Hortense Cornu, Napoléon III, Ernest Renan et la mission de phénicie
p. 27-34
Texte intégral
1La mission de Phénicie est commandée par Napoléon III et réalisée par Ernest Renan. Mais cette mission recouvre deux notions qui vont de pair pour se réunir : une campagne, un livre. D’abord la campagne : il y a celle menée sur le terrain par Renan, du débarquement à Beyrouth le 29 septembre 1860 au drame du 24 septembre 1861 à Amschit ; il y aura celle supervisée par Renan de Paris et réalisée sur le terrain par son bras droit Charles Gaillardot de 1864 au début de 1874. Ensuite, le livre : 887 pages avec figures et plans, un album de 70 planches. Construit pendant cette décennie au fur et à mesure de l’avancée des travaux de l’auteur et de ses collaborateurs, pour se couronner d’une conclusion panoramique, ce livre-monument s’érige sur la propre mission de Renan, s’élaborant quant à elle, à partir des rapports à l’Empereur, des journaux des fouilles, etc. Ainsi campagne et livre sont dans une sorte d’osmose d’une même mise en œuvre inaugurée par l’arrêté du 11 octobre 1860 de Napoléon III et se clôturant sous le signe de l’Imprimerie impériale en 1874. Mais qui donc impulsait cette mission de Phénicie commandée par Napoléon III et réalisée par Ernest Renan ? Mme Hortense Cornu. Mon propos sera de voir comment la relation entre la femme, l’Empereur et le savant s’est dans l’opération nouée, se noue, se dénouera.
2Tout est parti de Mme Hortense Cornu, née Hortense Lacroix, qui, sous l’aile de la reine Hortense sa marraine, est élevée et éduquée comme son fils Louis-Napoléon. Intellectuelle accomplie, elle devient une personne d’influence sous le Second Empire particulièrement dans le domaine culturel, partageant particulièrement avec Napoléon III une même passion de l’Histoire et de l’archéologie. Il se trouve qu’Hortense assiste le 9 octobre 1857 puis le 11 décembre aux séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres où le nouvel élu Ernest Renan fait une communication sur la découverte en 1856 près de Saïda au Liban du sarcophage d’Eschmunazar. Ces deux morceaux où l’orateur signale tout l’intérêt qu’il y aurait à faire des fouilles à Byblos seront publiés en 1858 dans la collection académique sous le titre Mémoire sur l’origine et le caractère véritable de l’histoire phénicienne qui porte le nom de Sanchoniathon, l’auteur syrien de plusieurs siècles av. J.-C. Pour Hortense, c’est un choc. Et voici que Renan revient en prophète sur le projet dans la Revue des Deux Mondes du 15 janvier 1860 :
« Fouillez la vieille Phénicie : on ne sait pas ce que cache cette terre ; interrogez en géographe les plateaux de l’Asie, que l’homme habita d’abord ; fouillez Suse, fouillez l’Yémen, fouillez Babylone. […] Dites-moi les secrets de la naissance et de la mort, les secrets de la pierre et du métal, les secrets de la cellule où naît la vie1. »
3Est-ce alors qu’elle rédige sa relation à l’adresse de Napoléon III : il y va de la « gloire de la France, du monde de la science et de l’art » ; se souvenant de l’expédition d’Égypte l’Empereur aura, pour sa part, « le titre d’avoir retrouvé la Phénicie » ; il y a des fonds pour mener une expédition à grande échelle. Et de tracer le plus élogieux portrait de l’homme de la situation : M. Renan d’intelligence supérieure, connaissant l’hébreu, le syriaque, etc., le plus jeune académicien, le savant que toute l’Europe nous envie, et qui se déclare prêt…
4Quand l’offre se précise, Renan pourtant hésite. Son acceptation ne serait-elle pas prise pour un ralliement au régime ou, pis, comme le lui font savoir ses amis du Journal des débats, pour une apostasie ? Ne contrarie-t-elle pas sa ligne de conduite et son plan de travail ? N’aura-t-il pas perdu, comme il le dira crûment à Hortense Cornu le 3 août 1861, son « petit capital rapportant environ 1 000 francs de rente » que lui verse « chaque année » Lévy pour chaque volume ? Même si sa femme a promis de le rejoindre ne la laisse-t-il pas seule avec son garçon maladif de trois ans ? Et puis, s’il est philologue, est-il archéologue ? D’un autre côté, n’est-ce pas tout bénéfice pour sa carrière d’autant plus qu’il postule pour la chaire du Collège de France et que l’empire se libéralise ? Refuse-t-on une telle opportunité quand cette mission de Phénicie inclut l’épigraphie, qui est son fort, une mission en Palestine qui lui donne ainsi l’occasion rêvée d’approcher le berceau même du christianisme pour en écrire l’histoire ? Et, par-dessus toute considération, la seule chose n’est-ce pas l’impératif scientifique ? À Henriette qui l’accompagnera de pousser à la roue. Fin mai Renan donne son accord. Ne nous leurrons pas : derrière cet accord il y a bel et bien la clause secrète qu’il obtiendra en échange, dès que vacance sera déclarée, sa chaire du Collège de France. L’Empereur l’a promis, d’après la correspondance, à Mme Cornu. Dès le 7 juillet Renan reçoit de Napoléon III lui-même 5 000 francs pour ses préparatifs, tous les frais sont pris en charge, et le 11 octobre l’arrêté est signé qui le désigne pour « une mission à titre gratuit ayant pour objet des recherches épigraphiques et archéologiques en Palestine et en Syrie ». Entre-temps un événement important est intervenu. Le 18 juillet une conférence internationale décide une intervention au Liban ensanglanté par les combats entre maronites et druzes. La France fournit la moitié du corps expéditionnaire, 6 000 hommes, soldats et marins. Un tel renfort servirait idéalement la mission.
5La mission de Renan recouvre trois secteurs : archéologie, épigraphie, Palestine. Pour Napoléon III c’est naturellement l’archéologie, dans sa relation à l’Histoire, qui est le secteur prépondérant, et c’est par là que Renan lance son programme, qui est de mener de front les fouilles dans les quatre régions choisies : 2 au nord de Beyrouth, Tortose et Djebeil ; 2 au sud, Saïda et Sour. Il vient de commencer par Djebeil (l’antique Byblos) quand le 20 décembre 1860 il se voit décorer de la légion d’honneur par l’Empereur, qu’il remercie aussitôt via sa protectrice « pour la faveur, lui écrit-il, qu’il m’a accordée, et qui prend à mes yeux dans les circonstances où je la reçois un très grand prix » (24-12-1860). Dès lors l’attelage Napoléon III-Hortense Cornu est à la manœuvre pendant que Renan est à l’œuvre. Leur collaboration s’exprime tout au long par correspondance et rapports officiels, sans compter les dépêches télégraphiques. Hortense donne aux lettres que lui envoie Renan la publicité qu’elle peut tant cette mission est devenue sa cause. Bien entendu, l’Empereur est le premier dans la confidence. On entend même la destinatrice se plaindre qu’il ne lui rende pas les lettres qu’elle lui passe. Pour évoquer les principaux moments de cette collaboration à distance je m’appuie sur la documentation fournie par mon collègue Maurice Gasnier tant pour son édition de la Correspondance Ernest Renan-Hortense Cornu parue en 1994 que par celle du tome IV de la Correspondance générale (1856-1862) parue en 2014.
6À l’ombre de l’Empereur Hortense veille, agit et réagit. Des questions soulevées, j’en retiendrai sommairement quatre : malveillances, argent, coopération, Collège de France. Intrigues et coups fourrés ne manquent pas contre le chef de la Mission : sur place avec le vice-consul de France qui se pose en rival et en trafiquant, avec l’amiral de La Grandière qui ne lui « accorde que le bénéfice des occasions » (22-03-61) ; à Paris, quand il est question d’envoyer Renan à Chypre, un concurrent qui réclame « à cors et à cris » (08-03), un autre demandait une mission sur « les traces des croisés » (01-02) ; mais quand un membre de l’Institut conteste les résultats, pour Renan une exposition des grands sarcophages de Saïda serait « un innocent moyen de fermer la bouche aux malveillants » (22-03), et quand un sénateur qui doit être Mérimée lui reproche de faire des « phrases » ce n’est pour Hortense qu’un de ces « paresseux envieux » (11-04). L’argent ? Si l’ensemble de la Mission aura coûté 65 000 francs il coule facilement d’un bord à l’autre. Il est vrai qu’il faut sans arrêt débourser : pour soldats et marins fouilleurs, pour les collaborateurs, pour les propriétaires de terrain, les achats éventuels, les transports, les imprévus. Hortense, à cet égard, court de la banque Darasse vers l’Empereur lui-même n’hésitant pas à avancer l’argent sur sa cassette personnelle. Citons cet échange de Renan alors aux affres de son budget : « Je tremble par moment de déployer mes ailes » à la réponse de la dame : ordre de l’Empereur au ministère d’État, de l’argent « partira par le prochain paquebot » (08-03, 29-03). Mais l’originalité de notre correspondance par rapport à la Correspondance générale de la période vient de l’atmosphère de coopération, voire de complicité entre Hortense, déjà une intime de sa femme, et Ernest. On dirait d’un film dont lui est le héros et elle, l’impresario. Il arrive à Hortense de dicter les séquences : c’est elle qui lui impose l’architecte et lui envoie Thobois, qui lui commande d’aller à Chypre, à Gaza où ses lectures l’ont persuadée qu’on voit encore « les vieux vestiges philistins », qui lui recommande de ne pas négliger « les petites œuvres, pierres, statuettes, ustensiles », Il arrive à Ernest de lui demander son avis : ainsi pour la porte d’Oum el-Awamid, « scier les petites sculptures, les laisser ici, enlever le monument entier » ? (7/6) Réponse : « Emportez tout », et même plus. Le grand moment est celui de la réception des rapports adressés par Renan à l’Empereur et dont on sait qu’ils ont été copiés et travaillés par Henriette. Des 3 correspondant aux zones fouillées intéressons-nous au second. Traitant de Saïda (Sidon) et Sour (Tyr), mis au net le 24 mai par Henriette, il n’est réceptionné par Hortense que le 27 juin pour être de la part de l’Empereur posté pour lecture le lendemain à l’Institut par Maury. « Rapport admirable, dit-elle, attendu avec impatience » (21-06). Déçue qu’il n’ait pu être lu qu’en partie elle se console par « le grand intérêt » qu’il a suscité (05-07) : l’éditeront non seulement l’Académie mais le Moniteur universel, le Journal des débats et du Journal général de l’Instruction publique. Pour elle la lecture d’un rapport de Renan devait être « fête pour l’Institut et le public » (03-05). L’increvable activité de Renan sur le terrain, que Jean Pommier comparait à « la campagne de France de Napoléon », est également dopée par l’obsession de la chaire promise au Collège de France. Ici encore Hortense ne reste pas inactive qui le renseigne, l’amadoue, fait tout son possible : quelle chaire, quel titre, quel compromis ? C’est du 3 août au 3 septembre que l’affaire s’emballe, sans doute parce que la vacance de la chaire dite chaire d’Hébreux sera bientôt proclamée, que la Mission rend une candidature de Renan menaçante, qu’on craint, selon Hortense, que « l’agitation démente » autour de cette chaire ne tourne à « l’événement politique » (23-08). Elle n’avait pas encore reçu la superbe lettre du 14 août où Renan démontre avec une rare force que la chaire qu’il veut, qu’il a toujours voulue, est celle-là, et non une autre, chaire que toute l’Europe savante lui destine, qu’il a une mission qui est de « restaurer » ces études en France. Et de maintenir, dédouanant le pouvoir, qu’il ne veut être élu que sur présentation du Collège et de l’Académie : « on ne combat l’esprit qu’avec l’esprit ». Cette lettre, écrit Hortense le 3 septembre, lue « en partie » par son mari à l’Empereur, aboutit à : « déplacer la vacance, procéder à l’élection, titrer « philologie comparée des langues sémitiques », lever ainsi tout prétexte aux récriminations d’évêques ». Renan ne répondra plus là-dessus ne comptant plus, comme il l’écrit le 12 septembre à sa femme, que sur son retour. Mais on se souviendra que sa grande lettre du 14 est envoyée de Ghazir où avec Henriette il rédigeait Vie de Jésus.
7Il me reste trop peu de temps pour évoquer un dénouement qui explose du 22 septembre 1861 au 11 juin 1864 pour s’étendre alors jusqu’en 1874. Cette première séquence temporelle est marquée par le choc du 2 septembre de tragique mémoire, la mort d’Henriette à Amschit, Ernest lui-même sauvé au dernier moment se réveillant en découvrant sur le bateau qui le ramène (version Henriette Psichari) le manuscrit de Vie de Jésus. Sur un autre bateau le 1er juillet Cornélie le quittait anxieuse sur la santé de son fils mais si heureuse de porter en elle son plus beau don de Phénicie : Noémi qui naîtra le 1er mars suivant. Mort et survie déterminent pour les Renan cette fin de Mission. Le malheur qui frappe Renan à travers Henriette, qui à ses côtés a tant fait pour la Mission, donne au dénouement de l’affaire du Collège de France, sa part de stimulant dramatique. L’événement ne manque pas de toucher Napoléon III qui lui témoigne ses « sincères regrets » en l’invitant à déjeuner le 1er novembre à Compiègne. La nomination au Collège de France se décide alors entre eux, mais attention au ministre de l’Instruction publique, qui est un opposant, et surtout pas de bruit. Résultat : dès que la vacance est promulguée, les journaux catholiques entrent en transes, même le nonce du pape s’en mêle. Reste pour l’ennemi aux abois le titre qui peut cacher « quelque venin » (à Havet, 4/12). Mais l’Empereur excédé tient plus que sa promesse à sa nomination fin décembre : élection triomphale « 17 voix sur 19 », chaire langues hébraïque, chaldaïque et syriaque. Victoire inespérée à ce point, certes, mais, comme il l’écrit le 2 janvier 1862 au fidèle Gaillardot, en pensant à Henriette, « Ah ! mon ami, quelle perte j’ai faite, et que le succès m’a coûté cher ! » Mais prévoyait-il d’affronter une autre tempête à sa leçon inaugurale du 22 février, de se faire crier dessus par les ultras de gauche « À bas, le missionnaire de Compiègne », ce qui n’est rien lorsque tombe le fatidique « Jésus, un homme incomparable » et que tombe la sanction de la suspension, dont on sait qu’elle navre vraiment l’Empereur qui partage avec la victime l’idée qu’elle n’est que provisoire. C’est également pendant cette période qu’est à régler le problème du transbordement des objets de la Mission, ce qui est une bien lourde affaire. Et l’on retrouve Hortense qui se démène comme jamais. Elle intervient sans relâche auprès du ministère de la Marine, car il faut maintenant songer à transporter les pièces rassemblées dans les centres de la côte. Mais certaines pèsent trop lourd comme les sarcophages de Saïda. Et voilà que l’amiral lui envoie La Moselle au tonnage insuffisant. Alors Renan choisit d’accord avec Hortense le transport maritime commercial et de Marseille à Paris le transport ferroviaire. Il s’en occupait encore à la veille du drame d’Amschit. Question maintenant : où, comment exposer ces pièces ? Hortense pousse son mari vers la solution : au Palais de l’Industrie avec en particulier la collection Campana que Sébastien Cornu vient d’acheter à Rome, son Louvre à elle et pour lui, inauguré le 1er mai 1862 « musée Napoléon III », exposition provisoire puisque le 12 juillet ce Musée est rattaché au Louvre mais qui nous vaut la brochure in-18 Catalogue des objets provenant de la Mission de Phénicie dirigée par M. Ernest Renan. Lequel, à propos de la mosaïque d’Hiram, écrivait le 8 avril 1861 à Hortense Cornu : « Ce serait un admirable pavé pour une salle du Louvre… »
8Trois faits de l’année 1864 ouvrent la longue séquence d’un dénouement global : le 31 mars, livraison d’une première tranche de la Mission de Phénicie ; le 11 juin, destitution du Collège de France ; le 9 novembre, embarquement de Renan et sa femme pour un second voyage en Orient. D’abord, la destitution : si elle tombe après la suspension, elle le doit à la déflagration de la bombe Vie de Jésus du 24 juin 1863, bombe amorcée à Ghazir, projetée lors de l’excursion en Palestine pendant la Mission. Mais Renan ne se considère pas destitué et l’Empereur de son côté attend l’occasion de lui rendre sa chaire, occasion qui ne se présente qu’à la veille de la Guerre de 70. Continuons par le voyage en Orient avec ces trois étapes que furent le mois passé en Égypte, l’émouvant pèlerinage du 6 au 8 janvier 1865 au tombeau d’Henriette à Amschit, les deux séjours en Grèce de février et de mai. Terminons sur les tranches livrées à intervalles réguliers et qui construisent le monument de juillet 1874, chef-d’œuvre typographique. Par cette apothéose nous renouons les fils qui mènent au dénouement. D’abord le titre : Mission de Phénicie/dirigée par M. Ernest Renan, membre de l’Institut, professeur au Collège de France/Paris/Imprimerie impériale/MDCCCLXIV. Je vois dans ce titre un condensé de la chaire du Collège de France, de la relation avec Napoléon III, comme si l’esprit de la Mission transcendait les convulsions de l’Histoire. Notons encore que Gailllardot non seulement succède à Renan sur le terrain des fouilles mais par son importante correspondance reprise au fur et à mesure dans la rédaction a sa part sur le terrain de l’écrit. Notons enfin que parallèlement, le 25 janvier et le 17 avril 1867, Renan lance son grand projet collectif européen d’un Corpus inscriptionum semiticarum, idée revigorée par son travail d’épigraphiste dans sa Mission de Phénicie. Quant au second voyage, il offre à l’auteur une vision panoramique où rassemblant sur fond d’Égypte ses impressions en Grèce et en Palestine il cible la civilisation phénicienne entre ces deux civilisations.
9Napoléon III meurt en exil en Angleterre un an avant la publication de 1874, Hortense Cornu meurt en grande solitude à Longpont un an après. Le 17 août il fait parvenir sa Mission de Phénicie au prince impérial en souvenir de « la constante bienveillance » dont l’Empereur « voulut bien favoriser l’entreprise scientifique à laquelle le livre est consacré ». L’article du 10 juin consacré dans le Journal des débats à Mme Hortense Cornu est le témoignage admirativement reconnaissant d’une vie vouée au bien, au beau, au vrai. Évoquant son rôle auprès de son frère Louis-Napoléon écrit : « Elle était une partie de lui-même, un organe de sa vie. » Ce sont les mots mêmes d’Ernest parlant de sa sœur Henriette.
⁂
10Je me souviens, nous nous souvenons… de notre semaine d’août 2007 au Liban. De Ghazir en fête pour inaugurer la statue de Renan, de la maison où le frère et la sœur élaboraient leur Vie de Jésus et dont la propriétaire parle d’Ernest comme d’un familier. D’Amschit pour nous émouvoir dans la belle demeure de Zakhia et devant le tombeau d’Henriette. De l’antique Byblos avec ce mot d’un intervenant : « Renan est dans la conscience des Libanais. » Du palais d’hiver de Bkerké dont le patriarche d’alors carillonnait pour aider Renan à trouver pierres et inscriptions. De la maison rose de Beyrouth où Fayza el Khazen m’offre (et au maire de Tréguier), avec l’annexe des planches, le superbe volume Mission de Phénicie qu’elle a fait rééditer en 1997. C’est en entrant dans ce monument dont Renan est le maître d’œuvre que j’ai enfin compris qu’il était bien au cœur du triptyque entre Histoire des origines du christianisme et Histoire du peuple d’Israël.
Notes de bas de page
1 L’exhortation est tirée d’un des plus beaux articles de Renan « De la métaphysique et de son avenir », Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1860, repris en 1876, in Dialogues et fragments philosophiques, I, Paris, Calmann-Lévy, 1876, p. 680-714.
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