Version classiqueVersion mobile

Promesses de Patagonie

 | 
Paz Núñez-Regueiro

Conclusion

Texte intégral

1Cet ouvrage retrace l’histoire de l’exploration et de la collecte en Amérique australe, par le biais de cas d’étude distincts dans l’espace et dans le temps. De la fin du xviiie siècle au premier tiers du xxe siècle, ces expéditions ramènent en France les témoins matériels des contacts entre Français et peuples autochtones auxquels sont associés un imaginaire et des préjugés scientifiques. La collecte sporadique d’artéfacts ethnographiques associée à celle de spécimens naturalistes et de restes ostéologiques évolue au cours du xixe siècle, au rythme de l’institutionnalisation de l’anthropologie et de l’ethnographie. À compter du milieu du siècle, le développement de l’étude biologique et culturelle de l’espèce humaine prend appui sur la constitution de collections de référence mises à la disposition du milieu savant. Ce sont en particulier le Laboratoire d’anthropologie du Muséum national d’histoire naturelle, puis le musée d’Ethnographie du Trocadéro inauguré en 1882 qui œuvrent à fomenter et à orienter la collecte sur le terrain. La patrimonialisation du « bout du monde » à Paris se fait par la thésaurisation dans les musées et les sociétés savantes de récits, de cartes, de dessins, d’artéfacts ethnographiques, de matériel archéologique, de spécimens anatomiques et de photographies qui produisent un premier savoir sur l’Extrême-Sud du continent américain.

2Les artéfacts qui arrivent au musée d’Ethnographie du Trocadéro informent sur ce territoire et sur la culture matérielle de ses habitants. Ils peinent néanmoins à en offrir une connaissance aboutie : dans le contexte expansionniste colonial des années 1870-1930, particulièrement propice à la collecte, l’anthropologie de musée développée en France privilégie l’étude des objets plutôt que les processus culturels et sociaux des groupes considérés. Aujourd’hui, ils constituent cependant une voie d’entrée privilégiée à la connaissance de l’histoire de la région et à celle de son appropriation intellectuelle et matérielle par le grand public et le milieu savant de l’époque. Avec les collections anatomiques et naturalistes qui leur sont associés, les objets informent sur les processus de collecte, sur le réseau d’individus ayant conduit à leur cession et à leur acquisition, ainsi que sur les paradigmes ayant orienté les choix du collecteur sur le terrain et ceux du savant au musée-laboratoire. L’analyse de leurs conditions de collecte et de leurs caractéristiques intrinsèques documente également le contexte politique et social des communautés visitées, en informant sur la sociabilité autochtone, sur les régimes de valeurs de l’objet échangé ou cédé, sur les motivations de son producteur ou vendeur. À l’issue de cette recherche, trois lignes directrices se dégagent pour aborder la collecte ethnographique et offrir le portrait de cette Amérique australe : les contextes variés des missions d’exploration dont les objectifs et les modalités de collecte offrent une expression du programme théorique et méthodologique développé par les musées français ; les valeurs multiples de l’objet ethnographique ; l’individualité des expériences ethnographiques qui, en participant de la construction de l’altérité et en exploitant la situation coloniale, rendent compte de la réalité sociale autochtone.

3La constitution des collections d’Amérique australe est le résultat d’une longue suite de parcours individuels et d’efforts collectifs. La mission scientifique française du Cap Horn (1882-1883) se présente comme un cas exemplaire de mission pluridisciplinaire financée par l’État français au xixe siècle, inédite par les moyens financiers, technologiques et humains mis à sa disposition. Dans le cadre de la Première Année polaire internationale, elle se pose tout d’abord comme un symbole du rayonnement scientifique français dans le monde qui expose avec éclat son butin scientifique à son retour à Paris. Organisée avec l’appui du ministère de la Marine suivant les préconisations émises par l’Académie des sciences et l’expertise des savants du Muséum de Paris, elle est portée par une foi positiviste qui ambitionne la collecte totale du milieu fuégien. Il s’agit d’un projet globalisant, où les actions minutées de l’équipe scientifique sur place doivent permettre de ramener à Paris ce « bout du monde » mis en caisse. L’étude des Yahgans, passée sous silence dans les instructions, n’en représente de fait qu’une partie infime. Elle en privilégie ses aspects biologiques, suivant en cela les orientations du Laboratoire d’anthropologie du Muséum qui aspire à l’étude complète du Fuégien, pensé comme un fossile vivant de l’humanité. Le docteur Paul Hyades porte la collecte à sa limite la plus extrême : d’un et d’indivisible, le corps yahgan devient multiple et démultipliable par sa transformation en une série exponentielle de mesures anthropométriques, de moulages, de photographies et de spécimens anatomiques. L’étude biologique de l’être humain est complétée par une enquête tâtonnante de sa culture. Cette ethnographie de terrain est exploitée au tout nouveau musée d’Ethnographie du Trocadéro : le conservateur Ernest Théodore Hamy, destinataire des artéfacts culturels ramenés par la Mission, en commande l’étude à Hyades et en assure la diffusion dans la Revue d’Ethnographie. Par son action à la baie Orange et à Paris, Hyades ébranle la division habituelle entre collecte sur le terrain et étude en cabinet : il installe son laboratoire d’histoire naturelle sur le terrain, puis déplace le terrain au musée, remplissant ainsi le double rôle de collecteur et de savant.

4Quinze ans plus tard, la mission en Patagonie d’Henry de La Vaulx (1896-1897) octroyée par le ministère de l’Instruction publique est une nouvelle opportunité d’enrichissement des collections nationales. Cumulant désormais les charges de conservateur au Trocadéro et de professeur à la chaire d’Anthropologie du Muséum, Hamy fournit à l’explorateur des instructions précises pour la constitution de collections ethnographiques et la collecte de restes humains. Il fait littéralement « son marché » auprès de La Vaulx, afin d’obtenir un matériel d’étude susceptible de répondre aux questionnements anthropologiques du moment concernant le Patagon ancien et les origines du peuplement américain. Investi d’une mission qu’il mène à la gloire d’une France conquérante, La Vaulx réalise une collecte qui est qualifiée d’exemplaire par ses contemporains. Il opère sur le terrain avec l’appui du réseau scientifique argentin, réalisant une exploration itinérante de la région de près de 5 000 km. Usant de son double rôle d’agent du gouvernement français et de marchand ambulant, il mène un collectionnisme anthropologique et une politique de l’échange et du don qui tirent profit du contexte de profond ébranlement politique et social vécu par les communautés mapuches-tehuelches. Le fonds ainsi constitué, réparti entre le musée d’Ethnographie et les laboratoires du Muséum, est complété par une importante collection photographique, produite à l’intention de la Société de géographie de Paris, et de diverses publications qui présentent les résultats de son exploration. La Vaulx se pose ainsi en explorateur accompli et en collecteur modèle dont les collections produites sur le terrain sont exploitées en cabinet par l’anthropologue René Verneau.

5Trois décennies plus tard, le travail ethnographique de Claude Joseph en Araucanie chilienne (1926-1932) s’inscrit dans une dynamique extérieure au monde scientifique et muséal français. Il est mené dans un contexte nouveau, celui de la patrimonialisation de l’héritage mapuche au Chili. Ce mouvement conduit à la création ou à la réorganisation de musées œuvrant à la collecte, à la conservation et à la diffusion des expressions matérielles du Mapuche, hissé au statut d’ancêtre de la nation et de symbole identitaire chilien. Le frère lassalien participe de manière individuelle à cet effort national, documentant la culture mapuche par l’observation participante et l’enregistrement visuel, suivant une méthodologie empruntée au domaine de l’entomologie qui est le sien. Première étude exhaustive dans le domaine, son œuvre ethnographique et sa collection de photographies font l’objet d’un accueil réservé à leur arrivée au musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1932. À l’heure des grandes offensives de communication menées autour du projet de rénovation et de modernisation de l’institution, le directeur-adjoint Georges Henri Rivière privilégie la valorisation esthétique de la collection d’objets mapuches et de folklore national donnée par le gouvernement chilien en 1930. Celle-ci est obtenue grâce à une opération de séduction efficace conduite auprès d’une nation désireuse d’afficher son originalité artistique et identitaire à Paris. Plus sensible à la représentativité de l’objet ethnographique qu’à ses qualités esthétiques, le directeur Paul Rivet paraît confier la gestion de ces dons et de leur publicité à son adjoint. Communicateur et muséographe efficace, Rivière crée avec le soutien de Rivet les conditions d’une visibilité croissante de l’institution et d’une augmentation exponentielle des collections dont l’acquisition chilienne est l’un des premiers maillons.

6Paul Hyades constitue le modèle idéal du collecteur, qui ne trouve pas d’équivalent en cette fin du xixe siècle, par la qualité de sa formation, par sa rigueur dans l’application des instructions et par la durée de son travail de terrain. Les collections mixtes, réunissant spécimens naturels et artéfacts ethnographiques, acquièrent sous sa houlette une discipline d’ascèse : la collecte du Yahgan est conçue comme une extension de celle de son milieu physique et naturel. Le carcan naturaliste brouille le regard pourtant lucide que Hyades porte sur cet Autre qui constitue alors l’antithèse de l’être occidental. Ses observations sur le Yahgan, tributaires des présupposés raciaux de l’époque, viennent infirmer les bases épistémologiques de la discipline anthropologique, en questionnant les limites de la « civilisation » et le bon sens de la « vie sauvage ». La collecte constitue un processus qui met en jeu des aspects techniques (l’enregistrement systématique par les fiches anthropométriques, la photographie et l’objet matériel, qu’il s’agisse d’un moulage anthropologique ou d’une pointe de harpon), cognitifs (le paradigme naturaliste et la foi en la science positiviste) et affectifs (le rapport à l’Autre qui ne cesse d’interroger la nature humaine). Hyades porte un regard réflexif sur les critères de perception occidentale : on reste surpris par sa sensibilité admirative qui le porte à accepter la différence du Yahgan et à y voir une humanité d’exception parfaitement adaptée à son milieu. Le carcan scientifique du médecin ne se fragilise qu’au contact de Kamanakar Kipa qui l’introduit aux charmes de la vie sauvage : c’est la perception de la beauté et de la volupté qui brise, le temps d’un instant, les frontières entre le savant et son sujet d’étude, pour venir troubler les classifications raciales de toute une époque et ébranler les fondations de ce mur érigé entre « sauvagerie » et « civilisation ».

7Henry de La Vaulx est un cas d’étude à l’opposé de celui de Hyades : extérieur au monde savant, il réalise un voyage itinérant dont les étapes sont marquées par les cimetières et les campements des caciques visités. Il s’agit d’une figure archétypale de l’explorateur au service de la France coloniale. Sa rencontre avec Hamy avant son départ est ponctuelle mais efficace. La Vaulx exécute avec rigueur ses instructions. Comme Hyades avant lui, il brise les codes de la société occidentale et s’adonne à un acte de « sauvagerie » : la « cuisine macabre » qui le mobilise toute une nuit pour décharner un cadavre autochtone, en plein milieu du campement qui a vu naître la victime de son « macabre pot-au-feu », est un acte dont la violence n’a d’égale que l’audace avec laquelle il conduit l’opération. À n’en pas douter, La Vaulx risque sa vie pour l’enrichissement des collections du Muséum parisien. À la témérité et à la détermination se joignent la résistance physique. Comme l’illustre la mort prématurée de l’Américain John Bell Hatcher à la suite d’expéditions répétées, ce type de mission a un caractère éreintant aux souffrances psychologiques et physiques multiples, que La Vaulx tend à masquer par le ton enjoué de son récit. En effet, ce sont l’engagement patriotique, l’adrénaline, l’esprit aventurier et le goût du travail bien fait qui guident son expérience. Ce que l’on retient de sa personnalité c’est son dévouement (personnel autant que financier, puisqu’il finance lui-même sa mission) et ce désir réitéré d’être « utile ». Il se présente comme un exemple de la figure de l’explorateur « pur » mû par un seul objectif, celui d’approfondir la connaissance d’une région unique au nom de la science et des musées français.

8Claude Joseph/Hippolyte Janvier illustre un cas d’étude hybride, une figure d’amateur qui s’improvise dans le champ ethnographique, armé de sa formation entomologiste mais agissant de manière autonome sur le terrain. Son enquête se singularise par l’intérêt porté à l’étude de la culture matérielle mapuche, privilégiant la preuve photographique sur la constitution d’une collection d’artéfacts. Le nombre dérisoire d’objets dans sa collection résulte d’une absence de commande spécifique de la part du monde muséal chilien, commande qui aurait permis d’absorber les coûts et les besoins logistiques d’une telle entreprise. En ce sens, malgré la qualité de son terrain ethnographique, Claude Joseph ne répond pas aux instructions de collecte prônées en France dans le domaine ethnographique qui accordent encore à l’artéfact une valeur documentaire ajoutée. Ce cas d’étude montre également comment la dispersion des collections s’opère à une échelle transnationale : d’une certaine manière, cette collecte existe en fin de compte, au travers du fonds Samuel K. Lothrop conservé à Washington, DC, qui comporte les objets, les photographies et les notes de leur terrain partagé en Araucanie chilienne. À l’inverse, la collection Lothrop, peu documentée aux États-Unis, retrouve dans les écrits de Claude Joseph tout son contexte et sa portée. Le paradigme de la collecte se joue ici dans une complémentarité et un partage des collections particulièrement d’usage dans le domaine entomologiste. Ce sont ces réseaux de collaboration et ces liens tacites, disparus avec le temps, que la recherche sur l’histoire des collections permet également de mettre en lumière.

9L’élément récurrent dans les cas d’étude abordés est la dispersion du corpus matériel et documentaire des missions, résultat de la prégnance du modèle naturaliste et de la classification des collections au moment de leur arrivée en France pour leur répartition entre différentes institutions parisiennes (laboratoires spécialisés du Muséum, musée d’Ethnographie du Trocadéro, Société de géographie de Paris, Société de géographie commerciale, Archives nationales). Cette dispersion fait perdre à ces ensembles leur cohérence initiale, déjà mise à mal par le fait que les collections arrivent souvent en pièces détachées : les corps démultipliés du Cap Horn et les moulages anatomiques, la selle de femme ramenée par La Vaulx, le « trésor » du cacique Saygüeque, les étapes des chaînes opératoires de production documentées par Claude Joseph et La Vaulx en constituent autant d’exemples. La question se pose de savoir qui se charge de recomposer ce « casse-tête » à Paris. Il s’agit le plus souvent du conservateur qui sélectionne et ordonne les objets et les spécimens dans les vitrines du musée, mais aussi du savant qui analyse les collections pour produire les rapports de l’expédition suivant des logiques et des intérêts spécifiques qui sont les siens. Si l’exposition des « butins » des missions ou des dons nouvellement reçus redonne brièvement l’illusion d’une unité et d’une homogénéité de ce « tout » recomposé à Paris, la rhétorique scénographique disparait à la clôture de l’événement pour laisser la place à la classification scientifique en laboratoire, aux normes de répartition (et de dispersion) des collections et aux impondérables organisationnels liés au manque d’espace et de moyens.

10Loin d’être neutre et objectif, l’objet quel qu’il soit (artéfact, photographie, spécimen ostéologique, notes) arrive à Paris chargé de valeurs, de significations, de regards portés sur lui, soit au Laboratoire d’anthropologie, soit au musée d’Ethnographie du Trocadéro. Le Muséum et le musée se répartissent alors les témoins biologiques et matériels de l’espèce humaine, dans un exercice de complémentarité qui fonctionne d’autant mieux que la direction des deux laboratoires incombe, sur la plupart de la période, à un même individu. Le caractère indissociable de ces deux ensembles patrimoniaux, corps et artéfacts – auxquels se joint l’importance croissante de la photographie – se justifie par leur objectif commun : l’étude de l’être humain, sous ses volets biologique et culturel. Dissociés physiquement, les uns au Jardin des Plantes, les autres au Palais de la colline Chaillot, leur histoire suit un cours parallèle nourri par le produit d’expéditions et de rencontres croissantes dans le dernier quart du xixe siècle. C’est ainsi en toute logique que Rivet demande leur regroupement au Trocadéro en 1928, pour tenter d’approcher d’encore plus près la diversité, l’adaptabilité et la créativité de l’espèce humaine : cette décision s’inscrit dans cette histoire des collections encore marquée par la tutelle naturaliste.

11De ces initiatives collectives ou individuelles, au caractère très divers, se dégage une profonde unité issue de la volonté commune de contribuer à la connaissance des populations de l’Extrême-Sud américain, tout en œuvrant à la gloire d’une France civilisatrice qui ambitionne de garder sa prééminence scientifique et culturelle. Cette utilité recherchée dépend de la qualité de la collecte et de l’« authenticité » de la donnée matérielle, elle-même tributaire de sa « pureté » ethnique et culturelle ; elle dépend également de son classement à Paris au moment de la répartition des collections entre les différents laboratoires spécialisés. Le « versement » de cette donnée conçue comme une « archive » objective de l’être humain, de sa culture ou de son milieu, participe de ce long processus d’élaboration de la donnée scientifique du terrain au laboratoire, dont l’inscription à l’inventaire du musée marque en quelque sorte l’aboutissement. Création matérielle tout autant que symbolique, l’objet ou le spécimen qui intègre les collections est chargé de valeurs et de sens variés, dont nous avons révélé certains des aspects. L’objectivité recherchée à chacune des étapes de traitement de l’objet est mise à mal, entre autres, par les paradigmes naturaliste, positiviste et nationaliste, qui contraignent le regard et la collecte ; elle l’est tout autant par la personnalité et le goût des collecteurs et des conservateurs. La subjectivité sous-jacente à chaque expérience humaine se reflète dans les récits de la collecte et les collections produites, amputées bien souvent des souvenirs matériels gardés dans la sphère privée.

12Les collections et les savoirs produits par ces missions et ces terrains ethnographiques informent sur une Amérique australe qui reste un espace en changement, profondément affecté dans sa nature et dont les définitions mouvantes de sa géographie, de sa société et de son identité perpétuent la frontière symbolique entre la société occidentale et une réalité autre. À maints égards, cette Frontera qui ne se réduit pas à une simple zone de division entre zones habitées ou pas, entre « civilisation » ou « barbarie », représente un espace d’interaction par excellence, un monde à part entière où l’on se meut et où l’on échange avec une variété d’interlocuteurs. Sa perception et sa conception varient en fonction du point de vue considéré : Paul Hyades déplace ou plutôt crée la frontière (bien malgré lui), ouvrant à la baie Orange une brèche par laquelle la civilisation occidentale s’immisce pour créer la différence et bâtir la frontière de l’altérité ; un Henry de La Vaulx collecte dans un monde de frontières aux contours géographiques, politiques et ethniques mouvants, dans lequel il s’intègre habilement sous la forme du marchand médiateur jusqu’à renverser la donne, puisqu’il devient le « centre » vers lequel on se rend pour acquérir produits et services ; enfin, Claude Joseph est témoin des conséquences de l’anéantissement forcé de cette frontière qui voit le Mapuche et son territoire se faire happer par la société chilienne. La Frontera est soumise à un équilibre fragile : sa permanence indique, en quelque sorte, celle du libre arbitre de l’Autre. Cette frontière mouvante et permanente conditionne le travail ethnographique et muséologique, questionnant l’identité de l’objet et réévaluant son interprétation contemporaine. L’analyse conduite au fil de ces pages est une illustration multidimensionnelle de cette frontière, que l’analyse historique rétrospective permet de dévoiler, dans ses dimensions scientifiques, symboliques et sociales, pour mieux la comprendre, sans pouvoir néanmoins l’estomper.

Anonyme, Vitrine 443 gauche Patagonie, musée de l’Homme, 1953.

Anonyme, Vitrine 443 gauche Patagonie, musée de l’Homme, 1953.

Négatif sur support souple en nitrate de cellulose. MqB-JC, PF0023580.

© musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Table des illustrations

Titre Anonyme, Vitrine 443 gauche Patagonie, musée de l’Homme, 1953.
Légende Négatif sur support souple en nitrate de cellulose. MqB-JC, PF0023580.
Crédits © musée du quai Branly – Jacques Chirac.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/161451/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 149k

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search