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    Plan détaillé Texte intégral La situation avant la guerre de Succession de BretagneUne situation rendue difficile par la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365)Des contrecoups de la guerre de Succession à la fin du xive siècleConclusion Notes de bas de page

    Les structures seigneuriales rurales

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre VI. Les seigneuries à l’épreuve des guerres et de la crise au xive siècle

    p. 185-205

    Texte intégral La situation avant la guerre de Succession de BretagneUne situation difficilement saisissableDes campagnes bien peuplées ?Des rentes d’un bon rapportUne situation rendue difficile par la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365)Le tournant de la guerre de SuccessionLes impacts de la guerreDes secousses jusqu’à la fin du xive siècleDes contrecoups de la guerre de Succession à la fin du xive siècleUn arrêt de la perception de certaines rentesLa désorganisation des prélèvementsLes premiers signes d’adaptation à la fin du XIVe siècleConclusion Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Les structures, en grande partie héritées des époques précédentes, ne sont pas sans influencer la situation du xive siècle. Il n’est pas toujours facile dès lors de faire la part des héritages, les documents se contentant d’indiquer l’existence de rentes et autres droits sans en mentionner l’origine, car tel n’est pas leur but.

    2D’autres éléments doivent être pris en compte, comme la guerre qui contribue à désorganiser et à fragiliser les structures seigneuriales en chassant les habitants et en laissant les terres non cultivées pendant des périodes plus ou moins longues. Se développent alors les friches, éléments parmi les plus visibles dans les paysages de ces difficultés bien qu’elles ne puissent être résumées aux déprises et difficultés. Les conflits, en particulier la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), avec des réminiscences jusqu’en 1381, perturbent indéniablement les seigneuries situées dans les zones de marches. Leurs détenteurs doivent s’adapter différemment selon les situations pour tenter de maintenir leur poids et leurs prérogatives. Les premiers changements sont cependant très lents à se mettre en place et l’essentiel des modifications se réalise au siècle suivant, notamment pour tout ce qui a trait à la géographie du prélèvement seigneurial.

    3Le contexte est essentiel à analyser et, pour cette raison, nous débuterons ce chapitre par de brefs rappels sur la situation précédant la guerre de Succession. Nous verrons ensuite les impacts de ces désordres et dévastations sur les seigneuries de Bretagne méridionale, avant de revenir sur les mesures mises en place pour tenter d’y remédier.

    La situation avant la guerre de Succession de Bretagne

    4Les premières difficultés commencent véritablement à apparaître dans les sources avec la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365). Ce conflit marque en profondeur quoiqu’inégalement les territoires et l’histoire de la Bretagne. Les marches méridionales sont tout particulièrement touchées, dans la mesure où s’y déroulent des affrontements majeurs. Les difficultés deviennent alors endémiques et ressurgissent périodiquement à la fin du xive siècle.

    Une situation difficilement saisissable

    5Les documents antérieurs à 1350 étant peu nombreux, nous ne disposons que de peu d’éléments sur la situation des structures seigneuriales en Bretagne méridionale. Si nous nous intéressons au nombre de tenanciers mentionnés dans les rentiers et autres aveux ou minus, de nombreux noms apparaissent dans les documents :

    « Et en restour et remcompenssacion des chouses desus dites baillees, comme dit est, ledit Guillaume Ferruceau a baillé et bailla audit Garoceau vignt solz de cens ou rente que celui Guillaume aveit comme il diseit en la chastellenie dou Palez sus les hers Ganerot dou Palez et sus plusours autres des queux vignt solz de rente ou cens eschangez comme dit est celui Garoteau pour luy et pour les siens, se tint par davant nous pour bien contempt et a paié et en quipta ledit Guillaume Ferruceau et ceux qui de luy auront cause sanz james riens li en demander1… »

    6Les indications sont ténues. Les campagnes bretonnes semblent être bien peuplées au début du xive siècle, comme ailleurs en Occident avant la Grande Peste (1348- 1352) et les « malheurs des temps » du milieu du siècle2.

    7Nous avons vu plus haut les problèmes soulevés par les mesures de surface. Faute d’indications précises pour le xive siècle, il ne nous est guère possible d’émettre davantage que des hypothèses, qui demeurent à confirmer par l’étude d’autres territoires bretons par exemple, pour vérifier si la situation décrite ici est révélatrice ou non de la situation plus générale du duché.

    8Rares sont les seigneuries possédant des dizaines de tenures en concession. Un premier trait à souligner concerne donc la petitesse des seigneuries bretonnes au xive siècle, qu’il est possible d’interpréter de différentes manières. Une première explication peut tenir au nombre d’exploitants. Plus ces derniers sont nombreux, plus les tenures sont morcelées pour tenir compte de la demande et fournir des terres au plus grand nombre. Cette explication est séduisante, mais il est difficile d’apporter une réponse solide pour la Bretagne méridionale. Le nombre important de tenanciers cités dans les actes, avec d’autres membres de leur famille, tendrait à accréditer cette hypothèse, mais, dans le même temps, des friches sont attestées et indiquées dans les actes, sans qu’il soit toujours possible de donner des chiffres et des proportions précis par rapport au reste des exploitations.

    9Les documents indiquent par ailleurs des surfaces de mise en culture pour les terres agricoles ou les prés. Prenons quelques exemples pour mieux illustrer. En 1393, Jehan de Cleuz dresse au duc de Bretagne un aveu à propos des terres et des biens qu’il détient dans les paroisses de Saint-Nazaire, d’Escoublac et de Guérande3. Il mentionne alors plusieurs pièces de terre plantées en vigne, d’une superficie moyenne de 20 hommées. L’hommée de terre pour les vignes varie entre 4 et 5 ares selon les terroirs ; elle est ainsi de 4,4 ares dans le pays de Retz4. Si nous transposons ici ces données en système métrique, pour mieux saisir l’importance des superficies, l’étendue des vignes s’élève donc à 80 ares ou 100 ares, selon la mesure retenue, soit 8000 ou 10000 m2, autrement dit 0,8 ou un hectare. La surface moyenne totale est donc fort modeste, d’autant que les familles de tenanciers semblent avoir été très nombreuses et proches spatialement les unes des autres.

    10Le problème est que les aveux ne mentionnent pas de chiffres exacts quant à la composition des familles. Ils ne s’intéressent en aucun cas au nombre total d’occupants, enfants et aïeux compris. Les registres de fouages n’apportent pas davantage de précisions. Ils n’établissent que le nombre de feux sur lesquels reposent la perception de l’impôt, mais n’indiquent nullement le nombre d’occupants. Nous ne pouvons donc qu’émettre des hypothèses, mais, en considérant que les familles peuvent être élargies avec l’intégration des aïeux et des enfants au sein d’un même foyer, l’étendue des exploitations doit tout juste convenir aux besoins essentiels de la famille. Il faut également pouvoir dégager quelques surplus, pour assurer le paiement de la rente foncière. Étant donné la faiblesse de ces surfaces, la situation des paysans bretons était bien souvent délicate, surtout en cas de crise où il fallait pouvoir compter sur les réserves.

    11Toujours dans le même acte, des pièces de vigne de quarante hommées sont en outre mentionnées. Nous retrouvons cette situation pour les tenures cultivées en céréales, où l’unité de mesure n’est plus l’hommée mais le journal. Les actes ne mentionnent pas forcément la superficie totale, et, quand ils le font, se pose toujours la question de l’équivalence en système métrique, afin d’établir des comparaisons plus facilement. Cette question demeure donc en suspens. Des indices montrent que les campagnes bretonnes à la fin du Moyen Âge sont bien peuplées avec le nombre d’exploitants indiqués dans les actes seigneuriaux. Peut-on pour autant parler d’essor des campagnes ?

    Des campagnes bien peuplées ?

    12De tels chiffres tendent à suggérer un essor des campagnes bretonnes au début du xive siècle5, comme ailleurs en Occident du reste. Qu’en est-il vraiment ? Une deuxième explication possible pour comprendre ces chiffres, qui ne sont pas limités au comté de Nantes6, tient au fait que les vignes se seraient développées sur les territoires délaissés par l’agriculture traditionnelle, coexistant avec des parcelles en friches. Elles sont alors destinées à la consommation locale, le vin étant très répandu, et n’ont, en aucun cas, gênées les cultures traditionnelles. Nous comprenons mieux, dans ces conditions, l’étroite imbrication entre vignes et terres cultivées comme le laissent entendre les actes.

    13Par ailleurs, les importantes parcelles de terre, pas moins de 100 journaux de terre exploités par des tenanciers à Couëron, d’après un aveu de 13927, semblent indiquer là encore une parcelle très étendue. De telles surfaces ne peuvent être mises en valeur par un homme seul ou une famille réduite. Pour cette raison, sont attestées des familles assez élargies, avec l’indication « freresches » que nous rencontrons dans les aveux8. L’absence de précisions quant à ces « freresches » laisse supposer que plusieurs frères s’installent, avec épouses et enfants, sur des terres assez vastes pour pouvoir les cultiver et en retirer des revenus suffisants pour tous. Pourquoi choisir de tels modes d’exploitation ? Peut-être les redevances étaient-elles suffisamment importantes pour nécessiter l’implantation de plusieurs frères afin de s’en acquitter. Une autre explication possible tient au sentiment familial suffisamment fort au point de pousser des frères à se regrouper pour mettre en commun leur force de travail et, en même temps, y installer leurs familles respectives.

    14Faute d’indications plus précises des sources, nous ne pouvons apporter de réponse tangible à ces questions9. Le grand nombre de tenanciers sur une même tenure, qu’elle soit en « freresche » ou autre, tend à accréditer l’hypothèse de campagnes bretonnes relativement bien peuplées dans la première moitié du xive siècle, avant les événements de la guerre de Succession et les « malheurs des temps ».

    15Les campagnes sont donc dynamiques. La diversité des situations rend néanmoins difficile, une nouvelle fois, toute généralisation, la situation dégagée pour tel cas n’étant pas forcément applicable à tel.s autre.s, soumis à d’autres aléas et d’autres organisations seigneuriales. Pour pouvoir attirer et maintenir les paysans sur les terres, les structures seigneuriales et les prélèvements devaient être relativement souples, sinon, du fait même de cette importance du peuplement, autrement dit des possibilités de mise en valeur, les familles auraient pu faire le choix de partir s’implanter ailleurs, en fonction des disponibilités. Les sources du xive siècle se contentent d’insister sur les rentes et les montants perçus par les seigneurs plutôt que sur la taille réelle et les conditions faites aux tenanciers pour ces exploitations :

    « C’est assavoir, tot queque celui Guillaume a et aveit et avoit, povait et actendeit a avoir de heritages en la parroesse de Sainte Ragon de Goullayne tant en prez, terres gaignables, sauzaies, landes, pastures, boais, rentes, avenages, obbeïssances que en toutes autres chozes generaument et de toutes les chozes et [chacune tant] meuble que heritage dou Johanne mere d’icelui Guillaume Morit vestue et sezie par quicumque maniere reson ou cause que ce soit que autrement. Et qui audit Guillaume ou a qui de luy auront cause, baillont desus dit porraint appartenir tant par succession que autrement. Et en restour et remcompenssacion des chouses desus dites baillees, comme dit est, ledit Guillaume Ferruceau a baillé et bailla audit Garoceau vignt solz de cens ou rente que celui Guillaume aveit comme il diseit en la chastellenie dou Palez sus les hers Ganerot dou Palez et sus plusours autres, des queux vignt solz de rente ou cens eschangez, comme dit est, celui Garoteau pour luy et pour les siens se tint par davant nous pour bien contempt et a paié et en quipta ledit Guillaume Ferruceau et ceux qui de luy auront cause sanz james riens li en demander10… »

    16ou encore :

    « Ce sont les rentes que ge, Perrot Durent, tant en mon nom que comme tutour et garde des enfanz Johan Durent […] es nous que dit est a monseigneur de la Jou a savoir est un heritaige apellez la Bruneliere, sis entre la meson Richart d’une partie et la meson Micheill Delaney d’autre partie, et entre l’estanc de la Jou d’une partie et l’estanc dou Tremay d’autre partie, c’est a savoir douze deniers a la chandelour et douze deniers a la Sainte de Saint Lorenz par chacun an et obeïssance comme homme doit a son seigneur. Donné tesmoign a ma requeste de moy ledit Perrot […] de moy et comme tutour et garde des enfanz Jehan Durent le seel Guehent de Fay apposé a ceste lettre, le vendredi apres la Sainte […] dudit l’an mil IIIc saexante et ouyt11… »

    17ou enfin :

    « Ce sont les chouses que ge, Symon le Marchent, tyens de monseigneur l’abbé de Blanche Corone et dou couvent […], quel herbregement est siis entre le moulin de la Montaigne et la lande, et contyenent ceul herbregement et […] mondit seigneur et au couvent par an par la main de ge, Symon, pour ge et mes consorz […] maille et troys aydes savoir une a fain, une a semer le blé, une au charroy de vin et de ceulx […] assemblement par la main doudit Symon pour luy et ses consors. Item, que ge, ledit Symon, doy […] la may a aoust et a Noel par metyé doze deniers maille et y a en la some en tout l’an dous […] homee de pré en la Regnaudyere entre la meson Guiran et la meson Borychon, sur quoy ge ledit […] terme de Noel qui vont par la main doudit Catelles en la somme de seze deniers. Item, quatre […] l’ostel Baratyer, sur quoy ge, ledit Symon, doy a monseigneur l’abbé et au couvent au terme de Noel […], sis en la parroesse de la Chapelle de Launay, et deffet ge ledit Symon tyens moy et mes consors […]. Item, un herbregement o ses apartenences et de cortilz et clotures, exues, ediffices ouquel ge devoie […] est siis a la Montayne, en la parroesse de la Chapelle, quel herbregement fut Jouhan de la Noe est […] pour la baillee que ilx m’en fyrent qu’ilx sont tenuz me acompter des rantes qui sont deues […] heritaige qui sont de la tenue et de la baillee par samblable12… »

    18Hormis le dernier extrait, aucun élément supplémentaire ne permet de saisir le nombre d’occupants pour chaque tenure. L’aveu rendu par Symon le Marchent, quoiqu’évasif quant au nombre exact de tenanciers, est révélateur de la situation au début du xive siècle. Ce tenancier possède, avec ses proches, quatre tenures qu’il exploite dans la mouvance des religieux de Blanche-Couronne. Les terres et les hébergements sont situés les uns à proximité des autres, sans que nous puissions apporter davantage de précisions du fait de trous dans le parchemin. Ces derniers empêchent de noter, par exemple, la superficie des exploitations. Toutes sont en tout cas exploitées par des proches de Symon le Marchent, qui doivent payer en une seule fois et par une seule main les rentes comme le stipule précisément l’aveu. La proximité géographique de ces biens renforce la cohésion et la solidarité familiale, comme nous le voyons au moment du paiement des rentes. Plus largement, cet exemple montre que les campagnes sont suffisamment peuplées pour mettre en valeur les terres. Les seigneurs et les sieurs obtiennent ainsi, en retour, des rentes d’un bon rapport grâce au travail des paysans.

    Des rentes d’un bon rapport

    19Les rentes perçues semblent être d’un assez bon rapport, allant de 8 à 40 sous13. Nous pouvons donc penser que le prélèvement est stable au début du xive siècle. Mais, comme nous l’indiquions au début de cette partie, il convient de rester prudent. Nous ne disposons que de vues partielles pour cette période, pour un nombre restreint de seigneuries. La situation varie et l’éloignement géographique des seigneuries indiquées tend à accréditer l’hypothèse de rentes offrant des revenus suffisants pour les seigneurs et sieurs de cette époque.

    20Autre trait important, les aveux ne mentionnent pas, de manière générale, de difficultés quant à la perception des rentes. Nous n’avons pas de mentions de procédures pour rentes impayées. N’y aurait-il pas de difficultés majeures dans la première moitié du xive siècle ou celles-ci seraient-elles résolues par d’autres moyens que la justice ? La proportion et le montant des cens demandés diminuent à mesure que nous considérons des seigneuries plus petites14 :

    « C’est asaver pour sis souz e oÿt deniers de rente annuel rendant a nos et a nostre moustier par chescun an c’est asavoir treys souz e quatre deniers a la meaoust e tres souz e quatre deniers a Nael a l’usage e a la coustume de nos autres rentes bans siis ce fez15… »

    21Si nous suivons le reste de l’acte, l’essentiel du patrimoine des moines de Redon, outre l’exercice des droits banaux, tel le droit de passage sur la Vilaine, est constitué de terres concédées en censives. Ce trait n’est encore une fois pas propre à la Bretagne méridionale. Nous retrouvons dans d’autres parties du duché une forte proportion de cens dans les petites et très petites seigneuries, alors que la part du revenu des terres est minoritaire dans les seigneuries supérieures16. Ces dernières disposent, en effet, de par leur étendue et leur pouvoir éminent, de davantage de sources de revenus et de droits, qui peuvent être plus lucratifs comme les droits de passage à nouveau.

    22Durant cette période, les rentes en deniers occupent une place importante au sein des recettes seigneuriales, auxquelles s’adjoignent les corvées. Un aveu de 1315, rendu par Simon le Marchent à l’abbaye de Blanche-Couronne pour des terres et des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay17, stipule ainsi qu’il doit chaque année aux religieux « troys aydes savoir une a fain une à semer le blé une au charroy de vin… », ce qui n’est pas négligeable pour un seul tenancier. Nous ne trouvons pas de redevances en nature dans les documents de la première moitié du xive siècle, ce qui semble indiquer que l’exclusivité sinon la totalité des recettes seigneuriales repose alors sur des rentes en numéraire. Ce point est observé dans une large partie de l’Occident, après l’expansion des xiie-xiiie siècles et avant la baisse des revenus et la « défaillance de la seigneurie » (G. Duby), à partir des décennies 1340-135018.

    23Les terres arrentées sont le plus souvent de taille restreinte et fournissent un nombre important de redevances de divers montants, ce qui peut pousser les seigneurs à préférer les rentes en numéraire comme le cens. Il paraît cependant peu probable qu’il n’y ait pas eu de redevances en nature durant cette période. Nous relevons en effet des mentions de rentes en nature dans les documents postérieurs à 1365. Ces rentes sont fixées par la coutume et, pour cette raison, les rédacteurs des actes ne jugent pas forcément utile de les retranscrire. Elles offrent un indispensable complément aux rentes en deniers et font l’objet de termes et de modalités de paiement spécifiques. Il s’agit donc très vraisemblablement d’un effet documentaire pour la première moitié du xive siècle, bien que les métairies, principales pourvoyeuses de redevances en nature, soient très limitées pour cette période et cette partie de la Bretagne.

    24Les actes nous renseignent aussi sur le type d’exploitation rurale, ce qui a une incidence sur le prélèvement. Dans la première moitié du xive siècle, le manque de sources ne permet que d’esquisser les premiers traits d’une géographie du prélèvement seigneurial en Bretagne méridionale. Les sources sur cette période proviennent essentiellement des fonds ecclésiastiques, de seigneuries de taille moyenne pour la plupart, hormis pour le domaine du temporel des évêques de Vannes ou de Nantes, qui fait partie des grands seigneurs. Ces patrimoines sont particuliers : les mentions de dîmes y sont plus nombreuses que dans les sources laïques, puisque la dîme est, en théorie du moins, destinée au clergé. Ces seigneuries ne mentionnent pas, par ailleurs, véritablement de métairies, qui auraient davantage été cantonnées aux seigneuries laïques.

    25Le manque de sources constitue une première embûche. Un deuxième obstacle tient à l’imprécision des actes. Ceux-ci se contentent trop souvent de mentionner des biens et des rentes sans indiquer leur nature exacte. Les censives sont assez répandues, mais il s’avère difficile de mettre des noms précis sur ces patrimoines. De ces hésitations ressortent des lacunes plus ou moins importantes dans l’établissement des cartes, avec de larges secteurs pour lesquels nous ne disposons pas de renseignements précis. De vastes espaces sont donc laissés en blanc sur la carte (carte 15)19, bien qu’ils ne soient pas dénués d’exploitations paysannes, au contraire.

    26Pour le comté de Nantes, des censives sont attestées de part et d’autre de la Loire, à Redon, à Avessac, à la Chapelle-Launay, à Guérande ou encore à Lavau pour la rive droite ; à Bouin, à la Chapelle-Heulin, à Machecoul, à Saint-Cyr-en-Retz ou encore à Vue ou à Pornic pour la rive gauche20. Cette présence de censives de chaque côté du fleuve prouve que les campagnes du comté de Nantes sont bien peuplées et mises en valeur dans cette première moitié du xive siècle. Les censives sont alors utilisées très largement par les seigneurs pour justement cultiver les nouvelles terres et développer leurs revenus avec des rentes en deniers.

    27Le mode de faire-valoir choisi par les seigneurs leur permet de mettre en valeur leurs possessions, tout en ne les exploitant pas eux-mêmes. Avec les tenures, l’emprise seigneuriale sur les paysans est bien moindre qu’avec les métairies par exemple21 (carte 15). Les seigneurs exercent sur les censives une domination non pas par leur présence, mais par celle de leur représentant. Ce rappel s’effectue le plus souvent au moment du paiement de la rente, acquittée directement sur place, mais aussi lors du paiement de la taxe récognitive, le cens.

    28Les métairies n’offrent pas le même type de rapport entre seigneurs et tenanciers22. Les sources du xive siècle se contentent uniquement d’indiquer l’existence et, pour les périodes ultérieures, la part des récoltes reçue finalement par le seigneur, pour prix de l’exploitation et de la propriété. Le métayer est donc plus étroitement contrôlé par le seigneur, qui peut aller jusqu’à définir les cultures et les surfaces à emblaver, chose que nous ne retrouvons pas pour les censives. Les métairies sont aussi plus proches du manoir seigneurial. Les sources relèvent en effet en premier les métairies après avoir cité les édifices seigneuriaux et leurs appartenances, ce qui montre le cadre étroit et les liens entretenus entre le seigneur et ses métayers :

    « Et premier, le manoir et methaerie du Lochiozern o leurs appartenances en la quelle methaerie demoure a présent Jehan le Tilx et la tient a la tierçze gerbbe de seille fourment et avoine23… »

    29Quelques censives sont également attestées pour le pays vannetais pour ce début de période, mais, plus encore que pour l’espace précédent, les mentions se font très rares. Seules les sources issues de l’abbaye de la Joie à Hennebont font état de censives pour le début du xive siècle à Auray et à Riantec24. De même que pour l’espace nantais, il s’agit très vraisemblablement d’un effet documentaire : les censives devaient en réalité être beaucoup plus répandues sur le territoire.

    30Avec la guerre de Succession, en lien avec les indications plus nombreuses parmi les sources, les exploitations rurales se laissent plus facilement appréhender. Quelques conclusions, plus fermes, peuvent dès lors être établies.

    Une situation rendue difficile par la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365)

    31S’opère alors un tournant dans l’histoire bretonne. Les structures seigneuriales ne manquent pas d’être bouleversées par ces événements. Pour cette raison, nous commencerons par présenter quelques éléments afin de mieux comprendre et saisir les évolutions ultérieures25.

    Le tournant de la guerre de Succession

    32Pressé par son entourage, le duc Jean III refuse de choisir un successeur. Sa mort, survenue le 30 avril 1341, entraîne dans ces conditions une période d’incertitude, où tout est possible. Deux partis s’opposent alors pour obtenir la couronne du duché. Le premier, celui des Montfort, est soutenu par la monarchie anglaise. L’autre parti, celui des Blois-Penthièvre, est soutenu par le roi de France. La guerre qui s’ouvre a de profondes répercussions sur l’histoire de la Bretagne et tout particulièrement sur les structures seigneuriales. Elle ouvre une période où les difficultés patentes deviennent endémiques.

    33La guerre de Cent Ans vient de débuter en France, avec des événements essentiels : la bataille de Crécy en 1346, la prise de Calais par les Anglais en 1347, la défaite française de Poitiers et la capture du roi Jean II en 1356, le traité de Brétigny en 1360 sont autant de faits qui touchent la Bretagne en tant que duché vassal du royaume de France. La guerre de Succession se greffe sur ce conflit majeur et devient un théâtre d’opérations privilégié, surtout pour les Anglais avec la relative proximité géographique et les routes maritimes qui permettent d’assurer les liaisons avec les îles britanniques.

    34Jean de Montfort s’empare en juin et juillet 1341, à l’aide d’une petite armée, des places importantes du duché. À partir de 1348, la guerre s’enlise et de nouvelles difficultés s’abattent sur la Bretagne. La peste noire, la disette, le brigandage sévissent sur l’ensemble du duché comme sur le reste de la France26. Les opérations militaires ne sont plus que des coups de main désordonnés, marqués par des prises et des reprises de villes, par des dévastations des campagnes27. La bataille d’Auray, le 29 septembre 1364, met fin à la guerre28. Charles de Blois et ses partisans, soutenus par la France, y sont écrasés par Jean de Montfort, aidé des Anglais. La cause des Blois-Penthièvre est ruinée et le nouveau roi de France, Charles V, préfère s’entendre avec les Montfort. Une conférence générale est organisée à Guérande le 13 avril 1365. Jean de Montfort y est reconnu seul duc de Bretagne, sous le titre de Jean IV, et, en cette qualité de duc, prête hommage au roi de France.

    35Les marches de Bretagne méridionale payent un lourd tribut à ce conflit. À proximité immédiate de la France, les troupes de combattants n’hésitent pas à y faire des incursions et à y commettre des exactions. Les campagnes sont particulièrement touchées par le parcours des gens d’armes des deux camps, sans oublier les villes, telles Ancenis, prise et ravagée en 134129, à la frontière avec la France, ou Guérande ou Vannes en 134230, où des incendies et des massacres sont perpétrés. La Bretagne méridionale offre enfin pour les Anglais un « moyen de diversion » en quelque sorte, en périphérie du territoire français, mais à proximité de l’Angleterre et surtout des possessions anglaises du sud-ouest de la France31.

    Les impacts de la guerre

    36Les impacts sont divers et importants32. Aux destructions et aux combats, il faut ajouter les ravages de la peste et des autres épidémies qui frappent durement la population33. Il en résulte une raréfaction de la main-d’œuvre, qui perturbe l’exploitation et la mise en valeur des terres, d’où le développement des espaces en friches. Cette situation provoque aussi une hausse de la misère34. Les destructions et le manque de bras entraînent une baisse de rendement des exploitations, donc une augmentation du prix des produits agricoles, qui rend difficile le paiement du cens35. Ces difficultés doivent toutefois être relativisées. Les ravages de la peste et l’effondrement démographique ne paraissent pas avoir été aussi profonds que dans d’autres régions françaises36.

    37Les seigneuries n’offrent pas toutes les mêmes visages selon leur éloignement par rapport aux opérations guerrières ou aux épidémies. Le Vannetais est plus durement touché avec de nombreuses exploitations en friches encore présentes dans la seconde moitié du xve siècle. Près de 80 % de friches à Carnac en 1475, 30 tenues sur 84 à Malansac en 1478 ont ainsi recensé. Les désertions portent un rude coup aux seigneurs : les rentes ne sont plus payées et, avec le départ des tenanciers, le risque est grand que la mémoire des rentes et des termes ne se perde aussi. Lorsque les tenanciers n’ont pas fui la guerre et ses destructions, les rentes non perçues durant le conflit, du fait notamment de la présence de troupes de gens d’armes37, ne sont pas forcément acquittées une fois la paix revenue. Le rétablissement est bien souvent lent, difficile, et les structures seigneuriales sont concernées au premier chef par cet effort de remise en ordre.

    38L’instabilité est un autre impact plus difficile à mesurer, car il ne transparaît pas véritablement dans les sources. Pour des sociétés rurales où une certaine stabilité est de mise afin de mener correctement les travaux agricoles et la mise en valeur des terres, de telles situations sont lourdes de conséquences à plus ou moins long terme. Les principales opérations militaires ont lieu au printemps et à l’été, c’est-à-dire en pleine saison agricole. Le parcours des troupes, sans parler de ceux des gens d’armes ou des brigands38 qui ne parcourent les campagnes que pour piller et dévaster les récoltes, découragent les paysans et les poussent à fuir. Les conséquences peuvent être plus durables si les paysans qui ont fui ne reviennent pas une fois la situation rétablie. Il faut alors trouver de nouveaux preneurs, remettre en état les terres non cultivées selon un calendrier plus ou moins strict, autant de paramètres que les seigneurs ou les sieurs ne maîtrisent pas toujours.

    39L’occupation militaire des places empêche la levée des rentes39. Des maisons sont frappées au cœur, telle l’abbaye de Buzay, qui obtient une exemption de la part de la papauté en 1381 pour faire face aux dégâts et aux pertes laissés par le conflit. À l’issue de la guerre de Succession, l’abbaye est ruinée, les bâtiments conventuels brûlés40, les tenures restent longtemps abandonnées41. Dans la majeure partie du domaine, autour de l’abbaye de Buzay, en Rouans, les moines confient les terres à des paysans ou à des métayers pour les remettre en valeur. Tout cela se fait lentement, faute d’hommes et d’argent surtout.

    40Les structures seigneuriales sont aussi touchées par la fuite des officiers et autres agents seigneuriaux sur qui repose la perception des rentes. Là encore, les sources ne se font pas écho de telles fuites, puisque les aveux ne se concentrent que sur les droits à percevoir et ne mentionnent qu’épisodiquement les modalités de la perception. Les seigneuries du comté de Nantes sont les plus vulnérables par leur localisation frontalière, bien qu’il soit difficile de noter des noms et des faits précis comme exemples. Autre impact, l’instabilité entraîne le détournement des rentes au profit de nouveaux bénéficiaires ou accapareurs plus ou moins légitimes42. Il faut donc lancer des procédures auprès des institutions pour récupérer ces taxes, autant de démarches potentiellement longues et coûteuses.

    Des secousses jusqu’à la fin du xive siècle

    41Les années qui suivent l’avènement de Jean IV restent profondément marquées par les séquelles de la guerre et les difficultés s’accentuent, aussi bien en comté de Nantes que dans le pays vannetais43, contrairement à ce que nous pourrions penser avec le retour de la paix. Le duc de Bretagne est obligé d’intervenir pour rétablir les droits des ecclésiastiques. Les chanoines de Nantes obtiennent ainsi gain de cause auprès de Jean IV pour la perception de rentes sur des salines à Guérande :

    « De la partie noz chers et bien amez le chapitre et singulieres personnes d’iceli de nostre ville de Nantes nous est donne a entendre que ou temps de nostre guerre certaines salines et autres rentes qu’ils ont en nostre terrouer de Guerrande et ailleurs en nostre juridicion leur ont esté occupez et detenuz pour cause des dictes guerres et encores sont requerent sur ce leur pourveoir de remede convenable. Pour ce estil que nous qui de tout nostre courage desirons accroistre le bien de Saincte Eglise et des singulieres personnes d’icelle et par especter dudit chapitre et des singulieres personnes d’iceli. Vous mandons et commandons et a chacun de vous si comme a luy appartendra que yceli chapitre et singulieres personnes d’iceli vous laissez et souffrez joir et user paisiblement de leurs dictes salines et autres rentes {si aultre cause n’y a}44… »

    42La remise en ordre se fait par les seigneurs, mais doit passer par la mise en place d’une politique ducale favorable, qui la soutienne en retour. Jusqu’à la fin du xive siècle, la situation générale du duché ne permet que difficilement un tel rétablissement. La signature du premier traité de Guérande en 1365 met un terme officiel au conflit, sans résoudre pour autant toutes les difficultés et les tensions passées. Elles perdurent voire s’accentuent jusqu’à la fin du xive siècle. La renaissance du conflit franco-anglais à partir de 1369 fait vite apparaître la fragilité du premier traité de Guérande. Jean IV, entouré de conseillers anglais, se rallie secrètement, puis ouvertement, à partir de 1373, au roi d’Angleterre Édouard III, contre son suzerain, le roi de France. Charles v riposte en envoyant Bertrand du Guesclin en Bretagne et contraint le duc, abandonné de tous et très affaibli militairement, à l’exil en Angleterre. Le duché, mis sous séquestre par le roi de France, est confisqué en 1378. Les grands nobles bretons, qui s’opposent à la réunion du duché à la France, font appel à Jean IV, qui est accueilli en Bretagne en 1379. La mort de Charles v, en septembre 1380, favorise la réconciliation avec le duc, scellée par le second traité de Guérande, le 4 avril 1381. Le roi pardonne à Jean IV en échange de son hommage et surtout en échange du renvoi des soldats et des conseillers anglais se trouvant encore en Bretagne. Les événements du xive siècle en Bretagne sont donc indissociables des faits plus larges de la guerre de Cent Ans et des relations entre les royaumes de France et d’Angleterre ; la Bretagne est un enjeu et un théâtre d’opérations privilégiés pour les deux rois dans leur volonté d’affirmation par rapport à l’autre.

    43Les grands nobles bretons ne sont pas en reste dans ces évolutions, faisant pencher la politique et l’histoire du duché en fonction de leurs intérêts propres. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas établis de manière durable, ce qui explique les retournements de conjoncture envers la France ou l’Angleterre, en fonction de la situation des deux royaumes envers la Bretagne, mais aussi en fonction de leur situation plus générale dans la guerre de Cent Ans. En cherchant à préserver leurs intérêts, les nobles bretons contribuent à faire évoluer les équilibres à toutes les échelles, et, en dernier ressort, à accroître les difficultés dont ils sont eux-mêmes victimes du fait de l’instabilité générale qui règne dans l’ensemble du duché.

    44À l’aune de tous ces éléments, la guerre de Succession de Bretagne constitue véritablement un tournant pour les structures seigneuriales. Les seigneurs doivent tenir compte de situations nouvelles et plus ou moins s’adapter en conséquence, ce qui est d’autant plus difficile et délicat à faire dans le contexte mouvementé de la fin du siècle.

    Des contrecoups de la guerre de Succession à la fin du xive siècle

    45La fin du xive siècle est empreinte d’une certaine instabilité à tous les niveaux. Certaines redevances ne sont plus perçues. Les structures des prélèvements sont à nouveau désorganisées. Les seigneurs doivent s’adapter pour faire face à cette situation.

    Un arrêt de la perception de certaines rentes

    46Certains profitent du contexte hésitant pour ne plus s’acquitter à nouveau des rentes45. Cette situation peut avoir de graves conséquences par la suite. Les plus petites rentes peuvent tomber en désuétude dans la mémoire collective et donc ne plus être payées, privant d’autant le seigneur de revenus, surtout si le cas se réitère pour d’autres exploitations ou biens concédés. Les rentes ne sont pas perçues en général pendant 4 ou 5 ans. Ce délai, relativement court, est suffisant pour plonger certains dans des situations qui se terminent par des procès pouvant courir jusqu’au début du xve siècle46.

    47Cette absence de revenus ne signifie pas pour autant que les paysans ne payent plus aucune rente. Les belligérants en ont en effet profité pour accaparer des revenus permettant d’entretenir la guerre, avec des levées plus ou moins contraintes sur les villageois, ce qui explique le ressentiment et le désaccord lorsqu’il s’agit à nouveau de s’en acquitter auprès du seigneur « légitime », qui les détenait avant le conflit. Les actes du xive siècle ne mentionnent pas véritablement ces cas de figure. Les seigneurs se gardent bien d’en faire état dans les aveux ou les minus rendus auprès du duc.

    48Un autre cas de figure se présente lorsque les seigneurs ne peuvent percevoir les rentes faute de tenanciers, mais aussi et surtout faute de personnes pour en recevoir les paiements. L’abbaye de la Joie à Hennebont est emblématique à cet égard. Une lettre de procédure (1386) lancée par les religieux contre Olivier le Gallic et sa femme pour des terres situées à Auray, mentionne ainsi un arriéré de 25 ans, avec une rente annuelle de 4 mesures de froment, non-acquittée. Bien que cet exemple semble être tout à fait exceptionnel, ne serait-ce que par la durée même des arriérés47, Olivier le Gallic et sa femme justifient cette absence de paiement par le fait que les structures seigneuriales étant désorganisées, ils n’ont pas pu s’acquitter « comme ils le faisoient » des rentes dues. Ils ne précisent pas, pour autant, davantage les circonstances qui les ont menés là. Il ne semble pas que les tenanciers aient été de mauvaise foi. Ils conservent en effet l’exploitation de la tenure concédée par les religieux après la conclusion de la procédure. Nous ne comprendrions pas, sinon, pourquoi les religieux les auraient gardés sur cette concession.

    49L’absence de perception a d’autres conséquences que les pertes économiques, tout aussi importantes sinon plus : la perte d’influence. Du fait même du caractère récognitif attaché aux différentes rentes, la perte de droits et de redevances affaiblit d’autant le pouvoir éminent du ou des seigneur.s. Cette perte ne peut pas être mesurée réellement dans les aveux et les minus, du fait de leur caractère symbolique, mais le risque existe. Les seigneurs veillent scrupuleusement par la suite à mentionner tous les types de droits et de redevances auxquels ils peuvent prétendre pour ensuite exiger leur acquittement.

    50Les procédures sont longues à mettre en place et à aboutir, comme le montre l’exemple cité ci-dessus pour l’abbaye de la Joie à Hennebont. Des accords sont parfois conclus entre les parties avant l’issue du procès48, mais, en attendant de tels accords ou la fin de la procédure, les rentes ne sont pas perçues. Le manque à gagner renforce les difficultés financières des seigneurs, même plusieurs années après la fin de la guerre. Ce sont là des conséquences à moyen terme qui désorganisent suffisamment les structures des prélèvements.

    51Les conséquences sont donc latentes et peuvent être lourdes pour l’avenir.

    La désorganisation des prélèvements

    52Les actes mentionnent, de manière générale, une baisse du montant des redevances en numéraire dans les années 1370-1400. Cette diminution, que nous commençons à entrevoir à la fin de la guerre de Succession, est encore plus marquée dans les années 1380-1390, aussi bien dans le comté de Nantes qu’en pays vannetais, preuve de la cohérence de cet espace. Il ne s’agit pas, selon toute vraisemblance, du seul effet d’une documentation plus nombreuse pour cette fin de xive siècle. Il y a bien des premiers signes de changements après les grandes évolutions que constituent les rançons et les exploitations systématiques par l’un ou l’autre camp lors de la guerre de Succession. La vie paysanne et les structures seigneuriales sortent de ce conflit profondément marquées à la fois par les détournements effectués, mais aussi par les réorganisations faites au profit des uns ou des autres. L’étude des aveux et des minus permet d’appréhender ces changements et les signes de désorganisation pour les prélèvements. Alors que nous relevions des rentes de 40 sous en 1314, la majorité des rentes perçues après 1365 dépasse rarement les quelques sous49 :

    « Item, quatre soulz de rente que leur doyvent par an au terme de Touzsains Lucas Rouaud, Perrot Rouaud et leurs consors. Item, cinq journaulz de terre labourables ou environ, siis entre lesdictes bonnes. Item, plusieurs aultres heritages qui sont frostz et en gast entre les bonnes dessus dictes50… »

    53ou encore :

    « Ce sont les chouses que ge, Seveste de Rezay, tiens affoy et homage de madame des Huguetieres a cause de son douere de monseigneur de Chasteaubrient. Premierement, mon herbregement de […] o tout fon appartenances tant en boais, garennes, vignes, terres arables, non arables que en toutes autres chouses appartenantes a mondit herbregement ensemblement o la mettaerie de davant mon herbregement tant en terres arables, non arables, prez, landes […], maroys que toutes autres chouses et comme laditte mettaerie se poursuist en landes […] sur lesquelles chouses je paie a maditte dame en oultre la foy douze deniers de rente nommés coustume, par chacun an, assavoir est seix deniers a chacune veille de Noel et seix deniers par chacun an veille de la Nativité Saint Jehan Baptiste. Item, le herbregement de la Bertelotiere o toutes ses appartenances tant en terres arables, non arables, prez, landes, pastureaux que en toutes autres chouses sauf et excepté les […] et pescheries dou dit herbregement qui sont en lequel contenu. Item, le herbregement et mettaerie de la Pulliere o toutes ses appartenances tant en terres arables, non arables, prez, boais, pastureaux, marais, landes que toutes autres chouses sur laquelle mettaerie de la Pulliere o ses appartenances, comme dit est, [je doys a] maditte dame, en oultre la foy, par chacun an, ouict deniers de rente, nommee coustume, assavoir est quatre deniers en chacune veille de Noel et quatre deniers en chacune veille de la Nativité Saint Jehan Baptiste51… »

    54Cette baisse est symptomatique des désorganisations héritées de la période de la guerre avec des terres qui n’ont pu être exploitées correctement et qui doivent être remises en état avant de lever les rentes. Les seigneurs doivent, dans un premier temps du moins, diminuer le montant des exigences pour pouvoir reconstruire et relancer les exploitations. Cette modestie des rentes a une autre conséquence, qui est liée à cette relance, avec le maintien des tenanciers sur les terres qu’ils cultivaient déjà auparavant. Ce maintien est essentiel pour les seigneurs puisque les paysans connaissent parfaitement les terres et leurs aptitudes agricoles pour la céréaliculture ou pour l’élevage. Augmenter les prélèvements aurait très certainement eu pour conséquence leur départ vers d’autres terres, moins taxées, sans pour autant être sûr de trouver des remplaçants. Cette situation semble plus fréquente dans le Vannetais que dans le Nantais, si nous suivons à la fois les récurrences dans les actes des friches et leur part dans le nombre total d’exploitations par paroisse. Jean Gallet souligne ainsi, à partir de l’étude de sept paroisses de la seigneurie de Rochefort, qu’entre 35 et 60 % des terres sont toujours « frostes et inhabitées52 » dans la seconde moitié du xve siècle sans que les documents n’apportent davantage de précisions quant à l’origine de la déprise agricole. Les informations recueillies peuvent être traduites en cartes pour mieux visualiser les différences entre les pays (cartes 16 et 1753). Les deux espaces – Nantais et Vannetais – seront ici clairement distingués par souci de lisibilité et pour mieux observer les différences.

    55La situation est très hétérogène d’une seigneurie à l’autre. Les seigneuries du comté de Nantes apparaissent beaucoup plus touchées par les désertions et/ou les déprises agricoles que celles du pays vannetais pour le xive siècle. Ces dernières sont concentrées autour de quelques territoires, proches des axes de communication comme la Loire ou la voie entre Nantes et Vannes ainsi qu’à portée des grandes villes, telle la campagne de Sainte-Ragon-de-Goulaine au sud de Nantes. La proximité de Nantes, où les populations peuvent trouver refuge, la présence des soldats expliquent très certainement le poids plus important des friches au sud-est de Nantes. Le manque de cohésion des sources, qui n’éclairent que des cas particuliers et des espaces plus ou moins distants les uns des autres, rend difficile toute généralisation. Les impacts semblent relativement limités tant que nous ne cherchons pas à établir de conclusion d’ensemble.

    56La chronologie par rapport au reste de la France est décalée de presque un demi-siècle et, tout comme en France, elle s’explique par le fait qu’à chaque aggravation locale du climat politique correspond une baisse prononcée du produit des perceptions seigneuriales54. Toutefois, à la différence de la situation française, l’intérieur de la Bretagne méridionale échappe en grande partie au xive siècle aux grandes destructions et au recul de la mise en valeur des terres. Cette situation concerne surtout les seigneuries foncières, puisque leur mise en valeur est beaucoup plus sujette aux fluctuations de la conjoncture. Les seigneuries urbaines présentent une toute autre situation.

    57Les seigneurs urbains, à la différence des seigneurs ruraux, disposent de droits et de redevances plus variés, du fait notamment d’activités absentes à la campagne ou dans des proportions moindres, comme les foires et les marchés par exemple55. La nature des biens est une autre différence, importante, à souligner. Par rapport aux seigneuries rurales, les redevances et droits seigneuriaux en ville portent sur des maisons avec quelques terres contiguës le plus souvent, dénommées jardins ou courtils :

    « les diz mariez ont fait faire et ediffier en une place que ils dient que ceulx religieux [abbé] et couvent leur accenserent et baillerent aultreffoiz a la dicte rente, sise celle meson en ladicte parroisse de Sainct Nicholas, au Bugnon Letart, entre le courtil Jahan Bougent d’une part et la place que [soulloit] tenir feu Martin Hamon d’autre et entre une venelle qui est jouste le Bugnon Letart par […] ou clos Sainct Nicholas d’une part et le courtill Guillo Niel d’autre56… »

    58Ces biens sont moins sensibles aux aléas extérieurs et ne sont pas destinés aux mêmes marchés que leurs équivalents ruraux. De taille plus modeste, ces terres répondent d’abord à des besoins locaux, en nourrissant leurs détenteurs. Les surplus sont éventuellement écoulés sur les marchés ou les foires à l’intérieur de la ville57. Du fait de la présence de remparts, les maisons et terres sont relativement protégées de l’extérieur. Les villes n’en demeurent pas moins des cibles potentielles en cas de conflit, comme en atteste la guerre de Succession de Bretagne. En concentrant à l’intérieur de leurs remparts les fonctions de commandement et des richesses, les villes attisent les convoitises des belligérants, sans parler du butin qui peut être rassemblé après leur prise. Enfin, les seigneurs urbains vivent le plus souvent avec leurs tenanciers ou à proximité immédiate, ce qui renforce d’autant le poids de leur autorité et le montant des rentes exigées. Les rentes en deniers sur les possessions urbaines résistent mieux à la conjoncture de la fin du siècle, avec des rentes qui s’élèvent à quelques sous58 :

    « Item, seze soulz de rante par an, o Pierre le Torrec de Cardinal, sur ses tenues o lours appartenances, siises pres de Cardinal et de jouste. Item, cinq soulz et un chappon de rante par an, o Pierres Geffroy, sur une pezce de noe, siise au desoulz de Cardinal. Item, vignt soulz de rante par an a Jouhen et Jehan les Oirs sur un champ de terre siis […]. Item, ouyct soulz dez deniers de rante par an a Johen Legars sur ses tenues, siises a Quoyt Bouan59… »

    59Mais cet avantage peut se retourner contre les seigneurs eux-mêmes. À la différence des prélèvements en nature qui pèsent sur les récoltes et peuvent être fixes d’une année sur l’autre, selon les seigneuries et les droits demandés, les rentes urbaines sont payées en deniers et subissent, à ce titre, les fluctuations monétaires. Ce cas de figure est attesté non pas pour la fin du xive siècle, mais surtout à la fin du siècle suivant. Les revenus seigneuriaux sont touchés plus durement selon que ces droits représentent, ou non, une part importante parmi les recettes totales. La situation n’est donc pas la même pour les seigneuries rurales et les seigneuries urbaines, relativement épargnées en cette fin de xive siècle, mais beaucoup plus sujettes que celles des campagnes aux évolutions de la conjoncture militaire et politique. Les relations entretenues par les ducs avec le puissant voisin français sont très importantes par leurs répercussions sur le commerce et les échanges pour les seigneurs bretons60.

    60Pour faire face à cette nouvelle situation, les seigneurs, fonciers en particulier, adoptent de nouveaux comportements et étendent les redevances en nature.

    Les premiers signes d’adaptation à la fin du XIVe siècle

    61Alors que nous ne trouvions que peu de mentions de redevances en nature dans la première moitié du xive siècle, celles-ci deviennent beaucoup plus fréquentes après 1365. Plutôt qu’un effet documentaire, cette généralisation semble plutôt traduire de nouvelles évolutions des structures seigneuriales. Malmenées par les conflits et les désorganisations de la période précédente, les seigneuries foncières s’orientent vers des produits qui peuvent ensuite être échangés contre d’autres ou consommés directement. Il est normal de rencontrer le plus grand nombre de rentes en nature dans les petites seigneuries, qui sont parmi les plus touchées par les désorganisations comme nous venons de le voir.

    62Les redevances en nature occupent aussi une place plus grande dans les seigneuries de taille moyenne. La situation n’est pas la même que celle des petites seigneuries. Ce serait pour pallier la baisse des rentes en numéraire que ces droits seraient exigés à partir des années 1380-1390. Une autre explication possible tient au fait que les seigneurs moyens cherchent à diversifier leurs recettes, sans toutefois avoir d’éléments suffisants pour distinguer leurs motivations. Les sources de la fin du Moyen Âge ne les laissent pas transparaître, même si leurs détenteurs n’en sont pas moins attentifs à la bonne tenue et à la bonne exploitation des terres de leur.s domaine.s. Nous n’expliquerions pas autrement les mentions, par ailleurs attestées dans les baux du xve siècle, de seigneurs qui dictent plus ou moins fermement les conditions de mise en culture et d’exploitation de ces mêmes terres. Ont-ils développé ces droits pour être moins dépendants de la conjoncture et pour s’assurer une certaine stabilité des revenus ? Les seigneurs ne sont pas totalement libres du fait du respect de la coutume et des traditions. Une certaine latitude leur est toutefois donnée avec l’interprétation toujours possible de ces mêmes coutumes, y compris en développant les redevances en nature si la coutume ne les exclut pas.

    63Pour les tenanciers, aux droits et rentes dus à leurs propres seigneurs, s’ajoutent d’autres droits et redevances dus au clergé et au duc, sans parler des rentes à verser chaque année aux seigneurs suzerains ou aux seigneurs proches de qui ils tiennent d’autres terres61. Il semble toutefois révélateur que ces changements, d’ampleur limitée au départ, sans doute du fait de la mise en place progressive et des tâtonnements liés à l’établissement de nouveaux droits et prélèvements, se soient produits à un moment où la Bretagne traverse de nouvelles difficultés. La chronologie décalée d’un demi-siècle par rapport à la France peut peut-être s’expliquer par la position géographique, excentrée par rapport au royaume, et par le fait que le duché ait été moins durement touché que les provinces françaises limitrophes par les « malheurs des temps ». Nous songeons ici en particulier au Poitou au sud, qui a vu l’organisation et la traversée de chevauchées dans le cadre de la guerre de Cent Ans. Les seigneurs bretons, globalement plus proches de leurs tenanciers et vassaux, à l’exception notable des grands seigneurs proches du duc et qui, pour cette raison, ont choisi de s’établir dans les grandes villes comme Nantes, loin de leurs possessions, n’en gardent pas moins un œil attentif à la bonne organisation et gestion de leur seigneurie. Nous n’expliquerions pas autrement les rapports détaillés et le lien étroit existant entre les grands nobles, tels les Rohan, les Guémené, les Largouët et leurs receveurs-châtelains comme l’indiquent en introduction les comptes du xve siècle. La multiplication des procédures pour impayés et arriérés, à partir des années 1380, semble là aussi indiquer un nouveau regard et une nouvelle attention des seigneurs quant à la perception de droits plus ou moins malmenés, à une époque où les besoins des seigneurs s’accroissent eux aussi. Les difficultés économiques expliquent la multiplication des procédures, dénonçant en filigrane et de manière implicite le laxisme de leurs prédécesseurs, surtout lorsque les arriérés s’étendent sur plusieurs années. Ces derniers révèlent également les difficultés pour les seigneurs à faire reconnaître et exercer leurs droits sur leurs tenanciers et vassaux :

    « Comme debat et litige feust autreffoiz meu par la court de Bleign entre religioux et honestes les abbé et couvent de Nostre Damme de Blanche Coronne, ou diocese de Nantes, d’une partie et Eon de Barrel d’autre, sur ce que lesdiz abbé et couvent voint dit autreffoiz et propouse enver ledit Eon, que deffunt Pierres de Barrel oncle doudit Eon, frere de son père, avoit autreffoiz fait saisine et possession de servir et poier par an es abbé et couvent doudit moustier de Blanche Couronne, a leurs predicessours, censsiers, procurours, sergens et officiers et a l’un d’elx et chacun en son temps de lour poier et continuer par chacun an, le nombre et somme de deiz et neuff soulz de rente es termes de la Sainct Victour et de Noel par mettié et avoit congnu ledit Pierres de Barrel leur devoir ladicte rente par court et autrement dont ils avoint quis respons de chacun de lours aveuz et avoint dit, lesdiz abbé et couvent, que les arreraiges de ladicte rente lour estoint deuz du temps de vignt et neuff ans, par quoy et leurs raisons avoint tendu et conclut enver ledit Eon, affin qu’il feust condampné lour poier et continuer par chacun an pour le temps advenir lesdiz deiz et neuff soulz de rente, es lines dessurdiz et poier ledit arreraige dou temps dessurdit et desdomage et que dempuix ledit litige endent et nom discut celui Eon estoit decedé et de lui estoit hoir Jehan de Barrel, son filz, lequelles diz abbé et couvent avoint mis en proceix et aiournement par ladicte court de Bleign62… »

    64ou :

    « Sachent touz que, par nostre court de Nantes, en droit present et personalment establi, Guillaume Gentill, paroessien de Savenay, come il disoit, lequel congnut et confessa par davant nous que des le [XXIIIe] jour d’aoust l’an mil trois cent quatre vignt et oÿct celuy Gentill avoit randu, cesse et grepi a l’abbé et couvent de Blanche Courone, une meson et herbregement, o le tout lours fons et appartenances, qui aultreffois fut a Guillot Daviaux, siis en la ville de Savenay, a Tufete, et uncores de nouvel, lour a randu, cesé et grepi et voulu que ils en joissent pour estre et demourer celui Gentil quite des rentes et errerages qui deuz lui estrent pour le temps avenir63… »

    65Les rentes en nature contribuent à cette réorganisation et à ces nouveaux rapports des seigneurs par rapport aux droits et redevances. Se pose une autre question, concomitante : quel est le poids réel de ces rentes ? Sont-elles plus élevées que les autres rentes (en deniers) ou ne les complètent-elles pas plutôt ? Les sources n’apportent que des réponses indirectes : elles ne mentionnent ni de taux, ni de parts de récolte dans la majorité des cas64. Ces rentes, parfois prélevées en même temps que les redevances en numéraire, partagent très certainement les mêmes caractères que ces dernières, parmi lesquels la modestie des taux. Elles ne sont, dans la plupart des cas, pas dépendantes de la récolte, étant fixées par avance, ce qui présente des avantages mais aussi des inconvénients, différents selon que nous nous placions du point de vue des paysans ou de celui des seigneurs/sieurs.

    66En étant fixes, ces rentes permettent aux seigneurs de s’assurer des revenus certains, indépendamment des fluctuations et des perturbations des récoltes, liées notamment aux aléas extérieurs, et ainsi d’établir à l’avance les recettes prélevées. L’inconvénient majeur est qu’en cas de bonnes récoltes, les taux fixes ne permettent pas d’en bénéficier, ce qui laisse le profit aux exploitants. Pour les tenanciers, les redevances fixes peuvent s’avérer contraignantes surtout si les difficultés s’accumulent, les obligeant à puiser dans leurs réserves alors que, dans le même temps, ils ne peuvent engendrer de revenus pour subvenir à leurs besoins ou s’acquitter des redevances seigneuriales. La généralisation, progressive, des recettes en nature tout au long du xve siècle traduit ces changements de perspective pour les seigneurs/sieurs.

    67De même, comme pour les prélèvements en numéraire avec des montants souvent très modestes et plus élevés au fur et à mesure que les rentes s’accumulent les unes aux autres, les rentes et autres redevances en nature sont aussi plus contraignantes et fortes pour les tenanciers au fur et à mesure que les seigneurs en ajoutent de nouvelles. Ce risque ne semble pas être observé dans les faits. Il ne s’agit pas en effet pour les seigneurs d’exercer une contrainte trop forte sur les paysans. De même, aucune trace de plainte paysanne à l’égard de redevances trop lourdes ne nous est parvenue pour cet espace et pour cette période, alors que les demandes de décharge adressées aux ducs de Bretagne par des communautés villageoises étranglées par les « malheurs » sont attestées65. La fiscalité des ducs, surtout dans la seconde moitié du xve siècle, est beaucoup plus lourde et difficilement supportable. Tout comme pour les rentes en numéraire, le faible montant des redevances en nature doit rappeler aux tenanciers, par le rite et le geste de l’acquittement, que les terres cultivées sont détenues par un seigneur foncier. Ce dernier prend alors la part en nature qui lui revient de droit en tant que propriétaire foncier.

    68Quels sont les produits concernés par ces paiements ? Se retrouvent majoritairement des redevances en avoine66, parmi les plus nombreuses et pour des raisons que nous avons déjà expliquées, mais aussi d’autres en seigle67 et en volailles68, surtout grasses, comme les chapons ou les oies. Les volailles sont en effet un élément de richesse pour la population. Élevées par quasiment tous les paysans, en complément des terres exploitées, elles sont aussi le symbole du travail paysan. D’une certaine manière, par extension, elles font figure d’autres fruits des concessions faites par le seigneur foncier.

    69Il ne faut enfin pas oublier les corvées, avec quelques mentions, qui s’élèvent à deux jours de travail dans la plupart des cas quand la durée est indiquée, ce qui est relativement limité69, qui se révèle plus important si nous ajoutons à ce chiffre le nombre total de tenanciers. Les seigneurs peuvent avoir une main-d’œuvre nombreuse pour mener de véritables travaux agricoles sur les terres de la réserve seigneuriale, en plus de leur propre travail sur les terres du domaine. Le résultat n’est pas négligeable, surtout pour des seigneurs comme celui d’Anetz ou de la Jou, qui demandent des corvées à quasiment tous leurs tenanciers, à des jours différents de l’année et à des tâches complémentaires, comme pour le foin, les vendanges ou encore les charrois.

    Conclusion

    70La Bretagne, comme d’autres régions d’Europe occidentale, est secouée au xive siècle par des difficultés. L’intensité reste variable selon les seigneuries et selon la proximité géographique avec la France, parcourue par les gens d’armes de la guerre de Cent Ans. La conjoncture a des répercussions différentes sur les seigneuries foncières, très dépendantes de la stabilité économique et extérieure, et sur les seigneuries banales, moins dépendantes à court terme mais qui ne sont pas, pour autant, à l’abri de retournements.

    71La plus importante de ces crises demeure la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) qui entraîne des modifications importantes et pose les premiers jalons de nouvelles structures seigneuriales. Les prélèvements évoluent avec une part croissante occupée par les redevances en nature, tandis que certaines redevances anciennes, telles le cens, qui occupaient jadis une place essentielle dans les recettes seigneuriales totales, se trouvent pondérées du fait des adaptations. Ces dernières sont toutefois encore modestes, car les seigneurs et les sieurs doivent faire face à des obstacles, comme la coutume. Ils doivent dans le même temps gérer la remise en valeur des terres. Les premières expériences sont en conséquence très limitées.

    72Les seigneurs doivent s’adapter à de nouvelles conditions en particulier dans le dernier tiers du xive siècle. Il est souvent difficile de distinguer la part des seigneurs dans l’évolution des impacts de la conjoncture. La réponse réside sans doute entre ces deux postulats, les mentalités étant difficilement saisissables au travers des aveux et minus qui se contentent d’établir les droits auxquels les seigneurs/sieurs peuvent prétendre, sans toujours en préciser les montants. Tous ne sont pas confrontés aux mêmes problématiques, selon la nature des patrimoines, mais aussi selon l’ampleur des dégâts et de la reconstruction à entreprendre.

    73La fin du xive siècle pose des jalons qui ne demandent qu’à être développés. La première moitié du xve siècle offre à cet égard quelques conditions propices à des opérations de reconstruction des campagnes, qui demeurent trop limitées dans la durée et dans l’espace, faute de moyens suffisants mais aussi de stabilité à long terme.

    Notes de bas de page

    1  Extrait d’un acte d’échange de terres en Sainte-Ragon-de-Goulaine en 1333 (ADLA, E 455).

    2  Le Mené Michel et Carpentier Élisabeth, La France du xie au xve siècles : population, société, économie, Paris, PUF, 1996, p. 376 ; Contamine Philippe (dir. et al.), L’économie médiévale…, op. cit., p. 337 ; Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    3  ADLA, B 1482.

    4  Demolon, op. cit., p. 49.

    5  La première assiette connue des fouages pour la Bretagne, en 1392, relève 98447 feux, qui correspondent en théorie chacun à 3 « mesnagiers », soit environ 266000 chefs de famille contribuants : Touchard Henri, op. cit., p. 54 ; Leguay Jean-Pierre, Les fouages en Bretagne ducale aux xive et xve siècles, mémoire de DES (dactyl.), université de Rennes, 1961 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 111-112, 264-266 ; Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    6  ADLA, B 1961 bis.

    7  ADLA, B 1832.

    8  Il semble que les documents fassent référence aux communautés regroupant des membres d’une même famille pour exploiter des terres.

    9  Les informations sont indirectes et éparses concernant la situation démographique pour la première moitié du xive siècle. Ainsi, en juin 1342, des importations de blé sont attestées pour l’île de Bouin : « Item, pour ceu que lesdiz homes se doliant que les marchens lessient aporter blé en l’ille pour la mesure qui y estoint trop grant avons volu que elle seit establie a tel grandor come nostre chastrelain et la plus sainne partie de nosdiz homes de l’ille verront qu’il sera le plus profitable ci que ils en usent en poins et en la manere que ils usent de la mesure de sau que il prenant do sire de Rais en ladicte ille… » (Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CLXXXII, p. 198). Ces quelques informations proviennent d’une plainte d’habitants à l’égard des marchands, sans doute extérieurs. Ces derniers utilisent, si nous suivons cet extrait, des mesures trop grandes pour le blé, ce qui devait leur procurer des revenus plus intéressants au détriment des acheteurs. Nous n’avons aucun autre élément de réponse. C’est ce que laisse penser en tout cas cet extrait avec l’indication des tensions entre les uns et les autres, au point que le seigneur de Pouzauges et de Bouin, Miles de Thouars, doive confirmer par écrit les privilèges des îliens. Henri Touchard voyait, plus largement, le signe de campagnes densément peuplées. Les systèmes agricoles ne permettaient pas toujours de répondre aux besoins, d’où le recours à des importations : Touchard Henri, op. cit., p. 15.

    10  Extrait d’un échange de terres conclu le jeudi avant la mi-carême 1333 entre Guillaume Ferruceau et Guillaume Garoteau, pour des terres et des biens situés en la paroisse de Sainte-Ragon-de-Goulaine (ADLA, E 455).

    11  Aveu rendu en 1368 (a. st.) par Perrot Durent au seigneur de la Jou pour un héritage situé en la paroisse de Fay-de-Bretagne (ADLA, 1 E 156).

    12  Extrait de l’aveu rendu le 31 août 1315 par Symon le Marchent à l’abbé de Blanche-Couronne, pour des terres et des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay (ADLA, H 14).

    13  ADLA, E 455, E 508, H 2, H 86, 217 J 15.

    14  ADLA, E 455, H 2, H 14, 217 J 15.

    15  Extrait de l’accensement conclu en septembre 1301 par le couvent de Redon en faveur du seigneur du Pordor pour une tenure située à Redon (ADLA, 217 J 15).

    16  Nassiet Michel, op. cit., p. 56.

    17  Nous pouvons citer ici un plus long extrait pour comprendre sur quoi reposent ces corvées : « Ce sont les chouses que ge, Symon le Marchent, tyens de monseigneur l’abbé de Blanche Corone et dou couvent […] quel herbregement est siis entre le moulin de la Montaigne et la Lande et contyenent ceul herbregement et […] mondit seigneur et au couvent par an par la main de ge, Symon, pour ge et mes consorz […] maille et troys aydes savoir une a fain, une a semer le blé, une au charroy de vin et de ceulx […] assemblement par la main doudit Symon pour luy et ses consors… » (extrait de l’aveu rendu le 31 août 1315 par Simon le Marchent aux religieux de Blanche-Couronne pour des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay : ADLA, H 14).

    18  Jacquart Jean, « L’âge classique des paysans… », op. cit., t. 2, p. 77-82.

    19  Cf. annexe 4. D’après : ADLA, E 455, E 508, E 1 E 180, H 2, H 7, H 14, H 25, H 34, H 86, H 87, 217 J 15, 217 J 22 ; ADM, 60 H 13, 60 H 15, 89 J 62, Morice Dom Hyacinthe, op. cit., t. 1, p. 1411.

    20  ADLA, E 45, H 2, H 14, H 25, H 34, H 86, H 87, 217 J 15, 217 J 22 ; Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CCLII, p. 338.

    21  ADLA, H 86.

    22  Pour d’autres exemples régionaux : Le Mené Michel, Les campagnes angevines…, op. cit., p. 185-192 ; Tricard Jean, Les campagnes limousines du xie au xvie siècle : originalité et limites d’une reconstruction rurale, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 79-86 ; Sicard Germain, Le métayage dans le Midi toulousain à la fin du Moyen Âge, Toulouse, éd. Soubiron, 1956.

    23  Extrait du minu baillé en 1423 par Henry du Chef du Bois et Marie Bignan à la cour d’Hennebont pour des biens situés en la paroisse de Kervignac (ADLA, B 1565).

    24  ADLA, 60 H 13, 60 H 15. Voir plus largement : Dufief André, op. cit., p. 145, 155.

    25  Pour ce qui suit : Minois Georges, op. cit., p. 299-308 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 98-108. Pour une cartographie des opérations militaires : Ibid., p. 102.

    26  Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    27  Mollat Mgr G., « Les désastres de la guerre de Cent Ans en Bretagne », art. cité, p. 169-170, 176 ; Denifle père, La désolation des églises, monastères, hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1899, t. II, p. 744. Jean-Pierre Leguay et Hervé Martin dressent un inventaire des dévastations et ruines causées par la guerre de Succession pour les diocèses de Quimper et de Léon : Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., carte p. 155. Cet espace ne correspond pas au cadre de cette étude, mais il montre que tous les établissements religieux, aussi bien à l’intérieur des terres que sur le littoral, sont concernés par ces dommages. Les côtes sont cependant plus touchées, dans ces territoires, par les dégâts et les désorganisations suite aux opérations militaires et au passage des troupes de gens d’armes.

    28  Moal Laurence, op. cit.

    29  Jones Michael, « Ancenis, Froissart et le début de la guerre de succession en Bretagne (1341) », Actes du congrès d’Ancenis, MSHAB, t. 77, 1999, p. 91-102 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 109.

    30  Leguay Jean-Pierre, Histoire de Vannes et de sa région, Toulouse, Privat, 1989, p. 57.

    31  Jones Michael, « Les capitaines anglo-bretons et les marches entre la Bretagne et le Poitou, 1342-1373 », in La « France anglaise ». Actes du 111e congrès national des sociétés savantes (Poitiers, 1986), Paris, CTHS, 1988, p. 357-375.

    32  Un vidimus du 17 mars 1457 (n. st.) du duc Jean V montre l’ampleur des dégâts au sud de la Loire, au début du xve siècle (ADLA, H 50 ; publié par Blanchard René, Lettres et mandements…, op. cit., p. 114-117) : « Puix le temps de saexante ans, durant le temps des guerres et autres temps, pluseurs gens, esquelx nos receveurs et officiers, tant de nous que de nos predicesseurs, ont baillé es temps passez par ferme nos pescheries de nostredicte chaulcee de Pilan ont fait es voyzs et routes par ou les ayves passaint par ladicte chaulcee pour fait de prendre le poisson ediffices en haussant ladicte chaulcee de Pilan, oultre la maniere acoustumee mesmes pluseurs gens ont fermé et occupé pluseurs voyes et routes estantes es chaulcees de Veuz et de la chaulcee Leroy et aussi les chanaux et escours d’icelle riviere du Tenu sont comblez et empliz par bourriers et edifices d’escluses tellement que les ayves ne pevent avoir leurs cours comme avoint acoustumé. Celles bresses, motes et bourriers ont occupé le cours de l’ayve en telle maniere que les ayves dudit lac et des rivieres descendantes ont neyé et submergé les terres de noz diz supplians. Et auxi pluseurs grans chemins et voyes par ou on a acoustumé a aller de nostre dicte ville de Nantes a Machecoul et ailleurs sont par lesdictes ayves neyez et submergez… » Cité par Sarrazin Jean-Luc, « Les activités d’un rassembleur de terres… », art. cité, p. 138.

    33  Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    34  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 200, 204-206.

    35  Duby Georges, L’économie rurale et la vie des campagnes…, op. cit., vol. 2, p. 225, 228.

    36  Touchard Henri, op. cit., p. 54-55.

    37  ADLA, G 207. Des rançons étaient aussi dues, du fait de la présence de ces troupes d’armes, en particulier avec les gens d’armes anglais, comme depuis le château du Collet, au sud de la Loire, où les troupes anglaises rançonnaient plus de 30 paroisses : Jones Michael, Ducal Brittany…, op. cit., p. 175 ; Id., « Les capitaines anglo-bretons… », art. cité, p. 368.

    38  Ibid.

    39  ADLA, G 207 ; ADM, 27 H 1.

    40  Mollat Mgr G., « Les désastres de la guerre de Cent Ans en Bretagne », art. cité, p. 169.

    41  Durand Yves (dir.), op. cit., p. 70-72 ; Sarrazin Jean-Luc, Recueil et catalogue des actes de l’abbaye cistercienne de Buzay…, op. cit., p. 781-782.

    42  Une lettre du duc Jean IV l’atteste : celui-ci donne main levée au prieur de Saint-Martin-de-Josselin du droit de bouteillage au port de Vannes dont il jouissait à cause dudit prieuré, et qui avait été saisi pendant la guerre de Succession de Bretagne (lettre de 1450) : ADM, 27 H 1.

    43  Des massacres et des ravages se poursuivent toujours, comme à Vannes en 1373 où la ville est mise à sac : Jones Michael, Ducal Brittany…, op. cit., p. 30.

    44  Extrait du mandement rendu le 4 mai 1365 par Jean IV au sénéchal de Guérande : ADLA, G 207.

    45  ADLA, 1 E 156, G 334, H 3, H 4, H 7, H 25, H 55 ; ADM, 56 G 1, 60 H 13.

    46  ADLA, E 80, 1 E 156, H 7 ; ADM, 64 G 23.

    47  ADM, 60 H 13.

    48  ADLA, H 86.

    49  ADLA, B 1456, B 1832, B 1846, E 352, E 366, E 544, E 557, 1 E 156, 1 E 217, 1 E 346, H 10, H 16, 217 J 12, 217 J 22.

    50  Extrait de l’aveu rendu en 1399 (a. st.) par Allain de Saffré et sa femme pour des biens situés en la paroisse de Couëron (ADLA, B 1832).

    51  Extrait de l’aveu rendu le 15 avril 1390 (n. st.) par Sevestre de Rezé pour des biens situés en la paroisse des Huguetières (ADLA, E 352).

    52  Gallet Jean, La Seigneurie bretonne…, op. cit., p. 69-72.

    53  Cf. annexe 4. D’après (carte 16) : ADLA, B 1561, B 1563, B 1564, B 1565, B 1566, B 1567, B 1572, B 1575, B 1576, B 1578, B 1579, B 1580, B 1581, B 1954, B 1973, B 1990, B 1992 bis, B 2316, B 2317, B 2328, E 151, ; ADM, 55 G 1, 64 G 18, 64 G 22, 64 G 26, 60 H 13, 60 H 15, 89 J 62 ; carte 17 : ADLA, B 1456, B 1819, B 1832, B 1843, B 1846, B 1875, B 1881, E 78, E 352, E 366, E 455, E 489, E 508, E 544, E 557, 1 E 65, 1 E 156, 1 E 180, 1 E 217, 1 E 746, H 2, H 4, H 5, H 6, H 7, H 10, H 14, H 16, H 34, H 55, H 86, 217 J 12, 217 J 15, 217 J 22,

    54  Duby Georges, L’économie rurale et la vie des campagnes…, op. cit., vol. 2, p. 225.

    55  Les exemples de foires et de marchés sont surtout attestés pour le xve siècle, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existaient pas auparavant. La situation plus ou moins confuse au xive siècle a indéniablement constitué un frein à ces activités. Nous pouvons citer comme exemples : ADLA, B 1849, B 1854, B 1961 bis, E 277, E 299 ; Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CXXV, p. 64-66 ; Duval Michel, Foires et marchés en Bretagne de l’Antiquité à la fin de l’Ancien Régime, Paris, Royer-chroniques d’antan, rééd. 2001 (1re éd. 1982).

    56  Extrait de l’aveu rendu le 19 février 1394 (n. st.) par Éonnet Renouart et sa femme Johanne aux religieux de Blanche-Couronne pour une maison et son jardin situés en Saint-Nicolas à Nantes (ADLA, H 5).

    57  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 259-260.

    58  ADLA, E 557 ; ADM, 64 G 31, 48 H 20.

    59  Extrait de l’aveu rendu le 23 février 1393 (n. st.) par Perrot Coterel à la cour de Bretagne, pour des biens situés en la paroisse de Guérande (ADLA, B 1456).

    60  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 234-236 ; Touchard Henri, op. cit., p. 114-231 ; Delumeau Jean (dir.), op. cit., p. 177-186.

    61  Les comptes montrent particulièrement ces relations vassaliques, mais pour le xve siècle uniquement. Par exemple : ADLA, 1 E 221 (3), fol. 21 r°-v°, 22 r° ; 1 E 221 (4), fol. 15 v° ; 1 E 222 (1), fol. 25 r°-v° ; 1 E 222 (2), fol. 24 v°, 25 r°-v° ; 1 E 222 (3), fol. 24 v°, 25 v°, 26 r° ; 1 E 223 (1), fol. 25 v°, 26 r° ; 1 E 223 (2), fol. 25 r°-26 r° ; 1 E 223 (4), fol. 19 r°-v° ; 1 E 223 (5), fol. 17 r°-19 v°.

    62  Extrait de la condamnation de Jehan Barrel, rendue le 3 juin 1412, de s’acquitter des arriérés de 29 ans d’une rente de 19 sous, pour des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay. Il doit également 80 écus en or et 100 sous comme arriérés et dédommagement du défaut de paiement de la rente aux religieux de Blanche-Couronne (ADLA, H 3).

    63  Extrait de l’aveu rendu le 23 août 1388 par Guillaume Gentil aux religieux de Blanche-Couronne pour les arriérés d’une rente sur une maison à Savenay (ADLA, H 7).

    64  ADLA, B 130, B 1456, B 1482, B 1832, B 1846, B 1875, B 1881, E 66, E 352, E 368, E 489, E 495, E 496, E 508, E 557, 1 E 65, 1 E 156, 1 E 746, H 10, H 16, 217 J 12.

    65  ADLA, B 131 (demande adressée en 1454), B 131 (demande adressée en 1456).

    66  ADLA, B 1832, B 1875, B 1881, E 352, E 495, E 557, 1 E 156, H 16 ; « Savoir est, sur le fé Barbaut et Geffroy Bamel, au terme d’aoust seze soulz, une mine d’avoine de rente et dous deniers de rente. Item, a Nouel, seze soulz de rente, a karesme seze soulz de rente et dous deniers sepuenaulx… » (extrait d’un aveu rendu en 1402 (n. st.) par Jehanne de Lalande à la Chambre des comptes de Nantes, pour des biens situés en la paroisse de Saint-Gildas-des-Bois : ADLA, B 1881).

    67  ADLA, B 1846, E 66, E 489, E 495, 1 E 65 ; « Le moulin de la lande, ferme a Jehan Solaezon vignt renoz de seigle par an, qui comensca a la Touz Saintz l’an IIIIXX et sept, de quoy l’estang rompit dedanz le moys de juygn ensuyvant, enxin demeure de cler deix renoz de seigle a la mesure de Kermeneguer, somme X renoz de seigle, dont chacun renoz valoit III soulz somme XXX soulz… » (extrait du minu baillé le 9 mars 1389 (n. st.) par Olivier Leblanc et sa femme à Pierre Guillou, receveur d’Hennebont, pour des biens situés en la paroisse de Priziac : ADLA, B 1575) ; « Pierres Cong doit de convenance neuff soulz monnoie, trois mines froment, trois mines d’avoine, une mine de seille, mesure doudit lieu de Henbont, a estre paiez a chacune feste de Saint Gille une foiz l’an… » (extrait du minu baillé le 17 novembre 1398 à Pierre Guillou pour des terres situées en la paroisse de Riantec : ADLA, B 1578) ; « C’est asavoir, chacune tercelee de forment, pour six soulz chacun an de rente et chacune tercelee de seille pour cinque soulz chacun an de rente a avoir et prandre sur nostre censive de Auroy par la main nostre chastelain de Auroy, par chacun an en nostre ville de Auroy a la feste de la Touz Santz… » (extrait d’une donation faite en 1309 par le duc Arthur aux religieuses de la Joie d’Hennebont à prendre sur une censive en la paroisse d’Auray : ADM, 60 H 13).

    68  ADLA, B 1456, B 1482, B 1832, B 1846, E 495, E 557, 1 E 65, 1 E 746, H 16, 217 J 12 ; « Item, deux chappons de rente que nous doit Jehan Seicher de Guisnegau sur une censive, pres de Guisnegueau, au terme de Nouel. Item, deux chappons de rente que nous doit chacun an au terme de Sainct Michel, en monte gargane, les hoirs Guillebot Porchier, sur une censive ou a present demoure Nocheret… » (extrait de l’aveu rendu le 20 janvier 1393 (n. st.) rendu par Morice Templier au duc de Bretagne pour le rachat de biens situés en la paroisse du Bignon : ADLA, E 495).

    69  ADLA, B 1881, E 495, 1 E 156 ; « Item, devons a madicte dame, sur les dictes chouses le faisent affere par sergent, ledit Bayer a une quintaine de l’an un homme ou deux beuffx et un noe ou une charrete sans home ne beuffx pour faire bien… » (extrait de l’aveu rendu le 20 janvier 1393 (n. st.) rendu par Morice Templier au duc de Bretagne pour le rachat de biens situés en la paroisse du Bignon : ADLA, E 495).

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    1  Extrait d’un acte d’échange de terres en Sainte-Ragon-de-Goulaine en 1333 (ADLA, E 455).

    2  Le Mené Michel et Carpentier Élisabeth, La France du xie au xve siècles : population, société, économie, Paris, PUF, 1996, p. 376 ; Contamine Philippe (dir. et al.), L’économie médiévale…, op. cit., p. 337 ; Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    3  ADLA, B 1482.

    4  Demolon, op. cit., p. 49.

    5  La première assiette connue des fouages pour la Bretagne, en 1392, relève 98447 feux, qui correspondent en théorie chacun à 3 « mesnagiers », soit environ 266000 chefs de famille contribuants : Touchard Henri, op. cit., p. 54 ; Leguay Jean-Pierre, Les fouages en Bretagne ducale aux xive et xve siècles, mémoire de DES (dactyl.), université de Rennes, 1961 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 111-112, 264-266 ; Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    6  ADLA, B 1961 bis.

    7  ADLA, B 1832.

    8  Il semble que les documents fassent référence aux communautés regroupant des membres d’une même famille pour exploiter des terres.

    9  Les informations sont indirectes et éparses concernant la situation démographique pour la première moitié du xive siècle. Ainsi, en juin 1342, des importations de blé sont attestées pour l’île de Bouin : « Item, pour ceu que lesdiz homes se doliant que les marchens lessient aporter blé en l’ille pour la mesure qui y estoint trop grant avons volu que elle seit establie a tel grandor come nostre chastrelain et la plus sainne partie de nosdiz homes de l’ille verront qu’il sera le plus profitable ci que ils en usent en poins et en la manere que ils usent de la mesure de sau que il prenant do sire de Rais en ladicte ille… » (Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CLXXXII, p. 198). Ces quelques informations proviennent d’une plainte d’habitants à l’égard des marchands, sans doute extérieurs. Ces derniers utilisent, si nous suivons cet extrait, des mesures trop grandes pour le blé, ce qui devait leur procurer des revenus plus intéressants au détriment des acheteurs. Nous n’avons aucun autre élément de réponse. C’est ce que laisse penser en tout cas cet extrait avec l’indication des tensions entre les uns et les autres, au point que le seigneur de Pouzauges et de Bouin, Miles de Thouars, doive confirmer par écrit les privilèges des îliens. Henri Touchard voyait, plus largement, le signe de campagnes densément peuplées. Les systèmes agricoles ne permettaient pas toujours de répondre aux besoins, d’où le recours à des importations : Touchard Henri, op. cit., p. 15.

    10  Extrait d’un échange de terres conclu le jeudi avant la mi-carême 1333 entre Guillaume Ferruceau et Guillaume Garoteau, pour des terres et des biens situés en la paroisse de Sainte-Ragon-de-Goulaine (ADLA, E 455).

    11  Aveu rendu en 1368 (a. st.) par Perrot Durent au seigneur de la Jou pour un héritage situé en la paroisse de Fay-de-Bretagne (ADLA, 1 E 156).

    12  Extrait de l’aveu rendu le 31 août 1315 par Symon le Marchent à l’abbé de Blanche-Couronne, pour des terres et des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay (ADLA, H 14).

    13  ADLA, E 455, E 508, H 2, H 86, 217 J 15.

    14  ADLA, E 455, H 2, H 14, 217 J 15.

    15  Extrait de l’accensement conclu en septembre 1301 par le couvent de Redon en faveur du seigneur du Pordor pour une tenure située à Redon (ADLA, 217 J 15).

    16  Nassiet Michel, op. cit., p. 56.

    17  Nous pouvons citer ici un plus long extrait pour comprendre sur quoi reposent ces corvées : « Ce sont les chouses que ge, Symon le Marchent, tyens de monseigneur l’abbé de Blanche Corone et dou couvent […] quel herbregement est siis entre le moulin de la Montaigne et la Lande et contyenent ceul herbregement et […] mondit seigneur et au couvent par an par la main de ge, Symon, pour ge et mes consorz […] maille et troys aydes savoir une a fain, une a semer le blé, une au charroy de vin et de ceulx […] assemblement par la main doudit Symon pour luy et ses consors… » (extrait de l’aveu rendu le 31 août 1315 par Simon le Marchent aux religieux de Blanche-Couronne pour des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay : ADLA, H 14).

    18  Jacquart Jean, « L’âge classique des paysans… », op. cit., t. 2, p. 77-82.

    19  Cf. annexe 4. D’après : ADLA, E 455, E 508, E 1 E 180, H 2, H 7, H 14, H 25, H 34, H 86, H 87, 217 J 15, 217 J 22 ; ADM, 60 H 13, 60 H 15, 89 J 62, Morice Dom Hyacinthe, op. cit., t. 1, p. 1411.

    20  ADLA, E 45, H 2, H 14, H 25, H 34, H 86, H 87, 217 J 15, 217 J 22 ; Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CCLII, p. 338.

    21  ADLA, H 86.

    22  Pour d’autres exemples régionaux : Le Mené Michel, Les campagnes angevines…, op. cit., p. 185-192 ; Tricard Jean, Les campagnes limousines du xie au xvie siècle : originalité et limites d’une reconstruction rurale, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 79-86 ; Sicard Germain, Le métayage dans le Midi toulousain à la fin du Moyen Âge, Toulouse, éd. Soubiron, 1956.

    23  Extrait du minu baillé en 1423 par Henry du Chef du Bois et Marie Bignan à la cour d’Hennebont pour des biens situés en la paroisse de Kervignac (ADLA, B 1565).

    24  ADLA, 60 H 13, 60 H 15. Voir plus largement : Dufief André, op. cit., p. 145, 155.

    25  Pour ce qui suit : Minois Georges, op. cit., p. 299-308 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 98-108. Pour une cartographie des opérations militaires : Ibid., p. 102.

    26  Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    27  Mollat Mgr G., « Les désastres de la guerre de Cent Ans en Bretagne », art. cité, p. 169-170, 176 ; Denifle père, La désolation des églises, monastères, hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1899, t. II, p. 744. Jean-Pierre Leguay et Hervé Martin dressent un inventaire des dévastations et ruines causées par la guerre de Succession pour les diocèses de Quimper et de Léon : Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., carte p. 155. Cet espace ne correspond pas au cadre de cette étude, mais il montre que tous les établissements religieux, aussi bien à l’intérieur des terres que sur le littoral, sont concernés par ces dommages. Les côtes sont cependant plus touchées, dans ces territoires, par les dégâts et les désorganisations suite aux opérations militaires et au passage des troupes de gens d’armes.

    28  Moal Laurence, op. cit.

    29  Jones Michael, « Ancenis, Froissart et le début de la guerre de succession en Bretagne (1341) », Actes du congrès d’Ancenis, MSHAB, t. 77, 1999, p. 91-102 ; Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 109.

    30  Leguay Jean-Pierre, Histoire de Vannes et de sa région, Toulouse, Privat, 1989, p. 57.

    31  Jones Michael, « Les capitaines anglo-bretons et les marches entre la Bretagne et le Poitou, 1342-1373 », in La « France anglaise ». Actes du 111e congrès national des sociétés savantes (Poitiers, 1986), Paris, CTHS, 1988, p. 357-375.

    32  Un vidimus du 17 mars 1457 (n. st.) du duc Jean V montre l’ampleur des dégâts au sud de la Loire, au début du xve siècle (ADLA, H 50 ; publié par Blanchard René, Lettres et mandements…, op. cit., p. 114-117) : « Puix le temps de saexante ans, durant le temps des guerres et autres temps, pluseurs gens, esquelx nos receveurs et officiers, tant de nous que de nos predicesseurs, ont baillé es temps passez par ferme nos pescheries de nostredicte chaulcee de Pilan ont fait es voyzs et routes par ou les ayves passaint par ladicte chaulcee pour fait de prendre le poisson ediffices en haussant ladicte chaulcee de Pilan, oultre la maniere acoustumee mesmes pluseurs gens ont fermé et occupé pluseurs voyes et routes estantes es chaulcees de Veuz et de la chaulcee Leroy et aussi les chanaux et escours d’icelle riviere du Tenu sont comblez et empliz par bourriers et edifices d’escluses tellement que les ayves ne pevent avoir leurs cours comme avoint acoustumé. Celles bresses, motes et bourriers ont occupé le cours de l’ayve en telle maniere que les ayves dudit lac et des rivieres descendantes ont neyé et submergé les terres de noz diz supplians. Et auxi pluseurs grans chemins et voyes par ou on a acoustumé a aller de nostre dicte ville de Nantes a Machecoul et ailleurs sont par lesdictes ayves neyez et submergez… » Cité par Sarrazin Jean-Luc, « Les activités d’un rassembleur de terres… », art. cité, p. 138.

    33  Kerhervé Jean, L’État breton…, op. cit., t. 2, p. 549-553.

    34  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 200, 204-206.

    35  Duby Georges, L’économie rurale et la vie des campagnes…, op. cit., vol. 2, p. 225, 228.

    36  Touchard Henri, op. cit., p. 54-55.

    37  ADLA, G 207. Des rançons étaient aussi dues, du fait de la présence de ces troupes d’armes, en particulier avec les gens d’armes anglais, comme depuis le château du Collet, au sud de la Loire, où les troupes anglaises rançonnaient plus de 30 paroisses : Jones Michael, Ducal Brittany…, op. cit., p. 175 ; Id., « Les capitaines anglo-bretons… », art. cité, p. 368.

    38  Ibid.

    39  ADLA, G 207 ; ADM, 27 H 1.

    40  Mollat Mgr G., « Les désastres de la guerre de Cent Ans en Bretagne », art. cité, p. 169.

    41  Durand Yves (dir.), op. cit., p. 70-72 ; Sarrazin Jean-Luc, Recueil et catalogue des actes de l’abbaye cistercienne de Buzay…, op. cit., p. 781-782.

    42  Une lettre du duc Jean IV l’atteste : celui-ci donne main levée au prieur de Saint-Martin-de-Josselin du droit de bouteillage au port de Vannes dont il jouissait à cause dudit prieuré, et qui avait été saisi pendant la guerre de Succession de Bretagne (lettre de 1450) : ADM, 27 H 1.

    43  Des massacres et des ravages se poursuivent toujours, comme à Vannes en 1373 où la ville est mise à sac : Jones Michael, Ducal Brittany…, op. cit., p. 30.

    44  Extrait du mandement rendu le 4 mai 1365 par Jean IV au sénéchal de Guérande : ADLA, G 207.

    45  ADLA, 1 E 156, G 334, H 3, H 4, H 7, H 25, H 55 ; ADM, 56 G 1, 60 H 13.

    46  ADLA, E 80, 1 E 156, H 7 ; ADM, 64 G 23.

    47  ADM, 60 H 13.

    48  ADLA, H 86.

    49  ADLA, B 1456, B 1832, B 1846, E 352, E 366, E 544, E 557, 1 E 156, 1 E 217, 1 E 346, H 10, H 16, 217 J 12, 217 J 22.

    50  Extrait de l’aveu rendu en 1399 (a. st.) par Allain de Saffré et sa femme pour des biens situés en la paroisse de Couëron (ADLA, B 1832).

    51  Extrait de l’aveu rendu le 15 avril 1390 (n. st.) par Sevestre de Rezé pour des biens situés en la paroisse des Huguetières (ADLA, E 352).

    52  Gallet Jean, La Seigneurie bretonne…, op. cit., p. 69-72.

    53  Cf. annexe 4. D’après (carte 16) : ADLA, B 1561, B 1563, B 1564, B 1565, B 1566, B 1567, B 1572, B 1575, B 1576, B 1578, B 1579, B 1580, B 1581, B 1954, B 1973, B 1990, B 1992 bis, B 2316, B 2317, B 2328, E 151, ; ADM, 55 G 1, 64 G 18, 64 G 22, 64 G 26, 60 H 13, 60 H 15, 89 J 62 ; carte 17 : ADLA, B 1456, B 1819, B 1832, B 1843, B 1846, B 1875, B 1881, E 78, E 352, E 366, E 455, E 489, E 508, E 544, E 557, 1 E 65, 1 E 156, 1 E 180, 1 E 217, 1 E 746, H 2, H 4, H 5, H 6, H 7, H 10, H 14, H 16, H 34, H 55, H 86, 217 J 12, 217 J 15, 217 J 22,

    54  Duby Georges, L’économie rurale et la vie des campagnes…, op. cit., vol. 2, p. 225.

    55  Les exemples de foires et de marchés sont surtout attestés pour le xve siècle, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’existaient pas auparavant. La situation plus ou moins confuse au xive siècle a indéniablement constitué un frein à ces activités. Nous pouvons citer comme exemples : ADLA, B 1849, B 1854, B 1961 bis, E 277, E 299 ; Cartulaire des sires de Rays…, op. cit., pièce CXXV, p. 64-66 ; Duval Michel, Foires et marchés en Bretagne de l’Antiquité à la fin de l’Ancien Régime, Paris, Royer-chroniques d’antan, rééd. 2001 (1re éd. 1982).

    56  Extrait de l’aveu rendu le 19 février 1394 (n. st.) par Éonnet Renouart et sa femme Johanne aux religieux de Blanche-Couronne pour une maison et son jardin situés en Saint-Nicolas à Nantes (ADLA, H 5).

    57  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 259-260.

    58  ADLA, E 557 ; ADM, 64 G 31, 48 H 20.

    59  Extrait de l’aveu rendu le 23 février 1393 (n. st.) par Perrot Coterel à la cour de Bretagne, pour des biens situés en la paroisse de Guérande (ADLA, B 1456).

    60  Leguay Jean-Pierre et Martin Hervé, op. cit., p. 234-236 ; Touchard Henri, op. cit., p. 114-231 ; Delumeau Jean (dir.), op. cit., p. 177-186.

    61  Les comptes montrent particulièrement ces relations vassaliques, mais pour le xve siècle uniquement. Par exemple : ADLA, 1 E 221 (3), fol. 21 r°-v°, 22 r° ; 1 E 221 (4), fol. 15 v° ; 1 E 222 (1), fol. 25 r°-v° ; 1 E 222 (2), fol. 24 v°, 25 r°-v° ; 1 E 222 (3), fol. 24 v°, 25 v°, 26 r° ; 1 E 223 (1), fol. 25 v°, 26 r° ; 1 E 223 (2), fol. 25 r°-26 r° ; 1 E 223 (4), fol. 19 r°-v° ; 1 E 223 (5), fol. 17 r°-19 v°.

    62  Extrait de la condamnation de Jehan Barrel, rendue le 3 juin 1412, de s’acquitter des arriérés de 29 ans d’une rente de 19 sous, pour des biens situés en la paroisse de la Chapelle-Launay. Il doit également 80 écus en or et 100 sous comme arriérés et dédommagement du défaut de paiement de la rente aux religieux de Blanche-Couronne (ADLA, H 3).

    63  Extrait de l’aveu rendu le 23 août 1388 par Guillaume Gentil aux religieux de Blanche-Couronne pour les arriérés d’une rente sur une maison à Savenay (ADLA, H 7).

    64  ADLA, B 130, B 1456, B 1482, B 1832, B 1846, B 1875, B 1881, E 66, E 352, E 368, E 489, E 495, E 496, E 508, E 557, 1 E 65, 1 E 156, 1 E 746, H 10, H 16, 217 J 12.

    65  ADLA, B 131 (demande adressée en 1454), B 131 (demande adressée en 1456).

    66  ADLA, B 1832, B 1875, B 1881, E 352, E 495, E 557, 1 E 156, H 16 ; « Savoir est, sur le fé Barbaut et Geffroy Bamel, au terme d’aoust seze soulz, une mine d’avoine de rente et dous deniers de rente. Item, a Nouel, seze soulz de rente, a karesme seze soulz de rente et dous deniers sepuenaulx… » (extrait d’un aveu rendu en 1402 (n. st.) par Jehanne de Lalande à la Chambre des comptes de Nantes, pour des biens situés en la paroisse de Saint-Gildas-des-Bois : ADLA, B 1881).

    67  ADLA, B 1846, E 66, E 489, E 495, 1 E 65 ; « Le moulin de la lande, ferme a Jehan Solaezon vignt renoz de seigle par an, qui comensca a la Touz Saintz l’an IIIIXX et sept, de quoy l’estang rompit dedanz le moys de juygn ensuyvant, enxin demeure de cler deix renoz de seigle a la mesure de Kermeneguer, somme X renoz de seigle, dont chacun renoz valoit III soulz somme XXX soulz… » (extrait du minu baillé le 9 mars 1389 (n. st.) par Olivier Leblanc et sa femme à Pierre Guillou, receveur d’Hennebont, pour des biens situés en la paroisse de Priziac : ADLA, B 1575) ; « Pierres Cong doit de convenance neuff soulz monnoie, trois mines froment, trois mines d’avoine, une mine de seille, mesure doudit lieu de Henbont, a estre paiez a chacune feste de Saint Gille une foiz l’an… » (extrait du minu baillé le 17 novembre 1398 à Pierre Guillou pour des terres situées en la paroisse de Riantec : ADLA, B 1578) ; « C’est asavoir, chacune tercelee de forment, pour six soulz chacun an de rente et chacune tercelee de seille pour cinque soulz chacun an de rente a avoir et prandre sur nostre censive de Auroy par la main nostre chastelain de Auroy, par chacun an en nostre ville de Auroy a la feste de la Touz Santz… » (extrait d’une donation faite en 1309 par le duc Arthur aux religieuses de la Joie d’Hennebont à prendre sur une censive en la paroisse d’Auray : ADM, 60 H 13).

    68  ADLA, B 1456, B 1482, B 1832, B 1846, E 495, E 557, 1 E 65, 1 E 746, H 16, 217 J 12 ; « Item, deux chappons de rente que nous doit Jehan Seicher de Guisnegau sur une censive, pres de Guisnegueau, au terme de Nouel. Item, deux chappons de rente que nous doit chacun an au terme de Sainct Michel, en monte gargane, les hoirs Guillebot Porchier, sur une censive ou a present demoure Nocheret… » (extrait de l’aveu rendu le 20 janvier 1393 (n. st.) rendu par Morice Templier au duc de Bretagne pour le rachat de biens situés en la paroisse du Bignon : ADLA, E 495).

    69  ADLA, B 1881, E 495, 1 E 156 ; « Item, devons a madicte dame, sur les dictes chouses le faisent affere par sergent, ledit Bayer a une quintaine de l’an un homme ou deux beuffx et un noe ou une charrete sans home ne beuffx pour faire bien… » (extrait de l’aveu rendu le 20 janvier 1393 (n. st.) rendu par Morice Templier au duc de Bretagne pour le rachat de biens situés en la paroisse du Bignon : ADLA, E 495).

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    Ce livre est cité par

    • Sussman, Sarah. (2018) Recent Books and Dissertations on French History. French Historical Studies, 41. DOI: 10.1215/00161071-6953743

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    Rabot, B. (2017). Chapitre VI. Les seigneuries à l’épreuve des guerres et de la crise au xive siècle. In Les structures seigneuriales rurales (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.157072
    Rabot, Brice. « Chapitre VI. Les seigneuries à l’épreuve des guerres et de la crise au xive siècle ». In Les structures seigneuriales rurales. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2017. https://doi.org/10.4000/books.pur.157072.
    Rabot, Brice. « Chapitre VI. Les seigneuries à l’épreuve des guerres et de la crise au xive siècle ». Les structures seigneuriales rurales, Presses universitaires de Rennes, 2017, https://doi.org/10.4000/books.pur.157072.

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    Rabot, B. (2017). Les structures seigneuriales rurales (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.156917
    Rabot, Brice. Les structures seigneuriales rurales. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2017. https://doi.org/10.4000/books.pur.156917.
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