Introduction à la septième partie
p. 527
Texte intégral
1Les années 1642-1643 sont assurément pour la Compagnie de belles années. Saint-Christophe prospère, la Martinique s’affirme et la Guadeloupe connaît à nouveau la paix. Jean-Baptiste Dutertre remarque avec contentement que « les seigneurs de la Compagnie voyaient les îles en train de prospérer1 ». Le roi semble satisfait et leur donne davantage d’allant2. La culture de la canne à sucre est favorisée par la Compagnie qui envisage même d’investir dans une habitation sucrière. Mais de lourds nuages menacent à l’horizon. À partir de 1645, les associés sont confrontés à de nombreuses difficultés qui, si elles ne sont pas nouvelles, gagnent en ampleur. Les comptes plongent, la contestation dans les îles s’amplifie et les gouverneurs se montrent moins dociles. Le commerce transatlantique reste sous la menace des corsaires en raison de la guerre avec l’Espagne qui se poursuit. Le contexte politique incertain en France ne favorise guère les initiatives. Faut-il croire que le grand ouragan de 1642 qui dévaste Saint-Christophe est un signe annonciateur des temps plus sombres ? Le portrait de l’île dressé par le dominicain Jean-Baptiste Dutertre après la catastrophe pourrait le laisser penser : « ce n’était que désolation partout, on ne voyait rien qui ne portât l’image de la mort3 ». Les cases ont été détruites, les arbres abattus, les cultures ravagées. Les ressources et les provisions deviennent des produits rares et sont à l’origine de graves tensions entre Français Anglais qui les convoitent.
2Les associés ont-ils conscience de la situation ? Les procès-verbaux des délibérations sont rares et relativement courts dans ces années difficiles et n’abordent pas la question de l’orientation de la Compagnie et de sa poursuite, mais les rapports qui affluent à Paris doivent les alerter. Les associés ont-ils encore les moyens et la volonté de réagir alors que, chaque année passant, la Compagnie est confrontée à des embarras de plus en plus grands ? La fin de la Compagnie est-elle inéluctable ?
Notes de bas de page
1 DT/1667, t. 1, p. 208.
2 ANOM, F2A13, Contrat entre la Cie et le cardinal, Paris, le 29/01/1642, p. 41 ; « il y a lieu d’espérer que ladite Compagnie continuant ses soins, nous procurera le fruit que nous en avons principalement désiré en la conversion des peuples barbares à la religion chrétienne, outre les avantages que notre royaume peut tirer de ses colonies avec le temps et les occasions » BnF, ms fr. 18593, Lettres patentes du roi portant établissement du commerce ès Îles de l’Amérique, mars 1642, fol. 34v.
3 DT/1667, t. 1, p. 222.
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