Introduction générale
p. 9-20
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Texte intégral
1L’histoire de la Révolution française est marquée par une tradition soutenue de colloques qui ont été des occasions de faire des bilans et de proposer des recherches. Celui-ci trouve naturellement sa place dans cette longue lignée, qui a été infléchie au moment du bicentenaire par le grand nombre des entreprises réalisées. Quinze ans plus tard, alors que les retombées du bicentenaire ne sont pas encore totalement évaluées et que le climat intellectuel a prodigieusement changé, il est nécessaire de faire le point1. L’entreprise est souhaitable parce que de nouvelles questions ont été abordées et que des approches et des méthodes ont été renouvelées ou imaginées. Ce colloque a voulu rendre compte de ces mutations en insistant sur ce qui est ainsi à l’œuvre à propos de la période de la Révolution française. Il convient donc de bien prendre son titre dans tous les sens possibles, car il nous a semblé que l’histoire de la Révolution était, elle-même, au travail, dans la mesure où les catégories d’analyse, les délimitations des champs de réflexion comme des périodes chronologiques avaient été pensées au travers des recherches menées depuis ces dernières années et de leurs résultats.
2Un point mérite d’emblée d’être souligné : depuis le bicentenaire, les travaux menés sur la période ont subi un fléchissement en nombre, en France comme ailleurs. Pourtant ils n’ont pas disparu loin de là, si bien que la recherche s’est en quelque sorte poursuivie en approfondissant des voies à peine explorées jusqu’alors, chacune prenant son autonomie et s’organisant autour de noyaux de quelques chercheurs. Le nombre des historiens et historiennes n’est peut-être plus aussi élevé qu’il a été dans les années 1980, mais un noyau actif et cohérent existe. Cette mutation a répondu à un changement de sensibilité, après les querelles qui ont marqué le bicentenaire et surtout après les modifications du climat intellectuel. Dans les circonstances actuelles, qui font oublier les théories prématurées sur la fin de l’histoire et remettent en cause les comparaisons simplistes avec les totalitarismes du siècle précédent, la Révolution apparaît toujours comme un laboratoire où il est possible de comprendre comment des mécanismes sociaux, politiques et culturels ont été expérimentés. On le perçoit bien au travers de l’importance prise par les phénomènes culturels, à commencer par les études autour de l’histoire du Genre, des expressions religieuses, des traditions communautaires et nationales, autant de questions sensibles qui ont considérablement influencé les recherches historiques. Ainsi plus que jamais, la Révolution est-elle une période qui demeure « contemporaine » au sens où Croce le disait avec justesse. Elle n’est décidemment pas « terminée » en ce qui concerne la compréhension des modalités du vivre ensemble. C’est cela que les hommes et les femmes de la fin du xviiie siècle ont essayé de définir et aussi d’inventer, et qu’ils ont expérimenté dans la confrontation publique, inaugurant la modernité sociale et politique qui est notre lot. étudier la Révolution c’est répondre, à notre façon, aux urgences de nos sociétés qui traversent une grave crise du vivre ensemble les obligeant à travailler sur elles-mêmes.
3Le colloque a mis en lumière les voies par lesquelles des réflexions nouvelles se sont saisies d’abord des rapports entre structure et dynamique au travers des réseaux et des interventions des acteurs. Au carrefour de l’histoire sociale, de l’histoire politique et de l’histoire culturelle, l’étude des réseaux de sociabilité peut ici apporter de nouvelles réponses à des questions récurrentes. La dynamique de la constitution des groupes sociaux est au cœur des investigations, qu’il s’agisse des fermiers, des avocats ou des boulangers ou autres membres des corporations, ils agissent en tant que tels, comme groupes organisés, ou réagissent aux mutations sociales et législatives, si bien qu’ils imposent et créent autour d’eux de nouveaux équilibres sociaux2. On peut penser à la puissance de ce réseau aux mailles souples autour de Mesmer, où l’on trouve Brissot, Bergasse, David3. C’est dans le terreau des échanges sociaux contradictoires que s’élaborent de nouvelles questions, promises à des avenirs politiques essentiels, que ce soit le débat autour du divorce qui a traversé les vingt dernières années de l’Ancien Régime ou la réflexion autour des pratiques électorales qui ont été expérimentées dans le clergé ou dans les institutions créées par la monarchie après les années 17704. Les réseaux religieux, notamment autour de la nébuleuse janséniste, ont été particulièrement étudiés, mettant en évidence leur rôle dans la contestation de la monarchie française pendant tout le xviiie siècle5.
4S’intéresser aux réseaux permet de comprendre ce qui est sous la surface du politique et ce qui va durer. Même l’amitié ou l’émergence de la notabilité servent ainsi à la désignation des petites élites qui organisent la vie publique des petites communautés vendéennes6. Il n’y a pas une autonomie du politique qui aurait dépendu de visions proprement métaphysiques, abstraites, mais au contraire, il y a eu succession d’expérimentations sociales qui ont produit une suite de réflexions révélées au moment de la Révolution. La Révolution française est par excellence un temps de rencontre entre le penser et l’agir, un temps où s’ouvrent tous les champs du possible et où l’utopie peut se faire action. Prolongeant la question posée par T. Tackett, « comment devient-on révolutionnaire7 ? », il faut se demander comment se font et se défont les nébuleuses politiques, essayer de comprendre ce qui pousse vers la modération ou a contrario vers les extrêmes ? Quels rôles ont joué la configuration socio-économique, la culture politique, la culture religieuse des hommes de 1789 au moment des choix face à l’événement révolutionnaire ? Est-ce au contraire le fait révolutionnaire qui impose sa présence et change les hommes comme les choses ? Nous inclinerions à penser que « la Révolution » aura été ce moment particulier pendant lequel « structure » et « événement » se sont mutuellement transfigurés, provoquant la naissance de nouvelles réalités sociales et discursives, notamment des groupes sociaux inédits, comme les élites d’état, ou des identités collectives, comme celle qui naît dans « la Vendée ».
5Une deuxième réévaluation vise à comprendre la Révolution comme transition exceptionnelle, période d’expérimentations, lorsqu’on l’envisage notamment du point de vue du droit. La décennie 1789-1799 est tellement marquée par les inventions en ce domaine, qu’il est possible de la voir autant comme un temps d’innovations prometteuses que comme celui d’un échec. Croce peut être à nouveau invoqué pour proposer un autre jugement : il n’est pas d’événement qui ne soit pas tout à la fois une faillite et le témoignage d’une expérience profitable. Si la période révolutionnaire n’a pas répondu à tous les espoirs soulevés aussitôt, et peut apparaître alors comme une faillite, reste que les espoirs ont structuré les mentalités et créé le cadre des débats qui se mèneront plus tard. De ce point de vue, la Révolution est tout le contraire de l’échec. Elle est d’abord le moment bref où on essaie de répondre ouvertement à des questions qui travaillaient les sociétés européennes auparavant, prolongeant jusqu’au paroxysme les réformes inventées partout ailleurs. L’empereur d’Autriche, « despote éclairé », aura ainsi essayé de réformer l’église de ses possessions belges selon des modalités proches de celles que la France imagine avec la Constitution civile du clergé ; il n’obtient pas plus de succès d’ailleurs. Dans le domaine juridique, la réflexion qui naît, autour des codes, à partir de 1789, se prolonge sans discontinuer jusqu’au Consulat, en deçà des péripéties politiques et militaires. Si bien que le droit ne peut plus être qualifié d’intermédiaire, mais doit être compris comme un champ d’expérimentation, ce qui lui donne toute son importance. De là naît une société qui est radicalement différente de celle de l’Ancien Régime, même s’il est possible de penser que les innovations révolutionnaires n’ont pas eu de véritables suites8. Cette lecture trouve pleinement sa justification dans la dimension européenne de la Révolution puisque celle-ci est le temps de multiples expériences innovantes en matière judiciaire, policière et institutionnelle dans ce qu’il est convenu d’appeler les « républiques-sœurs9». La multiplicité des expériences rappelle que rien n’est joué. Il convient d’ajouter que le renouveau des approches autour du droit naturel s’applique autant à l’espace national qu’aux relations entre états et sociétés différentes10.
6Ce renouvellement des études est particulièrement net à propos de l’histoire du Genre, formule qui est de loin préférable à celle qui parle de l’histoire des femmes. Comme Lynn Hunt vient de le démontrer, les horizons traditionnels dans lesquels cette histoire s’ancre, marxisant, habermasien, psychanalytique se sont interpénétrés dans un mélange accepté entre recherches empirique et archivistique, et nécessaire recours à la théorie11. La Révolution est le moment pendant lequel les hommes doivent répondre clairement aux demandes des femmes, et pendant lequel les femmes expérimentent leurs capacités d’intervention dans la société civile, militaire, comme dans toutes les dimensions du droit. Elles commencent par définir leur propre façon d’intervenir et s’affranchissent peu à peu des modèles dans lesquels elles se trouvaient. Les bilans accusateurs tirés de la marginalisation des femmes pendant la période semblent les produits d’une époque historiographique particulière et d’une orientation idéologique, plus que le reflet d’une réalité plus riche et plus nuancée. Est-il possible de parler d’échec ou de recul quand il y a autant de matières accumulées pour servir au siècle suivant, quand la sécularisation de la société a été affirmée irrémédiablement et quand les cadres de pensée ont définitivement rompu avec des principes organicistes et naturalistes ? Les femmes violées qui dénoncent leurs agresseurs, dans les années 1840, en recourant à la loi, profitent, sans le savoir, des bouleversements induits en profondeur par la rupture révolutionnaire12. L’histoire du Genre représente bien plus que l’intégration d’un nouvel acteur dans la trame historique déjà connue, elle oblige à repenser les catégories mêmes de l’écriture de l’histoire, non pas pour respecter un quelconque « point de vue des femmes », mais plutôt pour tenir compte de la mutation de perspectives13. De ce point de vue, l’évolution de la vision de la famille est révélatrice de toutes les mutations profondes, obligeant à abandonner du même coup l’affirmation simpliste d’une Révolution créatrice de l’individualisme moderne14.
7Ces conclusions qui peuvent se dégager des travaux déjà bien établis doivent se conjuguer avec les redéfinitions qui affectent d’autres champs de connaissances, à commencer par la biographie et la prosopographie. Ces deux genres, mais surtout le premier, ont connu et connaissent toujours un succès continu. L’ensemble de la période est incontestablement surplombé par Bonaparte-Napoléon15. Mais cette forte personnalité ne doit pas aveugler car l’homme s’inscrit dans la suite de tous ceux qui ont façonné à un moment ou un autre l’histoire de ces dix ans, qu’il s’agisse de Mirabeau, de Marat ou de Robespierre, hommes charismatiques, incarnant un espoir au moment où le trône était vide et que la société cherchait à se reconnaître dans de grands hommes, savants ou militaires16. Cette ouverture sociale concerne aussi les femmes, même si la plupart d’entre elles ne cherchent pas à occuper une première place. Pourtant les hommes craignent manifestement qu’elles n’interviennent davantage dans la vie publique comme en témoignent les légendes accolées dès 1789 à Théroigne de Méricourt ou à Olympe de Gouges et qui leur coûteront cher17.
8Reste que la prolifération des biographies n’a pas seulement permis de renouveler les connaissances, mais a véritablement transformé le genre et enrichi les perspectives18. La confrontation avec d’autres domaines des sciences humaines a rendu plus complexe et plus riche la description de parcours existentiels des individus et des personnes, qu’ils soient acteurs, protagonistes, anonymes, comme des groupes et des classes19. Il devient possible d’étudier les réactions des individus, portés par leur collectivité ou confrontés à des groupes hostiles, en tous les cas en situation de forte réactivité ou d’adaptation permanente à une conjoncture sans cesse mouvante. Il est également possible, par la prosopographie, d’aborder des attitudes collectives mais aussi la constitution des marqueurs identitaires des groupes, au moment où ils sont confrontés à des phénomènes d’acculturation, dus en grande partie à de nouvelles expressions de la politisation. L’intégration dynamique des strates entières de la société au processus d’édification de la citoyenneté sous toutes ses formes et ses valeurs, s’impose et provoque des réactions que les trajectoires individuelles et collectives illustrent. On voit bien comment s’instaurent de nouveaux positionnements qui résultent de véritables négociations avec les institutions et les pouvoirs en place. Les professions judiciaires ou administratives renaissent littéralement pendant la période, comme le montrent les études exemplaires menées notamment en Belgique et en Suisse20 ; les religieuses notamment traversent parfois la décennie en inventant d’autres rapports au sacré21. Des figures inédites, tels le soldat-citoyen, le journaliste, le fonctionnaire, le contre-révolutionnaire, le militant démocrate, le médiateur révolutionnaire… sont à prendre en considération pour apprécier comment la vie journalière pratique l’acculturation politique22.
9Les conséquences ne s’arrêtent pas là. S’intéresser aux individus amène à considérer le jeu des acteurs en lui-même. Les acteurs ne sont pas des pions sur des échiquiers idéologiques ou sociaux ; leurs logiques méritent d’être prises en considération pour ce qu’elles se donnent ; leurs façons de voir le monde ne doivent pas être oubliées dans notre rencontre avec eux. Cela conduit à prendre au sérieux les phénomènes de rumeurs, d’interprétations équivoques, de jugements changeants qui façonnent les opinions et mobilisent les individus23. Mais il est aussi nécessaire de comprendre comment les individus se sont investis dans leur époque, au croisement des contraintes et des possibilités. L’exemple récemment étudié des représentants en mission oblige à une relecture complète de leur rôle, négociateurs et intercesseurs plus que proconsuls autoritaires (sauf exceptions) et même plus que serviteurs zélés d’un ordre abstrait24. La notion de trajectoire prend alors tout son sens, dans la mesure où elle permet de penser comment, au nom d’idéaux et d’engagements personnels ou collectifs, des personnes se trouvent amenées à accomplir des actes qui peuvent apparaître éventuellement contradictoires alors qu’ils témoignent d’une logique profonde et que les évolutions sont à mettre au compte des mutations rapides des contextes politiques. Les « girouettes », qui seront moquées au début de la Restauration, sont pour une part d’entre elles des individus préoccupés de conserver une orientation dans un jeu mouvant25. Plus largement encore, il est nécessaire de tenir compte de cette espèce de valse des étiquettes (patriotes, jacobins, girondins, montagnards…) qui marque toute la période et n’est pas assez suivie avec l’attention souhaitable par les historiens qui tranchent superbement et opèrent des classements qui surprendraient désespérément les acteurs s’ils pouvaient en prendre connaissance26.
10L’histoire culturelle est considérablement redéfinie depuis une quinzaine d’années, abandonnant les limites strictes dans lesquelles elle semblait se figer dans la tradition française pour accepter, aux risques d’incertitude et de flou, des interrogations et des méthodes qui combinent les catégories du politique, de l’art, de la psychanalyse, de l’anthropologie. Ainsi le politique a-t-il gagné en densité, en s’interrogeant autour de la notion de culture du politique, et en étudiant les représentations et les rituels, mais aussi la mode et l’irrationnel27. Là encore, l’histoire du Genre apparaît pionnière en la matière28. Les émotions se conjuguent avec les sentiments et les idées pour éclairer les actes et les prises de décisions. Les réussites viennent notamment de l’histoire de l’art et de l’histoire culturelle, où l’étude des sensibilités, des échanges commerciaux, des jeux institutionnels et des parcours individuels des artistes, éventuellement des activités des imprimeurs et des graveurs est menée de façon systématique, donnant au champ historique toute sa profondeur29. Ces façons de voir permettent l’autonomisation de nouvelles approches comme celle qui se développe autour des arts de la scène, exemple de cette formidable extension des domaines de recherche.
11De nouvelles interrogations se sont ainsi développées permettant de réfléchir sur l’existence de « cultures » révolutionnaire et contre-révolutionnaire transmises aux générations suivantes30. Incontestablement, des cultures se façonnent, qu’elles soient celles du « militant », de l’administrateur, du chef de guerre, du résistant politique ou religieux. Des destinées illustrent cette évidence, que l’on pense à la longue vie de celui qui fut le jeune Jullien, envoyé de Robespierre à 20 ans et militant actif de la culture révolutionnaire dans son vieil âge, ou celle, interrompue par la guillotine, de Mme Roland31. On peut même penser qu’une culture de la « girouette » se crée autour des revirements scandant les vies au rythme des fractures politiques, identifiant ceux qui, désormais, s’agrègent à ce qui tend à devenir une « classe politique » et se dévouent à la défense de la cause de l’état, indépendamment des régimes. La Révolution est assurément le moment qui modifie en profondeur les habitudes antérieures et crée de nouveaux groupes sociaux, protagonistes essentiels de la société française du xixe siècle. Ces élites se retrouvent autour de nouvelles pensées politiques : l’unité nationale, la représentation populaire, le destin du pays. Il ne s’agit pas d’une mutation réservée aux dimensions strictement politiques ; le remodelage de la culture française se réalise profondément aussi dans les approches scientifiques, puisque du système métrique aux inventions chimiques, des classifications des naturalistes aux débats sur la nature des volcans, sans oublier les linéaments de l’anthropologie ou de la psychiatrie, toute l’approche générale de la vie est soumise à réexamen et traduite dans de nouveaux langages empruntant largement au latin et au grec32. Cette transformation ne concerne pas seulement la France, puisqu’en écho aux mouvements révolutionnaires d’une part, aux guerres ensuite, les pays voisins sont eux aussi profondément transformés, une partie des élites inventant des formes spécifiques d’acculturation politique, tandis que les masses s’engagent souvent dans des mouvements religieux eschatologiques33. Dans l’un et l’autre cas, des cultures nationales se forgent, elles aussi destinées à durer et sur lesquelles les différents pays européens vont se construire34.
12De ces transformations, l’évolution des concepts et des notions apporte des preuves éclatantes. Il ne s’agit pas là seulement de la poursuite des études engagées il y a trente ans, mais bien à la fois d’une extension et d’une ouverture méthodologique récentes puisque ces études se couplent avec des approches biographiques ou sociales, qui permettent de comprendre le trajet de ces notions et leurs mises en pratique35. L’ouverture conceptuelle fait ainsi douter de la validité des recherches des « influences » ou des « origines » qui ont été longtemps pratiquées, pour privilégier au contraire la compréhension de l’historisation des notions et du vocabulaire. On peut ainsi noter que l’abbé de Saint-Pierre, initiateur en 1713 d’une « cosmopolitique du droit des gens » est aussi le créateur du néologisme de « bienfaisance » dont la charge révolutionnaire est telle que, sous la Restauration, les ultras en dénoncent le caractère « impie ». Un nouveau cadre de pensée régit ainsi toutes les formes de la vie sociale36.
13C’est un pareil renouvellement qui se produit dans le champ des relations internationales, de la guerre et de l’étude de la violence. À côté des ouvrages classiques, et anciens, sur les relations internationales, prend forme un débat qui recourt aux catégories du droit naturel et du cosmopolitisme37. La guerre et l’armée, bien connues38, sont l’occasion de lectures culturelles qui les relisent en tenant compte de l’évolution des sentiments autour de la nation, mais aussi des comparaisons avec les épisodes plus récents marqués par la « brutalisation » et la virilisation39, La multiplication d’études ponctuelles sur des sujets factuels longtemps peu approfondis traduit aussi ce profond renouvellement des perspectives40. Une place à part doit être réservée aux guerres civiles (et à la notion de guerre civile) comme aux guerres dans les colonies41. Ces approches posent autrement la question de la violence, qui n’est plus prioritairement envisagée dans son rapport avec la constitution de l’état et les totalitarismes du xxe siècle. La violence a perdu ses aspects idéologiques ou tabous d’autant que ses formes sont revues pour les périodes précédentes et suivantes42. Le chantier classique des peurs et des journées révolutionnaires est à reprendre dans la suite de travaux systématiques43, en l’étendant aux multiples événements où anti-révolution et contre-révolution sont en jeu (processions illicites, soulèvements larvés, voire ouverts comme les mouvements sectionnaires). Georges Lefebvre ou George Rudé ont l’un et l’autre montré la voie, mais il convient d’en ouvrir d’autres hors de toute lecture téléologique, comme le propose Hugues Neveux44.
14Dans cette perspective, l’étude de la Contre-Révolution a retrouvé une légitimité dans le processus révolutionnaire, qui n’est plus l’apanage de partisans. Elle est devenue un objet intégré dans l’histoire de la période révolutionnaire et participe à la compréhension de la marche de la Révolution45. Le livre synthétique de Jacques Godechot a été pionnier dans cette voie, empruntée en France à un titre ou un autre par Jean-Paul Bertaud, Claude Langlois. Reste pourtant que ce champ demeure peu fréquenté par les historiens français, laissant à des historiens anglais ou allemands le soin de présenter les liens avec les sociétés et les souverains étrangers46. Le colloque organisé à Cholet en 1999 a montré que des travaux se mènent dans toute l’Europe rendant nécessaire de mieux définir la Contre-Révolution elle-même, pour estimer ce que le terme recouvre dans les différents pays européens selon les années47.
15De tous ces travaux, un élément commun tient bien à l’affirmation de nouvelles transversalités entre les domaines traditionnellement définis par l’histoire sociale, économique, politique, autant de termes qui n’ont pas été repris volontairement par ce colloque pour témoigner du fait que nous avons quitté les continents bien délimités pour de nouvelles explorations. Le cadre chronologique ne peut plus être fixé à la décennie « révolutionnaire ». Sinon comment prendre en compte les biographies par exemple, sans compter qu’il convient d’envisager l’histoire des générations, celle des hommes qui naissent entre 1745 et 1760 et celle des plus jeunes qui voient le jour entre 1760 et 1775, certes toutes deux à l’origine de la construction de la France contemporaine mais selon des modalités différentes. Il est nécessaire aussi de ne plus considérer le Directoire comme une Révolution au rabais. Le 9 thermidor 1794 doit aussi être l’objet de réévaluation en le comparant avec les ruptures d’octobre 1795 avec la fin de la Convention, ou de décembre 1793, qui marquent l’une et l’autre des tournants politiques majeurs dans le traitement des mouvements populaires48. Plus largement la Révolution doit être comprise en l’insérant dans la remise en cause de la monarchie depuis le coup de Maupéou en 1770, véritable révolution, jusqu’aux années 1830-1840, qui voient la société française réagir encore aux réformes lancées cinquante ans plus tôt. C’est notamment pendant cette période que se fixent les principaux courants interprétatifs qui façonnent durablement la pensée historique française sur la Révolution et l’Empire. La mémoire de la Révolution, volontairement évitée par ce colloque, est en train de prendre une ampleur qu’il faudra examiner plus tard49.
16Le décentrement, voulu dans ce colloque, impose de voir l’importance prise par les études historiques sur la Révolution française menées hors de France ces dernières années. Sans doute ont-elles été toujours nombreuses dans tous les pays du monde, mais leur poids et leur influence se sont considérablement accrus, peut-être en raison de la diminution relative des chercheurs français. Ces historiographies, dont les plus marquantes sont aujourd’hui anglo-saxonne et italienne, témoignent du poids des traditions nationales qui donnent des cadres d’interprétation différents provoquant des orientations nouvelles. Ceci explique le dynamisme des études « culturelles » et du Genre, mais aussi les remises en cause du « modèle français » dans l’histoire des républiques sœurs. Une nouvelle histoire européenne de la période révolutionnaire est ainsi en train de se constituer véritablement. Sans doute l’histoire des colonies françaises est-elle également en train de connaître une évolution proche, qui, à terme, devrait se traduire par l’établissement de récits où les logiques internes seront prédominantes, éloignées du tempo et des catégories donnés par l’histoire métropolitaine50.
17Ce colloque n’a pas la prétention cependant de vouloir, et de pouvoir, aborder tous les domaines de recherche. De propos délibéré, les histoires économique et financière, littéraire et philosophique ne sont pas l’objet de communications, comme non plus les recherches menées en historiographie, comme sur la mémoire de la Révolution, en France et à l’étranger, ou enfin sur les détournements de l’histoire, pour évoquer d’un mot toutes les utilisations du passé ludiques ou festives. Des études synthétiques ont été parfois élaborées dans certains domaines51, dans d’autres il est manifestement trop tôt pour rassembler les résultats et il conviendrait de provoquer des enquêtes collectives52. Telles sont les perspectives dans lesquelles ce colloque s’est inscrit, au lecteur de juger.
Notes de bas de page
1 Il n’est pas possible de citer tous les colloques, mentionnons seulement : Les Voies nouvelles, 1974, Girondins et Montagnards, 1985 ; Michel Vovelle (dir.) L’Image de la Révolution française, Oxford, Pergamon Press, 1989, 4 volumes ; les quatre colloques rassemblés sous le titre The French Revolution and the Creation of the modern Political Culture, sous la direction de Keith Baker, François Furet, Steven Kaplan, Colin Lucas, Mona Ozouf, Oxford, Pergamon Press, 1988-1994, 4 volumes. Récemment, Martine Lapied, Christine Peyrard (dir.), La Révolution française au carrefour des recherches, Publication de l’Université de Provence, 2003.
2 Exemplairement, Steven Kaplan, La fin des corporations, Paris, Fayard, 2001.
3 Thomas Crow, L’Atelier de David. Émulation et Révolution, Paris, Gallimard, 1997.
4 À propos du divorce, François Ronsin, Le contrat sentimental : débats sur le mariage, l’amour, le divorce ; de l’Ancien Régime à la Restauration, Paris, Aubier, 1990 ; Dominique Dessertine, Divorcer à Lyon, sous la Révolution et l’Empire, Lyon PUL, 1981 ; de l’expérimentation cléricale, voir l’exemple présenté par Philippe Bourdin, Le Rouge et le Noir. Itinéraire social, culturel et politique d’un prêtre patriote (1736-1799), Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2000.
5 Catherine Maire, De la Cause de Dieu à la cause de la Nation, Paris, Gallimard, 1998 ; Dale Van Kley, Les origines de la Révolution française, Paris, Seuil, 2002 ; voir Catherine Maire, « Aux sources politiques et religieuses de la Révolution française », Le Débat, 2004, n° 130, p. 133-153.
6 Anne Rolland, Les Notables en Anjou, communautés rurales et Révolution dans les Mauges, 1750-1830, Rennes,PUR, 2004.
7 Timothy Tackett, Par la volonté du peuple, Paris, Albin Michel, 1999.
8 Jean-Louis Halpérin, L’impossible Code civil, Paris, PUF, 1992 ; Michel Verpeaux, La naissance du droit réglementaire 1789-1799, Paris, Puf 1991.
9 « Atti del convegno internazionale Repubbliche Sorelle », Papers of the Netherlands Institute in Rome, Historical Studies, 1998, vol. 57 ; édition différente : Repubbliche sorelle, Actes du colloque de Rome (1998), Mededelingen van het Nederlands Instituut te Rome, Historical Studies, Papers of the Netherlands Institute in Rome, v. 57, Koninlijke Van Gorcum, 2002.
10 Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en Révolution, Paris, PUF, 1992 ; Marc Bélissa, Fraternité universelle et intérêt national (1713-1795), Paris, Kimé, 1998.
11 Lynn Hunt, « L’histoire des femmes : accomplissements et ouvertures », dans Martine Lapied (dir.), op. cit., 2003, p. 281-292.
12 Jean-Clément Martin, « Violences sexuelles, discours et histoire », Annales HSS, 1996, 3, p. 643-661.
13 Luc Capdevila et al., Le Genre face aux mutations, Rennes, PUR, 2004, notamment l’introduction de Jacqueline Sainclivier, p. 9 sqq.
14 Anne Verjus, Le cens de la famille, Paris, Belin, 2002 ; Philippe Daumas, Familles en Révolution, 1775-1825, Rennes, PUR, 2003.
15 Luigi Mascilli Migliorini, Napoleone, Rome/Salerne, 2001 ; trad. française, Napoléon, Paris, Perrin, 2004 ; Steven Englund, Napoleon, a Political Life, New York, Scribner, 2004 ; Isser Woloch, Napoleon and His Collaborators : the making of Dictatorship, New York, Norton, 2001.
16 Jean-Claude Bonnet, La Naissance du Panthéon, Paris, Gallimard, 1998 ; Luigi Mascilli Migliorini, Le mythe du héros, Nouveau Monde éditions, Fondation Napoléon, 2002.
17 Elisabeth Roudinesco, Théroigne de Méricourt, Paris, Seuil, 1989 ; Joan Scott, La Citoyenne paradoxale, Paris, Albin Michel, 1998 ; Claude Guillon, Deux enragés de la Révolution : Leclerc de Lyon et Pauline Léon, Quimperlé, La Digitale, 1993.
18 Voir entre autres Jean et Nicole Dhombre, Carnot, Paris, Fayard, 1989 ; Jean-Paul Bertaud, Le duc d’Enghien, Paris, Fayard, 1999, et Choderlos de Laclos, Paris, Fayard, 2003. Il faut rappeler que d’autres voies sont explorées pour comprendre des individualités, Jean-Pierre Jessenne et al., Robespierre, Lille, Presses universitaires, 1994.
19 Pierre Serna, Antonelle, aristocrate révolutionnaire, Paris, Félin, 1997.
20 Exemples parmi un grand nombre de travaux, Xavier Rousseaux et al., (dir.), Révolutions et justice pénale en Europe, modèles français et traditions nationales, 1780-1830, Paris, L’Harmattan, 1999, et Michel Porret, Le Crime et ses circonstances, Genève, Droz, 1995.
21 Dernière publication, Gwenaël Murphy, L’Affaire Rose Lauray, religieuse poitevine, La Crèche, Geste Éditions, 2001.
22 Dans la voie de Lynn Hunt, Politics, Class and Culture, Cambridge, Cambridge University Press, 1984.
23 Jean-Clément Martin, Révolution et Contre-Révolution, France 1789-1989, Rennes, PUR, 1996.
24 Michel Biard, Les Missionnaires de la République, Paris, CTHS, 2002 ; Jean-Pierre Gross, Égalitarisme jacobin et droits de l’homme, 1793-1796, Paris, Arcantès, 2000.
25 Brigitte Gaïti et Pierre Serna, « Inconstances politiques », Politix, Revue des sciences sociales du politique, n° 56 (2002).
26 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation, Paris, Seuil, 1998.
27 Après les travaux pionniers en France de Maurice Agulhon et ceux sur les caricatures de Claude Langlois et d’Antoine de Baecque, Annie Duprat, Le roi décapité, Paris, Cerf, 1993 et Les Monstres de papier, Paris, Belin, 2000. Voir Aileen Ribeiro, Fashion in the French Revolution, New York, Holmes et Meier, 1988. Richard Wrigley, The Politics of Appearances, Oxford et New York, Berg, 2002 ; Nicole Edelman, Voyantes, guérisseuses et visionnaires en France 1785-1914, Paris, Albin Michel, 1995.
28 Joan Landes, Vizualizing the Nation, Ithaca/New York/London, Cornell University Press, 2001. Sarah Maza, Vies privées, affaires publiques, les causes célèbres de la France prérévolutionnaire, Paris, Fayard, 1997. Également l’exposition consacrée aux Marianne par le Musée de Vizille en 2003, dans la suite des livres de Maurice Agulhon, Entre Liberté, République et France, les représentations de Marianne de 1792 à nos jours, Musée de la Révolution, Vizille, 2003.
29 Voir les travaux d’Annie Duprat notamment. Et son article ci-après.
30 Voir Sergio Luzzatto, Il Terrore ricordato, Turin, Einaudi, dernière éd., 2000.
31 Eugenio Di Rienzo, Marc-Antoine Jullien de Paris, 1789-1848, una biografia politica, Naples, Guida editori, 1999.
32 Pietro Corsi, Lamarck, Genèse et enjeux du transformisme, 1770-1830, Paris, CNRS, 2001 ; Patrice Bret, L’État, l’armée, la science, Rennes, PUR, coll. « Carnot », 2002 ; Jean-Luc Chappey, La Société des Observateurs de l’Homme, Paris, CTHS, 1999.
33 Marina Caffiero, La nuova era, miti e profezie dell’Italia in Rivoluzione, Gênes, Marietti, 1991.
34 On peut utiliser de ce point de vue la dernière partie d’Annie Jourdan, La Révolution une exception française ?, Paris, Flamarion, 2004. Sur les « transferts culturels », exemple récent, Daniel Schönpflug et Jürgen Voss (dir.), Révolutionnaires et Émigrés, Stuttgart, Thorbecke, 2002.
35 Voir Jacques Guilhaumou et Raymonde Monnier, Des notions-concepts en révolution, Paris, Sté des études robespierristes, 2003 ; les travaux de l’INALF. Il faut citer les études de Hans-Jürgen Lüsebrink et Rolf Reichardt, The Bastille, A history of a Symbol of Despotism and Freedom, Durham, Duke University Press, 1997 ; Rolf Reichardt et Eberhard Schmitt (dir.), Die französsiche Revolution als Bruch des gesellschaftlichen Bewußtseins, Munich, Oldenbourg, 1988.
36 Voir Catherine Duprat, Le temps des philanthropes, Paris, CTHS, 1993.
37 À noter la réédition récente d’Albert Sorel, L’Europe et la Révolution française, Paris, Claude Tchou, 2003. Marc Bélissa, op. cit.,1998.
38 Jean-Paul Bertaud, La Révolution armée, Paris, R. Laffont, 1979 ; Timothy C.W. Blanning, The French revolutionary Wars, Londres, Arnold, 1996. David A. Bell, The Cult of the Nation in France, Harvard University Press, 2001.
39 Voir les travaux de George Mosse.
40 Voir le récent colloque d’Arras sous la direction d’Annie Crépin.
41 Jean-Clément Martin, La Guerre civile entre histoire et mémoire, Nantes, Ouest-Éditions, 1994 ; David Gaspar et David Geggus (dir.), A turbulent Time : the French Revolution and the Greater Caribbean, Bloomington, University of Indiana Press, 1997 ; Michel Martin et Alain Yacou (dir.), Mourir pour les Antilles, Paris, Éditions caribéennes, 1991 ; Marcel Dorigny (dir.), Esclavage, résistances et abolitions, Paris, CTHS, 1999.
42 Par exemple Pascal Brioist, Hervé Drévillon, Pierre Serna, Croiser le Fer, Violence et culture de l’épée dans la France moderne, xvie-xviiie siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2002 ; Jean Nicolas, La Rébellion française, Paris, Seuil, 2000. Cette thématique est devenue commune, exemples parmi beaucoup d’autres : Stéphane Audouin Rouzeau et al. (dir.), La Violence de Guerre, 1914-1945, Complexe, CNRS-IHTP, 2002 ; Christine Raynaud, La Violence au Moyen Âge, Paris, Le Léopard d’Or, 1990. Plus généralement, Françoise Héritier (dir.), De la Violence, Paris, O. Jacob, 1996 ; Philippe Braud, Violences politiques, Paris, Seuil, 2004 et les réflexions de Wolfgang Sofski, Traité de la violence, Paris, Gallimard, 1996 et L’Ère de l’épouvante, Paris, Gallimard, 2002. Pierre Clastres avait été un précurseur, voir Archéologie de la Violence, La Tour-d’Aigues, L’Aube, 1997, (1re éd. en 1977).
43 Anatoli Ado, Paysans en Révolution. Terre, pouvoir et jacquerie, 1789-1794, Paris, Société des études robespierristes, 1996.
44 Hugues Neveux, Les révoltes paysannes en Europe xive-xviie siècles, Paris, Albin Michel, 1997.
45 Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation, France 1789-1799, op. cit. ; DarriN McMahon, Enemies of Enlightment, The French Counter-Enlightment and the Making of Modernity, Oxford, University Press, 2001 ; Didier Masseau, Les ennemis des philosophes, Paris, Albin Michel, 2000.
46 Depuis Jacques Godechot, La Contre-Révolution, Paris, PUF, réed., coll « Quadrige », 1984 et François Lebrun et Roger Dupuy (dir.), Les résistances à la Révolution, Paris, Imago, 1987 ; Laurence Coudart, La Gazette de Paris, un journal royaliste pendant la Révolution, Paris, L’Harmattan, 1995 ; Michael Wagner, Gegenrevolution und England, Munich, Oldenburg Verlag, 1993 ; Kirsty Carpenter et Philip Mansel, (dir.), The French « émigrés » in Europe and the Struggle against Revolution, 1789-1814, Londres, Macmillan Press, 1999 ; Matthias Middell et Roger Dupuy, (dir.), Widerstände gegen Revolutionen, 1789-1989, Leipzig, Leipziger Universitätverlag, 1994 ; Eugenio DI Rienzo (dir.), Nazione e Controrivoluzione nell’Europa contemporanea 1799-1848,Milan, Guerini e associati, 2004.
47 Jean-Clément Martin (dir.), La Contre-Révolution en Europe, xviiie-xxe siècles, Rennes, PUR, 2001. Des éléments intéressants dans Roger Dupuy, La politique du peuple, Paris, Albin Michel, 2000.
48 Bernard Gainot, 1799, un nouveau Jacobinisme ?, Paris, CTHS, 2001, et Philippe Bourdin et Bernard Gainot (dir.), La République directoriale, Société des études robespierristes, Université de Clermont-Ferrand, 1997, 2 vol. ; Françoise Brunel, Thermidor, la chute de Robespierre, Paris, Complexe, 1989.
49 Sur le bicentenaire, Steven L. Kaplan, Adieu 89, Paris, Fayard, 1993 ; Patrick Garcia, Le Bicentenaire de la Révolution, Paris, CNRS, 2000. Il convient de mentionner que ce genre de préoccupations n’est pas hexagonal, voir « Jubiläen der Schweizer Geschichte, Commémorations de l’histoire suisse, 1798-1848-1998 », Revue des Archives fédérales suisses, 1997.
50 Exemple Claude Wanquet, la France et la première abolition de l’esclavage, 1794-1802, Paris, Karthala, 1998. Voir l’article infra d’Anne Perotin Dumon.
51 Bernard Bodinier et Eric Teyssier, L’événement le plus important de la Révolution, la vente des biens nationaux, Paris, CTHS, Société des études robespierristes, 2000. Gilbert Faccarello et Philippe Steiner, La pensée économique pendant la Révolution française, Grenoble, Presses universitaires, 1990.
52 Voir les Actes du Colloque « Usages politiques du passé » à paraître.
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