Chapitre 5. Les motivations des associés
p. 133-152
Texte intégral
1La participation des associés à la Compagnie des îles de l’Amérique se situe dans une logique de clientèle et de réseau. Leur proximité avec Richelieu les a conduits à investir dans l’entreprise. Ils honorent une parole ou un engagement. Cela est peut-être moins prégnant après la mort du cardinal, avec l’arrivée d’hommes nouveaux ou des parents d’associés dans la Compagnie qui ont peu à voir avec le pouvoir. Cependant, une trop grande focalisation sur cet aspect des choses conduit à ignorer d’autres raisons. Or, les associés n’entrent pas dans la Compagnie que par obligation1. Ils connaissent des motivations plus personnelles. Ils ont vraisemblablement investi dans celle-ci parce qu’ils y ont vu une façon de s’enrichir et de faire des affaires. Ils ont peut-être aussi poursuivi des buts plus élevés et espéré participer à un grand dessein, portés par un sentiment religieux profond et intense. Mais dans quelle mesure ces intérêts et ces aspirations ont-ils pesé sur la conduite de la Compagnie et la colonisation des îles ? La diversité des attentes exprimées par les associés a-t-elle ouvert un débat salutaire sur l’orientation de leur action qui permette d’emporter l’adhésion de tous ou a-t-elle conduit à des tensions et des conflits qui les fragilisent ?
2Comment les associés pensent-ils leur place dans le projet colonial et commercial voulu par la monarchie ? Se détachent-ils en cela de la mission qui leur a été dévolue par le pouvoir ? Ont-ils développé une vision particulière de la Compagnie, de sa conduite et de ses objectifs ?
La recherche du profit
3L’acquisition d’une part dans la Compagnie représente un investissement conséquent2. Elle témoigne bien entendu du lien personnel entretenu avec Richelieu, et nous pourrions même ajouter que plus la somme consentie est conséquente, plus le lien se veut fort, mais il ne faut pas écarter des attentes plus matérielles des associés. Une part dans la Compagnie doit rapporter. Ils en attendent assurément des retombées financières qui, si elles ne sont pas la principale raison de leur investissement, n’en sont pas moins déterminantes.
Des hommes d’argent
4Les associés sont, rappelons-le, pour une bonne part des hommes d’argent. Ils manient les deniers publics, négocient les baux des fermes avec le roi3, prêtent sans limite. Ils brassent des millions. Ils entendent s’enrichir d’une manière ou d’une autre. C’est un but affirmé et revendiqué. Le pieux Pierre Chanut ne se promet-il pas en 1631 dans son règlement de vie « de ne pas trop aimer, ni mépriser les biens de la fortune. De conserver soigneusement ceux que mes parents me laisseront, et de les augmenter même par mon épargne4 » ? Certains d’ailleurs ont accumulé de grandes fortunes. Antoine Ruzé d’Effiat laisse en 1632 à sa mort 2,8 millions de livres, principalement constituées en rentes de l’hôtel de ville et en offices. Il s’est considérablement enrichi durant l’exercice de ses charges car il n’avait à ses débuts dans la carrière qu’un patrimoine de 500 000 livres5. François Fouquet a, lui, toujours eu de l’argent, en partie hérité de ses parents, et en partie reçu par son mariage. Ce capital, il l’a abondamment fait fructifier. Et si l’argent n’est pas son but ultime dans la vie, du moins ses investissements nombreux ont-ils consolidé son patrimoine. Il se garde d’ailleurs de placements trop hasardeux comme les titres d’État, et préfère les offices6. Son inventaire après décès montre qu’il a su s’intéresser aux affaires. Il a 815 914 livres d’actifs, dont 41483 livres de participations diverses dans des entreprises maritimes et coloniales en 16407. Claude Cornuel laisse à ses enfants la coquette somme de 1,8 million de livres. Il fait partie des financiers les plus fortunés de France. Son patrimoine est constitué à 23,67 % par les offices8. Il a largement usé de sa position pour l’accroître. Ses contemporains dénoncent d’ailleurs son usage « indélicat » de l’argent de l’État9. Henri de Guénégaud du Plessis a aussi usé de sa place pour servir ses intérêts. Il est d’ailleurs inquiété par la chambre de justice mise en place par Colbert en 166110. Son frère, Claude de Guénégaud, trésorier de l’Épargne comme lui, est soupçonné de malversations financières avec ses deux autres collègues de la trésorerie, Nicolas Jeannin de Castille et Macé Bertrand de La Bazinière. Il aurait ainsi accumulé 5,7 millions de livres11. Nicolas Fouquet est le cas le plus avéré de collusion d’intérêts et d’enrichissement personnel. Il bénéficie d’une bonne part de la fortune de son père. En 1653, au moment où il devient surintendant des finances, il est déjà très riche. Ses biens sont évalués à 3,4 millions de livres12. Il a plus de 15 millions de livres d’actifs en 1661, mais il est lourdement endetté13. Les associés de la Compagnie des îles de l’Amérique bénéficient dans leur ensemble d’une situation financière confortable. Leurs fortunes respectives figurent parmi les plus importantes de l’époque chez les financiers14. Elles sont semblables à celles des ministres ; à titre de comparaison Claude Bouthillier laisse une fortune de 2 millions de livres et peu de dettes à sa mort en 1652, et le secrétaire d’État à la guerre et ministre d’État, Abel Servien, 2,3 millions de livres en 165915. Ils sont loin cependant des princes de sang et des principaux ministres16. Le cas du cardinal de Richelieu est particulier en raison de son rang. Sa succession est estimée à 20 millions de livres en 1642 par Joseph Bergin17. Mazarin est hors catégorie avec une fortune de plus de 32 millions de livres18.
Figure 12. La fortune des associés à leur mort (sauf N. Fouquet en 1653).

5Certains associés sont âpres au gain. Ils interviennent alors à titre personnel dans les affaires de la Compagnie en se prévalant de leur qualité d’associé, sans se soucier d’un quelconque consensus ni en référer aux directeurs. Cela témoigne tout autant d’un manque de discipline que d’un profond sentiment de supériorité. Ils sont t rappelés à l’ordre par la Compagnie et menacés de sanctions et de procès. Claude de Launay Razilly exige ainsi en 1637 du capitaine Desforges, qui revient des îles, qu’il confie son pétun, non pas à l’agent de la Compagnie à Nantes, Jacques Fernandes, mais à Suhard, au prétexte que Fernandes est portugais et accomplit mal son travail. Les directeurs, rapidement mis au courant de cette action, recommandent à Desforges de ne pas suivre cet ordre et de remettre le pétun à Fernandes comme convenu. Si Suhard l’a déjà entre ses mains, il doit le vendre au plus tôt pour le compte de la Compagnie. Les associés réunis pour l’occasion se promettent d’écrire à Launay Razilly pour qu’il ne contredise plus les ordres de la Compagnie19. Nous reviendrons plus loin sur cette affaire car elle renvoie aux liens que les associés ont noués vraisemblablement dans certains pans de la société nantaise qu’ils entendent privilégier. Si Amador de Modica s’implique peu dans la vie de la Compagnie, il n’oublie pas en revanche de satisfaire son intérêt personnel. Ainsi, fait-il enlever de sa propre autorité 6000 livres de pétun de la Compagnie du magasin de La Rochelle pour le vendre à son profit. Cette attitude indigne les associés qui menacent de saisir le Grand conseil contre lui. De Loynes rencontre Modica au début de l’année 1643 pour s’expliquer avec lui. Le ton est ferme. Il lui reproche la « rupture des magasins où était leurs pétuns » et n’hésite pas à parler de « voie de fait ». Modica reconnaît avoir « prié ledit sieur Denis de lui délivrer lesdits VI milliers de pétun » mais il dément tout acte de violence. La Compagnie attend qu’il vienne s’excuser devant l’assemblée et remette entre les mains de Berruyer le pétun pris ou le rembourse à raison de 45 livres le cent, soit 2700 livres. Elle lui laisse quinze jours pour s’exécuter, « autrement et à faute de ce faire dans ledit temps et icelui passé, […] l’instance criminelle contre lui encommencée au Grand conseil sera poursuivie ». Modica ne versera jamais la somme due. Il quitte la Compagnie et laisse à Pierre Chanut, qui acquiert ses parts en mars 1643, le soin de régler ce qu’il doit pour le pétun20.
6Les associés se montrent soucieux du rendement de leur investissement. Quand une affaire ne les intéresse plus ou ne rapporte pas assez, elle est abandonnée. Ainsi, en 1642, Claude de Launay Razilly vend-il à Charles Menou d’Aulnay ses parts dans la compagnie particulière canadienne Razilly-Condonnier qui est mauvaise posture21. Le manque cruel de perspectives intéressantes décide vraisemblablement du départ de quelques associés de la Compagnie des îles. Quand les difficultés financières nécessitent leur intervention, ils se montrent prudents et préfèrent l’emprunt à la constitution d’un nouveau fonds qui les engagerait davantage alors qu’ils expriment des doutes sur la rentabilité de l’entreprise. Peut-être ne croient-ils plus guère à l’aventure. Il est possible que les héritiers des associés recherchent davantage que les associés dits « historiques » à gagner de l’argent car ils se sentent moins engagés personnellement. Les associés sont aussi des hommes prudents, et ils préfèrent investir dans plusieurs compagnies plutôt que mettre tout leur poids dans une seule.
7Cette recherche du profit par les associés a donné lieu à des jugements sévères de la part de leurs contemporains qui ont estimé qu’elle était à l’origine des difficultés de la Compagnie. Le protestant Charles de Rochefort souligne en 1658 que les associés ne s’intéressaient pas vraiment à la vie des établissements et ne recherchaient qu’un profit immédiat. Dutertre souligne « la lésine honteuse » des seigneurs de la première compagnie ou du moins de leurs commis. Le gouverneur de Saint-Christophe reprend cet argument quand il est en conflit avec la Compagnie et fustige « l’insatiable avarice de certains directeurs ». Leur âpreté du gain devient le vice originel de la Compagnie qui la détruit de l’intérieur et avec elle, les idéaux et les ambitions qu’elle portait. L’attitude, coupable à leurs yeux, des associés conduit inévitablement à porter des jugements d’ordre moral et à émettre des propos sentencieux22. Ils déplorent dans le même temps l’abandon du service du roi et de l’Église. Cette vision des associés est tenace et se vérifie dans la littérature du xixe et du xxe siècle. Citons à titre d’exemple la phrase savoureuse de Jules Caillet de 1857 : « malgré tous ses privilèges, la Compagnie n’eut qu’un médiocre succès. La cause en étant surtout dans l’égoïsme et la cupidité des associés23 ». Mais ne faut-il pas voir dans ces propos davantage une forme de défiance envers le monde de l’argent24 ? La réalité est bien entendue plus nuancée. Les associés sont des hommes d’argent qui ne sont pas dépourvus d’un certain sens moral et éthique. Ils peuvent avoir un sens aigu du service jusqu’à abandonner toute forme de bénéfice, même si cela n’est pas le cas de tous.
La redistribution des bénéfices
8Assurément, les associés entendent bien réaliser une bonne affaire en participant à la Compagnie des îles. Il paraît difficilement concevable qu’ils ne pensent pas à un retour sur investissement à court, à moyen ou à long terme. Cette préoccupation peut se vérifier à la lecture de plusieurs articles du règlement de 1635 consacrés à la répartition des bénéfices de la Compagnie (articles 8 et 12). L’article 8 précise en particulier que l’assemblée générale peut décider que « ce qui reviendra de bon des marchandises vendues, les frais préalablement payés, [soit] partagé entre les associés selon les parts et portions qui appartiennent à chacun de nous en ladite compagnie25 ». Mais l’assemblée peut en décider autrement. La Compagnie est bien une entreprise collective. Aussi toutes les marchandises sont-elles vendues en commun au profit de la Compagnie et aucun associé ne peut prendre sa part des marchandises en espèces. Nicolas Fouquet affirme pour sa part en 1666 avoir investi dans les îles car il escomptait bien faire un profit. Il ajoute d’ailleurs, « on pouvait se promettre un succès bien plus avantageux en toutes manières que de la Nouvelle-France, où le climat rude, et les guerres continuelles des Sauvages avaient empêché de faire aucun progrès ». Il ne fait pour lui aucun doute que la réussite aurait été au rendez-vous si le cardinal de Mazarin avait soutenu l’effort engagé26. Cette déclaration de Fouquet produite lors de son procès alors qu’il est attaqué sur ses dépenses doit être regardée avec précaution. Il a bien entendu tout intérêt à souligner l’importance de son investissement et à se revendiquer de la politique générale de la Compagnie pour faire front contre les accusations de malversations et de dépenses inconsidérées qui lui sont reprochées.
9Au fur et à mesure des années, les opérations menées par la Compagnie se sont complexifiées. Elle est devenue un acteur de l’économie des îles. Elle participe au commerce en envoyant des navires avec des biens manufacturés pour qu’ils soient revendus par ses agents aux colons et aux engagés dans les îles. En 1640, elle charge son agent à Dieppe de préparer « des choses les plus nécessaires » soit des haches, des couteaux, des souliers, des caleçons, de l’eau-de-vie et de l’huile d’olive pour la Guadeloupe « pour être distribuées et vendues auxdits habitants au profit de la Compagnie ». En 1641, elle fait porter des caleçons, des casaques et des souliers pour les esclaves et les hommes à son service, puis le mois suivant trois cents paires de souliers et mille livres de toiles à Saint-Christophe27. Elle envoie aussi des armes pour qu’elles soient revendues aux colons28.
10La Compagnie possède aussi des unités de production, avec de la main-d’œuvre servile et des engagés. Elle a une habitation à Saint-Christophe que d’Esnambuc lui a acheté29. Elle le charge en 1636 d’y faire travailler continuellement aux vivres en y menant une partie de ceux qui sont à la garde du fort afin de nourrir les artisans qu’elle envoie. Elle ne désire pas qu’il soit fait du pétun dans l’habitation30. Elle fait venir six hommes de métropole en 1638. En 1639, plusieurs esclaves et quelques Indiens travaillent sur l’habitation31. La Compagnie assure leur entretien et leur approvisionnement32. D’Esnambuc puis son successeur du Halde sont chargés de sa direction, mais bien souvent ils utilisent à leur profit cette main-d’œuvre33. Il semble qu’elle possède en fait plusieurs habitations dans l’île car la délibération du 7 juillet 1638 demande au capitaine général de Saint-Christophe de pourvoir à l’« entretien des habitations de la Compagnie34 ». La Compagnie a aussi des terres à la Guadeloupe. Elles lui ont été cédées par traité par L’Olive quand il abandonne son gouvernement35. Nous ne savons pas vraiment comment elles sont mises en exploitation mais nous trouvons trace d’un engagement qui indique qu’on y travaille au pétun. En 1643, en effet, Jean Fleury signe un contrat de trois ans pour travailler « en la façon et manufacture du pétun » pour le compte de la Compagnie à la Guadeloupe36. Dutertre indique qu’à cette époque elle dispose de cinq à six serviteurs et de cinquante-six esclaves37. Ce sont probablement ces terres qui vont accueillir en 1642 le plus gros investissement de la Compagnie réalisé aux îles, afin de fabriquer des sucres. Les associés en espèrent de grands profits. Ils engagent de nombreuses dépenses pour recruter des artisans de tous les métiers pour la construction des bâtiments, halles et magasins, et la culture des cannes. Ils signent avec des négriers pour obtenir des esclaves38. Nous reviendrons plus loin sur le détail de ces investissements pour le développement économique des îles. La Compagnie acquiert aussi des habitations par achat ou par décision de justice. Ainsi en 1644, elle entend avoir la moitié de l’habitation du sieur Rifflet à la Martinique au cas où il serait condamné lors de son procès39.
11Mais les îles sont-elles une affaire intéressante financièrement ? La Compagnie rapporte-t-elle quelque chose aux associés ? Les délibérations sont curieusement muettes sur ce point. Nous n’en n’avons guère qu’une seule mention pour l’année 1637. Les associés reçoivent 500 livres par part détenue40. Il y a alors 45 parts de 1000 livres. C’est une somme importante qui représente 50 % de la valeur de l’action de base. La relative stabilité de l’actionnariat aurait tendance à montrer que la plupart des associés ont cru à la réussite de l’entreprise et à des retombées financières. Mais si l’équilibre financier de la Compagnie est fragile, et ne peut permettre de redistribuer par la suite des bénéfices, il faut savoir qu’il y a d’autres moyens pour les associés de rentabiliser leur investissement. Et ils attendent peut-être moins de leurs actions que des autres affaires qu’ils peuvent faire aux îles.
La participation des associés à des affaires particulières aux îles
12Les associés ont en effet la possibilité d’agir aussi aux îles à titre individuel. La délibération du 2 décembre 1637 leur accorde « de pouvoir envoyer traiter en particulier aux îles de Saint-Christophe et de la Martinique aux mêmes conditions que les autres marchands auxquels on donne permission d’y passer pour traiter ». Ils doivent pour cela demander un congé de la Compagnie et faire affréter un navire à leurs frais41. La Guadeloupe alors sous contrat d’exclusivité avec les marchands de Dieppe n’est pas concernée. Il est cependant difficile de vérifier si cette incitation a eu un grand impact sur les associés car les délibérations ne mentionnent généralement pas les congés accordés. Jean Rozée semble de loin l’associé le plus intéressé au trafic antillais. Sa condition de marchand le porte peut être davantage que les autres à monter ce type d’opération. En septembre 1641, il obtient à titre individuel un congé de la Compagnie pour envoyer un navire pour son compte aux îles « chargé de cent tonneaux de vin, eau-de-vie, lard, toile, souliers et autres marchandises ». Les associés, ravis de cette initiative qui pourrait satisfaire les besoins des habitants entendent participer à l’affrètement à hauteur de 50 %. Ils proposent une expédition de plus grande importance. Ils évoquent 300 tonneaux de marchandises sur un ou plusieurs navires42. Au mois de décembre 1641, les directeurs font une société avec Jean Rozée pour affréter le navire du capitaine Gandouin de La Rochelle. Rozée met 18 000 et la Compagnie 14000 livres43. L’argent est avancé par d’Aligre, Fouquet, Berruyer, de Loynes, Chanut, de Ricouart et Mulot, chacun pour 2 000 livres. Chaque associé détient donc un quinzième44. L’affaire s’annonce très rentable. Le pétun qui est rapporté en 1642 promet de se vendre très bien car il est rare à cause de la tempête qui a ravagé les îles et détruit les cultures. Mais les directeurs n’entendent pas voir ce bénéfice profiter à un particulier, car « en exécutant ladite promesse le gain de ladite société serait trop grand […] et il ne serait pas raisonnable que ledit sieur Rozée fit un si extraordinaire profit ». Ils reviennent sur les termes de l’accord qui avait été conclu. Ils négocient avec Jean Rozée le rachat de sa part dans la société afin que la Compagnie, et non plus lui seul, puisse bénéficier de cette heureuse opération. Le nouveau contrat le 15 décembre 1642 lui « accorde pour tout profit la somme de 18 000 livres45 ». Rozée tardera à recevoir son argent. Ce n’est qu’en 1645 que Jacques Berruyer lui remet la somme et les intérêts46. En 1643, Jean Rozée sert d’intermédiaire entre la Compagnie et le capitaine Drouault pour passer un contrat de soixante esclaves noirs au prix de 200 francs chacun pour la Guadeloupe. Berruyer et Chanut prennent des parts dans le navire de Drouault à raison d’un seizième chacun « pour et au profit de la Compagnie47 ». Rozée utilise son crédit dans le milieu marchand pour garantir les opérations. Mais quel est son intérêt ? Assurément, il n’obtient pas toujours dans ces affaires le bénéfice escompté, mais il ne perd pas non plus d’argent. En fait, il s’enrichit avec les intérêts des sommes qu’il a avancées et qui tardent à lui être remboursées. Jean Rozée sert de banque en avançant des fonds.
13Un autre associé s’intéresse au trafic vers les îles. En 1639, Jacob Bontemps envisage d’envoyer un bateau aux îles. Les directeurs Chanut et Rozée lui proposent que la Compagnie investisse la somme de 3 200 livres dans l’affaire, soit les sept huitièmes. Un accord est vite trouvé sur ces bases et le contrat est signé le 7 février 1639. Les associés agréent le contrat le 2 mars 1639. Le vaisseau et les marchandises sont assurés pour 3 000 livres48. Il apparaît donc que la Compagnie se saisit de la moindre initiative de l’un des associés pour participer à une affaire. Elle n’organise pas toutes les opérations intégralement, mais les finance en partie en espérant un bénéfice conséquent.
Religion et colonisation
14L’argent n’est pas le seul moteur des associés dans la Compagnie. Plusieurs d’entre eux sont des hommes pieux voire d’ardents croyants qui appartiennent à des groupes dévots. Mais dans quelle mesure cette sensibilité religieuse a-t-elle été un ressort de leur participation à la Compagnie ? A-t-elle influé sur la politique générale de la Compagnie ?
Les dévots et les Antilles
15Les dévots en France ont des projets pour l’Amérique du nord et les îles qu’ils conçoivent comme des terrains vierges où ils se doivent de planter l’étendard de la religion. S’ils ont perdu la place privilégiée qu’ils occupaient dans le gouvernement depuis l’arrestation du garde des Sceaux, Michel de Marillac, l’un de leurs principaux représentants au plus haut sommet de l’État, lors de la journée des Dupes le 11 novembre 1630, et ne pèsent plus guère sur la politique extérieure de la France, ils demeurent encore influents et investissent le champ social en s’employant à moraliser la société française en suivant les préceptes chrétiens. L’Amérique devient ainsi l’objet de toutes leurs attentions, notamment dans sa dimension religieuse49. Des groupes dévots sont à l’origine d’implantation de colons au Canada. Jérôme Le Royer de La Dauversière porte le projet missionnaire de Ville-Marie sur l’île de Montréal. Il rencontre un accueil très favorable de la part des jésuites et du sulpicien Jean-Jacques Olier à Paris. En 1639, il forme avec des dévots, parmi lesquels on retrouve des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, la Société Notre-Dame de Montréal50.
16Plusieurs hommes d’influence développent des projets pour les Antilles. La famille de Lévis-Ventadour se distingue particulièrement. Henri de Lévis est fait vice-roi de l’Amérique par Louis XIII en 162551. Charles de Lévis est l’un des protecteurs du préfet des missions des capucins pour l’Amérique septentrionale, Pacifique de Provins, et soutient notamment son idée d’un séminaire aux îles52. Ce dernier dédicace en 1646 sa relation de voyage aux îles à François-Christophe de Lévis-Ventadour, comte de Brion, duc d’Anville et nouveau vice-roi de l’Amérique53. Il reçoit l’appui d’un autre membre éminent de la Compagnie du Saint-Sacrement, Christophe d’Autier de Sisgau54. Le duc de Ventadour a bien d’autres aspirations. Il entrevoit l’édification d’une église en Amérique et sollicite en 1651 la fondation d’un évêché à Cayenne55. Il ne verra pas sa demande honorée. La Compagnie du Saint-Sacrement émet des vœux pour « le soulagement spirituel des Hébrides, des Orcades, d’Hibernie, la côte d’Angleterre et pour les îles de l’Amérique… » écrit pour l’année 1653 son historiographe, le comte d’Argenson56. On verra même plus tard, à l’extrême fin des années cinquante, un autre groupe aspirant à suivre la voie de la vertu chrétienne, les jansénistes, envisager de la même façon l’Amérique comme le champ des possibles. Ils enverront sur place l’un des leurs, le florentin Cosimo Brunetti, pour s’enquérir de la situation antillaise57.
17Les motivations religieuses dans les projets coloniaux est assez générale à cette époque. Elles sont notamment à l’origine des établissements anglais de la Baie du Massachussetts en Amérique du Nord, et de l’île de Providence, au large du Nicaragua58.
Les interventions des associés aux Antilles en matière religieuse
18Si les associés ont une proximité indéniable avec les milieux dévots, ils ne semblent pas porter de projets d’envergure en matière religieuse. Néanmoins, l’évangélisation des Indiens et l’encadrement spirituel des colons apparaissent comme une de leurs préoccupations majeures. Les contrats signés entre la Compagnie et la monarchie depuis 1626 établissent clairement qu’il convient d’évangéliser les Indiens et d’assurer le peuplement avec de bons catholiques. Les associés se montrent attentifs aux attentes de la monarchie et remplissent consciencieusement leurs obligations en la matière en assurant le passage des missionnaires et en pourvoyant à leur entretien. Certains associés semblent plus sensibles que d’autres à ces questions. Pierre Chanut craint en 1648 que les désordres qui ruinent les colonies ne compromettent tout l’effort entrepris car « les Hollandais et les Anglais […] infecteront d’hérésie ce qui restera, et ne donneront point à l’avenir une religion pure à ces pauvres Sauvages59 ». Bardin et Fouquet soutiennent les missions d’évangélisation en Nouvelle-France. Bardin a constitué un fonds de 5400 livres à la discrétion des jésuites pour la fondation d’un séminaire ou d’une école pour la catéchèse des jeunes Indiens montagnais et hurons du Canada. Il promet une rente annuelle de 300 livres en 1635 puis de 1000 livres en 163760. François Fouquet lègue pour sa part 5 000 livres aux missionnaires des Hurons du Canada à sa mort61. Il est un soutien indéfectible des jésuites62. Ce dernier point n’est pas sans importance pour l’orientation religieuse de la Compagnie puisque Dutertre lui attribue l’introduction des jésuites à la Martinique alors même que des capucins étaient demandés par le gouverneur du Parquet63. Mais, comme nous l’avons vu, Fouquet n’est pas le seul à être proche des jésuites et son sentiment et sa volonté ont pu être partagés, et la décision d’envoyer des pères de saint Ignace approuvée par d’autres associés, à défaut d’un large consensus.
19Il est possible que la venue des carmes réformés de la province de Touraine aux îles comme missionnaires soit délibérée et témoigne d’une profonde inclination de quelques associés à leur endroit, et non le fruit d’une rencontre fortuite sur les bords de la Loire entre le gouverneur de la Grenade Philbert de Nouailly et deux pères carmes en voyage64. Les carmes qui se rendent aux Antilles à partir de 1646 viennent du couvent fondé en 1614 par un cousin de Fouquet, Christophe Fouquet de Chalain, sur ses terres près d’Angers avec des religieux de l’observance venant de Rennes65. Fouquet de Chalain est lié à Charles d’Andigné, sieur d’Angrie66, l’un des protecteurs de l’ordre, à qui le carme Maurile de Saint-Michel rend hommage dans la préface de son récit de voyage aux îles67. Pour l’heure, nous n’avons pu établir de lien tangible entre ces départs et la politique de la Compagnie des îles, mais la piste semble sérieuse et demanderait à être approfondie.
20L’inclination profonde de François Fouquet, reconnue de tous, lui vaut de s’occuper des affaires religieuses de la Compagnie. C’est lui qui est en contact semble-t-il avec le supérieur du couvent des jacobins, le père Jean-Baptiste Carré, afin de préparer les missions vers la Guadeloupe. C’est lui aussi qui se soucie de l’implantation des capucins à Saint-Christophe et suit les progrès de leurs préparatifs. Il s’inquiète des moyens dont ils bénéficieront pour assurer leur subsistance afin qu’ils ne soient pas à la charge des habitants68. Il est chargé en 1636 par les associés de s’entretenir avec le capucin Raphaël de Dieppe qui est à Saint-Christophe pour décider de la répartition des ordres religieux sur les différentes îles69. Fouquet n’est cependant pas le seul à occuper ce terrain. C’est Berruyer qui négocie en tant que directeur de la Compagnie les accords avec le père Carré pour l’envoi de nouveaux pères70.
21Le soutien apporté par la Compagnie au projet de Léonore de la Fayolle témoigne bien en revanche d’un vrai souci en matière religieuse. Cette pieuse dame arrive à la Guadeloupe en septembre 1643 avec des jeunes filles à marier de la congrégation des filles de Saint-Joseph à Paris. Elle exerce une très grande influence dans l’île sous le regard conciliant du gouverneur Charles Houël, ce que les chroniqueurs dominicains comme Breton et Dutertre ne manquent de dénoncer, mais il est vrai que tout ce qui touche à Houël les rend particulièrement sensibles71. Le plus intéressant dans cette affaire, ce sont les liens qu’entretient madame de la Fayolle avec des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement. Elle écrit d’ailleurs, le 19 avril 1644 à l’un d’eux, Louis Laisné de La Marguerie pour lui raconter son installation aux îles72. Son père, Élie Laisné de La Marguerie, est un des membres influents de la Compagnie du Saint-Sacrement. Il est chargé par celle-ci de défendre les missions au Canada73. La Fayolle bénéficie aussi semble-t-il de l’attention de la reine régente Anne d’Autriche puisqu’elle produit à son arrivée des lettres de sa main et de plusieurs dames de qualité. Elle est pleinement prise en charge, elle et ses filles, par Charles Houël qui fait bâtir une grande maison proche de son habitation74. Il n’est pas certain qu’elle soit très dévouée au service de la Compagnie des îles de l’Amérique, car elle jouera un rôle trouble dans la sédition de la Guadeloupe en 1644 alors que Houël est en France75.
22Les affaires religieuses des Antilles sont suivies attentivement par les dévots et les confrères de la Compagnie du Saint-Sacrement, sans que nous puissions dire dans quelle mesure ils ont pu intervenir pour les favoriser, de leur propre initiative ou à la demande discrète d’un des confrères associés. Le duc de Ventadour adresse de nombreux courriers à la Propagande de la Foi à Rome chargée d’organiser les missions au lointain76. Le diplomate Claude de Mesmes, qui a gardé de nombreux contacts en Italie depuis le temps de son ambassade à Venise, s’inquiète régulièrement des missions auprès de la Propagande de la Foi et n’hésite pas à présenter des candidats77. Il connaît les projets de la Compagnie du Saint-Sacrement en Amérique, et en particulier au Canada, car il participe à la Société de Notre-Dame de Montréal, fondée par son propre frère, Jean-Antoine de Mesmes, sieur d’Irval, et Laisné de La Marguerie78. Mais il ne semble jamais avoir parlé des îles des Antilles en particulier. Un autre confrère a ses entrées à Rome, c’est l’ancien ambassadeur dans la ville éternelle, Jean Gallard de Béarn, comte de Brassac. Il suit le développement des missions étrangères des capucins79.
23Rome reçoit de nombreux courriers des missionnaires, des provinciaux des ordres et des nonces à Paris, et se montre très attentive aux résultats des missions aux Antilles. Le capucin Hyacinthe de Paris adresse en 1639 un rapport des missions de son ordre à la Propagande de la Foi. Les dominicains Armand de la Paix et Raymond Breton rédigent une relation en 1647 pour le général de leur ordre, le père Tommaso Turco, qui est ensuite transmise à la Propagande de la Foi où elle demeure aujourd’hui80. Le secrétaire de la Propagande de la Foi, Francesco Ingoli, se montre particulièrement assidu dans le suivi du travail missionnaire accompli dans les îles. Il entretient une correspondance très active avec les capucins en France81.
Des motivations contradictoires
24L’argent et la religion sont les ressorts les plus évidents – en fait les plus visibles –, sinon les plus importants, des associés dans leur manière d’aborder les affaires antillaises. Ils sont souvent perçus comme contradictoires et seraient pour certains historiens la source des difficultés de la Compagnie, car les associés n’auraient pas su choisir entre la cause du christianisme et la raison de l’expansion commerciale. Daniel Dessert souligne ainsi que « ce péché originel leur confère une ambiguïté, source de quiproquos et de conflits ». Cela rend pour lui la Compagnie ingérable et aboutit inexorablement à son échec. Il tempère cependant son propos en rappelant le contexte international ede l’époque et la rivalité sur les mers et dans la Caraïbe avec les Hollandais et les Anglais82. Cette interprétation n’est pas sans pertinence, mais elle fait fi selon nous de plusieurs réalités. D’une part, elle est réductrice en tendant à limiter le débat sur la conduite de la Compagnie entre ces deux inclinations. Or il y en a d’autres, dont certaines éminemment politiques comme la volonté d’affirmer les prétentions de la monarchie outre-mer alors que l’Espagne domine en grande partie l’Atlantique et les rivages américains. D’autre part, elle sous-entend qu’elles sont portées également et avec la même force, ce qui aurait provoqué la paralysie d’une direction qui n’arriverait pas à trancher. Mais tous les associés n’ont pas le même poids dans les discussions, certains savent mieux que d’autres imposer leurs vues. Que représente un Mulot face à un Fouquet ? Cette interprétation ignore aussi les inflexions propres à chaque individu. Si les associés appartiennent peu ou prou au même monde, celui des élites – ils ont reçu une éducation semblable et ont connu une ascension sociale souvent rapide – ils sont les héritiers d’une histoire familiale et ont une touche d’originalité qui les fait se distinguer les uns les autres d’une façon nuancée sur plusieurs sujets. Ils ont certes des sensibilités et des motivations proches, mais elles sont d’intensité différente. Enfin, quitte à manier le paradoxe, pourquoi les aspirations religieuses et économiques des associés seraient-elles irréconciliables ? Est-il concevable à cette époque d’écarter tout objectif ou référent religieux ? La religion occupe une place importante et pose les cadres de la vie sociale et des relations humaines. D’ailleurs, la préoccupation religieuse des associés ne se limite pas à l’évangélisation, elle se poursuit dans le souhait de mieux encadrer spirituellement les colons. On veut de bons catholiques. Pour cela, les colonies françaises sont interdites aux protestants et aux juifs. L’attention donnée à la conversion des protestants qui s’y trouvent malgré les interdits, et dont se font un devoir les missionnaires de tous les ordres83, témoigne de cette préoccupation. Nous ne reviendrons pas ici sur la question de l’évangélisation des Indiens qui fonde en partie le droit des Européens à s’établir dans les îles, mais signalons que cet impératif ne contrarie pas forcément les échanges avec les populations indigènes et peut même créer des solidarités dans les îles qui les appuient. L’aide apportée aux habitants par certains chefs indigènes, les capitaines comme les appellent les Français, favorise indéniablement la colonisation et permet de s’en faire des alliés contre les puissances ennemies.
25D’ailleurs, quand nous y regardons de plus près, les impératifs ont évolué avec le temps, et les associés eux-mêmes ont parfois changé leurs priorités. L’évangélisation des populations indigènes si bien soulignée dans le contrat de 1626, n’est plus en 1635 aussi essentielle. C’est sur l’économie qu’est désormais mis l’accent. D’ailleurs, même les plus ardents défenseurs de la foi catholique se convertissent à l’économie. Daniel Dessert note que, les années passant, Nicolas Fouquet « se sécularise84 ». La diversité des approches et des buts est-elle alors dépassée ? Ne faut-il pas voir plutôt une évolution de l’équilibre entre les différents aspirations des associés, qui bascule tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, selon les événements, les pressions, sans jamais être totalement rompu. Nicolas Fouquet garde bien présent à l’esprit la nécessaire évangélisation des peuples et invite pour cela à envoyer des missionnaires à Madagascar en 165485.
L’implication des associés dans la vie de la Compagnie
26Les statuts de la Compagnie de 1635 visent à impliquer les associés dans sa gestion quotidienne. La Compagnie est l’affaire de tous. Les assemblées ordinaires qui traitent les affaires courantes sont ouvertes en principe à ceux qui le désirent, « tous les premiers mercredis des mois, lesdits directeurs s’assembleront, […] à laquelle assemblée tous lesdits associés se pourront trouver si bon leur semble, pour savoir les affaires qui s’y proposeront, et en dire leur avis » est-il écrit dans l’article 2 de la Compagnie86. Tout est fait pour les tenir au courant des décisions prises et les amener à s’intéresser à la vie de la Compagnie. Les convocations et les délibérations sont adressées à leur domicile87. Ils sont avertis par courrier des grands projets. Ils peuvent débattre, proposer et amender. Les votes se font à la majorité, la vente des marchandises est réalisée en commun. La participation de tous est requise et nécessaire.
27Mais les associés ne s’intéressent pas tous de la même façon à la Compagnie et à ses affaires. Certains ne sont pas très assidus aux réunions malgré les nombreuses sollicitations. Il existe toute une littérature qui dénonce cette situation en s’appuyant en grande partie sur les propos alarmistes des directeurs, qui remontent pour la plupart aux premières années de la Compagnie. Mais il conviendrait plutôt d’interroger la longue durée et de comprendre la signification du phénomène. Cela traduit-il forcément un désintérêt pour les choses de la Compagnie ? N’y a-t-il pas plusieurs façons de s’investir dans la conduite de la Compagnie ?
Nouvelles considérations sur la participation des associés aux assemblées
28Les lamentations des directeurs sur la participation des associés aux réunions ne nous donnent-elles pas une vision déformée des choses ? Ne seraient-elles pas plutôt l’expression d’une exaspération à certains moments difficiles de la Compagnie alors qu’il convient de décider de mesures propres à assurer sa survie ? Il apparaît en effet que la participation aux assemblées progresse entre 1635 et 1648. La moyenne du nombre d’associés présents aux réunions augmente alors qu’ils ne sont pas plus nombreux, et passe d’une moyenne de cinq à sept associés présents. Mais l’évolution n’est pas uniforme. Nous pouvons distinguer plusieurs phases : 1635-1638, 1639-1642, 1642-1646 et 1646-1648. La mobilisation des associés est forte au début de la reformation, quoiqu’elle ne représente jamais plus qu’un tiers d’entre eux, puis elle chute entre 1639 et 1642. C’est à ce moment-là que les directeurs tentent de remobiliser leurs confrères avec une certaine réussite semble-t-il. Les associés savent répondre présents quand la situation l’exige. Cela témoigne de leur attachement à la Compagnie. Il apparaît donc que la présence aux assemblées n’est pas un indice pertinent pour vérifier le sentiment des associés à son endroit. Les difficultés des dernières années de la Compagnie sont marquées par la désertion des assemblées, mais elles sont à considérer à part car le contexte est très particulier. Elles préfigurent le désengagement final.
29La présence des associés aux réunions est rarement pléthorique, elle demeure relativement moyenne, et cela concerne tout autant les associés « historiques » de 1626 que les nouveaux entrants. Des anciens de la Compagnie dite de Saint-Christophe, Cauville est certainement le plus discret. Il ne vient à aucune assemblée. Lors de la reformation, il se fait même représenter par Cavelet du Herteley88. Thomas Morant n’apparaît qu’une seule fois en 163889. Ladvocat fait lui de rares apparitions entre 1638 et 1645 puis en 1647 et en 1648. Seul de Flécelles se rend régulièrement aux assemblées générales. Toutefois, leur fidélité envers la Compagnie peut difficilement être remise en cause. Ils gardent leurs parts. Ladvocat sait aussi se manifester quand il est besoin. Il assure ainsi la charge de directeur qu’il s’était toujours refusé à prendre dans les moments difficiles, et s’il ne se rend pas aux réunions mensuelles, cela ne signifie pas qu’il ne travaille pas pour la Compagnie, car il a en charge le suivi de la colonisation de la Martinique90. Il assiste aux réunions plus régulièrement en 1648, vraisemblablement parce qu’il a pris conscience de l’importance des enjeux91. Mais nous ne saurions dire dans quelle mesure Ladvocat a exercé véritablement ses responsabilités. Les nouveaux entrants ne sont pas plus assidus aux réunions. En général, ils font acte de présence durant les premières séances qui suivent leur entrée dans la Compagnie. Lauson assiste à la réunion le jour de sa réception le 4 juin 1636, puis le 2 juillet 1636 et le 6 août 1636. Il se fait ensuite représenter à l’assemblée générale du 3 décembre 1636 par Berruyer92. Puis, on ne le voit plus. D’autres associés viennent très occasionnellement. Mulot ne participe qu’aux assemblées générales (en 1640, 1641 et 1642). De Saint-Gilles et de Ricouart ne viennent qu’à une réunion sur deux. En revanche, de La Cour s’avèrent consciencieux93. Il n’y a pas de rupture dans la pratique et dans le rapport à la gouvernance entre les différentes générations d’associés. Quelques d’associés n’ont jamais mis les pieds dans les assemblées, fussent-elles des assemblées générales, ne donnent pas de pouvoir et ne communiquent pas avec les directeurs. Ils n’ont pas de rôle particulier dans la Compagnie. Ils n’investissent pas davantage dans le commerce vers les îles. Cela dénote assurément un manque d’intérêt pour les affaires de la Compagnie. Mais peut-être sont-ils tout simplement des hommes de paille ?
Figure 13. La participation des associés aux assemblées de la Compagnie 1635-1648.

30L’absence des associés aux réunions connaît ses raisons. Certains comme Charles Houël et Jean Rozée ne résident pas à Paris et ne peuvent s’y rendre facilement. Houël est gouverneur de la Guadeloupe. Il n’assiste aux réunions que quand il se trouve en France pour rendre des comptes ou expliquer ses affaires. Il est présent aux assemblées générales du 9 décembre 1644 et du 6 janvier 164594. Jean Rozée réside à Rouen pour ses affaires, mais il correspond régulièrement avec les directeurs pour celles de la Compagnie. D’autres sont retenus par certaines affaires personnelles ou pour le service de l’État, cela ne signifie pas davantage qu’ils se désintéressent de la Compagnie. Richelieu, bien entendu, comme principal ministre de Louis XIII, s’intéresse prioritairement au gouvernement du royaume. Nicolas Fouquet effectue ainsi de nombreuses missions en France et à l’étranger. Il part comme intendant auprès de l’armée, sur la frontière du nord en 1642. En 1643, il obtient une commission d’intendant du Dauphiné. En 1646, il est envoyé en mission par Mazarin en Catalogne, alors protégée par les Français. En 1647, il est intendant de l’armée du Nord95. Il réussit tout de même à assister à quelques réunions de la Compagnie, ainsi au début de l’année 1646 (le 5 janvier, le 2 février, le 2 mars96). Les délibérations des dernières années de la Compagnie sont moins riches en enseignements. Les noms des associés présents ne figurent pas toujours. Certaines absences cachent vraisemblablement des raisons privées. Mais il n’y a guère en la matière que la maladie de François Fouquet qui nous soit connue et qui excuse son absence durant quelques mois.
Ententes, alliances et rivalités au sein de la Compagnie
31Si les associés affirment leur solidarité et ont de réelles affinités, il n’en n’empêche pas moins qu’ils n’ont pas toujours la même vision de la conduite des affaires de la Compagnie.
32Les procurations peuvent apporter un éclairage sur les liens entre les hommes, et peut-être même aider à définir des groupes ou des clans. Elles ne sont cependant pas courantes. Elles n’apparaissent que lors des assemblées générales et ne portent que sur quelques mandats, alors que près de la moitié des associés ne se déplacent pas. Il y a cependant des constantes. Ainsi, Martin de Maunoy obtient à plusieurs reprises la procuration du commandeur de La Porte (janvier et décembre 1635, 1636) et exceptionnellement celle de de Launay Razilly (1635)97. Cavelet du Herteley dispose de celle de Cauville (janvier et décembre 1635) et de son fils, Pierre Cavelet (1636, 1637)98. Il porte aussi une fois celle de Berruyer (janvier 1635)99. Berruyer reçoit les procurations de Rozée (1636, janvier et mars 1639) et de Lauson (1636)100. Elles permettent surtout de voir les rapports de confiance qui existent parmi les associés. Elles signifient aussi des rapports de pouvoir. Ainsi, François Fouquet a la procuration de Richelieu101. Elles peuvent exprimer une certaine défiance aussi. Ainsi, en 1645, la duchesse d’Aiguillon confie le soin de la représenter dans les assemblées non pas à un associé, mais à une personnalité extérieure, Drouart102.
33Les délibérations sont en général discrètes sur les débats qui ont lieu en son sein. Les prises de positions ne sont pas évoquées. Tout au plus comprend-on au détour du compte-rendu de la réunion qu’il y a eu une discussion animée. Certaines décisions ont assurément été difficiles à prendre. Deux questions semblent avoir divisé les associés dans la conduite de la Compagnie, celles des finances et celle du gouvernement.
34Il existe manifestement une ligne de fracture entre ceux qui sont favorables à l’emprunt et ceux qui préfèrent consolider les bases la Compagnie en vendant au fur et à mesure le pétun et en modérant les investissements coûteux. En 1635, les associés débattent abondamment de la stratégie à adopter pour défendre les îles des attaques des autres puissances. Il est décidé d’envoyer des armes. Mais comme la Compagnie ne dispose pas des liquidités suffisantes, chacun avance ses solutions pour trouver des fonds. La vente du pétun de la Compagnie est envisagée, mais Cavelet du Herteley livre aussitôt ses inquiétudes à propos de l’opération, car l’état du marché ne permet pas d’en espérer un bon prix. Il est finalement convenu de prendre un emprunt de 4000 livres à intérêts au denier 12 à rembourser sur un an103. Le 5 mars 1636, Berruyer revient sur la question du financement des opérations de la Compagnie alors qu’il faut acheter des armes pour la Guadeloupe. Il n’est pas favorable à un nouvel emprunt et préconise de vendre le pétun du Havre et de Dieppe. Les directeurs se rallient cette fois à sa proposition, et le commis de la Compagnie est chargé de vendre le pétun de Dieppe à 60 livres le cent. Martin de Maunoy, préoccupé par le manque cruel de trésorerie, préconise même de vendre tout le pétun dont dispose la Compagnie104.
35La question du financement de la Compagnie devient plus âpre à la fin de l’année 1644, alors que la Compagnie ne peut plus faire face à ses engagements envers ses créanciers. La situation est dramatique. Le rapport établi par les directeurs montre l’ampleur des déficits. Il faut agir pour assurer la survie de la Compagnie et de ses activités. Les associés ont désormais les cartes en main pour décider. Mais que faire ? Deux solutions sont proposées par les directeurs : engager un emprunt ou décider d’une contribution pour subvenir au paiement des dettes contractées et aux dépenses qui seront jugées nécessaires105. Mais les associés désirent-ils investir davantage ? Une assemblée générale est convoquée le vendredi 6 janvier 1645 pour aborder cette question106. De fait, le ton un peu alarmiste des directeurs pour la convocation de la réunion conduit les associés à venir en grand nombre ; d’Aligre, Foucquet, de Ricouart, de Flécelles, Ladvocat, Berruyer, Chanut, de Loynes, Martin de Maunoy, Cazet, de Saint-Gilles, Houël, de La Cour et le sieur Drouart, qui représente la duchesse d’Aiguillon, sont présents107. C’est la plus forte participation à une assemblée de la Compagnie depuis 1635 ! Les associés arrêtent ainsi « qu’il sera contribué par les associés en ladite Compagnie dans trois mois à compter du jourd’hui la somme de quarante-cinq mille livres à raison de mille livres pour chacune des quarante-cinq parts dont elle est composée, et à faute de payer par chacun desdits associés la somme qu’ils devront pour ladite contribution, à raison des parts qu’ils ont en ladite Compagnie, dans le temps desdits trois mois ou renoncer à leurs dites parts et portions, les sommes qu’ils auraient dus fournir seront empruntées sur la place sous l’obligation des effets de ladite Compagnie, et le principal et les intérêts desdits emprunts représentés contre eux et sur leurs biens108 ». En fait, personne ne veut pas imposer une décision, et chacun est laissé libre de décider en son âme et conscience. Les mois passent. Les associés finalement rejettent la nouvelle contribution proposée par les directeurs, qui sont d’une certaine façon désavoués, et lui préfèrent l’emprunt car ils ne veulent pas avancer d’argent. Ce n’est qu’un énième emprunt. Mais cela peut aussi signifier qu’à ce moment, bon nombre d’associés ne veut plus investir davantage dans une entreprise dont ils ne voient plus la rentabilité, voire l’utilité. Dutertre souligne que pour eux contribuer à un nouveau fonds signifie perdre de l’argent109.
36L’autre débat qui anime la Compagnie se produit à propos de la lieutenance générale pour le roi en 1638. Nous n’en n’avons pas la mention dans les délibérations mais dans une lettre de Poincy de 1640 dans laquelle il témoigne des prises de position des uns et des autres sur les prérogatives liées à cette charge. Le cardinal de Richelieu soutient ainsi la création d’une lieutenance générale pour toutes les possessions françaises d’Amérique, en privilégiant une vision d’ensemble des colonies, tandis que François Fouquet lui préfère, pour des raisons évidentes d’efficacité du commandement, un ressort territorial plus limité110. Fouquet le convainc finalement en 1638 de créer une charge de lieutenant général aux îles. Cependant le cardinal impose son titulaire en la personne de Philippe de Longvilliers de Poincy.
37Les désaccords entre les associés ont pu conduire au départ de certains d’entre eux de la Compagnie. Mais les causes ne sont jamais évoquées dans les délibérations.
Quelle vision de la colonisation ?
38Nous ne savons pas si les associés, individuellement ou collectivement, ont eu ou même ont esquissé une approche globale de la colonisation et de l’exploitation des îles. Ils disposent pourtant pour alimenter leur réflexion des rapports qui leur sont adressés par leurs agents. Les rares avis des associés sur la colonisation sont tardifs. Ils datent de 1648 pour Pierre Chanut et des années cinquante pour Nicolas Fouquet. Mais alors, les difficultés de la Compagnie, les révoltes et les aspirations personnelles des uns et des autres ont pris le pas sur le projet collectif. Les associés doivent, étant donné la proximité qu’ils entretiennent avec le cardinal, partager sa vision des choses, mais cela ne signifie pas qu’ils y adhèrent pleinement et n’y apportent pas certaines inflexions. Ils se conforment en tout cas au projet de la monarchie et suivent les buts fixés dans le contrat qu’ils ont signé. Ce sont des hommes prudents et souvent avisés recherchant par-dessus à favoriser un climat propice aux affaires. Leur souci permanent de la paix avec les Anglais et les Indiens en sont des signes manifestes. Ils se préoccupent de la défense de leur monopole, source de revenu, et du développement de la production des îles. Pour cela, ils dotent les îles d’une petite administration.
39Les associés ont débattu plus d’une fois des orientations de la Compagnie, mais la documentation qui est disponible est assez laconique. La question de l’expansion territoriale, sur laquelle nous reviendrons plus loin, comme celle des moyens de la Compagnie, notamment au moment où les finances sont au plus bas, génèrent des débats. Cela ne fait pas une vision de la colonisation, mais témoigne des inquiétudes et des questionnements des associés. Il apparaît très clairement que Poincy a des idées assez arrêtées sur le devenir des îles françaises. Il s’en ouvre aux associés en 1639. Pour lui, l’éparpillement des établissements dans les Antilles nuit à l’autorité de la Compagnie et de l’affirmation de la puissance française. Il propose de favoriser les implantations prometteuses et de délaisser les autres. Il penche notamment pour abandonner Saint-Christophe, où les Anglais sont toujours menaçants, et développer la Guadeloupe. Par ailleurs, dans son souci constant de sécuriser les établissements français, il préconise de favoriser la possession « de cinq ou six îles presque contiguës » qui sont ainsi plus aisées à défendre111. Il charge Aubert de porter ces propositions aux associés à Paris. Ces derniers ne le suivent pas dans ses conclusions et préfèrent garder toutes les îles sous leur autorité112. La Guadeloupe ne leur semble pas à cette époque spécialement prometteuse. Mais le pouvoir royal aurait-il acquiescé à pareil arrangement ?
40Les actions des associés sont certainement le meilleur moyen de connaître leur vision de la colonisation des Antilles.
Notes de bas de page
1 Il n’y a guère que Boiteux pour croire que les associés des compagnies de commerce n’y entrent que pour se mettre « dans les bonnes grâces du cardinal » (L.-A. Boiteux, Richelieu « grand maître de la navigation et du commerce de France, op. cit., p. 376).
2 Pierre Chanut écrit à ce propos en 1648 « je me suis engagé pour une somme qui est grande pour moi » (BnF, ms fr. 17964, Chanut à Lionne, le 5/09/1648, fol. 661v-667. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle », op. cit., p. 187).
3 Plusieurs associés ou membres de leur famille (Olivier Dalesse, Étienne d’Aligre, Marie de Fourcy, Marie Cornuel) apparaissent ainsi parmi les bailleurs de fonds des fermiers généraux des gabelles de France au côté d’Élie Laisné de la Margerie et de Claude de Mesmes, membres éminents de la Compagnie du Saint-Sacrement (D. Dessert, L’argent du sel, le sel de l’argent, Paris, Fayard, 2012, p. 234-270).
4 Contrat de Pierre Chanut avec lui-même, le 22/02/1631, dans P. Linage de Vauciennes, Mémoires de ce qui s’est passé en Suède et aux provinces voisines depuis l’année 1652 jusques en l’année 1655, Cologne, Pierre du Marteau, 1677, t. 1, préface, p. 6r. Ce contrat apparaît sous une forme très réduite et traduit du latin assez librement dans L. de Ribier, Un diplomate auvergnat sous Louis XV, op. cit., p. 10-11.
5 A. Motte, Antoine Ruzé d’Effiat (v. 1581-1632) surintendant des finances de Louis XIII, École nationale des Chartes, 2009. Position de thèse.
6 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 45. Ils représentent 275 000 livres soit 33 % de ses actifs (ibid., p. 60).
7 AN, MC, étude LI, 505, IAD de Fr. Fouquet, le 20/07/1640, pas de n° de fol. Voir le tableau récapitulatif de D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 60.
8 Fr. Bayard, Le monde des financiers, op. cit., p. 416-417.
9 Y. Le Guillou, « L’enrichissement des surintendants Bullion et Bouthillier », op. cit., p. 195-213 ; E. du Bouëtiez de Kerorguen, « Les pratiques funéraires au couvent et monastère de l’Ave Maria de Paris », op. cit., p. 172. Le vicaire de sa paroisse lui aurait demandé sur son lit de mort de restituer 200 000 écus mal acquis pour obtenir l’absolution. Richelieu consulté sur cette question aurait répliqué que cet argent lui avait été donné par le roi « en pur don » pour les services rendu à l’État. Il pouvait donc recevoir l’absolution sans crainte (A.-N. Amelot de La Houssaye, Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires, Amsterdam, M. C. Le Cène, t. 2, 1731, p. 157).
10 D. Dessert, Argent, pouvoir et société au Grand siècle, op. cit., p. 599.
11 J.-C. Petitfils, Fouquet, op. cit., p. 145.
12 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 151-152.
13 Ses actifs sont de 15 442 473 livres et son passif de 15 531 725 livres (D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 353).
14 Fr. Bayard, Le monde des financiers, op. cit., p. 416.
15 Y. Le Guillou, Les Bouthillier, de l’avocat au surintendant (ca 1540-1652). Histoire d’une ascension sociale et formation d’une fortune. Thèse de l’École nationale des chartes, 1997, p. 249 ; D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 353.
16 La fortune des grands et des princes de sang tourne autour de 4 millions de livres et celle de Condé, qui se distingue d’entre toutes, à 10 millions (Fr. Bayard, Le monde des financiers, op. cit., p. 416).
17 Bergin réfute les chiffres généralement avancés de 22,4 millions d’actifs et de 6,5 millions de dettes qui lui semblent exagérés. Voir le détail de l’analyse dans J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 225.
18 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 353.
19 Délibération, le 2/09/1637, p. 306.
20 Délibération, le 23/12/1642, p. 441-442 ; Délibération, le 4/02/1643, p. 444 ; Délibération, le 4/03/1643, p. 446 ; Délibération, le 1/04/1643, p. 447. Chanut paie le pétun au prix de 38 livres le cent, qui est celui auquel Modica l’a vendu. Mais Modica a-t-il cédé toutes ses parts ? Il avait deux quarante-cinquièmes dans la Compagnie, or nous ne trouvons trace de la vente que d’un quarante-cinquième.
21 R. Baudry, « Charles d’Aulnay et la Compagnie de la Nouvelle France », op. cit., p. 225-227.
22 Rochefort, t. 2, p. 10-11 ; BnF, ms fr. 18593, Apologie pour la défense des habitants de l’isle Sainct Christophle, fol. 398 ; DT/1667, t. 1, p. 20.
23 J. Caillet, De l’administration en France sous le ministère du cardinal de Richelieu, Paris, Didot, 1857, p. 351.
24 Les hommes d’argent font l’objet de nombreuses critiques au xviie siècle. On leur reproche leur enrichissement rapide, et l’État lui même si dépendant de leurs services y mêle sa voix pour mieux dénoncer leur emprise. Ils sont souvent qualifiés avec des termes péjoratifs (Fr. Bayard, « L’image littéraire du financier dans la première moitié du xviie siècle », RHMC, 33, 1986, p. 20 ; Fr. Bayard, Le monde des financiers, op. cit., p. 454 ; D. Dessert, Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, op. cit. ; D. Dessert, Colbert ou le serpent venimeux, Éditions Complexe, 2000, p. 20-21).
25 ANOM, F2A13, Articles accordés entre les associés de la Cie des îles de l’Amérique, le 13/02/1635, p. 12.
26 Fouq/D, t. 8, 1666, p. 53.
27 Délibération, le 4/04/1640, p. 395-396 ; Délibération, le 6/06/1641, p. 413 ; Délibération, le 28/07/1641, p. 417.
28 Délibération, le 16/07/1637, p. 300. Le premier juin 1639, elle adresse à ses commis à la Martinique et à Saint-Christophe des armes, de la poudre, du plomb, des mêches « pour [les] vendre aux habitants » (Délibération, le 1/06/1639, p. 357).
29 Il est question d’un achat d’une valeur de 7000 livres de pétun (Délibération, le 16/07/1637, p. 300 ; Délibération, le 4/04/1640, p. 395).
30 Délibération, le 3/09/1636, p. 281.
31 Délibération, le 1/09/1638, p. 339 ; Délibération, le 5/10/1639, p. 374.
32 Délibération, le 3/09/1636, p. 281 ; Délibération, le 2/09/1637, p. 305.
33 Délibération, le 6/06/1641, p. 413.
34 Délibération, le 7/07/1638, p. 331.
35 Délibération, le 19/02/1640, p. 378.
36 Contrat d’engagement, février 1643, dans Bréard, p. 195.
37 DT/1667, t. 1, p. 225.
38 Délibération, le 16/12/1642, p. 439-440.
39 Délibération, le 6/04/1644, p. 469.
40 Délibération, le 2/12/1637, p. 316.
41 Délibération, le 2/12/1637, p. 315.
42 Délibération, le 13/09/1641, p. 418.
43 ANOM, F2A13, Traité avec M. Rozée pour l’embarquement de Gandouin, le 15/12/1642, p. 60. L’accord est entériné lors de l’assemblée générale du 24 février 1642 (Délibération, le 24/02/1642, p. 421).
44 Délibération, le 13/09/1641, p. 419.
45 ANOM, F2A13, Traité avec M. Rozée pour l’embarquement de Gandouin, le 15/12/1642, p. 60-63 ; Délibération, le 16/12/1642, p. 438-439. Le nouvel accord est approuvé lors de l’assemblée générale du 23 décembre 1642 (Délibération, le 23/12/1642, p. 441).
46 ANOM, F2A13, Récépissé de Jean Rozée, Rouen, le 10/03/1645, p. 63.
47 Délibération, le 7/01/1643, p. 443 ; Délibération, le 4/02/1643, p. 444.
48 Délibération, le 2/03/1639, p. 352.
49 J.-P. Gutton, Dévôts et sociétés au XVIIe siècle : construire le ciel sur la terre, Paris, Belin, 2004, p. 12-13 et 22. Le pouvoir a approuvé leur action en faveur des pauvres et leur lutte contre les protestants et les juifs. Le roi Louis XIII a ainsi approuvé la Compagnie du Saint-Sacrement par lettre de cachet. Cependant, il ne tolère pas leur intervention dans le champ politique (P. Goubert, Mazarin, Paris, le Livre de Poche, p. 120).
50 L. Campeau, « Ville-Marie sous Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière », dans J.-R. Brault (dir.), Les origines de Montréal. Actes du colloque organisé par la Société historique de Montréal, Montréal, Leméac, 1993, p. 63-82 ; G. Havard, C. Vidal, Histoire de l’Amérique française, op. cit., p. 60. Bérulle et Marillac manifestent avec le même état d’esprit un vif intérêt pour l’éphémère Compagnie de la Nacelle fleurdelysée (Fr. Bluche, Richelieu, op. cit., p. 317).
51 ANOM, E106, Lettres de provisions de la charge de vice-roi et lieutenant général pour le roi… de l’Amérique, La Fère, juillet 1655, p. 2. Il se démet de sa charge en 1644.
52 Godefroy de Paris, « Introduction générale », dans Pacifique de Provins, Brève relation du voyage des îles de l’Amérique, op. cit., p. XVIII. Ce projet de séminaire sera poursuivi après la disparition du capucin. En 1651, Ventadour souhaite sa création en Amérique (APF, SOCG, 260, Ventadour à Massario, le 3/11/1651, fol. 165r/v ; APF, SOCG, 260, Ventadour au pape, fol. 166). Il est à l’origine du séminaire des missions étrangères. Sur les liens entre Pacifique de Provins et les Lévis-Ventadour, voir É. Roulet, « Les desseins missionnaires de Pacifique de Provins pour l’Amérique », dans B. Grunberg (éd.), Les Indiens des Petites Antilles, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 130 et 137.
53 PDP, p. 23. D’Anville devient vice-roi de l’Amérique en novembre 1644 (ANOM, E106, Lettres de provisions de la charge de vice-roi et lieutenant général pour le roi… de l’Amérique, La Fère, juillet 1655, p. 1).
54 APF, SOCG, 183, Autier de Sisgau à la Propagande de la Foi, Valence, le 1/10/1641, fol. 374 ; APF, SOCG, 183, Pacifique de Provins à Ingoli, Avignon, le 28/08/1641, fol. 433.
55 APF, SOCG, 260, Ventadour à Massario, le 3/11/1651, fol. 165r/v.
56 R. de Voyer d’Argenson, Annales de la Compagnie du Saint-Sacrement, Marseille, Imp. Saint-Léon, 1900, p. 135. René ii de Voyer de Paulmy, comte d’Argenson (1623-1700) est maître des requêtes en 1649, puis ambassadeur à Venise de 1651 à 1655 (Moreri, t. 10, p. 711).
57 F. Delforge, G. Pizzorusso, « Brunetti, Cosimo », dans J. Lesaulnier, A. Mckenna (dir.), Dictionnaire de Port-Royal, Paris, Champion, 2004, p. 222-223 ; S. H. Anderson, « Cosimo Brunetti Three Relations of the West Indies in 1659-1660 », Transactions of the American Philosophical Society, 59, 6, 1969, p. 1-49.
58 K. O. Kupperman, Providence Island 1630-1641, op. cit., p. 24 et 221 ; B. Van Ruymbeke, L’Amérique avant les États-Unis, Paris, Flammarion, 2013, p. 98-99.
59 BnF, ms fr. 17964, Chanut à Lionne, le 5/09/1648. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle », op. cit., p. 190.
60 L. Campeau, « La Condition économique des Jésuites dans une Nouvelle-France pionnière (1625-1670) », Les Cahiers des dix, 50, 1995, p. 26.
61 J.-C. Petitfils, Fouquet, op. cit., p. 30.
62 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 312 et 38.
63 « Monsieur le président Fouquet, qui aimait la Compagnie des révérends pères jésuites, fit en sorte que ces seigneurs traitassent avec eux », DT/1667, t. 1, p. 118. Voir aussi P. Pelleprat, Relation, op. cit., 1re partie, p. 12.
64 Les premiers carmes Ambroise de Sainte-Anne et Maurile de Saint-Michel partent de Nantes le 18 juillet 1646 pour fonder une colonie à la Grenade sous la conduite de Philbert de Nouailly (MSM, p. 77-78). D’autres viennent durant la décennie suivante. Ils ne seront jamais très nombreux. La province dite de Touraine comprend la Bretagne, l’Anjou, la Touraine, l’Orléanais, le Poitou et la Saintonge.
65 La maison Saint-Joseph est ouverte en 1617 et bénite par l’évêque d’Angers en 1618. La chapelle est dédiée à Saint-Christophe. Sur cette fondation voir R. de L’Esperonnière, Histoire de la baronnie de Candé, Angers, Lachèse, 1894, p. 410. Christophe Fouquet de Chalain (1559-1628) est l’oncle de François Fouquet. Il est président du parlement de Rennes, puis conseiller d’État en 1618. Son fils Christophe II (1591-1675) est président à mortier du parlement de Rennes en 1631 puis gouverneur de Concarneau (D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 27-29).
66 En 1621, Jehan d’Andigné, sieur des Grands et des Petites-Beauvais, s’avoue homme de foi simple à Christophe Fouquet de Chalain pour la ferme de la Grande-Haie. Jacques d’Andigné dit tenir sa maison de Maubuisson du seigneur de Chalain en 1621. Charles-François d’Andigné, sieur d’Angrie, marquis de Vezins, le propre fils de Charles d’Andigné, rend hommage en 1667 à Christophe Fouquet, comte de Chalain, président du parlement de Bretagne, pour tenir la terre d’Angrie de lui en tant que châtelain de Roche-Iré (R. de L’Esperonnière, Histoire de la baronnie de Candé, op. cit., p. 522 et 545 ; Aveu et dénombrement, le 10/08/1667, dans R. de L’Esperonnière, Histoire de la baronnie de Candé, op. cit., p. 322). Charles d’Andigné, seigneur d’Angrie († 1662), est chevalier de l’ordre du roi. Il sert aux Pays-Bas durant la Guerre de Trente ans (R. de L’Esperonnière, Histoire de la baronnie de Candé, op. cit., p. 320-321).
67 MSM, p. 43.
68 Délibération, le 2/07/1636, p. 273.
69 Délibération, le 3/12/1636, p. 285-286.
70 Délibération, le 7/01/1637, p. 287-288.
71 DT/1667, t. 1, p. 226 ; Bret/B, p. 178. Dutertre dit d’elle « elle avait un esprit altier et renuant, elle y prit un tel empire qu’elle faisait la loi aux commandants » (DT/1667, t. 1, p. 226).
72 Bibliothèque de l’institut de France, ms Godefroy 273, t. 1, Madame de la Fayolle à la Marguerie, la Guadeloupe, le 29/04/1644, fol. 149-150v. Pub. par B. Roux, « Mademoiselle de la Fayolle et l’éducation des indiennes caraïbes (1644) », dans B. Grunberg (éd.), Les Indiens des Petites Antilles, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 218. Madame de la Fayolle est un personnage mal connu. Tout ce que l’on sait c’est qu’elle appartient à la noblesse bordelaise et est vraisemblablement entrée dans la congrégation de Saint-Joseph quand elle est devenue veuve (B. Roux, « Mademoiselle de la Fayolle et l’éducation des indiennes caraïbes (1644) », op. cit., p. 217). Les chroniqueurs dominicains en font un portrait peu flatteur. Raymond Breton la fait passer pour une intrigante et une calomniatrice et lui attribue bon nombre de rumeurs contre les capucins de Saint-Christophe (Bret/RF, p. 118). Louis Laisné de la Marguerie († 1680) est conseiller au Grand conseil en 1635, puis maître des requêtes en 1644, enfin intendant en Guyenne, Languedoc, Normandie et Bourgogne. Il est premier président du parlement de Dijon de 1654 à 1657, puis conseiller d’État et directeur des finances (ACB/D, t. 8, p. 376).
73 A. Tallon, « Prière et charité dans la Compagnie du Saint-Sacrement (1629-1667) », Histoire, économie et société, 1991, 10e année, n° 3, p. 332 ; L. Carey Rosett, « À la recherche de la Compagnie du Saint-Sacrement à Montauban », Revue d’histoire de l’Église de France, 40, n° 135, 1954, p. 213. Elie Laisné de Marguerie († 1656) écrit en 1643 Les véritables motifs de messieurs et dames de la société de Nostre-Dame de Montreal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France. Il est conseiller au parlement de Paris, maître des requêtes en 1617 puis premier président du parlement d’Aix (M.-C. Daveluy, « Bibliographie de la Société de Notre-Dame de Montréal (1639- 1663) et de ses membres, accompagnée de notes historiques et critiques », RHAF, 12-3, 1958, p. 443-449 ; ACB/D, t. 8, p. 376).
74 DT/1667, t. 1, p. 226.
75 Ibid., p. 247 et suiv.
76 APF, SOCG, 89, Le duc de Ventadour à la Propagande de la Foi, Paris, le 23/06/1644, fol. 352.
77 Il intervient auprès du cardinal pour recommander le capucin Hyacinthe de Paris, (APF, SOCG, 133, Claude de Mesmes à Antonio Barberini, Paris, le 2/03/1633, fol. 6). Hyacinthe de Paris est l’un des principaux collaborateurs du père Joseph qui organise les missions étrangères en France (C. Martin, Les compagnies de la propagation de la foi (1632-1685), Genève, Droz, 2000, p. 44).
78 M.-C. Daveluy, « Bibliographie de la Société de Notre-Dame de Montréal (1639-1663) et de ses membres, accompagnée de notes historiques et critiques », RHAF, 13-4, 1960, p. 596. Jean-Antoine de Mesmes (1598-1673) est conseiller au parlement puis maître des requêtes. Il président à mortier à la mort de son frère aîné Henri en 1651 (ibid., p. 594-596).
79 APF, SOCG, 133, Gallard à Antonio Barberini, Paris, le 28/02/1633, fol. 5 ; APF, SOCG, 133, Gallard à Francesco Ingoli, Paris, le 28/02/1633, fol. 14. Jean Gallard a tenté d’obtenir la reconnaissance canonique de la Compagnie du Saint-Sacrement (C. Martin, Les compagnies de la propagation de la foi, op. cit., p. 44). Il occupe une place politique d’importance. Il est gouverneur de Saintonge et d’Angoumois puis chef du conseil de la reine (Moreri, t. 5, 1759, p. 20).
80 APF, SOCG, 199, Hyacinthe de Paris à la Propagande de la Foi, Paris, février 1639, fol. 333-338 ; APF, Congressi, AA, I, Relation de l’île de la Guadeloupe, fol. 156v-185v. Il existe aussi dans les archives de la Propagande de la Foi une relation (courte) du lieutenant général de la Guadeloupe, La Grange (APF, SOCG, 259, Relatione de de La Grange, septembre 1645, fol. 164-166).
81 Ses nombreuses lettres, qui reposent aux archives de la Propagande de la Foi, en particulier dans la série SOCG, en témoignent.
82 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 132.
83 Les récits des missionnaires sont emplis de récits de conversions de protestants (Chev, p. 156 et suiv. ; P. Pelleprat, Relation, op. cit., 1re partie, p. 24 et suiv.). Le carme Maurile de Saint Michel en tient même la comptabilité (MSM, p. 118-119, 192 et 221-222).
84 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 134.
85 Lettre de N. Fouquet, Paris, le 8/01/1654, dans É. de Flacourt, Histoire de la Grande Isle, op. cit., p. 380.
86 ANOM, F2A13, Articles accordés entre les associés de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 13/02/1635, p. 10. Le propos de Georges Servant est erroné quand il dit que les assemblées ordinaires « se traitaient entre les directeurs seuls » (G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 521).
87 L’envoi des délibérations est évoqué le premier décembre 1645 (Délibération, le 1/12/1645, p. 496).
88 Délibération, le 31/01/1635, p. 243.
89 Délibération, le 4/02/1638, p. 321.
90 Délibération, le 24/02/1642, p. 422-423 ; Délibération, le 23/12/1642, p. 442.
91 Nous ne disposons pas toujours des listes des associés présents aux assemblées en 1648, nous n’en avons que quatre, mais nous relevons le nom de Ladvocat à deux reprises le 15 mai 1648 et le 4 septembre 1648 (Délibération, le 15/05/1648, p. 509 ; Délibération, le 4/09/1648, p. 513).
92 Délibération, le 4/06/1636, p. 269 ; Délibération, le 2/07/1636, p. 273 ; Délibération, le 6/08/1636, p. 278 ; Délibération, le 3/12/1636, p. 283.
93 Leurs taux de participation aux assemblées sont respectivement de 51,6 %, 54,7 % et 76,6 %.
94 Délibération, le 9/12/1644, p. 474 ; Délibération, le 6/01/1645, p. 476. Charles Houël s’est installé à la Guadeloupe au mois de septembre 1643. Il quitte l’île le 24 août 1644 pour se rendre en France. Il ne rejoint son poste que le 15 ou le 29 mai 1645 (Bret/RF, p. 120-121 ; PDP, p. 25-26).
95 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 63-71.
96 Délibération, le 5/01/1646, p. 498 ; Délibération, le 2/02/1646, p. 499 ; Délibération, le 2/03/1646, p. 501.
97 Délibération, le 31/01/1635, p. 243 ; Délibération, le 5/12/1635, p. 254 ; Délibération, le 3/12/1636, p. 281.
98 Délibération, le 31/01/1635, p. 243 ; Délibération, le 5/12/1635, p. 254 ; Délibération, le 3/12/1636, p. 281 ; Délibération, le 2/12/1637, p. 310.
99 Délibération, le 31/01/1635, p. 243
100 Délibération, le 3/12/1636, p. 281 ; Délibération, le 5/01/1639, p. 348 ; Délibération, le 2/03/1639, p. 351.
101 Délibération, le 31/01/1635, p. 243.
102 Délibération, le 6/01/1645, p. 476 ; Délibération, le 5/05/1645, p. 487.
103 Délibération, le 25/08/1635, p. 252.
104 Délibération, le 5/03/1636, p. 259.
105 L’augmentation du capital est prévue rappelons-le dans le règlement de 1635 (ANOM, F2A13, Articles accordés entre les associés de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 13/02/1635, p. 12-13).
106 Délibération, le 9/12/1644, p. 476.
107 Délibération, le 6/01/1645, p. 476.
108 Ibid., p. 478.
109 DT/1667, t. 1, p. 441.
110 « Et feu monsieur Fouquet désira qu’elle fut restreinte aux îles », BnF, Cinq-Cents Colbert, 45, Poincy à Richelieu, Saint-Christophe, le 15/11/1640, fol. 460v, cité dans Ch. de La Roncière, Histoire de la marine, op. cit., t. 4, p. 663.
111 Regnould à Fouquet, le 28/12/1639, dans DT/1667, t. 1, p. 146.
112 DT/1667, t. 1, p. 146.
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