace francophone après 1945 : institutions, parcours et sociabilités », juillet et septembre 2016.
23 Tronchet Guillaume, Savoirs en diplomatie, op. cit.
24 Fonds de richesse très inégale selon les maisons et les conditions de conservation. Notons que les maisons et fondations de l’Allemagne, Biermans-Lapôtre, de l’Espagne et du Maroc ont conservé sur site leurs archives.
25 Cf. Capdevila Elisa, « Sortie de guerre et présence américaine à la Cité internationale universitaire de Paris (1944-1950) », in Kévonian Dzovinar et Tronchet Guillaume (dir.), La Babel étudiante, op. cit., p. 163-173.
26 Kévonian Dzovinar, « La Cité internationale universitaire de Paris dans la guerre : refuge, occupation et résistances (1938-1944) », in Kévonian Dzovinar et Tronchet Guillaume (dir.), La Babel étudiante, op. cit., p. 152.
27 Grange Cyril, Une élite parisienne : les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939), Paris, CNRS Éditions, 2016.
28 Acte de donation signé en 1953, première représentation de la RFA en France.
29 « Nouvelles de la Cité », La Cité, no 15, 1961, p. 72.
30 Victor-Lyon (1878-1963) est un homme d’affaire et collectionneur d’œuvres d’art, marié à Hélène Loeb (1883-1946), issue d’une famille juive alsacienne émigrée à Paris. Il fait en 1948 un don de 100 millions de francs à l’université de Paris en vue de la construction, de l’aménagement et la gestion d’une maison d’étudiants à la mémoire de son épouse. Décret du 27 août 1948 in JORF, 1er septembre 1948, p. 8641.
31 Jusqu’à une nouvelle période de financements privés ouverte avec les dispositions de la Loi relative au mécénat, aux associations et aux fondations dite « loi Aillagon » de 2003, de la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités de 2007 et de la Loi de modernisation de l’économie de 2008.
32 Cf. Tronchet Guillaume, « La Cité internationale universitaire de Paris : une joint venture transnationale dans le Paris des années 1920 et 1930 », in Jaumain Serge et Van den Dungen Pierre (dir.), Biermans-Lapôtre. Histoire d’un mécène et de sa fondation, Bruxelles, Lannoo/Racine Éditions, 2013, p. 85-100.
33 Cf. Tronchet Guillaume, Savoirs en diplomatie, op. cit.
34 Une première vague de rénovation a lieu au milieu des années 1960. Elle concerne notamment la Maison de Monaco (1937) et la Maison des Étudiants arméniens (1930).
35 Laurent Pierre (Président de la Fondation nationale de la CIUP), « L’esprit de la Cité », Revue de l’Alliance internationale de la Cité universitaire de Paris, no 1, 1992, p. 3.
36 Vaccaro Antoine, « Le renouveau de la philanthropie », Journal de l’École de Paris du management, no 96, 2012/4, p. 31-37.
37 Voir les théories de Robert Keohane et Joseph Nye sur le dynamisme des sociétés civiles et le célèbre article de Fukuyama Francis, « The End of History ? », publié dans The National Interest en 1989.
38 Pochard Marcel, « La Cité internationale universitaire de Paris. L’éclatant destin d’une utopie », Commentaire, no 169/1, 2020, p. 129-138. Marcel Pochard, ancien résident de la Fondation Deutsch de la Meurthe, conseiller d’État, a présidé le Conseil d’administration de la Cité internationale universitaire de Paris de 2006 à 2017.
39 La Cité (AIRCUP), no 2, 1965.
40 « Entretien avec Étienne Dalmasso pris par Gloria Lopez Morales et François Fontaine », Bulletin de l’Alliance internationale des anciens de la Cité universitaire de Paris, no 102, avril 1985, p. 3.
41 Voir notamment : Bourillon Florence, Marantz Eléonore, Méchine Stéphanie, Vadelorge Loïc (dir.), De l’université de Paris aux universités d’Île-de-France, Rennes, PUR, 2016.
42 Cf. Tronchet Guillaume, André Honnorat. Un visionnaire en politique, Paris, Maisonneuve & Larose-Hémisphères Éditions, 2020.
43 Voir aussi : Tronchet Guillaume, « L’accueil des étudiants réfugiés au xxe siècle : un chantier d’histoire globale », Monde(s). Histoire, espaces, relations, no 15, 2019, p. 93-116.
44 L’acteur et réalisateur László Szabó est l’un des premiers réfugiés hongrois accueilli à la Cité.
45 L’Alliance internationale des anciens de la Cité universitaire, no 24, 1er mars 1957, p. 12.
46 « La population totale de la Cité internationale universitaire en 1984-1985 », Bulletin de l’Alliance internationale des anciens de la Cité universitaire de Paris, no 104, janvier 1986, p. 4.
47 « Qui s’en serait douté ? », La Cité (AIRCUP), no 1, janvier 1965.
48 Bulletin de l’Alliance internationale des anciens de la CIUP, no 94, 1982, p. 2.
49 Le site de l’association : [www.allianceinternationale.org]. Voir notamment la rubrique « témoignages des anciens ».
50 Kévonian Dzovinar, « La Cité internationale universitaire de Paris dans la guerre… », art. cité, p. 143-162 ; Neksavil Milos, « Témoignage sur la résistance tchécoslovaque en France pendant la Seconde Guerre mondiale », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 31, 1993, p. 47-56 ; Israël Liora, « La résistance dans les milieux judiciaires. Action collective et identités professionnelles en temps de guerre », Genèses, no 45, 2001/4, p. 45-68. Concernant les militants du socialisme chrétien, la thèse de Prat Olivier, Marc Sangnier et la Paix : Bierville et les congrès démocratiques (1921-1932), université Paris IV, 2003, dactyl.
51 Cohen Antonin. « Le « père de l’Europe ». La construction sociale d’un récit des origines », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 166-167, 2007, p. 14-29.
52 Bulletin de l’Alliance internationale des anciens de la Cité universitaire, no 40, novembre 1961, p. 2. Le premier Bureau est composé de : André Bossin (président d’honneur), Albert Brunois (président), Kjeli Stromberg (conseiller à l’ambassade de Suède, vice-président), Imre Zajtay (chargé de recherches au CNRS, vice-président), Jean-Antoine Blanchard (secrétaire d’ambassade, vice-président), José Leymarie (chargé de mission au Commissariat général du Plan, vice-président), Daniel Pépy (auditeur au Conseil d’État, vice-président), Jean Vaujour (industriel, secrétaire général), André Lefèvre (expert-comptable, trésorier).
53 Il s’agit de la Représentation de la Commission européenne en Belgique. Bulletin de l’Alliance internationale des anciens de la Cité universitaire, no 57, septembre 1970.
54 Le Bureau de l’association est en 1992 composé de : Jeanne Thomas et Jean Vaujour (président·e·s d’honneur), Jean Choukroun (président), Marie-Claude Bardone, Geneviève Charrondière, Alain Grenet, Janine Jacquemin, Michel Leleu et Noëlle Malaurie (vice-président(e)s), Paul Marcel (secrétaire général) et Chandru Kirpalani (trésorier).
55 La création du Comité d’études et d’informations est une réponse à ces revendications.
56 Javaux Michel, « Anatomie du CCI », La Cité (AIRCUP), no 2, janvier 1965, p. 4.
57 Exception faite de la Maison des étudiants arméniens (1930), destinée à une jeunesse étudiante devenue apatride après la dénationalisation des Arméniens ottomans rescapés du génocide, par le nouveau régime kémaliste.
58 Le mémoire de Master 2 de Valentin Rebour (2019) en atteste pour le cas iranien.
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