Chapitre 1. Aux origines : la Compagnie pour les îles
p. 21-56
Texte intégral
1La fondation de la première compagnie française aux Antilles est née des promesses d’un capitaine normand, Pierre Belain d’Esnambuc, et de la volonté d’un ministre, le cardinal de Richelieu, qui a su voulu donner un cadre à la colonisation des îles.
Les îles, la mer et Richelieu
Les Français aux Antilles au xviie siècle
2Si les Français sillonnent la mer des Caraïbes depuis le xvie siècle et affrètent de nombreux navires pour « les îles du Pérou » comme on les nomme à cette époque car elles sont la porte d’entrée vers le continent, voire s’établissent temporairement, pour des périodes plus ou moins longues, dans les îles1, c’est l’arrivée du capitaine normand Pierre Belain d’Esnambuc à Saint-Christophe qui signe le début de la colonisation officielle des Petites Antilles2. Les circonstances de sa venue demeurent obscures. L’histoire qui en a été établie par le chroniqueur dominicain Jean-Baptiste Dutertre au milieu du xviie siècle raconte qu’il en a pris possession en 1625 quand, en quête de sécurité après un combat aventureux aux îles Caïmans contre un galion espagnol de 400 tonneaux, il vient toucher les rivages de l’île. Il aurait quitté Dieppe l’année même3. Mais il est probable que d’Esnambuc est parti plus tôt de France car la documentation espagnole fait état de sa présence dans la Caraïbe en 16244. Philippe Barrey pense en s’appuyant sur une charte-partie qu’il est en fait en mer à bord de l’Espérance depuis 16235. Les invraisemblances du récit du dominicain ont été depuis longtemps soulignées. Comment un petit bateau a-t-il pu s’en prendre à un galion puissamment armé de trente-cinq pièces d’artillerie ? Comment a-t-il pu naviguer durant quinze jours jusqu’à Saint-Christophe à demi fracassé, ne pouvant presque plus tenir la mer, les voiles percées de coups, les cordages rompus et l’équipage décimé ? Le dominicain croit-il vraiment à cette odyssée ? Il a pu éprouver certains doutes, mais il trouve une ultime explication à cet exploit, « [d’Esnambuc] fut inspiré de Dieu qui l’avait choisi pour être le père et le fondateur des colonies françaises dans les îles cannibales6 ». Tout conduit à valoriser le rôle de d’Esnambuc. Il semble que le combat ait plutôt été du fait d’un autre capitaine normand, Urbain de Roissey, qui menait alors la course à l’Espagnol dans les parages, tout comme lui7. Des auteurs associent parfois les deux capitaines dans le combat8. Par ailleurs, rien ne fut vraiment fortuit comme le voudrait la légende. D’Esnambuc connaissait vraisemblablement Saint-Christophe, car il avait déjà parcouru la Caraïbe en 1620 à bord d’un navire de quatre-vingts tonneaux, la Marquise, armé pour le Cap-Vert, le Sierra Leone, le Brésil et le Pérou9. Saint-Christophe est à cette époque une île très fréquentée par les marins français. Certains s’y sont même installés pour y cultiver le pétun (le tabac). Le capitaine du Saint-Louis, Nicolas Le Long, dépose ainsi en 1625 à Saint-Christophe les membres de l’équipage de la Levrette qu’il a recueilli à la Martinique où leur leur navire avait fait naufrage deux ans plus tôt. Les marins rescapés se consacrent alors à la culture et à la récolte du pétun pour le compte d’un certain Guillaume Prempain dit Chambeau, originaire de Caen, qui y est alors établi avec plusieurs associés. Ils chargent la marchandise sur des navires hollandais à destination de Flessingue10. Les Français forment une petite communauté de quatre-vingt hommes avec quarante esclaves et ont déjà fondé deux forts, de petites constructions rudimentaires pour surveiller les mouvements au loin, et peut-être armés de canons pris sur des navires11. Ils y côtoient en bonne intelligence les Anglais qui occupent le centre de l’île. Ces derniers sont arrivés à Saint-Christophe avec le capitaine Thomas Warner le 28 janvier 1623. Ils sont rejoints en 1624 par les hommes amenés par le capitaine Jefferson sur son bateau le Hope Well. C’est probablement à ce moment que Warner se rend en Angleterre pour aller chercher une lettre de commission qui l’établisse gouverneur de l’île12. Il obtient du roi le précieux document en 162513.
3Il n’est pas certain que l’installation des Européens ait été bien acceptée par les Indiens, car les Anglais les ont refoulés pour construire leur établissement au centre de l’île. Français et Anglais, craignant qu’ils ne les attaquent, s’unissent bientôt pour les chasser définitivement. Jean-Baptiste Dutertre rapporte dans son histoire comment ils surprennent les Indiens qui sont dans leurs quartiers et les poignardent dans leurs lits. Le dominicain parle de cent ou cent vingt morts. Français et Anglais poursuivent ensuite ceux qui se sont regroupés en dehors de leurs villages. Les combats sont acharnés et font de nouvelles victimes. Les Français et les Anglais s’imposent et deviennent les maîtres de l’île14. Les Caraïbes sont refoulés, mais peut-être pas totalement chassés. Ils doivent se trouver sur les franges qu’on veut bien leur laisser.
4D’Esnambuc reste plusieurs mois à Saint-Christophe. Il fait réparer son bateau et visite l’île. Les raisons de son long séjour ne sont pas établies. Évalue-t-il le potentiel de l’endroit ? Envisage-t-il sa colonisation ? Cela a généré les plus folles et invraisemblables hypothèses. Certains auteurs, comme Isidore Güet, ont voulu croire que d’Esnambuc échafaudât alors un plan pour prendre possession des îles, s’enrichir et faire la gloire de la France15. Faute de sources, il est difficile de se prononcer. Peut-être l’idée d’obtenir du roi les documents qui assoient son emprise sur l’île et l’assurent d’être sur place le grand organisateur de la colonie a-t-elle germée lors du départ pour l’Angleterre de Warner.
5Toujours est-il que d’Esnambuc repart l’été suivant en compagnie de Roissey qui l’a rejoint sur l’île. Ils chargent sur leur navire du pétun qu’ils escomptent revendre en France pour couvrir leurs frais16. D’Esnambuc attendait probablement tout simplement la récolte de pétun. Les deux capitaines arrivent au Havre en septembre 162617. Ils y écoulent leur précieuse cargaison, puis ils gagnent Paris où ils sont reçus par le cardinal de Richelieu le 2 octobre 1626. Comment la rencontre a-t-elle pu se produire ? C’est probablement au Havre qu’une bonne partie de l’affaire s’est jouée. Il est vraisemblable que Jean Cavelet, sieur du Herteley, sert d’intermédiaire entre d’Esnambuc et le cardinal, car il est en relation avec l’un et l’autre. Cavelet du Herteley et d’Esnambuc se connaissent de longue date. En effet, ils sont du même pays, d’Esnambuc est d’Allouville dans le pays de Caux et le frère aîné de Jean Cavelet, Pierre Cavelet de Houquetot, seigneur de Vertbosc, est lieutenant civil et criminel à Caudebec18. Leurs familles se fréquentent. C’est à Jean Cavelet que François Belain, sieur de Quenouville, le frère de d’Esnambuc, vend le 19 avril 1623 une terre sise en la paroisse Saint-Michel-de-la-Chapelle. La famille Cavelet participe depuis longtemps au commerce transatlantique. Le père de Jean Cavelet, Pierre Cavelet, écuyer et sieur de Lymare, qui a fondé une maison de commerce au Havre, arme des navires pour l’Amérique. Son frère, François Cavelet, sieur de Roudemare, part vers les îles à bord du Saint-Pierre, à l’âge de vingt-trois ans en 161519. À la mort de son père en 1619, Jean assure la conduite de la maison de commerce familiale. Il est intéressé aux voyages d’Esnambuc aux Antilles. Il a un seizième du navire la Marquise qui transporte d’Esnambuc en 1620 aux îles du Pérou20. Philippe Barrey pense qu’il a aussi investi dans l’affaire de 1623 par homme de paille interposé, un certain Jean Lhurier. Isidore Guët soutient que Cavelet du Herteley est l’un des principaux propriétaires de la Victoire sur laquelle d’Esnambuc embarque, selon lui, en 1625 pour les îles21. Tout cela est plausible, et particulièrement séduisant, mais manque d’éléments tangibles pour éclairer la nature exacte et l’importance des relations entre les deux Normands. Les rapports entre Cavelet du Herteley et Richelieu doivent être assez étroits, étant donné les responsabilités que lui confie le cardinal au Havre, même s’ils ne sont pas clairement identifiables à cette époque. En effet, Richelieu n’est pas encore gouverneur du Havre – il ne le sera qu’au mois d’octobre 1626 – et Cavelet du Herteley encore moins son receveur général. Mais ce n’est qu’une question de semaines22. Il est dans ces conditions possible et vraisemblable que ce soit fort d’une introduction de Cavelet du Herteley que d’Esnambuc se présente au cardinal23.
Les desseins de Richelieu
6L’intérêt de Richelieu pour les choses de la mer n’est plus à démontrer depuis les travaux d’Henri Hauser24. Cependant, il convient de lui donner une juste place. Cet intérêt est récent, mais il le conduit à prendre rapidement des initiatives dans ce domaine25. Depuis qu’il est revenu aux affaires, Richelieu s’attache à recréer une marine et à en refondre les institutions. Il accapare toutes les charges dans ce domaine. En janvier 1624, il crée un conseil de Marine, mais il n’a peut-être jamais été réuni car la charge d’amiral qui préside à ces affaires est encore exercée. Il est dissous en 1626 quand Richelieu devient grand maître et surintendant de la navigation et du commerce de France. Cependant, il réapparaît quelques années plus tard en 163026. Des conseillers d’État et de la Marine, comme Ruzé d’Effiat et Châteauneuf, et des maîtres des requêtes, comme François Fouquet, y siègent. Richelieu fait aménager au palais cardinal une salle pour accueillir le conseil. Il existait aux dires de l’un des hommes du cardinal, Julius de Loynes, un autre conseil pour les affaires de la Marine formé de six conseillers d’État, présidé par l’archevêque de Bordeaux, Henri de Sourdis, qui s’occupait essentiellement des affaires relevant de l’amirauté (naufrages, confiscations27).
7En octobre 1626, Richelieu obtient du roi le gouvernement du Havre. C’est, aime à le rappeler Joseph Bergin, son premier gouvernement. Si Richelieu avait déjà des vues sur Le Havre et la Normandie depuis quelques années, ce sont les événements qui vont décider du sort de la place. Le gouverneur du Havre, Georges de Brancas, marquis de Villars, est alors en fâcheuse posture. Il est impliqué dans la conjuration de Chalais (il devait notamment fournir un refuge aux conspirateurs après leur forfait) et son sort est en suspens depuis l’échec du complot. Il n’est pas en situation de négocier quoi que ce soit avec le cardinal. Aussi, ne peut-il repousser l’offre du cardinal et lui abandonne-t-il le gouvernement du Havre. Il obtient en échange un duché-pairie et la lieutenance générale de la province28. Richelieu lui verse le 1er décembre 1626 345000 livres29. Le cardinal investit des sommes importantes dans la place du Havre. Il dépense 511680 livres en 1627 et en 1628 pour la construction de vaisseaux, l’artillerie, la fonderie et l’entretien de la garnison30. En 1635, il fait faire un bassin, des écluses et acheter des maisons pour permettre de nouvelles constructions pour 120000 livres, auxquelles il faut ajouter 25000 livres consacrées à la ville et à la citadelle31. Cependant, les investissements de Richelieu favorisent surtout la place forte et non les activités commerciales32. Mais l’édit de janvier 1627 octroie au port de grands privilèges qui confortent sa position33. Richelieu accroit encore son emprise sur la région en acquérant les gouvernements voisins de Harfleur, Montivilliers, Pont-de-l’Arche et Honfleur. Il achète aussi le marquisat de Graville34. Son cousin La Meilleraye est gouverneur de Rouen et lieutenant général de la Normandie35. Le cardinal ambitionne vraisemblablement dès cette époque de contrôler le littoral et les ports. Cette volonté va se concrétiser dans les années suivantes avec l’obtention des gouvernements de La Rochelle (1630) et de Nantes (1632) et les nominations de ses proches dans plusieurs autres places. Il tient ainsi Brest par gouverneur interposé36. Son beau-frère, Urbain de Maillé-Brézé, est gouverneur de Calais en 163237.
8Mais la consécration de Richelieu comme grand ordonnateur des affaires maritimes et commerciales du royaume vient avec l’acquisition de la charge de grand maître et de surintendant de la navigation et du commerce de France nouvellement créée par le roi en octobre 162638. Les quatre amiraux qui jusque-là avaient toute autorité sur les côtes sont dépossédés de leurs pouvoirs39. Leur compromission dans les complots aristocratiques va servir Richelieu pour les écarter définitivement. Henri II de Montmorency abandonne sa charge d’amiral de France le 20 novembre 1626 suite à son implication dans la conjuration de Chalais40. Elle est supprimée en janvier 162741. Montmorency reçoit un important dédommagement de plus d’un million de livres42. Richelieu doit cependant lutter pour imposer son autorité. Le duc de Guise, étant allé se réfugier en Italie par crainte de Richelieu, perd son amirauté de Provence. Le parlement d’Aix enregistre alors les lettres de grand maître de la navigation de Richelieu et reconnaît son pouvoir. Le cardinal se fait aussi attribuer, le 16 septembre 1631, le gouvernement de Bretagne43.
9Ces charges et ces gouvernements ne visent pas seulement à appuyer sa politique commerciale mais aussi à s’enrichir. Richelieu voit dans le commerce et la marine un moyen de faire des profits. Le roi Louis XIII lui concède d’ailleurs en 1627 et en 1628 un certain nombre de privilèges fiscaux comme les droits de congé que doivent acquitter les bateaux qui prennent la mer et les droits d’ancrage44. Il y a bien un intérêt personnel. Cela s’avère parfois en contradiction avec sa charge de grand maître. Joseph Bergin souligne ainsi que Richelieu ne règle pas les très fortes disparités entre les ports pour l’acquittement des droits de l’amirauté car il y trouve une source importante de revenus45. C’est d’ailleurs encore pour consolider ses rentrées fiscales que Richelieu choisit d’affermer ses droits plutôt que de laisser ses représentants faire les levées et lui rendre, fort mal, des comptes46. Cependant, l’expérience ne fut pas une grande réussite en Normandie47.
Richelieu et les compagnies
10Richelieu nourrit un vaste et ambitieux projet afin de « se rendre maître de la mer » dans lequel les compagnies sont un des pions essentiels. Il a compris qu’elles étaient une des raisons de la puissance hollandaise, l’alliée en cette époque troublée par la guerre, et en a chaque jour la démonstration. La puissance d’un État n’est pas seulement une affaire de manœuvres militaires, d’alliances et de diplomatie, mais encore d’économie. Richelieu ne peut que déplorer la situation du royaume dans ce domaine. Il confie au garde des Sceaux, Michel de Marillac, que la faiblesse de la France sur mer est, pour lui, une offense à la puissance française48. À la force sur terre, il convient d’ajouter la force sur mer qui seule permet d’assurer le commerce et d’affirmer la grandeur française. Commerce et marine sont liés. Richelieu s’assigne plusieurs objectifs : d’une part, développer la marine française particulièrement insignifiante – pensons que le roi en est réduit à cette époque à louer des navires aux Hollandais49 –, et d’autre part, étendre le commerce.
11Richelieu voit grand. Il veut une compagnie générale. L’idée n’est pas nouvelle. Elle remonte à Henri IV, mais elle n’a pas connu le début d’une quelconque concrétisation50. Richelieu ne se satisfait pas des petites compagnies françaises qui n’offrent aucune garantie et demeurent uniquement entre les mains de particuliers sans participation de l’État51. Elles font par ailleurs l’objet de nombreuses critiques. Les privilèges exclusifs qui leur sont accordés sont peu appréciés du monde marchand, et les assemblées provinciales comme par exemple les États de Bretagne en 1619, relaient leurs doléances52. Les économistes de l’époque à l’instar de Philippe de Béthune n’en considèrent pas moins que l’unique moyen pour développer le commerce est de fonder des compagnies en s’inspirant du modèle hollandais53. La Compagnie hollandaise des Indes orientales, la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (VOC), a fait ses preuves. La création de son pendant pour l’Atlantique, la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, la West-Indische Compagnie (WIC), le 3 juin 1621 suscite beaucoup d’intérêt en France. Le père jésuite Georges Fournier lui consacre une page entière de son Hydrographie54. Richelieu esquisse dès 1625 les grandes lignes de son projet55. Le 31 mars 1626, il forme avec des marchands et des officiers la Compagnie du Morbihan dite des Cent-Associés pour le commerce par terre et sur mer au Levant et au Ponant. Le capital prévu est de 1600000 livres, dont le quart est promis pour construire et équiper des navires. Le lien avec le pouvoir est évident. La Compagnie disposera d’un représentant auprès du surintendant des finances56. Par deux fois, en juillet et en août 1626, le roi ratifie le contrat par un édit royal57. Le 19 mai 1626, est crée une autre compagnie, la Compagnie de la Nacelle de Saint-Pierre fleurdelysée, pour le développement des pêcheries58. Les deux compagnies ne connaîtront d’existence que sur le papier. Mais elles n’en illustrent pas moins une volonté du pouvoir de se doter d’outils performants.
12Il reste à Richelieu à trouver des investisseurs. Car si l’État aspire à conduire ce projet, il recherche pour le mener à bien l’implication et l’argent des particuliers. Mais Richelieu doit constater que l’importance de la mer n’est ni comprise ni partagée par tous. Les membres du conseil ne sont pas convaincus et le cardinal doit imposer ses vues. La noblesse boude le commerce, voire le méprise59. Cela conduit le pouvoir à affirmer que les gentilshommes peuvent pratiquer le commerce sans déroger. Un bourgeois parisien, Jean Le Cler, propose lui d’anoblir les armateurs pour les récompenser et rapprocher ainsi les deux conditions60. Heureusement, Richelieu peut compter sur des soutiens pour poursuivre sa politique. Isaac de Razilly, le commandant de la Marine au Havre en 1626, se fend auprès de lui d’un mémoire soulignant l’importance des affaires de la mer61. Des publications entretiennent l’esprit d’entreprise en racontant les expéditions maritimes françaises62. Il existe un intérêt pour la navigation et les choses de la mer en France. La publication à Paris du Traité de navigation et des voyages de découverte et conquête modernes de Pierre Bergeron en est un bel exemple63. Richelieu souhaite entreprendre les notables réunis aux Tuileries en assemblée à la fin de l’année 1626 sur le thème de la lutte commerciale et des moyens à lui allouer. Cependant, il laisse ce soin au garde des Sceaux, Michel de Marillac, à qui il remet un mémoire sur le sujet, pour se consacrer personnellement à l’avancée des réformes de l’État qu’il juge capitales64. Mais Marillac suit peu ses indications pour son discours65. Les propositions faites n’abordent pas ou peu la question de la mer et du commerce. Il est surtout question, de la suppression de la charge d’amiral66. Quant-à Richelieu, tout au plus file-t-il dans son discours devant les notables la métaphore maritime pour parler de la France, « ès grandes tempêtes, il faut partager son bien avec la mer, pour soulager le vaisseau et éviter le naufrage67 ». Ce n’est que dans ses mémoires, alors qu’il relate le déroulement de l’assemblée, que Richelieu s’épanche sur ce sujet et livre le fond de sa pensée : « il faut voir, comme nos voisins s’y gouvernent, faire de grandes compagnies, obliger les marchands d’y entrer, leur donner de grands privilèges, […] faute de ces compagnies […] ils sont la proie des corsaires et des princes nos alliés parce qu’ils n’ont pas les reins assez forts, comme aurait une grande compagnie, de poursuivre leur justice jusques au bout68 » Il souligne encore dans son testament politique cet intérêt pour les affaires de la mer. Il lui consacre la cinquième section « de la puissance sur la mer » (chapitre IX, section V) et la sixième section « qui traite du commerce comme une dépendance de la puissance de la mer, et spécifie ceux qu’on peut faire commodément » (chapitre IX, section VI)69.
13La proposition de coloniser les Antilles faite par le capitaine d’Esnambuc s’insère bien dans le projet maritime et commercial du cardinal. Mais quelle place y occupe-t-elle ? Quel est le sentiment de Richelieu sur les Antilles ? Y voit-il un intérêt particulier ? Les rois et les ministres de France n’ont jamais accepté le partage du Monde entre les puissances ibériques fait par le pape Alexandre VI en 1493 et par le traité hispano-portugais de Tordesillas de 1494. Richelieu conteste d’ailleurs lui-même cette appropriation des terres de l’Amérique en dénonçant « la jalousie des Espagnols ne permettant pas de souffrir des établissements en ces lieux70 ». Il ne considère pas les îles comme espagnoles car elles ne sont pas occupées. C’est ce qui fonde la légitimité de la France à s’y installer. Les chroniqueurs des Antilles poursuivent dans cette veine. Le père jésuite Jacques Bouton rappelle que les Espagnols n’ont pas voulu s’établir dans les îles « ayant su que les naturels du pays étaient cannibales et anthropophages, qui ne trouvaient aucune chair plus délicate que celle de leurs ennemis. Ne désirant sitôt mourir, [ils] passèrent outre pour chercher quelque meilleure fortune71 ». Alors pourquoi s’installer dans les îles ? Richelieu sait que les Espagnols tirent leur puissance de l’argent des Indes72. Les Antilles peuvent être une base intéressante sur la route du galion espagnol. Cela pourrait justifier le fait que l’escadre de Cahusac qu’il envoie dans les Antilles en 1629 aille en maraude sur les côtes de Saint-Domingue73 ? Mais pense-t-il que les îles puissent servir de bases arrières pour porter atteinte à la puissance espagnole en obligeant à une dispersion de ses forces et notamment de ses flottes alors que la France l’affronte à cette époque dans la péninsule italienne74 ? Rien n’est moins sûr. On ne trouve pas sous sa plume cette orientation particulière, agressive et guerrière, de la politique antillaise portée quelques décennies auparavant par Philippe Duplessis-Mornay dans son adresse au roi Henri III en 158475. Il est plus fructueux selon le cardinal de tarir la source de la puissance espagnole en l’obligeant à la dépense76. Richelieu a pu aussi avoir des vues religieuses, c’est un homme d’Église désireux d’affirmer la doctrine catholique, et même des aspirations missionnaires. Le dominicain Mathias Dupuis insiste sur son souci de l’évangélisation des Indiens77. Mais dans quelle mesure le sort des Caraïbes l’a-t-il ému ? L’intérêt des Antilles sur le plan économique n’est pas davantage évident aux yeux de Richelieu. Il écrit ainsi dans son Testament politique que « les petites îles de Saint-Christophe et autres situées à la tête des Indes peuvent rapporter quelque tabac, quelques pelleteries et autres choses de peu de conséquences78 ». Il espère davantage du commerce en Méditerranée. Les îles ne sont pas sa priorité. Elles occupent une place modeste dans ses projets.
14Cela étant dit, Richelieu ne se désintéresse pas des Antilles. Il en attend vraisemblablement un certain bénéfice car il favorise l’implantation de la Compagnie au Havre dont il détient le gouvernement. Elles contribuent à faire de la base normande le grand centre du commerce du royaume79. Autant dire que rien dans la création de la première compagnie n’est dû au hasard, et l’entrée de Richelieu dans son capital est motivée tout autant par des considérations générales que particulières, politiques que privées. Richelieu entend bien d’une façon ou d’une autre contrôler la Compagnie pour qu’elle soit le relais des intérêts de l’État et des siens propres.
15Mais le cardinal nourrit-il un grand dessein colonial ? Certains l’ont soutenu, et pas mal de ses contemporains. Ainsi, le père dominicain André Chevillard parle « des desseins du cardinal pour l’Amérique ». C’est d’ailleurs le titre de sa relation publiée en 1659. Mais n’est-ce pas prêter au cardinal des buts qu’il n’espérait pas ? Il a pu en revanche céder aux sirènes de la gloire dans une aventure au lointain. Antoine de Montchrestien n’écrit-il pas que le Nouveau Monde est l’un des deux chemins ouverts « à l’acquisition de la gloire80 » ? Certes les colonies sont soutenues, du moins politiquement, parfois aussi militairement, avec l’envoi d’escadres, mais n’est-ce pas davantage pour affirmer la grandeur de la monarchie et exalter la figure du roi ? Le débat sur les intentions réelles du cardinal en matière coloniale est toujours ouvert et l’analyse de la vie de la Compagnie des îles peut y contribuer.
16Il semble en revanche que la projection de la puissance de l’État sur l’univers ultramarin et le rôle dévolu aux compagnies de commerce et de colonisation participent à l’affirmation de l’État et lui donner une dimension « impériale » pour reprendre la terminologie en usage aujourd’hui, quoique le projet lui-même n’ait pas encore été clairement formulé81.
La formation de la première compagnie
17Le 2 octobre 1626, d’Esnambuc et Roissey rencontrent le cardinal à Paris. De quoi ont-ils discuté ? Qu’ont-ils négocié ? Il apparaît que Richelieu a donné son accord de principe aux deux capitaines pour leur confier le gouvernement de Saint-Christophe au nom du roi et entreprendre la colonisation de l’île82. Il a su saisir l’opportunité qui s’offrait. Peut-être même une commission a-elle été rédigée. Mais ce n’est qu’à la fin du mois que le document est finalisé. En quelques semaines, le cadre général de la colonisation est arrêté. L’architecture en est simple. Une compagnie reçoit du roi le privilège de la colonisation qui est menée sur place par les deux capitaines. La présence anglaise sur l’île a peut-être précipité la prise de décision. Trois documents sont établis le 31 octobre 1626 : un acte de fondation d’une compagnie « pour les îles », une commission pour les deux capitaines d’Esnambuc et Roissey et un contrat liant les différentes parties. Mais il n’est pas certain que l’organisation ait été pensée tout de suite de façon globale. La commission ne mentionne pas par exemple la Compagnie. On peut s’en étonner. Il est possible qu’elle résulte des premiers entretiens entre le cardinal et les capitaines alors que la décision de la création de la Compagnie n’a pas encore été prise ou ses modalités arrêtées. Le mode de négociation des différents accords explique peut-être aussi cette situation. Ils ont été conclus lors de rencontres bipartites, et vraisemblablement simultanées entre le cardinal et les associés de la compagnie d’une part, et entre le cardinal et les capitaines, d’autre part. Les uns et les autres ne savent pas alors ce qui est discuté par leurs futurs partenaires. L’articulation entre les différents acteurs ne se fait qu’avec le contrat qui définit les droits et les devoirs de chacun.
Les actes fondateurs
18La commission établie par Richelieu pour d’Esnambuc et Roissey leur donne la permission de peupler, fortifier, cultiver et faire encadrer religieusement les autochtones et les colons, dans les îles de Saint-Christophe et de la Barbade pour vingt ans. Elle reprend très certainement les termes de l’accord du 2 octobre 162683. Concrètement, ils doivent assurer la sécurité du commerce, c’est-à-dire armer et équiper les hommes, préparer les bateaux, éventuellement lutter contre les pirates. Tout doit être fait pour que les navires français puissent traiter en toute liberté. D’Esnambuc et Roissey doivent rendre compte de leur mission au cardinal de Richelieu84.
19Le 31 octobre 1626, la Compagnie est constituée. Elle n’a pas de nom, et n’est définie que par son but, c’est une « fidèle association […] pour faire habiter et peupler les îles de Saint-Christophe et la Barbade, et autres situées à l’entrée du Pérou85 ». L’idée d’une compagnie n’en revient peut-être pas au cardinal lui-même mais il en est l’artisan et le principal actionnaire86. Elle est l’occasion pour lui d’affirmer ses prérogatives de grand maître et surintendant de la navigation et du commerce de France et de faire taire par cet acte de fondation les critiques et les remises en cause de son autorité.
20L’acte qui fonde la Compagnie mentionne ses buts et les parts des associés dans l’entreprise. Le but premier est la colonisation et le peuplement des îles entre le onzième et le dix-huitième degré au nord de la ligne équinoxiale sous l’autorité du roi. Saint-Christophe et la Barbade sont clairement mentionnées et sont à privilégier. Il convient ensuite d’évangéliser les populations et de faciliter le commerce. La Compagnie doit envoyer hommes et provisions dans les îles sur les bateaux qui constitueront sa flotte. Elle est composée pour vingt ans et dispose d’un capital de 45000 livres constitués en parts. Chaque associé s’engage « au profit et à la perte ». Le capital peut éventuellement être augmenté. Cependant, les treize associés n’avancent en 1626 qu’une partie du capital. Richelieu donne 10000 livres ; d’Effiat, Marion, de Flécelles, Morant, Guénégaud, Bardin-Royer, Cavelet du Herteley, Cauville, Martin de Maunoy, Cornuel, chacun 2000 livres ; et Ladvocat et Ferrier, chacun 1000 livres87. Le capital réel de la Compagnie ne se monte qu’à 3000 livres. Il manque 13000 livres. Les informations sur la valeur des parts lors de leur vente sont contradictoires. Nous observons que Claude Cornuel donne 2000 livres le 7 décembre 1626, puis 400 livres le 31 mars 1627, 400 livres le 3 avril 1628 et enfin 1500 livres le 15 mars 162988. La part vaut ainsi au final 4300 livres. C’est à ce prix qu’elles se négocient dans les années suivantes89. Mais en 1635, la veuve du maréchal d’Effiat vend la participation de son mari pour seulement 2000 livres90. Georges Servant assure qu’il y a en 1626, 21 parts d’une valeur de 2000 livres chacune et 3 demi-parts de 1000 livres. Mais en ce cas qui sont les détenteurs des parts qui manquent ? Il ne répond pas à la question. Il ne traite pas davantage dans son étude, des nombreuses acquisitions et cessions de parts, ni ne dessine une quelconque évolution de l’actionnariat. Il se contente de dire qu’« un grand nombre de cessions eurent lieu », pour conclure sur un « nous n’insisterons pas car la liste serait fastidieuse » qui laisse songeur91. Il est vraisemblable que l’armement des navires de Roissey et de Vaullart en 1628 par la Compagnie a été rendu possible par l’arrivée de nouveaux associés92. Claude de Launay Razilly a pu entrer à cette occasion dans la Compagnie puisque son contrat de mariage de 1629 mentionne qu’il possède alors 7000 livres dans la Compagnie93. Dutertre précise que les armements de 1628 ont coûté 12500 livres (en deux versements de 3500 et de 9000 livres94). Cette somme, si elle représente, comme nous le supposons, de nouvelles parts, porte le capital total de la Compagnie à 44500 livres (32000 +12500 livres). Il manque encore 500 livres pour atteindre les 45000 livres attendues. Eut égard aux autres compagnies de l’époque, elle semble faiblement capitalisée. Il est par exemple prévu que la Compagnie du Morbihan ait 1 600 000 livres en 1625 et la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent-Associés 300 000 livres, constituées de 100 parts de 3000 livres en 1627. La compagnie particulière formée par Antoine Cheffault et Jean Rozée en 1633 pour le Canada dispose de 100000 livres dont un tiers est avancé par les associés de la Compagnie de la Nouvelle-France95.
21Les buts de la Compagnie pour les îles (le commerce et la navigation) et sa soumission aux objectifs de l’État sont proches de ceux de la WIC hollandaise. En effet, la WIC, née au lendemain de la rupture de la trêve de douze ans entre l’Espagne et les Provinces-Unies, est un instrument de la lutte contre les royaumes catholiques espagnol et portugais en Amérique. Elle bénéficie de l’appui des États qui lui accordent des navires (seize grands navires et quatre navires légers) et une subvention annuelle. Elle a le monopole de la navigation et du commerce sur les côtes d’Amérique et d’Afrique96. Mais là s’arrêtent les comparaisons. Les structures et les moyens diffèrent considérablement. Les articles de la fondation de la Compagnie pour les îles sont très généraux et n’évoquent pas son organisation. Cet aspect des choses ne retient pas l’attention des Français. Il y a vraisemblablement un directeur de la Compagnie, du moins Cavelet du Herteley se présente-t-il ainsi lors de la signature de plusieurs chartes-parties avec les capitaines de navires en 1627 et 162997. Mais nous ne savons rien de la façon dont sont prises les décisions. Un commis agit en son nom dans chacune des deux bases, Le Havre et Port-Louis98. On est loin de l’organisation interne de la WIC qui repose fondamentalement sur des chambres provinciales. Ce sont elles qui désignent, en fonction de leurs parts, les dix-neuf membres ou Heeren xix qui siègent au conseil d’administration99. La Compagnie française pour les îles est finalement une modeste compagnie assez semblable à celles qui existent déjà en France100. Du fait du petit nombre d’associés, les fonctions d’actionnaires et d’entrepreneurs ne sont pas dissociées. Ils peuvent prétendre à la direction et participer aux affaires. La capitalisation de la Compagnie pour les îles et la structure de son actionnariat la rapproche de la Compagnie anglaise de l’île de Providence (Providence Island Company) établie en 1630 pour fonder un établissement au large des côtes du Nicaragua101.
22Les échecs des compagnies générales (Compagnie du Morbihan et Compagnie de la Nacelle de Saint-Pierre fleurdelysée) ont certainement conduit le cardinal à se montrer prudent, et peut-être moins ambitieux, du moins dans un premier temps. La formation de petites compagnies est plutôt privilégiée par les économistes de l’époque, pourtant de fidèles partisans de l’intervention de l’État en matière économique, car elle correspond mieux aux réalités prêtées aux espaces extra-européens. Ainsi, en 1633, Philippe de Béthune prône-t-il la création de compagnies pour la Guinée, le Levant, les Indes orientales, les Indes occidentales, les pays du Nord102. L’espace américain est lui-même fractionné. Des concessions sont données pour le Canada et pour les Guyanes. Elles empêchent dans l’immédiat la création d’une compagnie plus ample en Amérique103. Cependant, les Antilles sont pensées comme un tout et en 1626, la monarchie confie l’ensemble de la zone à une seule et même compagnie contrairement aux Anglais qui privilégient l’approche par site de colonisation tant en Amérique du Nord, avec la Compagnie de Londres et la Compagnie de Plymouth, que dans les Antilles, avec les compagnies de Warner et de Courteen. L’Angleterre ne poursuivra pas ce modèle par la suite et optera pour le régime des seigneurs-propriétaires. En 1627, le roi Jacques Ier concède les îles des Antilles au comte de Carlisle, un noble de cour104. Mais il s’agit bien dans un cas comme dans l’autre de mener de pair commerce et colonisation et de subordonner les intérêts des particuliers qui apportent le financement à ceux de l’État.
23Le choix du Havre comme base opérationnelle de la Compagnie pour les îles apparaît évident. C’est l’un des principaux ports de France et le plus impliqué dans le commerce transatlantique à cette époque. Philippe Barrey ne compte pas moins de 363 navires armés pour l’Amérique (Canada, Brésil, îles du Pérou) entre 1571 et 1610, dont 260 pour la période 1571-1588 et 103 entre 1589 et 1610. Le trafic est moins dynamique au début du xviie siècle. Barrey identifie 165 départs pour les Antilles entre 1571 et 1588 et seulement 37 entre 1588 et 1610, ce qui donne une moyenne de 9,1 départs par an pour la première période, et de 1,6 pour la seconde105. La baisse des armements se poursuit dans la décennie suivante. Il n’y a plus alors que quelques départs pour les Amériques. Jean-Pierre Moreau ne relève dans les archives du tabellionage du Havre que 4 départs seulement vers les îles en 1613, 2 en 1615 et 1 en 1617106. Mais la reprise de l’activité s’amorce au début des années vingt. L’établissement de la Compagnie au Havre s’inscrit donc dans un contexte de reprise de l’activité maritime, mais il a peut-être été dicté par Richelieu qui y a des intérêts.
24Il en est différemment de Port-Louis. Certes le port possède quelques atouts. Il sert de base à la flotte royale dans la guerre contre les Rochelais. Le commissaire général de la Marine, Louis le Roux, sieur d’Infreville, y compte une centaine de matelots, en incluant ceux de l’île de Groix lorsqu’il établit un état des ports de France à la demande de Richelieu en 1629. Cependant, il ne s’étend pas. Il ne livre pas une description précise des lieux, et se contente de souligner les moyens qui sont disponibles sur place107. Si le site peut offrir certains avantages, comme le bassin qui permet de garder à flot les navires et qui fait l’admiration du voyageur François Nicolas Baudot (1590- 1652), seigneur du Buisson et d’Aubenay, qui en livre une description détaillée lors de l’un de ses voyages en Bretagne en 1636108, la place n’a pas une importance particulière. Les raisons de l’implantation de la Compagnie à Port-Louis demeurent inconnues. Il est possible qu’il s’agisse de réinvestir un lieu promis auparavant à l’éphémère Compagnie du Morbihan par le pouvoir pour y établir son siège109. Mais nous n’avons aucune précision supplémentaire sur ce sujet.
Carte 1. Les implantations de la Compagnie en 1626.

25Le dernier document qui définit l’action de la Compagnie est le contrat signé le 31 octobre 1626 entre les associés, représentés par Martin de Maunoy et Cavelet du Herteley, et les deux capitaines d’Esnambuc et Roissey. Leurs buts communs sont rappelés : évangéliser les Indiens, peupler et commercer. Le texte est court et s’attarde surtout à définir les responsabilités de chacun dans l’entreprise de colonisation. Si la mise en œuvre est confiée aux capitaines qui obtiennent le commandement de la colonie, la Compagnie s’assure la maîtrise de l’entreprise. Tous les « profits, revenus et avantages » du commerce reviennent aux associés. Ils prendront, en charge financièrement la colonisation. Ils rembourseront pour cela les avances déjà consenties par les deux capitaines à hauteur de 3000 livres. Les capitaines jouiront pour salaire du dixième des revenus tirés par la Compagnie110.
26Le contrat signé entre la Compagnie et les capitaines semble contredire sur plusieurs points leur commission. Il est probable que Richelieu a beaucoup promis aux deux capitaines lors de leur première rencontre le 2 octobre 1626. Mais il se ravise ensuite en montant un édifice complexe qui lui permet de mieux contrôler les opérations via la Compagnie. Les capitaines ne sont plus désormais que des agents d’exécution de la Compagnie, et « tout ce qu’ils ont fait et feront, est et sera pour et au profit de nous associés, auxquels ils ne font que prêter leurs noms pour l’exécution de ladite entreprise111 ».
27Une fois les papiers établis, d’Esnambuc gagne Le Havre pour préparer l’expédition vers Saint-Christophe. Il dispose d’un bateau de deux cent cinquante tonneaux, la Victoire, mis à sa disposition. Roissey part de son côté en Bretagne rechercher des hommes qu’il met sur deux vaisseaux, la Catholique et une patache. Il s’attache aussi le service d’un prêtre séculier, M. Mabire, en lui promettant deux cents livres de gages112. Des engagements sont signés. Combien d’hommes sont recrutés au total ? Dutertre avance que d’Esnambuc a 322 hommes et Roissey 210 hommes113. Les effectifs ne sont pas vraisemblables, étant donné la taille des bateaux. Ils ne peuvent en supporter autant. Les contrats des engagés laissent penser qu’ils sont moins nombreux, probablement autour de 300 hommes environ114. Peu de temps après, d’Esnambuc quitte Le Havre et rejoint Roissey115. Ils entament ensemble la traversée de l’océan le 24 février 1627. Les deux mois en mer sont particulièrement éprouvants pour les hommes. Les pertes sont importantes. Les malades sont nombreux. Les hommes vaillants ne sont qu’une poignée quand les deux navires arrivent en vue de Saint-Christophe le 8 mai. Mais ils peuvent bénéficier de l’appui des Français de l’île et de la bienveillance des Anglais qui se sont eux bien renforcés116. Thomas Warner est en effet revenu le 4 août 1626 avec une centaine de colons117. Français et Anglais posent alors les bases de leur cohabitation à Saint-Christophe par le traité du 13 mai 1627. Il comporte deux volets. L’un porte sur le partage des terres de l’île entre les deux puissances. Les quartiers respectifs des Anglais et des Français sont délimités en s’appuyant sur les éléments naturels (rivières, mornes) pour qu’il n’y ait pas de litige territorial. Les Français s’installent au nord (Capesterre ou Cabesterre118) et au sud (Basse-Terre) de l’île et les Anglais au centre. Les ressources (chasse, pêche, salines, mines, bois) de l’île sont communes. Les parties contractantes s’engagent à se soutenir mutuellement en cas d’agression extérieure. L’Espagne est dans tous les esprits. L’autre volet s’attache à définir les modalités de la cohabitation dans l’île. Il y est question des règles du commerce, de l’exercice de la justice impliquant des individus des deux nations et des esclaves. Les gouverneurs se promettent assistance et conseil, et s’engagent à ne rien décider seuls. Ainsi les marchands flamands devront obtenir la permission des deux nations pour commercer et vendre leurs produits dans l’île. Ils conviennent de ne pas se faire la guerre sauf si leur gouvernement leur en intime l’ordre119. Mais chacun reste maître dans son quartier. Le traité sera renouvelé tout au long du xviie siècle même s’il connaîtra quelques accrocs en raison des tempéraments des hommes et des conflits entre les deux royaumes.
Les premiers associés
28La Compagnie est-elle la chose de Richelieu ? La constitution de la Compagnie au domicile de Richelieu et les noms et qualités des associés appellent à cette question. Qui trouvons-nous en effet sur cet acte ? En première place figure Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, puis viennent d’Effiat, Marion, de Flécelles, Morant, de Guénégaud, Bardin-Royer, Cavelet du Herteley, Cauville, Martin de Maunoy, Cornuel, Ladvocat, Ferrier120. Qui sont-ils ? Le dominicain Raymond Breton parle d’une « société de personnes signalées en dignité, mérites et richesses ». Dutertre souligne qu’il s’agit de personnes de condition. Pierre Chanut, qui rejoindra la Compagnie une dizaine d’années plus tard, dit qu’elle est constituée « de personnes très considérables dans le conseil du roi121 ». Sur les douze associés qui sont avec Richelieu dans la Compagnie, neuf sont des financiers122, deux sont des commis ou des agents subalternes de l’administration royale ou sont au service d’un particulier. Un seul associé, Cauville, nous est inconnu. Isidore Guët indique qu’il est négociant au Havre ou même banquier sans préciser l’origine de ces informations123. Cependant, les frontières entre les différentes catégories ne sont pas totalement hermétiques. Certaines personnes connaissent une évolution dans leur carrière au fil des ans qui les font passer d’une catégorie à une autre, ainsi les officiers de justice qui font des investissements deviennent des financiers. D’autres personnes peuvent apparaître dans plusieurs catégories en raison de leurs multiples activités : bourgeois, conseiller, écuyer124. La situation des associés à laquelle nous nous référons ici n’est que leur état principal au moment où ils entrent dans la Compagnie.
Figure 1. Les milieux socio-professionnels des associés en 1626.

29La forte présence des financiers dans la Compagnie des îles n’est pas originale, elle se vérifie dans nombre d’entreprises commerciales voulues par le pouvoir à la même époque, qui recherche avant tout des investisseurs. Françoise Bayard note ainsi que François Catelan participe à la Compagnie de France pour la navigation des Indes orientales en 1616, Henri de Louvigny à la Compagnie de pêche des baleines du Nord en 1644, Étienne Pavillon II à celle du Cap-Nord, Ithier Horbier à celle de Moscovie125. Six des douze directeurs de la Compagnie de Nouvelle-France en 1627 sont des financiers, et un tiers des associés appartiennent à ce milieu entre 1628 et 1662126. Il n’est pas certain en revanche qu’ils se projettent particulièrement dans un projet colonial. D’ailleurs, Françoise Bayard note que parmi les 1427 avis enregistrés par le conseil des finances de 1590 à 1653, seuls ceux de Jean de Liques, sieur d’Antheux, proposent de fonder une colonie française aux Indes occidentales en 1631 et en 1633127. En fait, c’est leur capacité financière et leur habitude à manier l’argent qui est recherchée par Richelieu afin d’assurer le financement de l’aventure. Pour cela, certains auteurs leur dénient (à tort) toute compétence en matière commerciale et leur attribuent les échecs des compagnies128. Ils préfigurent d’une certaine façon les munitionnaires, manufacturiers et administrateurs, appartenant au monde de la finance, qui gravitent autour de Colbert au ministère de la Marine et qui diversifient leurs investissements en devenant actionnaires des grandes compagnies de commerce et armateurs, étudiés par Daniel Dessert129.
30Ce qui est peut-être plus original dans le cas de la Compagnie pour les îles, c’est l’appartenance des associés à l’appareil d’État. Ils sont dans les grandes institutions financières du royaume à Paris ou en province (contrôle général, chambre des comptes). Certains siègent dans les conseils et occupent des charges ministérielles. D’Effiat vient d’obtenir la charge de surintendant des finances le 9 juin 1626130. Simon Marion est contrôleur général des finances depuis le 10 mars 1626131. Jean de Flécelles devient deux mois après la formation de la Compagnie président de la chambre des comptes de Paris le 11 décembre 1626132. Bardin-Royer est président de la chambre des comptes de Bourgogne133. Thomas Morant et Gabriel de Guénégaud sont trésoriers de l’Épargne134. Nicolas Ladvocat est maître des comptes. Claude Cornuel est commis des secrétaires du conseil et des finances du roi135. Ils sont tous solidement établis dans leur milieu. Ils ont consolidé leur place par de nombreuses alliances matrimoniales. Seul Jean Cavelet du Herteley occupe une place plus modeste en étant receveur au Havre, mais ses attributions sont vastes comme le montre la procuration qu’il reçoit de Richelieu le 20 septembre 1627136. Il chapeaute les commis de Fécamp, Caudebec, Honfleur et Toucques137. Les sphères politiques et économiques, notamment financières, sont étroitement connectées à l’époque moderne mais selon des modalités différentes d’un État à l’autre. Ainsi, en Angleterre, les responsables politiques participent aux affaires commerciales et investissent dans les compagnies. La Compagnie anglaise de l’île de Providence compte parmi ses actionnaires plusieurs députés du Parlement138.
31D’autres associés de la Compagnie opèrent à un rang inférieur, aux côtés des ministres et des secrétaires d’État. Jean Ferrier est commis du surintendant d’Effiat139. Isaac Martin de Maunoy est le secrétaire de Richelieu spécialement « employé aux affaires de la navigation et du commerce », précise Avenel. Il contresigne les ordres du cardinal touchant à ces domaines140.
32Assurément Richelieu a voulu faire entrer tous ces hommes dans la Compagnie car il les connaît bien et a pu les apprécier quand ils ont servi dans les ministères. Certains sont même passés à son service personnel. Cela montre que Richelieu repère les personnes efficaces dans l’appareil d’État pour les utiliser à son service. Service de l’État et service personnel dès lors se confondent141. Ils lui doivent en grande partie leur carrière. D’Effiat a par exemple su gagner les faveurs de Richelieu. Il n’appartenait pas au début de sa carrière à sa clientèle. Bien au contraire. Il avait été nommé ambassadeur extraordinaire auprès du roi Jacques Ier pour négocier le mariage d’Henriette, sœur de Louis XIII, avec le prince de Galles, par le grand rival du cardinal, Charles de la Vieuville, qui n’appréciait pas l’ambassadeur à la cour d’Angleterre142. D’Effiat sait par la suite satisfaire les attentes Richelieu et devient un de ses familiers143. Le cardinal connaît ses compétences144. Il lui confie pour cela une tâche redoutable et difficile, remettre de l’ordre dans les finances du royaume. Il lui témoigne une affection particulière et sait rassurer madame d’Effiat en lui donnant des nouvelles de son mari parti à la guerre en Italie145.
33Richelieu a vraisemblablement insisté pour que ces hommes s’engagent à ses côtés. Mais leur participation est-elle pour autant un signe de soumission ? Ils ont pu y trouver un intérêt. Richelieu en les invitant dans l’entreprise leur laisse entrevoir quelques profits qui, s’ils ne sont pas marchands, leur assurent une place enviable dans la société. Il fait participer ses fidèles à d’autres affaires. Ainsi quand en 1631 il obtient du roi l’autorisation de bâtir la ville nouvelle de Richelieu sur les terres qu’il a acquis en 1621, il leur concède des emplacements. Gabriel de Guénégaud, Thomas Morant et Claude Cornuel figurent parmi les bénéficiaires des donations des parcelles le long de la Grande rue146.
34Il est à souligner aussi que plusieurs personnages chargés des affaires maritimes dans les ministères ne figurent pas dans la liste des investisseurs de 1626 ; ils n’acquerront pas davantage de parts dans la Compagnie par la suite. Il en est ainsi des secrétaires d’État et des chefs des marines du Levant et du Ponant, Beauclerc et Nicolas Potier d’Ocquerre147. Mais la raison est peut-être à rechercher du côté des relations qu’ils entretiennent avec le cardinal. Ainsi, le secrétaire d’État, Henri-Auguste de Loménie, sieur de la Ville-aux-Clercs, comte de Brienne, ne cache pas son hostilité à Richelieu et dénonce le système de protection et de faveur qu’il a mis en place. On comprend mieux qu’il ne soit pas dans l’affaire148. Mais il est plus étonnant de ne pas voir figurer parmi les associés Claude Bouthillier. Il est le secrétaire d’État en charge notamment de la flotte du Ponant à la mort de Nicolas Potier d’Oquerre en 1628149. Il est un intime de Richelieu. Il est toujours prêt à le servir150. Son fils, Léon Bouthillier, comte de Chavigny, reçoit la charge de secrétaire d’État de son père qui en avait obtenu la survivance151. Il s’occupe de la flotte de l’Atlantique. Il apparaît même en 1637 comme ayant le département de la Marine152. Il connaît bien les affaires des îles car il signe les ordres du roi sur le commerce du pétun153. Il ne participe pourtant pas davantage à la Compagnie pour les îles. Nous ne pouvons expliquer ces choix. Les secrétaires particuliers du cardinal à cette époque, Denis Charpentier et Michel Le Masles, n’apparaissent pas non plus, mais ils n’avaient pas en charge les affaires maritimes154.
35Il n’y a aucun marchand dans la Compagnie, à l’exception notoire de Cavelet du Herteley. Mais il est accaparé par le service du cardinal. Il est devenu un commis. Il y a peut-être Cauville ? La Compagnie peut tout de même se prévaloir d’hommes expérimentés et de relations dans le monde économique pour mener à bien ses projets. Les capitaines d’Esnambuc et Roissey sont en affaire avec de nombreux marchands du Havre. Il apparaît toutefois étonnant que la place des marchands soit aussi marginale dans la Compagnie alors que les économistes de l’époque pensent que leur rôle est essentiel dans ce type d’entreprise155. La raison en est peut-être la rapidité de la fondation de la Compagnie des îles qui n’a pas permis de consulter le milieu normand. Mais aurait-il répondu à l’appel du pouvoir ?
Les hommes clés de la Compagnie
36Isaac Martin de Maunoy et Jean Cavelet du Herteley sont deux hommes-clefs de la Compagnie de cette époque. Si d’Effiat peut se valoir de participer à une dynastie avisée, son grand-oncle, Martin de Ruzé, seigneur de Beaulieu, a été ministre de la Marine de 1589 à sa mort en 1613156, seuls Martin de Maunoy et Cavelet du Herteley ont véritablement une expérience dans le domaine maritime. Ils mènent ainsi ensemble au nom des associés les discussions avec les capitaines d’Esnambuc et Roissey. Le document final est d’ailleurs signé au domicile de Martin de Maunoy, rue de Bourtibourg, paroisse Saint-Paul157.
37Cavelet du Herteley est au cœur du fonctionnement de la Compagnie. Il en connaît personnellement les principaux acteurs (d’Esnambuc et Richelieu) qu’il a mis en relation. Il joue un rôle actif au sein de la Compagnie. Il en est le principal animateur et responsable. Le 31 octobre 1626, il la représente au Havre158. Il établit ses bureaux dans une des maisons de son père, qui sert aussi d’entrepôt, près de l’hôtel de ville et de l’église Notre-Dame159. Il est chargé « de faire la recette des sommes qui ont été contribuées par les associés, la dépense des embarquements qu’il a reçus et vendus, partie de pétun qui a été apporté de Saint-Christophe, et généralement négocié de tout ce qui était du fonds de la Compagnie160 ». Il tient les comptes mais il ne semble jamais avoir remis ses livres pour examen avant 1635161. Il apparaît dans plusieurs chartes-parties signées au Havre comme le « directeur de la Compagnie des Indes occidentales162 ».
38Il dispose d’une solide implantation locale dont la Compagnie espère profiter. Il participe à plusieurs réseaux centrés sur la Normandie. Il est bien connu de la municipalité havraise puisqu’il a été échevin de 1616 à 1622, tout comme son père, et demeure capitaine enseigne quartenier puis capitaine enseigne de la garde bourgeoise163. En 1624, il occupe la charge de receveur des deniers communs et des octrois de la ville, qu’il conserve vraisemblablement jusqu’en 1629164. Il entretient de bonnes relations avec les marchands du Havre. Il fait participer l’un d’eux, Simon Eustache, à l’armement du navire du capitaine Thomas Roze en 1629. D’ailleurs, ses trois filles Anne, Marie et Françoise se marieront avec les fils Eustache165. Il mobilise d’autre part son réseau familial déjà actif dans le domaine maritime. Il associe son frère François Cavelet, sieur de Roudemare, à l’affrètement des navires pour la Compagnie166. Cavelet du Herteley voit certainement dans la Compagnie une opportunité pour développer ses activités commerciales.
Figure 2. La place centrale de Jean Cavelet du Herteley.

39Isaac Martin de Maunoy et Jean Cavelet du Herteley sont de bons relais pour Richelieu, l’un à Paris et l’autre dans le principal entrepôt de la Compagnie au Havre. Ils sont à même de bien le renseigner sur la conduite des affaires de la Compagnie et de les orienter. Martin de Maunoy a la confiance du cardinal. Il est à son service depuis de longues années. On note sa présence à ses côtés dès 1622167. Il est un des secrétaires du conseil qui gère et examine les comptes du cardinal168. Le cas de Jean Cavelet du Herteley est un peu différent. Il est passé tardivement au service de Richelieu comme receveur au Havre mais il s’occupe bientôt de ses nombreuses affaires dans la région. Il est fermier de l’une de ses propriétés à Graville169. Loin de Paris, Cavelet du Herteley possède une certaine indépendance que le cardinal redoute. Aussi ne le laisse-t-il pas seul et sans surveillance. Julius de Loynes est souvent envoyé en mission au Havre. Par ailleurs, il confie le gouvernement de la place à des parents, à son oncle, le commandeur Amador de La Porte, d’abord, puis à son neveu Pont-de-Courlay170. Si Cavelet du Herteley ne doit pas sa fortune au cardinal, ce dernier la conforte.
Dix ans après
40Le bilan de l’action de la Compagnie est souvent qualifié de catastrophique. Le préambule du contrat de rétablissement de 1635 indique ainsi que la société était « comme abandonnée ». Le dominicain Jean-Baptiste Dutertre souligne « qu’elle avait été misérable pour […] avoir [été] négligée171 ». Cela a considérablement orienté le jugement des historiens des siècles suivants. Charles et Paul Bréard écrivent en 1889 que « la mauvaise administration de la Compagnie mit l’établissement de Saint-Christophe dans une situation critique ». Elle compromet selon eux la poursuite de la présence française aux îles. On peut comprendre qu’ils aient voulu souligner les conséquences néfastes des atermoiements politiques à une époque, la fin du xixe siècle, où les enjeux coloniaux sont considérables et la question de l’expansion française particulièrement d’actualité. Isidore Guët écrit encore en 1897 que la Compagnie fut « peu active […] au milieu des embarras croissants du siège de La Rochelle et à la suite d’autres circonstances défavorables ». Le tout est emprunt d’un grand et profond respect pour le cardinal, « véritable statue du commandeur », alors que les autres personnages de l’aventure sont dénigrés. Cavelet du Herteley devient sous sa plume « un sous-ordre peu brillant », manquant d’expérience et au-dessous de la tâche que lui a confié le cardinal. Le xxe siècle n’est pas plus amène. Victor Sablé parle en 1955 « de l’ancienne compagnie de Saint-Christophe, tombée en déconfiture ». Dans cet océan de critiques, seul Philippe Barrey semble plus mesuré. Il évoque certes les difficultés des associés liées à l’insuffisance des ressources de la Compagnie et à leur « inexpérience », mais c’est pour mieux souligner leur mérite et leur persévérance. Pour lui, la Compagnie est encore embryonnaire, elle mérite à ce titre une certaine indulgence, mais elle a réussi incontestablement l’implantation des premiers colons172.
41Les activités de la Compagnie à Saint-Christophe sont mal appréciées car la documentation manque. Il n’y a pas de papiers des associés. Les délibérations de la Compagnie, si elles ont existé, ont disparu. Dutertre, qui les a peut-être vues, mentionne des réunions, des dates et des ordres, mais il n’en donne pas d’extraits pour qu’on puisse en juger la teneur173. La correspondance de Richelieu n’évoque jamais les affaires de l’île sauf quand il y envoie une escadre en 1629174. Nous disposons cependant de deux types de documents qui nous éclairent sur ses actions : d’une part, les contrats d’engagements qui attestent des nombreux départs vers Saint-Christophe tout au long des années vingt, et d’autre part, les témoignages des premiers colons, dont celui précieux de Guillaume Coppier, un engagé qui part en 1628, et qui sera publié à Lyon en 1645175. Pour le reste, nous en sommes réduit au récit du père Dutertre qui n’arrive qu’en 1640 et qui dit s’appuyer, pour tracer l’histoire du premier établissement français aux Antilles, sur les souvenirs des colons qu’il a rencontrés, Guillaume Dorange qui est passé à Saint-Christophe en 1628 et le chirurgien de d’Esnambuc, Pichon176.
42Grâce à ces témoignages, nous pouvons nous faire une idée de la situation de l’établissement de Saint-Christophe et de la façon dont la Compagnie a tenté de surmonter les difficultés rencontrées.
Un avenir qui s’assombrit
43La position des Français est fragile à Saint-Christophe. Ils sont peu nombreux et l’approvisionnement demeure toujours incertain. Il ne faut pas grand-chose pour tout compromettre. Les premières difficultés surgissent avec les Anglais. La bonne entente ne dure pas car la guerre entre les deux nations s’invite bientôt aux Antilles177. L’année 1629 est une année terrible où tout manque de basculer irrémédiablement. Les Anglais, forts de leur nombre, mènent l’offensive. Ils investissent la partie française, prennent des terres et forcent d’Esnambuc et Roissey à revenir sur le contrat qu’ils avaient signés en 1627. Ils obtiennent ainsi que la Pointe-de-Sable ne soit pas fortifiée. Des otages sont échangés pour garantir le nouvel accord178. Si d’Esnambuc a été obligé de céder, il ne compte pas en rester là. Il embarque pour la France à la fin de l’année 1628, probablement sur la Cardinale car il repassera aux îles sur ce bâtiment, afin d’obtenir des renforts et de reprendre le contrôle de la partie française de l’île179. Il s’entretient à Paris avec les associés et Richelieu180. Le cardinal saisit l’importance de l’enjeu. Il comprend que les Anglais veulent chasser les Français d’Amérique181. Il ordonne l’armement immédiat d’une escadre de dix navires – six vaisseaux de ligne et quatre bâtiments légers (pataches ou galiotes) –, qu’il confie au sieur de Cahusac182. Il associe pleinement la Compagnie à ces décisions, d’après Dutertre183. Les instructions données à Cahusac le 18 février 1629 fixent les objectifs de sa mission. Il doit prêter « main-forte à ceux qui sont dans l’île de Saint-Christophe, en telle manière qu’il rende les Français maîtres de l’île » et renouveler « les intelligences d’amitiés […] pour l’intérêt qu’ils ont de se rallier contre les invasions ordinaires des Espagnols ». Il doit poursuivre la flotte espagnole commandée par don Fadrique de Tolède qui croise dans l’Atlantique et qui est attendue dans la Caraïbe après un passage au Brésil184. L’escadre française quitte Le Havre le 5 juin 1629. Elle est devant Basse-Terre le 25 juillet185. Cahusac s’entretient le 28 juillet avec Roissey et adresse une sommation aux Anglais le 30. Il la renouvelle le 1er août. Ne recevant toujours aucune réponse, il cingle le 2 août vers la Grande-Rade où se trouvent les Anglais et leur prend quatre navires186. Les Anglais se décident alors à engager des pourparlers. Cahusac exige la restitution de terres saisies et la fin de la clause sur la Pointe-de-Sable. Le 5, Warner se résout à signer un nouveau traité avec les Français. Le 7, les terres spoliées retournent aux Français et les bateaux anglais saisis sont rendus187. Le calme revient entre les deux nations dans l’île.
44Cahusac, voyant que la flotte de don Fadrique de Tolède n’est pas dans les parages, appareille pour Saint-Eustache. Il s’empare de l’île le 16 septembre 1629. Il s’éloigne de plus en plus de Saint-Christophe qu’il laisse sans protection188. C’est alors que paraît la flotte espagnole189. Les Français et les Anglais de Saint-Christophe se mobilisent pour repousser tant bien que mal les Espagnols qui débarquent. Mais ils n’arrivent pas à les contenir et ces derniers gagnent rapidement du terrain. Un conseil de guerre se tient à l’initiative de Roissey. Le repli est décidé. Les Français embarquent sur deux navires de commerce qui sont alors à Cabesterre, la Sainte-Anne du capitaine Roze et la Marie du capitaine Liot, venus du Havre et de Dieppe pour prendre du tabac, afin de rallier Antigua190. Les Anglais, défaits, obtiennent de leur côté des Espagnols de pouvoir regagner l’Angleterre sur les quatre bateaux qui sont alors dans la Grande-Rade191. Ils sont cependant trop nombreux pour pouvoir tous embarquer et Warner obtient des Espagnols de différer leur départ. Don Fadrique de Tolède avise le roi Philippe IV de la réussite de sa mission. Les Espagnols ne profitent pas de leurs succès. Ils reprennent aussitôt la mer. Les Anglais, qui, à une faible distance, surveillent leurs mouvements, se hâtent de revenir à Saint-Christophe192.
45La débâcle conduit à la brouille entre les deux capitaines français. Roissey regagne la France avec le capitaine Roze, laissant d’Esnambuc seul. C’est en faisant le tour de l’île de Saint-Martin que d’Esnambuc tombe sur le capitaine Giron qu’une avarie de navire a obligé à faire relâche. Commence alors pour les Français une véritable odyssée d’île en île en quête d’un endroit où s’installer. D’Esnambuc décide de laisser quelques hommes à Saint-Martin et de partir pour Antigua. Mais l’île ne dispose que de faibles ressources en eau. Giron persuade alors d’Esnambuc de se rendre à Montserrat. La tentative d’établissement à Montserrat tourne court devant l’hostilité des Indiens et tout le monde regagne Antigua. Les deux hommes décident alors d’aller à Saint-Christophe pour voir où en est la situation. Ils constatent que les Anglais se sont rendus maîtres de l’île et font tout pour empêcher le retour des Français. Giron est un ancien corsaire rompu aux combats qui ne craint pas d’affronter les Anglais. Il leur prend deux navires qu’il envoie aussitôt dans les îles environnantes pour récupérer les colons français. Les Anglais cèdent devant la pression. La colonie française est rétablie193. Entre-temps, arrive la nouvelle de la signature du traité de Suse qui met fin à la guerre entre les deux nations194. La situation des Français demeure difficile à Saint-Christophe, car ils manquent de tout. D’Esnambuc semble particulièrement pessimiste sur la poursuite de la colonisation. Il pense abandonner, rapporte le dominicain Jean-Baptiste Dutertre. Mais l’aide quasi miraculeuse apportée par les navires hollandais permet d’entrevoir un avenir plus radieux195.
46Bien des années plus tard, alors qu’il est en conflit avec les associés de la Compagnie, le gouverneur de Saint-Christophe, Philippe de Longvilliers de Poincy dénonce l’incurie de la Compagnie à cette époque : « et quand l’Espagnol fit une descente en cette île, qu’il mit en déroute tous les habitants et ruina les habitations, en sorte que ce pauvre peuple fut contraint de s’enfuir dans les autres îles, pour éviter le saccagement. Ces messieurs ont-ils travaillé à le remettre en cette île ? N’est-ce pas lui-même qui à ses propres coûts et dépens se rétablit196 ? ». Il oublie volontairement les efforts déployés par la Compagnie pour apporter de l’aide à la colonie. Ainsi participe-t-elle à l’armement d’une partie de la flotte de Cahusac197 et affrète-t-elle de nombreux vaisseaux. Philippe Barrey compte ainsi vingt-six navires envoyés par la Compagnie entre 1626 et 1635, en comprenant les navires de l’expédition de Cahusac198, soit une moyenne de 2,8 par an. Quatre autres navires partis vers le continent ont pu relâcher à Saint-Christophe et apporter aide et ravitaillement199. Si le nombre de bateaux peut sembler trop juste voire insuffisant, il faut rappeler que le trafic transatlantique est perturbé par les nombreux conflits qui opposent les puissances. Les Anglais et les Français luttent sur mer. Les Anversois, les Ostendais et les Dunkerquois mènent la guerre de course contre la France qui a signé un traité contre l’Espagne avec les Provinces-Unies en 1624200. Par ailleurs, la Compagnie honore ses dettes et s’engage à dédommager les capitaines Rose et Liot pour avoir soutenu d’Esnambuc201.
47La Compagnie tente de reprendre en main la colonisation et demande à la monarchie de nouveaux privilèges. Le 7 novembre 1629, Richelieu fait part à Bouthillier de son intention de ne plus taxer le tabac de Saint-Christophe. Quelques jours plus tard, le 17 novembre 1629, une déclaration royale entérine la décision « pour favoriser […] l’établissement et accroissement de la Compagnie qui a été dressée pour le bien général du commerce de notre royaume ». Le pétun de Saint-Christophe peut entrer en France sans acquitter de droits202. Celui qui provient des autres régions est taxé à hauteur de 30 sols la livre, soit 150 livres le cent pesant203. La législation anglaise protège de la même façon la production de pétun de ses ressortissants aux Amériques204. La déclaration royale du 25 novembre 1634 sur le monopole commercial renforce les prérogatives de la Compagnie et défend ses droits. Tout capitaine qui part aux îles doit avoir une autorisation de la Compagnie sous peine de confiscation du navire et des marchandises. La monarchie se soucie aussi d’assurer la survie de la colonie et invite ses sujets à ne pas provoquer les Espagnols. Elle leur interdit d’attaquer leurs navires « en deçà du premier méridien à l’ouest et en deçà du tropique du Cancer pour le midi » le 1er juillet 1634205. La monarchie a pu trouver inquiétant de voir la situation se détériorer à Saint-Christophe. Elle soutient pour cela les initiatives de la Compagnie.
48Les associés entendent favoriser le peuplement de Saint-Christophe en abaissant les droits sur les habitants à 125 livres de pétun. Les femmes et les enfants sont exonérés des droits. Ils aident les passages. Ils accordent ainsi des licences ou congés aux capitaines voulant traiter aux îles s’ils font passer gratuitement trois personnes et rapportent les marchandises de la Compagnie sans fret à hauteur de la onzième partie de sa charge206.
49Mais tous leurs efforts sont compromis par l’attitude des colons de Saint-Christophe qui préfèrent envoyer le tabac en Angleterre ou en Hollande où ils le vendent à un meilleur prix. Leur refus de passer par la Compagnie et de payer à son commis les droits dus n’ont pas pour seule cause l’appât du gain, les habitants pensent qu’elle les a abandonnés et que les rares navires de ravitaillement qu’elle envoie sont un argument de sa part pour exercer son autorité207. La déclaration royale du 25 novembre 1634 sur le monopole du commerce, en particulier, est mal acceptée à Saint-Christophe. Elle est même contre-productive. Les colons décident de ne plus rien envoyer en France et s’accommodent avec les Hollandais qui avaient déjà une bonne part dans les affaires208. Il faut croire aussi que les abus des officiers et des riches colons de l’île ont attisé les rancœurs contre la Compagnie. Le dominicain Dutertre rapporte en effet qu’ils retiennent à leur service les engagés durant cinq ans au lieu des trois admis. La plupart de « ces pauvres engagés » commencent « à se plaindre [et] à faire des assemblées tumultueuses ». L’intervention de d’Esnambuc en 1633 permet de calmer les esprits et de rappeler les règles édictées par la Compagnie pour le respect des contrats. La tension retombe209. Assurément, il existe une grande incompréhension entre les Français des îles et la Compagnie210.
50Les associés assistent impuissants à la déroute commerciale. Une certaine forme de découragement semble les gagner. Ils ne peuvent gagner de l’argent. Ils envisagent d’abandonner la Compagnie. Dutertre souligne qu’ils « ne songeaient plus à la colonie que comme à une affaire ruinée211 ».
Les projets de colonisation des îles
51Pourtant, la situation de l’établissement de Saint-Christophe n’est pas si sombre. Le bon gouvernement de d’Esnambuc permet au milieu des années trente de stabiliser la situation et donne des motifs d’espérer212. Les armateurs français ne se détournent pas des îles. Et de nouveaux projets de colonisation des îles sont élaborés.
52Quand la Compagnie pour les îles avait été formée en 1626, il s’agissait « de faire habiter et de peupler les îles de Saint-Christophe et de la Barbade, et autres situées à l’entrée du Pérou, depuis le onzième jusqu’au dix-huitième degré de la ligne équinoxiale qui ne sont point possédées par des princes chrétiens213 ». Des établissements sont bien fondés dans plusieurs îles (Saint-Eustache, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Montserrat) durant les années vingt, mais ils ne durent guère. Les navires français continuent de sillonner la Caraïbe, ils fréquentent en particulier les établissements hollandais214. Mais en 1634, les Français ne tiennent officiellement que Saint-Christophe. Si l’occupation des autres îles ne figure pas parmi leurs préoccupations, cela tient aux difficultés qu’ils rencontrent sur place.
53L’expansion territoriale de la Compagnie redevient d’actualité peut-être en raison de la progression des Anglais et des Hollandais aux Antilles. Les Anglais se sont en effet installés à la Barbade en 1627215. Ils occupent aussi Nevis (les Nièves) en 1628216 puis Antigua et Montserrat en 1632217. Ils ont un temps envisagé un établissement à Barbuda mais ils ont du renoncer devant l’hostilité des Caraïbes218. Ils ont aussi des vues sur Saba et la Grenade où ils tentent à plusieurs reprises de s’installer219. Sainte-Lucie retient particulièrement leur attention. En 1605, un vaisseau anglais revenant de la Terre-Ferme fait une halte dans l’île mais les premiers colons sont chassés par les Indiens. En 1626, le gouverneur de Saint-Christophe, Thomas Warner, y fonde un établissement sans lendemain. En 1639, Les Anglais s’y installent à nouveau. Mais les Indiens les massacrent sur place au mois d’août 1640. Les survivants se replient sur Montserrat220. Les colons anglais sont de plus en plus nombreux dans les îles comme l’attestent les listes d’embarquement à destination de Saint-Christophe et de la Barbade des années 1634 et 1635 et les témoignages des missionnaires présents sur place221. Ils s’installent aussi au large des côtes du Nicaragua sur l’île de la Providence en 1630222.
54Les Hollandais fondent de leur côté des établissements à Saint-Martin et tout au sud à Tobago en 1631223, puis à Saint-Eustache en 1632224. Jan Claeszoon van Campen consolide la présence hollandaise et fortifie Saint-Martin. À la fin de l’année 1632, un fort est construit et quatorze pièces de canons installées. Il dispose de cent hommes de garnison. Johanes van Walbeck s’empare le long de la côte vénézuélienne, de Curaçao en 1634 puis d’Aruba et de Bonaire225.
55Les Français ont aussi des projets de colonisation. Pierre Belain d’Esnambuc nourrit depuis de nombreuses années le désir de fonder un établissement à la Guadeloupe226. Dutertre veut croire que c’est le développement de la colonie de Saint-Christophe et sa prospérité qui le conduit à envisager de nouvelles conquêtes : « La colonie s’augmentait tous les jours par le commerce et la fréquentation des navires français et hollandais qui amenaient quantité de nouveaux habitants, et quelquefois des esclaves mores, qu’ils allaient acheter en Guinée, ou qu’ils prenaient sur les Espagnols le long des côtes du Brésil ; et comme ces Nègres sont toute la force et la richesse des îles, la Compagnie en retirait déjà de grands revenus. Enfin l’île se trouva si peuplée, que l’on prit résolution de faire de nouveaux établissements dans les îles voisines227. » Mais son lieutenant général, Charles Liénard de L’Olive, un gentilhomme originaire de Chinon venu en 1631, se révèle plus prompt que lui à réaliser son ambition. L’homme n’est pas sans qualité, il est réputé pour son courage et son adresse militaire228. L’Olive charge Guillaume Dorange de reconnaître les îles de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Dominique à bord de son flibot et de lui adresser son rapport. Fort de ce document, L’Olive part en France à la fin de l’année 1634 pour demander au roi de prendre possession de ces îles et de les gouverner en son nom. À Dieppe où il arrive, il rencontre Jean du Plessis, seigneur d’Ossonville, un gentilhomme picard qui désire retourner à Saint-Christophe pour y réaliser des affaires229. Du Plessis est venu une première fois dans l’île à bord de la Cardinale en 1630 pour servir comme lieutenant230. Il est aussi intéressé dans l’exploitation d’une habitation à Saint-Christophe en association avec un capitaine, Gabriel Pena, sieur de Saint-Pont231. L’Olive et du Plessis s’entendent afin de faire cause commune auprès des associés de la Compagnie pour obtenir une commission232. La rencontre des deux hommes à Dieppe ne fut peut-être pas fortuite comme aiment à le dire les chroniqueurs, et peut-être même se connaissaient-ils déjà.
Carte 2. Les Anglais et les Hollandais dans les Petites Antilles.

56La Compagnie aimerait bien étendre son autorité sur toutes les îles où il y a des Français. Au nord-est de Saint-Domingue, au cœur des possessions espagnoles, l’île de la Tortue est fréquentée par de nombreux corsaires dieppois qui y font de la contrebande et mènent des attaques sur les navires espagnols. Ils y côtoient des Hollandais et des Anglais233. La Compagnie envoie en 1627 le capitaine Girard Vaullart avec vingt-sept hommes d’équipage sur le Saint-Pierre, pour ravitailler Saint-Christophe, travailler à « la coupe et traite de bois » à la Tortue et « vendre, troquer, échanger, permuter et débiter, toutes et chacunes marchandises ici prises ». Il recherche particulièrement le « bois jaune de brésil234 ». Vaullart n’atteindra jamais la Tortue. Son navire est capturé par les Anglais dans la rade de Saint-Christophe235. En 1629, la Compagnie charge Thomas Roze d’aller à la Tortue pour y couper du bois après avoir fait escale à Saint-Christophe236. Il ne s’y rendra pas étant pris dans l’attaque de l’île par les Espagnols de don Fadrique de Tolède. La Compagnie entend bien faire valoir ses droits sur la Tortue. En 1630, elle envoie dans ce but Nicolas Des Touches237. On ne sait pas comment il fut reçu. Mais les Français ne sont pas les seuls à vouloir prendre le contrôle de cette île, et dans cette course, les Anglais se montrent les plus rapides. En 1631, ils envoient le capitaine Hilton comme gouverneur238. Les Français établis sur l’île semblent s’en accommoder. La Compagnie des îles semble alors se désintéresser de l’affaire. Peut-être envisage-t-elle d’établir son autorité sur Saint-Martin où quelques Français se sont installés pour y travailler au pétun239.
57Les établissements fondés aux îles vivent sous la menace constante d’une intervention commanditée par Madrid pour les détruire. En 1633, les Espagnols empêchent les Anglais de s’installer à Trinidad, puis ils reprennent Tobago et Saint-Martin aux Hollandais. Ils mettent une garnison de trois cents hommes à Saint-Martin où ils y resteront jusqu’en 1648240. À la fin de l’année 1634 ou au début de l’année 1635, ils interviennent à la Tortue pour en chasser les flibustiers de toutes les nations et sécuriser les côtes de Saint-Domingue241. Ils attaquent en vain la colonie anglaise de l’île de la Providence242.
Premiers pas vers la reformation de la Compagnie
58Au milieu des années trente, la Compagnie apparaît mal armée pour faire face à ces nouveaux défis. Elle dispose de peu de moyen d’action et maîtrise mal la situation sur place. Les habitants se font exigeants. Ils veulent davantage d’assistance. Ils se plaignent aux associés de leurs conditions de vie et se disent exploités par leurs maîtres et les officiers243. Le doute s’installe chez nombre d’associés. Faut-il abandonner l’entreprise ? Les difficultés que rencontre la Compagnie des îles sont communes à toutes les entreprises commerciales européennes vers l’Amérique durant cette décennie. La Compagnie de la Nouvelle-France est dans une situation comparable. Elle a du mal à faire respecter son monopole du commerce244 et subit la concurrence et les offensives étrangères, en l’occurrence anglaises, qui contrarient son emprise sur le territoire. En 1629, David Kirke bloque l’accès du Saint-Laurent et empêche le passage des navires. Il chasse les Français de Québec. La Compagnie est au bord de la faillite quand la France récupère le Canada en 1632245. Gervais Carpin parle d’ailleurs de « débuts catastrophiques » pour qualifier les premières années de la Compagnie de la Nouvelle-France. Il souligne sa faiblesse structurelle et financière. En 1632, la Compagnie propose à ses associés qui n’ont pas vu le moindre bénéfice de créer des compagnies particulières. La main mise de Richelieu sur l’entreprise se révèle un frein à son développement, et elle ne peut accomplir que le minimum nécessaire à la survie de la colonie246. La situation des Anglais à la Barbade et à Saint-Christophe ne vaut guère mieux. L’effondrement du cours du pétun ruine en grande partie les espoirs de développement et attise les tensions religieuses entre protestants et catholiques. Certains colons veulent rentrer en Angleterre, d’autres abandonnent l’île de Saint-Christophe au début des années trente pour aller chez les Espagnols247. Quant à la WIC hollandaise, son apparente prospérité ne repose que sur la prise de la flotte d’argent espagnole au large de Matanzas par l’amiral Piet Heyn en 1628 qui assure pour quelque temps le financement de ses opérations. Mais, en 1636, elle accuse un déficit de quinze millions de florins248.
59Les difficultés des différentes compagnies au milieu du xviie siècle ont été tour à tour expliquées par leur faiblesse structurelle, leur insuffisante capitalisation et leur mauvaise gouvernance, les associés étant trop préoccupés de leurs intérêts particuliers. Mais le phénomène étant général, ces difficultés doivent avoir assurément des causes générales. Il convient de regarder le contexte économique de l’époque. En 1959, Robert Mandrou soulignait, en historien perspicace et avisé, que la responsabilité de la faillite attribuée aux compagnies incombait davantage à « cette longue dépression du xviie siècle » qu’aux hommes. Frédéric Mauro, habitué à l’analyse des cycles économiques coloniaux, concluait dans le même sens en 1967249. La conjoncture est mauvaise. La production baisse et le commerce se contracte. La situation de l’économie de l’Europe à cette époque explique donc en partie les difficultés des compagnies de commerce. Nous reviendrons plus loin sur cette question250. Cela n’exclut pas des erreurs d’appréciation de la part des associés.
60Malgré les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de Saint-Christophe, la monarchie continue de soutenir la Compagnie. Le roi souligne d’ailleurs en 1635 qu’elle est et demeure le meilleur moyen de conduire à bien la colonisation des îles, « les particuliers n’étant capables d’entreprendre des voyages de grandes dépenses et encore moins de conduire de nos sujets des colonies en des terres éloignées, [ce qui] nous oblige de favoriser les compagnies qui se forment pour aller à la mer autant qu’il nous est possible251 ». Mais la monarchie peut-elle faire autrement ? Elle ne se satisfait pas des initiatives individuelles. L’individualisme n’a pas de raison d’être dans une société dominée par l’esprit de corps. Par ailleurs, alors que l’État se renforce et tend à devenir absolu, les compagnies ne peuvent exister qu’à travers lui et par lui. C’est ce qui explique la fondation de nouvelles compagnies à privilège. Richelieu favorise les compagnies de Rouen, du Cap-Nord, du Cap-Vert, du Cap-Blanc et des Indes orientales. Ainsi, de 1626 à 1642, pas moins de seize compagnies sont créées252. Cependant, pour l’heure, la Compagnie antillaise semble dans l’impasse, coincée entre des objectifs économiques qu’elle ne peut atteindre, et des aspirations à l’expansion qu’elle ne peut satisfaire dans un contexte fortement concurrentiel. Comment peut-elle dans ces conditions espérer poursuivre la colonisation des îles ? Quels moyens doivent être mis en œuvre pour atteindre les objectifs annoncés ? La Compagnie est assurément à repenser. En 1630, Isaac de Razilly demande à Richelieu « qu’on établisse un conseil des associés pour ordonner les choses nécessaires au maniement de ladite entreprise253 ». L’ordonnance royale du 25 novembre 1634 est peut-être le premier pas vers la reformation de la Compagnie car elle modifie le cadre de la colonisation et des échanges. Le roi espère en 1635 qu’elle « pourra réussir à quelque chose avantageuse pour le bien de l’État254 ». Entrevoit-il de nouvelles tâches pour la Compagnie ? Les tensions et les rivalités entre les puissances en Europe incitent certainement le pouvoir à s’intéresser aux établissements français d’Amérique pour des raisons stratégiques. Les Petites Antilles sont en effet la porte d’entrée de l’Amérique. Elles peuvent constituer des points d’appui intéressants pour mener des opérations contre les possessions espagnoles. Elles s’intégreraient alors dans un plan plus général de lutte contre toutes les places détenues par les Habsbourg de Madrid.
61Les associés tentent de leur côté de comprendre leurs maigres résultats et d’envisager l’avenir de la Compagnie. Les discussions ont dû être intenses. Certains associés sont découragés et pensent abandonner l’entreprise255. Mais la majorité d’entre eux comptent poursuivre la Compagnie. Ils sont attachés à l’œuvre accomplie à Saint-Christophe. Pierre Belain d’Esnambuc, conscient des difficultés rencontrées, présente ses observations aux associés pour améliorer la situation. Il inspire l’idée de la reformation de la Compagnie256.
62La monarchie et les associés s’accordent finalement pour poursuivre l’aventure antillaise mais en lui donnant un nouveau cadre.
Notes de bas de page
1 Sur les entrées des Français aux îles voir Bréard, p. 148-178 ; J.-P. Moreau, Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Karthala, 1992, p. 150-153. En 1538, les auditeurs de l’audience de Santo Domingo se plaignent auprès de l’empereur Charles-Quint des attaques des Français sur les établissements espagnols des Antilles (La audiencia de Santo Domingo al emperador, Santo Domingo, le 10/04/1538, dans A. de Zuazo, Cartas y memorias (1511-1539), Mexico, CONACULTA, 2000, p. 375-376).
2 Pierre Belain d’Esnambuc (1585-1636/1637) est originaire du pays de Caux. Il est le fils de Nicolas Belain, sieur de Quenonville et d’Esnambuc. La famille, ruinée, doit se résoudre à vendre ses terres en 1599 et 1614. Pierre Belain d’Esnambuc se serait alors tourné vers la mer pour survivre (Margry, p. 13-15 et 20-21 ; Acte de vente, le 18/09/1599, dans ibid., p. 87-89 ; Acte de vente, le 16/06/1614, dans ibid., p. 90-98). Le pays de Caux a été ravagé par les guerres de religion et les pestes et a connu une baisse importante du revenu de la terre (J.-N. Biraben, N. Bonneuil, « Population et économie en pays de Caux aux xvie et xviie siècles », Population, 6, 1986, p. 937-942).
3 DT/1667, t. 1, p. 3. Cette date demeure sujette à de nombreuses interprétations. Georges Servant avance qu’il est parti au mois de décembre 1625 sans apporter d’éléments pour étayer son propos (G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 387). La date est trop tardive. Isidore Guët dit que son navire était un brigantin de 250 tonneaux appelé la Victoire, en partie supporté par Jean Cavelet du Herteley et qu’il partit au début de l’année 1625 sans être plus locace sur ses sources (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 277).
4 J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 189.
5 Barrey, p. 92 ; AD 76, TH, reg. 159, Charte-partie, le 1/05/1623. Pub. dans Barrey, p. 85-88.
6 DT/1667, t. 1, p. 3-4. Les historiens se montrent particulièrement septiques sur la faisabilité du voyage. Il n’y a guère qu’Isidore Guët qui y croit (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 285).
7 Ch. de La Roncière, Histoire de la marine française, Paris, Plon, 1910, t. 4, p. 650 ; Barrey, p. 101. Voir aussi sur ce point J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe, première des isles françaises d’Amérique », Bulletin de la société d’histoire de la Martinique, 24, 1982, p. 7). Urbain de Roissey, sieur de Chardonville, est lui aussi originaire du pays de Caux où il a ses parents (Margry, p. 23). Il a obtenu une lettre de marque de l’amiral Henri de Montmorency le 8 août 1624 (AN, Z1D, 6, Requête au lieutenant de la Table de marbre de Paris, le 31/12/1624, fol. 103. Pub. dans A. Dumas, « Le Conseil des prises sous l’Ancien Régime », Nouvelle revue historique de droit, 1905, p. 657). Il dispose de plusieurs bateaux, mais il ne semble partir qu’avec un seul après le 25 avril 1625, l’Espérance (Prêt consenti à Urbain de Roissey, le 25/04/1625, dans Bréard, p. 213). Les bateaux portent souvent les mêmes noms, ce qui conduit à bien des méprises.
8 Margry, p. 23 ; G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 387.
9 Charte-partie, le 17/01/1620, cité par Barrey, p. 81. Il navigue sur le Petit-Orgny vers le Brésil en 1603 et a peut-être à cette occasion déjà abordé les Antilles (Charte-partie, le 24/02/1603, citée par Barrey, p. 77).
10 AD 76, TH, reg. 186, Déclaration faite à la requête de Simon Philippe de Honfleur. Récit de Jean Perrier, dans Barrey, p. 67 ; J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 8-9. La Levrette est un navire de cinquante tonneaux. La charte-partie du 18 novembre 1623 mentionne un équipage de vingt-cinq hommes. Le voyage connaît de nombreux déboires. Le capitaine Étienne Decqueville décède et le bateau connaît des avaries. Les hommes ne peuvent le manœuvrer. Ils demeurent dans l’île de la Martinique pendant deux ans dans l’attente du passage d’un navire (Barrey, p. 67).
11 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 101 ; DT/1667, t. 1, p. 5.
12 J. Smith, The generall historie of Virginia, new England, and the summer îles [1629], Richmond, The Franklin Press, 1819, p. 269-270 ; J. Hilton, Relation of the first Settlement of St Christopher and Nevis [1675] dans V. Langford Oliver, The History of the Island of Antigua, Londres, Mitchell and Hughes, 1894, t. 1, p. XIII.
13 Copy of the First Commission which was ever granted for the Government of Barbados and the Ieeward Islands, le 13/09/1625, dans Flannigan, Antigua and the Antiguan, Londres, Saunders and Otley, 1844, vol. II, p. 305-307.
14 DT/1667, t. 1, p. 5-6.
15 « Dans ses derniers voyages aux Antilles, d’Esnambuc avait entrevu un moyen plus relevé de rétablir sa fortune et d’être utile à son pays. Il s’agissait de fonder une ou plusieurs colonies au milieu de cet archipel des Caraïbes presque désert » (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 272).
16 DT/1667, t. 1, p. 7 ; I. Guët, « Origines des petites Antilles », 1897, op. cit., p. 359.
17 G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 388 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 361.
18 Margry, p. 15-16 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 274.
19 Barrey, p. 79, 91, 114-115 et 119-120.
20 Charte-partie, le 17/01/1620, cité par Barrey, p. 84-85 et 89.
21 Barrey, p. 89 ; J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 6 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1897, p. 363.
22 Mais nous ne savons pas quand Cavelet du Herteley a pris ses fonctions de receveur. La seule pièce dont nous disposons sur son rôle au Havre date de 1627 (Comptes de la recepte et despence faicte pour la citadelle et fortification du Havre de Grâce, dans Richelieu/D, p. 543).
23 Philippe Barrey dit que Jean Cavelet accompagne d’Esnambuc à Paris sans apporter l’origine de cette information (Barrey, p. 121).
24 H. Hauser, La pensée et l’action économiques du cardinal de Richelieu, Paris, 1944.
25 Les premiers écrits de Richelieu sur les affaires commerciales maritimes datent de 1625 (J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, Paris, Pluriel, 1987, p. 96). En 1625, il se soucie de la menace que font peser les corsaires barabaresques sur le trafic en Méditerranée (Règlement pour la mer, 1625, dans Richelieu/P, t. 1, p. 242 et suiv.).
26 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 278.
27 Ibid., p. 62-63.
28 Ibid., p. 87. Le projet de mariage de Gaston d’Orléans, frère du roi, avec mademoiselle de Bourbon-Montpensier déplait aux Grands qui voient leur place dans la succession royale s’éloigner avec la promesse d’un nouvel héritier. Ils devinent dans cette affaire une intervention de Richelieu pour les écarter du pouvoir. Henri de Talleyrand-Périgord, comte de Chalais, s’épanche un soir et parle du complot visant à tuer le cardinal. Il est arrêté et exécuté le 19 août 1626 (V.-L. Tapié, La France de Louis XIII et de Richelieu, Paris, Flammarion, 1980, p. 159-160 ; D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 40-41).
29 M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France d’Ancien Régime, Paris, SEDES, 1998, p. 316. Joseph Bergin parle pour sa part de 300000 livres (J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 87). Le gouvernement du Havre avait été fondé par le bisaïeul de Richelieu, le vice-amiral du Chillou, en 1517 (M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 216).
30 Comptes de la recepte et despence faicte pour la citadelle et fortification du Havre de Grâce, dans Richelieu/D, p. 543 et suiv.
31 États statistiques de la marine de France 1631-1639, dans Sourdis/C, t. 3, p. 360-361.
32 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 88.
33 M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 319.
34 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 87.
35 Ibid., p. 91. Charles de La Porte, duc de la Meilleraye (1602-1664) est un cousin germain du cardinal. Grand maître de l’artillerie, il sert sur les principaux champs de bataille durant la Guerre de Trente ans. Il devient surintendant des finances à la fin de sa vie (Ch. Dezobry, Th. Bachelet, Dictionnaire général, op. cit., t. 2, p. 1681).
36 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 89 et 91.
37 Ibid., p. 91. Urbain de Maillé-Brézé († 1650) est marié à l’une des sœurs de Richelieu. Il est capitaine des gardes, puis maréchal de France. Il a été ambassadeur en Suède et en Hollande (Ch. Dezobry, Th. Bachelet, Dictionnaire général, op. cit., t. 2, p. 1777).
38 Lettres de création en faveur du cardinal de Richelieu de la charge de grand maître et surintendant de la marine et de la navigation, Saint-Germain-en-Laye, octobre 1626, dans Isambert, t. 16, p. 194. Le parlement enregistre l’acte royal le 18 mars 1627 (id.).
39 L’amiral de France est le plus prestigieux – il est un des grands officiers de la couronne – mais il ne domine pas les autres. Il y a un amiral en Guyenne et un autre en Provence pour la Méditerranée. Le gouverneur de Bretagne fait office d’amiral dans sa province (R. Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue, Paris, PUF, 1980, op. cit., t. 2, p. 112).
40 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 96 ; M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 316. Montmorency (1595-1632) est amiral de France en 1612 et amiral de Guyenne en 1614 (R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 112). Il occupe encore la charge de gouverneur du Languedoc. Il devient maréchal en 1629. Sa révolte conduira à son exécution en 1632 (Ch. Dezobry, Th. Bachelet, Dictionnaire général, op. cit., t. 2, p. 1947).
41 Édit royal, janvier 1627, dans Isambert, t. 16, p. 198. La charge d’amiral de France est rétablie par édit royal en novembre 1669. Elle revient au comte de Vermandois, fils légitimé de Louis XIV, qui est âgé de deux ans (MDSM/ Loix, t. 1, p. XXVII).
42 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 97 ; M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 316.
43 M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 336 et 338.
44 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 97-98.
45 Ibid., p. 99.
46 Ibid., p. 103-105. D’Effiat rapporte au cardinal la mauvaise tenue des comptes (d’Effiat à Richelieu, Chailly-en-Bière, le 29/01/1629, dans Richelieu/P, t. 4, p. 63.
47 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 111.
48 Mémoire touchant la marine envoyé à M. le garde des Sceaux, le 18/11/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 290 et suiv.
49 L’alliance conclue en décembre 1624, entre Louis XIII et les Provinces-Unies lui permet de recevoir l’appui de vingt vaisseaux de guerre. Cette flotte est rappelée en Hollande le 3 janvier 1626 (M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 308 et 315).
50 Lettres de création en faveur du cardinal de Richelieu de la charge de grand maître et surintendant de la marine et de la navigation, Saint-Germain-en-Laye, octobre 1626, dans Isambert, t. 16, p. 194.
51 Sept compagnies ont été créées sous Henri IV : la Cie du Canada et de l’Acadie (1599), la Cie de Sumatra, Java, des Moluques (1600), la Cie du Corail (1600), la Cie de Saint-Malo (1600), la Cie du Canada (1602), la Cie de Guyane (1604) et la Cie des Indes orientales (1604). Cinq compagnies voient le jour au début du règne de Louis XIII. Ce sont : la 2e Cie du Canada (1613), la Cie des Moluques (1615), la Cie Beaulieu et Le Lièvre (1615), la Cie de Paris et de Rouen ou 2e Cie des Indes orientales (1616), la 3e Cie du Canada (1620) (E. Benoît du Rey, Recherches sur la politique coloniale de Colbert, op. cit., p. 14-15). Cette liste n’est pas exempte d’approximations voire d’erreurs mais elle donne une idée de l’importance du phénomène.
52 M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 291. Cette dénonciation est récurrente depuis la fin du xvie siècle, et intervient en 1588, 1603, 1604, 1607, 1616 et 1617.
53 Ph. de Béthune, Le conseiller d’estat ou Recueil des plus générales considérations servant au maniment des affaires publiques [1633], Paris, la Cie des libraires du Palais, 1665, p. 226 ; J.-Y. Grenier, Histoire de la pensée économique et politique de la France d’Ancien Régime, Paris, Hachette, 2007, p. 113. Sur la pensée de Philippe de Béthune, Voir G. Thuillier, « Politique et économie au xviie siècle. Le “conseiller d’État” de Philippe de Béthune (1633) », Revue économique, 9, n° 1, 1958, p. 144-150.
54 G. Fournier, Hydrographie contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation, Paris, Michel Soly, 1643, p. 207. Les succès de la WIC sont cependant éclipsés par la réussite insolente de la VOC.
55 G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 47-48.
56 Contrat d’association de la Cie du Morbihan ou des Cent-Associés, Charonne, le 31/03/1626, dans Richelieu/P, t. 1, p. 303-313.
57 G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 53 ; M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 316. Voir aussi M. Duval, « Un projet avorté : la Compagnie Royale du Morbihan (1626-1628) », Annales de Normandie, 1989, vol. 39, n° 4, p. 449-450.
58 Contrat de la Cie de la Nacelle de Saint-Pierre Fleurdelysée, Paris, le 4/06/1626, dans Richelieu/P, t. 1, p. 321-337.
59 Mémoire du chevalier de Razilly, Pontoise, le 2/11/1626, dans L. Deschamps, Un colonisateur du temps de Richelieu. Isaac de Razilly, Paris, Institut géographique de Paris/Ch. Delagrave, 1887, p. 16 ; G. Fournier, Hydrographie, op. cit., p. 205.
60 M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 315. Le Code Michau de 1629 se prononce aussi en ce sens (ibid., p. 335).
61 Mémoire du chevalier de Razilly, op. cit., p. 15-35. Voir H. Granier, « La pensée navale française dans la première moitié du xviie siècle (1600-1661) », dans H. Coutau-Begarie, (éd.), L’évolution de la pensée navale, t. 2, Paris, 1992. [En ligne], URL : http://www.stratisc.org/pub/pn/PN2_Granier.html.
62 A. Delmas, « L’écriture de l’histoire et la compétition européenne outre-mer au tournant du xviie siècle », L’Atelier du Centre de recherches historiques, 07, 2011. [En ligne], URL : http://acrh.revues.org/3632 ; DOI : 10.4000/ acrh.3632.
63 P. Bergeron, Traité de navigation et des voyages de découverte et conquêtes modernes et principalement des Français, Paris, Michel Soly, 1630.
64 Mémoire touchant la marine envoyé à M. le garde des Sceaux, le 18/11/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 290-292. L’assemblée des notables se tient du 2 décembre 1626 au 24 février 1627 (P. Chevalier, Louis XIII, Paris, Fayard, 1979, p. 315 ; M. Carmona, Richelieu, Paris, Marabout, 1986, p. 454).
65 D. L. M. Avenel, « note », dans Richelieu/L, t. 2, p. 291. Voir le Discours de Marillac, le 2/12/1626, dans le Mercure françois, t. 12, p. 759.
66 Propositions qui doivent être faites de la part du roi, fin 1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 324. Elles ne sont portées devant l’assemblée que le 11 janvier 1627 car ses travaux ont pris du retard (D. L. M. Avenel, « note », dans Richelieu/L, t. 2, p. 317).
67 Harangue prononcée en l’assemblée des notables, le 9/12/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 301.
68 Richelieu/M, p. 438. Il semble avoir une assez bonne connaissance de la situation du commerce grâce aux renseignements que lui fournissent ses agents à Londres, Madrid et Bruxelles (H. Hauser, La pensée et l’action économiques du cardinal de Richelieu, cité par V.-L. Tapié, La France de Louis XIII et de Richelieu, op. cit., p. 172).
69 Richelieu/T, p. 115 et suiv.
70 Instructions de Richelieu à Cahusac, Grenoble, le 18/02/1629, cité par Margry, p. 32. Les chroniqueurs des Antilles relaient la parole royale. Dutertre écrit ainsi : « l’Espagnol […] croit être seul et légitime possesseur de ce grand pays [l’Amérique], se prévalant de la donation qu’Alexandre vi en avait fait aux rois catholiques Ferdinand et Isabelle, l’an 1493, pour y établir le christianisme » (DT/1654, p. 3). Rochefort écrit pour sa part : « les Espagnols, se fondant sur la donation du pape Alexandre sixième, et sur quelques autres raisons apparentes, prétendent que le droit de naviguer en l’Amérique et d’y établir des colonies, soit au continent soit aux îles, leur appartenaient privativement à tous autres […] la vanité de cette arrogante présomption se découvre assez d’elle-même » (Rochefort, t. 2, p. 5).
71 Bouton, p. 35.
72 Richelieu/T, 2e partie, p. 120.
73 Philippe Barrey pense que Cahusac avait des instructions pour faire une reconnaissance (Barrey, p. 179). Dutertre pour sa part dit qu’il « alla chercher fortune vers le golfe du Mexique » (DT/1667, t. 1, p. 27).
74 Les Français sont intervenus successivement dans la vallée de la Valteline (1624-1625), puis au Piémont (1625- 1626) et à Mantoue (1628-1630) dans le but d’affermir leurs positions en soutenant leurs candidats lors des successions et de contrer les Espagnols et les Impériaux. Le traité de Cherasco de 1631 y met un terme (L. Bély, et al. (éd.), Guerre et paix dans l’Europe du XVIIe siècle, Paris, SEDES, 1991, t. 2, p. 112-131).
75 Ph. Duplessis-Mornay, Discours au roi Henri III sur les moyens de diminuer l’Espagnol du 24 avril 1584, dans Mémoires contenans divers discours, instructions, lettres et dépesche par lui dressées ou escrites aux rois…, Paris, 1624, t. 1, p. 367-368. Voir à ce sujet l’analyse de D. Poton, « Philippe Duplessis-Mornay et la mer : Discours au roi Henri III sur les moyens de diminuer l’Espagnol (1584) », dans M. Acerra, G. Martinière (éd.), Coligny, les protestants et la mer, op. cit., p. 151.
76 Richelieu/T, 2e partie, p. 121.
77 Dupuis, p. 4.
78 Richelieu/T, 2e partie, p. 140-141.
79 Richelieu évoque ainsi dans une lettre au roi « l’honneur qu’il vous plaît me faire de me mettre Le Havre entre les mains pour y établir le commerce », BnF, fonds Baluze, 334, Richelieu au roi, octobre 1626, fol. 307. Pub. dans Richelieu/P, t. 1, p. 496-497.
80 « Vous avez, sire, deux grands chemins ouverts à l’acquisition de la gloire. L’un qui vous porte directement contre les Turcs et mécréants, desquels la force s’affaiblit de jour en jour, à mesure que les ordres s’abatardissent, et l’autre qui s’ouvre largement aux peuples, qu’il vous plaira envoyer dans ce nouveau monde, où vous pouvez planter et provigner de nouvelles frances », A. de Montchrestien, Traité de l’économie politique, op. cit., p. 253-254. Cette idée sera reprise par l’un des associés de la Cie des îles de l’Amérique, Pierre Chanut, dans une lettre adressée à Hugues de Lionne en 1648 : « on ne peut douter qu’il soit glorieux et utile pour le roi que son nom et ses armes paraissent aux Indes » (BnF, ms fr. 17964, Chanut à de Lionne, le 5/09/1648. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle : Pierre Chanut », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1901, p. 188).
81 H. Dewar, « Souveraineté dans les colonies, souveraineté en métropole : le rôle de la Nouvelle-France dans la consolidation de l’autorité maritime en France, 1620-1628 », RHAF, 64, n° 3-4, 2011, p. 63-92 ; C. Desbarats, « La question de l’État en Nouvelle-France », dans Ph. Joutard, Th. Wien, Mémoires de la Nouvelle-France. De France en Nouvelle-France, Rennes, PUR, 2005, p. 187-198. Les liens entre l’expansion outre-mer et l’affirmation de l’État ont été mis en avant par de nombreux chercheurs concernant le monde britannique. Voir en particulier les articles de Anthony Pagden, Michael J. Braddick, Nuala Zahedieh et G. E. Aylmer dans N. Canny (éd.), The Origins of Empire, Oxford UP, 2001.
82 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 100.
83 « comme il est plus particulièrement porté par les lettres du dit pouvoir en date du second jour du mois », MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 100.
84 Com. de Richelieu aux Srs. d’Esnambuc et du Rossey, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 12-13.
85 Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 8.
86 Rochefort attribue l’idée de la création de la Compagnie à d’Esnambuc (Rochefort, t. 2, p. 7). Il occulte totalement le rôle de Richelieu dans cette affaire. Il ne le cite même pas. Le pasteur protestant règle-t-il un contentieux avec le cardinal dont il n’a pas accepté l’intervention à La Rochelle ?
87 Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 9-11. Isidore Guët dit avoir la preuve que le secrétaire du cardinal Le Masle a payé 11000 livres à Cavelet du Herteley pour le compte de Richelieu sans donner la référence du document qu’il utilise (I. Guët, Le colonel François Collart et la Martinique de son temps, colonisations, sièges, révoltes et combats de 1625 à 1720, Vannes, Éditions Lafolye, 1893, p. 14). La somme elle-même ne correspond pas à l’acte d’association.
88 AN, MC, étude LI, 493, Acte de vente, Paris, le 1/02/1635, pas de n° de fol. ; AN, MC, étude LI, 500, Acte de vente, Paris, le 10/12/1638, pas de n° de fol.
89 Claude Mallier du Houssay vend sa part dans la Compagnie le 3 mars 1635 à François Fouquet pour la somme de 4300 livres (ANF, MC, étude LI, 505, IAD de Fr. Fouquet, Paris, le 4/08/1640, item 65, pas de n° de fol. ; Minute de maître Houdart, le 4/08/1640, cité dans G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 417). Ce montant est encore évoqué dans AN, MC, étude LI, 499, Acte de vente, Paris, le 1/06/1638, pas de n° de fol. ; AN, MC, étude LI, 500, Acte de vente, Paris, le 10/12/1638, pas de n° de fol.
90 AN, MC, étude XIX, 409, Acte de vente, Paris, le 20/02/1635, pas de n° de fol.
91 G. Servant, « Les Compagnies de Saint-Christophe et des îles de l’Amérique », op. cit., p. 414 et 417. Servant doit s’appuyer pour obtenir le nombre de parts sur le fait qu’en 1637 les parts sont dédoublées pour atteindre le chiffre de 45 parts de 1000 livres, soit (21 x 2) + 3 (ANOM, F2A13, Délibération de la Cie, Paris [désormais Délibération], le 2/12/1637, p. 315-316 ; Délibération, le 6/01/1645, p. 478). Isidore Güet fait un résumé des cessions des parts d’après le manuscrit des délibérations (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 272).
92 C’est l’hypothèse avancée par Güet (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 282).
93 Contrat de mariage de Launay Razilly, le 12/05/1629, dans Généalogie de la famille de Rasilly, op. cit., p. 333.
94 DT/1667, t. 1, p. 21 et 24.
95 Contrat d’association de la Cie du Morbihan ou des Cent-Associés, Charonne, le 31/03/1626, dans Richelieu/P, t. 1, p. 303-313 ; Articles et conventions de société et compagnie pour l’exécution des articles accordés le 29 avril 1627 à la Cie du Canada, le 7/05/1627, dans Édits, ordonnances royaux, déclarations et arrêtés du Conseil du roi concernant le Canada, Québec, E. R. Fréchette, 1854, p. 12-13 ; B. G. Trigger, Les Indiens, la fourrure et les Blancs, Boréal/ Seuil, 1992, p. 450.
96 Ch. Wilson, La république hollandaise des Provinces-Unies, Paris, Hachette, 1968, p. 212 ; F. Mauro, M. de Souza, Le Brésil du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1997, p. 89 ; M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 135.
97 AD 76, TH, reg. 183, Acte réglant l’affrètement des navires, le transport des engagés et leurs obligations à l’égard des colons de Saint-Christophe, le 17/05/1627. Pub. dans Anth, t. 2, p. 538-539 ; AD 76, TH, reg. des reconnaissances, Contrat d’engagement, le 25/05/1629. Pub. dans Barrey, p. 165.
98 Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 8-10.
99 F. Souty, « Willem Usselincx et la fondation de la première Compagnie des Indes occidentales (West-Indische compagnie) (1586-1626) », op. cit., p. 130-131. Sur le fonctionnement de la WIC, voir P. Emmer, « The West India Company, 1621-1791 : Dutch or Atlantic », dans L. Blussé, F. Gaastra (éd.), Compagnies and Trade, op. cit., p. 71-95 ; H. den Heijer, De geschiedenis van de WIC, Zutphen, Walburg pers, 1994.
100 Daniel Dessert veut croire que la Compagnie du Morbihan sert de modèle aux futures compagnies françaises (D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 125). Dans l’intention de donner un cadre à l’activité commerciale certainement, mais moins dans la structure.
101 La Compagnie de l’île de la Providence dispose de 3800 livres, constituées d’actions de 200 livres, et ne compte que vingt associés appartenant au monde politico-financier londonien et ayant l’expérience des compagnies (K. O. Kupperman, Providence Island 1630-1641, Cambridge, Cambridge UP, 1995, p. 295).
102 Ph. de Béthune, Le conseiller d’estat, op. cit., p. 226-227.
103 Pierre du Gua de Monts a en effet obtenu en 1603 les droits exclusifs de la traite des fourrures et le titre de lieutenant général de l’Acadie et du Canada (J. Mathieu, La Nouvelle-France, op. cit., p. 48). Une autre compagnie existe pour la Terre-Ferme, en fait les Guyanes. Les lettres royales du 18 mars 1627 donnent à Richelieu le pouvoir de créer des compagnies maritimes (R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 113). La Cie de la Nouvelle-France est établie par les actes du 29 avril 1627 (Établissement de la Cie du Canada, Paris, le 29/04/1627, dans Collection de manuscrits… relatifs à la Nouvelle-France, vol. 1, Québec, À côté et Cie, 1883, p. 62-71 ; Contrat portant reconnaissance des articles, Paris, le 29/04/1637, dans Collection de manuscrits… relatifs à la Nouvelle-France, vol. 1, op. cit., p. 71-72).
104 En 1636, à la mort de Carlisle, un nouveau propriétaire est désigné, lord Willoughby (M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 175). Sur les colonies à propriétaires, voir L. H. Roper, B. Van Ruymbeke, (éd.), Constructing Early Modern Empires, Leyde, Brill, 2007.
105 Ph. Barrey, Le Havre maritime, op. cit., p. 68-70.
106 Ibid., p. 71 ; J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 152.
107 D. Asseline, Les antiquités et chroniques de la ville de Dieppe [1682], Paris, Le livre d’histoire, 2008, t. 2, p. 227 ; Sommaire du voyage fait par le Sr. d’Infreville, Paris, le 23/03/1631. Pub. dans Sourdis/C, t. 3, p. 180 et 208. Port-Louis est une création royale de 1618 (M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 288).
108 « Au dessus, Blavet fait ce grand bassin que l’on appelle Port-Louis où, en basse eau, la mer pourtant toujours mêlée, Blavet a toujours six ou sept brasses de profondeur, et fait de ce beau port, capable de quatre ou cinq cents vaisseaux de toutes grandeurs, toujours à nage et à flot » (F.-N. B. Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne en 1636, t. 1, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1898, p. 87). François Nicolas Baudot est un proche de l’un des associés de la Cie des îles de l’Amérique, Henri du Plessis de Guénégaud (« Préface », dans F.-N. B. Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne en 1636, op. cit., t. 1, p. XIII-XIV).
109 G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 48.
110 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 99-102. Dutertre précise que les deux capitaines ont obtenu un congé le 14 novembre 1626 pour poursuivre l’aventure (DT/1654, p. 8).
111 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 100 ; Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 8.
112 AD 76, TH, reg. 183, Charte-partie, le 13/01/1627, dans Anth, t. 2, p. 533 ; DT/1667, t. 1, p. 15.
113 DT/1667, t. 1, p. 15.
114 223 noms apparaissent dans le contrat d’engagement du 13 janvier 1627, mais il est en mauvais état. Barrey dit qu’il y a en fait 246 engagés. Ils doivent être autour de 300 (AD, 76, TH, reg. 183, Contrat d’engagement, le 13/01/1627, dans Anth, t. 2, p. 533-537 ; Barrey, p. 141 ; J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 18). J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 18. C’est d’ailleurs le nombre d’hommes avancé par Dutertre dans la première version de son histoire en 1654, et par Rochefort (DT/1654, p. 8 ; Rochefort, t. 2, p. 8). Mais ils ne disent pas si ce chiffre comprend tous les hommes de l’expédition et notamment ceux venus avec Roissey.
115 Il ne peut partir qu’après avoir signé le contrat d’engagement le 3 février 1627 (Barrey, p. 141).
116 DT/1667, t. 1, p. 16.
117 J. Smith, The Generall Historie of Virginia, op. cit., p. 270.
118 Le terme de Cabesterre est toujours employé par les associés de la Cie ainsi que par les chroniqueurs Dupuis, et Maurile de Saint-Michel. D’autres chroniqueurs (Dutertre, Chevillard, Anonyme de Grenade) parlent plus volontiers de Capesterre pour désigner la côte au vent des îles. Les cartes du XVIIe siècle portent toutes Cabesterre. Nous nous sommes conformés à cet usage.
119 Partage des terres de l’île de Saint-Christophe, Saint-Christophe, le 13/05/1627, dans DT/1667, t. 1, p. 17-18 ; Separation of the Island of St Christopher, le 13/05/1627, dans V. Langford Oliver, The History of the Island of Antigua, op. cit., p. X ; Articles faits et accordés entre les Français et les Anglais, Saint-Christophe, le 13/05/1627, dans DT/1667, t. 1, p. 18-20 ; Articles agreed upon by captain Warner, Mr Desnambucq and Mr du Roissy, le 13/05/1627, dans V. Langford Oliver, The History of the Island of Antigua, op. cit., p. X.
120 Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 10-11.
121 Bret/RF, p. 85 ; DT/1667, t. 1, p. 45 ; BnF, ms fr. 17964, Chanut à de Lionne, le 5/09/1648. Pub. dans A. Ojardias, « Un diplomate riomois au xviie siècle », op. cit., p. 187.
122 Nous entendons par financiers tous ceux qui directement ou non sont au service du roi pour des affaires financières, monétaires et fiscales par charge (office) ou par contrat. Au xviiie siècle, le banquier Jacques Necker en donnait la définition suivante : « on donne le nom de financiers, en France, aux différentes personnes qui sont chargées du recouvrement des revenus publics, soit comme receveurs, soit comme fermiers, soit comme régisseur ; et l’on comprend encore sous la même dénomination, les trésoriers qui paient les dépenses de l’État, les banquiers de la cour qui remplissent les services des affaires étrangères, et les diverses personnes qui, moyennant un droit de commission, font des avances et sur la rentrée plus ou moins éloignée des impositions » (J. Necker, De l’administration des finances de la France, 1784, t. 3, p. 122). Françoise Bayard ne retient dans son étude sur les financiers que les fermiers, traitants et prêteurs. Gervais Carpin qui s’est livré à l’identification des financiers dans la Cie de la Nouvelle-France comprend les fermiers, les traitants, les prêteurs et les officiers de finances (G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 98).
123 I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1897, p. 363 et 403.
124 S. Beauvalet, V. Gourdon, F.-J. Ruggiu, « Réseaux et mobilités à Paris au milieu du xviie siècle », Histoire, économie et société, 1998, 17e année, n° 4, Paris, p. 556.
125 Fr. Bayard, Le monde des financiers au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1988, p. 366.
126 Ibid., p. 366 ; L. A. Boiteux, Richelieu « grand maître de la navigation et du commerce de France », Paris, Éd. Ozane, 1955, p. 253 ; G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 95. 53 des 155 associés identifiés sont des financiers, soit 34,2 %.
127 Fr. Bayard, Le monde des financiers, op. cit., p. 98.
128 Isidore Guët dit ainsi à propos des associés de la Compagnie pour les îles que ce sont : « un petit nombre de personnes animées de bonne volonté, sans d’ailleurs aucune expérience de la colonisation, ne pouvant, selon toute apparence, s’inspirer d’aucun précédent. Quantité de noms peu connus ou tout à fait ignorés figurent dans les délibérations » (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 279). Voir aussi P. Cultru, « Le commandeur de Poincy… », op. cit., p. 295.
129 D. Dessert, Argent, pouvoir et société au Grand siècle, Paris, Fayard, 1984, p. 7 et 392.
130 Fr. Bayard, J. Felix, Ph. Hamon, Dictionnaire des surintendants et contrôleurs généraux des finances du XVIe siècle à la Révolution Française de 1789, Paris, CHEFF, 2000, p. 61.
131 Moreri, t. 7, 1759, p. 258 ; ACB/D, t. 9, 1775, p. 549.
132 J. Brodeau, Commentaire sur la coustume de la presvoté et vicomté de Paris, Paris, D. Bécher/L. Billaine, t. 1, 1658, p. 409 ; Moreri, t. 2, 1759, p. 284 ; H. Coustant d’Yanville, Chambre des comptes de Paris. Essais historiques et chronologiques, Paris, J. B. Dumoulin, 1866-1875, p. 423. Mais D’Hozier donne la date du 13 juin 1626 (L.-P. d’Hozier, Armorial général, op. cit., p. 521).
133 B. G. Rolland, Compte rendu aux chambres assemblées concernant les collèges que les ci-devant soi-disants jésuites occupaient à Poitiers, le 7/06/1764, dans Recueil de plusieurs ouvrages de M. le président Rolland, Paris, P. G. Simon/N. H. Nyon, 1783, p. 55.
134 Moreri, t. 4, 1759, p. 231 ; Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, t. 8, p. 429 ; ACB/D, t. 7, 1774, p. 507.
135 Moreri, t. 1, 1759, p. 349 ; ACB/D, t. 9, 1775, p. 283.
136 Barrey, p. 116. La procuration est signée chez Pierre Parque et Pierre Guerreau, notaires au chatelet.
137 Sommaire du voyage fait par le Sr. d’Infreville, Paris, le 23/03/1631. Pub. dans Sourdis/C, t. 3, p. 185.
138 K. O. Kupperman, Providence Island 1630-1641, op. cit., p. 357-360.
139 J. Poivre, Jérémie Ferrier (1576-1626), Genève, Droz, 1990, p. 26. Plusieurs lettres témoignent de son action auprès d’Effiat dans les années trente (Richelieu à d’Effiat, le 27/05/1632, dans M.-C. Vignal-Souleyreau, La correspondance du cardinal de Richelieu. Au faîte du pouvoir : l’année 1632, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 241 ; D’Effiat à Richelieu, Verdun, le 18/05/1632, dans ibid., p. 236).
140 D. L. M. Avenel, « Préface », dans Richelieu/L, t. 8, p. XXV ; J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 101.
141 Plusieurs maîtres des requêtes, dont François Fouquet, s’occupent de ses affaires privées (J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 61 et suiv.).
142 D. L. M. Avenel, « note » dans Richelieu/L, t. 2, p. 55. Vieuville (1582-1653) surintendant des finances en 1623, entre par la suite dans toutes les cabales contre Richelieu qu’il a pourtant poussé à ses débuts. Il doit à plusieurs reprises s’exiler à l’étranger (en 1624, puis en 1631). Il revient en grâce à l’époque de Mazarin (Ch. Dezobry, Th. Bachelet, Dictionnaire général, op. cit., t. 2, p. 1644 ; V. L. Tapié, La France de Louis XIII et de Richelieu, op. cit., p. 133-134).
143 Richelieu à Bouthillier, Pontoise, le 20/09/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 263.
144 Il lui rend hommage en rapportant un propos flatteur sur son action en 1630 : « Monsieur de Bordeaux a écrit ici avec éloquence que vous savez prendre autant d’avantage sur les ennemis, l’épée à la main, que sur les financiers quand vous avez le jetton » (Richelieu à d’Effiat, le 13/07/1630, dans Richelieu/L, t. 3, p. 756).
145 Richelieu à madame d’Effiat, le 13/07/1630, dans Richelieu/L, t. 3, p. 761.
146 Les donations sont faites en 1633, 1634 et 1636. Claude Maillier du Houssay, qui entrera plus tard dans la Compagnie, apparaît aussi dans cette liste (M.-C. Vignal-Souleyreau, Le cardinal de Richelieu à la conquête de la Lorraine, p. 338-339 ; M.-C. Vignal-Souleyreau, Correspondance du cardinal de Richelieu. Inédits années 1632 et 1633, 2010, [En ligne], p. 8).
147 Le 11 mars 1626, le roi attribue la marine du Levant à Beauclerc, secrétaire d’État à la guerre, et celle du Ponant à Nicolas Potier d’Ocquerre (BnF, coll. Clairambault, ms 664, Règlement entre MM. les secrétaires d’État, Paris, le 11/03/1626. Pub. dans O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 234). Les quatre secrétaires d’État à cette époque sont : Antoine de Loménie de Brienne, Beauclerc, Potier d’Ocquerre et Phélipaux d’Herbault. Les différentes provinces sont alors partagées entre les secrétaires d’État qui héritent en outre de compétences particulières sur certains sujets. Loménie a la maison du roi, Beauclerc la guerre et d’Herbault, les affaires étrangères. Loménie occupe le secrétariat de 1615 à 1643 (R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 145-146). Beauclerc est secrétaire d’État à la guerre du 5 février 1624 à sa mort le 13 octobre 1630 (D. L. M. Avenel, « note » dans Richelieu/L, t. 2, p. 103).
148 O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 94. Il a eu la survivance du secrétariat de son père Antoine (R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 145-146).
149 O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 55 ; BnF, Clairambault, ms 664, Règlement entre MM. les secrétaires d’État, le 11/03/1626, fol. 129. Pub. dans O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 234. En fait, il s’occupe des affaires intérieures de certaines provinces et de la flotte de l’Atlantique.
150 Bouthillier à Richelieu, juillet-août 1635, dans Richelieu/L, t. 8, p. VIII. Les Bouthillier sont au service de la famille de Richelieu depuis de longues décennies. Denis Bouthillier, seigneur de Fouilletourte, servait le grand-père de Richelieu, François de La Porte (O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 52). Ils représentent le cardinal auprès du roi (Richelieu à D. Bouthillier, Suze, le 21/003/1629, dans Richelieu/L, t. 3, p. 262 ; Richelieu à D. Bouthillier, Suze, le 30/04/1629, dans Richelieu/L, t. 3, p. 293 ; Richelieu à Bouthillier, Pontoise, le 20/09/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 262-263 ; Richelieu à Bouthillier, Pontoise, le 1/10/1626, dans Richelieu/L, t. 2, p. 270). Claude Bouthillier doit toute sa carrière au cardinal qui l’introduit auprès de Marie de Médicis qui en fait un de ses secrétaires de commandement (BnF, coll. Baluze, ms 323, Marie de Médicis à Louis XIII, s. d., fol. 72, cité par O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 53). Son frère Denis Bouthillier, sieur de Rancé, est aussi conseiller de la reine-mère (O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 53). Claude Bouthillier sera l’un des exécuteurs testamentaires du cardinal (F. Hildesheimer, « Richelieu et Séguier ou l’invention d’une créature », dans B. Barbiche, Y.-M. Bercé (dir.), Études sur l’ancienne France offertes en hommage à Michel Antoine, École des chartes, Paris, 2003, p. 221).
151 O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 58 ; R. Mousnier, Les institutions de la France, op. cit., t. 2, p. 146. Voir aussi Y. Le Guillou, « L’enrichissement des surintendants Bullion et Bouthillier ou le détournement des fonds publics sous Louis XIII », xviie siècle, 211, 2001-2, p. 195-213.
152 O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 126, d’après MAE, France, 829, Estat des pensions, 1637, fol. 246v. Il semble que ses compétences ne soient pas bien délimitées car bien d’autres ministres ont des responsabilités dans la Marine. François Sublets des Noyers, secrétaire d’État à la guerre, discute des brevets pour les officiers de Marine et de la coupe du bois de constructions des navires en 1640, et Loménie de Brienne a des droits de pêche en haute mer (O. Ranum, Les créatures de Richelieu, op. cit., p. 126).
153 Déclaration royale, Saint-Germain-en-Laye, le 25/11/1634, dans DT/1667, t. 1, p. 43.
154 Michel Le Masle (v. 1590-1662) est au service de Richelieu depuis 1622 (Richelieu à Le Masle, fin 1622, dans Richelieu/L, t. 8, p. 749). Il est son secrétaire (1626) puis son surintendant. Il reçoit le prieuré des Roches du cardinal (D. L. M. Avenel, « note », dans Richelieu/L, t. 8, p. 748). Charpentier apparaît dès 1621 dans la correspondance du cardinal. Il sert d’intermédiaire auprès de la reine-mère. Il rédige aussi les dépêches en l’absence de Bouthillier (Richelieu à Charpentier, 1621, dans Richelieu/L, t. 8, p. 696-698). Voir aussi J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 57
155 Philippe de Béthune écrit ainsi en 1633 : « Le seul moyen de rétablir le commerce de mer parmi une nation […] c’est de contraindre les marchands qui négocient sur mer en certains endroits, de s’associer les uns les autres, et non de faire leur trafic à part » (Ph. de Béthune, Le conseiller d’estat, op. cit., p. 226).
156 Il est mort sans enfants. Sa nièce, Bonne de Ruzé, épouse Gilbert Coeffier, seigneur d’Effiat et a un fils, Ruzé d’Effiat, le futur surintendant (D. L. M. Avenel, « note » dans Richelieu/L, t. 8, p. 8).
157 MAE, MD, Am., 4, Contrat pour l’établissement des Français à l’île Saint-Christophe, Paris, le 31/10/1626, fol. 65. Pub. dans Margry, p. 102.
158 Acte d’association des seigneurs de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 10.
159 Barrey, p. 119-120.
160 Délibération, le 31/01/1635, p. 245.
161 ANOM, F2A13, Articles accordés entre les associés de la Cie, Paris, le 13/02/1635, p. 11.
162 AD 76, TH, reg. 183, Acte réglant l’affrètement des navires, le transport des engagés et leurs obligations à l’égard des colons de Saint-Christophe, le 17/05/1627. Pub. dans Anth, t. 2, p. 538-539 ; AD 76, TH, reg. des reconnaissances, Contrat d’engagement, le 25/05/1629. Pub. dans Barrey, p. 165 ; AD 76, TH, reg. des reconnaissances, Contrat, le 28/05/1629. Pub. dans Barrey, p. 169.
163 Barrey, p. 117-118 ; Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, t. 39, Caen, 1932, p. 126.
164 Barrey, p. 117-118.
165 Charte-partie, le 7/06/1629, citée par Barrey, p. 176 ; É. Delobette, Ces « messieurs du Havre ». Négociants, commissionnaires et armateurs de 1680 à 1830. Thèse de doctorat, Caen, 2005, t. 6, p. 1830 ; Barrey, p. 118.
166 AD 76, TH, Contrat entre Robert Sollier et Cavelet, le 06/03/1635, dans Anth, t. 2, p. 546.
167 Richelieu à Le Masle, fin 1622, dans Richelieu/L, t. 8, p. 749.
168 J. Bergin, Pouvoir et fortune de Richelieu, op. cit., p. 60.
169 Ibid., p. 66. Il est appelé Jean Autrin, sieur du Herteley, par Joseph Bergin (id.).
170 Id. Si La Porte et Pont-de-Courlay commandent au Havre, ils n’ont pas le titre de gouverneur.
171 ANOM, F2A13, Contrat du rétablissement de la Cie des îles de l’Amérique, Paris, le 12/02/1635, p. 1 ; DT/1667, t. 1, p. 45.
172 Bréard, p. 180 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1897, p. 224 et 404 ; V. Sablé, La transformation des isles d’Amérique en départements français, Paris, Larose, 1955, p. 24 ; Barrey, p. 198.
173 Il écrit ainsi à propos de l’envoi d’un bateau à Saint-Christophe en 1628 sous le commandement de Vaullart, que « la Compagnie [l’] avait fait partir avec six vingt hommes levés des neuf mille livres qu’elle fournit par une délibération du vingt-neuf mars » (DT/1667, t. 1, p. 24).
174 Plusieurs lettres conservées dans les archives du ministère des affaires étrangères traitent de cette question (MAE, France, 10, Richelieu à Châteauneuf, le 9/10/1629, fol. 65 ; MAE, France, 40, Richelieu à Châteauneuf, le 17/10/1629, fol. 29 ; MAE, France, 40, Richelieu à Châteauneuf, le 28/10/1629, fol. 51. Pub. dans Richelieu/L, t. 3, p. 444-447, 450 et suiv. et 454-456). Voir aussi Richelieu/M, p. 92-93.
175 G. Coppier, Histoire et voyage des Indes Occidentales, Lyon, Jean Huguetan, 1645 ; Charte-partie, le 26/08/1628, dans Barrey, p. 155.
176 Lettres d’exemption de la Cie, le 12/03/1671. Pub. dans H. R. du Motey, Guillaume d’Orange et les origines des Antilles françaises, Paris, A. Picard et fils, 1908, p. 418 ; DT/1667, t. 1, p. 6 et 38. Guillaume Dorange est né en 1605 dans le Cotentin. Il épouse en 1637 une nièce de L’Olive et le suit à la Guadeloupe. Il s’établit à la Martinique en 1647. Il est mort au Fort-Royal le 20 juillet 1674 (J. Petitjean Roget, « Les femmes des colons à la Martinique au xvie et xviie siècle », RHAF, 9-2, 1955, p. 181). Pichon fut chirurgien sur la Victoire en 1625 au côté d’Esnambuc (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », 1897, op. cit., p. 277 et 279).
177 La rupture entre la France et l’Angleterre intervient en mars-avril 1627 (M. Vergé-Franceschi, Chronique maritime de la France, op. cit., p. 319). Le 28 avril et le 12 mai, les Anglais interdisent tout commerce avec les Français et invitent à saisir leurs vaisseaux (J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 22). La monarchie française n’est pas en reste et réplique avec les mêmes armes (Déclaration qui interdit aux sujets du roi de faire aucun commerce avec les sujets du roi d’Angleterre, Paris, le 8/05/1627, cité dans Isambert t. 16, p. 204 ; Déclaration qui interdit le commerce de la mer, Saint-Germain-en-Laye, le 9/09/1627, cité dans Isambert, t. 16, p. 215).
178 Margry, p. 31.
179 DT/1667, t. 1, p. 23 et 25. Le nouveau traité de partage de Saint-Christophe imposé par Warner à la fin de l’année 1628 apparaît dans MAE, Amérique, fol. 93-105, cité par H. R. du Motey, Guillaume d’Orange, op. cit., p. 42.
180 I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1897, p. 532.
181 « Les Anglais n’ont pas seulement le dessein de nous chasser de cette île de Saint-Christophe mais de Canada », Richelieu à Châteauneuf, le 17/10/1629, dans Richelieu/L, t. 3, p. 451.
182 François de Rotondy, écuyer, sieur de Cahusac, est capitaine de marine. Il participe avec Claude de Launay Razilly au blocus de l’île de Ré puis au siège de La Rochelle. Il est un ancien lieutenant du gouvernement du Pont-de-l’Arche (J. Petitjean Roget, « Saint-Christophe… », op. cit., p. 28).
183 DT/1667, t. 1, p. 25.
184 Instructions de Richelieu à Cahusac, Grenoble, le 18/02/1629. Extrait dans Margry, p. 32 ; DT/1667, t. 1, p. 24. L’Espagne est en guerre contre l’Angleterre et les Provinces-Unies de 1625 à 1630.
185 Margry, p. 32. Dutertre donne la fin août pour l’arrivée à Saint-Christophe (DT/1667, t. 1, p. 25).
186 Margry, p. 33. Dutertre dit qu’il a pris trois navires et que trois autres sont allés s’échouer sur la côte (DT/1667, t. 1, p. 26).
187 DT/1667, t. 1, p. 26-27 ; I Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 161-162.
188 DT/1667, t. 1, p. 27 ; G. Coppier, Histoire et voyage, op. cit., p. 35 ; Margry, p. 35 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 166.
189 Dutertre parle de 35 galions et de 14 navires marchands équipés pour la guerre (DT/1667, t. 1, p. 28). Ce chiffre de 35 galions est aussi donné dans les documents espagnols (Relación breve de la vitoria que tuvo don Fadrique de Toledo, Lima, Impr. de Jerónimo de Contreras, 1631). Il est question de 34 galions dans un rapport anglais (Sir Wil. Killigrew to sec. Dorchester, Pendennis Castle, le 5/11/1629, dans CSP, t. 1, p. 102).
190 DT/1667, t. 1, p. 28-32 ; G. Coppier, Histoire et voyage, op. cit., p. 37-38. Liot s’était engagé envers d’Esnambuc le 18 mai 1629 à débarquer une quarantaine de colons à Saint-Christophe (Charte-partie, le 12/06/1629, citée dans Barrey, p. 175). Roze est venu avec 55 hommes et des marchandises pour la Compagnie (Charte-partie, le 7/06/1629, citée dans Barrey, p. 176).
191 DT/1667, t. 1, p. 32 ; Sir Wil. Killigrew to sec. Dorchester, Pendennis Castle, le 5/11/1629, dans CSP, t. 1, p. 102 ; Rochefort, t. 2, p. 13-14.
192 DT/1667, t. 1, p. 32-35 ; Rochefort, t. 2, p. 14.
193 DT/1667, t. 1, p. 33-35.
194 I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 160. Le traité est signé le 29 avril 1629.
195 DT/1667, t. 1, p. 36-37.
196 BnF, ms fr. 18593, Apologie pour la défense des habitants de l’isle Sainct Christophle, fol. 399v.
197 DT/1667, t. 1, p. 25.
198 Barrey, p. 198.
199 Ce sont le Saint-Michel du capitaine Liot et sa barque l’Espérance, partis trafiquer du bois aux Indes occidentales, le Dauphin de Pierre Delassize revenant du Cap-Nord, et le Saint-Jacques de Pierre Hérault, parti chercher du bois de Brésil (Barrey, p. 197-198).
200 J. A. S. Desmarquets, Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe et à celle de la navigation française, Paris/Rouen/Dieppe, Desauges/Racine/Dubuc, 1785, t. 1, p. 348. Il s’agit du traité de Compiègne signé le 10 juin 1624. Il promet des subsides aux Hollandais dans leur lutte contre les Espagnols (Recueil des traitez de paix, Amsterdam/La Haye, 1700, t. 3, p. 218 ; V.-L. Tapié, La France de Louis XIII et de Richelieu, op. cit., p. 134).
201 Liot reçoit le 6 octobre 1629 la promesse qu’on lui remboursera les 6574 livres de pétun pour avoir repasser à Saint-Christophe les Français qui s’étaient réfugiés à Saint-Martin en 1629 (Délibération, le 3/12/1636, p. 28).
202 MAE, Angleterre, 44, Richelieu à Bouthillier, le 6 ou 7/11/1629, fol. 91. Pub. dans Richelieu/L, t. 3, p. 460 ; Déclaration du roi pour lever sur le pétun et tabac trente sols d’entrée par livre, excepté sur celui des îles, Paris, le 17/11/1629, dans MDSM/Loix, p. 23.
203 L’Édit de Cognac de 1621 enregistré par la cour des aides le 11 février 1622 établissait un droit de 40 sols le cent pesant (J. Du Fresne de Francheville, Histoire du tarif de mil six cens soixante-quatre, Paris, De Bure, 1746, t. 2, p. 749).
204 Dès 1621, une loi interdisant la culture du pétun en Angleterre et les importations est débattue au parlement de Londres. Elle est combattue par la chambre des Lords. Le roi Jacques ier doit alors imposer la décision par une proclamation (G. M. Pecquet, « British Mercantilism and Crop Controls in the Tobacco Colonies. A Study of Rent-Seeking Costs », Cato Journal, 2003, 22, issue 3, p. 468-469 ; Proclamation touching tabacoo, Whitehall, le 17/02/1627, dans CSP, t. 1, p. 83). Le planteur Ralph Merrifield obtient en 1627 une exemption de taxe pour la production qu’il envoie en Angleterre pendant dix ans (Abstract of the suit of Ralph Merrifield, mars 1627, dans CSP, t. 1, p. 83).
205 Déclaration royale, Saint-Germain-en-Laye, le 25/11/1634, dans DT/1667, t. 1, p. 41-43 ; Déclaration royale, Saint-Germain-en-Laye, le 1/07/1634, dans Isambert, t. 6, p. 409-411.
206 Ces décisions sont rappelées dans la délibération du 31 janvier 1635 (Délibération, le 31/01/1635, p. 243-244).
207 DT/1667, t. 1, p. 40-41.
208 Ibid., t. 1, p. 44. Les monopoles commerciaux sont mal acceptés et compris. Les associés du Canada doivent lutter pour faire valoir leur privilège de la traite contre les prétentions de nombreux capitaines. Ils obtiennent du roi un arrêt le 26 janvier 1628 interdisant à tout autre qu’eux le commerce en Nouvelle-France (R. Le Blant, « Les débuts difficiles de la Compagnie de la Nouvelle-France… », op. cit., p. 25).
209 DT/1667, t. 1, p. 38-39 ; DT/1654, p. 24-25.
210 En commentateur lucide, Dutertre parle avec justesse d’une « mauvaise intelligence » (DT/1667, t. 1, p. 40-41).
211 Ibid., t. 1, p. 44.
212 Ibid., t. 1, p. 37-38.
213 Acte d’association des seigneurs de la Cie, le 31/10/1626, dans DT/1667, t. 1, p. 8-10.
214 J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 210.
215 C’est en fait la date de l’arrivée des colons. L’île était déjà visitée depuis 1622 par les Anglais. Le capitaine John Powell débarque ainsi en 1624 ou 1625 à la Barbade alors qu’il gagne les Guyanes (M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes de 1492 à 1789, Paris, SEDES, 1977, p. 143-144 ; J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 186 ; H. Mcd. Beckles, « The “Hub of Empire” : The Caribean and Britain in the Seventeenth Century », dans N. Canny (éd.), The Origins of Empire, op. cit., p. 219).
216 Rochefort, t. 2, p. 9 ; G. Coppier, Histoire et voyage, op. cit., p. 29. Trois cents Anglais s’y sont établis au mois de juillet à la demande des planteurs pour y faire du tabac (J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 197). Coppier veut croire que des Français s’y sont installés les premiers.
217 Rochefort, t. 2, p. 15 ; Ph. Haudrère, L’empire des rois, op. cit., p. 52.
218 Le capitaine Littleton a obtenu la concession de l’île du comte de Carlisle (G. Saint-Yves, « Les premières relations des Antilles françaises et des Antilles anglaises », Bulletin de géographie historique et descriptive, t. XVII, 1902, p. 227).
219 En 1632, des Anglais s’arrêtent à Saba (J. Hartog, History of Saba, Van Guilder, 1975, p. 17 et 75). Ils tentent aussi sans succès de s’installer à la Grenade en 1607 ou en 1609 (M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 141 ; J. P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 164).
220 M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 141 ; J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 209 ; DT/1667, t. 1, p. 434). Les Français ne s’installeront à leur tour dans l’île qu’en 1650 (DT/1667, t. 2, p. 36-37).
221 NAK, E 157/18, Register of passengers leaving Plymouth, Devon, for St Christopher on the Robert Bonaventure and the Margaret, 1/02/1634-28/02/1634, 6 fol. ; NAK, E 157/19, Register of passengers leaving Dartmouth, Devon, for St Christopher and Barbados, 1634, 8 fol. ; NAK, E 157/25, Register of passengers leaving Penrhyn, Corn, for St Christopher, le 5/06/1634, 2 fol. Voir aussi le récit de Dutertre.
222 K. O. Kupperman, Providence Island 1630-1641, op. cit., p. 1.
223 M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 149. Ils ont reconnu Saint-Martin en 1624. La décision de la colonisation est prise par les Heren XIX en 1630. Ils chargent la chambre d’Amsterdam de son exécution (J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 201 ; C. C. Goslinga, The Dutch in the Caribbean and the Wild Coast 1580-1680, Assen, Van Gorcum and Co., 1971, p. 260). Les bourgeois de Flessingue portent une centaine d’hommes à Tobago (Ch. de Rochefort, Le tableau de l’île de Tabago ou de la nouvelle Oüalchre, Paris, L’Harmattan, 2012, p. 324).
224 Rochefort, t. 2, p. 15. Jean-Pierre Moreau place cette installation en 1632 (J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 204). Les Français menés par Cahusac ont pris Saint-Eustache le 16 septembre 1629. Mais ils n’assurent pas leur emprise sur l’île (DT/1667, t. 1, p. 27 ; I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 166).
225 C. C. Goslinga, The Dutch in the Caribbean, op. cit., p. 261 ; M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 149.
226 DT/1667, t. 1, p. 101 ; Rochefort, t. 2, p. 15.
227 DT/1667, t. 1, p. 63-64.
228 Dupuis, p. 3 ; DT/1667, t. 1, p. 75-76. C’est probablement à bord de la Cardinale que L’Olive arrive à Saint-Christophe à la fin de l’année 1631. Il s’établit à Basse-Terre, ancienne demeure de Roissey. Dorange est son adjoint (I. Guët, « Origines des Petites Antilles », op. cit., 1898, p. 269). Son épouse, Marie Philbert, regagne la France à sa mort, et s’établit à Chinon (AN, MC, étude VI, Compromis de vente entre M. Philbert et Fr. Jouye, Paris, le 27/10/1650).
229 DT/1667, t. 1, p. 65-66.
230 AD 76, TH, reg. 190, Contrat d’engagement, le 15/11/1630. Pub. dans Barrey, p. 184-185. Dutertre veut qu’il ait participé auparavant à l’expédition de Cahusac aux Antilles en 1629 (DT/1667, t. 1, p. 66).
231 AN, MC, étude XIX, 400, Association entre G. Pena et J. du Plessis, Paris, le 28/06/1630.
232 DT/1667, t. 1, p. 66.
233 M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 144.
234 AD 76, TH, reg. 183, Charte-partie, le 20/05/1627. Pub. dans Anth, t. 2, p. 539 ; Contrat, le 17/05/1627, cité dans Anth, t. 2, p. 127 ; Contrat, le 3/07/1627, cité dans Anth, t. 2, p. 128.
235 Barrey, p. 146.
236 Charte-partie, le 7/06/1629, citée dans Barrey, p. 176.
237 AD 76, TH, reg. 190, Contrat d’engagement, le 15/11/1630. Pub. dans Barrey, p. 187-188.
238 Minutes of a Comittee for the Island of Association, Warwick House, le 21/07/1631, dans CSP, t. 1, p. 133. Les Anglais appellent la Tortue, l’île de l’Association.
239 En 1632, Nathanaël Peron charge Jean Delassize de récupérer le pétun cultivé dans l’île (Barrey, p. 190).
240 M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraibes, op. cit., p. 149 ; J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 204-205.
241 Minute of a Court for Association Island, Brooke House, le 19/03/1635, dans CSP, t. 1, p. 200. Les Espagnols ne restent pas à la Tortue et les Anglais installent un nouveau gouverneur, Nicolas Riskinner (Minute of a Court for Association Island, Warwick House, le 17/04/1635, dans CSP, t. 1, p. 202). Dutertre place l’évènement avec quelque erreur en 1638 (DT/1667, t. 1, p. 169 ; P.-F.-X. Charlevoix, Histoire de l’île espagnole ou S. Domingue, Amsterdam, F. L’Honoré, 1733, t. 3, p. 12).
242 Minutes of a Committee for Providence Island, Brooke House, le 10/04/1635, dans CSP, t. 1, p. 201 ; Minutes of a Committee for Providence Island, Brooke House, le 26/03/1636, dans CSP, t. 1, p. 226-227.
243 DT/1667, t. 1, p. 38-39.
244 R. Le Blant, « Les débuts difficiles de la Compagnie de la Nouvelle-France : l’affaire Langlois, 1628-1632 », RHAF, 22-1, p. 25-26.
245 C. Brown (éd.), Histoire générale du Canada, op. cit., p. 131.
246 G. Carpin, Le réseau du Canada, op. cit., p. 137-140.
247 J.-P. Moreau, Les Petites Antilles, op. cit., p. 202. Les Irlandais sont très nombreux mais sont généralement peu appréciés des Anglais (G. Debien, Les engagés pour les Antilles (1634-1715), Paris, Société de l’histoire des colonies françaises/Larose, 1952, p. 91).
248 F. Mauro, M. de Souza, Le Brésil du XVe siècle à la fin du XVIIIe siècle, op. cit., p. 93. C’est grâce à ces millions que la WIC va se lancer dans l’exploitation de la canne à sucre au Brésil (P. Emmer, Les Pays-Bas et la traite des Noirs, Paris, Karthala, p. 32). Cette prise fameuse occupe une place de choix dans le récit du géographe Johannes de Laet (M. Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des Caraïbes, op. cit., p. 135). Charles Wilson se montre très optimiste en parlant de plusieurs décennies d’assise financière après la prise de la flotte en 1628 (Ch. Wilson, La république hollandaise des Provinces-Unies, op. cit., p. 212-213).
249 R. Mandrou, « Les Français hors de France aux xvie et xviie siècles », Annales. ESC, 4, 1959, p. 667 ; F. Mauro, L’expansion européenne (1600-1870), Paris, PUF, 1967, p. 135.
250 Voir VIe partie, chapitre 10.
251 ANOM, F2A13, Lettres patentes du roi, Senlis, le 8/05/1635, p. 7.
252 D. Dessert, Fouquet, op. cit., p. 126 ; L. Cordier, Les compagnies à charte et la politique coloniale sous le ministère de Colbert, Paris, A. Rousseau, 1906, p. 37-39 ; E. Benoît du Rey, Recherches sur la politique coloniale de Colbert, op. cit., p. 18.
253 L.-A. Boiteux, Richelieu « grand maître de la navigation et du commerce de France », op. cit., p. 294. Razilly laisse entendre à cette occasion qu’il a investi dans la Compagnie, sans qu’on sache ce que cet argent est devenu. Il a pu participer à l’envoi d’un navire, mais on ne sait pas s’il a eu des parts dans la Compagnie comme Boiteux le soutient. Mais Boiteux ne confond-il pas sur ce point avec son frère de Launay Razilly.
254 ANOM, F2A13, Lettres patentes du roi, Senlis, le 8/05/1635, p. 7.
255 DT/1667, t. 1, p. 44.
256 Margry, p. 47.
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