Éducation et sociabilité aristocratique près et autour de la cour
Turin dans les réseaux des académies nobiliaires
p. 133-146
Texte intégral
1Au cours des xviie et xviiie siècles, certaines cours européennes développent une relation significative avec des institutions éducatives nobiliaires, connues sous le nom de Ritterakademien (académies équestres), dont la présence produit non seulement des modifications dans le tissu urbain des villes qui les accueillent, mais y favorise aussi d’intéressants brassages sociaux et culturels. Plusieurs de ces académies équestres/nobiliaires, situées au cœur de l’Europe, dans les États allemands, en France ou dans les anciens États italiens, nombreuses sur les itinéraires du Grand Tour, contribuent à élaborer des réseaux de sociabilité intimement liés aux milieux aristocratiques internationaux. Ce sont des thèmes que l’historiographie des dernières décennies a approfondis en redécouvrant le rôle politique et culturel des cours européennes et l’appétence croissante des élites pour un style de vie courtisan1.
2Après les premiers exemples isolés d’académies pour gentilshommes, créées entre le milieu du xvie siècle et le début du xviie siècle dans quelques États italiens, et dans des principautés de la région rhénane influencées par les choix effectués précocement dans les Pays-Bas par Maurice de Nassau, il faut attendre la fin du xviie siècle pour assister à l’émergence d’institutions destinées à l’éducation des jeunes nobles, conçues d’emblée pour dépasser la seule visée récréative2. Jusqu’au début du xviie siècle, les écoles d’équitation et d’escrime à l’intérieur des collèges des nobles étaient essentiellement créées comme des lieux d’entraînement pour les joutes et les tournois. La formule la plus solide pour l’éducation des élites restait jusqu’alors celle des seminaria nobilium dirigés par les ordres religieux, capables de satisfaire à la fois la demande de classes d’humanités et d’initiation aux disciplines militaires3.
3Parmi les grandes monarchies d’Europe, la France, étape convoitée du Grand Tour, est dotée d’institutions éducatives, situées non seulement dans la capitale mais aussi dans plusieurs autres villes4. Devant la diffusion généralisée, dans l’Europe catholique, de collèges des nobles dirigés par des religieux, la France a déjà commencé, sous Louis XIV, à différencier les propositions d’éducation contrôlées par le souverain, en organisant des cours, aussi bien pour la préparation aux « armes savantes » que pour la formation des « cadets-gentilshommes5 ». Ce sont là des expériences qui vont connaître plus ou moins de succès et donner lieu, avec le temps, à des initiatives analogues en Europe centrale, puis orientale à la fin du xviiie siècle6.
4La situation change à partir de la deuxième moitié du xviiie siècle, les parcours éducatifs connaissant une différenciation progressive selon les groupes sociaux : un parcours plus technique, dans les écoles pour les « armes savantes », dont le recrutement socialement plus ouvert se distingue d’un parcours moins professionnel, conçu pour les nobles promis à une carrière politique et diplomatique. C’est surtout des îles britanniques que la jeunesse de la bonne société part pour parachever sa formation dans un voyage sur le continent.
5La naissance de l’Académie royale de Turin, dans le duché de Savoie7, en 1678, relève de ce second modèle et doit contribuer à aider la ville piémontaise à attirer un groupe important de visiteurs étrangers autour de la cour, en devenant un centre de sociabilité et de formation de courtisans reconnu. Cette académie, plus tardive que les autres, connaît cependant une longévité plus grande que beaucoup d’autres établissements italiens de la même époque8. La naissance de l’Académie royale s’inscrit, en fait, dans le long processus de transformation des modèles éducatifs européens réservés aux élites.
L’Académie de Turin : modèles et finalités
6Quels ont donc été les modèles qui ont inspiré la création à Turin d’une académie nobiliaire, et quelles ont été les finalités de ce projet ? Les références ne sont pas seulement les écoles de pages françaises9 ou les seminaria nobilium de la région du Pô, en particulier le collège des jésuites de Parme, qui ont certainement joué un rôle important dans les premières années d’activité de l’Académie royale turinoise10. Les académies créées dans quelques cours allemandes ont également eu une influence certaine, comme le montrent les projets élaborés dans les années précédant immédiatement la fondation à Turin, où s’ouvrent, en 1678, d’abord l’Académie royale, puis le nouveau collège des nobles dirigé par les jésuites, institutions créées au cœur de la ville, et toutes deux à proximité du palais ducal11.
7En fait, dès le xvie siècle on assiste, sur le territoire italien, à la floraison de plusieurs académies équestres, instituées à l’initiative de groupes de familles patriciennes. La première documentée est une institution fondée à Trévise en 1518, suivie dans les années 1550-1560, par celles de Vicence, Bologne, Padoue. De la même manière, en 1594, l’Académie de Pluvinel marque le début d’une série d’initiatives analogues dans la capitale française. Dans les régions de langue allemande, le précurseur des Ritterakademien a sans doute été le collège fondé à Tübingen sur volonté du duc Frédéric de Wurtemberg-Monbéliard (1596), un pensionnat pour nobles détaché de l’université locale et placé sous la direction d’un dignitaire de la cour. Ce même modèle a orienté les choix d’autres seigneurs territoriaux : le landgrave Maurice de Hesse (1592-1632) et le roi Christian IV de Danemark (1588-1648) ont, par exemple, donné leur patronage, respectivement à un collège à Cassel et à l’ancienne académie de Sorø12. Après la crise liée à la guerre de Trente Ans, la fondation d’écoles analogues a repris. L’année 1687 voit la création de la Ritterakademie de Wolfenbüttel, en Basse-Saxe, qui devient un modèle pour les institutions de Berlin, Lignitz (Basse-Silésie) et Copenhague13.
8Pour chacun de ces établissements, les relations établies avec la ville d’accueil diffèrent, selon qu’il s’agit de l’élite locale, comme dans les villes vénitiennes et à Bologne, ou d’un pouvoir souverain qui assure la promotion sociale des élites, en particulier dans les territoires allemands. En Italie, les académies équestres, florissantes depuis le xvie siècle, ont tendance à faire appel exclusivement à l’aristocratie urbaine, contribuant ainsi à assurer une identité forte à une ville et à un patriciat. Cette typologie paraît évidente, par exemple, sur la « terraferma » vénitienne. L’Académie des Gimnosofisti de Padoue, par exemple, fondée par l’érudit Sperone Speroni en 1564, s’est notamment établie dans une maison située près du Prato della Valle, entourée d’un grand terrain. Dans de tels espaces, des tournois partiellement anachroniques, alliant nouvelles techniques de combat et allure chevaleresque, sont organisés. Ces académies ne produisent pas de carrières militaires, mais elles contribuent au prestige de la ville, et les patriciens qui font partie de l’académie peuvent s’enorgueillir d’en faire partie. Ces académies chevaleresques n’auraient toutefois pas connu une telle longévité, sans un soutien substantiel de l’État. À Padoue, qui a connu quatre académies en un peu plus de quarante ans, l’Académie Delia a survécu plus longtemps que les trois autres, de 1608 à 1801. Elle a en effet bénéficié de la politique adoptée par Venise après la crise de l’Interdetto (1606-1607), lorsqu’il est nécessaire, non seulement de combler le vide laissé par les collèges jésuites dans la formation chevaleresque de la noblesse vénitienne, mais de renforcer des liens avec l’aristocratie de la « terraferma ». À Padoue, Udine, Vérone et Trévise, le gouvernement a donc participé au financement de ces institutions afin de garantir la présence d’enseignants d’équitation, d’escrime et même de mathématiques, et offrir des locaux permanents aux anciennes académies, nées à l’origine dans des espaces privés loués par les patriciens locaux. Au xviiie siècle, toutefois, la présence dans ces académies s’amoindrit considérablement, laissant les maîtres d’armes dispenser des cours particuliers à de jeunes étrangers. Comme l’a remarqué Piero Del Negro, cette désaffection à l’égard des académies d’équitation vénitiennes a commencé au début du xviiie siècle, parallèlement au retrait progressif de Venise « nel guscio di una passiva neutralità » (dans la coquille d’une neutralité passive)14.
9Contrairement à l’État républicain vénitien qui doit intégrer des aristocrates et des patriciens hétérogènes dans un système oligarchique (non monarchique), le duché de Savoie gagne en cohérence grâce à une cour princière fonctionnant comme un réel moteur d’attraction nobiliaire. Lorsque naît à Turin l’Académie royale, entre 1677 et 1678, cette institution est immédiatement placée sous le contrôle direct du souverain par le biais de charges pourvues par le personnel de la Scuderia de cour (qui structure la cour de Savoie sur le modèle bourguignon, avec la Casa et la Camera)15. Il s’agit donc à proprement parler d’une institution de la cour, plus que l’expression de la croissance administrative de l’« État moderne ». Cette académie apparaît, en fait, non seulement comme un outil d’affirmation au sein de la concurrence que se livrent les cours princières à cette époque, mais plus encore un outil d’élévation politique pour la maison de Savoie à l’échelle européenne.
10En somme, de la fin du xviie siècle au milieu du xviiie siècle, la réputation de l’Académie royale de Turin a gagné plusieurs pays européens. Ses règlements en ont fait un centre d’éducation capable d’attirer un certain nombre de familles appartenant à la noblesse de Savoie. L’académie compte de surcroît 30 % d’aristocrates étrangers qui décident de passer en moyenne deux ou trois ans dans la ville piémontaise, souvent accompagnés par un gouverneur ou un précepteur privé, avant ou pendant leur voyage de formation en Italie16. Cette institution a clairement joué un rôle moteur dans l’attractivité de Turin et a permis à la fois de renforcer la présence d’étrangers dans la ville et de stimuler une sociabilité nobiliaire et curiale. On sait aussi que ces académies liées au Grand Tour favorisent la prise de contact et accélèrent les carrières des futurs diplomates : elles permettent donc de faire de Turin un nouveau point de passage obligé pour les élites. Cela se confirme du reste à la lecture des récits de voyage qui accordent une place croissante à Turin au xviiie siècle, sorte de porte d’entrée de la péninsule italienne.
11À partir de la deuxième moitié du xvie siècle les principales villes du duché de Savoie accueillent un collège, mais elles n’ont pas toutes introduit des curricula de niveau supérieur (le soi-disant « pieno esercizio »)17. C’est également pour redéterminer une fréquence qui est restée fragmentaire qu’est décidée, au tournant du xviie siècle, l’ouverture simultanée dans la capitale de deux nouvelles institutions : le collège des Nobles18, confié aux jésuites, et l’Académie royale, à proximité des espaces curiaux, dans l’orbite même du palais, dans ce que les historiens de l’architecture appellent la « zona di comando » à Turin19. Les deux institutions offrent une alternative d’hébergement aux pensionnats privés, à l’intérieur de l’école, mais elles sont d’abord tournées vers les élites savoyardes, puis étrangères. La publicité précoce que les ducs de Savoie réservent à l’« equestris Academia » dans le Theatrum Statuum Regiae Celsitudinis Sabaudiae Ducis20 témoigne de la volonté de donner à l’Académie royale un rayonnement européen. Dans cet impressionnant corpus iconographique, sorti en 1682 des presses du prestigieux éditeur hollandais Blaeu, le choix figuratif privilégie en effet l’Académie royale au détriment du collège des Nobles, même si les deux projets architecturaux sont alors en cours de réalisation. L’Académie entre en fonction entre 1680 et 1685, avant l’inauguration de la chapelle, du manège et de l’école d’équitation, qui sont édifiés, dans le courant du xviiie siècle, dans le prolongement du palais royal, des Segreterie d’État et des Archives de la cour, conformément à la théorie des bâtiments communicants21.
12En 1678, au moment même où la régente Jeanne-Baptiste de Savoie-Nemours approuve la fondation de l’Académie royale pour répondre au désir précédemment exprimé par le duc Charles-Emmanuel II, une académie littéraire est inaugurée dans quelques locaux contigus au palais ducal. L’intention est de promouvoir la connaissance des langues italienne et française lors de rencontres périodiques entre nobles piémontais et étrangers22. Il est difficile d’affirmer qu’il s’agit d’une structure à l’intérieur de l’Académie royale, à l’instar de ce qui est en usage dans les seminaria nobilium, tout comme de mesurer l’influence de Christine de Suède, mécène initiatrice de plus d’une académie littéraire dans les palais qu’elle habite à Rome. En revanche, le jésuite Carlo Maurizio Vota (1629-1715) a bel et bien contribué à l’inauguration du collège des Nobles de Turin et a joué un rôle actif dans cette académie littéraire qui survit au moins jusqu’à la mort de Jeanne-Baptiste en 172423. Ayant surmonté les perplexités avancées par le Saint-Office, contrarié par la participation de princes protestants aux conversations turinoises, Vota, ancien professeur de rhétorique à Venise où ses leçons étaient ouvertes aux princes allemands de religion réformée, a suggéré à la duchesse de Savoie d’y accueillir les visiteurs de confession protestante comme hôtes temporaires, sans aucun lien formel ou stable24. Parallèlement à l’histoire de l’académie littéraire, l’Académie royale accueille dès ses origines quelques nobles allemands provenant d’États protestants, de Poméranie, de Silésie et de Saxe25. D’autres Britanniques et Allemands, ainsi que quelques nobles russes orthodoxes vont s’ajouter au cours du xviiie siècle, confirmant ce climat cosmopolite et pluriconfessionnel qui caractérise la cour turinoise.
13Fermée en 1690, au début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, l’Académie royale rouvre ses portes en 1697. En plus de l’équitation, les matières d’enseignement comprennent des disciplines théoriques : géométrie, géographie, « chronologie des États souverains », mathématiques, dessin technique, autrement dit des rudiments d’architecture et de génie civil26. Cependant, de 1697 à 1713, à cause de deux guerres successives, l’Académie royale peut garantir uniquement l’activité du manège aux rares personnes qui le fréquentent, dont quelques pages de la cour27. Après une nouvelle interruption de 1703 à 1713, les cours reprennent jusqu’aux années 172028, et quelques princes allemands en particulier en profitent29. Une réforme de 1730 permet enfin à l’Académie royale de sortir d’une phase transitoire et d’inaugurer un cursus capable d’avoir une incidence plus sensible sur l’ancien corps de pages de la cour. C’est alors que sont instaurés les trois « appartamenti » : non plus un collège unique, mais trois sections distinctes pour des jeunes entre 10 et 30 ans30. Le premier « appartement » accueille les pages et ceux qui souhaitent recevoir une éducation « cavalleresca », essentiellement les étrangers destinés à des charges diplomatiques ; le deuxième prépare à la carrière militaire ou aux cours universitaires (de droit) dispensés le plus souvent dans le vieux bâtiment de l’université ; enfin, le troisième, pour les plus jeunes, part des rudiments et prévoit l’étude de la grammaire, de la géographie, quelques principes de sciences, et l’histoire des dynasties régnantes. D’importantes corrections aux règlements sont ajoutées dans la deuxième moitié du siècle. En 1759 est établi un programme plus détaillé pour les cours, des deuxième et troisième appartements, sur le modèle de l’Académie autrichienne de Wiener Neustadt fondée par l’impératrice-reine Marie-Thérèse en 1751. À partir de 1769, il est ensuite permis aux pensionnaires du deuxième appartement de sortir du bâtiment de l’Académie royale pour suivre non seulement les cours à l’université, mais aussi les leçons qui se tiennent dans les Écoles royales d’artillerie et de génie qui, en 1739, ont été ouvertes dans un édifice non loin de là31. En 1778, le troisième appartement est éliminé, tandis que les deux premiers survivent jusqu’à la période napoléonienne, quand les États de Savoie sont occupés puis annexés à la France, de 1800 à 181432.
14L’Académie royale de Turin survit non seulement en mettant à jour ses activités éducatives, mais est également considérée par d’autres cours comme un modèle. En 1768, à Parme, ville qui a accueilli un des plus prestigieux seminaria nobilium, paraît une Costituzione per i nuovi Regi Studi dédiée à l’université et aux collèges du duché bourbonien, et notamment au collège des Nobles local33. Soustrait aux jésuites, à la suite de l’expulsion des duchés de la Compagnie de Jésus, ce dernier est confié à des religieux liés au théatin philojanséniste d’origine turinoise Paolo Maria Paciaudi (Turin 1710-Parme 1785)34 et rattaché à l’école ducale des pages. Comme l’Académie de Turin, la nouvelle institution aristocratique parmesane devient un « pensionnat royal », dépendant de la juridiction ducale et comprise parmi les édifices des résidences des ducs. Comme dans le collège des Nobles de Turin, encore sous la direction des jésuites jusqu’en 1773, la discipline est confiée à un ordre régulier, en l’occurrence les clercs des écoles pieuses. Le choix des professeurs relève en revanche directement du duc et le contrôle de l’enseignement appartient à un magistrat des réformateurs, lui aussi nommé par le duc. Lié aux visites périodiques des réformateurs, le collège pour Nobles de Parme a en commun avec l’Académie royale de Turin le cursus, et en particulier la participation des élèves au cérémonial de cour, comme partie prépondérante de leur préparation. Les fonctions éducatives et mondaines exercées par le collège de Parme ont contraint le duc Ferdinand de Bourbon (1765-1802) à le rattacher à l’école des pages de cour qui, à Turin, reste séparée du collège des Nobles, mais a été rattachée, à partir des dernières décennies du xviie siècle, à l’Académie royale. À Parme, donc, le collège nobiliaire de type post-tridentin s’accorde au modèle des Ritterakademien, et le résultat rappelle sous certains aspects l’exemple turinois.
Académie nobiliaire et sociabilité urbaine
15La présence d’une institution comme l’Académie royale de Turin rejaillit considérablement sur la sociabilité urbaine. Elle contribue à mettre en contact les classes dirigeantes locales avec différents groupes de l’aristocratie étrangère : anglaise, allemande et pour une petite partie, dans la deuxième moitié du xviiie siècle, également russe et polonaise. Il se crée ainsi un réseau où les rencontres ne se limitent pas à la cour ou au palais de l’université, à proximité, mais se font aussi au théâtre – le Teatro Regio contigu et partie intégrante de son programme de formation –, ou dans les salons et dans les demeures qui accueillent les invités étrangers35. La bibliographie disponible ne nous permet pas d’établir de nombreuses comparaisons, sauf pour constater une tendance à lier, entre la fin du xvie et le début du xviiie siècle, les cours aux activités culturelles exercées par les académies littéraires et les théâtres. La longévité de cette sociabilité turinoise ne semble pas avoir connu d’équivalent ailleurs dans la péninsule36. De même, les motivations qui ont amené de jeunes aristocrates italiens à préférer les institutions de formation chevaleresques ultramontaines, en particulier en Empire, restent à éclaircir37.
16Jusqu’au règne de Victor-Amédée II (1675-1730), duc de Savoie qui exerce réellement le pouvoir à compter de 1684, la cour turinoise représente pour les étrangers l’unique véritable occasion d’approcher les familles les plus en vue des États de Savoie. Au début du xviiie siècle, la capitale de Savoie est encore soumise à une législation rigoureuse, inspirée du modèle vénitien, qui interdit aux nobles de fréquenter librement les palais où résident les ambassadeurs et les lieux de loisirs sur lesquels le gouvernement n’exerçe pas un contrôle total. Mais avec Charles-Emmanuel III (1730-1773) les ambassadeurs sont autorisés à ouvrir leurs demeures et l’interdiction d’accueillir ensemble des nobles et des bourgeois dans les salons est suspendue. L’Académie royale de Turin s’est à la fois affirmée comme lieu de formation en contact étroit avec les milieux curiaux et comme un point de rassemblement pour une « internationale de l’aristocratie » qui choisit la capitale de la maison de Savoie pour fréquenter les cercles scientifiques, sans négliger les loges maçonniques, terrain de rencontre que la recherche sur les anciens États italiens a remis à l’honneur38. À Turin, on voit fleurir des salons aristocratiques, tenus par quelques salonnières appelées à jouir d’un grand ascendant, spécialement parmi les voyageurs anglais. Grâce à Mesdames Martin et Quaglia, ou à la comtesse de Saint-Gilles, des voyageurs étrangers illustres ou anonymes font parler d’eux, leur nom étant cité dans les gazettes ainsi que dans les correspondances publique et privée de leurs hôtes ou de ceux qui doivent rendre compte officiellement à leur gouvernement des relations sociales établies à Turin par les jeunes nobles en formation39.
17Il faut par conséquent défaire l’Académie royale de cette image d’« albergo di non studi » (hôtel où l’on n’étudie pas) dont la littérature et une certaine historiographie l’ont affublée, après le discrédit inauguré dans les pages de l’un de ses élèves les plus connus, l’écrivain Vittorio Alfieri (1749-1803), qui a fréquenté l’Académie de 1758 à 176640.
18Afin d’évaluer le poids de ce discrédit, on peut établir une comparaison avec les vicissitudes d’académies équestres similaires, parmi lesquelles celle qui est fondée en 1699 à l’initiative des ducs de Lorraine, installée tour à tour à Nancy puis à Lunéville41 et enfin, transférée à Florence (1740), après la migration de la cour de Lorraine dans le grand-duché de Toscane en 1737. C’est l’une des rares comparaisons possibles et pertinentes, dans l’état actuel de l’historiographie consacrée à ce type d’instituts de formation aristocratique. En 1740, quand l’Académie lorraine est déplacée à Florence, elle prévoit des leçons de mathématiques, droit public, histoire, génie des fortifications, physique, art équestre, escrime, danse, langues française, italienne et allemande42. Bien que certains de ces cours ne doivent rester que sur papier (droit public, allemand), ce sont à peu près les mêmes disciplines qui sont enseignées à Turin depuis la fin du xviie siècle, en dehors de l’allemand, parlé surtout dans le milieu militaire, dans le duché de Savoie. Il s’agit d’un cursus complémentaire à l’entraînement physique et, on l’a vu, étant donné qu’il s’adresse à la haute aristocratie, il reste en vogue à Turin pendant tout le xviiie siècle. Mais les institutions de ce type n’ont pas toutes connu le même succès dans leur tentative d’attirer les noblesses étrangères en dehors des noblesses locales43. À Florence, avant le programme radical des réformes léopoldines contre les institutions féodales, l’intégration politique et culturelle entre la tradition républicaine précédente et la monarchie absolue de Lorraine n’a pas eu lieu, et n’est pas parvenue en fait à recréer une véritable vie de cour44.
19Florence a accueilli dès 1689 une Accademia dei Nobili, qui n’a cependant survécu que jusqu’en 1739 ; et l’expérience ultérieure de l’Académie de Lorraine n’a pas duré longtemps, car dès 1746 les écuries sont transférées à Pise45. L’arrivée à Florence du nouveau grand-duc de Toscane, François-Étienne, en 1737, n’a pas animé, en fait, une nouvelle cour à proprement parler, mais une sorte de succursale noble de Vienne où le prince lorrain s’est en réalité installé, après avoir quitté la Lorraine en 1731. C’est probablement pour cette raison d’ailleurs, et ce n’est pas surprenant, qu’à Florence, l’académie équestre importée par François-Étienne n’a pas été aménagée dans un lieu unique : le cabinet de physique a été placé au palais Pitti et le reste des activités dans le couvent Saint-Marc, où ont déjà été installés un Casino dei nobili et une école d’équitation. L’ancien duc de Lorraine a effectivement prévu des fonds pour agrandir Saint-Marc et y placer un nouveau manège, mais, en comparaison avec la précédente académie florentine, cette nouvelle institution, dévolu surtout aux nobles étrangers de passage à Florence, apparaît bien vite comme une offre pédagogique au rabais.
20Pour une académie équestre, le pôle d’agrégation de la cour constitue l’élément essentiel car, contrairement aux premières écoles d’équitation créées sur une initiative privée ou semi-privée, on y accède désormais grâce à des lettres détaillées, présentées aux souverains du pays d’accueil, afin d’assister aux activités de la cour, en se familiarisant avec les cérémoniels et la sociabilité. De ce point de vue, l’Académie royale turinoise, contrairement à l’Académie florentine, est en mesure d’offrir à ses hôtes étrangers des conditions de nourriture et de logement dans une position stratégique du fait de la contiguïté avec le siège de la cour.
21La volonté de moderniser les programmes et les fonctions de l’Académie royale est encore évidente durant la brève parenthèse de la restauration austro-russe dans le Piémont (1799), après la courte période du gouvernement provisoire républicain (1798-1799), suite au transfert de la cour de Turin à Cagliari. Un des fonctionnaires de Savoie les plus lucides de l’époque, Gianfrancesco Galeani Napione, en qualité d’« archiviste royal, réformateur des études et conseiller d’État », remet cette année-là un projet de réforme pour l’université de Turin. Il y évoque l’éventualité de réunir le collège des Nobles et l’Académie royale de Turin, deux institutions éducatives restées séparées dans le Piémont, à cause, entre autres, des différences de rang social des élèves inscrits, différences qui risquent désormais d’accroître les facteurs de tension46. Les anciennes divisions au sein des classes dirigeantes inquiètent en effet Galeani Napione, qui craint de les voir miner ultérieurement la sécurité politique, comme cela a été le cas depuis que la Révolution a éclaté en France. Pour cette raison, il suggère de rétablir, en les corrigeant, les cursus de l’Académie royale, désormais fermée, en donnant plus de place aux langues modernes, à l’histoire et au droit public, et en conseillant au contraire de réduire le poids pédagogique des exercices à cheval que la société de cour a jugés importants et qu’il considère quant à lui comme de « simples divertissements », si ce n’est même comme des pratiques anachroniques et pernicieuses : les cours d’escrime – incitation malsaine au duel selon lui –, la danse et l’équitation.
22Les cursus de l’Académie royale de Turin ont connu plusieurs altérations visant à adapter un cadre culturel en transformation, jusqu’à l’interruption des cours à la veille du gouvernement provisoire républicain. Enfin, c’est le régime napoléonien qui marque un point de non-retour et suscite la crise d’un type d’académie nobiliaire qui a été profondément lié à la société de l’Ancien Régime. Quelle avait été la « formule gagnante » de cette institution éducative jusqu’à la fin du xviiie siècle ? Quels ont été les effets positifs sur le tissu urbain et sur le dispositif curial d’ancien régime ?
23L’Académie royale de Turin, exemple d’une nouvelle génération d’académies nées en concurrence avec les académies déjà florissantes au xviie siècle, adossées à diverses cours italiennes et européennes, participe à la politique de promotion des États de Savoie, à l’initiative de la maison régnante, non seulement par l’attraction de gentilshommes étrangers, mais aussi par la constitution d’un vivier de courtisans. La présence d’académistes a aussi stimulé la sociabilité curiale et urbaine en favorisant la rencontre entre noblesses locales et noblesses étrangères. Ces phénomènes ont été interrompus après la Restauration, quand le climat cosmopolite que les académies nobiliaires ont contribué à alimenter dans un rapport de contiguïté étroite avec les milieux de cour, tire à sa fin, à Turin comme ailleurs.
Notes de bas de page
1 Conrads Norbert, Ritterakademien der frühen Neuzeit. Bildung als Standesprivileg im 16. und 17. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1982 ; Brizzi Gian Paolo, « La pratica del viaggio d’istruzione in Italia nel Sei-Settecento », Annali dell’Istituto italo-germanico in Trento, II, 1976, p. 203-291 ; id., « Ritterakademien e seminaria nobilium », in id. et Jacques verger (dir.), Le università dell’Europa. Dal rinnovamento scientifico all’età dei Lumi, Milan, Silvana, 1992, p. 109-125 ; Boutier Jean, « Le Grand Tour des gentilshommes et les académies d’éducation pour la noblesse. France et Italie, xvie-xviiie siècle », Francia, vol. LX : « Grand Tour », 2005, p. 237-253. Pour une revue actualisée des études consacrées au cas de Turin dans le contexte italien et européen, voir Bianchi Paola, « Économie, démographie et culture en Piémont-Sardaigne au xviiie siècle. Un regard depuis l’Europe », in Giuliano Ferretti (dir.), Le Duché de Savoie de sa création à l’Unité d’Italie (1416-1861), op. cit., p. 356-384.
2 Sur la fondation de l’Académie de Siegen (1616) de Maurice Nassau et sur le phénomène d’émulation subséquent dans le Palatinat, la Saxe, le Brandebourg, la Prusse, l’Assia-Kassel : Wilson Peter H., German armies. German politics, 1648-1806, Londres, UCL Press, 1998, p. 154. Sur les différents types d’académies qui ont prospéré dès le début de l’ère moderne dans les villes italiennes, Quondam Amedeo, « L’accademia », in Letteratura italiana, I, Il letterato e le istituzioni, Turin, Einaudi, 1982, p. 874-877.
3 Brizzi Gian Paolo, La formazione della classe dirigente nel Sei-Settecento. I seminaria nobilium nell’Italia centro-settentrionale, Bologne, il Mulino, 1976.
4 La célèbre Académie des Exercices de Sedan, fondée en 1606.
5 Del Negro Piero, « Le scuole militari e tecniche », in Gian Paolo Brizzi et Jacques Verger (dir.), op. cit., p. 129-145.
6 Parmi les dernières écoles, le collège des cadets russes fondé en 1731. Voir Raeff Marc, La Russia degli zar, Rome/Bari, Laterza, 1984, p. 60.
7 Il deviendra Royaume de Sicile en 1713 et enfin, avant l’unification italienne, Royaume de Sardaigne en 1720.
8 Boutier Jean, « L’Accademia dei Nobili di Firenze. Sociabilità ed educazione dei giovani nobili negli anni di Cosimo III », in La Toscana nell’età di Cosimo III, Florence, Edifir, 1993, p. 205-224 ; id., « De l’Académie de Lunéville à l’Accademia dei Nobili de Florence. Milieux intellectuels et transferts culturels au début de la Régence », in Alessandra Contini et Maria Grazia Parri (dir.), Il Granducato di Toscana e i Lorena nel secolo xviii. Tradizioni politiche e culturali della dinastia, ministri, intellettuali e artisti lorenesi, Florence, Olschki, 1999, p. 327-352.
9 Citons par exemple l’Académie des exercices de guerre fondée à Paris par le cardinal Richelieu en 1636, située rue Vieille-du-Temple, pour gentilshommes instruits gratuitement dans les exercices militaires, les mathématiques et l’histoire et pour gentilshommes qui paient pension.
10 Claretta Gaudenzio, « Sui primordi dell’Accademia Militare di Torino. Nota storico-diplomatica », Il Filotecnico, II, fasc. V-VI, 1887, p. 130, 132, 143 ; Brizzi Gian Paolo, La formazione…, op. cit., p. 285 ; Ferrone Vincenzo, « I meccanismi di formazione delle élites sabaude. Reclutamento e selezione nelle scuole militari del Piemonte nel Settecento », in Claudio Donati (dir.), Eserciti e carriere militari nell’Italia moderna, Milan, Unicopli, 1998, p. 93.
11 Archivio di Stato di Torino (désormais AST), Corte, Economato benefici vacanti, Conventi soppressi, mazzo (désormais mz.) 450.
12 Sur cette ancienne académie, située dans un monastère médiéval, revitalisé entre le xviie et le xviiie siècle, voir Marmier Xavier, Lettres sur nel nord: Danemark, Suede, Norvege, Laponie et Spitzberg, Paris, Delloye, 1840, éd. it. Milan, Pirotta, 1841, p. 27-29 ; Dargaud Jean-Marie et Nogaret Nöel, Viaggi in Danimarca e nell’interno dell’Islanda, Milan, Treves, 1874, p. 40-42.
13 Brizzi Gian Paolo, « Ritterakademien… », art. cité.
14 C’est une neutralité autant militaire que diplomatique. Pour l’explication de ces phénomènes de déclin lent de la puissance de Venise, voir del negro Piero, « L’Accademia Delia e gli esercizi cavallereschi della nobiltà padovana nel Seicento e Settecento », in Piero del Negro et Gherardo Ortalli (dir.), Il gioco e la guerra nel secondo millennio, Trévise/Rome, Fondazione Benetton/Viella, 2008, p. 35-67.
15 AST, Corte, Istruzione pubblica, Accademia Militare (déjà Accademia Reale), mz. 1 d’addition, n. 2.
16 La période 1730-1794, documentée par les registres des trésoriers, compte un peu moins de 1700 étudiants, y compris les tuteurs privés d’étrangers. 70 % sont sujets nobles des États de Savoie ; le reste des Anglo-Saxons (10 %), des Slaves et Allemands (10 %), des Italiens (10 %). Voir Bianchi Paola, « In cerca del moderno. Studenti e viaggiatori inglesi a Torino nel Settecento », Rivista storica italiana, CXV, 2003, III, p. 1021-1051 ; ead., « “Quel fortunato e libero paese.” L’Accademia Reale e i primi contatti del giovane Alfieri con il mondo inglese », in Marco Cerruti, Maria Corsi et Bianca Danna (dir.), Alfieri e il suo tempo, Florence, Olschki, 2003, p. 89-112 ; Bianchi Paola et Wolfe Karin (dir.), Turin and the British in the Age of the Grand Tour, Cambridge, Cambridge University Press, 2017.
17 Catarinella Annamaria et Salsotto Irene, « L’Università degli Studi in Piemonte tra il 1630 e il 1684 », in Giuseppe Ricuperati (dir.), Storia di Torino, t. IV : La città fra crisi e ripresa (1630-1730), Turin, Einaudi, 2002, p. 527-567.
18 Dardanello Giuseppe, « Il Collegio dei Nobili e la piazza del principe di Carignano (1675-1684) », in Giovanni Romano (dir.), Torino 1675-1699. Strategie e conflitti del Barocco, Turin, Cassa di Risparmio di Torino, 1993, p. 175-252.
19 Bagliani Francesca, Cornaglia Paolo, Maderna Marco et Mighetto Paolo, Architettura, governo e burocrazia in una capitale barocca. La zona di comando di Torino e il piano di Filippo Juvarra del 1730, Turin, Celid, 2000.
20 Voir Roccia Rosanna (dir.), Theatrum Sabaudiae: teatro degli Stati del Duca di Savoia, Turin, Archivio Storico Città di Torino, 2000, t. II, tab. I, 13.
21 Bianchi Paola, « Conservazione e modernità: il binomio corte-città attraverso il prisma dell’Accademia Reale di Torino », in Marina Formica, Andrea Merlotti et Anna Maria Rao (dir.), La città nel Settecento. Saperi e forme di rappresentazione, Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 2014, p. 107-123.
22 Vallauri Tommaso, Delle società letterarie del Piemonte, Turin, Favale, 1844, p. 113-122 ; Claretta Gaudenzio, Sui principali storici piemontesi e particolarmente sugli storiografi della R. Casa di Savoia: memorie storiche, letterarie e biografiche, Turin, Paravia, 1878, p. 204.
23 AST, Corte, Lettere di particolari, V, mz. 42, lettre de Vota à « Madama Reale », 1er novembre 1678. Sur Carlo Maurizio Vota (1629-1715), professeur de rhétorique et de philosophie, grand organisateur de cénacles littéraires nés autour du bâtiment du collège des Nobles. Voir Dardanello Giuseppe, art. cité ; Gilardi Lorenzo Marcello, « Padre Carlo Maurizio Vota e il suo epistolario con la Real Casa di Savoia », in La Compagnia di Gesù nella Provincia di Torino dagli anni di Emanuele Filiberto a quelli di Carlo Alberto, Turin, Società piemontese di archeologia e belle arti [Celid], 1998, p. 113-132.
24 AST, Corte, Lettere di particolari, V, mz. 42, lettre de Vota, décembre 1679.
25 « Notizie sull’istituzione dell’Accademia Reale » (1679), AST, Corte, Istruzione Pubblica, Accademia Militare (déjà Accademia Reale), mz. 1 non inventorié.
26 Ibid., mz. 1 d’addition, no 2.
27 « Recueil des pièces » (8 juin 1807), ibid., mz. 1 non inventorié.
28 AST, Corte, Istruzione pubblica, Regia Università di Torino, mz. 1 d’addition, n. 3-4.
29 « Memorie » (1719), AST, Corte, Cerimoniale, Funzioni diverse, mz. 1 d’addition, n. 8.
30 AST, Corte, Istruzione pubblica, Accademia Militare (déjà Accademia Reale), mz. 1 d’addition, n. 11.
31 Sur les Reali Scuole d’artiglieria e genio de Turin, voir Barberis Walter, Le armi del Principe. La tradizione militare sabauda, Turin, Einaudi, 1988 ; Ferrone Vincenzo, La Nuova Atlantide e i Lumi: scienza e politica nel Piemonte di Vittorio Amedeo III, Turin, Meynier, 1988 ; Bianchi Paola, Onore e mestiere. Le riforme militari nel Piemonte del Settecento, Turin, Zamorani, 2002.
32 Le gouvernement napoléonien représente pour l’Académie royale de Turin sa transformation temporaire en lycée. Enfin, après la Restauration, celle qui a été une académie équestre est rebaptisée Académie militaire et se transforme définitivement en une école pour les officiers de l’armée de Savoie.
33 Costituzione per i nuovi Regi Studi, Parma, Carmignani, 1768. Cf. Brizzi Gian Paolo, La formazione, op. cit., p. 181 ; Ghiringhelli Robertino, Idee, società ed istituzioni nel ducato di Parma e Piacenza durante l’età illuministica, Milan, Giuffré, 1988 ; Turrini Miriam, Il giovin signore in collegio: i gesuiti e l’educazione della nobiltà nelle consuetudini del Collegio ducale di Parma, Bologne, CLUEB, 2006.
34 Ancien élève à l’université turinoise de Bernardo Andrea Lama. Sur Paciaudi voir Roscioni Lisa, Dizionario biografico degli italiani, vol. 80, Rome, Istituto dell’Enciclopedia italiana, 2015. Sur Lama, Ricuperati Giuseppe, « Bernardo Andrea Lama professore e storiografo nel Piemonte di Vittorio Amedeo II », Bollettino storico bibliografico subalpino, 1968, p. 11-101 ; Ricuperati Giuseppe, « Le riforme scolastiche negli spazi italiani della seconda metà del Settecento fra progetto e realtà », in L’Italia alla vigilia della Rivoluzione francese, Milan, Istituto per la storia del Risorgimento italiano, 1990, p. 210-218.
35 Sur l’activité du Teatro Regio de Turin en relation avec la sociabilité et la vie de la cour, Colturato Annarita, « Musica e cerimoniale nel Settecento », in Paola Bianchi et Andrea Merlotti (dir.), Le strategie dell’apparenza, Cerimoniali, politica e società alla corte dei Savoia in età moderna, Turin, Zamorani, 2010, p. 167-199.
36 Cont Alessandro « “Sono nato principe libero, tale voglio conservarmi”. Francesco II d’Este », Memorie scientifiche, giuridiche, letterarie dell’Accademia nazionale di Scienze, Lettere, Arti di Modena, ser. VIII, vol. XII (2009), II, p. 407-459.
37 Sur le Collegium Virgilianum à Salzbourg, destination possible pour les jeunes aristocrates de Mantoue, et sur la concurrence, dans la formation chevaleresque, garantie par les ordres chevaleresques (Santo Stefano et Malte), voir Cont Alessandro, Giovin signori. Gli apprendisti del gran mondo nel Settecento italiano, Rome, Società editrice Dante Alighieri, 2017, p. 29, 44, 52, 62, 95.
38 Francovich Carlo, Storia della massoneria in Italia dalle origini alla Rivoluzione francese, Florence, La Nuova Italia, 1974 ; Conti Fulvio, Storia della massoneria italiana. Dal Risorgimento al Fascismo, Bologne, il Mulino, 2003 ; Cazzaniga Gian Mario (éd.), Storia d’Italia. Annali, 21, La Massoneria, Turin, Einaudi, 2006. En particulier, sur le réseau des salons et des loges maçonniques à Turin : Merlotti Andrea, « Il caso Dunand: vitalità e insidie della sociabilità nella Torino di Alfieri (1772-1777) », in Marco Cerruti, Maria Corsi et Bianca Danna (dir.), op. cit., p. 131-177 ; id., « The British and Freemasonry in Eighteenth Century Turin », in Paola Bianchi et Karin Wolfe (dir.), op. cit., p. 142-159.
39 Merlotti Andrea, « Salotti in una città cosmopolita. Gentildonne e conversazioni nella Torino del secondo Settecento », in Maria Luisa Betri et Elena Brambilla (dir.), Salotti e ruolo femminile in Italia tra fine Seicento e primo Novecento, Venise, Marsilio, 2004, p. 125-152 ; Merlotti Andrea, « “Il y a ici quelque étiquette ?” Cerimonie e sociabilità per la visita di Giuseppe II a Torino nel 1769 », in Annarita Colturato et Andrea Merlotti (dir.), La festa teatrale nel Settecento. Dalla corte di Vienna alle corti d’Italia, Lucca, LIM, 2011, p. 155-171.
40 Alfieri Vittorio, Vita, éd. Giampaolo Dossena, Turin, Einaudi, 1981, p. 34-59. Les jugements de Vittorio Alfieri ont joué sur l’éclipse de l’Académie royale de Turin autant que le désir de l’historiographie du xixe siècle de réduire les premières étapes de l’existence de l’Académie à un pâle prémice de l’école de spécialisation militaire créée après la Restauration. Pour surmonter cette vision réductrice, Bianchi Paola, « In cerca del moderno… », art. cité ; Bianchi Paola, « Quel fortunato e libero paese… », art. cité.
41 Jusqu’en 1725, date de sa fondation au Palais des pages à Lunéville, dirigée, à partir de 1730, par le baron Ulrich von Schack : Conrads Norbert, op. cit., p. 227-230.
42 Boutier Jean, « De l’Académie royale de Lunéville… », art. cité., p. 327.
43 En 1768, écrivant de Florence, sous le règne de Pierre-Léopold, l’envoyé des Savoie en Toscane, l’abbé Bruno di Samone, racontait la « décadence de l’Académie des jeunes nobles ». « Oltre al non esservi convit[t]o, che è subito per i forestieri un grande oggetto, manca quest’Accademia di stabili assegnamenti, e solo si regge cogli avventizi delle contribuzioni di una società di cavalieri detti accademici reggenti e della mensuale quota di paoli 15 che paga ciascun giovine che vuole prendere le lezioni », ainsi écrit Bruno di Samone sur les conditions de l’hospitalité à Florence. Voir AST, Corte, Lettere ministri, Toscana, mz. 2. L’envoyé des Savoie fait référence à une nouvelle académie noble, ouverte à Florence en 1761.
44 Boutier Jean, « De l’Académie Royale de Lunéville… », art. cité, p. 335-338. Franco Venturi a déjà identifié, à l’arrivée des Lorraine, une forte césure politique, également mise en œuvre par le transfert de l’Académie de Nancy à Florence : Venturi Franco, Settecento riformatore, t. I : Da Muratori a Beccaria, Turin, Einaudi, 1969, p. 331. Pour une comparaison entre la cour des Médicis de Toscane au cours des deux siècles précédents et autres cours italiennes voir Chauvineau Hélène, « Ce que nommer », art. cité, p. 31-49.
45 Addobbati Andrea, « Il Casino dei nobili di Pisa e il disciplinamento delle aristocrazie toscane nel xviii secolo », Bollettino storico pisano, LXII, 1993, p. 277-307 ; Becagli Vieri, « Economia e politica del sapere nelle riforme leopoldine. Le Accademie », in Giulio Barsanti, Vieri Becagli et Renato Pasta (dir.), La politica della scienza. Toscana e stati italiani nel tardo Settecento, Florence, Olschki, 1996, p. 37-39.
46 Galeani Napione Gian Francesco, Del modo di riordinare la Regia Università degli Studi, éd. Paola Bianchi, Turin, Deputazione subalpina di storia patria, 1993, p. 207 ; 209.
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