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La Révolution à l'œuvre

 | 
Jean-Clément Martin

Deuxième partie. Champ du politique

La Contre-révolution à l’œuvre en Europe

Karine Rance

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

  • 1 Bernard Gainot, « Le péril blanc : la Restauration monarchique au tournant du Directoire et du Con (...)
  • 2 Jean Starobinski, Action et Réaction. Vies et aventures d’un couple, Paris, Seuil, 1999.
  • 3 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France 1789-1799, Paris, Seuil, 19 (...)

1Contre-Révolution, anti-Révolution, résistances à la Révolution, émigration, autant de notions qui se croisent sans se recouvrir. Le terme de Contre-Révolution ne s’est pas imposé immédiatement : au début du Directoire encore, on lui préférait le terme de réaction1. La dynamique révolutionnaire se lit dans ce couple action/réaction2 : « Révolution et Contre-Révolution n’ont pas d’existence l’une sans l’autre, et celle-ci hors des cadres de pensée imposés par celle-là3 » La frontière entre les deux mouvements, mouvante, détermine la vie politique française dans un affrontement qui conduisit chaque camp à se redéfinir en permanence.

  • 4 Christine Le Bozec, « Rouen entre tentation et raison », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contr (...)
  • 5 Voir le graphique proposé par Jean-Clément Martin, op. cit., p. 304.
  • 6 Jean-Luc Mayaud, « Pour une généalogie catholique de la mémoire contre-révolutionnaire : la Petite (...)
  • 7 Michel Biard, « Collot d’Herbois et la répression à Commune-Affranchie : mythe et réalité », dans (...)
  • 8 Jean-Clément Martin (éd.), La Vendée et le monde, Nantes, Ouest-France, 1993 ; Jean-Clément Martin(...)
  • 9 Christian Henke, Coblenz, Symbol für die Gegenrevolution, Stuttgart, Jan Thorbecke, 2000.

2Rouen fut ainsi assimilée un temps à Coblence4. Pourtant cette réputation n’est due qu’à une série d’événements qui ne furent en rien représentatifs de positions certes conservatrices sur le plan social, mais libérales sur le plan politique. Le contre-révolutionnaire est donc d’abord celui qui est désigné comme tel, dans l’action, dans la mémoire et dans l’histoire5. Le constat s’applique à la petite Vendée du Doubs6 ou la ville de Lyon7. De même, la Vendée8 et Coblence9 devinrent instantanément des symboles de la Contre-Révolution.

  • 10 Renata DE Lorenzo, « Mythes contre-révolutionnaires dans les Révolutions en Italie (1796-1860) », (...)
  • 11 Karine Rance, « Les mémoires de nobles émigrés en Allemagne. Coblence, ou prédire un échec advenu  (...)
  • 12 Alain Gérard, Par principe d’humanité. La Terreur et la Vendée, Paris, Fayard, 1999.
  • 13 Jean-Clément Martin, « La Révolution interminable ou l’affaiblissement de la rhétorique contrerévo (...)

3Élevés au rang de mythes, ces lieux furent instrumentalisés au xixe siècle par une historiographie prisonnière d’autres enjeux, créant, dans chaque pays, une illusoire cohérence10. Les ex-acteurs devenus mémorialistes participèrent de ce brouillage en livrant à la postérité une « parole illicite » exploitable pour nourrir des conflits qui leur étaient étrangers11. Entre les discours apologétiques, les martyrologes et les anathèmes, la Contre-Révolution s’est trouvée unifiée a posteriori, au prix d’une distorsion des faits. Contre l’assimilation de la Vendée à un génocide, contre une conception de la Terreur vue comme matrice des totalitarismes12, il est nécessaire d’exposer les logiques à l’œuvre dans l’élaboration des systèmes interprétatifs et de respecter un protocole scientifique seul à même d’éclairer le passé13.

Fédéralisme et Contre-Révolution

  • 14 Antonio de Francesco, « Naissance et mort d’une démocratie municipale : pratiques de gouvernement (...)
  • 15 Bruno Benoît (dir.), Ville et Révolution française, Lyon, Presses Universitaires, 1994.
  • 16 Claude-Isabelle Brelot, « Les “Fédéralistes” jurassiens : républicanisme, infiltrations contre-rév (...)
  • 17 Danièle Pingué, « Les limites du fédéralisme dans l’Ouest : la prétendue révolte du département de (...)

4Loin d’être un mouvement contre-révolutionnaire, le fédéralisme s’inscrit pleinement dans le nouvel espace politique ouvert par le 10 août, selon Antonio de Francesco. Celui-ci voit, dans cette dynamique, la concrétisation des « virtualités démocratiques du municipalisme dont les constituants avaient entravé la mise en œuvre14 ». Des villes comme Toulon ou Lyon ne basculèrent dans la Contre-Révolution qu’à la faveur de divergences intervenues entre la bourgeoisie locale et les ouvriers. L’assimilation du fédéralisme à un mouvement contre-révolutionnaire est essentiellement due à la Convention, soucieuse de disqualifier les fédéralistes pour imposer sa conception de la légitimité nationale15. Toutefois, dans le Jura, la présence des royalistes est avérée et le mouvement paraît avoir été infiltré par des agents contre-révolutionnaires et des émigrés rentrés16. De plus, des liens d’amitié liaient les fédéralistes et la noblesse locale. Si les contre-révolutionnaires échouèrent à « vendéaniser » cette région, la menace contre-révolutionnaire était, cependant, bien réelle. Mais ce risque constitua, justement, un frein au fédéralisme, dans le Jura comme dans l’Ouest17.

Anti-Révolution

  • 18 Matthias Middell, avec la collaboration de Roger Dupuy et Thomas Höpel, Widerstände gegen Revoluti (...)

5La distinction est faite depuis la fin des années 1980 entre la Contre-Révolution et l’anti-Révolution (Colin Lucas), cette dernière étant définie par les formes de résistance, d’origine populaire, à la Révolution. Le terme a été contesté, mais la réflexion s’est poursuivie, notamment lors d’un colloque organisé par Matthias Middell18.

  • 19 Michel Vovelle rappelle les grandes lignes du débat dans La découverte de la politique. Géopolitiq (...)
  • 20 Jacques Péret, « Serment et ruptures sociales ? L’exemple des Deux-Sèvres », dans Jean-Clément Mar (...)
  • 21 Étienne Frenay, « Révolution et Contre-Révolution en Roussillon : l’exemple de Millas (1789-1793)  (...)
  • 22 Bernard Bodinier, Eric Teyssier, L’événement le plus important de la Révolution. La vente des bien (...)
  • 23 Philippe Bourdin, « La Basse Auvergne, une seconde Vendée ? », dans Jean-Clément Martin (dir.), La (...)
  • 24 François Antoine, « Emigration dans le Brabant belge », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre (...)

6Entre la mise en avant des structures sociales, le retour du politique et la primauté du facteur religieux19, les modèles interprétatifs ont été précisés grâce à des études dévoilant la diversité des situations régionales et locales. La « carte du refus » s’affine, ainsi que les motifs des prises de position, entre dimension sociale et rejeu d’antagonismes antérieurs20. La thèse du ressentiment paysan à l’égard d’acheteurs citadins plus riches, renforçant l’antagonisme ville-campagne, semble se confirmer partout. Les études menées à l’échelle locale permettent, à ce titre, de relativiser le facteur religieux en cas de refus exprimé dès l’annonce de la vente des biens nationaux. Ainsi à Millas, près de Perpignan, la confiscation des biens du clergé fut considérée comme une spoliation car ces biens étaient vus comme appartenant à la communauté21. Le sort réservé aux acquéreurs semble avoir été le même dans le Sud, en Ardèche notamment, que dans l’Ouest22. Pourtant, ces acheteurs n’étaient pas tous partisans du nouveau régime : des ecclésiastiques, des nobles et de futurs ultras se trouvaient parmi les cibles des « brigands ». Il se peut, comme quelques nobles Auvergnats l’ont déclaré, que l’achat ait eu pour objectif de protéger ces biens23. Intéressante est la situation belge, où la loi concernant les biens des émigrés n’a été que tardivement – et donc partiellement – appliquée, mais où le départ des plus grandes familles nobles en émigration a laissé le champ libre à la bourgeoisie pour acquérir leurs biens24.

  • 25 Jean-Clément Martin, « Face à la Révolution, quelle politisation des communautés rurales ? », La p (...)
  • 26 Roger Dupuy, « Chouannerie et pouvoir local sous le Directoire », dans Jacques Bernet, Jean- Pierr (...)
  • 27 Guy-Marie Lenne, Les réfugiés des guerres de Vendée de 1793 à 1796, La Crèche, Geste éditions, 200 (...)

7Les communautés du refus faisaient front face aux intrus, la bourgeoisie possédante, le prêtre jureur imposé, la municipalité voisine, l’état centralisateur. L’opposition local-national était inscrite « dans le prolongement des conflits existant sous la monarchie et qui ont été inclus dans une dimension nouvelle par la rencontre avec le langage politique25 ». Le refus eut de plus un effet structurant sur les communautés dont la cohésion fut renforcée par la guerre, la répression, le discrédit du régime sous le Directoire26, par l’exclusion, enfin, des bleus minoritaires en zone blanche, devenus des intrus27.

  • 28 Roger Dupuy, « La religion et les débuts des insurrections de l’Ouest (mars-avril 1793) », dans Je (...)
  • 29 Bruno Ciotti, Du volontaire au conscrit. Les levées d’hommes dans le Puy de Dôme pendant la Révolu (...)
  • 30 Alan Forrest, « Religion et résistances militaires », dans Jean-Clément Martin (éd.), Religion, op (...)

8Dans ce cadre, il faut, pour Roger Dupuy « restituer toute sa force aux refus de levées d’hommes » qui sont à lire « comme une résistance farouche à la nouvelle et terrible exigence de l’état centralisateur28 ». Cette inadéquation entre insoumission militaire (refus des levées et désertion) et engagement contre-révolutionnaire n’est plus à démontrer29. Le refus n’est, pour Alan Forrest, qu’un simple indice de résistance, mais il engageait la communauté dont la solidarité seule permettait à l’insoumis de survivre30. Sous cet angle, l’insoumission militaire constitua un événement structurant pour la communauté, au même titre que le serment, auquel Timothy Tackett attribue la valeur d’un « referendum ».

  • 31 Jean-Clément Martin (éd.), Religion, op. cit., Introduction, p. 5.
  • 32 Michel Peronnet, « Religion, Révolution et Contre-Révolution dans le midi », dans Anne-Marie Dupor (...)
  • 33 Roger Dupuy, Religion, op. cit., p. 76.

9Ceci pourrait être reconsidéré car les positions face au serment ne semblent pas avoir eu la même signification dans toutes les régions31. Le rôle de l’Église, dans le déclenchement des insurrections, n’est pas à écarter32 mais la dimension proprement religieuse doit être minorée. Le rôle du prêtre dépasse en effet largement la fonction purement pastorale : il « cumule la plupart des médiations nécessaires à ces paysans33 ».

  • 34 Philippe Bourdin, op. cit.
  • 35 Florence Gauthier, « La Contre-Révolution et l’abolition de l’esclavage », dans Jean-Clément Marti (...)

10Une analyse en terme de réseaux permet, enfin, de décrypter autrement ces phénomènes. En Basse-Auvergne, Philippe Bourdin a ainsi pu montrer les liens qu’entretenaient dès 1789 certains nobles avec le comte d’Artois34. Ceci déboucha sur la création de la Coalition d’Auvergne dans laquelle les anciens élèves de l’école royale militaire d’Effiat jouèrent un rôle prépondérant. Le réseau clandestin du clergé réfractaire se constitua au même moment. Sans suivre les administrateurs républicains dans l’idée d’un complot clérico-nobiliaire, il semble bien que le front du refus ait été influencé par les deux premiers ordres. De même, les colons de Saint-Domingue tentèrent-ils d’établir une jonction avec les princes émigrés35.

  • 36 Jean-Clément Martin (dir.), La guerre civile : entre histoire et mémoire, Nantes, Ouest-Édition, 1 (...)
  • 37 Ibidem ; Olwen H. Hufton, Women and the limits of citizenship in the French revolution, Toronto, U (...)

11Ainsi, l’anti-Révolution en France prit des formes différentes en fonction des ancrages régionaux. Elle résulta d’un faisceau de mécontentements, canalisés parfois par une minorité d’activistes, favorisant une politisation des acteurs, et aboutissant dans certains cas à de véritables guerres civiles36. La violence explosa dans l’espace ouvert par la faiblesse de l’état. Dans ces conflits, les femmes furent particulièrement présentes, comme victimes, instigatrices et actrices de violence et de résistance37.

  • 38 Anna-Maria Rao, « Révolution et Contre-Révolution pendant le Triennio italien (1796-1799) », dans (...)
  • 39 Anna-Maria Rao (dir.), Folle controrivoluzionarie. Le insorgenze popolari nell’Italia giacobina e (...)

12Anna-Maria Rao assimile également les « insorgenze », ces explosions de violence qui secouent l’Italie du Triennio (1796-1799), à des guerres civiles. Récusant l’hypothèse religieuse et anti-française, celle-ci voit dans l’« insorgenza » un phénomène qui « sur le fond d’une vaste crise économique, sociale et politique, de mécontentements et de rivalités anciens » trouva « dans l’affrontement entre Révolution et Contre-Révolution […] un moyen puissant de politisation qui, en transférant les conflits d’intérêt sur le terrain politique et idéologique, ouvrait la voie à la politique moderne38 ». Si les rythmes et les formes empruntés par ces mouvements furent très divers selon les régions, des Viva Maria de Toscane aux soulèvements napolitains, les acteurs de ces insurrections « populaires » ne le furent pas moins. Ce peuple se trouve souvent encadré, voire mobilisé par la noblesse, le clergé, les oligarchies locales39.

  • 40 Christian Simon, Widerstand und Proteste zur Zeit des Helvetiks, Bâle, Schwabe et Co, 1998
  • 41 Lluis Roura, « La Contre-Révolution en Espagne et la lutte contre la France, 1793-1795, et 1808-18 (...)
  • 42 José Tengarrinha, « Paysannerie et Contre-Révolution au Portugal », dans Jean-Clément Martin (dir. (...)
  • 43 Fred Stevens, « La résistance au Directoire dans les départements réunis. La “Guerre des paysans” (...)
  • 44 Jim Smyth, Revolution, Counter-Revolution and Union. Ireland in the 1790’s, Cambridge, Cambridge U (...)
  • 45 Richard Hocquellet, Résistance et Révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne 1808- 18 (...)

13Même décalages chronologiques en Suisse40, en Espagne41, au Portugal42. En Belgique43, la « guerre des paysans » paraît bien mal porter son nom et le mouvement ne semble avoir été ni véritablement religieux, ni particulièrement anti-français. En Irlande, la politisation eut lieu sur le terrain d’une frontière religieuse qui se surimposait, sans se calquer, à une frontière politique et à une frontière sociale44. La classification de certains mouvements dans la Contre-Révolution n’est pas simple puisque la résistance à la présence napoléonienne a pu conduire, dans certains cas, à une Révolution45.

Idéologie et adhésion

14Face à cette nébuleuse d’anti-Révolutions, la Contre-Révolution serait clairement identifiable. Les frontières sont pourtant floues, comme le suggèrent les liens qui apparaissent, dans plusieurs mouvements anti-révolutionnaires, entre le peuple et les élites.

  • 46 Claude Mazauric, « Autopsie d’un échec : la résistance à l’anti-Révolution et la défaite de la Con (...)

15La Contre-Révolution peut être définie par un « noyau dur de référence : le royalisme » et par « l’hypothèse d’une rétrogradation, partielle ou totale mais toujours significative, du mouvement de constitution de la société civile et de l’état fondé sur la souveraineté nationale46 ». Mais ceci soulève la question de l’élaboration d’une idéologie et de l’adhésion des acteurs à celle-ci.

  • 47 Dale K. Van Kley, Les origines religieuses de la Révolution française 1570-1791, Paris, Seuil, 200 (...)
  • 48 Sur ces auteurs, parmi l’immense littérature disponible : Jérôme Grondeux, La religion des intelle (...)
  • 49 Didier Masseau, Les ennemis des Lumières : l’antiphilosophie au temps des Lumières, Paris, Albin M (...)
  • 50 Darrin M. McMahon, Enemies of the Enlightenment. The French Counter-Enlightenment and the Making o (...)

16Les historiens semblent s’accorder désormais pour souligner l’aspect novateur des mouvements contre-révolutionnaires. Comment concilier l’idée d’un surgissement politique et la reconnaissance du rôle joué par la crise janséniste dans la structuration des débats47 ? Les différents éléments de l’argumentaire auraient convergé, vers la fin de la Révolution, chez Bonald, Maistre et Barruel48. Didier Masseau49 s’interroge sur une filiation entre anti-philosophie et Contre-Révolution, filiation dans laquelle Darrin McMahon refuse de voir une continuité mécaniste50. Il considère l’argumentaire des anti-Lumières comme un prisme et un langage qui prédispose simplement à l’adhésion à la Contre-Révolution.

  • 51 Simon Burrows, French Exile Journalism and European politics 1792-1814, Woodbrige, The Boydell Pre (...)
  • 52 Karine Rance, Mémoires de nobles émigrés dans les pays germaniques pendant la Révolution française(...)
  • 53 Annie Duprat, « Un réseau de libraires royalistes à Paris sous la Terreur », AHRF, 2000, n° 3, p. (...)

17Cette idéologie fut élaborée dans l’action, dans un va-et-vient entre les acteurs et les penseurs de la Contre-Révolution. C’est dans cette perspective que Simon Burrows a mené son enquête sur la presse des émigrés londoniens, observant comment les journalistes ont façonné le réel par le tri, la couverture, et l’interprétation de l’événement51. Ainsi, la question de l’adhésion des acteurs à une pensée monolithique se trouve déplacée vers celle des conditions d’élaboration d’une idéologie. À Coblence, les nobles émigrés furent loin de partager un projet commun au-delà de la simple destruction de la Révolution. Dans une logique exclusiviste qui faisait de l’opposant politique un ennemi, la destruction physique du révolutionnaire constitua un mot d’ordre mobilisateur, qui dissimulait l’absence d’entente entre les partisans de la monarchie absolue, ceux des libertés nobiliaires, et les monarchiens52. Pas plus que ces défenseurs auto-proclamés du trône et de l’autel, les libraires royalistes parisiens ne respectaient-ils, d’ailleurs, la figure de Louis XVI53.

L’émigration

  • 54 John Dunne, « The French Nobility and the Revolution : towards a virtual solution to two ageold Pr (...)
  • 55 Donald Greer, The Incidence of the Emigration during the French Revolution, Cambridge, Harvard Uni (...)
  • 56 Thomas Höpel, Emigranten der Französischen Revolution in Preußen (1789-1806). Eine Studie in vergl (...)
  • 57 Par exemple en Westphalie : Peter Veddeler, « Französische Revolutionsflüschtlinge in Westfalen 17 (...)
  • 58 Dominic Aidan Bellenger, The French exiled clergy in the British Isles after 1789, Bath, Downside (...)
  • 59 Jean-Marie Wiscart, la noblesse de la Somme au xixe siècle, Amiens, Encrage, 1994.
  • 60 Claudine Pailhes, « Passages ariégeois en Espagne sous la Révolution », dans Jean Sagnes (dir.), o (...)
  • 61 Pierre Bureau, Les émigrés charentais, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2003.
  • 62 François Antoine, op. cit.
  • 63 Kimberley Berryman, Great Britain and the French Refugees, 1789-1802 : the administrative response(...)
  • 64 Pierre Hourmat, « De l’émigration du clergé basque et bayonnais en Espagne au temps de la Révoluti (...)
  • 65 Bernard De Brye, « La Révolution française et l’émigration de l’épiscopat gallican : historiograph (...)
  • 66 Bernard Cousin, Hommes de Dieu et Révolution en Provence, Turnhout, Brepols, 1995, p. 84 sqq.
  • 67 Bernard Plongeron, « Soumission aux lois de la République ? La fin d’un consensus politique parmi (...)
  • 68 Thomas Höpel, op. cit.
  • 69 Claudine Pailhes, op. cit., ici p. 192.
  • 70 Karine Rance, op. cit.
  • 71 Claude-Isabelle Brelot, La noblesse en Franche-Comté de 1789 à 1808, Annales littéraires de l’univ (...)
  • 72 Catherine Therese Spaeth, Purgatory or Promised Land ? French Émigrés in Philadelphia and their Pe (...)

18La question du nombre des émigrés et de leur profil n’est pas résolue. John Dunne souhaite lancer une vaste enquête utilisant l’outil informatique pour pallier la défaillance des listes d’émigrés54. En attendant les résultats de cette recherche, il faut se contenter des chiffres donnés par Donald Greer55. Ceux-ci ont été critiqués et sont revus régulièrement au niveau régional ou local. Thomas Höpel relève ainsi une forte proportion de nobles en Prusse56. En revanche les ecclésiastiques étaient sur-représentés dans d’autres pays germaniques57 et en Grande Bretagne, où ils représentaient plus de la moitié des effectifs58. Mais la population des émigrés était si mouvante et le choix de leur destination lié à tant de facteurs que cela interdit toute extrapolation ou simple addition des données. De même, les études effectuées depuis les régions de départ invitent à nuancer les résultats de Donald Greer. L’émigration nobiliaire paraît avoir été sous-évaluée dans certaines régions59, alors qu’en Ariège les ecclésiastiques sont au contraire majoritaires60. Les femmes sont partout minoritaires (13 à 24 % selon les régions). Les tentatives de comptage se multiplient mais le protocole de recherche n’est malheureusement pas toujours respecté ou simplement exposé61. Les mêmes difficultés d’évaluations quantitatives se rencontrent pour les émigrés belges62. Tracer une carte de l’émigration est également délicat, les émigrés se déplaçant constamment entre les villes et les pays. Aucune comptabilité centrale n’a évidemment été menée dans les pays germaniques, mais si l’on se fie aux évaluations concernant la Grande-Bretagne et Jersey, autres foyers majeurs de l’émigration, les écarts sont immenses d’une année à l’autre : environ 6 000 émigrés en mars 1795, le double en 179763. L’émigration ecclésiastique, si l’on peut employer ce terme pour décrire un mouvement qui n’est que partiellement volontaire64, est peu étudiée65. Ses destinations ne diffèrent pas fondamentalement de celles des autres groupes66, mais sa chronologie lui est propre, de même que les enjeux et les débats qui la traversent67. L’émigration populaire ne semble pas, le plus souvent, résulter d’un engagement politique. En Prusse, les émigrés issus du tiers état sont, pour cette raison, mieux accueillis que les nobles ou les ecclésiastiques68. En Ariège, selon Claudine Pailhes, « bien peu sans doute étaient concernés par une idéologie, révolutionnaire ou contre-révolutionnaire69 ». En revanche, des bourgeois se sont rendus à Coblence dans le but d’être enrôlés dans l’armée des princes70. Sur l’ensemble de la période, l’émigration nobiliaire est plus complexe qu’il n’y paraît et difficilement réductible à un mouvement catégoriquement contre-révolutionnaire. Les motifs du départ ne sont pas toujours l’expression d’un engagement dans la Contre-Révolution puisque certains nobles partirent avant même le mois de juillet 178971, tandis que d’autres se rendirent dans des zones qui les mettaient, de fait, hors combat72. L’option d’une émigration militante, par la suite, fut liée parfois à des persécutions personnelles ou à des stratégies familiales. L’interaction locale, dans la région d’origine, entre Révolution et Contre-Révolution semble là avoir joué pleinement.

  • 73 Karine Rance, op. cit.
  • 74 Patrick Huchet, 1795. Quiberon ou le destin de la France, Rennes, Ouest-France, 1995.
  • 75 Jean-Paul Bertaud, Le duc d’Enghien, Paris, Fayard, 2001.
  • 76 Philippe Bourdin, op. cit.
  • 77 Nina Rubinstein, Die französische Emigration nach 1789. Ein Beitrag zur Soziologie der politischen (...)
  • 78 Thomas Höpel, op. cit. Ceci rejoint les conclusions de Kimberley Berryman pour la Grande- Bretagne
  • 79 Sur la situation du comte de Provence après Coblence, voir par exemple : Wilhelm Bringmann, Louis (...)
  • 80 Karine Rance, « L’émigration nobiliaire française en Allemagne : une “migration de maintien” (1789 (...)
  • 81 Karine Rance, Mémoires, op. cit. ; Gilles Bertrand, « Le cosmopolitisme à l’épreuve de la Révoluti (...)
  • 82 Outre les titres indiqués par ailleurs, voir Kirsty Carpenter, Philip Mansel, The French Émigrés i (...)

19L’analyse des discours et de la dimension symbolique des pratiques, la prise en compte de la polarisation des conduites entre improvisation, imitation et mobilisation des compétences est essentielle pour comprendre l’élaboration du mythe de l’émigré noble et l’abandon du projet initial après la défaite de 179273. Après celle-ci, l’engagement militaire fut le plus souvent un expédient qui ne peut être tenu pour un indicateur politique. De fait, très rares sont ceux qui ont tenté de rejoindre la Contre-Révolution intérieure74. L’effet générationnel est ici visible, les plus jeunes étant les premiers à abandonner le combat, ce que confirment les études biographiques75. L’attention portée aux réseaux permet, en outre, de mesurer les pressions mises en œuvres par certains groupes76. Peut-on considérer ce phénomène comme une émigration politique, comme le pensait Nina Rubinstein, un phénomène nouveau qui émergerait donc de la Révolution77 ? L’étude de la pratique administrative menée en Prusse révèle effectivement l’émergence de l’émigré politique comme nouvelle catégorie78. Mais l’incapacité des frères de Louis XVI à remobiliser les troupes après 1792 scella la dissolution du groupe comme acteur contre-révolutionnaire79. On peut déplacer la problématique vers une définition sociologique du mouvement, à la suite de Paul-André Rosental, en terme de migration de maintien80 : le séjour des nobles dans les pays germaniques, après 1792, fut placé sous le signe de l’attente et leur itinéraire s’y fit au cœur de l’identité française81. Les émigrés fondèrent de multiples colonies, mais sans créer de nouvelles institutions chargées de les représenter en leur ensemble82.

  • 83 Claude-Isabelle Brelot, La Noblesse réinventée. Nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Paris, les (...)
  • 84 Anna-Maria Rao, Esuli. L’emigrazione politica italiane in Francia (1792-1802), Naples, 1992.
  • 85 Renate Zedinger, « Belgische Emigranten in Wien. Zur Situation der habsburgischen Beamten aus den (...)
  • 86 Anne Cottebrune, « Des “réfugiés mayençais” dans le Paris révolutionnaire : histoire d’un exil pol (...)
  • 87 Daniel Schönpflug, Jürgen VOSS, Révolutionnaires et émigrés. Transfer und Migration zwischen Frank (...)
  • 88 Lucas Manuel Ardit, Vicent Gil, Hernandez Sempere « Les Français résidents et émigrés dans le pays (...)
  • 89 Sur les droits politiques des parents d’émigrés, voir Bernard Gainot, 1799, un nouveau Jacobinisme (...)

20Une question qui mérite sans doute d’être approfondie est celle de la réintégration des émigrés dans la France napoléonienne et sous la Restauration83. Le paradoxe final tient au ralliement à Napoléon, ce qui rapproche ces nobles des émigrés chassés d’Italie par la Contre-Révolution84. Deux groupes antagonistes par les options politiques, similaires par l’expérience d’un exil politique, se retrouvèrent ainsi dans une commune admiration à l’égard de Napoléon. émigration et Contre-Révolution ne se recouvrent pas. Les recherches sur l’ensemble des mouvements migratoires, qu’il s’agisse des Belges contre-révolutionnaires85, ou des Italiens et des Allemands partisans de la Révolution86 ouvrent de nouvelles perspectives sur la question des transferts culturels87, de l’accueil des populations88, de l’enjeu pour les familles89 et de l’exil politique.

La Contre-Révolution
comme enjeu européen

  • 90 Christian Henke, op. cit. ; idem, « Coblentz/Coblence : Symbole pour la Contre-Révolution et l’émi (...)
  • 91 Michael Wagner, England und die französische Gegenrevolution 1789-1802, Munich, 1994 ; Marc Béliss (...)
  • 92 Marc Bélissa, « Les conséquences de la Révolution française sur l’ordre européen d’après les écriv (...)
  • 93 Volker Sellin, Die geraubte Revolution : der Sturz Napoleons und die Restauration in Europa, Götti (...)

21La Contre-Révolution constitue un enjeu des relations internationales. Christian Henke a ainsi montré comment Coblence devint un concept politique et un argument belliciste à l’Assemblée nationale90. La Contre-Révolution fut aussi instrumentalisée à l’étranger, notamment par le gouvernement anglais soucieux de mener une politique étrangère favorable aux intérêts britanniques, malgré les positions de Burke91. Marc Bélissa inverse la perspective en interrogeant, dans le cadre de ses recherches sur un nouvel ordre européen, le regard porté par la Contre-Révolution sur les relations internationales92. Volker Sellin, enfin, piste, de l’accord de Kalisch à la prise de Paris, les indices, les facteurs et les stratégies qui aboutirent à l’adoption de la solution bourbonienne proposée par Talleyrand, et à la réintégration de l’argument de la légitimité, appelée à devenir le mot d’ordre du congrès de Vienne93.

  • 94 Almut Franke-Postberg, Le milliard des émigrés. Die Entschädigung der Emigranten im Frankreich der (...)
  • 95 Jordi Canal, « La longue survivance du Carlisme en Espagne : proposition pour une interprétation » (...)
  • 96 Jean-Claude Guesnel, La dernière guerre du pape, Rennes, PUR, 1998.
  • 97 Jordi Canal, El carlismo y las guerras carlistas : hechos, hombres e ideas, Madrid, La Esfera de l (...)
  • 98 José Tengarrinha, op. cit.
  • 99 Bettina Frederking, « Auf der Suche nach dem “wahren” Frankreich : das Attentat aud den Duc de Ber (...)
  • 100 Jeremy D. Popkin, « Conservatisme, journalisme, et opinion publique sous la Restauration : le para (...)

22La Contre-Révolution marqua, en effet, profondément la politique européenne du xixe siècle. Alors que Louis XVIII tentait d’imposer l’union et l’oubli, le débat sur le milliard des émigrés réveilla les traumatismes94. Dans l’ensemble de l’Europe, une véritable « internationale blanche95 » vit le jour depuis l’Espagne jusque dans les états du Pape96. Mais le carlisme97, le miguelisme98 ou le légitimisme français99 furent plus que les résidus d’un passé révolu. Issus des innovations de l’époque révolutionnaire, ces mouvements s’adaptèrent aux nouvelles conditions politiques et sociales. Là encore, les trajectoires individuelles furent parfois sinueuses100.

  • 101 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution, Nation, op. cit.

23L’échec de la Contre-Révolution n’était ni assuré ni prévisible101. Il est dû à l’incapacité, ou au refus, de la Contre-Révolution nobiliaire de faire le lien avec les mouvements de résistances populaires à la Contre-Révolution. L’unité de la Contre-Révolution a été reconstruite rétrospectivement au xixe siècle, par des acteurs soucieux de ne s’interroger ni sur leur rôle dans la chute de l’Ancien Régime ni sur les raisons de leur échec, affirme Jean-Clément Martin. Elle fut aussi proclamée dès l’époque révolutionnaire par des acteurs soucieux peut-être déjà de conjurer leurs divisions internes.

  • 102 Malgré des périodes de forte menace : Michel Vovelle (dir.), Le tournant de l’an III. Réaction et (...)
  • 103 Natalie Petiteau, « La Contre-Révolution endiguée ? Projets et réalisations sociales impériales », (...)

24De l’échelle européenne à l’échelle locale, les formes de la Contre-Révolution furent d’une extrême variété et les rythmes très divers102 : quand le régime napoléonien parvenait à « endiguer » la Contre-Révolution à l’intérieur du pays103, il suscitait des résistances à l’étranger. Cette réalité multiforme et évolutive fait de la Contre-Révolution une notion « piégée », mais il faut se garder des classifications qui obscurcissent le réel au lieu de l’éclairer.

Notes

1 Bernard Gainot, « Le péril blanc : la Restauration monarchique au tournant du Directoire et du Consulat », dans Robert Chagny (éd.), La Révolution française. Idéaux, singularités, influences, Grenoble, 2002, p. 367-375.

2 Jean Starobinski, Action et Réaction. Vies et aventures d’un couple, Paris, Seuil, 1999.

3 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France 1789-1799, Paris, Seuil, 1999, p. 10-11.

4 Christine Le Bozec, « Rouen entre tentation et raison », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe. xviiie-xixe siècle. Réalités politiques et sociales, résonances culturelles et idéologiques, Rennes, PUR, 2001, p. 25-33.

5 Voir le graphique proposé par Jean-Clément Martin, op. cit., p. 304.

6 Jean-Luc Mayaud, « Pour une généalogie catholique de la mémoire contre-révolutionnaire : la Petite Vendée du Doubs », dans Jean-Clément Martin (éd.), Religion et Révolution, Paris, Anthropos, 1994, p. 215-227.

7 Michel Biard, « Collot d’Herbois et la répression à Commune-Affranchie : mythe et réalité », dans Bernard Cousin, Les fédéralismes. Réalités et représentations 1789-1874, Aix-en-Provence, PUP, p. 207-216.

8 Jean-Clément Martin (éd.), La Vendée et le monde, Nantes, Ouest-France, 1993 ; Jean-Clément Martin, Révolution et Contre-Révolution. Les rouages de l’histoire, Rennes, PUR, 1996.

9 Christian Henke, Coblenz, Symbol für die Gegenrevolution, Stuttgart, Jan Thorbecke, 2000.

10 Renata DE Lorenzo, « Mythes contre-révolutionnaires dans les Révolutions en Italie (1796-1860) », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 255-268.

11 Karine Rance, « Les mémoires de nobles émigrés en Allemagne. Coblence, ou prédire un échec advenu », dans Daniel Schönpflug, Jürgen Voss, Révolutionnaires et Émigrés. Transfer und Migration zwischen Frankreich und Deutschland 1789-1806, Stuttgart, Jan Thorbecke, 2002.

12 Alain Gérard, Par principe d’humanité. La Terreur et la Vendée, Paris, Fayard, 1999.

13 Jean-Clément Martin, « La Révolution interminable ou l’affaiblissement de la rhétorique contrerévolutionnaire ? », dans Michel Biard (dir.), Terminée la Révolution…, Calais, 2002, p. 213-223 ; idem, « Histoire et polémique. Les massacres de Machecoul », AHRF, 1993, n° 1, p. 33-54 ; id., « Le cas de Turreau et des colonnes infernales. Réflexions sur une historiographie », La plume et le Sabre. Hommages offerts à Jean-Paul Bertaud, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 238-248 ; Xavier Lardière, Jean-Clément Martin, Le massacre des Lucs-Vendée 1794, Vouillé, Geste éditions, 1992.

14 Antonio de Francesco, « Naissance et mort d’une démocratie municipale : pratiques de gouvernement direct dans la révolte fédéraliste », dans Bernard Cousin, op. cit., p. 293-301, ici p. 295.

15 Bruno Benoît (dir.), Ville et Révolution française, Lyon, Presses Universitaires, 1994.

16 Claude-Isabelle Brelot, « Les “Fédéralistes” jurassiens : républicanisme, infiltrations contre-révolutionnaires et réseaux d’amitié », Le Jura contre Paris. Le mouvement fédéraliste jurassien de 1793, Lons-le-Saulnier, Société d’émulation du Jura, 1994, p. 61-74.

17 Danièle Pingué, « Les limites du fédéralisme dans l’Ouest : la prétendue révolte du département de l’Eure », dans Bernard Cousin, op. cit., p. 271-280.

18 Matthias Middell, avec la collaboration de Roger Dupuy et Thomas Höpel, Widerstände gegen Revolutionen, 1789 bis 1989, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag, 1994. Voir aussi la réédition de l’ouvrage ancien, en partie revu de Donald M. G. Sutherland, The French Revolution and Empire. The Quest for a civic Order, Oxford, Blackwell, 2003.

19 Michel Vovelle rappelle les grandes lignes du débat dans La découverte de la politique. Géopolitique de la révolution française, Paris, La Découverte, 1993.

20 Jacques Péret, « Serment et ruptures sociales ? L’exemple des Deux-Sèvres », dans Jean-Clément Martin (éd.), Religion, op. cit., p. 57-69.

21 Étienne Frenay, « Révolution et Contre-Révolution en Roussillon : l’exemple de Millas (1789-1793) », dans Jean Sagnes (dir.), L’Espagne et la France à l’époque de la Révolution française (1793-1807), Perpignan, Presses Universitaires, 1993, p. 87-110.

22 Bernard Bodinier, Eric Teyssier, L’événement le plus important de la Révolution. La vente des biens nationaux, Paris, SER, CTHS, 2000 ; Bernard Bodinier, Eric Teyssier, « Les biens nationaux en France : état de la question », dans Martine Lapied, Christine Peyrard, La Révolution française au carrefour des recherches, Aix-en-Provence, PUP, 2003, p. 87-99.

23 Philippe Bourdin, « La Basse Auvergne, une seconde Vendée ? », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 35-59.

24 François Antoine, « Emigration dans le Brabant belge », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 143-159.

25 Jean-Clément Martin, « Face à la Révolution, quelle politisation des communautés rurales ? », La politisation des campagnes au xixe siècle. France, Italie, Espagne, Portugal, Rome, École Française de Rome, 2000, p. 107-115.

26 Roger Dupuy, « Chouannerie et pouvoir local sous le Directoire », dans Jacques Bernet, Jean- Pierre Jessenne, Hervé Leuwers (dir.), Du Directoire au Consulat, tome 1 : Le lien politique local dans la grande nation, Lille, 1999, p. 71-77.

27 Guy-Marie Lenne, Les réfugiés des guerres de Vendée de 1793 à 1796, La Crèche, Geste éditions, 2003.

28 Roger Dupuy, « La religion et les débuts des insurrections de l’Ouest (mars-avril 1793) », dans Jean-Clément Martin (dir.), Religion, op. cit., p. 71-77, ici p. 76.

29 Bruno Ciotti, Du volontaire au conscrit. Les levées d’hommes dans le Puy de Dôme pendant la Révolution Française, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2001 ; Annie Crépin, La conscription en débat ou le triple apprentissage de la nation, de la citoyenneté, de la République, 1798-1889, Arras, Artois Presses Université, 1998 ; Louis Berges, Résister à la conscription, 1798- 1814 : le cas des départements aquitains, Paris, CTHS, 2002.

30 Alan Forrest, « Religion et résistances militaires », dans Jean-Clément Martin (éd.), Religion, op. cit., p. 159-169.

31 Jean-Clément Martin (éd.), Religion, op. cit., Introduction, p. 5.

32 Michel Peronnet, « Religion, Révolution et Contre-Révolution dans le midi », dans Anne-Marie Duport, Religion, Révolution, Contre-Révolution dans le midi, 1789-1799, Nîmes, J. Chambon, 1990, p.

33 Roger Dupuy, Religion, op. cit., p. 76.

34 Philippe Bourdin, op. cit.

35 Florence Gauthier, « La Contre-Révolution et l’abolition de l’esclavage », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 77-86.

36 Jean-Clément Martin (dir.), La guerre civile : entre histoire et mémoire, Nantes, Ouest-Édition, 1995.

37 Ibidem ; Olwen H. Hufton, Women and the limits of citizenship in the French revolution, Toronto, University of Toronto Press, 1992.

38 Anna-Maria Rao, « Révolution et Contre-Révolution pendant le Triennio italien (1796-1799) », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 233-240, ici p.

39 Anna-Maria Rao (dir.), Folle controrivoluzionarie. Le insorgenze popolari nell’Italia giacobina e napoleonica, Rome, Carocci, 1999 ; Angelo Massafra (dir.), Patrioti e insorgenti in provincia : il 1799 in terra di Bari e Basilicata, Edipuglia, 2002.

40 Christian Simon, Widerstand und Proteste zur Zeit des Helvetiks, Bâle, Schwabe et Co, 1998

41 Lluis Roura, « La Contre-Révolution en Espagne et la lutte contre la France, 1793-1795, et 1808-1814 », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit.,

p. 205-219.

42 José Tengarrinha, « Paysannerie et Contre-Révolution au Portugal », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 279-290.

43 Fred Stevens, « La résistance au Directoire dans les départements réunis. La “Guerre des paysans” (octobre-novembre 1798) », dans Philippe Bourdin, Bernard Gainot, La République directoriale, tome 2, Paris, SER, 1998, p. 1025-1045.

44 Jim Smyth, Revolution, Counter-Revolution and Union. Ireland in the 1790’s, Cambridge, Cambridge University Press, 2000.

45 Richard Hocquellet, Résistance et Révolution durant l’occupation napoléonienne en Espagne 1808- 1812, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2001.

46 Claude Mazauric, « Autopsie d’un échec : la résistance à l’anti-Révolution et la défaite de la Contre- Révolution », dans Roger Dupuy, François Lebrun (dir.), Les résistances à la Révolution, Paris, Imago, 1987, p. 237-244, ici p. 239.

47 Dale K. Van Kley, Les origines religieuses de la Révolution française 1570-1791, Paris, Seuil, 2002.

48 Sur ces auteurs, parmi l’immense littérature disponible : Jérôme Grondeux, La religion des intellectuels français au xixe siècle, Toulouse, Privat, 2002 ; David Klinck, The French Counterrevolutionary Theorist Louis de Bonald (1754-1840), New York, Peter Lang, 1996 ; Norbert Col, Burke, le contra social et les révolutions, Rennes, PUR, 2001 ; Emmanuelle Rebardy, « La Révolution contraire : Chateaubriand et le Génie du Christianisme, 1802. Genèse d’une pensée réactionnaire », AHRF, juillet-septembre 1997, p. 492-501 ; James L. Osen, Royalist Political Thought during the French Revolution, Westport, Greenwood Press, 1995.

49 Didier Masseau, Les ennemis des Lumières : l’antiphilosophie au temps des Lumières, Paris, Albin Michel, 2000.

50 Darrin M. McMahon, Enemies of the Enlightenment. The French Counter-Enlightenment and the Making of Modernity, Oxford, Oxford Univ. Press, 2001.

51 Simon Burrows, French Exile Journalism and European politics 1792-1814, Woodbrige, The Boydell Press, 2000.

52 Karine Rance, Mémoires de nobles émigrés dans les pays germaniques pendant la Révolution française, thèse Université de Paris 1, Etienne François (dir.), à paraître, Paris, Belin, 2005.

53 Annie Duprat, « Un réseau de libraires royalistes à Paris sous la Terreur », AHRF, 2000, n° 3, p. 45-68 ; idem, « Les écrits contre-révolutionnaires et leur diffusion », dans Jean-Clément Martin (éd.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 87-99.

54 John Dunne, « The French Nobility and the Revolution : towards a virtual solution to two ageold Problems », French History, vol. 17, n° 1, 2003, p. 96-107.

55 Donald Greer, The Incidence of the Emigration during the French Revolution, Cambridge, Harvard University Press, 1951.

56 Thomas Höpel, Emigranten der Französischen Revolution in Preußen (1789-1806). Eine Studie in vergleichender Perspektive, Leipzig, 2000.

57 Par exemple en Westphalie : Peter Veddeler, « Französische Revolutionsflüschtlinge in Westfalen 1792-1802 », dans Thomas Höpel, Katharina Middell (dir.), Réfugiés und Émigrés. Migration zwischen Frankreich und Deutschland im 18. Jahrundert, Comparativ, 1997, Heft 5/6, p. 179-192.

58 Dominic Aidan Bellenger, The French exiled clergy in the British Isles after 1789, Bath, Downside Abbey, 1986 ; Kirsty Carpenter, Refugees of the French Revolution. Emigres in London, 1789-1802, Basingstoke, Macmillan, 1999.

59 Jean-Marie Wiscart, la noblesse de la Somme au xixe siècle, Amiens, Encrage, 1994.

60 Claudine Pailhes, « Passages ariégeois en Espagne sous la Révolution », dans Jean Sagnes (dir.), op. cit., p. 175-192.

61 Pierre Bureau, Les émigrés charentais, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2003.

62 François Antoine, op. cit.

63 Kimberley Berryman, Great Britain and the French Refugees, 1789-1802 : the administrative response, PhD Australian National University, dactyl. 1980.

64 Pierre Hourmat, « De l’émigration du clergé basque et bayonnais en Espagne au temps de la Révolution (1789-1803) », dans Jean Sagnes (dir.), op. cit., p. 193-208.

65 Bernard De Brye, « La Révolution française et l’émigration de l’épiscopat gallican : historiographie d’une absence », RHMC 40, octobre-décembre 1993, n° 4, p. 605-628.

66 Bernard Cousin, Hommes de Dieu et Révolution en Provence, Turnhout, Brepols, 1995, p. 84 sqq.

67 Bernard Plongeron, « Soumission aux lois de la République ? La fin d’un consensus politique parmi les évêques émigrés (1795-1802) », dans Jean-Clément Martin (éd.), Religion…, op. cit., p. 172-181.

68 Thomas Höpel, op. cit.

69 Claudine Pailhes, op. cit., ici p. 192.

70 Karine Rance, op. cit.

71 Claude-Isabelle Brelot, La noblesse en Franche-Comté de 1789 à 1808, Annales littéraires de l’université de Besançon, n° 134, Paris, Belles Lettres, 1972.

72 Catherine Therese Spaeth, Purgatory or Promised Land ? French Émigrés in Philadelphia and their Perceptions of America during the 1790’s, Minneapolis, Thèse dactyl. Université du Minnesota, 1992.

73 Karine Rance, op. cit.

74 Patrick Huchet, 1795. Quiberon ou le destin de la France, Rennes, Ouest-France, 1995.

75 Jean-Paul Bertaud, Le duc d’Enghien, Paris, Fayard, 2001.

76 Philippe Bourdin, op. cit.

77 Nina Rubinstein, Die französische Emigration nach 1789. Ein Beitrag zur Soziologie der politischen Emigration. Herausgegeben und eingeleitet von Dirk Raith mit Beiträge von Hanna Papanek und Danid Kettler, Graz-Vienne, Nausner & Nausner, 2000.

78 Thomas Höpel, op. cit. Ceci rejoint les conclusions de Kimberley Berryman pour la Grande- Bretagne.

79 Sur la situation du comte de Provence après Coblence, voir par exemple : Wilhelm Bringmann, Louis XVIII. von Frankreich im Exil. Blanckenburg, 1796-1798, Frankfurt/Main, Peter Lang, 1995.

80 Karine Rance, « L’émigration nobiliaire française en Allemagne : une “migration de maintien” (1789-1815) », Genèses, 30, 1998, p. 5-29.

81 Karine Rance, Mémoires, op. cit. ; Gilles Bertrand, « Le cosmopolitisme à l’épreuve de la Révolution française. Pratiques aristocratiques et bouleversements des idéaux chez les voyageurs émigrés français en Italie », Robert Chagny (dir.), op. cit., p. 101-114.

82 Outre les titres indiqués par ailleurs, voir Kirsty Carpenter, Philip Mansel, The French Émigrés in Europe and the Struggle against Revolution 1789-1814, Londres/New York, St Martin’s Press, 1999.

83 Claude-Isabelle Brelot, La Noblesse réinventée. Nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Paris, les Belles-Lettres, 1992, 2 vol. Plusieurs thèses sont en cours sur la réintégration des émigrés dans les armées et l’administration napoléoniennes.

84 Anna-Maria Rao, Esuli. L’emigrazione politica italiane in Francia (1792-1802), Naples, 1992.

85 Renate Zedinger, « Belgische Emigranten in Wien. Zur Situation der habsburgischen Beamten aus den “Österreichischen Niederlanden” unter Kaiser II./I. (1792-1836) », dans Ferdinand OPLL, Karl Fischer (dir.), Studien zur Wiener Geschichte, Vienne, 2000, p. 251-266.

86 Anne Cottebrune, « Des “réfugiés mayençais” dans le Paris révolutionnaire : histoire d’un exil politique, 1793-1799 », AHRF, 2003, n° 1, p. 77-101 ; Alain Ruiz, « Migrations croisées de la fin de l’Ancien Régime à l’époque de Napoléon », dans Jean Mondot, Alain Ruiz, Interférences francoallemandes et Révolution française, Bordeaux, Presses Universitaires, 1994, p. 67-91.

87 Daniel Schönpflug, Jürgen VOSS, Révolutionnaires et émigrés. Transfer und Migration zwischen Frankreich und Deutschland 1789-1806, Stuttgart, 2002.

88 Lucas Manuel Ardit, Vicent Gil, Hernandez Sempere « Les Français résidents et émigrés dans le pays valencien : les émotions populaires de 1793 et 1794 », dans Jean Sagnes (dir.), op. cit., p. 219-246.

89 Sur les droits politiques des parents d’émigrés, voir Bernard Gainot, 1799, un nouveau Jacobinisme ?, Paris, CTHS, 2001, p. 52 et sqq. ; Frédérique Pitou, « Aristocrate malgré lui, ou les mésaventures d’un père d’émigré (1792-1805) », AHRF, 2001, n° 1, p. 35-55. Pour les biens : André Castaldo, « La Révolution et les émigrés : les partages de présuccession », Revue Hist. Droit, 1993, p. 371-403.

90 Christian Henke, op. cit. ; idem, « Coblentz/Coblence : Symbole pour la Contre-Révolution et l’émigration française dans l’électorat de Trèves », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre- Révolution en Europe, op. cit., p. 121-132.

91 Michael Wagner, England und die französische Gegenrevolution 1789-1802, Munich, 1994 ; Marc Bélissa, « Les stratégies de la Contre-Révolution. L’exemple du débat au Parlement anglais (1792-1794) », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 163-173

92 Marc Bélissa, « Les conséquences de la Révolution française sur l’ordre européen d’après les écrivains contre-révolutionnaires (1795-1800) », dans Robert Chagny (dir.), op. cit., p. 205-218.

93 Volker Sellin, Die geraubte Revolution : der Sturz Napoleons und die Restauration in Europa, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2001 ; Jacques-Olivier Boudon, « 1814-1815 : entre Contre-Révolution et recharge révolutionnaire », dans Michel Biard (dir.), Terminée la Révolution…, Calais, 2002, p. 43-55.

94 Almut Franke-Postberg, Le milliard des émigrés. Die Entschädigung der Emigranten im Frankreich der Restauration (1814-1830), Bochum, Dieter Winkler, 1999.

95 Jordi Canal, « La longue survivance du Carlisme en Espagne : proposition pour une interprétation », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 291-301.

96 Jean-Claude Guesnel, La dernière guerre du pape, Rennes, PUR, 1998.

97 Jordi Canal, El carlismo y las guerras carlistas : hechos, hombres e ideas, Madrid, La Esfera de los libros, 2003 ; Pedro Rujula, Contrarrevolucion en Aragón y el Mastrazgo, 1820-1840, Saragosse, Presses Universitaires, 1998 ; Jean-Philippe Lluis, « L’échec de la Contre-Révolution au pouvoir : l’Espagne de 1814 à 1833 », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 221-229.

98 José Tengarrinha, op. cit.

99 Bettina Frederking, « Auf der Suche nach dem “wahren” Frankreich : das Attentat aud den Duc de Berry am 13. Februar 1820 », dans Michael EINFALT et al., Konstrukte nationaler Identität : Deutschland, Frankreich und Großbritannien (19. und 20. Jahrhundert), Würzburg, Ergon Verlag, 2002, p. 35-57.

100 Jeremy D. Popkin, « Conservatisme, journalisme, et opinion publique sous la Restauration : le paradoxe du succès de Joseh Fievée », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 193-204.

101 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution, Nation, op. cit.

102 Malgré des périodes de forte menace : Michel Vovelle (dir.), Le tournant de l’an III. Réaction et terreur blanche dans la France révolutionnaire, Paris, CTHS, 1997 ; Jean-Clément Martin, « Royalistes et contre-révolutionnaires face au coup d’État de Brumaire », Terminer la Révolution, Paris, Economica, 2003, p. 39-58.

103 Natalie Petiteau, « La Contre-Révolution endiguée ? Projets et réalisations sociales impériales », dans Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, op. cit., p. 183-192.

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