L’Église de France et la reconstitution de la droite après la Libération 1944-1946
p. 111-124
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Charles-Roux, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège (1932-1940), considérait en avril 1933 la puissance politique de l’Église comme le fruit non seulement de sa force propre, mais de la liberté excessive que lui concédait l’État, incité par l’obsession du « bulletin de vote » conservateur à oublier que « l’accord de l’Église catholique et du fascisme italien », puis du nazisme minait sa « politique extérieure1 ». La fusion politique avec Vichy à laquelle était parvenue le haut clergé et la mise en cause qui semblait devoir en résulter à la Libération menaçaient l’hégémonie exercée, directement et via les partis de droite, sur une partie notable de la population. La quasi totalité des évêques des 94 diocèses de France s’étaient compromis par l’appui à Vichy, sto compris, et les assauts contre le camp gaulliste et allié culminant le 1er juillet 1944 dans un élan quasi général2 aux obsèques de Philippe Henriot, héraut de la collaboration et de la haine anti-alliée et anti-gaulliste assassiné fin juin.
2Les années qui suivirent la chute de Vichy attestent pourtant la récupération rapide du magistère politique perdu et la part prise par le haut clergé dans la reconstitution de la droite. La présente communication tentera d’éclairer, sur la base des archives des ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur et de la Préfecture de police, les divers facteurs, extérieurs et intérieurs, du prompt rétablissement de ce sanctuaire de la droite passée au vichysme, devenu le tuteur d’un nouveau parti, le Mouvement républicain populaire, sans renoncer à l’espoir de remettre en selle les vieux partis alliés.
Modalités et causes extérieures et intérieures de la restauration
3Les gaullistes qui avaient depuis 1943 dressé du haut clergé un tableau global et individuel3 accablant, souhaitaient obtenir du Vatican son épuration, seule susceptible de rétablir « la paix des consciences » ébranlée4. Leur irritation contre un vichysme obstiné inspira fin août 1944 le scandale Suhard : de Gaulle mit son veto à la célébration par le cardinal-archevêque de Paris du Te Deum en l’honneur de la Libération de Paris et de l’accueil du gprf, deux mois après sa même initiative en faveur du ministre de l’Information milicien Henriot, exceptionnelle (« les obsèques nationales à Notre-Dame étaient jusque-là uniquement célébrées pour les chefs ou anciens chefs de l’État5 »). Des Affaires étrangères à l’Intérieur, les notes se succédèrent d’Alger à Paris sur les départs nécessaires, avec au sommet les prélats les plus compromis, de Paris (Suhard et son équipe, Beaussart et Courbe) à Bordeaux (Feltin) en passant par ceux de l’empire qui avaient fulminé contre les bombardements anglo-saxons et les « traîtres dissidents » (gaullistes)6.
4« Des perturbations » politiques régionales et nationales, les intéressés ne s’inquiétaient déjà plus à l’automne 1944. Mgr Rémond s’en réjouit devant « un de ses familiers » de Nice, retour de Paris où il avait discuté « avec de hautes personnalités7 ». Début 1945, on évoquait encore « 35 hauts dignitaires […] “à démissionner” », mais les éventuels départs seraient motivés « “pour raison de santé”, ce qui permettra[it] de sauvegarder l’autonomie du pouvoir spirituel de l’Église, tout en donnant satisfaction à la politique intérieure française8 ». L’épuration en frappa officiellement six9.
Puissance du Vatican et retour en force de la droite cléricale
5La puissance du Vatican avait crû en fonction de l’importance que lui accordaient les États-Unis, comme elle avait grandi au rythme de l’« apaisement » envers les puissances de l’Axe et de leurs effets sur la politique intérieure française. Érigé en tuteur idéologique de la zone d’influence américaine en Europe, France incluse, le Saint-Siège avait ainsi gagné un atout qui, avec ceux de la tradition – « défense de l’Empire » via les missionnaires nationaux, tandem « bulletin de vote »-« école libre », « politique catholique » en zone d’occupation française en Allemagne – raccourcirent sa quarantaine : confronté, certes, par de Gaulle à l’humiliation de l’exigence du départ immédiat du nonce à Vichy Valerio Valeri et de la nomination auprès de lui de Jacques Maritain, catholique haï de longue date10, il continua à gérer son personnel français sur la base d’une infaillibilité pontificale intacte.
6Son pouvoir sur le haut clergé s’appuyait comme naguère sur 1° ses féaux vernaculaires, parmi lesquels le faux épuré de 1945, « ancien » auxiliaire de Suhard Beaussart, bientôt délégué à la délation du corps, anciens de « Témoignage chrétien » en tête11 ; 2° son nonce, Roncalli, arrivé à Paris début janvier 1945 après quelques mois de bras de fer : chef politique du clergé, il mena une campagne au succès croissant au fil des mois sur les thèmes de combat affichés dès 1944 des horreurs du communisme et du laïcisme ; protecteur des collaborationnistes, il veilla à la réintroduction ou à la promotion systématique des « énergiques » qui avaient « suivi aveuglément la politique collaborationniste […], sous l’Occupation12 », dossier plus fourni dans les fonds policiers que dans les diplomatiques : sous couvert d’« avoir en France des hommes dévoués dont il conna[issai]t l’activité sous l’Occupation en faveur des prérogatives de l’Église », le Vatican assura, par ses « nominations de prélats bien connus comme pétainistes » – l’entourage de l’épiscopat maintenu – le retour en force des hérauts, séculiers et réguliers, de Vichy et de la collaboration pratiquement achevé en 194613 : ainsi chez les Assomptionnistes où, en mai, le « père Romuald Souarn » fut nommé « procureur général » à « la direction de l’administration des fonds […] repren[ant] ainsi le poste qu’il occup[ait] depuis 25 ans avec une courte interruption de deux ans (de 1944 à 1946), car on craignait que l’on ne fît des recherches sur son attitude durant l’occupation14 ».
7Pie XII avait aussi, dans la phase défensive suivant la Libération, usé des rares « résistants » de la hiérarchie : il accorda « deux longues entrevues » consacrées au « problème de l’épuration du haut clergé » à l’évêque de Montauban Théas, parti à Rome du 28 octobre au 8 décembre 1944. La flagornerie paya : « premier évêque français reçu par le Saint-Père, depuis la libération de la France [et…] infiniment touché de l’accueil qui lui fut réservé », Théas suscita trois jours après son retour (le 11 décembre) la surprise dans son diocèse en déclarant : « au moment où certains veulent nous diviser en opposant évêques à évêques, je tiens à affirmer l’inviolable solidarité de tout l’épiscopat français15 ».
8Au bétonnage à droite, fond de la ligne vaticane, et au maintien de la discipline ultramontaine jusqu’au sein de Témoignage chrétien16, s’ajouta une campagne précoce sur le Vatican résistant au fascisme et à l’hitlérisme avant comme pendant la guerre. L’ancien gallican Charles-Roux, désormais fort clérical chef du Secours catholique, y participa en juin-juillet 1945 dans le journal L’Époque par une série d’articles : son lyrisme sur « Le Saint-Siège et l’hitlérisme » (19 juin), « l’affaire de la Sarre », « la remilitarisation de la Rhénanie » « et l’indépendance autrichienne » (3, 10 et 17 juillet) contredit formellement ses rapports de 1933 à 1938 sur le Vatican allié de l’Italie fasciste et du IIIe Reich17.
9À l’été 1946, dans une conjoncture très « occidentale » depuis les diverses élections de mai-juin18, Pie XII se sentit assez fort pour appuyer l’offensive de la droite française contre les nationalisations par un forcing public maintenu pendant toute leur phase parlementaire. Le catholicisme institutionnel donna un écho considérable à la lettre qu’il adressa à Charles Flory, président national des Semaines sociales (de Lyon), à la veille de sa session des 29 juillet-3 août de Strasbourg : il y « flétri[ssait] “les systèmes exacerbés jusqu’aux prétentions totalitaires en tous domaines, sans autre idéal qu’un égoïsme collectif ou sans autre expression qu’un étatisme tout puissant asservissant les individus comme des pions sur l’échiquier politique ou des numéros dans des calculs économiques” » ; il préférait aux nationalisations qui « risqu[aient] d’accentuer le caractère mécanique de la vie et du travail en commun […] l’institution d’associations ou unités corporatives […] bien plus avantageuse au point de vue du rendement des entreprises19 ».
L’influence du patronat sur la définition de la ligne politique catholique
10On ne saurait imputer à la seule pression vaticane le rejet des « réformes de structures » que le tripartisme gouvernemental était – mrp compris – supposé soutenir. La question atteste en effet à quel point le grand patronat, malgré sa « mise au piquet » d’après Libération20, conserva intacte son assise : l’abondante correspondance policière l’érige, en particulier celui du Nord, en maître absolu de la ligne de l’Église, ses organisations et partis.
11La cgpf devenue cnpf en février 1946 continua à financer la cftc et à y faire la loi, électorale notamment21. Les initiatives du grand patronat et de l’Église – jésuites en tête –, se confondent dans la réorganisation, également achevée entre printemps et été 1946, d’une floraison d’organisations cléricales. La correspondance tient du bottin, sur le financement « par le “syndicat général des Industries électriques” » d’Ernest Mercier, du cdfd, « mouvement catholique » politico- » littéraire »22 ; et sur celui, par tous les fonds patronaux, de l’Association catholique de la Jeunesse française ; du Centre catholique des intellectuels français ( ccif) lié à « d’autres organisations placées sous l’obédience de la Compagnie de Jésus » ; des centres de formation catholiques, telle « l’école Saint Nicolas » et ses « professeurs issus de l’École centrale avec le titre d’ingénieurs et apparentés pour la plupart à des administrateurs de grosses sociétés ou à de riches industriels ou financiers23 » ; du Mouvement des ingénieurs et chefs d’industries d’action catholique ( miciac) dont « le chef laïque est Paul Huvelin allié aux Michelin et qui a de solides amitiés dans les cadres supérieurs de la sncf », œuvrant « sous la direction des évêques, […] en liaison avec […] l’ usic (Union syndicale des ingénieurs catholiques)24 », etc.
12Les rg sont aussi prolixes sur l’influence politique « des grandes banques à attaches cléricales » – Lehideux, Crédit industriel et commercial, « pivot des combinaisons financières du Vatican en France », Société générale, Crédit lyonnais, etc.25 –, et même non catholiques : vieux militant patronal catholique, Zamanski, « président de la Confédération française des professions », annonça aux « patrons belges, hollandais et français » réunis sans « aucune publicité » au « bureau des Confédérations internationales patronales catholiques […] les 8 et 9 mai [1946] à Bruxelles […] que de nombreuses banques catholiques parmi lesquelles la banque Lehideux, ainsi que d’autres rattachées au groupe Rothschild (Mirabaud, Hottinger, Scalbert), étaient prêtes à soutenir l’action de la Confédération dans tous les pays où elle [étai]t représentée26 ». L’alliance entre les congrégations et leurs banques complète le tableau : l’ampleur des intérêts et des opérations financières éclaire la résolution commune de se ménager le « sursis » colonial le plus long possible et les démêlés avec le Vatican et les autorités congréganistes de Thierry d’Argenlieu, accusé « de ne pas avoir suffisamment défendu les biens des communautés installées en Indochine », faute qui entraîna en décembre 1946 la réorganisation drastique de « l’ordre des Carmes » auquel il appartenait27.
13Les prélats dépendaient par ailleurs des milieux d’affaires à l’exemple de Mgr Liénart : « appuyé par les Motte, filateurs du nord, et surtout les Féron-Vrau […], grands bailleurs de fonds du circuit des journaux catholiques La Croix », le cardinal-évêque de Lille avait « toujours [été] le représentant du grand patronat du nord », soutenant une « position de défense capitaliste sous une allure de défense sociale28 » ; depuis la Libération, il n’épargnait pas son énergie « pour se “dédouaner” à la suite de son attitude durant l’occupation et pour travailler en faveur des grandes familles compromises sous l’Occupation dans le Nord29 ». Certains appartenaient directement à la grande bourgeoisie, tel l’évêque de Versailles Benjamin-Octave Roland-Gosselin, « parent d’une des plus grosses fortunes de France » (banquiers et agents de change), « germanophile convaincu par ambition personnelle et par haine des partis de gauche30 ». Les collaborationnistes remis « avec le Vatican » aux « postes de commande » étaient, tels les Assistants généraux des ordres, « des hommes très informés de la politique et très répandus dans divers milieux financiers français et étrangers31 ».
14Financier traditionnel de la droite, le patronat organisé pesa d’emblée sur le mrp, faux « parti “jeune” », dont l’« appellation seule [étai]t neuve », mais les « éléments constitutifs […] anciens » : les rg expliquaient ses succès électoraux de 1945-1946 par le ralliement de « beaucoup de conservateurs, effrayés par les progrès des partis de gauche et qui ont vu dans cette formation nouvelle un barrage possible à ces partis. Ils ont voté en masse et ceci explique la déroute des partis de droite pure, auxquels ils avaient coutume d’apporter leur voix et qu’ils ont abandonnés32 ». Le cnpf imprima au mrp dès 1946 une orientation incompatible avec un soutien aux nationalisations qui avait à l’automne 1945 limité la générosité électorale « [d]es banques et [d]es trusts patronaux » et entraîné « une sérieuse crise financière » du parti33. Le métallurgiste lyonnais Georges Villiers, catholique institutionnel lié à l’Action catholique et aux Jésuites, et son syndicat le mirent en effet en concurrence permanente, pour les largesses patronales – « Comité des Forges » toujours en tête – avec leur nouvelle créature, le Parti républicain de la liberté ( prl)34. En 1946, la prose communiste sur le « parti des trusts35 » n’avait rien à envier aux rapports documentés des rg sur « la caisse patronale et le mrp36 ».
Le grand moyen de la reconquête, l’école libre
15Autre motif de consensus entre les mêmes forces, « l’école libre », atout décisif, fut maniée avec maestria : cette astuce pour replacer l’Église dans le camp de la « résistance » et de la « liberté » contribua dès l’automne 1944 à l’apaisement de ses divisions internes, à l’esquive de l’épuration et à la réorganisation de la droite. C’est en son nom que Théas, pivot de la tactique de séduction des gaullistes, se fit le champion de la revendication scolaire du Vatican, dans une région (le Sud-Ouest) où le faible nombre d’écoles libres primaires mobilisait peu les évêques, tel Saliège (Toulouse), contre la suppression des subventions par l’Assemblée consultative.
16Le succès doit évidemment beaucoup à la puissance que conférait à l’Église le contrôle scolaire de certaines régions, Ouest (Bretagne et surtout Vendée, où « 80 % de la population envoie ses enfants à l’école libre »), Ardèche, Lozère et Alsace-Lorraine37. Mais on mesure la sérénité acquise début 1945 à la certitude du triomphe scolaire affichée en mars par l’abbé Chéruel, porte-parole d’un projet d’emblée soutenu par le mrp : il fallait contre le « monopole » user du nouvel « argument massue […] que les hommes de la Résistance se sont battus pour la liberté, et qu’ils ne sont pas d’humeur à voir la France de 1945 sur les traces du totalitarisme » pratiqué « pendant quatre ans par les armées d’occupation » ; accusés d’adhérer à une « solution totalitariste », les « laïcards » partisans d’« une France unie, donc [de] jeunesse unique, [dans…] une école unique » seraient paralysés, malgré leur conviction, pertinente, que, « dans un très grand nombre de communes françaises, l’école laïque serait […] condamnée à disparaître38 ».
17Plus nettement et plus tôt que sur les nationalisations, le mrp, tous leaders compris, rallia une tactique39 qui contribua au redressement de la droite autant que la croisade lancée en 1924 via la Fédération nationale catholique de de Castelnau contre le Cartel des Gauches et son « école unique » dite « sans Dieu », poursuivie jusqu’à la guerre avec une intensité proportionnelle aux variations du danger électoral à gauche40.
18Témoigne de cette continuité la carrière de Philipe de Las Cases, vice-président depuis 1929 du Parti démocrate populaire et président de l’association de parents d’élèves de l’enseignement secondaire libre fondée début 1931 contre « le vote du principe de l’école unique », avec pour trésorier Édouard Escarra, « chef de service au Crédit lyonnais41 » (son futur directeur général et président). Après avoir été sauvé par son « ami personnel » Bidault de la prison où l’avait, à la Libération, placé « la résistance locale » de Lozère, et de l’épuration, mais « jugea[nt] tout de même prudent de venir habiter Paris », l’intangible président de l’« Association des parents d’élèves des écoles libres » organisa en avril 1945 un référendum sur l’enseignement libre au succès notable « à Paris, dans l’Ouest et dans le Centre42 ».
19La conjoncture de la Libération avait changé l’argumentation de droite de la machine de guerre scolaire de l’entre-deux-guerres sur le « droit des familles » en idéal « résistant », qui dura peu. En 1946, l’évolution à droite étant acquise, ressurgit l’agitation droitière des années 1920, avec les « manifestations spectaculaires » à vocation électorale, « pour “chauffer” les catholiques français », orchestrées par Roncalli et ses évêques au motif du « pèlerinage du Grand retour de la Vierge de Boulogne » (Boulogne-sur-Mer43). La tradition y triompha, avec une propagande écrite où se retrouvent les supercheries pratiquées après mai 1945 dans les pèlerinages monstres des pays catholiques de l’aire soviétique : statues de la Vierge aux pouvoirs magiques, annonce de conversions et de la mort violente d’opposants aux cortèges, « morts mystérieuses, expliquées comme étant une punition infligée par la Vierge, à ses insulteurs » sans « aucune précision quant au lieu où [les événements] se sont déroulés » etc. Organisés partout, banlieue rouge incluse, ces défilés électoraux eurent le même caractère provocateur qu’autrefois contre la gauche en général, le PCF en particulier44.
Les intérêts politiques mutuels
20À l’obsession du statu quo socio-politique ne pouvait échapper l’État surgi de la Libération, aussi sensible que ses prédécesseurs de la IIIe République aux vertus cléricales en matière de « bulletin de vote ». L’efficacité escomptée de l’anticommunisme, base universelle du regroupement politique, avait de longue date inspiré au Vatican et au haut clergé confiance en l’avenir : Rome et Suhard préparèrent depuis Stalingrad les modalités de la Pax Americana incluant l’inéluctable acceptation d’un gouvernement du « traître dissident » de Gaulle45. Le succès politico-scolaire de l’Église dut au moins autant aux forces que lui prêta, sur des bases conservatrices, le gouvernement qu’aux siennes. La décision, prudemment baptisée « mesure de sauvegarde pour un an », de maintien des subventions à « l’école libre » fut acquise au tournant de 1944, sous l’influence du très clérical commissaire de la République d’Angers, Michel Debré. André Latreille, successeur de Louis Canet à la Sous-Direction des Cultes et Associations du Quai d’Orsay, mentionna à plusieurs reprises ses excellents conseils dans sa longue note (34 pages) du 28 décembre « sur les subventions à l’enseignement privé » : il fallait apaiser « les querelles qui pourraient rompre l’unité morale du pays », s’opposer à « une conception totalitaire, unilatérale de l’éducation », obtenir « plus de discrétion de la part des instituteurs. Des prises de position délibérément anti-religieuses de la part des maîtres publics ne permettraient pas aux Évêques les mieux disposés de paraître s’accommoder de l’école neutre » (il n’y en eut pas, à l’exception de « la plupart des évêques du sud-ouest », qui comptaient d’ailleurs sur des subventions locales46), une « interruption de toutes les subventions » nuirait à « la paix sociale », etc47..
21Malgré des reliques épistolaires sur l’épuration épiscopale jusqu’à la fin de 1945, le Quai d’Orsay du mrp Bidault avait capitulé, couvrant jusqu’à l’opération estivale de blanchiment du Vatican « résistant », muée en dossier du « Service d’Information et de Presse48 ». L’impératif du « bulletin de vote » valut à Suhard un pardon précoce sur le terrain de « l’école libre » : « très favorable aux écoles libres et au maintien direct ou indirect des subventions », il « fit une visite au général de Gaulle et le décida à retirer le projet Capitant pour revenir purement et simplement au régime d’avant-guerre49 ».
22La flagornerie suivit : Suhard est, déclara Roncalli le 22 décembre à un visiteur du Quai d’Orsay, « extrêmement sensible à la demande du Général de Gaulle de bénir le mariage de sa fille. Il se sent partiellement réhabilité ». « Qui bénit qui ? » ironisa un destinataire de la note concernée50. Les politiques allemande (confiée à un personnel civil et militaire pétainiste ultra-clérical) et coloniale de la France, aussi « catholiques » que pendant l’entre-deux-guerres, allaient dans le même sens. L’État se rallia ainsi51 à « la tactique » de « dédouane[ment d]es vichyssois […] des hauts prélats français […] consist[ant] à les nommer à des postes de commande de façon à leur créer une protection effective52 ».
Les choix politiques de l’Église de France : de la droite « minimale » à la droite pure et simple
23Tout œuvra donc pour que l’Église jouât un rôle décisif dans la reconstitution de la droite, avec des décalages chronologiques entre le très précoce sauvetage clandestin de ses fractions extrêmes et l’action d’apparence plus hésitante sur et via les partis, modérés ( mrp) ou « énergiques » ( prl et divers).
Pratiques non électorales
24On mentionnera pour mémoire le sauvetage-recyclage des criminels de guerre organisé depuis 1943-1944 par le Vatican en France comme ailleurs et dont les aspects « extérieurs » ne sauraient faire négliger les conséquences intérieures : la préservation d’un vivier de droite et d’extrême droite que l’après-Libération semblait avoir liquidé ou affaibli. Les sources policières sont plus précises que les fonds classés du Quai d’Orsay53 sur les filières d’Espagne, de Belgique, d’Amérique, etc. : une note des rg de novembre 1945 sur « l’activité de certains ecclésiastiques bordelais protégeant la fuite de délinquants politiques » décrit la tâche confiée aux ordres (ici les Salésiens de l’école de Saint François Xavier de Gradignan54), sous tutelle vaticane directe et moins sujets à publicité. En septembre 1946, Pie XII, en remplaçant le collaborationniste maître général dominicain Martin Gillet par le franquiste intégriste espagnol Emmanuel Suarez (au grand dam du « P. Carrière, animateur du journal Témoignage chrétien ») promouvait un homme aussi sûr : « fort bien en cour auprès de Franco, il a été utilisé par le P. Gillet pour faire passer en Espagne un certain nombre de pères qui s’étaient compromis durant l’occupation55 ». Le Comité international de l’aumônerie catholique ( ciac) des pères Rhodain et Stourm protégeait les fuyards à travers le monde, ainsi, en juin 1946, lors de leur mission au Canada pour y préparer l’accueil « des réfugiés “politiques” français56 ». On s’occupait aussi sans trêve des Allemands dans ce cadre et dans d’autres, avec l’aide du pétainiste notoire Picard de la Vacquerie, nommé par Roncalli et Suhard aumônier général en zone d’occupation française dès mai 1945, imposé dans les mois suivants par leur pression, et loué par Pie XII en novembre 1948 pour « un modèle exemplaire » de « collaboration […] avec ses confrères de l’épiscopat allemand57 ». Toute la correspondance contredit la conclusion des auteurs du « rapport Touvier » sur l’évangélisme des clercs français et l’absence de consignes de l’Église romaine58.
25Le Quai d’Orsay n’était pas le seul fief mrp de la liquidation de l’épuration et de la protection des coupables cléricaux. La tendance provenait des impératifs de regroupement de la droite, bien avancés à l’été 1946 : pour parer aux « attaques dirigées contre son action au Ministère de la Justice » Teitgen recourut entre deux campagnes électorales le 1er septembre à Marseille à la même attaque anticommuniste de « gauche » que celle utilisée sur « l’école libre » : « Nous n’appartenons pas à la Gestapo, nous n’aimons pas les camps de concentration, le coup de revolver dans la nuque ; aussi, me suis-je attaché à éviter que l’on fasse, de l’épuration, une arme au service de la révolution59 ».
Les choix électoraux : le mrpet les autres
26Armature du mrp, l’Église s’y engagea différemment suivant ses strates sociologiques. Le parti, confondu à sa naissance avec de Gaulle lui-même, reçut le soutien des clercs les plus « patriotes », tel le petit clergé lorrain60. Par opposition au haut clergé, qui y voyait, comme les chefs de la droite réunie un an après au prl, un « moindre mal » nécessaire tant que celle-ci ne ferait pas recette électorale61. Les plus pétainistes, tels Suhard, Feltin et Roland-Gosselin, oscillaient entre antipathie et haine envers des personnalités cumulant les handicaps d’une résistance avérée et d’un classement à « gauche » pour anticommunisme déficient. Ils s’alignaient ainsi comme avant guerre sur le Vatican qui avait châtié les démocrates chrétiens de L’Aube peu enclins à la croisade franquiste et avait trouvé depuis maints motifs à détester les Bidault ou Maritain. La menace d’épuration ou le refus de promotion cardinalice, assumé(e), fût-ce brièvement, par des ministres mrp (Justice et Affaires étrangères) entretint les braises62.
27Cette haine déstabilisa parfois le mrp, ainsi en avril 1945 à Paris où, jugé par l’archevêché trop mou dans le soutien à « l’école libre » et l’opposition « sans équivoque à l’expansion communiste », il perdit des voix catholiques : « les militants des Comités d’action civique et sociale » avaient, « notamment dans le 2e secteur », prescrit son lâchage au profit « de listes présentées par des mouvements modérés, dont le programme offrait plus de garanties63 ». Il en alla de même en octobre 1946, où « le mot d’ordre de l’Église » contre le référendum constitutionnel « empêch[a] le plein succès du mrp » qui lui avait préféré un oui tactique. À l’ardeur politique des « évêques […] “nonistes” convaincus » se mêlaient les représailles d’une rancœur intacte : Feltin, avait, contre Bidault et Teitgen qui s’étaient « opposés à [son] élévation […] au Cardinalat », « donné des instructions précises pour faire voter non. Résultat : majorité de non et 70 000 abstentions » à Bordeaux64.
28La radicalisation des masses françaises, redoutée et perçue jusque dans les fiefs ruraux de la droite, et la poussée communiste qui en résulta entre le début de 1945 et la fin de 1946, d’une part, et l’échec du prl malgré son lancement à grands frais et la séduction qu’il exerça d’emblée sur le haut clergé, d’autre part, firent cependant de celui-ci et de la Curie, d’une part, du mrp et (ou) de Gaulle d’autre part, des alliés obligés. Les consignes électorales furent depuis les municipales de 1945 aussi impératives que l’interdiction de participation ouverte du clergé à la vie politique et électorale65. L’attestent les consignes de vote distribuées « discrètement au cours des offices auprès de certains fidèles » en octobre 1945, à Vichy comme ailleurs : « Ordre des autorités pontificales. Il faut voter mrp. La réponse au référendum doit être Oui – Oui66 » ; ou les strictes « consignes électorales […d]es Cardinaux et Archevêques de France » communiquées le 30 octobre 1946 par l’inamovible Merklen aux « journalistes de la presse catholique […] dont la plus importante est de soutenir le mrp contre les autres partis modérés. Toutes les initiatives de M. Bidault doivent notamment être mises en valeur, a-t-il ajouté, et la presse catholique insistera sur la parfaite cohésion et l’entente qui règnent au sein du mrp67 ».
29L’impuissance persistante de la droite vichyste déclarée demeurait décourageante : en novembre 1946, « l’Église sembl[ait] se désintéresser provisoirement du prl qui a[vait] déçu68 ». Elle n’avait au surplus qu’à se louer de l’évolution estivale du mrp, chefs résistants inclus, vers la droite virulente : stigmatisant les nationalisations et l’épuration « totalitaires », participant aux « manifestations spectaculaires » multipliées depuis les élections de juin, faisant « des promesses formelles en faveur de la défense de l’école libre69 », le mrp inspirait une confiance accrue. Il la partageait avec de Gaulle, dont « la publicité faite autour du discours de Bayeux » de juin 1946 fut « particulièrement bien organisée » par les dominicains, les jésuites et les assomptionnistes70.
30L’Église bâtit donc le « gouvernement Bidault » en compagnie de la haute banque française et suisse (Société générale, Crédit lyonnais – qui firent « pression sur des éléments du parti socialiste pour les amener à concevoir le soutien d’un gouvernement à direction mrp » –, Transmarine et Crédit commercial de France71). Elle fut comblée par une nouvelle tête du mrp dépourvue de la tare d’un passé résistant, Robert Schuman, droitier notoire d’avant guerre : ce ministre des Finances de 1946, encore inéligible en septembre 1945 pour avoir voté les pleins pouvoirs à Pétain et conservé au début du règne son poste de sous-secrétaire d’État aux Réfugiés, futur chef du gouvernement en décembre 1947, puis aux Affaires étrangères de juin 1948 à décembre 1952, avait, selon les rg, fermé les yeux sur la spéculation et la fraude fiscale des congrégations : « des mouvements de fonds importants ont eu lieu, en direction de la Banque Vaticane dirigée par Mgr Carletta, par le canal de banques américaines », sur « ordres […] du Vatican […] de transformer, avec le maximum de “discrétion”, les valeurs françaises en valeurs étrangères, principalement américaines, de façon à ce que l’actif des Congrégations ne soit pas touché. […] Il semble que les Congrégations soient assurées de certaines complicités au Ministère des Finances, et l’on parle avec beaucoup de considération de R. Schuman ». Un an avant que les grèves de 1947 n’en fournissent l’occasion, l’Église décida donc avec la haute banque de « mettre en avant [cette] personnalité de second plan du mrp […] pour présider un Ministère d’union de défense du franc72 ».
31Après 1946, se poursuivit, entre mrp et partis de droite en réorganisation, tel le rpf, la valse-hésitation dont témoigne la versatilité envers de Gaulle, séduisant par son discours intérieur mais moins sûr que le mrp pour maintenir une alliance américaine sans nuages. On passait rapidement de l’allégresse d’avril 1947 envers le jeune rpf (« les gens d’Église et les hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie ont accueilli avec enthousiasme la rentrée politique du Général de Gaulle ») à la déception du tournant de 1947 (« Dans les milieux français du Vatican, où l’on constatait, il y a encore quelques semaines, des divergences d’opinion très marquées au sujet du Général de Gaulle et du RPF l’unanimité se fait maintenant contre l’ancien chef de la France libre ») et au soutien renforcé du mrp 73 sans préjudice des contacts tactiques avec une gauche non-communiste à l’anticommunisme rassurant74 Au retour en gloire du haut clergé, tuteur de la droite laïque blanchi plus tôt qu’elle, avait œuvré la priorité absolue : préserver le statu quo socio-économique, donc affaiblir le pcf. L’Église, par une action rappelant l’avant-guerre malgré des accents de « gauche » fugaces, y contribua avec une efficacité dont témoigne le soulagement électoral, en octobre 1945, du vieux délégué politique du Comité des Forges, leader de la vieille droite, Louis Marin : « Nous sommes socialistes, nous sommes mrp, nous sommes tout ce que vous voudrez, mais nous ne sommes pas communistes, et c’est bien le principal75 ».
Notes de bas de page
1 Lettre 151, Rome-Saint-Siège, 10 avril 1933, Papiers d’agents, archives privées, Canet, vol. 36, archives du Quai d’Orsay (plus loin mae).
2 À l’inverse de son enthousiaste voisin de Marseille, Mgr Delay (Dossier 60, Delay), Mgr Rémond, évêque de Nice, y mit un mauvais vouloir qui déchaîna les collaborationnistes déjà en furie contre ce prélat accusé de « protéger effectivement des Juifs », DJ 5, 12 juin 1944 ; de 1943-44, dont notes des rg des 3, 4, 12, 20 et 29 juillet 1944, dossier Rémond, F7, vol. 15291, Archives nationales (plus loin an).
3 « Rapport général sur l’épiscopat français », janvier 1945, F7, vol. 15291, dossiers individuels, ibid. et F7, vol. 15292, an ; depuis 1943, fonds du mae, Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l’Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide (1914-1955), Armand Colin, 1996, chapitres 10-11.
4 Lettre 63 de Georges Bidault à Maritain, Paris, 24 novembre 1945, Saint-Siège Europe 1944-1960, vol. 7, mae.
5 Notes des Renseignements généraux (plus loin RG), Paris, 3, 10 octobre 1946, et sans date, Dossier 3, Suhard, 15291 ; et ga (archives des rg), S 10, Suhard, et ga, archevêché de Paris, A 24, archives de la Préfecture de police (plus loin pp).
6 Références de la n. 3.
7 Information 7872, Nice, 7 décembre 1944, F7, vol. 15291.
8 Note des rg, « très secret », Paris, 9 mars 1945, « Épuration dans le haut clergé », F7, vol. 15292.
9 Saint-Siège Europe 1944-1960, vol. 7 et 11, mae (Le Vatican, p. 500-502), et infra.
10 Allusions, Le Vatican, passim, notamment chapitres 5, 9 et 11.
11 « Épuré par le Saint-Père “pour le bien de la Paix”, Mgr Beaussart dirige depuis deux ans un bureau pontifical de renseignements, 4, rue Monsieur, dont le principal objet est la surveillance politique du clergé français » (en particulier la traque des « chrétiens progressistes », dont les P. Riquet et Chaillet), note des rg, 4e section, XP 19, 14 octobre 1948, dossier 167, F7, vol. 15292.
12 Note des rg sans référence, 12 octobre 1946, F7, vol. 15292 (« Nomination en de nombreux diocèses de prêtres énergiques à des postes de commande de propagande, soit chez les scouts, soit dans les formations de l’Action catholique », avec liste).
13 Note des rg, 2e section, Paris, 21 juin 1946, F7, vol. 15292, Fonds mae cités dans Le Vatican, p. 500-502, grosse correspondance 1944-1947, F7, vol. 15291 et 15292, et Étienne Fouilloux, « Extraordinaire ambassadeur ? Mgr Roncalli à Paris (1944-1953) », Revue historique, n° 565, janvier-mars 1988, p. 101-128.
14 Note des rg XP 2 et XP 21, Paris, 13 mai 1946, F7, vol. 15292.
15 Note des rg, 9 mars et XP 32 DB 30 janvier 1945, F7, vol. 15292.
16 Note des rg, 2 XP 22, 28 avril 1945, F7, vol. 15292.
17 Circulaire sip, 18 juillet 1945, Europe Saint-Siège 1944-1960, vol. 8, mae.
18 Annie Lacroix-Riz, « La gauche française et le projet constitutionnel d’avril-mai 1946 », La revue Commune, n° 27, septembre 2002, p. 16-19 (références n. 5).
19 rg XP 60, 31 juillet, 1er août 1946, F7, vol. 15292.
20 Jean-Noël Jeanneney, « Hommes d’affaires au piquet. Le difficile intérim d’une représentation patronale (septembre 1944-janvier 1946) », Revue historique, CCLXIII/1, Paris 1980, p. 81-100.
21 Note des rg, XP 2 et XP 21, Paris, 21 mai 1946, sur la réunion des dirigeants de la cftc et du cnpf, dossier 150, F7, vol. 15291.
22 Note des rg XP 22/DB 4, 10 avril 1945, F7, vol. 15292.
23 Note des rg XP 2, Paris, 18 mai 1946, F7, vol. 15292.
24 Note des rg XP 2, Paris, 20 juillet 1946, F7, vol. 15292.
25 Fiche de travail des rg sans référence, rayée et surchargée, 26 juin, et note des rg XP 2, Paris, 14 mai 1946, « Les agissements financiers du Vatican », F7, vol. 15292.
26 Note des rg, « L’activité des milieux religieux », Paris, 24 mai 1946, F7, vol. 15292.
27 Notes des rg des 13 août, 15 novembre et 13 décembre 1946, F7, vol. 15292.
28 Fiche sans référence ni date, issue du « Rapport général sur l’épiscopat français », janvier 1945, F7, vol. 15291 ; mention fréquente, F7, vol. 15291-15292.
29 Ainsi, pendant son voyage au Canada en septembre 1946, note des rg XP 2, Paris, 27 septembre 1946, F7, vol. 15292.
30 Citation, fiche du type de la n. 30, note des rg, février 1945 sur la famille Roland-Gosselin, d’après des « informations antérieures » (sans doute début de 1944), et tout ce dossier 50, Roland-Gosselin, F7, vol. 15291 ; souvent mentionné, F7, vol. 15291-15292.
31 Note des rg XP 2 et XP 21, Paris, 13 mai 1946, F7, vol. 15292.
32 Note des rg d’après « un observateur politique particulièrement qualifié », 1er mars 1946, an, F7, vol. 15283. Leitmotiv des préfets, commissaires de la République et rg (références impossibles à recenser).
33 Note des rg, 20 décembre 1945, ga, A 24.
34 Notes des rg de 1946, Paris, 6 décembre, F7, vol. 15292, 17 septembre et 8 août, an, F1 a, vol. 3354, « La situation au mrp », 24 juillet, AC 3, 4e section, 16 septembre, F7, vol. 15283, XP 2, Paris, 4 avril 1946, F7, vol. 15284, an.
35 Waldeck-Rochet, « Les origines et la politique du mrp », Cahiers du communisme n° 7, juillet 1946, F1 a, vol. 3354.
36 Note des rg, 4 juillet 1946, et nombreuses notes, juillet-septembre 1946, F7, vol. 15283-15284 et F1 a, vol. 3354.
37 Note des rg XP 16, 16 avril 1945, F7, vol. 15292 (et ga, A 24).
38 « Exposé de M. l’abbé Chéruel », joint au télégramme de transmission, 29 mars 1945, F7, vol. 15292 ; constat impressionnant en 2003, la légitimité de l’assurance de l’Église de 1945 sur son avenir scolaire : « l’opposition de l’Université sera considérable […] parce que, dès maintenant, l’enseignement libre encadre plus de la moitié des enfants de France dans l’enseignement secondaire et déjà presque le quart, plus du cinquième, dans l’enseignement primaire […] à partir du moment où l’enseignement libre deviendrait un service concédé et subventionné en même temps que contrôlé, la concurrence scolaire deviendrait catastrophique pour l’enseignement laïque. ».
39 Nombreux courriers dans tous les fonds cités.
40 F7, vol. 13213 à 13228 (jusqu’à 1932), an, et Le Vatican sur les objectifs extérieurs des campagnes anti-laïques du Vatican, passim, notamment chapitres 5 et 9.
41 Note de la Préfecture de police, avril 1931, F 7, vol. 13227, an.
42 Note des rg XP/16, 27 avril, et XP/45, 13 avril 1945, Paris, F7, vol. 15292.
43 Note des rg, X2P2, Lafille, « Politique des milieux religieux », 11 février 1946, F7, vol. 15292.
44 Notes des rg, « sur “le Grand Retour de Notre-Dame de Boulogne” », 13 août, et 2e section, Paris, 2 octobre 1946, F7 15292, gros dossier ; courriers épars, dont 2e section, Paris, 11 et 18 juillet 1946. Sur ce traitement des populations « arriérées », fonds d’Europe orientale 1944-1960 du mae cités dans Le Vatican, p. 516-517, et références de la n. 40.
45 Annie Lacroix-Riz, Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy, Armand Colin, 1999, p. 466 et 475.
46 Note des rg, XP 16, 16 avril 1945, F7, vol. 15292 (et ga, A 24).
47 Note citée, 28 décembre 1944, Europe Saint-Siège 1944-1960, vol. 11. Souligné dans le texte.
48 Circulaire sip, 18 juillet 1945, Europe Saint-Siège 1944-1960, vol. 8.
49 Note des rg, XP 16, 16 avril 1945, F7, vol. 15292 (et ga, A 24).
50 Note pour Coulet, visite à la Nonciature, 22 décembre 1945, Europe Saint-Siège 1944-1960, vol. 11, claire sur l’audace de Roncalli à propos de Feltin et Suhard (Le Vatican, p. 501).
51 Ibid., passim, et mon article « Églises et retour au statu quo en Allemagne occidentale (1945-1949) », guerres mondiales et conflits contemporains, numéro spécial, « Les deux Allemagne dans la Guerre froide », n° 210, avril-juin 2003, p. 19-46.
52 Note des rg X2P2 de Lafille, 11 février 1946, F7, vol. 15292.
53 Depuis 1943-1944, Le Vatican, chapitres 10-11.
54 Note des rg, 8 novembre 1945, dossier 142, F7, vol. 15291.
55 Note des rg, Paris, 27 septembre 1946, F7 15292.
56 Note des rg, Paris, 2e section, Paris, 17 juin 1946, F7 15292.
57 Notes pour Chauvel, 4 mai 1945 ; sur la visite à la Nonciature 16 novembre 1945, Europe Saint-Siège 1944-1960, vol. 7 et 11, mae ; des rg XP 23, Paris, 2 juillet 1946, F1 a, vol. 3354, et Le Vatican, p. 461, 463, 500 et 503.
58 René Rémond et alii., Paul Touvier et l’Église, Fayard, 199, Annie Lacroix-Riz, « L’histoire commissionnée – un nouveau paradigme ? », Mouvements, n° 21-22, mai-août 2002, p. 137-138 (135-142), et L’histoire contemporaine sous influence, Paris, Le Temps des Cerises, 2004, p. 50-73.
59 Note des rg de Marseille, Paris, 2 septembre 1946, F1 a, vol. 3354 (la comparaison est de mon fait).
60 Lettre 5228 du chef du service de Nancy au chef du service régional des rg, 9 janvier 1945, F7, vol. 15292. Sur les rapports avec le mrp, tous les fonds cités ici.
61 Consignes « de Mutter, Dupont et Romarony du prl » et « confidences [de…] Lecour-Grandmaison » au « congrès de l’Action catholique » sur cette alliance tacite, fiche de travail des rg, 26 juin 1946, F7, vol. 15292.
62 F7, vol. 15291 à 15292, et Le Vatican, chapitres 5, et 9-11.
63 Note des rg XP/45, Paris, 1er mai 1945, F7, vol. 15292.
64 Note des rg, Paris, 25 octobre 1946, F7, vol. 15292 ; sur 1945, Le Vatican, p. 501-502.
65 Circulaire d’une « supérieure générale […] aux membres de[s] a communauté » pour les élections du 29 avril, note des rg XP/32, Paris, 24 avril 1945, F7, vol. 15292.
66 Note des rg, Vichy 15 octobre 1945, F7, vol. 15291.
67 Note des rg, MC XP 23, 31 octobre 1946, F7, vol. 15291. Merklen, Le Vatican, index.
68 Note des rg, Paris, 28 novembre 1946, F7, vol. 15292.
69 Voir supra, citation, référence de la note précédente.
70 Luxe de détails (on usa notamment pour « la publicité nécessaire » du « père de Boissieu, jésuite, oncle du gendre du Général de Gaulle »), note des rg, 2e section, Paris, 21 juin 1946, F7, vol. 15292.
71 Sur ces « manœuvres sournoises », fiche de travail des rg, très précise, 26 juin 1946, F7, vol. 15292.
72 « La reconnaissance de l’Église vis-à-vis du Ministre des Finances Robert Schuman », note des rg Paris, 6 décembre 1946, F7, vol. 15292. Biographie, Annie Lacroix-Riz, « Frankreich und die europäische Integration. Das Gewicht der Beziehungen mit den Vereinigten Staaten und Deutschland, 1920-1955 » Thomas Sandkuehler et al. (éd.), Beiträge zur Geschichte des Nationalsozialismus, vol.
73 Notes des RG, 18 avril 1947, et XP2, Paris, 21 janvier 1948, AN, F7, vol. 15285 et 15284.
74 Contacts avec l’UDSR, la SFIO, flagornée à l’époque du gouvernement Blum (décembre 1946-janvier1947), et le parti radical, tous les fonds cités ci-dessus..
75 Note des RG, 23 octobre 1945, GA, R 7, Paul Reynaud, PP.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008