Version classiqueVersion mobile

Les Dix décisives

 | 
Pierre Allorant
, 
Walter Badier
, 
Jean Garrigues

Première partie. Parcours de grands acteurs : une génération politique des Dix décisives ?

Les « décisives » des modérés

Charles de Freycinet au risque du républicanisme

Julien Bouchet

Texte intégral

1Charles de Freycinet est un ingénieur des grands corps de l’État au cheminement idéologique et politique sinueux. « Républicain du lendemain » en septembre 1870, certes comme d’autres futurs cadres du nouveau régime, ce haut technicien a pourtant une action capitale pour les fondations républicaines des années 1870, séquence de transition institutionnelle à nulle autre pareille par sa durée et son ampleur qui a, aussi, une incidence déterminante sur le propre parcours du parlementaire et du ministre. Cette décennie fut effectivement décisive pour la République en général, et la carrière de Charles de Freycinet en particulier. En septembre 1880, il est le président d’un Conseil malmené par sa politique anti-congréganiste et les défaillances des gambettistes qui ont reçu de leur leader l’ordre de ne plus suivre son dauphin de cabinet ; dix ans plus tôt, presque méconnu des cercles républicains, c’était auprès du même Léon Gambetta qu’il fut attaché en tant que Délégué à la Guerre, après avoir été repéré pour des compétences organisationnelles indéniablement forgées, avec plusieurs proches du Tiers parti, à la fin du Second Empire. Car au moment de la campagne pour les élections législatives de 1869, Charles de Freycinet avait bel et bien embrassé le destin d’un auxiliaire dévoué à l’ordre impérial, alors progressiste et plus libéral sur le plan parlementaire.

2Nommé à l’automne 1870 préfet de Tarn-et-Garonne, son département d’élection sous le Second Empire, ce proche d’Émile Ollivier rejoint Tours dans des fonctions exécutives configurées par l’environnement martial. Peinant à entrer au Parlement, le Sénat en janvier 1876, après deux échecs à l’Assemblée nationale, Freycinet, en tant qu’ingénieur des Travaux publics et homme de réseaux – en particulier plusieurs du républicanisme libéral et modéré, est nommé ministre du cinquième gouvernement Dufaure, à un moment-clef de transition.

3On se propose ici de mesurer les différentes échelles de son action publique (I) pour envisager la pratique du pouvoir d’un stratège (II) et sa vision de la République (III), en tant qu’homme politique et historiographe de son enracinement. À travers lui, se dessine le portrait d’une frange active des modérés libéraux dont la mémoire a été bien effacée par les générations républicaines suivantes.

Les échelles plurielles d’une action publique

Une indéniable compétence ingénieuriale

  • 1 Caron Jean-Claude et Conord Fabien, « Introduction. Charles de Freycinet (1828-1923) », in Jean-Cla (...)

4À l’automne 1870, Charles de Freycinet n’est pas un « homme neuf ». X-Mines avant tout1, haut-technicien, ingénieur des Travaux publics, il mène certes moins de travaux dans les années 1870 du fait du caractère plus opérationnel de ses missions exécutives, administratives, parlementaires puis ministérielles.

  • 2 État des canons forgés à Rive-de-Gier, 16 mai 1871, Archives de l’École Polytechnique (désormais AE (...)
  • 3 Lettre du ministre des Travaux publics à Freycinet, ingénieur en chef des Mines, 13 septembre 1875, (...)

5Retiré des affaires après son action à Tours, il suit les productions militaires en tant qu’ingénieur en chef des Mines2. Après un retour dans le secteur privé, il remet au ministre des Travaux publics, en septembre 1875, un rapport sur la situation comparative des ports du Havre et d’Anvers3.

Une appétence pour les fonctions exécutives

  • 4 Brouillon de la proclamation du préfet du Tarn-et-Garonne, 7 septembre 1870. AEP, IX FR 10, pièce 2 (...)
  • 5 Lettre du directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur au préfet du Tarn-et-Garonne, 8 septembr (...)
  • 6 Brouillon du télégramme du préfet du Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur, 14 septembre 1870. (...)

6Sa première expérience du pouvoir exécutif, début septembre 1870, consiste à être préfet de Tarn-et-Garonne, son département d’élection en tant que conseiller général depuis le renouvellement de 1864, Freycinet ayant donc eu une activité politique six ans avant la fin du Second Empire. Il n’était pas ainsi dans une situation de mise à l’écart politique voulue à l’instar d’Henri Wallon qui se consacra dans les années 1860 à l’enseignement et à la recherche, ou bien dans un positionnement d’opposition comme Jules Simon. Dans sa proclamation, le préfet de l’alternance républicaine insiste sur le contexte particulier de guerre qui légitimerait le nouveau régime et le choix de sa personne : « Unissons-nous, serrons-nous autour du gouvernement nouveau et acceptons franchement la République, seule capable de repousser l’invasion4. » Cette nomination est vivement critiquée par le « parti républicain » de Montauban qui déplore que le représentant de la République soit un bonapartiste patenté5, à tel point que le préfet, destabilisé et sans véritable soutien local, demande lui-même son remplacement une semaine après son arrivée6.

  • 7 Décret de nomination de Freycinet délégué du ministre auprès du département de la guerre, signé de (...)
  • 8 AEP, IX FR 12 et 32.
  • 9 Il ne souhaite pas les généraliser : lettre de Freycinet à un autre Délégué à propos des polytechni (...)
  • 10 Lettre de Léon Gambetta à Charles de Freycinet lui faisant part de sa démission, 6 février 1871, AE (...)

7Près d’un mois plus tard, il est nommé Délégué du ministre auprès du département de la Guerre en ses qualités d’ingénieur des mines et ancien chef de l’exploitation des chemins de fer du Midi7. Freycinet est chargé de diriger les services en lieu et place de Léon Gambetta avec lequel il est en rapport constant. Un stock de reproductions manuscrites de dépêches adressées à Gambetta, mais aussi à Jules Favre (10 pièces) et au général Trochu (6 pièces) a été conservé. Elles expriment notamment sa défiance envers Bourbaki8 et la protection de son corps d’origine, les polytechniciens, au sujet des engagements volontaires9. C’est le Délégué qui annonce à chaque chef d’armée la nécessité de respecter l’armistice le 29 janvier 1871, alors qu’une assemblée est convoquée à Bordeaux pour le 15 février. Lorsque Freycinet écrit à Gambetta qu’il envisage de démissionner le 6 février, ce dernier lui ordonne de rester en poste en raison de son importance et de « la connaissance approfondie [qu’il possède] de toute l’administration10 », tandis qu’Arago lui ordonne, deux jours plus tard, de garder ses fonctions jusqu’au 15 février.

  • 11 Freycinet Charles de, Souvenirs (1848-1878), t. I, Paris, Ch. Delagrave, 1912, p. 384-385. Cette so (...)
  • 12 Freycinet Charles de, Souvenirs (1878-1893), op. cit., t. II, p. 7-8.
  • 13 « Mis en place au lendemain immédiat du 16 Mai, le programme Freycinet constitue l’un des rares exe (...)

8Après un temps d’activité entrepreneuriale puis son élection au Sénat, Charles de Freycinet est nommé ministre du cinquième gouvernement Dufaure. Avant d’accepter, il demande l’avis de Léon Gambetta qui lui assure le soutien de ses amis11. Dès les premiers jours de sa magistrature, le nouveau ministre expose au président du Conseil son plan de bataille : « Il consistait à procéder au recensement méthodique des travaux qui paraissaient nécessaires pour compléter notre réseau de chemins de fer ainsi que celui des voies navigables, et pour outiller convenablement nos principaux ports de commerce, négligés depuis trop longtemps12. » La durée de ce ministère lui permet de réaliser une grande partie de ces projets soutenus par un large spectre d’élus républicains13, à tel point qu’il garde son poste dans le ministère Waddington, ce qui lui permet de présenter au président de la République Jules Grévy des résultats conséquents à la fin 1879 :

  • 14 Rapport dactylographié du ministre des Travaux publics au président de la République, 31 décembre 1 (...)

« La mise à exécution de cet ensemble de travaux a nécessité de la part de l’administration un effort considérable. La plupart des services ont été reconstitués ; un grand nombre ont été créés de toutes pièces ; tous ont été fortifiés par des adjonctions plus ou moins importantes. Pour ne citer que les chemins de fer, il existe aujourd’hui près de cinquante services spéciaux d’ingénieurs en chef, chargés des études et de la construction de toutes les lignes inscrites dans la loi. Il a fallu créer, à côté du personnel des ponts et chaussées devenu insuffisant par le nombre, un personnel auxiliaire d’ingénieurs et de chefs de section. Près d’un millier de ces agents techniques ont aujourd’hui pris place dans nos cadres et la liste en augmente incessamment14. »

  • 15 « Votre programme de travaux publics est voté et l’exécution est en train. Un autre ingénieur la po (...)
  • 16 Le Globe, 16 décembre 1879, « Le Ministère Freycinet ».

9Léon Gambetta le pousse à quitter ce ministère technique pour prendre, à la place de Waddington soutenu par Grévy, les Affaires étrangères15. Freycinet compose avec Gambetta sa première combinaison en décembre 1879. Début 1880, les deux collaborateurs dînent ensemble une fois par quinzaine. La nomination de Freycinet à la tête du gouvernement est assez saluée, ses compétences (administratives et techniques) et sa position médiane (entre l’Union républicaine et le Centre gauche) étant particulièrement soulignées16. Après plusieurs velléités d’autonomie du président du Conseil, Gambetta s’en éloigne néanmoins à l’été 1880 au sujet de l’amnistie relative à 1871, ce qui précède la crise de son ministère accentuée par la mauvaise réception du discours de Montauban prononcé par Freycinet à la fin de l’été 1880.

Le Parlement dans la maturité

10Nommé préfet de la République à Montauban, Charles de Freycinet est confiant quant à son devenir électoral, en dépit des « suspicions du parti avancé » :

  • 17 Brouillon de la lettre du préfet du Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur, 14 septembre 1870, (...)

« N’écartez pas l’opinion que je représente, [déclare-t-il au ministre de l’Intérieur à la mi-septembre 1870] et si vous voulez rallier franchement ce pays à la république envoyez-lui, permettez-moi le mot, des hommes de ma couleur. La justesse de mes appréciations vous sera, j’espère, confirmée par le résultat des prochaines élections, car j’ai la certitude morale d’être nommé à une immense majorité17. »

11En février 1871, Freycinet n’est pas élu, bien qu’il se fût laissé inscrire sur deux listes, l’une conservatrice et l’autre républicaine, avant de se retirer de la première sur la demande des républicains.

  • 18 Lettre de Léon Gambetta à Charles de Freycinet, 25 juin 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2200.
  • 19 Lettre de Charles de Freycinet aux habitants du canton de Nègrepelisse, 3 octobre 1871, AEP, IX FR (...)
  • 20 Lettre de Charles de Freycinet au comité électoral de Nègrepelisse, 17 octobre 1871, parue dans Le (...)

12Quelques mois plus tard, de Saint-Sébastien, Léon Gambetta le soutient en lui égrenant ce qu’il pense être un bon sujet de campagne pour les échéances à venir, son engagement en temps de guerre18. Ne suivant pas son mentor car il connaît le désir de paix de la population, Freycinet prend clairement ses distances avec le bellicisme lorsqu’il s’adresse aux électeurs19. L’ancien Délégué échoue pourtant de nouveau aux élections cantonales de l’automne, une défaite qu’il attribue sans sourciller à la mauvaise appréciation locale de son profil politique et personnel, ses origines protestantes ayant été mises en cause par plusieurs de ses opposants20. Le candidat battu semble meurtri par la défiance démocratique persistante à son égard. Loin de son arène électorale, il co-acquiert une forge à Buglose, un établissement landais qu’il dirige tout en écrivant pour la République française, avant d’accepter quelques semestres plus tard une tâche d’ingénieur en chef sur les ports de la Manche, mission réalisée au bénéfice du ministre des Travaux publics Caillaux, de l’Ordre moral.

13C’est fort de ces échecs et de cette forme de « traversée du désert » que Freycinet envisage une candidature aux élections sénatoriales du 30 janvier 1876. C’est Léon Gambetta qui le pousse à se présenter dans un département-clef, la Seine. Gambetta juge ce type d’élection plus adapté au profil de l’impétrant :

  • 21 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 322.

« Je reconnais qu’avec le scrutin d’arrondissement vous auriez peu de chances d’être élu. Tournez-vous du côté du Sénat. Le scrutin de liste est beaucoup plus accessible aux idées générales. Votre vrai titre est celui d’ancien Délégué à la Guerre. Le département de la Seine est généreux, patriote, toujours prêt à manifester pour le droit. Il aura à cœur de réparer en votre personne les injustices dont la Défense nationale a été l’objet21. »

  • 22 « Entrer dans son salon constitue une sorte d’onction, une reconnaissance par le parti républicain  (...)
  • 23 « Je n’ai pas d’états de service anciens. Je date de 1870. Sous l’empire, je me suis occupé d’admin (...)
  • 24 Barral Pierre, « le rôle du Centre gauche dans la fondation de la Troisième République », in Franço (...)
  • 25 Édition du 9 novembre 1876.

14Gambetta lui conseille de visiter les grands électeurs et, en premier lieu, Victor Hugo qui fera, selon lui, l’élection. Freycinet fréquente alors le « salon » de Juliette Adam, ce qui densifie son carnet d’adresses tout en le légitimant aux yeux des républicains22. Lors de la réunion de désignation des candidats, il se présente comme un auxiliaire technique du « parti républicain » : « À côté [de Hugo, “des penseurs, des précurseurs, qui tracent les grandes voies de l’humanité”], il y a place [selon lui] pour les travailleurs plus modestes, qui rendent pratiques leurs idées, qui les appliquent, qui organisent et administrent… Je demande à être enrôlé dans la phalange scientifique de la République23. » Il est élu cette fois, au premier tour et en première position, bien avant Hugo et Duprat. Cette victoire a sans nul doute configuré sa pratique des relations politiques. Au Sénat, habile en ambassades diverses, l’élu siégeant à la Gauche républicaine fait le lien entre l’Union républicaine et le Centre gauche, un groupe déterminant pour la mise en place de la République24. Rapporteur du projet de loi sur l’administration de l’armée, un secteur déjà important à ses yeux, son premier discours constitue un brevet d’éloquence, à suivre La République française qui est, sans surprise, enthousiaste25.

Les déterminants de pratiques politiques spécifiques

La mémoire structurante d’une expérience fondatrice

  • 26 AEP, IX FR 33.

15Tout au long des années 1870, Charles de Freycinet a fait de sa mission à Tours une onction de légitimé, ce qui constitue une particularité dans un temps où la mémoire de la Défaite ne poussait pas à évoquer ce repère traumatique. S’adressant au conservateur Dalloz le 31 janvier 1876 pour le remercier de son appui lors des élections sénatoriales, il lui sait gré de passer outre leur opposition doctrinale, au nom du souvenir de la Défense nationale26.

  • 27 AEP, IX FR 32.
  • 28 « L’armistice a dû expirer aujourd’hui à midi. Il est bien entendu qu’il ne doit être renouvelé sou (...)
  • 29 « Donnez ordres immédiatement aux Ingénieurs des Ponts et Chaussées de couper, défoncer et labourer (...)
  • 30 À M. le Général Bressolles, no 272, 24 novembre 1870.
  • 31 Dépêche no 33 127, novembre 1870.

16Il paraît ainsi heureux de revenir aux pratiques de pouvoir d’un Délégué à la Guerre qui a fait de sa macule martiale un étalon de légitimité. Les Archives de « l’X » conservent deux registres de dépêches copiées presque exclusivement par le sergent Merle. Elles forment un corpus de 300 pièces signées entre le 15 octobre et le 24 novembre 1870, puis 261 autres datées du 24 novembre au 9 décembre 187027. On y découvre un Freycinet en prise directe avec les opérations de guerre28 et en contact journalier avec les officiers supérieurs parmi lesquels le très apprécié Garibaldi. Le pragmatisme de l’ingénieur des Mines apparaît nettement en plusieurs questions d’espèce (les besoins en terrassiers, la perturbation des déplacements de l’ennemi29). En bon administrateur militaire qui n’a pas oublié que la politique ordinaire reviendra une fois l’armistice signée, Charles de Freycinet a aussi le souci des civils… Et de l’opinion : « Je vous invite à hâter l’exécution de vos mesures pour faire occuper la position de Chagny et environs. Les populations sont inquiètes et commencent à nous accuser, ne connaissant pas nos nécessités stratégique30. » La gestion de ses subordonnés directs ou plus indirects laisse voir un tact qui portera fruit après la paix, sa carrière avancée ; ainsi s’adresse-t-il au sous-préfet de Vendôme : « Je suis très satisfait de l’énergie et de l’intelligence que vous déployez contre l’ennemi. J’espère que vous en serez prochainement récompensé31. »

  • 32 Du 19 octobre 1878 au 28 décembre 1879, AEP, IX FR 30.
  • 33 « Si le personnel est insuffisant il faut l’augmenter. De tels délais pour traiter des affaires aus (...)
  • 34 Ordre no 1310, à destination de M. Duverger, 3 août 1879.

17Le fonds de l’École polytechnique contient aussi une partie de ses notes de ministre32. Freycinet, en laborieux téméraire, s’agace assez facilement de la lenteur de l’exécution de ses ordres33, et anticipe l’application des décisions parlementaires34. Se dessine en plusieurs points la figure du technocrate.

Entourer les puissants sans susciter un nouveau sillon doctrinal

  • 35 Lettre d’Émile Ollivier à Charles de Freycinet, 28 novembre 1911, AEP, IX FR 23, pièce 3076.
  • 36 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 384. La première combinaison envisagée succombe (...)

18Le deuxième déterminant de ses pratiques est le choix d’entourer les puissants sans susciter un nouveau sillon doctrinal afin de ne pas être mis à l’écart au moment d’un remaniement ou d’un bouleversement des équilibres parlementaires. Freycinet eut en quelque sorte deux mentors qui n’ont pas du tout le même positionnement : le premier est Émile Ollivier, de la même génération. En retrait certain à partir du milieu de l’affaire Dreyfus, l’ancien ministre et vieux sénateur lui garde encore une fidélité, et rend hommage à sa politique libérale dans ses Souvenirs publiés au début des années 1910, certes à un moment où ce renvoi est moins périlleux politiquement parlant, ce qui lui vaut des remerciements appuyés de l’intéressé35. Freycinet devient ensuite un proche de Gambetta, mais pas son confident à l’instar d’Eugène Spuller. Il est donc à la périphérie du premier cercle d’entourage, et ce tout au long des « décisives ». Après la magistrature de Tours, son action à ses côtés est polymorphe. C’est le spécialiste de la Guerre et des Travaux publics à la République française, un expert qui écrit cependant de plus en plus d’articles de politique générale jusqu’à six mois après son élection au Sénat. Freycinet fait aussi office d’intermédiaire entre Gambetta et Thiers de début décembre 1871 à la chute du second le 24 mai 1873. Il est amené à pratiquer le Centre gauche de son futur président du Conseil Dufaure. Il embrasse donc le réseau modéré, et le connaît bien, ce qui explique pourquoi Gambetta l’a voulu ministre : « De votre côté, dans le ministère, vous tâcherez de pousser à gauche, le plus possible. Vous serez un trait d’union entre M. Dufaure et moi, car, plus d’une fois, il désirera connaître mon opinion sans me la demander36. »

Gouverner en modéré expert

  • 37 Ibid., p. 286.
  • 38 « Le caractère propre d’une politique radicale est de repousser les transactions, les demi-mesures, (...)

19Le troisième déterminant de ses pratiques est l’exercice du gouvernement en personne qualifiée et en faisant montre de modérantisme dans les relations avec ses partenaires et subordonnés. Freycinet rappelle cette stratégie à plusieurs reprises dans ses Mémoires : « Mon point de vue [à la République française] était déjà celui auquel je me suis placé plus tard comme ministre : ne reculer devant aucune réforme nécessaire, mais procéder avec ménagement, en tenant le plus grand compte des habitudes des populations37. » Au-delà du vernis rhétorique, cela renvoie à un véritable choix qui se distingue nettement du « radicalisme » républicain défini notamment par Jules Simon à la fin des années 186038.

  • 39 La corrélation entre la transition républicaine et les changements plus ou moins brutaux de carrièr (...)

20Charles de Freycinet expérimente et consolide plusieurs techniques de gouvernement au cours des années 1870. Il goûte présider aux destinées administratives et politiques de ses administrés, et ceci dans plusieurs secteurs. Son action se justifie pour lui par sa capacité de stratège (la mission de Tours), de personne expérimentée en pouvoir exécutif (ensuite) et d’ingénieur (les Travaux publics). Les Affaires étrangères sont le seul département, en 1879, qui ne correspond pas à cette logique, mais il est bien sûr entouré d’un cabinet élargi au quai d’Orsay, ce qui lui permet, du reste, de densifier ses réseaux. En ingénieur, il sait que l’expertise est non seulement fonction d’un génie, mais surtout d’un travail collectif pensé par plusieurs et mis en œuvre par des techniciens qualifiés. Il sait donc faire confiance à d’autres décisionnaires et maîtres d’œuvre, et notamment ses « coreligionnaires » de Polytechnique dont les membres des administrations et corps techniques ont majoritairement traversé sans état d’âme, comme lui, le changement de régime politique39. Leur républicanisation aisée s’explique par leur entrée en République par un engagement militaire lors de la guerre de 1870 (pour les élèves, l’École est repliée à Bordeaux pendant le siège de Paris), et… par l’augmentation des places au concours entre 1871 et 1872. Pour Freycinet, le gouvernement expert doit être, troisièmement, sage par son caractère tempéré. Et il est notable de constater que les crises freyciniennes furent celles où l’homme s’est laissé submerger par la radicalité, par exemple au cours de la délicate année 1880 avec les questions de l’amnistie et de la politique anti-congréganiste.

Une vision de la République

21Comme plusieurs responsables de sa génération, Charles de Freycinet a laissé un plaidoyer de son action publique. Ses Souvenirs sont copieux, deux tomes ; la plume est alerte, synthétique et précise au besoin. Ses mémoires sont finalement caractérisables par trois thèses qui ont modelé leur plan et le propos : la continuité du gouvernement républicain, une téléologie de l’enracinement de la Troisième République, et le nécessaire équilibre des forces, ce qui renvoie à ses pratiques de pouvoir.

La république continue

  • 40 Lettre de Charles de Freycinet, en tant qu’ingénieur au corps impérial des mines, à l’Inspecteur gé (...)

22La continuité républicaine est non pas tant la permanence d’un système politique que celle d’un régime d’administration publique des Français. C’est une manière de justifier la figure de transfuge, certes comme la majorité des ingénieurs ayant des fonctions locales au premier semestre 1870. La proximité de Freycinet avec les autorités impériales, et surtout son implication dans l’appareil administratif, sont cependant à noter40. Sa position d’ingénieur et de haut-technicien l’a préservé des accusations d’opportunisme et des épurations, à un moment où le nouveau régime, surtout après la défaite, avait besoin de ces ingénieurs ; au reste, Freycinet, en « aide de camp » de Gambetta puis en modéré apprécié, n’avait aucun risque de disgrâce républicaine.

  • 41 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. II, p. 22.

23La continuité du gouvernement républicain passe aussi par un contact régulier avec la nation, que certains ont considéré comme une pratique bonapartiste. Ministre, Charles de Freycinet profite des vacances parlementaires de l’été 1878 pour « entreprendre à travers la France une sorte d’apostolat qui [lui] semblait utile à la vulgarisation de [son] programme41 ». Ce voyage permet de parler de la politique intérieure d’apaisement. Avec son collègue des Finances Léon Say, il se rend notamment à Boulogne puis à Calais, où des travaux d’infrastructures portuaires sont alors à l’étude. Freycinet continue ensuite seul ses « voyages aux ports maritimes » à la fin septembre. Durant cette séquence, on ne note pas moins de treize discours, en majorité dans les ports de l’arc atlantique.

La téléologie républicaine

  • 42 La République des opportunistes, op.cit. Il est cependant plus à l’écart de celles de « l’esprit no (...)
  • 43 Lettre de Gambetta à Freycinet, Saint-Sébastien, 25 juin 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2200.
  • 44 AEP, IX FR 12, pièce 2200.

24Ayant épousé le destin de la République des Centres puis des « opportunistes » étudiés par Jérôme Grévy42, Freycinet forge une téléologie du régime qui est non seulement présente dans ses Souvenirs, mais aussi dans ses discours et plusieurs de ses publications antérieures à ses mémoires. En août 1871, La Guerre en province paraît. Cet ouvrage écrit « à chaud », précieux par la densité de documents de première main qu’il contient, reçoit une bonne réception, même par Le Charivari. En mai 1872, pas moins de huit éditions sont déjà à dénombrer. Si la description de la fondation républicaine, par la guerre, et d’une forme de résistance collective constitue l’objet du livre, la justification de l’action politique de son mentor est bien son enjeu principal. En fait, c’est Léon Gambetta qui le presse de publier ce recueil de décisions, notamment pour documenter l’Assemblée de leur action43. Cette tactique historiographique fonctionne à merveille, plusieurs lettres de lecteurs soulignant, en septembre 1871, la nécessaire défense républicaine passée44.

Le nécessaire équilibre des forces

25Le troisième axe de sa conception de la République est le nécessaire équilibre des forces qu’il définit, non sans ironie, comme un « radicalisme » qu’il aurait forgé dans ses tribunes du début des années 1870, ce qui constitue une indéniable reconstruction mémorielle :

  • 45 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 286-287.

« Je montrais que le radicalisme, compris à la manière de la République française, consistait à aller au fond des choses, à la racine des problèmes (d’où lui venait son nom) pour les résoudre intégralement et ne laisser subsister aucun germe de difficulté ultérieure. Mais l’homme politique, celui qui veut vraiment aboutir, proportionne son action à l’état du milieu. Il avance toujours, ne perd jamais de vue son but, modérant sa marche, d’après les circonstances et sachant au besoin attendre l’heure propice pour réaliser un nouveau progrès. Ainsi hardiesse de la conception, prudence dans l’exécution, telle était, selon moi, la méthode du radical de gouvernement45. »

  • 46 Ibid., p. 332.
  • 47 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. II, p. 45.

26Le renvoi à la racine originelle du radicalisme est à noter, de même que l’exigence d’une nécessaire « prudence » associée à une habileté politique qui constituera l’un des principes attachés à la mémoire de son action publique. Cette position s’explique selon lui par la fragilité du régime institutionnel au mitan des années 187046. Le sénateur reproche à plusieurs reprises dans ses souvenirs les envolées de la jeune majorité républicaine de la Chambre des députés qui n’aurait pas tenu compte des tensions avec le Sénat conservateur et le Maréchal. Après les élections sénatoriales du 5 janvier 1879 qui font basculer le Sénat à gauche, Freycinet déplore encore la démesure de l’attitude de certains députés républicains47. Commentant l’ère des responsabilités républicaines qui s’ouvre à partir de la démission de Mac Mahon, Freycinet se fait prophète :

  • 48 Ibid., p. 61.

« Le danger, on l’aperçoit. Il résidera dans la hâte avec laquelle les innovations viendront au jour, et dans leur multiplicité. Il faudra, ainsi que le voulait Gambetta, “sérier” les questions, c’est-à-dire les aborder successivement et renoncer à tout entreprendre à la fois. Un danger plus grand encore, et qu’on voyait poindre aussi, consistait dans la dispersion du parti républicain48. »

27Freycinet insiste sur l’unité à reconstruire jusqu’au terme du second tome de ses mémoires courant jusqu’au début des années 1890, des années décisives, elles aussi, pour le devenir de la République et l’unité du « parti républicain ».

28Charles de Freycinet, administrateur, ingénieur, technicien et élu du Second Empire, s’est risqué au républicanisme, et a même embrassé le destin institutionnel de la France après sa participation active à la guerre de 1870, bien au-delà d’un évident opportunisme politique. Plus qu’en 1848 lorsqu’il ne s’était pas contenté d’observer les opérations révolutionnaires, Freycinet préside aux destinées nationales à l’orée décennale, avant une « traversée du désert » entre 1871 et 1876. Il est finalement rappelé pour ses compétences multiples, cet ingénieur des Mines n’ayant pas peur de se faire historien pour défendre Gambetta en 1871 en publiant La Guerre en province, ou bien procéder à un grand écart pour rapprocher des hommes politiques et des courants en vue de la concorde : bel exercice, en effet, que de faire échanger Thiers avec Gambetta, ou bien Dufaure avec la frange avancée des républicains que d’aucuns taxent encore de radicalisme !

29Avec l’archéologue Waddington ou bien le professeur Challemel-Lacour, l’ingénieur de Freycinet, à l’instar de Sadi-Carnot, également élève des Ponts et Chaussées, illustre bien ces nouvelles couches expérimentées d’abord par leur excellence dans d’autres champs que celui de la politique. Sa position médiane entre le corps préfectoral et le corps technique, révèle finalement un alliage rare que l’on retrouve dans d’autres moments exceptionnels comme en 1940.

30Charles de Freycinet est bien un homme de compromis qui se pense comme une figure non compromise. Il a tissé des liens dans plusieurs milieux et a su susciter une confiance partagée, ce qui constitue un atout précieux pour les périodes de transition institutionnelle mais aussi les temps de plus grande stabilité. C’est effectivement fort de cette expérience qu’il devient un incontournable des combinaisons ministérielles de 1880 à 1893, avant que la recomposition des équilibres doctrinaux ne le ramène à sa première épouse, la défense nationale, en tant que sénateur reconnu des questions militaires, jusqu’à la Grande Guerre.

Notes

1 Caron Jean-Claude et Conord Fabien, « Introduction. Charles de Freycinet (1828-1923) », in Jean-Claude Caron et Fabien Conord (dir.), Autour de Charles de Freycinet. Sciences, techniques et politique, « Bulletin de la Société des Amis de la Bibliothèque et de l’Histoire de l’École polytechnique (Sabix) », no 85, février 2016, p. 10.

2 État des canons forgés à Rive-de-Gier, 16 mai 1871, Archives de l’École Polytechnique (désormais AEP), IX FR (Fonds Freycinet) 11 (numéro de carton), pièce 11 (les pièces sont numérotées par carton), état des canons forgés à Rive-de-Gier, 16 mai 1871.

3 Lettre du ministre des Travaux publics à Freycinet, ingénieur en chef des Mines, 13 septembre 1875, AEP, IX FR 9, pièce 2017.

4 Brouillon de la proclamation du préfet du Tarn-et-Garonne, 7 septembre 1870. AEP, IX FR 10, pièce 2033.

5 Lettre du directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur au préfet du Tarn-et-Garonne, 8 septembre 1870. AEP, IX FR 10, pièce 2035.

6 Brouillon du télégramme du préfet du Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur, 14 septembre 1870. AEP, IX FR 10, pièce 2041.

7 Décret de nomination de Freycinet délégué du ministre auprès du département de la guerre, signé de Gambetta, Tours, 10 octobre 1870, AEP, IX FR 12, pièce 2193 BIS.

8 AEP, IX FR 12 et 32.

9 Il ne souhaite pas les généraliser : lettre de Freycinet à un autre Délégué à propos des polytechniciens engagés dans la guerre, 28 janvier 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2200. Sa propre expérience de 1848 a nourri sa prudence.

10 Lettre de Léon Gambetta à Charles de Freycinet lui faisant part de sa démission, 6 février 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2209.

11 Freycinet Charles de, Souvenirs (1848-1878), t. I, Paris, Ch. Delagrave, 1912, p. 384-385. Cette source indirecte d’informations est précieuse en plusieurs points, ne serait-ce que pour fournir plusieurs données n’ayant plus de traces archivistiques.

12 Freycinet Charles de, Souvenirs (1878-1893), op. cit., t. II, p. 7-8.

13 « Mis en place au lendemain immédiat du 16 Mai, le programme Freycinet constitue l’un des rares exemples d’entente de la plupart des républicains » (Grévy Jérôme, La République des opportunistes, Paris, Perrin, 1998, p. 81).

14 Rapport dactylographié du ministre des Travaux publics au président de la République, 31 décembre 1879, AEP, IX FR 13, 2 276. Cf. Souvenirs, op. cit., t. II, p. 102-104.

15 « Votre programme de travaux publics est voté et l’exécution est en train. Un autre ingénieur la poursuivra aussi bien que vous. D’ailleurs, de ce ministère très technique et très absorbant vous dirigeriez mal la politique générale » (Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. II, p. 96).

16 Le Globe, 16 décembre 1879, « Le Ministère Freycinet ».

17 Brouillon de la lettre du préfet du Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur, 14 septembre 1870, AEP, IX FR 10, pièce 2042.

18 Lettre de Léon Gambetta à Charles de Freycinet, 25 juin 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2200.

19 Lettre de Charles de Freycinet aux habitants du canton de Nègrepelisse, 3 octobre 1871, AEP, IX FR 14, pièce 2376.

20 Lettre de Charles de Freycinet au comité électoral de Nègrepelisse, 17 octobre 1871, parue dans Le Républicain de Tarn-et-Garonne le 18 octobre 1871, AEP, IX FR 14, pièce 2375.

21 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 322.

22 « Entrer dans son salon constitue une sorte d’onction, une reconnaissance par le parti républicain : elle accueille ainsi solennellement Freycinet ou Teisserenc de Bort après son ralliement au régime. » (Grévy Jérôme, La République des opportunistes, op. cit., p. 183).

23 « Je n’ai pas d’états de service anciens. Je date de 1870. Sous l’empire, je me suis occupé d’administration, de finances, d’études sur les classes ouvrières, j’ai voyagé. Mais quand je suis entré dans la démocratie militante, j’y suis entré par la grande porte. » Freycinet déclare ensuite déposer une candidature contre « les insultes dont la Défense nationale a été l’objet de la part de la réaction ». Il poursuit : « Ce que j’ai fait à Tours et à Bordeaux, je le ferai au Sénat. Il ne faut pas que des génies dans une République ; il faut encore des travailleurs patients, des administrateurs éclairés ; j’appartiendrai à la phalange scientifique républicaine. » Son propos reçoit de « Vifs applaudissements », malgré des objections de Bonnet-Duverdier, mais Gambetta intervient pour le défendre (Le xixe Siècle, 23 janvier 1876).

24 Barral Pierre, « le rôle du Centre gauche dans la fondation de la Troisième République », in François Roth (dir.), Les modérés dans la vie politique française (1870-1965), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2000, p. 21-27.

25 Édition du 9 novembre 1876.

26 AEP, IX FR 33.

27 AEP, IX FR 32.

28 « L’armistice a dû expirer aujourd’hui à midi. Il est bien entendu qu’il ne doit être renouvelé sous aucun prétexte. » (copie de la dépêche no 17 au Général commandant la subdivision à Mézières, 20 octobre 1870).

29 « Donnez ordres immédiatement aux Ingénieurs des Ponts et Chaussées de couper, défoncer et labourer la route de Toury à Saint-Fargeau, de manière à la rendre impraticable à l’artillerie et voitures. » (copie de la dépêche no 151 au préfet de l’Yonne, 16 novembre 1870).

30 À M. le Général Bressolles, no 272, 24 novembre 1870.

31 Dépêche no 33 127, novembre 1870.

32 Du 19 octobre 1878 au 28 décembre 1879, AEP, IX FR 30.

33 « Si le personnel est insuffisant il faut l’augmenter. De tels délais pour traiter des affaires aussi simples sont inadmissibles. » (ordre no 1002, à destination de M. Schlemmer, 22 mai 1879, chemin de fer de l’État. Il porte sur la correspondance entre Loches et Châteauroux).

34 Ordre no 1310, à destination de M. Duverger, 3 août 1879.

35 Lettre d’Émile Ollivier à Charles de Freycinet, 28 novembre 1911, AEP, IX FR 23, pièce 3076.

36 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 384. La première combinaison envisagée succombe aux manœuvres de l’Élysée.

37 Ibid., p. 286.

38 « Le caractère propre d’une politique radicale est de repousser les transactions, les demi-mesures, d’aller, comme on dit vulgairement, jusqu’au bout de ses principes. C’est ce qui la distingue de la politique sage, qui se vante de savoir faire à propos toutes les concessions nécessaires. La première de ces politiques est une doctrine ; la seconde est surtout une habileté. » (Simon Jules, La Politique radicale, Paris, Librairie internationale, 1868, p. 4).

39 La corrélation entre la transition républicaine et les changements plus ou moins brutaux de carrière a été depuis longtemps étudiée en ce qui concerne les préfets et les magistrats. Pour les commissaires de police, consulter notamment López Laurent, « Servir la République après avoir juré fidélité à Napoléon III », Histoire & Mesure, XXIX-2014-2, [http://journals.openedition.org/histoiremesure/5102].

40 Lettre de Charles de Freycinet, en tant qu’ingénieur au corps impérial des mines, à l’Inspecteur général Belgrand, de la direction des eaux et des égouts, 24 avril 1870, AEP, IX FR 9, pièce 2001.

41 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. II, p. 22.

42 La République des opportunistes, op.cit. Il est cependant plus à l’écart de celles de « l’esprit nouveau » puis de la « défense républicaine » à la fin du siècle, avant d’être en marge des Républiques combiste puis clémenciste, et enfin d’être un observateur du briandisme en gésine.

43 Lettre de Gambetta à Freycinet, Saint-Sébastien, 25 juin 1871, AEP, IX FR 12, pièce 2200.

44 AEP, IX FR 12, pièce 2200.

45 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. I, p. 286-287.

46 Ibid., p. 332.

47 Freycinet Charles de, Souvenirs, op. cit., t. II, p. 45.

48 Ibid., p. 61.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search