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La base navale allemande de Brest

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Lars Hellwinkel

Chapitre I. Les conditions préalables à l’installation de la Kriegsmarine en France

Texte intégral

La côte atlantique française dans les considérations stratégiques de la Kriegsmarine

  • 1 Mahan Alfred Thayer, The influence of sea power upon history, 2 tomes, Londres5, Sampson Low, Marst (...)
  • 2 Constatation en automne 1932 du directeur des archives de la Marine allemande, le vice-amiral Eberh (...)

1La situation géographique d’un pays est, d’après l’ouvrage de référence du contre-amiral américain Alfred Thayer Mahan sur la stratégie navale, le facteur le plus important à côté d’une flotte correspondante aux opérations prévues1. Bien que la marine de l’Empire allemand disposât par exemple au début de la Première Guerre mondiale avec sa flotte de haute mer d’un énorme potentiel militaire maritime, le blocus allié de la mer du Nord l’a rendu inutilisable. Sans avoir livré la grande bataille navale tant cherchée par l’amirauté allemande contre la Royal Navy – la bataille du Jutland en 1916 n’avait produit aucun vainqueur clair – la flotte impériale se saborda finalement à Scapa Flow. Dans la Marine de la République de Weimar, qui avait été limitée par le traité de Versailles à six cuirassés anciens, six croiseurs légers, 24 contre-torpilleurs et torpilleurs et à un effectif de 15 000 hommes, on recherchait déjà peu de temps après la fin du conflit les raisons de la défaite de la flotte impériale. À l’aide de travaux d’officiers de Marine actifs effectués en hiver et d’une étude de l’Amirauté sur la Première Guerre mondiale, les expériences faites par la Marine impériale pendant la guerre devaient être incluses dans la formation des futurs officiers. Toutefois, le résultat était bien loin d’être édifiant. Beaucoup d’anciens officiers se sont rendu compte que la Marine impériale avait pris une « fausse route2 » en suivant aveuglément les pensées de Tirpitz qui avait réclamé la construction d’une flotte puissante. Dans sa conception d’une grande bataille navale décisive, l’Amirauté Impériale avait perdu de vue les opérations à grandes distances, c’est-à-dire la guerre de course, avec des forces navales plus légères qui auraient pu détourner de manière importante les forces de l’adversaire.

  • 3 Bien que l’Empire allemand eût des colonies en Afrique et dans le Pacifique, les ports ne furent pa (...)
  • 4 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928. Konzeption und Führung der Marine i (...)
  • 5 Ibid., p. 130.
  • 6 Wegener Wolfgang, Die Seestrategie des Weltkrieges, Berlin, Mittler, 1929.

2Cependant, les bases nécessaires pour une guerre de course avec les moyens de réparation et de ravitaillement nécessaires ont sans cesse manqué du côté allemand3. Le manque d’initiative pour une utilisation plus agressive de la flotte au cours de la Première Guerre mondiale et l’absence des conditions géographiques pour établir une suprématie navale furent sujets à de très intenses discussions au sein des cercles navals allemands à partir de 1925. Elles ont été initiées par le très critique chef de l’artillerie navale, le contre-amiral Wolfgang Wegener, sur les concepts existants de la stratégie navale allemande. Encouragé par de nombreuses discussions avec des officiers supérieurs de la marine, Wegener a décidé en septembre 1925 d’envoyer au chef du Commandement de la Marine, l’amiral Zenker, un mémorandum dans lequel il demandait le renoncement de la Marine allemande aux idées purement tactiques au profit d’une amélioration de sa position géographique4. Son mécontentement vis-à-vis de l’insistance tactique de la Marine allemande à rester « dans l’étroitesse angoissante de la baie d’Heligoland5 » est rendu publique dans une édition de sa note qu’il a distribuée en 1926 à un groupe d’officiers supérieurs de la Marine. Après sa retraite, Wegener a rendu son mémoire accessible au public en le publiant en 19296.

  • 7 Ibid., p. 63.
  • 8 Ibid., p. 20.
  • 9 Ibid., p. 20.

3Précisant son regard sur l’histoire de la guerre navale pendant la Première Guerre mondiale, Wegener notait que la Marine impériale n’avait pas été en mesure de voir au-delà du « terrain d’exercice d’Heligoland7 ». Au contraire, à son avis, on aurait dû essayer au début de la guerre d’avancer dans le cadre d’une offensive stratégique en étroite collaboration avec le commandement suprême de l’armée de terre jusqu’aux bords de l’océan Atlantique. L’objectif idéal d’une telle opération aurait été la saisie d’une position stratégique sur l’Atlantique comme le port de Brest. Avec l’occupation de cette base importante de la Marine française, la flotte allemande serait, d’après Wegener, enfin passée à la guerre navale ce qui lui aurait permis de « renaître8 ». Le refus d’une telle opération dont l’alternative était la saisie de bases en Scandinavie, au Danemark, en Norvège, en Islande ou aux îles Féroé correspondait aux yeux de Wegener à un « renoncement total à la guerre navale9 ».

  • 10 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928, op. cit., p. 131.

4En Allemagne, les idées de Wegener représentaient une nouvelle approche de la guerre navale, notamment pour les questions géostratégiques, car jusque-là, la stratégie de la guerre navale n’avait attiré que peu d’attention10. C’est surtout la question de la coopération entre l’armée de terre et la Marine qui devait prendre de l’importance. Les idées stratégiques de Wegener ont rencontré beaucoup d’intérêt de la part des jeunes officiers de Marine ; ceci est d’autant plus vrai que les erreurs stratégiques de la Marine impériale étaient à ce moment-là bien connues mais n’avaient pas été ouvertement discutées dans la Marine. Wegener n’était pas, en raison de sa qualité d’inspecteur de l’artillerie navale, dans une position où il aurait pu influencer le développement des idées stratégiques au sein de la Marine allemande. Et les conditions politiques et militaires de l’Allemagne des années 1920 ne correspondaient pas non plus à ses théories.

  • 11 Le commandement naval allemand intervint non seulement auprès de la maison d’édition, qui désormais (...)
  • 12 Rahn Werner, « Strategische Optionen und Erfahrungen der deutschen Marineführung 1914 bis 1944: Zu (...)

5C’est sans doute le débat politique autour de la construction du cuirassé A, menaçant le remplacement des vieux navires de ligne datant de l’avant-guerre, qui a amené le nouveau commandant en chef, l’amiral Erich Raeder, à éviter la diffusion des idées de son camarade de promotion Wegener dans les rangs de la petite Reichsmarine11. Un débat public sur la pensée revancharde de Wegener aurait pu mettre en danger les plans de reconstruction de la Marine allemande. Le peu de compréhension que les politiques ont eu pour les demandes du commandement naval apparaît nettement lorsque, en mai 1929, le ministre de la défense Groener demanda à l’amiral Raeder pourquoi la Marine de la République de Weimar avait besoin de navires de guerre de plus de 10 000 tonnes, donc supérieurs aux limites du traité de Versailles12. Le chef du commandement naval justifia la nécessité de ces navires par la protection des routes maritimes allemandes.

  • 13 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928, op. cit., p. 131. Voir également (...)
  • 14 Cf. Mahan Alfred Thayer, The influence of sea power upon history, op. cit., p. 30.
  • 15 Cf. Rahn Werner, « Strategische Optionen und Erfahrungen der deutschen Marineführung 1914 bis 1944: (...)

6Bien que Raeder, fidèle à la tradition de Tirpitz, qualifie encore en 1931 dans une lettre à l’amiral Levetzow le livre de son camarade Wegener de « ouvrage bâclé13 », la théorie de Mahan14 sur la nécessité d’une position géostratégique pour attaquer les routes commerciales d’un ennemi, théorie adoptée par Wegener, correspondait bien à la nouvelle stratégie de la guerre de course favorisée par le commandant en chef de la Marine allemande. Son effet de diversion des forces navales ennemies supérieures en nombre devait former la base de la stratégie navale de l’amiral Raeder et la guerre de course a été bien appliquée par les forces navales allemandes au début de la Seconde Guerre mondiale. Sa théorie d’une guerre navale à long terme, Raeder l’avait déjà développée en travaillant sur les opérations des croiseurs de la Marine impériale à travers une grande étude effectuée pendant la guerre ; il n’était donc pas dans ses idées stratégiques influencé par Wegener15.

  • 16 Cité d’après Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 375.
  • 17 Ibid., p. 375.
  • 18 Ibid., p. 376.
  • 19 Ibid., p. 376.

7Les thèses de Wegener d’acquérir une position géostratégique se retrouvent aussi chez les officiers de la Marine allemande. Un de ses partisans a été le directeur de l’Académie navale, le capitaine de vaisseau Weichold, qui, au milieu des années 30, réclamait aux dirigeants politiques qu’ils examinassent déjà en temps de paix l’acquisition de colonies ou de bases aux abords des zones maritimes importantes pour l’Allemagne16. D’après celui-ci, en temps de guerre, il était impératif de se procurer une telle base à l’aide d’opérations militaires et la Marine, dans ce cas-là, devrait exécuter ces « expéditions de conquête17 ». Un autre parallèle aux thèses de Wegener se trouve dans un discours prononcé par le chef de l’Académie navale en 1936 qui demanda comme Wegener l’occupation de la côte atlantique française18. Selon l’historien allemand Jost Dülffer, ce ne pouvait pas être une coïncidence qu’un homme comme Weichold qui incarnait dans ses déclarations l’idée revancharde de la Kriegsmarine ait été choisi par Raeder pour former les futurs officiers de la Marine allemande19.

  • 20 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen (...)
  • 21 Ibid., p. 173.

8Le débat sur l’acquisition de bases outremer a débuté à une époque où la Reichsmarine a commencé à inclure l’océan Atlantique ainsi que la Méditerranée dans ses réflexions stratégiques. Selon le commandement naval allemand, la flotte française serait le principal adversaire potentiel dans les premiers affrontements de la petite Marine de Weimar. Ceci supposait qu’en cas de conflit avec la Pologne la flotte française entrerait en mer du Nord et dans la Baltique pour soutenir les forces alliées polonaises en raison de l’accord militaire signé entre Varsovie et Paris en février 192120. Dans ce cas, les premiers concepts stratégiques du commandement naval allemand sous les ordres de l’amiral Behncke prévoyaient l’utilisation de toutes les unités navales allemandes disponibles dans la mer Baltique afin d’y détruire la petite Marine polonaise et ensuite de les diriger à l’Ouest pour éviter la pénétration éventuelle d’une flotte de débarquement française21. Mais cette utilisation des vieux cuirassés et croiseurs de la Reichsmarine dans les eaux étroites de la Baltique, avec une apparition certaine de sous-marins français dans cette zone, aurait sûrement conduit à une catastrophe du côté allemand.

  • 22 Ibid., p. 176.

9À partir de septembre 1924, avec l’arrivée au commandement naval de l’amiral Zenker, la stratégie navale allemande s’orientait plus vers l’Ouest. Pour utiliser au mieux les forces navales allemandes existantes contre la flotte française, elles devaient affaiblir l’adversaire au moment de son approche dans la mer du Nord par des attaques de nuit. Alors que flotte allemande commencerait par d’intenses exercices nocturnes au large des ports de la mer du Nord, une attaque de la flotte française au large fut aussi examinée. Tout ceci reposait sur l’hypothèse que la Marine française passerait tout de suite à l’offensive au moment d’un conflit. Mais déjà au cours de l’été 1925 le commandement naval allemand changeait d’avis et prévoyait plutôt que la flotte française ne mènerait que des petites opérations contre le trafic maritime allemand en mer du Nord. En même temps, l’utilisation de croiseurs auxiliaires pour des opérations en dehors de la mer du Nord fut pour la première fois étudiée depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Dans le scénario de guerre de l’hiver 1925/26, dont l’objectif principal était la protection de l’approvisionnement de l’Allemagne en provenance des États-Unis et de la Grande-Bretagne en cas de guerre, le commandement naval allemand arrive à la conclusion que l’utilisation de croiseurs auxiliaires en mer Méditerranée et sur la côte ouest de l’Afrique pourrait offrir des avantages pour la protection de ce trafic, car elle engagerait les forces ennemies dans cette zone et par cela elle donnerait plus de liberté d’action aux unités de la flotte allemande pour protéger les voies maritimes en mer du Nord22.

  • 23 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen (...)
  • 24 Raeder Erich, Mein Leben, t. II, op. cit., p. 39.
  • 25 Cf. Dülffer Jost., Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 374.

10L’Atlantique devenait de plus en plus une zone opérationnelle dans les plans stratégiques de la Marine allemande. Sous la direction de l’amiral Raeder, commandant en chef de la Reichsmarine depuis le 30 septembre 1928, la France restait l’adversaire principal à l’Ouest. Mais les plans pour une confrontation avec la Marine française s’éloignaient de plus en plus de la vieille bataille navale pour tendre vers la guerre de course moderne. Après le scénario de guerre de 1932, dans lequel une fois de plus une guerre avec la Pologne et l’intervention de la France étaient au centre des opérations, l’une des cibles de la flotte allemande à côté d’une attaque de la flotte polonaise étant une opération contre les transports de troupes français de l’Afrique du Nord vers la France métropole et la perturbation des liaisons maritimes françaises23. Dans la planification de ce scénario de guerre, la Marine allemande faisait déjà recours aux trois nouveaux cuirassés de la classe Deutschland dont la première unité, le Deutschland, était mis en service en avril 1933. Ces unités avaient été conçues pour remplacer les anciens navires de ligne, mais leur taille avait été limitée par le traité de Versailles à un déplacement de 10 000 tonnes. Pour cette raison, la Reichsmarine a décidé de construire un navire de guerre très rapide avec des armes relativement puissantes. Le choix du moteur diesel au lieu de la propulsion classique à vapeur devait permettre à ces nouvelles unités une vitesse accélérée et un rayon d’action plus élevé24. De cette façon les amiraux allemands voulaient résoudre le problème de l’inexistence de bases d’appui, car, avec la prolongation du rayon d’action, une base d’approvisionnement anciennement nécessaire était aux yeux des amiraux allemands quasiment incorporée dans ces navires25. Dans les Kriegsspiel de la Marine allemande avant 1939 les nouveaux cuirassés jouaient un rôle important. Leur utilisation a été prévue pour l’Atlantique où les navires devaient attaquer le trafic maritime français. La stratégie maritime développée prévoyait une attaque par surprise et un retrait immédiat lors de l’apparition de forces ennemies supérieures. Cette tactique devait éviter des dommages graves pour les navires parce que des installations de réparation n’étaient pas disponibles en raison de l’absence de bases d’appui.

  • 26 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen (...)
  • 27 Ibid., p. 196.
  • 28 Cf. Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 375.

11Le problème des bases apparait à nouveau quand les autorités navales allemandes ont commencé à étudier le cas de la Grande-Bretagne comme adversaire possible. Le pays a déjà été en 1934 l’objet d’une réunion entre Hitler et Raeder26 mais le commandant en chef de la Marine allemande n’envisageait une opposition des deux pays que dans un futur très lointain et il a continué à s’en tenir dans sa planification stratégique à une neutralité bienveillante de la part de la Grande-Bretagne. C’est bien pourquoi la France a été considérée dans les premiers scénarios de guerre de la Kriegsmarine comme l’ennemi principal. À l’utilisation prévue des cuirassés et croiseurs auxiliaires contre les routes maritimes françaises s’ajoutait après l’accord naval anglo-allemand de juin 1935 l’utilisation de la nouvelle arme sous-marine contre les ports français de l’Atlantique et de la Méditerranée27. Que Raeder n’ait pas approfondi la question des bases avec Hitler, l’historien Jost Dülffer explique cela par le renouvellement de la Marine allemande et les constructions en cours qui étaient beaucoup plus importantes pour le commandant en chef à l’époque28.

  • 29 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen (...)
  • 30 Salewski Michael, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, op. cit., t. I : 1935-1941, p. 41.
  • 31 Cf. le memorandum dans Salewski Michael, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, op. cit., t. III  (...)
  • 32 Ibid., p. 40.
  • 33 Ibid., p. 41.
  • 34 Ibid., p. 45.
  • 35 Ibid., p. 47-49.

12Bien que l’amiral Raeder ait, selon ses mémoires, interdit catégoriquement à ses officiers d’envisager, même théoriquement, une guerre contre la Grande-Bretagne, le haut commandement de la Kriegsmarine a examiné en 1937 une éventuelle guerre contre ce pays29. Dans cette étude, les amiraux allemands ont examiné plusieurs scénarios de guerre contre l’Union soviétique, la France et le Royaume-Uni avec différentes constellations d’alliances entre ces pays. Dans ces travaux, le haut commandement de la Kriegsmarine arriva à la conclusion que seule une guerre navale sans l’intervention de la Grande-Bretagne pourrait être menée avec un certain succès vu les capacités opérationnelles navales du côté allemand. Ce n’est finalement qu’en mai 1938 que la Kriegsmarine s’est orientée officiellement vers la Grande-Bretagne quand Hitler donna l’ordre à l’amiral Raeder de prendre en considération une éventuelle guerre navale contre ce pays30. L’état-major de la Kriegsmarine élabora alors des plans stratégiques qui correspondaient aux nouveaux principes et en octobre 1938, le capitaine de frégate Hellmuth Heye du bureau des opérations publia une étude intitulée : « La guerre navale contre l’Angleterre et les exigences qui en découlent pour les objectifs stratégiques et la structure de la Kriegsmarine31. » Dans ce travail, Heye tira la conclusion que parmi les différentes possibilités de la Kriegsmarine en cas d’une guerre contre la Grande-Bretagne, seule la guerre de course serait « la plus prometteuse32 ». Le caractère offensif de ce type de stratégie permettait aussi à un attaquant plus faible un succès car l’adversaire, supérieur en forces, serait obligé de disperser ses unités pour protéger ses voies maritimes. Mais la réponse à la question : est-ce qu’une flotte adaptée à la guerre de course peut vraiment remporter une victoire contre la Royal Navy, Heye ne la donne pas33. Dans ce nouveau contexte, la question des bases redevenait une fois de plus importante. Tant que l’Allemagne ne possédait pas de bases à l’étranger, une guerre de course ne s’appuierait que sur les liaisons des navires avec leurs ports d’attache. Mais comme une telle liaison serait toujours incertaine dans le cadre d’un conflit potentiel et que les ports allemands pourraient être bloqués comme pendant la Première Guerre mondiale, Heye réclama la création de bases en dehors de la mer du Nord. Pour cela, il préconisa des visées sur des ports du centre-Atlantique ou de l’Atlantique Sud. En plus de la restitution des anciennes colonies allemandes d’Afrique ou de l’utilisation des bases espagnoles et italiennes en Afrique, Heye accorda aussi beaucoup d’importance à la Norvège et à la France. Une opération de l’armée de terre en direction de la Manche jusqu’à « la sortie Ouest (Brest) » était selon Heye d’une « valeur décisive » pour les futures opérations de la Kriegsmarine, à condition bien sûr que l’armée de terre considère une telle opération comme présentant de l’intérêt34. Pour mettre en œuvre sa nouvelle stratégie, Heye a appelé à la construction de types de navires de guerre avec un rayon d’action le plus élevé possible afin de les rendre indépendants en approvisionnement et ainsi capables d’affronter les navires britanniques qui eux, en revanche, pouvaient s’appuyer sur différentes bases dans le monde. L’arme principale de cette nouvelle guerre outremer devrait être les nouveaux cuirassés de poche tandis que les navires de ligne devaient rester en mer du Nord afin d’y affronter les unités lourdes de la Royal Navy ou de faire face à une escadre française35.

  • 36 Note AV du 8 mars 1939 dans « collection Raeder » (Kriegsfragen 08-03-1939 – 01-03-1943) (BAMA RM/6 (...)
  • 37 Cf. Salewski Michael, « Basis Nord – Eine fast vergessene Episode aus dem 2. Weltkrieg », Schiff un (...)
  • 38 Cf. Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 523.

13Le 8 mars 1939, le port de Brest a été de nouveau l’objet d’une discussion au haut commandement de la Kriegsmarine. Après l’évaluation du scénario de guerre du printemps 1939, dont l’action envisagée était un conflit avec la France et la Grande-Bretagne en 1943, avec l’utilisation des ports de Brest et de El Ferrol en Espagne, le contre-amiral Fuchs arriva à la conclusion que la prise de ces ports était hors de question en raison de la ligne Maginot qui apparaissait insurmontable36. La création d’une base allemande sur le sol russe à Polarnoje semblait plus réalisable37. Mais le chef d’état-major de la Kriegsmarine, l’amiral Schniewind, continuait à considérer le port breton comme « la solution la plus propice38 ».

Options stratégiques face à la guerre : la rencontre Halder-Schniewind en octobre 1939

  • 39 Cf. Wagner Gerhard, Lagevorträge des Oberbefehlshabers der Kriegsmarine vor Hitler 1939-1945, op. c (...)

14Quand la Seconde Guerre mondiale éclata le 1er septembre 1939 avec l’invasion allemande de la Pologne, la Kriegsmarine était encore en pleine reconstruction. Confronté à la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne le 3 septembre 1939, l’amiral Raeder nota que pour la Marine allemande la guerre avait commencé cinq ans trop tôt et que la Kriegsmarine n’était « en aucun cas suffisamment préparée pour le grand combat avec l’Angleterre39 ». La reconstruction de la flotte de guerre, prévue à l’aide du plan Z adopté en février 1939, était bien loin d’être achevée et les grandes unités existantes se trouvaient encore en formation. Seuls, les deux cuirassés Deutschland et Admiral Graf Spee étaient, en septembre 1939, disponibles pour des opérations à longue distance.

  • 40 Ibid., p. 20. Pour la situation de la Kriegsmarine voir aussi Brézet François-Emmanuel, « 3 septemb (...)
  • 41 Ibid., p. 21.

15La célèbre remarque du Grand Amiral Raeder que les quelques forces de surface allemandes existantes ne pouvaient que montrer, même avec l’utilisation la plus complète de leurs forces, qu’elles « savaient mourir dans la dignité40 » témoigne aussi de la résignation du commandant en chef de la Kriegsmarine vis-à-vis du rapport de force inégal entre la Marine allemande et les Marines de la France et la Grande-Bretagne. Les Alliés pouvaient en effet opposer aux deux nouveaux croiseurs de bataille allemands Gneisenau et Scharnhorst et aux trois cuirassés de poche de la classe Deutschland pas moins de vingt-deux unités lourdes. Face à cette situation, le commandant en chef n’accordait aucune importance ni à la guerre de course par des unités de surface ni à l’utilisation des sous-marins41.

  • 42 Cf. Hubatsch Walther, Hitlers Weisungen für die Kriegführung 1939-1945, Francfort, Bernard & Graefe (...)
  • 43 Ibid.

16Pourtant la guerre de course contre le trafic maritime avec un accent mis sur l’Angleterre était la principale tâche de la Kriegsmarine d’après la directive no 1 de Hitler du 31 août 193942. C’était l’arme sous-marine qui devait ensuite jouer le rôle décisif dans les opérations navales allemandes. Son commandant, le capitaine de vaisseau Dönitz, réclama le 1er septembre 1939 une augmentation de l’effectif en passant de 57 sous-marins à 300 unités. À cette époque, le chef de la flotte des sous-marins possédait seulement 26 bâtiments adaptés à une opération dans l’Atlantique et avec lesquels il ne se considérait pas en mesure de remporter le moindre succès dans une guerre de course contre le commerce britannique43.

  • 44 Journal de guerre (KTB) Seekriegsleitung, 5 octobre 1939, p. 52. Voir également Jacobsen Hans Adolf (...)
  • 45 Cf. Jacobsen Hans Adolf et Rohwer Jürgen, « Planungen und Operationen der deutschen Kriegsmarine im (...)
  • 46 Ibid., p. 68.

17En plus du petit nombre de sous-marins, la Kriegsmarine ne possédait aucune base en dehors de ses ports de la mer du Nord et la mer Baltique. Ainsi, les sous-marins allemands, dans leur lutte contre les convois alliés dans l’Atlantique, étaient obligés de contourner d’abord les îles Britanniques par le nord pour parvenir à leurs zones d’opération. Afin de discuter des possibilités d’améliorer cette situation, le chef d’état-major de la Kriegsmarine, le vice-amiral Schniewind, s’est entretenu le 5 octobre 1939 avec le chef de l’état-major général de l’armée de terre, le général Halder44. Schniewind montra à Halder qu’une action décisive contre la Grande-Bretagne ne pouvait être atteinte que par l’arme sous-marine de la Kriegsmarine et par les avions de la Luftwaffe. Il a alors demandé à Halder quelles étaient les possibilités de l’armée de terre afin de donner à la Marine une base pour ses sous-marins en organisant une opération en direction de la Manche ou de la Normandie et même au-delà vers la Bretagne. Mais le chef de l’état-major général déclara qu’une telle opération dépassait largement les capacités de l’armée de terre. Un succès était peu probable et il était difficile de calculer la durée d’une telle opération. En outre, l’entreprise aurait, d’après Halder, des impacts significatifs sur l’industrie de guerre car les objectifs de la Marine demanderaient une dépense importante au détriment de l’armée de terre ce qui ne pouvait être réalisé que par concentration totale de l’industrie de l’armement aux forces terrestres. Mais cela contrariait l’expansion prévue de l’arme sous-marine. En outre, l’ampleur d’une telle opération n’était pas envisageable et, selon l’avis de Halder, l’on pouvait se demander si l’armée n’atteindrait jamais la côte. D’après Schniewind il était dans l’intention de l’état-major de la Kriegsmarine par cette entrevue de faire savoir à l’armée les souhaits de la Marine par rapport aux opérations vers l’Ouest : « côtes de la Manche au moins jusqu’en Normandie, mieux encore jusqu’en Bretagne45 ». Mais avec la déclaration du général Halder ces objectifs apparaissaient inaccessibles si bien que, par la suite, la Kriegsmarine ne s’était plus intéressée à la campagne à l’Ouest46.

Les préparatifs de la Kriegsmarine pour la campagne à l’Ouest

  • 47 Cf. Hubatsch Walther, Hitlers Weisungen für die Kriegführung 1939-1945, op. cit., p. 32.
  • 48 Wagner Gerhard, Lagevorträge des Oberbefehlshabers der Kriegsmarine vor Hitler 1939-1945, op. cit., (...)

18Conformément à la directive no 6 de Hitler du 9 octobre 1939 concernant une campagne à l’Ouest, la Kriegsmarine avait pour seule tâche de faire « tout son possible » afin de soutenir « directement ou indirectement » les opérations de l’armée et des forces aériennes pendant la durée de l’attaque47. Dans cette instruction, il n’était pas question d’une occupation de la côte française pour les besoins de la guerre navale allemande. Bien que le commandant en chef, le grand-amiral Raeder, revenait de nouveau sur le sujet des côtes de la Manche lors de la conférence sur la guerre navale devant Hitler le 10 octobre 1939, il indiquait également que la conquête de la côte belge n’apporterait rien aux sous-marins48. Raeder considérait plutôt qu’il serait plus avantageux de créer des bases sur la côte norvégienne. Pour soutenir les opérations militaires à l’Ouest, le commandant du Groupe Naval Ouest, l’amiral Saalwächter, fut néanmoins chargé de préparer des mesures appropriées du côté de la Kriegsmarine. Les missions à mener consistaient en des opérations de minages devant les côtes belgo-néerlandaises et l’utilisation de sous-marins dans la Manche contre le trafic maritime allié.

  • 49 Ibid., p. 44.
  • 50 Cf. Jacobsen Hans Adolf et Rohwer Jürgen, « Planungen und Operationen der deutschen Kriegsmarine im (...)
  • 51 Ibid., p. 74.

19Un mois plus tard, lors de la conférence sur la guerre navale du 10 novembre 1939, Raeder fut de nouveau interrogé par Hitler sur les souhaits de la Marine concernant des bases sur la côte hollando-belge. Mais une fois de plus, le commandant en chef renonça à l’utilisation de cet espace côtier en raison de la proximité des îles Britanniques et des risques qui en résulteraient pour les sous-marins allemands49. Seule l’utilisation du port néerlandais Den Helder comme base occasionnelle pour des forces navales légères lui semblait utile à l’époque. Mais comparé aux bases allemandes au port d’Emden et sur l’île de Borkum, le gain de temps était très médiocre aux yeux de Raeder. Le commandant en chef de la Kriegsmarine a ainsi précisé que la Marine allemande continuerait à n’avoir aucun intérêt pour ce secteur côtier. Ses plans pour le soutien d’une éventuelle offensive militaire à l’Ouest portaient principalement sur les opérations de minage le long de la côte et devant les ports. L’idée d’un débarquement sur les îles de Frise occidentale envisagée par le haut commandement de l’armée de terre fut rejetée par l’amirauté allemande en raison du manque de troupes spécialement formées et des forces navales nécessaires50. Enfin, le 24 janvier 1940, la Direction de la guerre navale publia ses instructions définitives pour les opérations militaires à l’Ouest, c’est-à-dire pour une attaque de la France51. Le Groupe Naval Ouest reçut l’ordre de maintenir les préparatifs pour les opérations de minage devant les côtes, spécialement devant l’embouchure de l’Escaut, autour de l’île de Texel et du port de Den Helder. Trois contre-torpilleurs allemands devaient à tout moment être en mesure de réaliser, à partir de leurs bases de la mer du Nord, les opérations de minage prévues dans les vingt-quatre heures qui suivraient une éventuelle attaque. L’utilisation de sous-marins n’a pas été mentionnée spécialement, mais les sous-marins en patrouille dans la mer du Nord recevraient des instructions appropriées.

  • 52 Cf. Ottmer Hans-Martin, »Weserübung«: der deutsche Angriff auf Dänemark und Norwegen im April 1940, (...)

20Cette instruction signifiait en même temps la fin des préparations de la Kriegsmarine pour une attaque allemande à l’Ouest. La Direction de la guerre navale commença à tourner son attention vers la Norvège où l’occupation des côtes promettait d’un côté la possession d’une base de départ plus favorable pour les forces navales allemandes et en même temps la protection des transports de fer du nord de la Suède par le port norvégien de Narvik, approvisionnement essentiel à l’industrie d’armement allemande. Avec l’opération Weserübung, une opération amphibie à grande échelle des trois armées de la Wehrmacht, la Kriegsmarine se retrouva en avril 1940 engagée en Norvège et au Danemark52.

Notes

1 Mahan Alfred Thayer, The influence of sea power upon history, 2 tomes, Londres5, Sampson Low, Marston & Co., 1894. Pour la réception des idées stratégiques de Mahan en Allemagne voir Epkenhans Michael, « Seemacht = Weltmacht. Alfred Thayer Mahan und sein Einfluß auf die Seestrategie des 19. und 20. Jahrhunderts », in Jürgen Elvert, Jürgen Jensen et Michael Salewski (dir.), Kiel, die Deutschen und die See, t. I, Stuttgart, Steiner, 1992, p. 35-47. Voir aussi Rahn Werner, « La réflexion stratégique dans la marine allemande de 1914 à 1945 », in Hervé Coutau-Bégarie (dir.), L’évolution de la pensée navale, t. II, Paris, Fondation pour les études de Défense nationale, 1992, p. 135-162.

2 Constatation en automne 1932 du directeur des archives de la Marine allemande, le vice-amiral Eberhard von Mantey, cité d’après Rahn Werner, « Strategische Optionen und Erfahrungen der deutschen Marineführung 1914 bis 1944: Zu den Chancen und Grenzen einer mitteleuropäischen Kontinentalmacht gegen Seemächte », in Werner Rahn (dir.), Deutsche Marinen im Wandel. Vom Symbol nationaler Einheit zum Instrument internationaler Sicherheit, Munich, Oldenbourg, 2005, p. 202.

3 Bien que l’Empire allemand eût des colonies en Afrique et dans le Pacifique, les ports ne furent pas aménagés en bases navales et n’avaient pas de capacités de réparation pour la flotte impériale allemande.

4 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928. Konzeption und Führung der Marine in der Weimarer Republik, op. cit., p. 129.

5 Ibid., p. 130.

6 Wegener Wolfgang, Die Seestrategie des Weltkrieges, Berlin, Mittler, 1929.

7 Ibid., p. 63.

8 Ibid., p. 20.

9 Ibid., p. 20.

10 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928, op. cit., p. 131.

11 Le commandement naval allemand intervint non seulement auprès de la maison d’édition, qui désormais ne pouvait plus faire de publicité pour le livre publié en 1929 par Wegener, mais il envoya aussi des officiers supérieurs dans les garnisons de la Marine allemande pour donner des conférences contre les thèses de Wegener. Cf. lffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, Düsseldorf, Droste, 1973, p. 187.

12 Rahn Werner, « Strategische Optionen und Erfahrungen der deutschen Marineführung 1914 bis 1944: Zu den Chancen und Grenzen einer mitteleuropäischen Kontinentalmacht gegen Seemächte », art. cité, p. 211.

13 Cf. Rahn Werner, Reichsmarine und Landesverteidigung 1919-1928, op. cit., p. 131. Voir également Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 187.

14 Cf. Mahan Alfred Thayer, The influence of sea power upon history, op. cit., p. 30.

15 Cf. Rahn Werner, « Strategische Optionen und Erfahrungen der deutschen Marineführung 1914 bis 1944: Zu den Chancen und Grenzen einer mitteleuropäischen Kontinentalmacht gegen Seemächte », art. cité, p. 230. Selon Werner Rahn, la stratégie navale de l’amiral Raeder peut être reliée aux théories de l’amiral français Daveluy (cf. Rahn Werner, « Der Seekrieg im Atlantik und Nordmeer », in Horst Boog (dir.) Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg, t. VI : Der globale Krieg, Stuttgart, DVA, 1990, p. 370).

16 Cité d’après Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 375.

17 Ibid., p. 375.

18 Ibid., p. 376.

19 Ibid., p. 376.

20 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen Marine », in Klaus Hildebrand (dir.), Deutschland und Frankreich 1936-1939. 15. Deutsch-französisches Historikerkolloquium des Deutschen Historischen Instituts Paris (Bonn, 26.-29. September 1978), veranst. in Zusammenarb. mit dem Comité Français d’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale und dem Militärgeschichtlichen Forschungsamt Freiburg, Munich, Artemis, 1981, p. 167-213.

21 Ibid., p. 173.

22 Ibid., p. 176.

23 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen Marine », art. cité, p. 188.

24 Raeder Erich, Mein Leben, t. II, op. cit., p. 39.

25 Cf. Dülffer Jost., Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 374.

26 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen Marine », art. cité, p. 194.

27 Ibid., p. 196.

28 Cf. Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 375.

29 Cf. Schreiber Gerhard, « Die Rolle Frankreichs im strategischen und operativen Denken der deutschen Marine », art. cité, p. 203.

30 Salewski Michael, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, op. cit., t. I : 1935-1941, p. 41.

31 Cf. le memorandum dans Salewski Michael, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, op. cit., t. III : Denkschriften und Lagebetrachtungen 1938-1944, p. 27-63.

32 Ibid., p. 40.

33 Ibid., p. 41.

34 Ibid., p. 45.

35 Ibid., p. 47-49.

36 Note AV du 8 mars 1939 dans « collection Raeder » (Kriegsfragen 08-03-1939 – 01-03-1943) (BAMA RM/6-81).

37 Cf. Salewski Michael, « Basis Nord – Eine fast vergessene Episode aus dem 2. Weltkrieg », Schiff und Zeit, no 3, 1976, p. 11-17.

38 Cf. Dülffer Jost, Weimar, Hitler und die Marine, op. cit., p. 523.

39 Cf. Wagner Gerhard, Lagevorträge des Oberbefehlshabers der Kriegsmarine vor Hitler 1939-1945, op. cit., p. 20.

40 Ibid., p. 20. Pour la situation de la Kriegsmarine voir aussi Brézet François-Emmanuel, « 3 septembre 1939, la Kriegsmarine entre dans la guerre », Revue historique des armées, no 4, 1999, p. 69-76.

41 Ibid., p. 21.

42 Cf. Hubatsch Walther, Hitlers Weisungen für die Kriegführung 1939-1945, Francfort, Bernard & Graefe, 1962, p. 21.

43 Ibid.

44 Journal de guerre (KTB) Seekriegsleitung, 5 octobre 1939, p. 52. Voir également Jacobsen Hans Adolf et Rohwer Jürgen, « Planungen und Operationen der deutschen Kriegsmarine im Zusammenhang mit dem Fall „Gelb“ », Marine-Rundschau, no 2, 1960, p. 67 et Salewski Michael, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, op. cit., t. I : 1935-1941, p. 212.

45 Cf. Jacobsen Hans Adolf et Rohwer Jürgen, « Planungen und Operationen der deutschen Kriegsmarine im Zusammenhang mit dem Fall „Gelb“ », art. cité, p. 67.

46 Ibid., p. 68.

47 Cf. Hubatsch Walther, Hitlers Weisungen für die Kriegführung 1939-1945, op. cit., p. 32.

48 Wagner Gerhard, Lagevorträge des Oberbefehlshabers der Kriegsmarine vor Hitler 1939-1945, op. cit., p. 28.

49 Ibid., p. 44.

50 Cf. Jacobsen Hans Adolf et Rohwer Jürgen, « Planungen und Operationen der deutschen Kriegsmarine im Zusammenhang mit dem Fall „Gelb“ », art. cité, p. 70.

51 Ibid., p. 74.

52 Cf. Ottmer Hans-Martin, »Weserübung«: der deutsche Angriff auf Dänemark und Norwegen im April 1940, Munich, Oldenbourg, 1994.

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