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    Plan détaillé Texte intégral Du côté de Rennes… Au xixe siècle : une histoire en pointillé Des années 1910 aux années 1960 : émergence et affirmation d’un modèle Des années 1960 aux années 1990 : trois projets expérimentaux pour les Archives nationales Les mutations contemporaines des archives territoriales Notes de bas de page Auteur

    Les conflits d’archives

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    Montrer pour mieux cacher ?

    Variations sur l’architecture des bâtiments d’archives, entre transparence et opacité

    Christian Hottin

    p. 319-330

    Texte intégral Du côté de Rennes… Au xixe siècle : une histoire en pointillé Archives et bibliothèques des Lumières à l’Empire, la présence ou l’absence du lecteur Hubert Janniard et les grands dépôts Des années 1910 aux années 1960 : émergence et affirmation d’un modèle Maurice et Jean Royer : le souci du lecteur et la naissance du magasin moderne L’œuvre de Michel Duchein, et la tour comme expression de la modernité Des années 1960 aux années 1990 : trois projets expérimentaux pour les Archives nationales Fontainebleau, ou le lieu invisible du travail de l’État Une réflexion savante sur l’accueil du public : le CARAN Roubaix, recherches hésitantes pour établir une nouvelle forme de dialogue entre les archives et la cité Les mutations contemporaines des archives territoriales La décentralisation et les concours d’architecture L’opacité : faire œuvre d’art d’une contrainte Transparence architecturale et diversification des espaces (dédiés aux) publics Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Du côté de Rennes…

    1Également auteurs de l’extension du Palais des Beaux-arts de Lille, les architectes Ibos et Vitart ont réalisé le séduisant bâtiment des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine1. Avec sa longue façade vitrée, la désignation de sa fonction peinte en immenses lettres rouges, ses larges entrées, il semble exprimer de la manière la plus évidente la volonté des architectes de donner une image des archives fort éloignée des représentations traditionnellement attachées à cette institution : point d’opacité, mais de la transparence, pas de labyrinthe administratif conduisant à d’obscurs bureaux mais au contraire une mission qui s’affiche clairement et est lisible de tous, non point un monde de l’entre-soi, mais plutôt un service public bien inséré au cœur de la cité et proche du citoyen.

    2Tout cela est vrai, et cependant… Une étude plus fine du bâtiment, de sa localisation, des missions des services qui l’abritent renvoie à une réalité autre, qui sans faire mentir la représentation recherchée, brouille quelque peu son évidente simplicité. Le lieu apparaît certes largement ouvert sur le monde et accueillant pour tous les publics, mais on est bien loin du centre-ville de Rennes, dans une zone périphérique où cohabitent de nombreuses administrations et qui nécessite la voiture ou les transports en commun pour venir s’asseoir en salle de lecture. La hausse du coût du mètre carré bâti en centre-ville a conduit depuis plus de vingt ans de nombreuses collectivités à relocaliser en périphérie des services d’archives auparavant souvent implantés près des centres historiques. La dénomination de l’institution s’affiche fièrement en façade, mais la réalité institutionnelle est plus complexe, puisque d’autres services, rattachés ou non à la direction des archives occupent également les lieux. Organigrammes et architecture ne se superposent donc pas nettement… Enfin, l’ouverture sur la société a beau être évidente, derrière cette façade vitrée se trouvent des dépôts qui, quant à eux, tant en raison des règles de sécurité contre l’intrusion que du respect des normes techniques de préservation des documents, sont nécessairement opaques…

    3Le discours de l’architecture sur les archives, qui met volontiers l’accent sur l’ouverture et sur la transparence, renforce une évolution fonctionnelle de ces services clairement observable depuis un demi-siècle : l’importance toujours plus grande accordée au public. Il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant longtemps, les archives se sont fort bien accommodées de l’opacité, qu’elle soit discrète ou d’une monumentalité assumée, ainsi que de l’absence de lecteurs. C’est ce que l’on se propose de découvrir à travers un peu plus de deux siècles d’évolutions de l’architecture des bâtiments d’archives en France.

    Au xixe siècle : une histoire en pointillé

    Archives et bibliothèques des Lumières à l’Empire, la présence ou l’absence du lecteur

    4Un regard posé superficiellement sur l’architecture des archives et sur celle des bibliothèques pourrait tendre à confondre l’une et l’autre. En réalité, si les passerelles ne manquent pas entre ces deux types de programme2, les différences l’emportent de beaucoup, selon nous, sur les points de convergence. Une des plus spectaculaires tient probablement à la place faite au lecteur dans l’économie générale des édifices. Programmes, plans et représentations permettent de rendre clairement perceptibles cette différence de traitement. On choisira, en introduction, de mettre en parallèle le projet d’Étienne Louis Boullée pour la bibliothèque royale et celui de Jacques Cellerier pour les Archives de l’Empire.

    5En 1786, lorsque Boullée imagine de couvrir la cour du Palais Mazarin pour établir la grande salle de la bibliothèque royale, il compose une de ses vues d’architecture parmi les plus célèbres, emblématique jusqu’à nos jours des représentations de la place de la bibliothèque dans la cité : sa bibliothèque est une immense agora couverte, baignée d’une douce lumière zénithale, sur les côtés de laquelle s’étagent en gradins les galeries accueillant les rayonnages. Seuls ou déambulant par petits groupes, tantôt méditatifs, tantôt pris dans de vives discussions, des personnages vêtus à l’antique peuplent ces murailles d’ouvrages, saisissant l’un, reposant l’autre. Cette représentation de la bibliothèque est fondée sur la coprésence des livres et des lecteurs, les joutes verbales des seconds venant prolonger les polémiques déployées dans les premiers.

    6Tout autre est l’ambiance qui se dégage des plans et vues en perspective du Palais des Archives que Jacques Cellerier conçoit en 18123. Prévu pour être implanté sur les quais de la Seine, à l’extrémité du Champs de Mars et face au Palais du roi de Rome, l’édifice a la forme d’un carré de cent toises de côté avec quatre étages en élévation. Chaque étage compte 392 cases, soit 1568 au total, ce qui représente une capacité estimée à un million de cartons. Les différents plans existants – peu précis, il est vrai – ne donnent à voir aucune place réservée pour une salle de lecture. Tout l’espace disponible semble assigné aux documents, et la conception de l’édifice est du reste largement influencée par la recherche de leur préservation : le bois est proscrit, seuls la pierre et le métal doivent être mis en œuvre.

    7Sans doute la Bibliothèque de Boullée était-elle, avant tout, un phantasme des Lumières à la veille de la Révolution. Pas plus que la grande agora couverte, les Archives de l’Empire ne virent le jour : la campagne de Russie était bien engagée lorsque les travaux débutèrent, la première abdication y mit un terme définitif. Le souvenir de ce projet éphémère, qui n’a pas connu de postérité dans la mémoire collective ou la littérature – contrairement à l’éléphant de la Bastille, autre projet impérial de Cellerier – a toutefois durablement marqué le milieu des archivistes professionnels. Très souvent confrontés à des locaux trop exigus et appropriés à la va-vite pour un usage qui ne leur était pas destiné, les archivistes ont aimé se remémorer ce bâtiment parfait, spécialement conçu pour les archives, quand bien même il eût été impropre à l’accueil des lecteurs. Il n’est pas anodin qu’en 1985, au seuil d’un ouvrage rendant compte de vingt années d’efforts de l’État pour la construction des services d’archives départementales, figure un article dont le propos est purement historique et qui a pour unique objet l’histoire du projet de Cellerier4, comme si la Cinquième République, en mettant en œuvre le programme type élaboré par le conservateur Michel Duchein, donnait enfin une consistance tangible au rêve de bâtiment idéal de l’architecte Cellerier. Entre le projet unique et mort-né d’une part et la déclinaison territoriale du modèle type de l’autre, cent cinquante ans se sont écoulés et l’accueil des lecteurs est devenu une préoccupation concrète pour les archivistes et les architectes en charge de projets de bâtiments d’archives.

    Hubert Janniard et les grands dépôts

    8En 1856 Hubert Janniard devient architecte des archives de l’Empire. Il lui revient de concevoir l’ensemble des grands dépôts dans l’espace compris entre le Palais Soubise et la rue des Quatre-Fils. Les archives sont ici destinées à être montrées : l’étage noble des grands dépôts se présente sous la forme d’une galerie traversant tout une série de pièces. Pour ceux qui sont autorisés à les parcourir, les archives sont bien visibles et c’est en même temps tout un théâtre de l’histoire et du pouvoir qui est organisé. La pièce centrale de la galerie, la plus importante, met en scène la figure du souverain, Napoléon III, à travers son buste. C’est également là que sont rassemblés les documents les plus insignes, dont le Trésor des chartes, et les plus secrets, tels la fameuse armoire de fer. Cette organisation des archives est également une mise en scène chronologique de l’histoire : de part et d’autre de la pièce centrale se déploient à l’ouest les archives de l’Ancien Régime et à l’est celles des régimes postérieurs à la Révolution5.

    9Pour autant, l’opacité est de mise lorsque l’on considère la façade donnant sur la rue des Quatre-Fils. Aucune ouverture ne vient troubler l’alternance des pilastres et des tables de pierre qui en rythme l’élévation. Le passant averti pourra toutefois identifier aisément, dans l’espace compris entre les deux colonnes de fonte, le centre de la galerie de l’étage noble et donc l’emplacement, invisible, mais bien reconnaissable, de l’armoire de fer… Quant à la salle de lecture ouverte au public, elle est des plus modestes et des plus discrètes, fort éloignée en tout cas du chef-d’œuvre que Labrouste conçoit au même moment pour la bibliothèque impériale, quelques années après son magistral coup d’essai de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

    Des années 1910 aux années 1960 : émergence et affirmation d’un modèle

    Maurice et Jean Royer : le souci du lecteur et la naissance du magasin moderne

    10À la veille de la Grande Guerre, Paul d’Arbois de Jubainville est archiviste de la Meuse. Les fonds dont il a la charge s’entassent dans un local assez mal approprié à sa fonction entre la préfecture et le palais de justice, dans la ville basse de Bar-le-Duc. Grâce aux contacts qu’il nourrit, en tant qu’historien, avec des collègues archivistes de l’Empire allemand, d’Arbois de Jubainville est en mesure de penser pour le nouvel édifice des Archives départementales un programme qui satisfera aussi bien au confort des lecteurs qu’à la sécurité des collections. Maurice et Edmond Royer, architectes du département de la Meuse, vont traduire en architecture ces réflexions et élever ce qui peut être considéré comme le premier service d’archives départementales moderne de France. On y trouve en effet – à une échelle modeste il est vrai – toutes les fonctions caractéristiques d’un service d’archive de plein exercice, associées à un agencement des espaces qui prend pleinement en compte les besoins de la profession6.

    11La salle de lecture est située au premier étage du bâtiment, dans une petite rotonde d’angle qui donne à l’édifice sa silhouette évocatrice des bureaux d’une caisse d’épargne. Modeste mais bien configurée, la salle de lecture est clairement dissociée aussi bien des bureaux des archivistes que des magasins d’archives. Pour abriter ceux-ci Maurice et Edmond Royer édifient un vaste parallélépipède, abondamment éclairé, revêtu d’une enveloppe de pierre mais reposant tout entier sur une ossature métallique, véritable structure autoporteuse qui renferme toutes les travées et rayonnages destinés à recevoir les archives.

    12Novatrices en elles-mêmes, les deux parties du bâtiment le sont également du fait du lien – ou plutôt de l’absence de lien entre elles : en effet dans ce service, les espaces dévolus aux lecteurs d’une part et aux documents de l’autre, les uns comme les autres clairement identifiés, sont nettement dissociés ; le lecteur ne pénètre en principe jamais dans les magasins et le document n’entre en contact du lecteur que dans la salle de lecture, sous la surveillance des archivistes.

    13Dans la réalisation des architectes meusiens, la place des archives dans la cité est nettement affirmée : la rotonde d’angle signale l’édifice au passant et la fonction de l’édifice (« Archives de la Meuse ») est inscrite en lettres capitales sur la façade. Les archives elles-mêmes ne sont pas soustraites à la vue : le dépôt donnant sur la rue latérale est largement éclairé par de grandes baies vitrées, en vertu des principes hygiénistes qui perdureront encore quelques décennies avant que l’obscurité ne soit de nouveau recherchée, cette fois-ci au nom de la préservation des documents…

    L’œuvre de Michel Duchein, et la tour comme expression de la modernité

    14Après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte global de reconstruction et de modernisation de l’administration en France, une impulsion forte est donnée à la construction de nouveaux services d’archives, notamment dans les départements. Au sein de l’administration centrale des archives, la création d’un bureau dédié à la normalisation du travail archivistique (le service technique), favorise la mise en forme progressive d’un « plan type » pour les bâtiments des Archives départementales. Un jeune conservateur du service, Michel Duchein7, prend notamment en main cette question, publiant d’abord un article dodu dans la revue Archivum (dès 1956)8 puis, dans plusieurs ouvrages de la direction des Archives de France, de nombreuses études, réflexions et préconisations qui auront un rayonnement considérable, en France comme à l’étranger9.

    15Au cours des Trente glorieuses, pour la première fois dans leur histoire, les archives se dissocient des institutions productrices de documents, généralement localisées dans le centre-ville, pour gagner la proche périphérie des préfectures. Dans ces zones au bâti peu dense, souvent pavillonnaires ou artisanales, les architectes départementaux élèvent des constructions d’une hauteur telle que le bâtiment des archives tend à devenir sinon le plus élevé, du moins l’un des plus élevés de la petite agglomération : il en va ainsi à Alençon10, à Arras11, à Mâcon12, ou encore à Draguignan13, qui est encore en ce temps-là la préfecture du département du Var. Les nouvelles Archives de Seine-Maritime, inaugurées en 1965, dérogent toutefois à cette association entre visibilité accrue et localisation excentrée : c’est sur les rives de la Seine, solidement arrimées à la nouvelle préfecture et plantées en face des tours et flèches médiévales qu’elles semblent concurrencer, que les archives se donnent à voir, avec leur tour de près de 90 m de haut comptant pas moins de 27 étages.

    16Dans tous les cas, les magasins sont encore baignés d’une abondante lumière, comme aux Archives départementales du Nord, bâtiment en forme de barre et non de tour, mais dont chaque étage est pourvu d’une série continue de fenêtres qui lui donnent l’aspect d’un immeuble de bureau plus que d’un lieu de stockage.

    17Si les préconisations normalisatrices des bureaux accordent une importance centrale à la question de la conservation des documents, la prise en compte des besoins propres aux lecteurs commence également à s’imposer à eux. La hausse importante du nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur conduit vers les services d’archives des cohortes toujours plus nombreuses de jeunes chercheurs. Les salles de lectures font l’objet de préconisations spécifiques, destinées à rendre le séjour du lecteur agréable et productif. René Gandilhon écrit ainsi à leur sujet en 1950 : « [La salle doit être] claire. Rayonnages suffisants, mais ne contenant que le strict nécessaire au rangement des usuels14. Tables en chêne ciré clair. Peinture ou papier vert, éclairage électrique important. Fichiers métalliques avec tringles. » En 1956, dans son article pour la revue Archivum qui jette les bases de sa réflexion programmatique sur l’agencement des services d’archives, Michel Duchein souligne l’importance de la place de la salle de lecture dans l’économie générale de l’édifice : elle doit être pour le lecteur d’un accès aussi aisé qu’évident : « il importe que le public soit dirigé, à son entrée du bâtiment, sans erreur possible, vers la salle de lecture15 ».

    Des années 1960 aux années 1990 : trois projets expérimentaux pour les Archives nationales

    18Nous avons laissé les archives centrales de l’État au temps des grands dépôts conçus par Janniard sous le Second Empire. Il faut attendre les décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale pour que des projets de constructions nouvelles de grande ampleur voient le jour aux Archives nationales16. Très différents, ces trois projets architecturaux s’inscrivent dans des contextes sociaux et urbains qui le sont tout autant. Chacun traduit de manière privilégiée la relation que l’institution des Archives souhaite entretenir avec l’État, avec le public ou avec la société dans son ensemble.

    Fontainebleau, ou le lieu invisible du travail de l’État

    19C’est Claude Aureau, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, qui est chargé de la conception de la Cité interministérielle des archives, devenue le Centre des archives contemporaines17. En lisière de la forêt de Fontainebleau, sur un ancien site de l’OTAN, deux unités souterraines de 80 km de rayonnages chacune seront construites, sur les dix initialement prévues. Dans l’esprit de ses promoteurs, cette cité doit être réservée à l’accueil et au traitement des archives intermédiaires des ministères – des documents produits par les administrations mais non encore triés en vue de n’en conserver qu’une petite partie à des fins patrimoniales. Une fois traitées, les archives subsistantes sont destinées à rejoindre Paris, qui demeure le lieu de conservation, et surtout de communication, de celles-ci. Voué au travail des archivistes et étroitement lié aux besoins des administrations, le site de Fontainebleau n’a pas vocation à accueillir des chercheurs et ne comporte donc pas, à sa création, de salle de lecture. Très loin des berges de la Seine, mais tout proche d’un palais, bien réel cette fois-ci, hanté par le souvenir de l’empereur, Fontainebleau peut apparaître comme la réalisation tardive, partielle et surtout foncièrement anti-monumentale du grand dessein napoléonien confié à Cellerier : non point un palais, mais bien une cité pour les archives ; cité souterraine (voisinage d’un monument historique oblige), dont ne sont visibles que les pavillons abritant les bureaux, telles les tourelles d’un sous-marin ou les parties émergées d’un iceberg. La localisation, très périphérique par rapport au centre-ville de Fontainebleau et notablement malcommode par rapport à la gare locale (elle-même très excentrée), achève d’en faire un lieu peu accueillant pour le public.

    20Après l’unité 1 (1978) et l’unité 2 (1983), le projet marque le pas puis s’arrête. La destination du lieu change, même si la fonction archivistique demeure : Fontainebleau conservera désormais les archives contemporaines définitives. Il faut bien, dans les années 1990, y installer une salle de lecture… sans que pour autant les lecteurs ne viennent s’y bousculer.

    Une réflexion savante sur l’accueil du public : le CARAN

    21Si Fontainebleau est à l’origine un centre d’archives pensé sans accueil du public (situation somme toute relativement fréquente), le CARAN (Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales) est quant à lui un projet de lieu d’archives exclusivement tourné vers l’accueil des lecteurs, ce qui est beaucoup plus rare, voire tout à fait exceptionnel. Ce bâtiment fait partie des grands projets lancés par Jean Favier lors de son arrivée à la direction des Archives de France18. Il trouve sa justification dans la dispersion des espaces de consultation au sein du quadrilatère des archives nationales, éclatés entre les différentes sections et les différents types de documents. L’idée centrale du projet est de supprimer toutes ces salles de lecture spécifiques et de les remplacer par un espace unique qui apportera aux chercheurs, en plus d’un confort de travail accru, une qualité d’accompagnement inédite dans leur recherche. Lancé par Favier au temps de Valéry Giscard d’Estaing, puis relancé après que le directeur des Archives de France a survécu à la grande alternance de 1981, le projet du CARAN, seul grand chantier parisien pour les Archives, ne bénéficiera toutefois jamais du soutien politique exceptionnel que François Mitterrand donnera au Louvre lors de son premier septennat puis à la Bibliothèque nationale au cours du second. Il restera cantonné au rang des projets présentant un intérêt scientifique, technique et logistique, mais dépourvus de dimension nationale19.

    22Stanislas Fiszer, talentueux architecte franco-polonais, est l’auteur du bâtiment. Bien plus qu’une simple salle de lecture, celui-ci est pensé comme une sorte d’incubateur des projets de recherche qui doit accompagner le lecteur à toutes les étapes de son cheminement, des ténèbres vers la lumière. Les espaces d’accueil sont situés au rez-de-chaussée : c’est là que le nouvel arrivant effectue les démarches administratives d’inscription et se dépouille de ses manteaux et cartables pour ne conserver que papiers et crayons (en attendant les ordinateurs portables). Devenu ainsi apprenti en archives, il gagne ensuite le premier étage, et la salle des inventaires, au sein de laquelle les archivistes le guideront dans le maquis des instruments de recherche et l’aideront à préciser les contours de son programme de travail. Enfin, après avoir commandé ses documents sur un terminal informatique, il passe compagnon et accédera à la connaissance dans les salles des deuxième et troisième étages, largement baignées de lumière. La première, ouverte sur le jardin, est dédiée à la consultation des originaux, la seconde, tournée vers le ciel et orientée au nord, reçoit les lecteurs de microformes. Percée d’ouvertures en petit nombre, la façade sur la rue des Quatre-Fils s’inscrit dans la continuité des grands dépôts de Janniard et reprend, sur un mode atténué, leur esthétique de l’opacité. Tout au contraire, celle qui ouvre au sud sur le jardin de Rohan est presque entièrement vitrée.

    23La modernité du CARAN est également présente dans la place tout à fait novatrice qui est faite à la gestion des documents grâce à l’outil informatique : le minitel permet en effet au lecteur de commander à l’avance les documents depuis leur domicile et de les prolonger à l’issue d’une séance ou en cas d’annulation de celle-ci. Cette modernité a un revers, que les concepteurs n’ont pas anticipé : au cours des années 1990 et 2000 dans un contexte de tensions toujours aiguës entre l’administration des archives et plusieurs organisations syndicales, la centralisation des consultations en un lieu unique fera du CARAN le centre névralgique de toutes les luttes sociales des agents des archives, la menace d’une grève interrompant les communications et constituant un moyen de pression redoutable sur la direction de l’établissement.

    Roubaix, recherches hésitantes pour établir une nouvelle forme de dialogue entre les archives et la cité

    24Particulièrement complexe, le projet roubaisien – soit l’installation d’un centre des archives nationales dans une ancienne filature de coton en plein centre de Roubaix – est traversé par plusieurs réorientations politiques qui vont modifier profondément le dessein initial, sans que le projet architectural évolue en conséquence. En résultent des distorsions entre forme et fonctions qui aujourd’hui encore, un quart de siècle après l’inauguration, pèsent toujours sur l’usage des lieux.

    25Filature emblématique de l’ère des châteaux de l’industrie, la filature Motte-Bossut de Roubaix est inscrite en 1978 à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, trois ans avant que l’usine ne cesse son activité. Au cœur du versant nord-est de la métropole lilloise durement frappée par la crise du textile, le site paraît avoir un important potentiel pour une reconversion tant symbolique d’économique. Il est choisi en 1985 pour accueillir le premier centre interministériel des archives du monde du travail20. Ce projet de réseau de centres d’archives d’entreprises interrégional est directement issu des nationalisations opérées par le gouvernement de Pierre Mauroy en 1981 : une troisième tranche de magasins souterrains devait à Fontainebleau accueillir les archives des sièges parisiens des entreprises nationalisées, tandis que les cinq centres envisagés en province avaient vocation à recevoir les documents de leurs antennes régionales. Le tournant de la rigueur de 1983, puis l’alternance politique de 1986 et la première cohabitation, sonnent le glas de ce vaste programme. Reste le projet roubaisien, pour lequel sont imaginés dès l’origine des connexions avec les entreprises locales exerçant dans des secteurs innovants (télécommunications), sociétés privées et archives publiques devant partager certains espaces en vue de créer des synergies entre connaissances scientifiques et expertise économique.

    26En 1985, Alain Sarfati est lauréat du concours, avec un projet ambitieux et original, qui prévoit de réserver la moitié du bâtiment principal de la filature pour les magasins, en dédiant presque toute l’autre partie à des espaces d’accueil du public (expositions, conférences, salles d’ateliers). C’est à travers le partage de ces espaces avec des structures extérieures aux archives que devraient notamment se nouer des collaborations. Les multiples retards du chantier, l’aggravation de la crise industrielle, mais aussi les tensions entre l’État et la Ville de Roubaix, vont peu à peu réduire à néant cette ambition initiale d’ouverture… d’autant plus que les règles et normes en matière de bâtiments d’archives plaident clairement en faveur d’une stricte partition des espaces.

    27Au final lorsque le centre est inauguré en 1993 il se présente comme un centre d’archives aux fonctionnalités classiques, mais doté d’espaces d’accueil du public totalement hypertrophiés par rapport à sa modeste équipe d’une quinzaine d’agents. Beaucoup de plateaux d’exposition demeurent inoccupés et nombre d’expositions ne connaissent au mieux qu’un succès d’estime21.

    28Quant à la relation au lecteur, elle ne se nouera pas forcément d’une manière plus heureuse. Devenu après 1986 un projet de centre des archives nationales consacré aux fonds d’entreprises, de syndicats, d’associations et d’architectes, Roubaix reçoit au milieu des années 1990 un grand nombre de fonds auparavant conservés à Paris. Ce transfert provoque des tensions entre les archives de France et les cercles des historiens de l’économie. Les cartons vont à Roubaix, mais les lecteurs ne suivent pas le mouvement. En dépit de la qualité de la collecte, la salle reste souvent désespérément vide…

    29Symbole de cet échec, l’entrée monumentale en forme de pont-levis, voulue par Sarfati entre les deux tours de la pointe occidentale de l’usine, demeure le plus souvent close. Seule l’entrée latérale, jadis empruntée par les ouvrières et les ouvriers, sert de point d’accès régulier, d’autant plus qu’elle permet de traverser tout le bâtiment pour accéder au quartier des longues haies, instaurant ainsi un lieu de circulation pour des passants roubaisiens qui ne deviennent que rarement un public pour les archives.

    Les mutations contemporaines des archives territoriales

    30Les années 1980 sont celles d’une profonde mutation pour l’architecture des archives territoriales, notamment dans les départements22. Deux lois sont à l’origine de cette transformation radicale.

    La décentralisation et les concours d’architecture

    31Entre 1983 et 1986, d’une part, les Archives départementales cessent d’être un service déconcentré de l’État pour devenir un équipement des conseils généraux23. Cette décentralisation s’accomplit en même temps que celle des bibliothèques départementales de prêt. Le rôle des Archives départementales va être profondément modifié par l’acte I de la décentralisation : elles étaient des services relativement discrets, dotés d’une forte culture administrative, qui accueillaient avant tout un public de chercheurs et d’élèves des écoles… Elles vont devenir des conservatoires de la mémoire écrite des départements et seront appelées à jouer un rôle important non seulement dans la construction des politiques culturelles de ceux-ci, mais encore dans l’affirmation de leur identité politique et culturelle. En effet, les documents qu’elles conservent, de par leur origine, sont particulièrement à même de venir nourrir les récits mémoriels et identitaires de ces collectivités qui s’émancipent alors de la tutelle des préfets.

    32En 1985, d’autre part, la loi sur la maîtrise d’ouvrage publique (MOP), en généralisant le principe du concours, va introduire des effets de concurrence et d’émulation entre architectes. Alors que par le passé le bâtiment d’archives était un programme qu’un architecte en charge d’un département pouvait être amené à étudier tout au plus une fois au cours de sa carrière, certains cabinets privés vont désormais se spécialiser dans la construction de bâtiments d’archives, répondant régulièrement aux concours qui concernent ce programme. Certains vont se distinguer aussi bien dans des projets nationaux que des projets locaux, tels Sarfati ou Fiszer, qui, à la suite de leurs réalisations aux Archives nationales, remporteront les concours des Archives de l’Indre et d’Eure-et-Loir24. D’autres, au contraire, choisiront de se cantonner aux projets d’archives départementales. Le plus célèbre d’entre eux reste Bernard Feypell, avec pas moins de 9 réalisations à son actif, avant ou après la loi MOP25.

    L’opacité : faire œuvre d’art d’une contrainte

    33En rupture avec les magasins souvent généreusement éclairés des décennies précédentes, les magasins d’archives de la période contemporaines sont la plupart du temps strictement aveugles, ou au mieux percés de véritables meurtrières. En effet, les normes de conservation, et donc de protection, des documents s’appliquent désormais avec toute leur rigueur : il s’agit de limiter la diffusion de la lumière, pour réguler la température et prévenir l’altération des archives, mais aussi de réduire les risques d’intrusions accidentelles (oiseaux ou rongeurs) et intentionnelles (voleurs). De forme bien compacte et totalement opaque, les magasins des Archives d’Eure-et-Loir, une autre réalisation de Stanislas Fiszer, sont bien représentatifs de cette nouvelle génération d’édifices.

    34Toutefois, l’opacité peut également devenir pour l’architecte plus qu’une prescription à respecter ; il lui est alors possible de jouer avec elle pour conférer aux archives que renferment les magasins une aura de mystère. Corinne Vezzoni, lauréate du concours pour la construction des Archives départementales des Bouches-du-Rhône insère le « galet » rouge et précieux des magasins dans l’enveloppe largement éclairée des bureaux et salles de travail : l’opacité est ainsi, en quelque sorte, mise en lumière26.

    35À peu près à la même époque, pour l’annexe des Archives départementales d’Aix-en Provence, Jean-Michel Battesti imagine un édifice cubique, aux arêtes vives, percé d’un jeu de fenêtres irrégulières27. Il revendique pour son édifice autant le caractère massif de celui-ci que son austérité, deux qualités qui entrent bien en résonance avec les représentations traditionnelles du monde des archives28.

    Transparence architecturale et diversification des espaces (dédiés aux) publics

    36Si les magasins se doivent d’être opaques (et donc les documents d’archives invisibles), l’institution des archives se doit, quant à elle, d’être visible, et l’usage récurrent du verre pour les façades des espaces ouverts au public vise à n’en point douter à créer dans l’esprit du visiteur des associations d’idées de transparence, de fluidité, de simplicité des relations entre administration et usagers. Dans cet emploi massif des surfaces vitrées, il y a sans doute, s’agissant des archives, plus qu’un recours somme toute attendu à un poncif de l’architecture contemporaine : l’institution a connu entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 une grave crise de représentation et de légitimité, à la suite notamment de la parution de l’ouvrage de Sonia Combes Archives interdites29. Un important effort a été accompli par les archivistes pour faire évoluer leur rapport au public et montrer, au-delà de la conscience professionnelle qui guidait jusqu’alors leurs actions, qu’ils avaient conscience de l’enjeu que représentait pour la profession l’image d’une institution ouverte sur le monde, au service de la société et disposée à communiquer largement non seulement les archives, mais aussi sur le travail des archivistes. Le verre rend perceptible dans l’espace public ce que la numérisation a permis sur l’écran, d’abord en salle de lecture, puis en ligne à partir des années 2000.

    37Tout comme le projet déjà évoqué de Corinne Vezzoni à Marseille, la réalisation d’Albert Constantin pour les Archives municipales de Lyon30 traduit fort bien ce dessein, en l’inscrivant de surcroît dans un programme d’aménagement urbain chargé de sens. Installées dans une ancienne poste, les archives municipales sont le premier édifice public que découvre le piéton au débouché des tunnels qui passent sous les voies de chemin de fer de la gare de Perrache. La façade vitrée des archives accueille celui-ci à l’orée d’un secteur de la ville en pleine recomposition, qui abandonne peu à peu son passé industriel pour se muer en espace de services, de loisir et de consommation culturelle. Le long du trajet du tramway, le parcours qui débute par les archives municipales s’achève sur la ponctuation majeure du musée des confluences. Mutatis mutandis, le parallèle peut être fait avec les anciens docks de Marseille, le bâtiment des Archives départementales, et à l’autre extrémité des quais, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée.

    38Parmi les réalisations les plus récentes, signalons celles qui affichent sur leurs parois vitrées des pièces d’archives, rendant plus explicite encore, par la duplication agrandie de documents cachés au cœur des magasins, la fonction de monstration des archives désormais assignée à l’institution : sélection de documents représentatifs pour les archives de la Gironde31, documents médiévaux pour l’extension des archives des Landes32, façade en verre sérigraphié de Margaret Gray pour les nouvelles archives du Bas-Rhin33. L’identification entre les archives et la communauté territoriale est plus forte encore dans ce dernier cas : ce sont des photographies anciennes d’habitants du Bas-Rhin qui figurent dans l’œuvre de la plasticienne.

    39Cette invocation presque rituelle de l’ouverture n’est pas qu’affaire de représentations graphiques et de technique architecturale : elle accompagne en fait un profond mouvement de transformation fonctionnelle des services d’archives, parfaitement lisible dans les programmes et visible dans l’agencement des espaces construits34. Entre la fin des années 1980 et le milieu des années 2000 les salles de lectures voient leur superficie augmenter sensiblement, et les espaces de consultation des documents se diversifient progressivement, selon le modèle de répartition des activités observé au CARAN : salle pour les inventaires, espace de consultation pour les documents originaux, espace réservé pour les microfilms et (ou) les archives numérisées. Dans le même temps, les espaces destinés à recevoir du public se font plus nombreux et plus variés. À l’ancienne salle polyvalente qui servait tout à la fois pour le service éducatif, les conférences des sociétés savantes et les expositions-dossiers, succèdent des auditoriums souvent fort luxueusement équipés (mais qui doivent bien souvent servir en outre aux manifestations du conseil général, y compris quand elles sont sans rapport avec la vie des archives), des salles d’exposition aux caractéristiques techniques tendant à se rapprocher des préconisations en vigueur dans les musées, et enfin des salles pour les travaux de groupe ou les ateliers du service éducatif. À partir de la fin de la décennie 2000, les salles de lecture se vident progressivement, à mesure que se développe la consultation en ligne des documents numérisés (en particulier ceux relatifs à l’état civil, nécessaires aux généalogistes qui forment une part très importante du lectorat des Archives départementales).

    Notes de bas de page

    1 Archives de l’Ille-et-Vilaine (2004-2006), architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 105-109.

    2 Ces liens ont été notamment étudiés par Stéphanie Quantin-Biancalani dans le cadre de son mémoire consacré à l’architecture des bâtiments d’archives au xixe siècle. Voir Quantin Stéphanie, Les bâtiments d’archives en France (1789-1914), mémoire de maîtrise, université Paris IV Sorbonne, Françoise Hamon dir., septembre 2004, 3 vol.

    3 Duclert Vincent, « Un palais pour les archives. Le projet Napoléon dans l’histoire », Sociétés & Représentations, 19, 2005/1, p. 79-94. DOI:10.3917/sr.019.0079, [https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2005-1-page-79.htm]

    4 Mahieu Bernard, « Un projet pour Napoléon », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 11-14.

    5 Potin Yann, « Archives en sacristie. Le trésor est-il un bâtiment d’archives ? Le cas du “Trésor des chartes” des rois de France (xiiie-xixe siècle) », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 65-85. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1016], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1016].

    6 Sur cet édifice, voir Hottin Christian, « Bar-le-Duc : 1913, 1969, 2005. Les trois âges du bâtiment d’archives », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 45-63. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1015], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1015].

    7 Michel Duchein (1926-2021). Archiviste, historien de l’Écosse, auteur de romans policiers et collaborateur d’Arcadie, un polygraphe en somme.

    8 Duchein Michel, « Les bâtiments d’archives départementales en France », Archivum, VI, 1956, p. 108-177.

    9 Outre l’article cité ci-dessus, les étapes de cette réflexion sont Les bâtiments d’archives, construction et équipement (Paris, CIA, 1966), Archives Buildings and Equipment (Munich, Saur K. G., 1977), Les bâtiments d’archives, construction et équipement (Paris, Archives nationales, 1985) et Bâtiments d’archives ; vingt ans d’architecture française (1965-1985) (Paris, Archives nationales, 1986). Michel Duchein écrit dans ce dernier ouvrage un texte qui embrasse l’ensemble de la période.

    10 Archives de l’Orne (1971-1972), architecte : Daubin. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 66-67.

    11 Archives du Pas-de-Calais (1972-1974), architecte : Francis Lemaire. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 68.

    12 Archives de Saône-et-Loire (1967-1971), architecte : Henri Palazzi. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 73.

    13 Archives du Var (1968-1972), architecte : Cabinet Hémeric. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 82-83.

    14 Gandilhon René, « L’organisation d’un dépôt d’archives modernes », Gazette des archives, n. s., no 9, janvier 1951, p. 34-38, p. 38.

    15 Duchein Michel, « Les bâtiments d’archives départementales en France », Archivum, VI, 1956, p. 108-176, p. 119.

    16 À la fin du xixe et au début du xxe siècle, l’extension des archives centrales sur le site du Marais se fait surtout par des opérations d’appropriation de bâtiments existant, en général d’anciens hôtels particuliers voisins du Palais Soubise. Le plus important est l’Hôtel de Rohan, laissé vacant dans l’entre-deux-guerres par l’Imprimerie nationale.

    17 Aureau Claude, « Le centre des archives contemporaines de Fontainebleau », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 103-112.

    18 Pour une présentation du projet contemporaine de sa réalisation, voir Favier Lucie et Mahieu Bernard, « Le Centre d’accueil et de recherches des Archives nationales (CARAN) », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), op. cit., p. 126-133.

    19 Pour une étude récente Hottin Christian, « À la belle époque du Minitel : le Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales, ou la modernisation inachevée des Archives nationales », in Nathalie Simonot et Rosine Lheureux (dir.), Architectures et espaces de la conservation (1959-2015). Archives, bibliothèques, musées, Lille, Septentrion presses universitaires, 2018, p. 19-33.

    20 Publié la même année que le concours pour le centre de Roubaix, l’ouvrage dédié aux bâtiments d’archives reste laconique sur ce projet. On se contente d’une planche du projet de Sarfati pour le concours et de quelques lignes qui le décrivent, notamment, comme le premier des cinq centres prévus… « Le centre d’archives du monde du travail à Roubaix », Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), op. cit., p. 134.

    21 Sur le Centre des archives du monde du travail, voir Thiéry Virginie, « Du coton au carton, changement de production pour la filature Motte-Bossut. Le Centre des archives du monde du travail, un défi architectural relevé par Alain Sarfati », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 105-120. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1018], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1018].

    22 Voir Hottin Christian, « L’architecture des bâtiments d’archives en France (1983-2003). De la rationalisation à l’émancipation », in Des hommes, des lieux, des archives : pour une autre pratique de l’archivistique, Paris, CNRS/LAHIC et MCC/Mission à l’ethnologie, 2009, p. 122-141. (coll. « Les carnets du LAHIC », no 4), [http://garae.fr/Carnet%20LAHIC%204.pdf].

    23 Pour autant, la très grande majorité des fonds conservés continuent d’être des documents appartenant à l’État, et quelques membres des équipes demeurent avec le statut de fonctionnaire d’État. Le directeur, quant à lui, appartient toujours à la fonction d’État et accomplit certaines de ses missions par délégation du préfet.

    24 Archives de l’Eure-et-Loir (2004-2005), architectes : Fiszer Atelier 41 et J.M. Poisson. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 86-89.

    25 Archives des Hauts-de-Seine (1979), Archives de Seine-Saint-Denis (1983), Archives de Seine-et-Marne (1990), Archives de la Dordogne (1992), Archives de la Manche (2000), Archives de l’Aude (2002), Archives des Yvelines (2003), Archives de la Vienne (1999-2007), Archives du Gard (2010).

    26 Archives des Bouches-du-Rhône à Marseille (2003-2005), architectes : Cabinet Corinne Vezzoni et Pascal Laporte. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 67-70.

    27 Archives des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence (2002-2004), architecte : Jean-Michel Battesti. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 64-66.

    28 À la suite du transfert à Marseille des fonds conservés à Aix (principalement les archives de l’ancien parlement), le bâtiment de Battesti devrait être repris par la municipalité pour accueillir les archives municipales.

    29 Combes Sonia, Archives interdites. Les peurs françaises face à l’histoire contemporaine, Paris, Albin Michel, 1994.

    30 Archives municipales de Lyon (1999-2001), architecte : Albert Constantin. Bâtiments d’archives (1986-2003), Paris, Direction des archives de France, 2004, p. 114-117.

    31 Archives de la Gironde (2006-2010), architectes : ADM Mathurins Paris et Atelier 41 Bordeaux. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 95-99.

    32 Archives des Landes (2005-2007), architectes : Nathalie Larradet et Cabinet Deshoulières-Jeanneau. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 110-114.

    33 Archives du Bas-Rhin (2006-2009), architectes : Bernard Ropa et TOA (Alain Oesch). Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 151-154.

    34 Voir Hottin Christian, « Un bâtiment d’archives pour le public : attentes et besoins des utilisateurs », in Actes des deuxièmes journées d’études internationales de la Direction des Archives de France, Bâtiments d’archives, bâtiments du futur (Annecy, 26-28 mai 2003), 2003, Paris, [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00010203/document].

    Auteur

    • Christian Hottin
      Christian Hottin a fait ses études à l’École des chartes, à l’École pratique des hautes études et à l’Institut national du patrimoine. Il est docteur en histoire de l’art de PSL. Conservateur dans la spécialité Archives, il a travaillé successivement aux Archives nationales et au ministère de la culture avant de revenir à l’INP comme directeur des études en 2016. Son parcours de recherche l’a notamment conduit à s’intéresser à l’architecture et aux représentations des institutions publiques aux xixe et xxe siècles (universités, grandes écoles, archives, bibliothèques, administrations). Il est membre associé de l’UMR 9022 Héritages.
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    1 Archives de l’Ille-et-Vilaine (2004-2006), architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 105-109.

    2 Ces liens ont été notamment étudiés par Stéphanie Quantin-Biancalani dans le cadre de son mémoire consacré à l’architecture des bâtiments d’archives au xixe siècle. Voir Quantin Stéphanie, Les bâtiments d’archives en France (1789-1914), mémoire de maîtrise, université Paris IV Sorbonne, Françoise Hamon dir., septembre 2004, 3 vol.

    3 Duclert Vincent, « Un palais pour les archives. Le projet Napoléon dans l’histoire », Sociétés & Représentations, 19, 2005/1, p. 79-94. DOI:10.3917/sr.019.0079, [https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2005-1-page-79.htm]

    4 Mahieu Bernard, « Un projet pour Napoléon », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 11-14.

    5 Potin Yann, « Archives en sacristie. Le trésor est-il un bâtiment d’archives ? Le cas du “Trésor des chartes” des rois de France (xiiie-xixe siècle) », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 65-85. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1016], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1016].

    6 Sur cet édifice, voir Hottin Christian, « Bar-le-Duc : 1913, 1969, 2005. Les trois âges du bâtiment d’archives », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 45-63. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1015], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1015].

    7 Michel Duchein (1926-2021). Archiviste, historien de l’Écosse, auteur de romans policiers et collaborateur d’Arcadie, un polygraphe en somme.

    8 Duchein Michel, « Les bâtiments d’archives départementales en France », Archivum, VI, 1956, p. 108-177.

    9 Outre l’article cité ci-dessus, les étapes de cette réflexion sont Les bâtiments d’archives, construction et équipement (Paris, CIA, 1966), Archives Buildings and Equipment (Munich, Saur K. G., 1977), Les bâtiments d’archives, construction et équipement (Paris, Archives nationales, 1985) et Bâtiments d’archives ; vingt ans d’architecture française (1965-1985) (Paris, Archives nationales, 1986). Michel Duchein écrit dans ce dernier ouvrage un texte qui embrasse l’ensemble de la période.

    10 Archives de l’Orne (1971-1972), architecte : Daubin. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 66-67.

    11 Archives du Pas-de-Calais (1972-1974), architecte : Francis Lemaire. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 68.

    12 Archives de Saône-et-Loire (1967-1971), architecte : Henri Palazzi. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 73.

    13 Archives du Var (1968-1972), architecte : Cabinet Hémeric. Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 82-83.

    14 Gandilhon René, « L’organisation d’un dépôt d’archives modernes », Gazette des archives, n. s., no 9, janvier 1951, p. 34-38, p. 38.

    15 Duchein Michel, « Les bâtiments d’archives départementales en France », Archivum, VI, 1956, p. 108-176, p. 119.

    16 À la fin du xixe et au début du xxe siècle, l’extension des archives centrales sur le site du Marais se fait surtout par des opérations d’appropriation de bâtiments existant, en général d’anciens hôtels particuliers voisins du Palais Soubise. Le plus important est l’Hôtel de Rohan, laissé vacant dans l’entre-deux-guerres par l’Imprimerie nationale.

    17 Aureau Claude, « Le centre des archives contemporaines de Fontainebleau », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), Paris, Archives nationales, 1986, p. 103-112.

    18 Pour une présentation du projet contemporaine de sa réalisation, voir Favier Lucie et Mahieu Bernard, « Le Centre d’accueil et de recherches des Archives nationales (CARAN) », in Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), op. cit., p. 126-133.

    19 Pour une étude récente Hottin Christian, « À la belle époque du Minitel : le Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales, ou la modernisation inachevée des Archives nationales », in Nathalie Simonot et Rosine Lheureux (dir.), Architectures et espaces de la conservation (1959-2015). Archives, bibliothèques, musées, Lille, Septentrion presses universitaires, 2018, p. 19-33.

    20 Publié la même année que le concours pour le centre de Roubaix, l’ouvrage dédié aux bâtiments d’archives reste laconique sur ce projet. On se contente d’une planche du projet de Sarfati pour le concours et de quelques lignes qui le décrivent, notamment, comme le premier des cinq centres prévus… « Le centre d’archives du monde du travail à Roubaix », Bâtiments d’archives, vingt ans d’architecture française (1965-1985), op. cit., p. 134.

    21 Sur le Centre des archives du monde du travail, voir Thiéry Virginie, « Du coton au carton, changement de production pour la filature Motte-Bossut. Le Centre des archives du monde du travail, un défi architectural relevé par Alain Sarfati », Livraisons d’histoire de l’architecture, no 10, 2e semestre 2005. p. 105-120. DOI, [https://doi.org/10.3406/lha.2005.1018], [www.persee.fr/doc/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1018].

    22 Voir Hottin Christian, « L’architecture des bâtiments d’archives en France (1983-2003). De la rationalisation à l’émancipation », in Des hommes, des lieux, des archives : pour une autre pratique de l’archivistique, Paris, CNRS/LAHIC et MCC/Mission à l’ethnologie, 2009, p. 122-141. (coll. « Les carnets du LAHIC », no 4), [http://garae.fr/Carnet%20LAHIC%204.pdf].

    23 Pour autant, la très grande majorité des fonds conservés continuent d’être des documents appartenant à l’État, et quelques membres des équipes demeurent avec le statut de fonctionnaire d’État. Le directeur, quant à lui, appartient toujours à la fonction d’État et accomplit certaines de ses missions par délégation du préfet.

    24 Archives de l’Eure-et-Loir (2004-2005), architectes : Fiszer Atelier 41 et J.M. Poisson. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 86-89.

    25 Archives des Hauts-de-Seine (1979), Archives de Seine-Saint-Denis (1983), Archives de Seine-et-Marne (1990), Archives de la Dordogne (1992), Archives de la Manche (2000), Archives de l’Aude (2002), Archives des Yvelines (2003), Archives de la Vienne (1999-2007), Archives du Gard (2010).

    26 Archives des Bouches-du-Rhône à Marseille (2003-2005), architectes : Cabinet Corinne Vezzoni et Pascal Laporte. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 67-70.

    27 Archives des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence (2002-2004), architecte : Jean-Michel Battesti. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 64-66.

    28 À la suite du transfert à Marseille des fonds conservés à Aix (principalement les archives de l’ancien parlement), le bâtiment de Battesti devrait être repris par la municipalité pour accueillir les archives municipales.

    29 Combes Sonia, Archives interdites. Les peurs françaises face à l’histoire contemporaine, Paris, Albin Michel, 1994.

    30 Archives municipales de Lyon (1999-2001), architecte : Albert Constantin. Bâtiments d’archives (1986-2003), Paris, Direction des archives de France, 2004, p. 114-117.

    31 Archives de la Gironde (2006-2010), architectes : ADM Mathurins Paris et Atelier 41 Bordeaux. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 95-99.

    32 Archives des Landes (2005-2007), architectes : Nathalie Larradet et Cabinet Deshoulières-Jeanneau. Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 110-114.

    33 Archives du Bas-Rhin (2006-2009), architectes : Bernard Ropa et TOA (Alain Oesch). Les archives dans la cité. Architecture d’archives 2004-2012, Paris, Service interministériel des Archives de France, 2012, p. 151-154.

    34 Voir Hottin Christian, « Un bâtiment d’archives pour le public : attentes et besoins des utilisateurs », in Actes des deuxièmes journées d’études internationales de la Direction des Archives de France, Bâtiments d’archives, bâtiments du futur (Annecy, 26-28 mai 2003), 2003, Paris, [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00010203/document].

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    Hottin, Christian. « Montrer pour mieux cacher ? ». In Les conflits d’archives, édité par Stéphane Péquignot et Yann Potin. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.162611.
    Hottin, Christian. « Montrer pour mieux cacher ? ». Les conflits d’archives, édité par Stéphane Péquignot et Yann Potin, Presses universitaires de Rennes, 2022, https://doi.org/10.4000/books.pur.162611.

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    Péquignot, S., & Potin, Y. (éds.). (2022). Les conflits d’archives (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.162446
    Péquignot, Stéphane, et Yann Potin, éd. Les conflits d’archives. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.162446.
    Péquignot, Stéphane, et Yann Potin, éditeurs. Les conflits d’archives. Presses universitaires de Rennes, 2022, https://doi.org/10.4000/books.pur.162446.
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