« Paris, pour l’ordinaire le singe de la Cour »
Être et ne pas être à la mode pour le Mercure galant, 1672-1689
p. 99-114
Texte intégral
1En 1671, Louis XIV quitta les Tuileries pour Saint-Germain-en-Laye. Existe-t-il un lien entre ce départ et la création du Mercure galant l’année suivante, qui, entre autres choses, aurait pu avoir pour but de relater les faits et gestes de la cour, dorénavant absente de la ville, et participer ainsi à la diffusion de son prestige ? De nombreux articles y présentent l’actualité militaire et curiale, avec les fêtes, les mariages, les décès ou les dons de charge. Ceux consacrés aux modes, et particulièrement aux modes vestimentaires, développent l’influence de l’aristocratie de cour, située au sommet de la hiérarchie sociale et qui se voit présentée comme la référence et le modèle à suivre dans tous les domaines. Elle est opposée à la ville et à la province, composées des autres couches sociales situées juste en dessous, la petite noblesse, celle de robe et la bourgeoisie, fascinées par « l’air de cour » et désireuses d’en reprendre les codes et l’apparence pour donner et se donner l’illusion d’intégrer cette haute aristocratie. Cependant, cette influence de la cour sur la ville apparaît moins linéaire et unilatérale que les auteurs des articles ne la présentent. Les parcours des modes, des imitations et de leur diffusion se révèlent plus complexes et font intervenir des acteurs plus influents qu’il n’y paraît.
Le Mercure galant
2Le Mercure galant fut publié de mai 1672 jusqu’en 1674, puis reparut en janvier 1677. Tout d’abord trimestriel, il devint mensuel à partir d’avril 1677. L’initiative de sa création revenait à Jean Donneau de Visé (1638-1710), dont le père était au service de Monsieur, frère de Louis XIV. N’ayant pu fournir de titres de noblesse en 1668, père et fils furent dispensés de preuves et reconnus nobles par lettres patentes du 25 avril 1670. Jean Donneau de Visé n’appartenait donc pas à la haute aristocratie1. Il connaissait cependant la cour et approchait Louis XIV grâce à sa charge de « gardemeuble de l’appartement du roi » lui donnant la responsabilité du mobilier personnel du souverain2. De Visé s’intéressait à la littérature et fréquentait le milieu précieux parisien, ce qui explique le contenu mondain, léger, galant et sans esprit critique du Mercure galant, lequel n’eut jamais une excellente réputation auprès des grands auteurs : dans ses Caractères, La Bruyère se vengea de ses insultes envers lui en le plaçant « immédiatement au-dessous du rien3 ».
3Le Mercure galant connut malgré cela un succès ininterrompu jusqu’à la Révolution, en France et à l’étranger, comme en témoignent les copies publiées « à Lyon, Wezel, Utrech, Amsterdam et autres lieux », puis, à partir de 1677, les éditions provinciales officielles imprimées à Lyon, ainsi qu’à Toulouse à partir de 16944. L’aristocratie voyait ses faits, ses gestes et ses valeurs mis en scène et présentés comme des références à suivre, tandis que la ville et la province avaient l’impression d’approcher la cour5. Son prix restait modeste : en novembre 1677, le volume in-12 relié en veau se vendait 20 sols et 15 sols celui relié en parchemin. Comme tout augmente, dans les années 1680, le volume en veau se débitait 30 sols et celui en parchemin 25 sols. Le salaire minimum d’une personne non qualifiée étant de 20 sols par jour, le Mercure galant était donc à la portée de très nombreuses bourses.
Ses articles sur les modes
Leur fréquence
4La mode entrait dans l’esprit mondain de la revue et de Visé se doutait bien du succès de tels sujets. Dans tous les numéros des trois premières années, le Mercure galant proposa des articles sur la mode vestimentaire, quelques-uns sur le mobilier et un seul sur le décor. Dans la nouvelle publication, la mode n’est plus abordée qu’en juillet 1677, octobre 1678, dans l’extraordinaire d’avril 1679, en avril et mai 1681 et pour la dernière fois en octobre 1689. Cet arrêt peut s’expliquer par le début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg « qui apparemment ne finira pas si tost, [et] empeschera beaucoup [de modes] d’éclore6 ». Le conflit s’annonçait difficile, aussi la priorité était donnée aux récits des campagnes militaires.
Leur volume
5La part consacrée aux modes fut tout d’abord raisonnable avec huit pages en 1672, également partagées entre le vêtement et le mobilier. Cela contraste avec l’inflation spectaculaire du tome III de 1673, dans lequel la mode occupe quarante-trois pages, soit cinq fois plus, dont trente-huit pour les habits et cinq pour le mobilier. Ensuite, elle fait l’objet d’articles de onze à dix-sept pages dans le tome IV de 1673, volume qui voit la dernière apparition du mobilier. Les articles d’avril et mai 1681 et celui d’octobre 1689 sur la mode vestimentaire ne font que deux à six pages, alors que le royaume bénéficiait d’une période de paix propice au renouvellement des modes. De tels articles n’apparaissaient-ils plus comme le meilleur vecteur de leur diffusion face au développement des gravures de mode à partir des années 1680 ?
Leur forme
6Jusqu’en 1678 inclus, le narrateur est un homme, peut-être de Visé lui-même, qui s’adresse à une dame de province sur le ton de la conversation dans une correspondance fictive. En 1681 et 1689, il aborde directement le sujet sans cet artifice littéraire. Soit il détaille ce qu’il a vu7, soit il rapporte des conservations imaginaires, dans l’esprit de celles des romans précieux, tels ceux de Mlle de Scudéry8. Pour l’auteur, la mode n’est qu’inconstance et frivolité et toute conversation sur ce sujet relève de la sphère féminine. Il est toutefois impossible de s’y soustraire lorsque l’on a l’usage du monde, cependant « une visite sérieuse » l’interrompt9. Malgré leur aspect superficiel, l’auteur qualifie d’agréables ces conversations : il estime que la mode appartient à la vie quotidienne et que s’en entretenir joue un rôle important dans les relations sociales10.
Leurs sujets
7L’évolution de la mode dans le décor intérieur fit l’objet d’un seul article en 1673. L’auteur constate que les peintures figuratives aux plafonds n’étaient plus à la mode, tandis que les appartements recevaient désormais un décor peint soit en faux marbre, soit en blanc souligné d’un filet d’or, soit enfin en bleu et blanc « à la manière de Trianon11 ». Or les plafonds peints restèrent en vogue jusque dans la seconde moitié des années 168012, parallèlement au développement des plafonds peints en blanc et des boiseries blanches et or, tandis que la bichromie bleu et blanc ne paraît pas avoir été si répandue. L’auteur généralise-t-il quelques choix personnels alors que la mode dans la décoration évolue lentement ? Ce sujet, qui l’inspira peu, n’occupe que deux pages et ne réapparut pas.
8La mode dans l’ameublement est détaillée dans trois articles parus en 1672 et 1673, puis fit l’objet d’une mention rapide en 167413. Ce sujet n’est ensuite plus abordé, peut-être pour les mêmes raisons que pour le décor : l’évolution des tendances, plus lente que pour celles des vêtements, était difficile à suivre, car elle demandait à pénétrer dans les intérieurs aristocratiques et intéressait peut-être moins le lectorat. Le rédacteur n’apparaît d’ailleurs pas très à l’aise sur ce thème. Ainsi, il se contredit à propos des lits d’anges, somptueux ensembles au coût élevé en raison de l’important métrage d’étoffe nécessaire, de la débauche de passementerie, de la présence d’un décor sculpté et même, pour les plus riches, d’un miroir à la tête du lit. En 1673, il annonce que l’on « ne se sert presque plus de lit d’anges », mais en détaille ensuite sur trois pages la grande variété des formes14. La même année, il rapporte l’apparition de nouveautés avec les devants de cheminées peints, les bois apparents dorés sur les sièges, les soieries peintes pour un meuble d’été, le déplacement des cabinets d’ébénisterie de la chambre vers l’antichambre, et le succès du Trianon de porcelaine bâti par Louis XIV15. Les modes vestimentaires ont été traitées dès les premiers articles, pour être seules abordées à partir de 1677, sans doute en raison de la facilité à en suivre l’évolution, exposée aux yeux de tous à la cour comme à la ville. Une femme constate ainsi qu’il « ne faut point d’esprit pour les apprendre et qu’on n’a besoin que d’avoir des yeux, tout le monde les doit savoir16 », sous peine d’apparaître socialement déclassé. Ceci explique l’intérêt des lecteurs à les connaître en raison de l’importance du rôle de marqueur social du vêtement.
9Les articles sur les modes sont essentiellement descriptifs : le texte est privilégié et seules deux gravures de mode sont publiées en octobre 167817 (fig. 1-2). Ces exceptions s’expliquent sans doute par leur coût et par le peu d’éléments complémentaires apportés par rapport à la description très précise qui les accompagne.
De la cour à la ville
La cour
10Le ou les auteurs posent comme principe qu’un groupe social crée la mode, imitée ensuite par les autres couches de la société. Le rédacteur du premier article publié en 1672 ne le définit pas et se contente d’écrire « les hommes » et « les femmes18 ». À partir de l’année suivante, il emploie fréquemment les expressions « personnes de qualité », « hommes d’épée » et « grands seigneurs19 ». En 1680, Richelet applique « qualité » à une personne de « naissance noble et illustre » et dix ans plus tard, Furetière à la noblesse20. Le groupe social est désormais clairement identifié : la haute aristocratie de cour, explicitement mentionnée entre 1673 et 167921, est présentée comme la référence supérieure en matière de bon goût et comme le modèle à suivre par excellence.
11Toutefois, aucune individualité n’émerge, sinon le souverain, en filigrane derrière les mentions du Trianon de porcelaine22. Louis XIV est exceptionnellement nommé lorsqu’il annonce en octobre 1689 « qu’il portera tout cet hiver du drap rayé23 ». Cette déclaration avait moins pour but de lancer une mode que de susciter un phénomène d’imitation par les courtisans puis par la ville afin de relancer le commerce en ce début de conflit.
La ville
12Pour mettre en valeur l’aristocratie, lui sont opposés, dès 1673, « les singes de la cour », or La Bruyère précisait que « Paris, [était] pour l’ordinaire le singe de la Cour24 ». Cette société parisienne est identifiée dans les articles parus en 1673 avec les « dames de la ville » et du « bel air », c’est-à-dire les personnes qui ont une « manière d’agir en bonne part », mais n’appartiennent pas à la cour25. L’auteur désigne ainsi la haute société parisienne, sans plus de précision quant aux groupes sociaux concernés, telle la noblesse d’épée de second rang et celle de Robe, ainsi que la bourgeoisie.
13Les personnes mises en scène parlent des « personnes de qualité » comme d’un monde autre que le leur et se tiennent avidement au courant de la mode mais n’en sont pas actrices : elles en constatent l’évolution et leurs commentaires nourrissent les articles. Classiquement, l’auteur oppose l’état d’esprit de l’aristocratie à celui des autres couches sociales qui cherchent à l’imiter, et cela dans tous les domaines. En 1673, le pavillon de Trianon suscita une émulation chez les grands seigneurs « qui en avaient fait bastir dans leur parc », ainsi que chez les « bourgeois, [mais] qui se voulaient épargner la dépenses de ces petits bâtiments, avaient fait habiller des mazures en Trianon26 ». Cette comparaison opposait les valeurs aristocratiques de libéralité d’après lesquelles il fallait vivre en fonction de son rang et non de ses revenus, et celles bourgeoises d’économie et d’accumulation, à l’origine de conduites ridicules par leur médiocrité, leur prétention ou leur maladresse.
14L’auteur retrace le chemin parcouru selon lui par la mode dans les différentes couches de la société. La haute aristocratie de cour portait les nouvelles modes à la cour et à la ville où elle pouvait être vue dans les rues et dans les jardins des Tuileries, promenade mondaine par excellence27. Ces modes seraient ensuite imitées par les dames de la ville, puis par les bourgeoises et enfin par les grisettes, c’est-à-dire des jeunes filles de condition médiocre, généralement employées chez les couturières28. Elles passeraient ensuite dans les provinces chez les dames nobles puis les bourgeoises avant de gagner l’étranger29. Cette vision linéaire et simpliste flatte l’aristocratie, présentée comme le point de départ de toute mode dont la diffusion se ferait par simple imitation directe en cascade du haut vers le bas de l’échelle sociale.
15En réalité, les étrangers imitaient plus probablement les personnes de la cour et les dames de la ville, toutes inspirant celles de province lors de leurs séjours à la campagne. L’auteur du Mercure galant adresse d’ailleurs explicitement deux articles pour « vos belles de province », présentées comme impatientes, car ayant « beaucoup de curiosité pour les modes nouvelles30 ». L’influence du Mercure galant dans la diffusion de la mode reste cependant impossible à évaluer, mais il entretient l’image que l’aristocratie veut avoir d’elle-même comme référence inaccessible dans tous les domaines par le récit des réactions des citadines et des provinciales souhaitant s’approprier ses codes du paraître pour être confondues avec elle.
Les stratégies de la cour
La qualité
16La convenance imposait que le niveau de richesse du vêtement correspondît au rang social de son propriétaire, car le paraître équivalait à l’être, faisant de l’habit un des importants marqueurs sociaux31. La qualité et la richesse des matières suscitaient l’admiration des contemporains qui considéraient soieries et brocarts comme plus précieux et plus prestigieux qu’un meuble d’ébénisterie. Leur port seyait donc à la noblesse, tout comme les broderies, dentelles ou les « manteaux de la Chine peins et non imprimez32 », car plus rares et plus coûteux.
17Pour cette raison de convenance, l’aristocratie résiste aux défenses édictées en 1678 de porter de l’or et de l’argent pour affirmer sa position au sommet de l’échelle sociale, n’en déplaise au roi et au lieutenant de police, M. de La Reynie, complimenté à cette occasion pour son dévouement au service du souverain33. Braver les interdictions royales en portant du métal précieux est également une manière de se démarquer de ceux qui n’appartiennent pas à l’aristocratie, donc sans pouvoir ni influence face au lieutenant de police et de toute façon dépourvus des moyens financiers nécessaires à l’achat de ces coûteux agréments. En dépit de l’interdiction, et sans doute avec l’accord du pouvoir, l’auteur décrit complaisamment l’usage de l’or dans les vêtements sur plusieurs pages et donne l’adresse d’un fabricant où se procurer ces accessoires34.
18Les questions d’argent étant méprisables et vulgaires, de rares pièces, par leur caractère exceptionnel sont dites coûteuses. Ainsi, en juillet 1677, des jupes en point d’Angleterre sont présentées comme « extrêmement chères, [car] le nombre n’en est pas si grand », tandis que l’indication d’un prix concerne des souliers brodés à quatre louis la paire, soit 44 livres, « mais on en voit encore peu35 ». La seconde et dernière mention d’un prix apparaît en avril 1681, à propos de « personnes de qualité [qui portent] des garnitures d’une richesse qui empeschera que les particuliers ne les imitent, puisqu’elles reviennent à cinquante louis », soit 550 livres36. Le port d’un vêtement très coûteux a toujours été un moyen de se distinguer.
Le renouvellement
19Le renouvellement rapide des modes, particulièrement lorsqu’elles commencent à se diffuser hors de l’aristocratie, est un autre moyen pour maintenir son avantage37. Les suiveurs remarquent que « l’on ne sçait comment on se doit habiller, les modes meurent avant que de naître38 ». Elles ne durent qu’une saison, soit trois à quatre mois, quant elles n’évoluent pas au cours de cette période39. L’aristocratie renouvellerait même tous les deux à trois ans l’arrangement de ses pierreries40.
20Ces nouveautés incessantes entraînent un foisonnement évoqué par les articles, avec « plus de cinquante » quand ce n’est pas « un million de modes qui ne regardent que des bagatelles41 ». Cet effet littéraire traduit un sentiment de frénésie qui rend ces modes difficiles à suivre. Paradoxalement, dans ces années 1670, apparaît la mode de l’absence de mode : chacun s’habillerait selon son goût et créerait ainsi des modes particulières42. Le sur-mesure, le renouvellement fréquent, l’offre de plus en plus large du choix d’étoffes autorisent cette plus grande liberté, laquelle témoigne du relâchement, relatif, de la pression sociale sur le vêtement et « l’on ne paraist plus extravagant comme autrefois lorsqu’on n’est pas mis comme les autres43 ». Cette liberté se limite sans doute à la cour aux couleurs et aux agréments, choisis en fonction de son goût, tandis que la convenance du vêtement continue d’être respectée sous peine de perdre son identité sociale.
Les stratégies de la ville
21La stratégie de distanciation de l’aristocratie est présentée comme efficace : les personnes de la ville mises en scène constatent avec désappointement que, malgré tous leurs efforts, elles seront toujours en décalage par rapport à la mode, marquant leur position hors de l’aristocratie. Toutefois, il n’est jamais question de découragement ni d’abandon de leur part, ce qui aurait signifié la perte de l’image prestigieuse de l’aristocratie dans la société, remettant en question toute la hiérarchie sociale. Le Mercure galant ne pouvait se le permettre et, au contraire, il décrit les efforts et tentatives pour imiter la noblesse.
La surenchère
22Une des stratégies adoptées est de tenter de devancer l’aristocratie en lançant des modes. En 1673, devant le succès des manteaux de toile peinte de la Chine, Lucrèce déclare avoir fait « peindre de beaux écrans de mesme, […] et comme je crois que personne n’a la même prévoyance, j’espère que j’en améneray la mode44 ». Clarice, son interlocutrice, brise immédiatement ses espoirs, car une de ses amies a « fait peindre une tapisserie d’alcôve, dont les figures sont de ma hauteur. Il n’y a rien de plus beau », en comparaison « c’est une bagatelle que vos écrans » destinés à l’oubli à peine nés45. Ainsi, la surenchère régnait entre les personnes de la ville désireuses d’égaler l’aristocratie.
23Peine perdue, car l’exagération dénonçait immédiatement bourgeois et provincial, lesquels, « pour avoir trop renchéry sur les modes courantes paraissaient ridicules46 », défaut rédhibitoire, telles les franges de ce « nouveau Monsieur de Pourceaugnac [qui] en a paru accablé de deux ou trois mille aunes » à la fin de l’année 167347. Cette référence au héros de Molière, créé quatre ans plus tôt et connu de tous, renvoyait aux ressorts comiques employés par le dramaturge avec l’emploi du vêtement décalé par rapport à son niveau social, la surenchère ou la reprise maladroite des attitudes de la haute aristocratie pour se moquer des « singes de la cour », depuis les provinciaux, tels M. de Pourceaugnac et la comtesse d’Escarbagnac, au bourgeois enrichi, comme M. Jourdain. Ces effets comiques fonctionnaient, car le public comprenait et acceptait cette fonction de marqueur social de l’habit comme des manières, dont la transgression déclenchait les rires aux dépens du héros.
24La surenchère technique était également convoquée, comme chez cette « femme qui n’est pas de la première qualité, mais dont l’amant est extrêmement riche ». Elle avait fait disposer dans une pièce de son appartement un système mécanique à contrepoids qui permettait de relever la tapisserie d’étoffe « en festons tout autour de la salle » et d’en faire apparaître une autre d’une couleur différente. Cette dernière se relevait de même pour créer des « petites pentes qui firent les entre-deux des festons et laissa voir une tapisserie de verdure ornée de plusieurs tableaux avec de très riches bordures. Jamais rien ne produisit un si bel effet48 ». La répétition de ces effets, le renouvellement des couleurs et la dernière décoration de tapisseries de verdure sur laquelle se trouvaient accrochés des tableaux richement encadrés, changeaient ainsi plusieurs fois l’atmosphère des lieux par rapport aux premières tentures de damas. Cela produisait une impression d’autant plus spectaculaire que la mécanique était cachée et un effet digne des intérieurs enchantés des romans ou des changements de décors à l’opéra. L’auteur admire l’invention mais n’était-ce pas là une fantaisie coûteuse indigne d’une personne de qualité ? Il mentionne même un projet de « lit qui doit changer autant de fois », projet plus complexe et donc encore plus coûteux49.
25Ces décors changeants ont-ils réellement existé ou bien n’étaient-ils qu’inventions ? Ils servent avant tout à opposer les fautes de goût entraînées par la surenchère des suiveurs, au bon goût, à la retenue et au respect des convenances sociales de l’aristocratie.
L’imitation
26La surenchère n’étant pas à la portée de tous, reste l’imitation. Les progrès techniques de l’impression sur étoffe permettent désormais de contrefaire à moindre coût les toiles peintes de la Chine, si appréciées des personnes de qualité, en les imprimant sur des satins « qui sont si beaux qu’on a de la peine à deviner s’ils sont imprimez ou peins50 ». Ces productions rivalisent presque avec les originaux peints, or, lorsque les différences de qualité disparaissent, l’aristocratie abandonne la mode qui se diffuse51. Parallèlement, la qualité inférieure des imitations maintient la distance sociale : si les dames de la cour et de la ville portent des pierreries fines, la frontière est abolie entre elles sur ces accessoires, en revanche, « les bourgeoises en mettaient des fausses et les grisettes des boutons d’orfèvrerie52 ». L’auteur du Mercure galant démontre que quelle que soit la stratégie adoptée, surenchère ou imitation, elle est vouée à l’échec : la distinction sociale de l’aristocratie et son rôle moteur dans la création des modes paraissent sauvegardées et inébranlables. Toutefois, une lecture attentive nuance profondément cette affirmation.
De l’origine des modes
27Paradoxalement, la seule personne nommée, à la fin de l’année 1673, pour avoir lancé une mode est « Mademoiselle de Molière », très probablement sa veuve53. Or, elle n’appartenait pas à l’aristocratie mais à ce groupe alors méprisé qu’étaient les comédiens, contre-exemple spectaculaire dans les démonstrations de ces articles qui présentent la cour comme seule initiatrice en matière de mode, et cela dans tous les domaines. Huit ans plus tard, en avril 1681, le Mercure galant constatait que l’on « porte encor des grisettes cette année, mais on en voit beaucoup plus de soye que l’année dernière. Il y en a quantité de rayées et quelques-unes sont rayées d’or. Les plus belles se vendent chez Mr. Charlier54 ». Or, selon Furetière, « les dames ont aussi mis à la mode des habits de petite estoffe grise, qu’elles appellent des grisettes55 ». Le niveau social des dames à l’origine de cette vogue n’est pas précisé, mais elles devaient être de la ville pour côtoyer les grisettes qu’elles ont imitées. Charlier, en entrepreneur avisé devant cet engouement, reprit et enrichit le produit, nous dirions de nos jours « le monta en gamme », avec l’usage de la soie, des motifs nouveaux comme les rayures avec certainement d’autres couleurs, et surtout l’emploi de l’or, pour séduire la clientèle aristocratique.
28L’auteur de l’article se garda bien de souligner les différentes contradictions qu’implique l’épanouissement de cette mode. Originaire de la ville, elle a été développée par des acteurs issus de couches sociales méprisées par l’aristocratie : les grisettes en sont à l’origine ; les dames de la ville ont repris et développé ces étoffes ; un marchand les a enrichies pour leur diffusion dans la noblesse.
29Ces grisettes ont ainsi effectué un parcours social inverse de celui habituellement présenté, mais l’auteur ne mentionne que sa récupération par l’aristocratie, pour tenter de conserver le principe de sa primauté dans la création des modes. Cet exemple était-il exceptionnel ? Il témoigne de la complexité des phénomènes de création et de mimétisme dans les différentes couches de la société, bien éloignée de l’approche simpliste mais flatteuse pour l’aristocratie du Mercure galant qui introduit à cette occasion les véritables acteurs et créateurs de la mode : les marchands d’étoffes.
Les marchands
30Pour connaître les dernières modes, les dames de la ville ne vont pas se promener dans les jardins des Tuileries, mais demandent les dernières tendances à leur marchand56. Dès 1673, alors qu’aucune personne de qualité n’est nommée, cinq noms de marchands apparaissent, tous œuvrant dans le commerce des étoffes : en 1673, le tapissier Bon57 et le marchand François Gaultier58 ; en 1678, le fabricant Charlier59 ; les marchands Laigu en 168160, puis Tremble en 168961. Ils sont distingués soit pour leur créativité, tels que Bon, Gaultier ou Charlier62 ; soit, pour ces deux derniers, pour la variété, la qualité et la richesse de leurs marchandises63 ; soit pour indiquer la présence d’un produit particulier, comme les chaînes d’or chez Laigu ou des fourrures chez Tremble64. Si l’auteur précise à propos d’étoffes, que Charlier « fait depuis six ans toutes celles qui ont servy pour habiller le Roy65 », il n’indique pas que le tapissier Bon66 et le marchand Gaultier fournissent le Garde-Meuble de la Couronne en brocarts lyonnais67. Pourtant la renommée du marchand était telle que La Bruyère le mentionne dans ses Caractères, et sous-entend des prix élevés68.
31En octobre 1678, il apparaît comme ayant « fait faire ces étoffes qui sont très belles69 » et semble avoir inventé « deux couleurs [qui] sont celles de paille et de prince. Mr Gaultier en promet une troisième, mais il n’en veut point encore dire le nom. Il attend pour la saint Martin une flote de très riches étofes70 ». Gaultier apparaît comme un créateur et un acteur majeur dans le lancement de nouvelles modes contrairement à l’aristocratie. L’annonce de l’arrivée pour le 11 novembre suivant de riches étoffes, donc théoriquement destinées à la noblesse, laisse à penser qu’il vendra des étoffes exotiques importées par la Compagnie des Indes, laquelle organisait les ventes des cargaisons à l’automne71. Comme Gaultier connaît son métier, il joue non seulement sur la nouveauté mais crée également une attente par cette annonce prématurée et le mystère pour faire naître le désir, père de la consommation72. De son côté, Charlier, dont la manufacture se trouvait à Saint-Maur, fabriquait « des étofes d’or, d’argent et de soye, et des draps d’or à la façon des Perses et d’autres à la manière d’Italie ; des velours, satins, damas et de toutes sortes de draps d’or et de soye de qualitez extraordinaires. […] Il en fait de nouvelles dont les desseins sont admirables et d’une invention toute particulière73 ». Charlier imaginait des étoffes remarquables par leur richesse, leur qualité et leur originalité. Soit il donnait les dessins, soit il les commandait à des ornemanistes pour les proposer ensuite à sa clientèle qui ne paraît pas avoir eu de part dans leur création.
32En 1673, le rédacteur ne donne pas les adresses des boutiques de Bon et de Gaultier, indications peut-être estimées inutiles, compte tenu de leur réputation chez les personnes de qualité, marquant ainsi la différence entre ceux qui les connaissent et les autres. De plus, les marchands se déplacent chez leurs clients. Cinq ans plus tard, en octobre 1678, il précise celles de Gaultier, rue des Bourdonnais, à l’enseigne De la Couronne, et de Charlier, rue de la Coutellerie, Au Cerceau d’or74. La dernière mentionnée est celle de Tremble, « au bout de la rue Dauphine » en 168975. Il ne s’agissait pas de « réclame » pour ces marchands, car, a priori, leur mention n’était pas de leur fait, leur adresse n’y figure pas systématiquement, tandis que leurs marchandises ne sont pas toutes avantageusement décrites. Ces indications apparaissent plutôt comme une préfiguration du rôle de marqueur social des actuelles marques : l’aristocratie s’identifierait par le port des étoffes ou des accessoires créés et vendus par de rares fournisseurs reconnus. L’auteur du Mercure galant n’en nomme pas plus de deux simultanément76 et les présente comme des boutiques incontournables pour ceux qui souhaitent intégrer la sphère des personnes de qualité.
33Une telle suggestion paraît contradictoire, car, d’une part, élargir la clientèle au-delà du cercle aristocratique entraînerait théoriquement l’abandon de la boutique par les personnes bien nées et, d’autre part, les articles démontrent que malgré tous leurs efforts, l’imitation par d’autres couches sociales est condamnée à l’échec. Ainsi, aristocratie et fournisseurs n’auraient pas eu à craindre cette notoriété journalistique.
⁂
34Le rédacteur des articles sur les modes du Mercure galant expose comme une évidence l’influence de l’aristocratie de cour, compte tenu de son prestige et de sa position au sommet de la hiérarchie sociale. Cependant, cette présentation idéale et flatteuse pour la haute aristocratie ne reflétait pas la complexe réalité des influences réciproques entre les différentes composantes de la société. Le grand nombre de facteurs, psychologiques, sociaux, économiques et politiques qui entrent en jeu augmente les difficultés à déterminer précisément les rôles de chaque groupe social dans la création et surtout la diffusion des modes, particulièrement vestimentaires. Toutefois, quelques grandes lignes peuvent être dégagées.
35Les marchands d’étoffes semblent avoir été les véritables créateurs de la majorité des modes. Par leur créativité, ils entretenaient le phénomène de mode (fig. 1 et 2) présenté comme un moyen de distinction pour la noblesse et de consommation pour toute la société, avec diverses stratégies développées pour répondre aux attentes et surtout pour susciter les désirs de la clientèle citadine et aristocratique par la qualité, la richesse, les jeux d’annonce, de mystère et de rareté. Tous les ingrédients étaient réunis pour susciter l’envie d’achat pour se distinguer ou pour imiter. La ville a également créé des modes, dans des proportions impossibles à évaluer. Les marchands ont repris les plus prometteuses pour les développer dans des matières plus nobles afin de toucher la clientèle la plus intéressante économiquement et stratégiquement.
36Intervient alors l’aristocratie qui se saisit, ou non, de ces modes pour se distinguer et affirmer sa place dans la société. L’aristocratie de cour jouait donc avant tout un très important rôle de prescripteur. Cette position capitale lui donnait le pouvoir d’assurer le succès, donc la diffusion, des modes qu’elle adoptait, ou l’échec de celles qu’elle refusait. Les marchands proposaient mais l’aristocratie disposait77.
37La ville et la province reprenaient ces modes avec un retard plus ou moins important et de manière plus ou moins fidèle. Une gravure de Nicolas Guérard publiée en 1690-1695 et intitulée Tout ce qui reluit n’est pas or dénonçait encore la « mode d’imiter les gens de qualité autant que faire ce peut78 » (fig. 3) par les autres couches sociales à la fin du règne de Louis XIV. Le pouvoir de fascination et le rôle de référence de la cour n’avaient pas cessé avec l’arrêt des articles du Mercure galant. Mais si le degré de richesse de l’habit témoigne d’un rang social, il ne fait pas le noble, et la reprise des codes vestimentaires de l’aristocratie ne suffit pas à obtenir sa validation pour l’intégrer : il manque la naissance qui ne peut s’acquérir et qui implique des pratiques socio-culturelles propres à la noblesse. En 1693, une marquise, tout d’abord offusquée de voir des bourgeoises habillées comme des gens de qualité, constatait avec satisfaction que les apparences ne trompaient pas : ces impertinentes se trahissaient rapidement par « des airs gauches, de petites manières, et surtout des discours bourgeois, qui les font toujours connaître pour ce qu’elles sont79 ». Tout écart entraînait désapprobation voire moqueries. L’aristocratie restait présentée comme une sphère et un modèle désirables mais inaccessibles.
38Les articles du Mercure galant témoignent de l’importance donnée au rôle social de référence de la haute aristocratie de cour durant le règne de Louis XIV, rôle qui contrebalançait la perte de son pouvoir politique. Dans la seconde moitié du xviie siècle, la mode s’accéléra de manière inédite, mais il reste impossible de préciser qui, de Louis XIV ou de l’aristocratie, initia cette dynamique qui permit de faire consommer la noblesse de cour et de la rendre plus dépendante financièrement du souverain. Les deux furent probablement parallèles et correspondaient à l’évolution de la société. Le Mercure galant inverse en partie la réalité en présentant l’aristocratie comme l’acteur principal de la création des modes alors que, malgré son rôle flatteur de prescripteur, elle restait victime de sa quête de distinction sociale qui l’entraînait dans une course éperdue, coûteuse et sans fin.
Fig. 1. – Habit d’hyver. Mil six cens soixante et dix huict. Gravure de mode représentant un homme, Mercure galant, octobre 1678, p. 373-378.

Bibliothèque municipale de Versailles. Photo de l’auteur.
Fig. 2. – Habit d’hyver. Mil six cens soixante et dix huict. Gravure de mode représentant une femme, Mercure galant, octobre 1678, p. 373-378.

Bibliothèque municipale de Versailles. Photo de l’auteur.
Fig. 3. – Nicolas Guérard, Tout ce qui reluit n’est pas or. Se vend à Paris chez N. Guérard Graveur rue Saint-Jacques à la Reyne du Clergé proche Saint-Yves. Gravure, 1690-1695.

Amsterdam, Rijksmuseum, RP-P-2009-2057.
Notes de bas de page
1 Martin Marc, « Donneau de Visé », in François Bluche (dir.), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 489 ; Niderst Alain, « Mercure galant », in Jean Sgard (dir.), Dictionnaire des journaux. 1600-1789, Paris, Universitas, 1991, t. II, p. 918, notice 919.
2 Castelluccio Stéphane, Le Garde-Meuble de la Couronne et ses intendants du xvie au xviiie siècle, Paris, CTHS, 2004, p. 108-109.
3 La Bruyère Jean de, Les Caractères, Paris, Classiques Garnier, 1962, p. 83, « Des ouvrages de l’esprit », no 46.
4 Mercure galant (désormais MG), 1673, IV, Avertissement au lecteur. La Bibliothèque nationale de France met en ligne des copies de l’édition originale parisienne pour les volumes I de 1672, III et IV de 1673, juillet 1677. La pagination dans les notes renvoie à l’édition parisienne conservée à Bibliothèque municipale de Versailles.
5 La Bruyère Jean de, op. cit., p. 212, « De la ville », no 12.
6 MG, octobre 1689, p. 249.
7 MG, 1672, p. 136-140 ; 1674, VI, p. 267-272 ; octobre 1678, p. 361-378 ; avril 1681, p. 374-377 ; mai 1681, p. 377-382 ; octobre 1689, p. 249-251.
8 MG, 1673, III, p. 129-147 et IV, p. 110-115 ; juillet 1677, p. 257-280.
9 MG, juillet 1677, p. 280.
10 MG, 1673, III, p. 143, 146-147.
11 MG, 1673, IV, p. 110-111.
12 Dérens Isabelle-Weil-Curiel Moana, « Répertoire des plafonds peints du xviie siècle disparus ou subsistants », La Revue de l’art, no 22/1998-4, p. 74-104.
13 MG, 1672, I, p. 139-140 ; 1673, III, p. 135-137 et IV, p. 111-112 ; 1674, VI, p. 76.
14 MG, 1673, III, p. 135-136.
15 MG, 1673, IV, p. 112.
16 MG, juillet 1677, p. 271.
17 MG, octobre 1678, p. 373-378.
18 MG, 1672, I, p. 136-140.
19 MG, 1673, I, p. 129 ; III, p. 130, 140 ; IV, p. 112 ; 1674, VI, p. 268 ; juillet 1677, p. 134 ; avril 1681, p. 376 ; mai 1681, p. 378.
20 Article « Qualité », in Pierre Richelet, Dictionnaire français, Genève, Jean Herman Widerhold, 1680 et in Antoine Furetière, op. cit.
21 MG, 1673, III, p. 145 : 1674, VI, p. 67 ; octobre 1678, p. 367 ; avril 1679, p. 262.
22 MG, 1673, III, p. 136 ; 1673, IV, p. 111, 113 et mai 1681, p. 378.
23 MG, octobre 1689, p. 249.
24 MG, 1673, III, p. 129-130 ; La Bruyère, 1962, p. 216, « De la ville », no 15.
25 Art. « Air », in Antoine Furetière, op. cit.
26 MG, 1673, IV, p. 112.
27 La Bruyère Jean de, op. cit., p. 206, « De la ville », no 1.
28 Art. « Grisette », in Antoine Furetière, op. cit., 1690 : « on le dit par mépris de toutes celles qui sont de basse condition ».
29 MG, 1673, III, p. 128, 130, 139, 145, 146 ; 1673, IV, p. 112 ; 1674, IV, p. 110, 114 ; 1674, VI, p. 269, 271 ; juillet 1677, p. 258, 262.
30 MG, 1673, IV, p. 110 ; juillet 1677, p. 257.
31 MG, juillet 1677, p. 268.
32 MG, 1673, III, p. 129-130, 133 et IV, p. 114.
33 MG, octobre 1678, p. 364.
34 MG, octobre 1678, p. 365, 367-371.
35 MG, juillet 1677, p. 267-268, 280.
36 MG, avril 1681, p. 376.
37 MG, juillet 1677, p. 272.
38 MG, 1673, III, p. 129.
39 MG, 1673, III, p. 131, 132, 138, 141 ; 1674, VI, p. 67 ; juillet 1677, p. 262-263 ; octobre 1678, p. 361.
40 MG, 1673, III, p. 134 ; 1674, VI, p. 71-76.
41 MG, 1673, III, p. 131, 135, 138 ; IV, p. 111, 115-116.
42 MG, 1673, III, p. 142 ; 1674, VI, p. 68 ; avril 1681, p. 374.
43 MG, juillet 1677, p. 260.
44 MG, 1673, III, p. 130.
45 MG, 1673, III, p. 130.
46 MG, 1673, III, p. 145.
47 MG, 1674, VI, p. 268-269, 271-272.
48 MG, 1672, I, p. 139-140.
49 MG, 1672, I, p. 140.
50 MG, 1673, III, p. 133.
51 MG, 1673, III, p. 145-146 ; IV, p. 114 ; avril 1681, p. 375.
52 MG, 1673, III, p. 145-146.
53 Cette mode était celle des « manteaux à la Sylvie » (MG, 1674, VI, p. 271).
54 MG, avril 1681, p. 375.
55 Art. « Grisette », in Antoine Furetière, op. cit.
56 MG, juillet 1677, p. 258-259, 267.
57 MG, 1673, III, p. 136.
58 MG, 1673, IV, p. 113 ; octobre 1678, p. 366, 367, 373.
59 MG, octobre 1678, p. 371 ; avril 1681, p. 375.
60 MG, mai 1681, p. 382.
61 MG, octobre 1689, p. 250.
62 MG, 1673, III, p. 136.
63 MG, 1673, IV, p. 112-113 ; octobre 1678, p. 366-367, 370-371 ; avril 1681, p. 375.
64 MG, mai 1681, p. 377 ; octobre 1689, p. 249-250.
65 MG, octobre 1678, p. 371.
66 AN, O1 *3305, fo 60 vo, 7 novembre 1678.
67 AN, O1 *3306, fo 108 (5 octobre 1686), 108 vo, 111, 116 vo, 180 vo (16 mai 1691). De même, le marchand Charles Le Brun n’est pas cité, alors qu’il est le principal fournisseur du Garde-Meuble dès les années 1660, mais en étoffes de qualité moindre (Castelluccio Stéphane, Le Garde-Meuble… op. cit., p. 640).
68 La Bruyère Jean de, op. cit., p. 217, « De la Ville », no 18 ; Castelluccio Stéphane, Le Prince et le marchand. Le commerce de luxe chez les marchands merciers parisiens pendant le règne de Louis XIV, Paris, SPM, Collection Kronos, 2014, p. 118, 259, 691.
69 MG, octobre 1678, p. 366.
70 MG, octobre 1678, p. 367.
71 Castelluccio Stéphane, Le Prince et le marchand…, op. cit., p. 311-330.
72 De nos jours, ce procédé publicitaire s’appelle le teasing.
73 MG, octobre 1678, p. 371, 372.
74 MG, octobre 1678, p. 366, 371.
75 MG, octobre 1689, p. 249-250.
76 1673 : Bon-Gaultier. 1678 : Gaultier-Charlier. 1681 : Laigu. 1689 : Tremble.
77 MG, octobre 1678, p. 374.
78 Bibliothèque nationale de France, réserve, FOL-QB-201 (75)-3.
79 Callières François de, Des Mots à la mode et des nouvelles façons de parler, Paris, Claude Barbin, 1693, p. 10-11 ; id., Du Bon et du Mauvais Usage dans les manières de s’exprimer. Des façons de parler bourgeoises ; en quoy elles sont différentes de celles de la Cour, Paris, Claude Barbin, 1694.
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