Une décennie décisive pour la genèse d’un champ politique en France ?
p. 125-134
Texte intégral
1Bien que très influencée depuis les années soixante-dix par la sociologie de Pierre Bourdieu1, la science politique hexagonale n’a pas réussi à élaborer une version plausible de la genèse du champ politique en France. Cette lacune est regrettable : alors même que l’hypothèse de l’existence présente d’un champ politique partiellement autonome est très largement acceptée au sein de la discipline, les conditions de son émergence demeurent floues et incertaines. Après avoir passé en revue, de manière critique, les essais de théorisation aujourd’hui disponibles (I), je tenterai de proposer un ensemble d’hypothèses s’appuyant sur les travaux récents d’histoire politique (II), travaux dont cet ouvrage montre à la fois la richesse et l’intérêt pour une science politique qui accepterait de quitter les rivages confortables du présentisme.
Une hypothèse encombrante
2Le corpus des travaux publiés de Pierre Bourdieu ne nous permet pas d’emblée de discerner avec toute la précision chronologique requise les modalités d’émergence d’un champ politique partiellement autonome. Cela tient au fait que la sociologie des champs est une œuvre inachevée d’une part2 et que Pierre Bourdieu a porté moins d’attention au champ politique qu’à d’autres champs. Qui plus est, la délimitation entre champ politique, champ du pouvoir et champ bureaucratique, pour ne m’en tenir qu’à ces trois propositions théoriques, est loin d’être toujours explicitée de manière identique ce qui, compte-tenu de l’importance du corpus en question, est loin d’être surprenant. L’ouvrage qui fait le plus directement référence à la notion de champ politique3, quel que soit son intérêt, est d’ailleurs loin de répondre à toutes les questions relatives à l’objet. Si différents articles permettent par ailleurs de comprendre les logiques de fonctionnement du champ politique de la fin du xxe siècle4, il n’en va pas de même en ce qui concerne la question pourtant centrale de la chronologie du processus d’autonomisation.
3En l’état actuel de la littérature sociologique, l’émergence du champ politique est décrite comme un processus conditionné. C’est dans cette perspective que s’inscrit Christian de Montlibert selon qui trois conditions sont nécessaires à ce processus5 :
41o Le passage de formes traditionnelles de domination, au sens de Max Weber, à la domination politique exercée par des représentants. Cette domination politique n’est constituée en espace social autonome qu’à partir du moment où elle prend la forme d’une domination rationnelle-légale, c’est-à-dire une forme complexe qui repose sur une croyance à la fois dans la légalité et dans la rationalité des règles de droit. La structuration d’un champ politique autonome est en effet liée à l’émergence de règles qui vont définir les conditions d’exercice d’un monopole de la représentation, via des postes électifs, mais surtout à l’acceptation de ces règles par le plus grand nombre.
52o Le passage de formes d’autorité coercitive à des formes d’autorité persuasive, soit ce que Norbert Élias décrit et analyse comme un processus de « civilisation des mœurs » qui intervient en lien avec la monopolisation des charges étatiques par une élite politico-administrative. C’est ce processus de civilisation qui rend possible la construction d’un monopole de l’exercice de la violence légitime ; et c’est le développement de mécanismes d’auto-contrainte, par refoulement des pulsions, qui rendent inutiles puis désuètes les formes les plus coercitives d’exercice de l’autorité politique.
63o Le passage à une économie de marché. Là encore, nous avons affaire à un processus qui remet en cause les formes traditionnelles de domination par la baisse des profits liée à la possession de la terre et par les nouvelles opportunités offertes dans le secteur industriel et commercial6. L’économie de marché donne naissance à de nouveaux groupes sociaux, sous forme de classes ou de professions, mobilisables dans le cadre d’affrontements politiques et électoraux, à la différence de la paysannerie.
7Ce schéma macro-sociologique ne suffit à lui seul à expliquer pourquoi ce processus se cristallise dans le cas français autour de cette « décennie décisive » dont nous tentons aujourd’hui d’expliciter les enjeux. À ces conditions nécessaires, mais pas suffisantes, il convient d’ajouter d’autres hypothèses faisant mieux ressortir ce qu’un tel processus doit à des interactions multiples et contingentes entre différents groupes d’une part, et à des institutions spécifiques de l’autre7.
8Dans les travaux de sociologie politique en langue française, le champ politique comme champ de force et champ de lutte pour le monopole du principe légitime de vision et de division du monde social va apparaître beaucoup plus comme un postulat que comme une hypothèse en attente de démonstration ou de vérification. Qui plus est, le processus d’émergence d’un champ politique autonome est souvent confondu avec la professionnalisation du personnel parlementaire. C’est par exemple le cas de Delphine Dulong qui, dans l’introduction d’un ouvrage par ailleurs assez perfectible dans son approche historiographique du premier xixe siècle, précise que c’est « depuis l’avènement du régime républicain » que la politique est devenue « une activité spécialisée, irréductible aux autres activités sociales » mais surtout « dominée qui plus est par des professionnels qui vivent à la fois pour et de la politique8 ». Or, si ces deux processus sont liés, ils n’en relèvent pas moins de logiques sociales distinctes. C’est bien souvent pour garder le sens de la mesure que la professionnalisation est ainsi mise en avant par les politistes : il est en effet plus facile de mesurer les transformations dans les carrières parlementaires à l’aide des outils classiques de l’histoire sociale que de construire des indices de l’autonomisation de l’activité politique9, en particulier tant que l’on n’a pas définition suffisamment claire de ce processus. Qu’en est-il ? L’autonomisation du champ politique rend nécessaire l’accumulation d’un capital spécifique, le capital politique, pour réussir à occuper et à préserver des positions de pouvoir au sein de ce champ. Ce capital politique est à la fois un capital de réputation et un capital de représentation lié aux épreuves électorales. Dans ces conditions, les professionnels de la politique vont bien souvent être ceux qui vont s’avérer les plus habiles dans l’accumulation de ce capital, c’est-à-dire ceux qui vont remporter des succès électoraux, que ce soit dans des arènes semi-ouvertes, les élections législatives par exemple, ou dans des arènes fermées, au sein même de la Chambre des députés de la Troisième République. Si la professionnalisation accompagne le plus souvent l’émergence d’un champ politique autonome, ne serait-ce parce que le champ politique comme d’autres champs rend nécessaire d’une « compétence spécifique10 », ce n’est pas toujours le cas comme le montre l’exemple helvétique où, jusqu’à une date récente, le personnel parlementaire était faiblement professionnalisé11. Quant à la professionnalisation des notables, phénomène dont plusieurs études récentes ont montré la complexité12, elle est liée à la multiplication des configurations électorales concurrentielles13, tendanciellement plus onéreuses pour les candidats, qui est susceptible de précéder le processus d’autonomisation du champ politique. La séquence historique qui nous intéresse en est un bel exemple dans la mesure où les effets de la concurrence électorale se font ressentir pleinement dès les élections au Corps législatif de 186914.
9En résumé, la question de la chronologie évoquée plus haut est loin d’être anecdotique. Si l’on confond professionnalisation et autonomisation du champ politique, alors il est assez logique d’indexer les deux processus sur les vicissitudes de l’élargissement du suffrage et de faire des contraintes pratiques posées par la sollicitation des électeurs son moteur, même si cela conduit le plus souvent à simplifier le contexte d’émergence de ce dernier15. Si, au contraire, on considère comme je tente de le montrer qu’il s’agit de deux processus distincts, alors il faut séparer ce qui relève de la politique électorale d’une part et de l’institutionnalisation des positions électives de pouvoir de l’autre. Ce qui revient de facto à rechercher de manière contingente comment les luttes politiques de la France du second xixe siècle ont donné naissance à un champ politique partiellement autonome, processus dont il n’est pas interdit pour autant de penser qu’il a pu connaître d’autres commencements, dans des conditions qui se sont avérées in fine moins favorables en particulier sous la Révolution française16 ou la Monarchie de Juillet17.
Une instance centrale de consécration et des institutions périphériques
10L’émergence du champ politique s’avère conditionnée, en sus des « causes permissives18 » évoquées précédemment, par l’existence d’une institution de type parlementaire. Cette dernière va fonctionner comme une « instance spécifique de consécration19 » tout en bénéficiant d’un prestige symbolique suffisant et en tout cas équivalent à celui des institutions susceptibles de lui faire concurrence, ce qui explique son rôle central. Pour autant, il est nécessaire de préciser, comme le font Hervé Fayat et Christophe Le Digol, quel est le type de configuration parlementaire le plus propice à l’autonomisation de l’activité politique. Selon eux, les assemblées impériales et censitaires du premier xixe siècle se caractérisent par une « faible différenciation du travail parlementaire » qu’ils estiment par conséquent « moins propices à la constitution d’un capital parlementaire spécifique qu’à la conversion des ressources notabiliaires en positions étatiques20 ». Les pratiques individuelles d’intermédiation, héritées de l’Ancien régime, s’opposent à la constitution de groupes majoritaires susceptibles d’incarner un monopole législatif.
« La difficulté à désencastrer ces groupements des salons mondains, à imposer une régularité à leurs travaux, à imprimer une cohérence stratégique à leur action et à dessiner des clivages politiques nets attestent de la persistance d’une conception notabiliaire, individuelle et clientélaire de la fonction parlementaire21 ».
11François Mauguin, député de l’arrondissement de Beaune sous la Monarchie de Juillet en est un exemple. Alors même que les scrutins qui l’ont opposé aux candidats ministériels successifs l’ont conduit à se poser en représentant d’une partie de la population vigneronne, au-delà même des limites du corps électoral censitaire22, il va utiliser sa position parlementaire pour défendre des intérêts économiques bien éloignés géographiquement de ses commettants, mais sans doute plus rémunérateurs pour l’avocat qu’il était, en l’occurrence ceux des colonies et de leurs riches propriétaires23.
12Ce n’est que sous la Troisième République, en raison de la stabilisation relative des règles du jeu politique que l’on observe que se mettent en place, avec la « Constitution Grévy24 », les conditions nécessaires à ce qu’Hervé Fayat et Christophe Le Digol analysent comme une « structure de positions différenciées et hiérarchisées » qui va assurer « simultanément la distribution, l’accumulation et la reproduction d’un capital spécifique s’imposant d’autant mieux comme enjeu de la concurrence parlementaire qu’il s’objective dans un cursus honorum25 ». Ces changements vont à la fois rendre plus accessibles et plus attractives les positions parlementaires pour la moyenne bourgeoisie26 et donner naissance à des entreprises collectives plus durables qui finiront par prendre la forme de partis politiques27. La professionnalisation politique qui en sera la conséquence la plus visible, au point d’engendrer régulièrement des contestations plus ou moins organisées28, n’est donc que la face immergée de transformations plus complexes qui, en quelques années, vont se cristalliser dans ce qu’il s’avère par conséquent nécessaire de qualifier comme État parlementaire. Ces transformations sont loin d’être achevées, ni même stabilisées, à l’issue de la décennie 1869-187929, mais l’adjectif « décisif » s’impose bien rétrospectivement si l’on accepte de prendre en compte les enchaînements séquentiels de cette période.
1869 : nette diminution du poids électoral des candidats officiels et une augmentation du nombre de configurations électorales concurrentielles à l’occasion des élections au Corps législatif30.
1871 : écrasement de la Commune de Paris et mise à l’écart des groupes favorables à des formes de démocratie directe. Cette culture politique alternative subsistera néanmoins sous une forme mémorielle31.
1874 : maintien du principe du suffrage universel masculin pour l’élection des députés32.
1875 : adoption de lois constitutionnelles dont les 34 articles forment un « ensemble exceptionnellement sobre33 », ce qui va rendre possible des (ré)interprétations « souples » des règles du jeu politique34.
1877 : succès électoral des républicains coalisés à l’issue de la « crise » du 16 mai qui consolide le clivage gauche/droite comme principe structurant des luttes politiques et parlementaires35 et délimite l’espace des possibles politiques.
1879 : stabilisation relative des rapports de force parlementaires qui prend la forme de la « République des opportunistes36 ».
13L’émergence et la stabilisation d’un champ politique autonome ne peuvent être seulement la conséquence de la montée en puissance et de la stabilisation de l’institution parlementaire37, elle résulte aussi de la création d’institutions situées à la périphérie du champ politique, institutions qui vont simultanément contribuer à l’émergence d’une profession politique et à la production et à la diffusion d’une théodicée du champ politique. Dans le cadre de cette communication, je ne mentionnerai que deux de ces institutions ; l’une est bien connue (L’École libre des sciences politiques38) et l’autre a vu son rôle réévalué par une historiographie récente (La Société de législation comparée). Ces deux institutions vont non seulement participer à la formation du personnel politique et à la production de savoirs d’État, elles vont aussi contribuer à la structuration du champ politique en définissant et en hiérarchisant les enjeux autour desquels vont pouvoir s’ordonner les différentes prises de position des agents, soit pour le dire autrement les « limites du pensable39 » au sein du champ politique. En définissant ce qui est politique, ou ce qui mérite de l’être, les agents de ces institutions périphériques vont ainsi contribuer à diffuser une définition acceptée par tous ou presque de ce qu’est ou devrait être la politique et de ses limites par rapport à d’autres pratiques sociales, limites qui relèvent d’ailleurs moins du contenu idéologique de cette définition que des rapports de force avec les autres champs (le champ économique, le champ religieux, le champ littéraire, etc.). Mais le rôle de ces institutions périphériques ne s’arrête pas là, elles vont aussi contribuer à l’émergence d’un mode d’emploi collectif, d’un art moderne de faire de la politique, soit l’équivalent pour le champ politique de la « formule génératrice40 » du champ littéraire que Pierre Bourdieu trouve dans L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert. Quelques années plus tard, alors que la structuration du champ politique était plus avancée, André Siegfried usera d’une citation célèbre qui témoigne de son investissement dans la recherche de cette formule génératrice : « Si, selon le mot de Goethe, l’enfer même a ses lois, pourquoi la politique n’aurait-elle pas les siennes41 ? » La science politique naissante n’est de ce point de vue rien d’autre qu’une somme de commentaires raisonnés qui, prolongeant le travail des institutions périphériques, le systématisant parfois, va enrichir cette formule génératrice sous l’apparence de la neutralité de la science et de l’objectivité du savoir et contribuer à la production d’un « ordre politique ». Les traces des rappels à l’ordre constituent dès lors autant d’indices de la structure du champ politique et de la répression symbolique exercée par ceux qui occupent en son sein les positions dominantes42.
14Comment s’organisait le travail de ces institutions périphériques ? Pierre Allorant et Walter Badier notent que la Société de législation comparée (SLC) créée en 1869 s’inscrivait dans une double dynamique, juridique et politique43. Cette caractéristique est propre aux institutions périphériques, en l’occurrence ce groupement pouvait à la fois se targuer d’une part d’une expertise juridique collective et donc de son inscription dans le champ juridique dont les équilibres étaient modifiés par la montée en puissance des spécialistes de droit constitutionnel44, et de l’autre d’un rôle politique effectif, celui d’une « école de législateurs au service de la République conservatrice45 ». Ce faisant, la SLC contribua à la structuration du champ politique en mettant en avant des enjeux (la réforme de la justice criminelle et du système pénitentiaire, la place du concours dans les voies d’accès à la magistrature, etc.), ceux correspondants à son objet et aux ressources juridiques qu’elle avait constitué en son sein, et en contribuant à la professionnalisation d’une partie du nouveau personnel parlementaire. Tout comme l’École libre des sciences politiques (ELSP) créée quelques mois plus tard par Émile Boutmy, elle fonctionna progressivement comme une propédeutique à la carrière parlementaire pour une partie de ses membres : en 1928, lors de son allocution de fin d’année, son successeur, Eugène d’Eichtal, se félicitera ainsi de ce que quarante-sept des députés récemment élus ou réélus étaient des anciens élèves de l’École46. Cette étape ajoutée au cursus honorum était initialement une ressource supplémentaire pour les impétrants qui, en se transformant progressivement en rite d’institution, va contribuer à distinguer l’institution parlementaire en attribuant à ses membres des ressources spécifiques. C’est parce qu’elle pouvait apparaître comme une sorte de marchepied ou de tremplin vers une carrière politique que ce type d’institution périphérique au champ politique va contribuer à la structuration de ce dernier. En effet, l’étude de Pierre Allorant et Walter Badier est très éclairante à cet égard, la SLC (et encore une fois on pourrait dire à peu près la même chose de l’ELSP) va principalement irriguer le centre-gauche ou, plus exactement, contribuer à rendre visible un état du champ politique où le centre-gauche comme ensemble de positions et de prises de positions pouvait jouer un rôle temporairement décisif47.
⁂
15Est-ce que le processus d’autonomisation du champ politique s’est achevé en 1879 ? Assurément non. Ce processus, dont Éric Anceau a mis en évidence de manière détaillée les prolégomènes impériaux48, s’est prolongé dans la décennie suivante et, comme tous les processus, n’a ni véritable point de départ ni véritable terme. La loi du 5 avril 1884, pour ne prendre que cet exemple, est d’une grande importance pour notre propos. En effet, si elle contribua à consolider le régime républicain, elle favorisa également, en partie, une dissociation entre la politique électorale locale et la politique nationale en ouvrant largement les portes des conseils municipaux à la petite bourgeoisie et à la paysannerie49. Derrière l’opposition entre « grands » et « petits » élus, apparaît ainsi la frontière, invisible du point de vue institutionnel mais bien présente dans les esprits, entre la « république au village » et le champ politique. L’une comme l’autre sont partie intégrantes du régime qui se met en place durant la décennie décisive 1869-1879. Il ne reste plus à la science politique, si elle persiste dans cette perspective théorique, qu’à faire preuve d’une plus grande réflexivité quant à sa propre histoire et quant au rôle qu’elle a joué dans l’émergence et la structuration de ce champ politique. L’enjeu n’est pas négligeable et va bien au-delà d’un débat entre disciplines académiques : la question qui est posée est celle de la capacité de la science politique à appréhender avec le recul nécessaire un processus et des pratiques historiquement situées dont elle a été et est toujours partie prenante bien plus qu’elle n’en est le lieu de son analyse concrète50.
Notes de bas de page
1 Lacroix Bernard, « L’importation de la référence sociologique dans les sciences politiques : éléments d’analyse réflexive », in Antonin Cohen, Bernard Lacroix et Philippe Riutort (dir.), Les formes de l’activité politique. Éléments d’analyse sociologique, xviiie-xxe siècle, Paris, PUF, 2005, p. 11-35 ; Gobille Boris et Pudal Bernard, « Deux appropriations de Bourdieu en science politique », in Catherine Leclercq, Wenceslas Lizé et Hélène Stevens (dir.), Bourdieu et les sciences sociales : réceptions et usages, Paris, La Dispute, 2015, p. 137-160.
2 Dès 1980, Pierre Bourdieu envisageait sereinement la possibilité de s’appuyer sur des « lois générales » et sur les particularités des différents champs étudiés par lui-même ou ses collaborateurs/trices pour fonder son « projet d’une théorie générale ». Bourdieu Pierre, « Quelques propriétés des champs », Questions de sociologie, Paris, Éditions de Minuit, 1980, p. 113.
3 Bourdieu Pierre, Propos sur le champ politique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2000. Ce petit livre est la transposition d’un entretien avec Philippe Fritsch et d’une conférence donnée l’année précédente devant un public étudiant.
4 Bourdieu Pierre, « Questions de politique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 16, septembre 1977, p. 55-89 ; « La représentation politique. Éléments pour une théorie du champ politique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 36/37, février-mars, 1981, p. 3-24 ; « La délégation et le fétichisme politique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 52/53, 1984, p. 49-55 ; « Penser la politique », Actes de la recherche en sciences sociales, no 71/72, mars 1988, p. 2-3 ; « Champ politique, champ des sciences sociales et champ journalistique », Cahiers de recherche, no 15, GRS Lyon, 1996 (transcription d’un cours du Collège de France ayant eu lieu à l’Université Lumière Lyon 2 le 14 novembre 1995).
5 De Montlibert Christian, La domination politique, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1997, p. 37-45.
6 Acemoglu Daron, Robinson James A., Why Nations Fail. The Origins of Power, Prosperity and Poverty, New York, Crown Business, 2012.
7 Cette distinction entre conditions nécessaires et conditions suffisantes présentée de manière succincte reprend une analyse formulée initialement dans Voilliot Christophe, Éléments de science politique, Paris, L’Harmattan, coll. « logiques politiques », 2010, p. 93 et s.
8 Dulong Delphine, La construction du champ politique, Rennes, PUR, coll. « didact sciences politiques », 2010, p. 12.
9 D’un point de vue méthodologique, la sociologie des champs implique de procéder à des analyses des correspondances multiples (ACM) afin de mettre en évidence des « représentations visuelles des espaces théoriques que sont les champs ». Duval Julien, « L’analyse des correspondances et la construction des champs », Actes de la recherche en sciences sociales, no 200, 2013, p. 110. Ces ACM supposent au préalable de réaliser des analyses prosopographiques afin de disposer de données primaires les plus homogènes possibles sur les populations étudiées. Cf. Delpu Pierre-Marie, « La prosopographie, une ressource pour l’histoire sociale », Hypothèses 2014. Travaux de l’École doctorale d’histoire, Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, p. 263-274 ; Le Digol Christophe, « La prosopographie. Enjeux de méthode », in Pennetier Claude et Pudal Bernard (dir.), Le sujet communiste. Identités militantes et laboratoires du « moi », Rennes, PUR, coll. « Histoire », 2014, p. 227-240.
10 Bourdieu Pierre, Propos sur le champ politique, op. cit., p. 58.
11 Burgos Élie, Mazzoleni Oscar et Rayner Hervé, « Le gouvernement de tous faute de mieux. Institutionnalisation et transformation de la “formule magique” en Suisse (1959-2003) », Politix, no 88, 2009, p. 39-61 ; Jann Benn, « Old-Boy Network. Militärdienst und ziviler Berufserfolg in der Schweiz », Zeitschrift für Soziologie, vol. XXXII, no 2, 2003, p. 139-155 ; Mach André, David Thomas et Bühlmann Felix, « La fragilité des liens nationaux. La reconfiguration de l’élite du pouvoir en Suisse, 1980-2010 », Actes de la recherche en sciences sociales, no 190, décembre 2011, p. 78-107 ; Mazzoleni Oscar, « Critique et légitimation de la professionnalisation parlementaire en Suisse », Politix, no 75, 2006, p. 165-184 ; Pilotti Andrea, Mach André et Mazzoleni Oscar, « Les parlementaires suisses entre démocratisation et professionnalisation, 1910-2000 », Swiss Political Science Review, vol. XVI, no 2, 2010, p. 211-245.
12 Badier Walter, Alexandre Ribot et la République modérée. Formation et ascension d’un homme politique libéral (1858-1895), Paris, Institut universitaire Varenne, 2016 ; Phélippeau Éric, L’invention de l’homme politique moderne. Mackau, l’Orne et la République, Paris, Belin, 2002.
13 Voilliot Christophe, « Pour une analyse configurationnelle des élections. Norbert Élias et le vote », Cultures & Conflits, no 109, printemps 2018, p. 83-104.
14 Louis Girard (dir.), Les élections de 1869, Paris, Marcel Rivière, 1960.
15 Quéro Laurent et Voilliot Christophe, « Du suffrage censitaire au suffrage universel. Évolution ou révolution des pratiques électorales », Actes de la recherche en sciences sociales, no 140, décembre 2001, p. 34-40.
16 Le Digol Christophe, « Du bureau au comité. La spécialisation du travail de l’Assemblée constituante (1789-1791) », in Antonin Cohen, Bernard Lacroix et Philippe Riutort (dir.), Les formes de l’activité politique. Éléments d’analyse sociologique, xviiie-xxe siècle, op. cit., p. 65-81.
17 Christophe Voilliot, « Esquisse d’une lutte des places. Les luttes parlementaires sous la monarchie de Juillet », communication à la ST 39 « sociogenèse de l’ordre parlementaire », 12e congrès de l’AFSP, Paris, juillet 2013.
18 Bourdieu Pierre, Les règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Éditions du Seuil, coll. « libre examen », 1992, p. 85.
19 Ibid., p. 79.
20 Fayat Hervé et Le Digol Christophe, « La sociologie historique. Des assemblées à l’institution parlementaire », in Olivier Rozenberg et Éric Thiers (dir.), Traité d’études parlementaires, Bruxelles, Bruylant, 2018, p. 126.
21 Ibid., p. 128.
22 Quéro Laurent et Voilliot Christophe, « Travail électoral et pratiques administratives dans le cadre du suffrage censitaire. Enquête sur un refus », Revue d’histoire du xixe siècle, no 26/27, 2003, p. 131-147.
23 Le Moniteur universel, 24 avril 1835.
24 Cette expression fait référence au message envoyé aux deux chambres par le président de la République nouvellement élu qui, selon le constitutionnaliste Didier Mauss, signifie son « abdication politique ». Mauss Didier, « Les idées constitutionnelles des républicains », in Léo Hamon (dir.), Les Opportunistes. Les débuts de la République aux républicains, Paris, Éditions de la MSH, 1991, p. 132.
25 Fayat Hervé et Le Digol Christophe, « La sociologie historique. Des assemblées à l’institution parlementaire », art. cité, p. 132.
26 Charle Christophe, « Les parlementaires : avant-garde ou arrière-garde d’une société en mouvement ? Vue d’ensemble », in Jean-Marie Mayeur, Jean-Pierre Chaline et Alain Corbin (dir.), Les parlementaires de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, p. 45-63.
27 Huard Raymond, La naissance du parti politique en France, Paris, Presses de Sciences-Po, 1996.
28 Garrigou Alain, « Vivre de la politique. Les “quinze mille”, le mandat et le métier », Politix, no 20, 1992, p. 7-34.
29 Hudemann Rainer, « Réflexions comparatives sur la structure du parlementarisme français », in Jean-Marie Mayeur, Jean-Pierre Chaline et Alain Corbin (dir.), Les parlementaires de la Troisième République, op. cit., p. 451-459.
30 Voilliot Christophe, La Candidature officielle. Une pratique d’État de la Restauration à la Troisième République, Rennes, PUR, 2005, p. 219-224.
31 Fournier Éric, La Commune n’est pas morte. Les usages politiques du passé de 1871 à nos jours, Paris, Libertalia, 2011.
32 Bateman David A., Disenfranchising Democracy. Constructing the Electorate in the United States, the United Kingdom, and France, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, chap. 6 ; Ferrière Georges, « La loi électorale du 30 novembre 1875. La difficile confirmation du suffrage universel », in Association Française des Historiens des Idées Politiques, Le concept de représentation dans la pensée politique, Aix-en-Provence, PUAM, 2003, p. 421-447.
33 Houte Arnaud-Dominique, Le Triomphe de la République, 1871-1914, Paris, Éditions du Seuil, coll. « l’univers historique », 2014, p. 35.
34 Gros Damien, Naissance de la Troisième République, op. cit. et la contribution d’Armel Le Divellec dans le présent ouvrage.
35 Juhem Philippe, « Le clivage droite-gauche comme effet émergent des luttes électorales », in Jacques Le Bohec et Christophe Le Digol (dir.), Gauche/droite. Genèse d’un clivage politique, Paris, PUF, 2012, p. 99-124.
36 Grévy Jérôme, La République des opportunistes, 1870-1885, Paris, Perrin, 1998, chap. xiv.
37 Rousselier Nicolas, Le Parlement de l’éloquence, Paris, Presses de Sciences Po, 1997.
38 Damamme Dominique, « Genèse sociale d’une institution scolaire. L’École libre des sciences politiques », Actes de la recherche en sciences sociales, no 70, 1987, p. 31-46 ; Favre Pierre, Naissances de la science politique en France, 1870-1914, Paris, Fayard, coll. « L’espace du politique », 1989, chap. 1.
39 Bourdieu Pierre, Les règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, op. cit, p. 143.
40 Ibid., p. 76.
41 Siegfried André, Tableau politique de la France de l’Ouest, Paris, Armand Colin, 1913, p. xxviii. Sur la réception de cet ouvrage, voir Michel Bussi, Christophe Le Digol et Christophe Voilliot (dir.), Le Tableau politique de la France de l’Ouest d’André Siegfried. Cent ans après, héritages et postérités, Rennes, PUR, coll. « Géographie sociale », 2016.
42 Pierre Bourdieu mentionne à plusieurs reprises, comme exemple de rappel à l’ordre au sein du champ politique, le discrédit jeté sur la candidature de Coluche lors de la campagne électorale présidentielle en 1981. Cf. Duret-Pujol Marie, Coluche président. Histoire de la candidature d’un con, Bordeaux, Éditions Le Bord de l’Eau, 2018.
43 Allorant Pierre et Badier Walter, « La Société de législation comparée : boîte à idées du parlementarisme libéral de l’Empire libéral à la République opportuniste », Clio@Thémis, op. cit., p. 1.
44 Sacriste Guillaume, La République des constitutionnalistes. Professeurs de droit et légitimation de l’État en France (1870-1914), Paris, Presses de Sciences Po, 2011.
45 Allorant Pierre et Badier Walter, « La Société de législation comparée : boîte à idées du parlementarisme libéral de l’Empire libéral à la République opportuniste », art. cité, p. 6.
46 Favre Pierre, Naissances de la science politique en France, 1870-1914, op. cit., p. 307.
47 Garrigues Jean, La République des hommes d’affaires (1870-1900), op. cit.
48 Anceau Éric, L’Empire libéral, t. 1 : Genèse, avènement, réalisations, t. 2 : Menaces, chute, postérité, op. cit. ; voir aussi la contribution de Jean El Gammal dans le présent ouvrage.
49 Voilliot Christophe, « L’élection au village est-elle toujours un long fleuve tranquille ? », in Christophe Granger, Laurent Le Gall, Sébastien Vignon (dir.), Voter au village. Les formes locales de la vie politique, xxe-xxie siècles, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Paradoxa », 2021.
50 Le Digol Christophe, Hollard Virginie, Voilliot Christophe et Barat Raphaël, « Regards croisés sur le vote et les élections », Histoires d’élections, Paris, CNRS Éditions, 2018, p. 7-17.
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