Le Front national et la recomposition des droites à la Libération
p. 85-97
Entrées d’index
Index géographique : France
Texte intégral
1Fin mai 1941, le pcf avait proposé une alliance à tous ceux qui voulaient « agir en Français », sauf « les capitulards et les traîtres1 ». D’abord informel, ce « Front national » s’était structuré au printemps 1943 en un mouvement de Résistance – le « fn ». La Libération venue, son leader, Pierre Villon, tenta vainement d’en faire le socle d’une union organique de la Résistance en un mouvement « patriotique et civique » de « renaissance française2 ». Cet échec fut aussi celui de résistants que le fn avait su recruter dans des milieux peu ou prou classés à droite et qui avaient espéré prolonger l’alliance de combat « contre » par une action politique unitaire « pour ». Prévisible, la déception de ces espérances n’était pas fatale. Certes, « démissions et scissions se seraient produites même si nous [les communistes] n’avions pas commis certaines erreurs », écrit Pierre Villon, quarante ans plus tard, mais, souligne-t-il, « nous aurions pu sauvegarder certaines alliances, garder des compagnons de combat3 ». Diagnostic réversible : les droites françaises n’ont pas su et/ou voulu tirer parti du capital résistant accumulé au titre du Front national et du fn.
Un capital résistant non négligeable
2Traiter de cette dilapidation requiert un inventaire des fruits méconnus d’une alliance recherchée dès octobre 1940 par les communistes, soucieux d’inclure dans le combat « contre l’oppression nationale » les « hommes qui, hier, classés à droite, enrôlés au psf ou ailleurs, nous combattaient4 ».
Ententes tactiques et union organique
3On retiendra deux paramètres des années 1941 et 1942, fondatrices. Bon gré, mal gré, à l’issue des consultations qui président au lancement du Front national entre le printemps et l’automne 1941, la direction du pcf ne rallie que quelques éléments démocrates-chrétiens peu représentatifs – Jean Rambaud, alias « Révérend Père Philippe », Provincial des Carmes au couvent d’Avon en Seine-et-Marne et Georges Bidault en zone non-occupée – au parrainage « action » d’une Résistance définie comme l’union des catholiques, communistes et gaullistes. Sur le terrain, en revanche, les premiers « comités de Front national » attirent aisément, surtout en zone occupée, d’anciens partisans de la droite classique intéressés par la formule d’ententes locales et/ou socioprofessionnelles aux plates-formes hétérogènes. C’est vrai pour le « Front national lorrain5 » et celui des écrivains parisiens6, comme pour le comité des musiciens qui, dès sa fondation en septembre 1941, rallie un ancien Croix-de-feu – Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire7 –, et s’adresse à « ceux-là même qui, parmi nous, souhaitent à la France un régime autoritaire » et veulent « promouvoir une révolution nationale dans l’ordre de la musique8 ». Chez les universitaires, aussi, « il y a de bons éléments venant des af [Action Française] et psf, hommes de premier ordre », signale bientôt un rapport clandestin9. Au-delà, la direction du pcf sait que l’avenir du Front national passe par un recrutement à droite, en particulier pour pénétrer le monde rural, les Églises et les professions fortement intégrées dans l’appareil d’État – encadrement économique, armée, forces de l’ordre.
4Encouragés par le succès de ces premières ententes à la base, les communistes s’aventurent, à partir de l’hiver 1942-1943, tournant de la guerre, à proposer la construction d’une véritable maison commune. Ce processus arrive à maturité, début avril 1943, avec le manifeste d’une organisation nationale, le « fn », dont le « directeur des intellectuels communistes », Pierre Villon, est chargé de porter les mandats. Toutes zones confondues – il y a un « comité directeur » au nord et un au sud –, les formations de la droite classique ne sont pas les moins représentées à la direction de ce fn. Joseph Laniel a accepté le contact : le 26 mai 1943, Pierre Le Brun signale à Pierre Villon que le député du Calvados, jusque-là circonspect, « donne son accord et promet de collaborer pour son département10 ». Le leader de l’ ard (Alliance républicaine démocratique) s’en tient finalement au siège offert à son parti au cnr (Conseil national de la Résistance). Quelques semaines auparavant, Louis Marin a fait un choix inverse dont bénéficie le comité directeur du fn de la zone sud, « très large puisqu’il englobe un représentant de Louis Marin11 » : Pierre Burgeot, député du Rhône. Ces ralliements pourraient signaler une tendance : Jacques Duclos n’a-t-il pas lu dans un rapport de janvier 1943 émanant du Doubs que « de Moustier protégerait les ftp12 ». Or, c’est ce dernier que Louis Marin agrée comme délégué de la Fédération républicaine au cnr avant de désigner – Lionel de Moustier ayant été arrêté – Jacques Debû-Bridel, ex-collaborateur de La Nation qui n’a pas celé son adhésion au fn. Plus atypique encore : Jacques Bounin, jeune député apparenté au psf que le dirigeant communiste Georges Marrane recrute pour le fn de la zone sud. Les démocrates-chrétiens sont également représentés dans les deux zones. Max André, ex-dirigeant du Parti démocrate-populaire, en rapport avec la direction du pcf a minima depuis l’automne 194213, est l’une des cinq personnalités que Pierre Villon tient à présenter à Pierre Brossolette et au colonel Passy, le 18 mars 1943. Pressenti par Pierre Le Brun, Georges Bidault, membre du mouvement Combat et délégué démocrate-chrétien au cnr, entre au comité directeur du fn de la zone sud avec l’aval de Jean Moulin. À Paris, les envoyés de Londres notent que Pierre Villon est escorté du rp Philippe et de Mgr Chevrot, curé de l’église Saint-François Xavier, engagé au mouvement Défense de la France. Au total, huit personnalités que bien des clivages politiques séparent, en particulier ceux révélés par le vote du 10 juillet 1940 : Louis Marin était absent, Pierre Burgeot et Jacques Bounin ont voté « Oui ». En revanche, les « modérés » de la direction du fn ont un passé commun de bellicistes et d’antimunichois, trait qui souligne leur faible poids sur l’échiquier politique d’avant la guerre, Louis Marin excepté. Il en va autrement du point de vue de la Résistance : les sympathies de Joseph Laniel et l’affiliation effective de Jacques Debû-Bridel et Georges Bidault confèrent au fn un quasi monopole de la représentation des partis « modérés » au cnr. Rien de tel à gauche : aucun cadre du ps reconstitué ne siège dans les directions du fn où seuls Victor Basch, de la Ligue des droits de l’homme, Justin Godart et Ernest Perney, radicaux, ont quelque poids. D’où une configuration inattendue des comités directeurs du fn : également boudés par l’ard et le ps mais investis par des cadres de la Fédération républicaine et du parti radical en une double symétrie que seule perturbe la percée des éléments démocrates-chrétiens.
Alliés et militants
5Quelles sont les bases de ralliement de ces hommes que rien ne contraignait à prolonger leur participation au très informel Front national de 1941-1942 par une adhésion au mouvement fn du printemps 1943 ? Les convergences « action » sont déterminantes pour Louis Marin, Jacques Debû-Bridel, Jacques Bounin, comme pour les démocrates-chrétiens. Le 18 mars 1943, Mgr Chevrot est « le plus fougueux » pour dénoncer la discrimination dans l’envoi des armes aux ftp14. En septembre 1943, le fn soutient la candidature de Georges Bidault à la présidence du cnr car « il est partisan de la lutte armée, un adversaire résolu de l’attentisme15 ». Le 12 juin 1944 encore, quand le comité directeur du fn apprend que les alliés ont des « plans prévus pour 10 à 20 mois », Pierre Villon rapporte que « Martin [Max André] eut alors une réaction très vive : nous serons tous morts ! Mieux vaut encore se battre, même sans armes suffisantes16 ». À cette entente « action » s’ajoute un consensus jacobin sur la France Combattante du général de Gaulle. Consultant sur la déclaration du pcf du 1er avril 1943 pour la formation d’un gouvernement à Alger – texte adopté tardivement par le fn –, Pierre Le Brun indique que « tous mes interlocuteurs partagent notre point de vue sur cette question et espèrent qu’il sera possible d’évincer Giraud de la direction politique et de transformer celle-ci en gouvernement17 ». Troisième facteur favorable : « [le fn] n’a pas de programme politique pour la reconstruction de la France18 ». Ce parti pris conduit le fn à jouer un rôle clef dans la genèse du programme du cnr, esquissé en décembre 1943 par Pierre Villon, intransigeant sur la doctrine d’action immédiate mais abstentionniste quant aux dispositions sur l’après-guerre qu’un Max André appréciait, semble-t-il, « comme de l’huile de ricin19 ».
6S’accorder avec le pcf n’impliquait pas, pour autant, d’accepter les contraintes d’une union organique. Certes, de part et d’autre, on multiplie les marques de loyauté : en mars 1944, Jacques Debû-Bridel, le rp Philippe, Mgr Chevrot et quelques autres, rédigent un manifeste contre l’anticommunisme ; le mois suivant, une circulaire du fn dénonce toute exclusive contre les hommes de droite20. Encore fallait-il corriger l’inégalité d’un face à face entre des individus et un parti : les représentants du pcf sont donc en minorité dans les comités directeurs où, tout comme au cnr, « les discussions sont ouvertes, les décisions prises à l’unanimité21 ». Dans ces conditions, les éléments « modérés » des directions du fn ne se sont pas constitués en groupe(s) de pression. Fin mai 1943, pourtant, Pierre Villon s’interrogeait quand Pierre Le Brun recommandait un « secrétariat élargi à Justin Godart et Georges Bidault » pour la zone sud :
« […] Il me semble que les gens Bidault + Martin-Béré [Max André et Mgr Chevrot] et ce que cela représente comme force sociale (église, banque catholique) jouent un jeu bien à eux […]22 ».
7Réticence passagère : dès le 19 juin 1943, il est acquis que le secrétariat lyonnais comprendra Georges Marrane, Madeleine Braun – communistes – et Jacques Bounin, Georges Bidault assumant avec Justin Godart la présidence du comité. À Paris, cette fonction revient à un ancien socialiste – Frédéric Joliot-Curie – et Pierre Villon assume seul, semble-t-il, le secrétariat du fn. Ici aussi, toutefois, les démocrates-chrétiens sont en force : trois des douze membres du bureau – Max André, Mgr Chevrot et le rp Philippe, ce dernier étant l’un des quatre délégués du fn à l’Assemblée consultative. Cependant ni Georges Bidault, promu à la présidence du cnr, ni le rp Philippe, empêché de partir à Alger, n’ont l’occasion d’exercer pleinement leurs mandats. Jacques Bounin est finalement le seul « modéré » à assurer continûment des missions de direction et de représentation du fn, en particulier au « Comité de coordination » de la zone sud.
8Les démocrates-chrétiens n’ont pas seulement investi les places offertes à la direction du fn. Dès le départ, ils se sont intéressés à l’appareil du mouvement, impliquant çà et là leurs propres réseaux. Au printemps 1943, Max André recommande ainsi à Pierre Villon, un industriel du Finistère, Louis Haisse, bientôt responsable départemental du fn. Cet épisode encourage la promotion de non-communistes. Non sans heurts parfois. En décembre 1943, les réticences de l’interrégional pcf de Champagne-Bourgogne à l’égard du groupe rémois d’Henri Choisnel irritent l’instructeur national du fn :
« […] l’Inter craint la mainmise du psf sur le fn, tout en jugeant le chef psf qu’il a vu comme un patriote actif et bien dans la ligne fn. À mon avis ce point de vue est erroné. […]23 ».
9Percée toute locale même si, en zone sud, Jacques Bounin tente d’impliquer ses relations personnelles, avec succès auprès de l’encadrement industriel, en vain auprès des politiques, ainsi qu’il l’a consigné dans ces mémoires :
« […] ces milieux sont venus pour nous flairer. Je suis convaincu que s’ils s’étaient affirmés, au sein des comités départementaux, ils auraient obtenu les mêmes résultats que j’obtiens au comité directeur national […]24 ».
10Ce prosélytisme reste atypique : certes, Madeleine Braun a été reçue par Monseigneur Gerlier « sur la recommandation de Louis Marin, par l’intermédiaire et en compagnie de Burgeot25 », mais ceux-ci n’ont guère encouragé les réseaux de la Fédération républicaine à s’intéresser aux logiques d’organisation du fn. Il en résulte donc un engagement militant limité à certaines situations locales ou socioprofessionnelles, d’éléments de la droite nationale et de démocrates-chrétiens, auxquels il faut ajouter quelques prêtres et pasteurs. Investissement disparate qui contraste fortement avec les positions solides dont disposent ces mêmes éléments dans les directions du fn.
Des occasions manquées
Le temps des espérances (septembre 1944-avril 1945)
11Qu’advient-il de ce potentiel, la Libération venue ? Dans un premier temps, les « modérés » du fn consolident et même renforcent leurs positions initiales. C’est lisible dans la recomposition de l’appareil central, menée à son terme fin octobre 1944 et entérinée au 1er congrès du fn (30 janvier-2 février 1945). Coup d’envoi : le 12 septembre 1944, Front National, quotidien depuis le 22 août sous la direction de Jacques Debû-Bridel, dévoile la composition du comité directeur du fn. Restreinte – il s’agit en fait du seul comité parisien –, cette liste prend sens par les références qui assortissent les dix-neuf noms avancés. Six d’entre elles signalent des formations socioprofessionnelles – c’est admis depuis avril 1944 – mais – c’est nouveau – trois autres font valoir des fonctions politiques : au Parti radical pour Ernest Perney, au Parti démocrate populaire pour Max André, à la Fédération républicaine pour Jacques Debû-Bridel. Pierre Villon est identifié par ses responsabilités au cnr et au fn et les neuf autres membres du comité sont qualifiés par leur position sociale ou institutionnelle, en particulier Mgr Chevrot, le rp Philippe et François Mauriac. Le choix de cette triple cible – radicaux, droite nationale, catholiques – est confirmé, dès le 29 septembre 1944, au premier meeting que tient le fn à la Mutualité où Ernest Perney, Jacques Debû-Bridel, le rp Philippe, Max André et François Mauriac interviennent aux côtés des dirigeants communistes. De nouvelles personnalités sont bientôt sollicitées – en particulier Henri Choisnel pressenti pour siéger à l’Assemblée consultative –, propositions entérinées le 23 octobre 1944, lors de la fusion des comités directeurs. Au bureau provisoire désigné ce jour-là, les cadres du nord sont dominants – sept sur dix – et détiennent les postes clés – présidence (Frédéric Joliot-Curie) et secrétariat (Pierre Villon). Les seuls non-communistes sont Max André et le rp Philippe pour la zone nord, Justin Godart (vice-président) pour la zone sud, Jacques Bounin ayant décidé de se consacrer à son Commissariat de la République du Languedoc. Ces équilibres centraux sont validés trois mois plus tard par le congrès du fn. À cette occasion, toutefois, les « modérés » de la zone sud – Louis Marin, Georges Bidault et Jacques Bounin – rejoignent leurs collègues parisiens au sein d’un comité directeur de quarante membres où les communistes sont majoritaires. Seul Pierre Burgeot fait défection. Le congrès du fn confirme aussi les choix affichés en septembre 1944 en recommandant de « multiplier les adhésions collectives » dont la représentation est prévue – c’est nouveau –, au sein d’un Conseil national. Le fn vise alors les organisations socioprofessionnelles. Cependant, outre qu’elles statuent, de facto, sur l’inscription du pcf au fn, ces dispositions peuvent prendre sens en aval des ralliements politiques dont bénéficie alors le mouvement : notables locaux comme Jean Médecin mais aussi cadres nationaux, en particulier de l’ ard – à la mi-novembre 1944, Joseph Laniel, Georges Oudard et Robert Nice adhèrent à l’intergroupe fn de l’Assemblée consultative. Rapprochement limité, toutefois, puisque seuls André Colin ( mrp) et Robert Pimienta (Fédération républicaine) interviennent au congrès du fn. Ces partis s’en tiennent d’ailleurs à une action externe : comme dans la clandestinité, aucun de leurs relais directs – ni Louis Marin, ni Georges Bidault, ni surtout Jacques Debû-Bridel et Max André – n’use des positions offertes à la direction du fn pour susciter un groupe de pression. Du moins pas directement. En effet, à l’occasion du congrès du fn, quinze représentants du clergé catholique s’accordent à signer un manifeste appelant à prolonger l’alliance de combat par une union pour la reconstruction26. Essentiellement nordiste, ce regroupement n’est pas en phase avec un courant d’adhésion qui signale plutôt le clergé méridional27 et la signature de Mgr Chevrot fait défaut. Il s’agit, en fait, moins d’un rassemblement catégoriel que de l’ébauche d’un courant de pensée initié par un homme dont nul n’ignore les sympathies mrp : le rp Philippe. Délégué à l’Assemblée consultative, membre du bureau du fn légal et l’un des six déposants des statuts de l’association, l’ecclésiastique est le seul élément « modéré » à cumuler autant de responsabilités à la direction du mouvement. Familier des meetings du fn, il lui incombe d’animer une assemblée de 200 à 300 ex- psf pour la préparation de l’anniversaire des journées de février 193428. Cet acte militant s’insère dans une stratégie : prendre appui sur l’exemple de la Marne où, le 9 décembre 1944, les dirigeants du psf ont appelé à adhérer au fn, pour contrer l’attraction que la formation d’André Mutter – Ceux de la libération-Vengeance –, exerce alors sur ces ex- psf. Dans son édition des 11-12 février 1945, Front national publie donc un manifeste d’Henri Choisnel appelant les « anciens des six, neuf et douze » à renforcer l’» unité créée dans et pour la lutte libératrice » pour « accroître l’effort de guerre de la nation pour la victoire » et « obtenir l’application » du programme « précis et vaste » du cnr29.
12Le militantisme d’Henri Choisnel et du rp Philippe comme les sympathies affichées par la Fédération républicaine, le mrp et certains cadres de l’ ard, sont partie prenante de l’union sacrée qui perdure jusqu’à la capitulation allemande du 8 mai 1945. Ils prennent sens aussi comme autant d’esquisses dans l’espace ouvert par la question, non tranchée encore, du rôle que la Résistance pourrait jouer dans la vie politique et donc dans la redéfinition du clivage droite-gauche. Un rôle primordial selon le fn qui, dès le début septembre 1944, a avancé deux propositions : 1) convoquer des assemblées patriotiques pour préparer des « États Généraux de la Renaissance Française » où, à terme, le fn pourrait bien se dissoudre ; 2) constituer des listes uniques de la Résistance pour les élections à venir. Jusqu’au premier scrutin – celui des municipales –, dans la mesure où le pcf « n’a pas encore décidé du point extrême où il peut continuer à tendre une main vers sa droite30 », Pierre Villon dispose d’une certaine latitude pour mettre en chantier son projet de rassemblement « patriotique et civique ». À commencer par l’expérimentation au fn des principes de fonctionnement destinés à régir un tel rassemblement. Ainsi, la règle de l’unanimité, requise dans la clandestinité, n’est plus de mise au fn légal, tenu d’intervenir sur le terrain politique. Le 13 octobre 1944, François Mauriac peut donc se prononcer, sans rompre, contre les listes uniques de la Résistance. De même, courant mars 1945, le rp Philippe et Henri Wallon s’accordent à intervenir contradictoirement à l’Assemblée consultative sur la question des subventions à l’enseignement privé. Ici encore, il revient au rp Philippe d’exposer sur « l’esprit du Front national » qui, explique-t-il, « ne cherche pas à édifier la synthèse de principes contradictoires ». Il s’agit seulement, poursuit-il, en se référant à Jacques Maritain, de « travailler ensemble malgré ces oppositions doctrinales pour une œuvre temporelle, politique et sociale que chacun conçoit à sa manière mais qui compte assez de similitudes dans l’ordre des réalisations pratiques31 ».
13D’emblée, toutefois, tout comme celles de Pierre Villon, les espérances militantes du rp Philippe, d’Henri Choisnel et de Jacques Debû-Bridel sont menacées par de puissants vents contraires. Dès la fin octobre 1944, le débat sur l’unification des mouvements de Résistance relègue à l’arrière-plan les offres du fn. Deux projets s’imposent : une « Union travailliste » sans le fn – préconisée par Libération-Nord – et une fusion du fn avec le mln – l’autre grand mouvement de Résistance – que Pascal Copeau, l’un des leaders de ce mln, ambitionne de porter à l’appui d’une union pcf – ps – cgt32. À la mi-novembre 1944, le fn oppose à ces ententes partielles la perspective de « l’unité organique de tous les mouvements de résistance » en un « Front Uni de la Renaissance Française33 » au-dessus des partis. En vain : en son 1er congrès, fin janvier 1945, le mln récuse le projet de Pascal Copeau, condamne le « rassemblement uniquement patriotique34 » proposé par le fn et opte pour une « Fédération » des mouvements d’esprit passablement travailliste. D’emblée également, « États Généraux », listes uniques et projets de mouvement unique trébuchent sur l’opposition du général de Gaulle qui ignore le cnr, condamne toute formule de rassemblement résistant et multiplie les pressions en ce sens35. Aucun parti, non plus, ne souhaite, en réalité, l’émergence d’un organisme puisant au tout résistant une légitimité susceptible de s’imposer à toute organisation particulière. C’est vrai pour le mrp qui affiche concurremment l’ambition d’être le « parti de la Résistance », comme pour les partis de la droite classique soucieux de réaffirmer leurs bannières. Toutefois, ni les formations « modérées », ni l’Église elle-même, ne s’opposent encore ouvertement au fn dont le programme et les principes d’organisation sont seuls à même d’endiguer la captation à gauche de l’héritage résistant. Aucune ne désavoue l’engagement au sein du fn d’éléments qui, dans l’hypothèse d’une victoire électorale de la Résistance, pourraient être de précieux appuis. Côté communiste aussi, on garde deux fers au feu. Dès novembre 1944 – c’est-à-dire, à partir du retour de Maurice Thorez –, sans renier l’aval donné aux projets d’États Généraux et de listes uniques, la direction du pcf mène campagne pour un « grand parti ouvrier national36 ». Ce projet interfère bientôt avec la campagne du fn pour le « mouvement unique ». En janvier 1945, Pierre Villon a beau déplorer que les communistes limitent « le recrutement du fn aux seuls partisans du Front populaire37 », le bureau politique du pcf préconise de « faire jouer au congrès [du fn] un rôle aux adhérents ps, membres du FN38 ». Dès lors s’accélère une double mutation. À la direction du pcf, d’une part, Pierre Villon n’étant plus celui dont l’avis était déterminant dans la clandestinité. Dans les rapports établis entre le pcf et le fn, d’autre part, la direction du pcf pressant le fn d’aménager sa vocation « patriotique et civique ». Non sans succès puisque, début mars 1944, le fn se porte au soutien d’un manifeste pcf – ps, pendant que le pcf décide de « ramener à une plus juste proportion les buts des États Généraux » – « tout pour la guerre, [et] défense de la République39 ».
Le temps des désertions (mai 1945-décembre 1945)
14Après le 1er tour des élections municipales, tout bascule. Les leçons que les partenaires en présence tirent de ce scrutin sonnent le glas des projets de Pierre Villon, autorisent bien des éléments « modérés » du fn à reconsidérer leur adhésion et ruinent, à terme, les espoirs du rp Philippe, de Jacques Debû-Bridel et d’Henri Choisnel. Le pcf joue un rôle déterminant dans cette déconstruction. Dès sa séance du 3 mai 1945, le bureau politique de ce parti diagnostique une « [victoire] à gauche et non [une] victoire de la “Résistance”40 ». Le changement de cap est annoncé le 11 mai 1945 : « [la] constitution d’un mouvement unique démocratique et républicain, qui ne se substitue pas au P [Parti] peut être la conclusion du scrutin du 29 [avril]41 ». Ce même jour, au comité directeur du fn, Pierre Villon défend l’option qui lui est chère – la « marche vers [le] mouvement unique pour [les] États Généraux42 » – et propose d’y rallier les minoritaires des autres mouvements. Le 18 mai 1945 encore, la direction du pcf entend le dirigeant du fn plaider l’utilité des mouvements de Résistance, en particulier pour préserver l’alliance avec les catholiques43. En vain, Pierre Villon a d’ores et déjà perdu la main. Suite à l’avis favorable donné par le mln, le 7 juin 1945, au projet d’une udsr (Union démocratique et socialiste de la Résistance) excluant le fn, le pcf et le Parti radical, il revient à la minorité du mln de proposer de constituer un mouvement patriotique unique, appel auquel le fn se rallie le 10 juin 1945. Deux jours plus tard, le pcf publie une « Charte d’unité de la classe ouvrière » en vue de la fusion pcf – ps en un pof (Parti ouvrier français). Les deux démarches sont traitées le 15 juin au bureau politique du pcf qui évoque ce qu’il appelle, lui, le « Comité Unifié des forces démocratiques et républicaines françaises convoqué par la minorité du mln44 ». Le 21 juin, ce comité publie un manifeste marqué au sceau d’un compromis défavorable au fn : le sigle retenu – « Mouvement Uni ou “Unifié” de la Renaissance Française » ( mur) est une concession que démentent le sous-titre « rassemblement patriotique et républicain » et le jeu des références qu’affiche la liste des 83 premiers signataires45. Savamment dosées, les étiquettes politiques sont toutes situées à gauche et si Georges Oudard est cité, c’est au titre de « La France intérieure ». L’appartenance à l’Assemblée consultative est précisée pour 46 membres du comité qui affirme ainsi sa vocation d’intergroupe parlementaire destiné à contrer l’ udsr. Les titres résistants ne sont pas toujours mentionnés. Le comité compte 14 des 40 membres de la direction du fn dont son président, ses vice-présidents et son secrétaire. Mais Henri Choisnel porte seul la bannière du comité directeur et l’accord du rp Philippe et de Jacques Debû-Bridel ne compense pas l’absence de Georges Bidault, Max André, Mgr Chevrot, François Mauriac, Louis Marin et Jacques Bounin. Il fallait effectivement avoir investi le fn d’espérances politiques solides pour siéger dans un tel collectif et on comprend que seuls les trois « militants » de la direction du fn y aient consenti. Les absents, d’ailleurs – en particulier François Mauriac –, ne se privent pas de critiquer publiquement le mur, sans aller encore jusqu’à remettre en cause leur appartenance au fn. Il est toutefois plausible que Georges Bidault et Louis Marin, dont la date de rupture avec le fn reste indéterminée, aient saisi cette occasion pour le faire.
15Le mur et l’ udsr sont bientôt happés par la campagne pour le référendum et l’élection de l’Assemblée constituante. Dès lors, le serment prêté le 14 juillet 1945 aux « États Généraux de la Renaissance Française » a des accents de chant du cygne. Fin août 1945, sonne effectivement l’heure de la Délégation des gauches46. Le mur précise ses options dans un nouveau manifeste qui engage des signatures de radicaux comme Édouard Herriot : le mur est alors à l’apogée d’une évolution qui satisfait les projets de Pascal Copeau comme ceux de la direction du pcf. Ce gain en homogénéité politique se solde par une défection de taille, celle du rp Philippe, mais les noms de Jacques Debû-Bridel et Henri Choisnel apparaissent encore. Pas pour longtemps. Début septembre 1945, contrairement à l’ udsr, le mur prend position pour le oui-non au référendum47 et se prononce pour des listes communes « républicaines et laïques ». Le 6 septembre 1945, le comité directeur du fn fait de même, blâmant François Mauriac pour ses absences et ses critiques48. Cette fois c’est la crise ouverte. Une note, rédigée par le rp Philippe début octobre 1945, permet d’en établir partiellement la chronologie. Absent, tout comme Max André, au comité directeur du 6 septembre, le rp Philippe est informé des décisions prises à cette séance « par hasard », écrit-il, à son retour du Maroc, le 14 septembre. La confrontation se produit donc à la réunion suivante, le 20 septembre. Le rp Philippe y lit une note exposant sa position. Prêt à des concessions sur le oui-non – appuyé, semble-t-il, par Jacques Debû-Bridel et Henri Choisnel –, l’ecclésiastique est catégorique sur les listes communes :
« […] dans la mesure où le fn exclut pratiquement le mrp et implique pratiquement l’adhésion aux listes “laïques”, il a changé substantiellement sa constitution et n’est plus le Front National […]49 ».
16Et c’est bien sur ce point que se produit la rupture : « on me répond pratiquement par une fin de non-recevoir50 » écrit le rp Philippe qui, le 24 septembre, envoie une lettre de démission à Pierre Villon. Le lendemain, Front National publie la note que le rp Philippe a présenté le 20 septembre et une déclaration signée par huit membres du comité directeur – François Mauriac, Max André, Mgr Chevrot, Louis Martin-Chauffier, Louis Bergeron, Jacques Debû-Bridel, Henri Choisnel et le rp Philippe. Seuls les cinq premiers disent s’opposer au oui-non au référendum, mais tous font bloc contre les listes républicaines et laïques préconisées par le mur51. La crise tourne bientôt à l’affrontement. Au cours du week-end des 6-7 octobre 1945, Jacques Debû-Bridel est chassé de Front National, éviction qui s’inscrit dans une cascade de défections. À la fin de ce mois, à de rares exceptions près – Jacques Bounin – tous les éléments « modérés » du fn sont partis et de nombreuses régions sont en crise. Trait caractéristique : cette hémorragie qu’encouragent des forces jusque-là discrètes – en particulier l’Église catholique –, n’est assortie d’aucune tentative de scission de la part des démissionnaires. La direction du pcf, en revanche, n’hésite pas à investir le fn de sa stratégie de « bloc républicain et démocratique de la résistance52 » pourtant sanctionnée par l’échec électoral du mur en octobre 1945 : Pierre Villon remercié, le 13 décembre 1945, Laurent Casanova est chargé de « repêcher » le fn pour en faire « un grand mouvement démocratique de caractère socialiste53 ». Dès lors et pour quatre ans, ce dernier suit un cours qui n’implique plus aucun élément « modéré ».
17Le double échec du projet de Pierre Villon et des espérances des « modérés » du fn est à ranger au rayon des « occasions manquées » de l’année 1945. Occasion manquée pour le pcf de préserver, notamment en maintenant un « parloir » avec le mrp, une alternative à une union de la gauche désormais réduite à un tandem pcf/ps – un « bloc historique » à l’italienne ? Occasion manquée pour les partis de la droite classique de revendiquer, via le fn, l’ancrage résistant leur permettant de ne pas s’en remettre au seul général de Gaulle pour réussir leur recomposition. Occasion manquée pour le mrp, surtout, d’arrimer durablement son ambition – déborder le courant démocrate-chrétien –, au socle de la diversité des engagements résistants de ses fondateurs. Occasions manquées au point d’induire une amnésie collective peu commune : les héritiers potentiels du Front national ont tous effacé ce dernier de leur culture politique. Occasion manquée par tous les partis d’inscrire « en Résistance » la redéfinition d’un clivage droite-gauche dont le déclin du parti radical et la percée du psf, avant la guerre, avaient signalé la nécessité et le choc du 10 juillet 1940, l’urgence.
Notes de bas de page
1 « Pour la formation d’un Front national de l’indépendance de la France », appel diffusé à partir des 26/27 mai 1941, mrn (Musée de la Résistance Nationale).
2 Daniel Virieux, « De la Résistance à la “Renaissance” : le cas du Front National (septembre 1944-décembre 1945) », dans Claire Andrieu, Gilles Le Béguec, Danielle Tartakowsky (dir.), Associations et champ politique, Publications de la Sorbonne, 2001, p. 339-358.
3 Pierre Villon, Résistant de la première heure, Messidor, 1983, p. 131 et 140.
4 « Lettre aux militants communistes » [octobre 1940], Les Cahiers du Bolchevisme, 1er trimestre 1941 ( mrn).
5 Alliance conclue en mars 1941 entre le pcf et le groupement « Lorraine ». Cf. Nicolas Hobam, Quatre années de lutte clandestine en Lorraine, Nancy, Éditions Berger-Levrault, 1946, p. 24.
6 Jacques Decour et Jean Paulhan recrutent d’emblée Jacques Debû-Bridel, le rp Augustin Maydieu et François Mauriac. Cf. Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains 1940-1953, Fayard, 1999.
7 Claude Delvincourt a composé l’hymne des Croix de feu en 1935 puis s’est engagé au psf en 1936. Cf. Aurélien Poidevin, Claude Delvincourt, un musicien en Résistance (automne 1941-été 1944), maîtrise d’histoire sous la direction de Danielle Tartakowsky, Paris VIII, juin 2003.
8 Cf. Manifeste publié par L’Université Libre, n° spécial, daté de septembre-octobre 1941 ( mrn).
9 « Rapports sur l’enseignement supérieur (novembre) [1942] », notes manuscrites ( mrn).
10 « Voyage en Zone Sud du 22 au 26 mai 1943 », rapport de Pierre Le Brun, cadre du parti radical rallié au pcf en janvier 1941 et chargé par ce dernier de sonder les parlementaires installés en zone non-occupée ( mrn).
11 Ibidem.
12 Carnets de Jacques Duclos, n° 1, mhv (Musée de l’Histoire Vivante). Député du Doubs sous l’étiquette « Républicain Indépendant d’Action Sociale », Lionel de Moustier est l’un des « 80 » opposants du 10 juillet 1940.
13 Le logement parisien de Max André abrite alors des rencontres entre ex-unitaires et ex-confédérés de la cgt. Cf. Le mouvement syndical dans la Résistance, Éditions de la Courtille, 1975, p. 205.
14 Pierre Villon, Résistant…, op. cit., p. 80.
15 Ibidem, p. 77.
16 Cf. « Copie de la lettre de Laroche » [Pierre Villon], en date du 16 juin 1944 ( mhv).
17 « Voyage en Zone Sud du 22 au 26 mai 1943 », rapport de Pierre Le Brun, op. cit.
18 « Le Front national de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France au Poste national de Brazzaville, Paris, le 4 septembre 1943 », déclaration ( mrn).
19 « La naissance du fn, de son comité directeur », note non datée [1950 ?] de Raymond Leibovici ( mrn).
20 « La dernière carte d’Hitler : l’anticommunisme » tract [mars 1944] et « Pour le 3e anniversaire du Front national nous serons un million », brochure [avril 1944] ( mrn).
21 Jacques Bounin, Beaucoup d’imprudences, Éditions Stock, 1974, p. 109.
22 Cf. Commentaire de Pierre Villon joint au rapport de Pierre Le Brun ( mrn).
23 Rapport en date du 20 décembre 1943 de Marcel Servin, adjoint de Pierre Villon ( mrn).
24 Jacques Bounin, op. cit., p. 119.
25 Cf. « Le Front National », interview de Madeleine Braun et de Pierre Villon par Claude et Germaine Willard, Cahiers d’Histoire de l’Institut Maurice Thorez, n° 10, novembre-décembre 1974.
26 La Marseillaise de Seine-et-Marne, organe du Front national, n° 12, en date du 13 février 1945 ( mrn).
27 Cf. Étienne Fouilloux, « Les forces religieuses », dans Philippe Buton et Jean-Marie Guillon (dir.), Les pouvoirs en France à la Libération, Belin, 1994, p. 134.
28 Cf. « Bureau Politique – Comptes rendus », séance du 18 janvier 1945, notes de René Roussel ( mrn).
29 Henri Choisnel, « Février 1934-Février 1945 », Front National, n° 153, 11-12 février 1945 ( mrn).
30 Jacques Bounin, op. cit., p. 230.
31 rp Philippe, « S’unir pour le bien de la France et des hommes », La Haute-Saône Libre, 9 décembre 1944 ( mrn).
32 Pascal Copeau, « L’heure de la réaction », Action, n° 17, 29 décembre 1944, Bibliothèque Marxiste de Paris.
33 Lettre du comité directeur du fn au comité directeur du mln, en date du 18 novembre 1944 ( mrn).
34 Motion de politique générale adoptée au 1er congrès du mln par 250 voix contre 119 ( mrn).
35 Le 30 septembre 1944, François Mauriac est tancé par de Gaulle qui, « mécontent de sa présence hier à la manifestation du Front national », enjoint à l’écrivain de démissionner du fn. Cf. Malcolm scott, Mauriac et de Gaulle, Paris, L’Esprit du Temps, 1999, p. 73.
36 Discours prononcé le 30 novembre 1944 par Maurice Thorez (OEuvres, Éditions Sociales, 1960, Livre V, Tome XX, p. 140).
37 Pierre Villon, « Les communistes et le Front National », rapport au Comité central du pcf, en date du 21 janvier 1945 ( mrn).
38 Procès-verbal du secrétariat du pcf du 29 janvier 1945 (Arch. pcf).
39 « Bureau Politique – Comptes rendus », séances des 9 et 16 mars 1945 ( mrn).
40 « Bureau Politique – Comptes rendus », séance du 3 mai 1945 ( mrn).
41 « Bureau Politique – Comptes rendus », séance du 11 mai 1945 ( mrn).
42 « Histoire [de l’unité de la Résistance] », rapport de Pierre Villon, peu après les élections municipales ( mrn).
43 « Rapport du camarade Pierre Villon – Comité central du 18 mai [1945] » ( mrn).
44 « Bureau Politique – Comptes rendus », séance du 15 juin 1945 ( mrn).
45 Le manifeste et la liste des signataires sont publiés dans Front National (23 juin) et dans Action (29 juin).
46 Constituée fin août 1945 sous l’égide de la cgt, la Délégation des gauches associe pcf, ps, Parti radical et Ligue des droits de l’homme.
47 Le « Oui » à la première question – « Voulez-vous que l’Assemblée élue ce jour soit constituante ? » – fonde la IVe République. Le « Non » à la deuxième – « Approuvez-vous que les pouvoirs publics soient, jusqu’à la mise en vigueur de la nouvelle Constitution, organisés conformément aux dispositions du projet de loi figurant au verso de ce bulletin ? » – récuse la limitation des pouvoirs de la nouvelle Assemblée.
48 Cf. Pierre Villon, « Nos clairs mots d’ordre », Front National, 10 septembre 1945.
49 « Note » du rp Philippe [début octobre 1945] ( mrn).
50 Ibidem.
51 Pierre Villon, « Le Comité directeur du Front national et les élections », Front national, 25 septembre 1945 ( mrn).
52 Bulletin d’information et d’organisation du mur, supplément en date de septembre 1945 ( mrn).
53 « Exposé Casanova », synopsis en date du 20 décembre 1945 ( mrn).
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