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    Plan détaillé Texte intégral Qu’est-ce que le catéchisme ?Catéchisme et école : un élève pour deux maîtresSilence et répétition. Le catéchisme en actionLe Décalogue, l’obéissance au cœur du catéchismeDevenir moderne : un processus à géométrie variableConclusion Notes de bas de page Auteur

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    Le catéchisme comme magistère. L’enfant, le christianisme et l’obéissance dans le xixe siècle européen

    Sarah Scholl

    p. 101-113

    Texte intégral Qu’est-ce que le catéchisme ?Catéchisme et école : un élève pour deux maîtresSilence et répétition. Le catéchisme en actionLe Décalogue, l’obéissance au cœur du catéchismeDevenir moderne : un processus à géométrie variableDes vertus de l’obéissance. Le resserrement catholiqueLa voie libérale : démocratie et autorité des loisConclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le christianisme du xixe siècle dispose d’un vaste arsenal de principes pour faire face à la nouveauté et accompagner, ou susciter, la modernité. Mais, dans tous les cas, son cadre normatif est conçu par ses défenseurs comme le magistère central de la vie humaine. Quel que soit le degré d’acceptation des valeurs des droits de l’homme, par exemple, les penseurs chrétiens font du christianisme, de ses dogmes et de sa morale, l’ordonnateur social principal. Même lorsque la liberté religieuse est pleinement reconnue et valorisée par une Église, le christianisme reste conçu comme englobant l’ensemble de la vie terrestre et supraterrestre, dictant ce qu’il advient des chrétiens et des non-chrétiens ici-bas comme dans l’au-delà. Le lieu qui concentre cette perception de soi est le manuel de catéchisme, véritable guide de pensées et de comportements, destiné à être appris – le plus souvent par cœur – entre 8 et 12 ans.

    2Élément clé de l’apprentissage des bases de la théologie chrétienne, le catéchisme permet aussi l’inculcation du respect de l’autorité et des hiérarchies sociales. Sa place est centrale dans le système éducatif du xixe siècle européen. Cette étude, en combinant l’analyse des manuels de catéchisme et celle du moment catéchétique lui-même, entend montrer que faire reconnaître et accepter un magistère nécessite une mise en place tout à la fois pratique et théorique. Toujours contingente, cette mise en place évolue sans cesse et elle est tout particulièrement questionnée par la modernité occidentale. Notre regard se portera sur les textes et les pratiques de différentes confessions, afin de ne pas réduire le christianisme à l’une ou l’autre de ces expressions, mais surtout pour mieux mettre en évidence les choix effectués par chaque Église ou courants chrétiens au sein d’une palette d’options1.

    3Le catéchisme, comme acte pastoral et comme texte ecclésial, est une source d’autant plus précieuse qu’il reste massif en Europe, malgré la sécularisation. Pour les filles, le suivi du catéchisme, parfois jusqu’au mariage, est un gage de moralité. On connaît la participation moindre des hommes à la vie religieuse du xixe siècle, il n’empêche, pour les garçons, la première communion, but explicite du catéchisme, reste dans la plupart des cas un préalable nécessaire à une éventuelle « sortie » de la religion2. Baptisés et catéchisés dans leur enfance, tous ces individus se reconnaissent comme chrétiens. Les résultats des recensements sont sans équivoque. 97,5 % des Français se disent catholiques en 1872, en Suisse en 1880, 58,6 % des habitants se déclarent protestants et 40,8 % catholiques.

    4Pour saisir les enjeux liés à l’autorité et au magistère dans la catéchèse, nous nous concentrerons sur la seconde moitié du xixe siècle, moment où les Églises doivent faire face à la laïcisation des écoles publiques3. Cette dernière est en effet une des mesures phares de la modernité occidentale. Par elle, se matérialisent la séparation des sphères, la pluralisation des magistères, l’autonomie individuelle en matière de croyances et la foi en une humanité en progression, grâce à la démocratisation des savoirs4. Les réponses chrétiennes à ce tournant sont multiples dans les années 1850-1900. C’est la période où le Vatican opère un durcissement ultramontain ou intransigeant, en gestation depuis le début du siècle. La promulgation du dogme de l’Infaillibilité pontificale suscite de fortes résistances, en particulier en Allemagne et en Suisse, où naît un mouvement séparé, le vieux-catholicisme. Les protestants quant à eux se divisent entre d’un côté, les orthodoxes ou évangéliques, gardiens notamment de la doctrine de Calvin et d’une interprétation littérale des Écritures, tout en promouvant un renouveau spirituel du christianisme et, de l’autre, les libéraux, avec des approches plus ou moins rationalistes des Écritures, de la théologie et des pratiques cultuelles. Ce contexte ouvre des chantiers passionnants en matière d’autorité, dont les catéchismes sont un lieu d’expression privilégié.

    Qu’est-ce que le catéchisme ?

    5Qu’est-ce que le catéchisme ? Toute la difficulté d’une définition réside dans la nécessité de considérer ensemble les différents acteurs/agents de la transmission : le manuel, le pasteur, les enfants et le lieu. « Qu’est-ce que le catéchisme ? C’est une instruction familière de la doctrine chrétienne, où l’on apprend ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire pour être sauvé5. » Cette définition des catéchismes catholiques, outre qu’elle est représentative de l’orientation générale prise au sein de cette Église, on y reviendra, montre que le catéchisme est considéré comme un résumé ou un condensé de la doctrine, idée partagée par toutes les confessions. C’est « un aperçu complet de la religion chrétienne » pour le pasteur français Athanase Coquerel6. La même idée est exprimée dans le Manuel du catéchiste, publié par les Frères des écoles chrétiennes : « Dans sa concision voulue et vraiment admirable, le catéchisme est le livre par excellence. C’est un abrégé merveilleux de la théologie catholique. Tous les mots en ont été pesés7. »

    6Ici, le manuel est le catéchisme, défini comme un précis de doctrine chrétienne. Avec le développement de l’imprimerie bon marché, le petit livre de catéchisme prend en effet une importance centrale au xixe siècle. Il peut désormais être distribué largement et son succès dépend étroitement des progrès inédits de l’alphabétisation et de la scolarisation entre la Révolution française et la Première Guerre mondiale. Le manuel est aussi conçu par les autorités d’Église pour porter la doctrine à l’intérieur des familles, là où l’enfant va poser son livre, le lire et en réciter le texte. Il a ainsi pour objectif de stabiliser la doctrine religieuse dans l’ensemble de la société ; il dicte à la fois l’orthodoxie théologique et celle des comportements cultuels et sociaux. Pour ce faire, il reçoit nécessairement sa première autorité de l’instance émettrice. C’est très clairement exprimé dans le catholicisme, où les catéchismes sont explicitement ordonnés par l’évêque du diocèse. Mais c’est aussi le cas dans le protestantisme, où de grands efforts sont faits soit pour faire autoriser son propre manuel par le Consistoire, soit pour tenter d’imposer un seul manuel pour toute l’Église8. Le catéchisme, en tant que livre, est donc l’un des relais majeurs du magistère ecclésial, des ecclésiastiques protestants et catholiques, dans la population.

    7Les auteurs des catéchismes livrent systématiquement à leurs lecteurs les fondements théologiques de la doctrine exposée. On retrouve là toute la diversité du christianisme de la seconde moitié du xixe siècle. Chez les catholiques, les certitudes de la foi se fondent principalement sur « l’infaillibilité de Dieu et de l’Église9 » par l’action du Saint-Esprit. Leur Église est la seule à détenir la vérité et les catéchismes rappellent toujours qu’il n’y a pas de salut possible hors de son sein. Les vieux-catholiques, dits aussi catholiques-chrétiens, se donnent pour fondement principal de leur enseignement les professions de foi antiques et la Bible. Ils acceptent, comme les protestants, la pluralité des Églises. Chez les réformés, la tradition est tue, et leur connaissance religieuse, telle qu’expliquée par le manuel, se dit fondée sur les Écritures (la Révélation), la conscience et la raison. Ces deux dernières instances sont particulièrement mises en valeurs par les catéchismes libéraux.

    8Le manuel est donc écrit de manière à se justifier et à s’auto-légitimer. Il trouve son autorité en dehors de lui-même, mais il n’en devient pas moins une autorité – un magistère – en tant que telle. En fait, parce qu’il dit le cœur de la religion chrétienne, le catéchisme est tout à la fois résultat et source du système d’autorité ecclésiale. Plus concrètement encore, il inculque à l’enfant le respect du clergé et de sa doctrine, tout en ayant été préalablement imposé par le clergé lui-même. L’enseignement du catéchisme nécessite donc la mise en scène d’une transmission solennelle, c’est le rôle de la catéchèse, acte de transmission et d’éducation, où peut se matérialiser et se concrétiser ce qu’est l’autorité pour les enfants du xixe siècle et dont la proximité avec l’apprentissage scolaire doit d’abord être clarifiée ici.

    Catéchisme et école : un élève pour deux maîtres

    9Pendant la plus grande partie du xixe siècle, Église et école développent ensemble un encadrement apte non seulement à instruire – l’apprentissage de la lecture en est le cœur – mais aussi à discipliner (ou éduquer) les enfants. Avant la scolarisation des masses, le catéchisme pouvait se résumer à quelques mois de cours (apprentissage par cœur, souvent sans livre) avant la première communion ou la confirmation pour les protestants. André Encrevé relève la méconnaissance et la pauvreté de l’instruction religieuse d’une grande partie des enfants protestants au début du xixe siècle10. Le développement de l’instruction religieuse est donc intimement lié au développement de la scolarisation. La doctrine chrétienne est en effet au cœur des écoles mises en place durant la Restauration et son importance est réitérée à maintes reprises. Pour la France, la loi Guizot de juin 1833 affirme en son article premier la nécessité de l’instruction morale et religieuse dans l’école primaire11. Il s’agit à la fois d’une matière enseignée (l’histoire sainte et les préceptes théologiques et moraux) mais aussi du support au reste de l’enseignement : on apprend par exemple à lire dans les manuels de piété ou dans la Bible, on rédige des rédactions sur des questions religieuses.

    10École et catéchisme font ainsi partie du même mouvement éducatif. Les historiens ont montré comment l’instituteur est, dans un premier temps, un inférieur du curé ou du pasteur, quand il n’est pas lui-même un religieux. Les Églises officielles choisissent et cautionnent les instituteurs. En France, l’instituteur est souvent aussi le chantre et le sacristain de la paroisse12. École et Église partagent un même système d’autorité et d’inculcation de l’autorité, dans une organisation parfaitement lisible pour les enfants. Très concrètement, la classe est toujours encadrée par des prières, l’instituteur fait réciter le catéchisme aux enfants, il les conduit à l’église pour recevoir l’enseignement du curé et il les surveille durant le culte dominical. Il est commun de voir un enfant puni en classe le lundi pour un comportement du dimanche13. En termes législatifs, cette organisation est parfaitement exprimée par l’article premier du règlement scolaire du 17 août 1851 (France) : « Le principal devoir de l’instituteur est de donner aux enfants une éducation religieuse, et de graver profondément dans leurs âmes le sentiment de leurs devoirs envers Dieu, envers leurs parents, envers les autres hommes et envers eux-mêmes14. »

    11Au fur et à mesure que le siècle avance, la profession d’instituteur est lentement revalorisée et s’émancipe de la tutelle religieuse. L’école acquiert une importance et une autonomie nouvelles en étant rapatriée sous le giron d’un État émancipé des Églises. Une inversion s’opère alors et c’est désormais le clergé qui va chercher, dans bien des cas, à bénéficier de cette aura croissante de l’école, de son officialité et de son caractère obligatoire. Les autorités d’Église font pression pour maintenir une éducation religieuse dans les programmes et, si cela leur est refusé, demandent à pouvoir faire au moins le catéchisme dans les locaux scolaires. Une fois la laïcisation, voire la séparation des Églises et de l’État, opérées, le catéchisme ne disparaît pas pour autant du paysage. La France lui réserve le jeudi, jour de congé scolaire, les cantons suisses lui gardent toujours des plages horaires dans les programmes. L’immense majorité des enfants reste donc encadrée, tout au long du siècle, par la double autorité du pasteur et de l’instituteur.

    12Les rituels de fin du catéchisme, première communion, communion solennelle ou confirmation, qui interviennent entre 11 et 15 ans, marquent non seulement la pleine entrée dans la communauté chrétienne mais aussi la sortie de l’enfance. Cette cérémonie signe très souvent la fin de la scolarisation, avec le départ des adolescents en apprentissage. Le catéchisme est ainsi, avec l’école, un passage obligé vers le monde des adultes. Leur rôle est donc de donner à l’enfant le bagage jugé nécessaire à leur vie de chrétien et de citoyen. Dans la conception du xixe siècle, cet équipement consiste, en grande partie, à savoir se tenir et obéir. En effet, si les Lumières ont amené une conception plus « optimiste » de l’enfance, la tradition est encore tenace : les enfants sont conçus comme des petits êtres désordonnés, trop spontanés, « païens et barbares15 », qu’il faut avant tout discipliner. Dans ce cadre, l’apprentissage de l’indépendance d’esprit est pour plus tard, ou jamais16.

    Silence et répétition. Le catéchisme en action

    « Que faut-il faire avant le Catéchisme ? Il faut y venir avec un saint désir de s’instruire des vérités du salut, et demander à Dieu la grâce de bien apprendre.
    Que faut-il faire pendant le Catéchisme ? Il faut écouter avec attention ce que l’on y enseigne, et ne parler que lorsqu’on est interrogé.
    Que faut-il faire après le Catéchisme ? Il faut remercier Dieu, retenir ce que l’on a appris, et demander à Dieu la grâce de le bien pratiquer.
    Que faut-il faire quand on est de retour à la maison ?
    Il faut répéter devant ses pères et mères, maîtres et maîtresses, ce que l’on a appris17. »

    13Ce catéchisme catholique de 1864 contient son propre mode d’emploi. L’autorité est d’abord, pour l’enfant, un apprentissage pratique. Le Manuel du catéchiste donne quant à lui des directives strictes. La « mission sacrée » des catéchistes exige une tenue, un ton de voix et un regard particulier, aptes à montrer aux enfants qu’il ne s’agit pas d’une classe profane. Les catholiques développent un discours disciplinaire très strict concernant le catéchisme, qui correspond largement aux exigences pédagogiques du xixe siècle. La méthode d’apprentissage est basée sur l’écoute – passive – et la répétition. L’enfant ne doit jamais parler sans autorisation. La discipline du corps est régulièrement mentionnée. Félix Dupanloup préconise le silence absolu des enfants : « Non seulement il doit consister à ne pas dire un mot, mais il faut que les enfants soient immobiles à leur place, évitant tout bruit, tout mouvement qui pourrait causer quelques troubles… » Les enfants ne doivent ni se moucher ou tousser, ni remuer les pieds, il leur faut garder les mains jointes ou les bras croisés, la tête droite, les « yeux fixés sur le livre ou le catéchiste18 ».

    14La forme des catéchismes en question-réponse facilite ce mode d’apprentissage ultra-discipliné. Très prisée depuis les premiers catéchismes imprimés au xvie siècle, cette méthode implique une forme dialoguée mais figée entre l’enseignant et l’élève. L’Église catholique préconise généralement de s’en tenir à la stricte lettre du catéchisme même si l’enseignant est généralement encouragé à expliciter les textes, voire à leur donner corps et vie. Les catéchismes protestants joignent nombre de citations ou références bibliques aux différentes questions-réponses, ce qui permet à l’enfant des incursions dans la Bible et offre aux catéchistes la possibilité de donner des exemples.

    15Le souci d’améliorer la pédagogie est néanmoins présent au sein des Églises, qui ne restent pas sourdes aux évolutions philosophiques et didactiques. Des voix se font en effet continuellement entendre pour qu’on se soucie de la compréhension que les enfants ont des textes. Le sens même des mots leur est souvent inconnu. « Le livre est un instructeur aveugle » dit le Manuel du catéchiste en une belle formule, préconisant l’observation des enfants par l’enseignant, pour mesurer leur niveau de compréhension et « l’impression que fait sa parole19 ». Les vieux-catholiques, à Genève par exemple, dénoncent le seul recours à la mémorisation et cherchent des solutions pour améliorer, simplifier et rendre plus captivants leurs manuels, ils n’en gardent pas moins le catéchisme en question-réponse20.

    16Finalement, cet apprentissage par cœur reste central tout au long de la période. Il est testé à la fin du catéchisme. Les enfants sont généralement interrogés publiquement, par oral, et leurs bonnes réponses conditionnent leur accès à la première communion ou à la confirmation. L’idée est que le texte appris par cœur, même s’il n’est pas vraiment compris et intégré sur le moment, peut servir de guide pour toute la vie. Autrement dit, il s’agit de permettre l’intériorisation par l’enfant du magistère ecclésial, via les formules du catéchisme. Pierre Zind en expose la théorie non sans un brin de nostalgie puisqu’il affirme avoir reçu lui-même avec bénéfice un tel enseignement :

    « Sans s’inquiéter exagérément de savoir si l’enfant comprenait tout, le maître l’enseignait au xixe siècle au vu du temps où l’adulte serait en âge de comprendre. Dès qu’un doute sur la véritable doctrine ou les exactes obligations de l’Église s’élèverait dans son esprit, il saurait alors où trouver dans sa mémoire une réponse admirable de précision et parfaite de concision21. »

    17Cette pédagogie amène à percevoir le christianisme comme une discipline ou une règle de vie bien plus que comme un geste de foi aux résonances existentielles22. Elle est en adéquation avec le contenu des manuels qui présentent le plus souvent la relation à Dieu en une déclinaison du thème de la soumission, particulièrement perceptible dans l’enseignement moral.

    Le Décalogue, l’obéissance au cœur du catéchisme

    18L’obéissance intellectuelle et comportementale aux préceptes divins apparaît, à la lecture de l’ensemble de ces catéchismes, comme le paradigme fondateur de la vie religieuse. Le manuel du protestant français Daniel Bonnefon, plutôt évangélique, s’ouvre par exemple sur le récit de la création et l’histoire d’Adam et Ève, expliquée ainsi : « [Dieu] leur défendit de manger du fruit d’un arbre appelé l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Par cette défense, Dieu voulait leur apprendre que le vrai bonheur se trouve dans l’obéissance23. »

    19Tous les catéchismes du xixe siècle sont composés, malgré d’importantes variations, autour de l’explication du Symbole des apôtres et du Décalogue. Le Symbole des apôtres permet d’expliciter les principaux préceptes (ou dogmes) de la foi chrétienne alors que le Décalogue permet d’offrir un catalogue des comportements attendus des chrétiens. Pensés comme directement donnés par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï, les préceptes du Décalogue sont « la loi de Dieu », donc intangibles. La nécessité de suivre ces commandements est différemment explicitée selon les théologies du salut de chaque confession mais il en va toujours, in fine, de l’existence même de l’individu dans ce monde et dans le monde post-mortem : « Quelle récompense Dieu promet-il à ceux qui garderont ses commandements ? Il leur promet toutes sortes de bénédictions en ce monde, et le paradis en l’autre24. »

    20Le Décalogue est donc conçu comme le fruit d’un acte d’autorité de Dieu sur les humains nécessitant la médiation (l’explication) du clergé chrétien pour en saisir toute la portée. Il donne lieu à des commentaires qui, mis en forme de questions-réponses, imposent une grille de lecture morale perçue comme divine, sacrée. Ainsi le commandement de respect du Sabbat est régulièrement utilisé pour condamner la danse et les cabarets. La question des hiérarchies sociales occupe une place prépondérante qui concerne directement l’enfant et son rôle dans la société. Malgré quelques variations que nous examinerons plus loin, on trouve systématiquement une valorisation de la soumission à l’autorité à travers le commentaire du commandement : « Tu honoreras ton père et ta mère. »« Honorer » est toujours synonyme d’obéissance, à laquelle s’ajoutent souvent les exigences d’amour, de respect et d’assistance, surtout dans la vieillesse des parents. Un catéchisme protestant libéral va jusqu’à dire que « l’enfant ingrat est un être dénaturé25 ».

    21Ce même commandement est ensuite étendu à tous les rapports hiérarchiques dans la société, en particulier celui entre les maîtres et leurs serviteurs. C’est ainsi que l’ordre social est inculqué aux enfants comme directement voulu et régulé par Dieu. Cette utilisation systématique des Dix commandements remonte au début de l’époque moderne, elle permet alors aux clercs d’encadrer une société en pleine mutation en lui appliquant « des principes d’ordre jusque-là en vigueur dans le seul monde monastique26 ». Olivier Christin l’a décrite comme une « technologie sociale » mise en place dans un but de transformation du monde27. Au xixe siècle, cette même « technologie » est utilisée à la préservation d’un monde patriarcal constamment bouleversé par les révolutions mais dont l’ossature, constituée d’une distinction stricte entre inférieurs et supérieurs – enfants-parents ; mari-femme ; serviteurs-maîtres ; pauvres-riches ; dirigés-dirigeants – est appelée à perdurer. On comprend mieux ainsi l’importance que les élites dirigeantes ont accordée durant des décennies à l’alliance entre État et Église pour l’éducation des enfants, et ce tant du côté conservateur que libéral28.

    Devenir moderne : un processus à géométrie variable

    22Cet accord de fond sur l’importance sociale de la morale chrétienne n’implique toutefois ni une entente sur les stratégies de mise en place ni sur la totalité des contenus. Pour terminer ce parcours nous allons donc explorer deux manières distinctes de se positionner face au tournant de la modernité des droits de l’homme et de la démocratie.

    Des vertus de l’obéissance. Le resserrement catholique

    23Pour Élisabeth Germain, qui a étudié l’ensemble des catéchismes catholiques français du xixe siècle, la catéchèse participe activement à la mise en place d’un système ecclésial qui met en son cœur l’affirmation de son autorité. Dès la Restauration, les diocèses catholiques commencent à généraliser l’édition de catéchismes structurés en trois parties : les vérités du salut, les œuvres du salut et les sacrements ou moyens de salut. Ces catéchismes sont centrés sur les idées de devoir et d’obligation : ils explicitent ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire pour être un bon catholique et pour être sauvé. Cette perspective est couplée à une vision d’Église hiérarchique, pyramidale. Pour ce faire, la définition de l’Église donnée dans les catéchismes au cours du siècle se transforme. « Y aurait-il ambiguïté dans l’acception du mot “Église” ? demande Élisabeth Germain. Ce mot désignerait-il soit le corps total des fidèles soit la hiérarchie gouvernante ? Il est évident qu’entre les deux le choix est fait par les sermons, catéchismes et instructions sur l’Église. Neuf fois sur dix quand ils parlent d’Église, il est question de pouvoir et de droit29. »

    24Alors que le Catéchisme impérial de 1806 reprend encore la tradition du Concile de Trente et de Bossuet : « l’Église est l’assemblée ou la société des fidèles répandue par toute la terre », les catéchismes plus tardifs font de l’Église « la société des chrétiens soumis à l’autorité des Pasteurs légitimes30 ». Ainsi, la foi est comprise comme un acte d’obéissance et de soumission non pas seulement à Dieu mais avant tout aux autorités ecclésiales. Dans le catholicisme, cette dépendance devient la définition même du bon chrétien. Pour Élisabeth Germain, « la pente va être d’assimiler péché et désobéissance, vertu et obéissance31 ».

    25Le catholicisme tente ainsi, entre autres, de resserrer son emprise sur les fidèles en un temps d’intenses bouleversements sociaux et politiques et de remaniements de ses prérogatives. Cette mise en place donne des outils solides, bien que très contestés, pour faire face à la démocratie et au pluralisme, ainsi qu’à l’anticléricalisme des sociétés de la seconde moitié du xixe siècle. L’autorité du curé est ainsi assimilée à l’autorité de Dieu. En toute logique, ses conseils trouveront des oreilles attentives sous couvert de la maxime biblique, toujours présente dans les catéchismes, qu’« il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». Les nombreuses affaires de désobéissance civile face à l’autoritarisme des dirigeants radicaux-libéraux durant les Kulturkampfs suisse et allemand montrent que cette hiérarchie des autorités a profondément pénétré les mentalités32. Le cas français des « catéchismes augmentés » en est un autre exemple. Il s’agit d’une série de questions-réponses sur les devoirs électoraux ajoutée aux catéchismes diocésains par des évêques en 1890-1892 et expliquant, en substance, que les électeurs catholiques ne doivent choisir que des candidats agréés par l’Église pour éviter de pécher. Le clergé opère ainsi une mise sous tutelle du suffrage universel masculin, prenant le contre-pied de ses homologues protestants. Ces ajouts sont rapidement interdits par les autorités politiques33.

    La voie libérale : démocratie et autorité des lois

    26La controverse confessionnelle porte en grande partie, au xixe siècle, sur le rapport entre religion et libertés individuelles. Les protestants, ainsi que certains catholiques libéraux et vieux-catholiques, non seulement adoptent ces libertés mais en réclament, à l’occasion, la paternité, s’affirmant ainsi pleinement acteurs de la modernité. Dans ces milieux, les catéchismes valorisent donc la raison individuelle et la conscience comme offerte par Dieu à l’homme pour qu’il soit son propre guide. Durant tout le siècle, les différents courants protestants débattent de l’autorité respective des pasteurs, des Écritures, des sciences historiques, etc., promouvant un libre examen du dogme religieux et de la Bible ainsi qu’une autonomie individuelle plus ou moins étendue. Mais ils se retrouvent tous pour affirmer dans les catéchismes la nécessité pour l’enfant d’obéir à ses supérieurs et de respecter l’ordre social. Ces injonctions ne sont cependant pas hermétiques aux impératifs démocratiques de la seconde moitié du siècle, spécialement en Suisse. En fait, l’adhésion aux libertés individuelles et au système électif influe sur la mise en récit du commentaire du commandement « Honore ton père et ta mère ». Là où on se contentait généralement de dire que le chrétien doit respecter, selon la volonté de Dieu, l’autorité politique en place (roi, prince, magistrat)34, les catéchismes se mettent à parler du respect dû à la loi et à la patrie.

    « Comment le chrétien doit-il se conduire dans la vie civile ? L’esprit chrétien se montre dans la vie civile par une libre obéissance à la loi, par l’exercice consciencieux des droits et l’accomplissement des devoirs civiques, par une fidélité scrupuleuse dans les charges qui nous sont confiées, par un concours actif au bien général, enfin par un amour de la patrie qui ne recule pas devant le dévouement et le sacrifice35. »

    27L’obéissance est due à la loi, avant tout, celle-ci devenant une instance de contrôle dont le chrétien peut se servir pour s’assurer de la légitimité du magistrat : « On doit obéissance aux lois du pays où l’on vit, et aux autorités légitimes qui gouvernent conformément à ces lois », affirme un catéchisme vieux-catholique suisse. Précisant : « Et si ces lois nous paraissent mauvaises, que doit-on faire ? Si ces lois paraissent mauvaises, on doit s’efforcer par des moyens légaux de les faire améliorer ; mais, tant que l’on vit dans le pays qu’elles régissent, on doit y conformer sa conduite extérieure36. » Dans le même sens, la loi et sa préservation sont maintenant au cœur des devoirs du magistrat, tel que présenté dans un catéchisme protestant genevois : « Ceux qui gouvernent doivent agir avec impartialité et désintéressement, consacrer au bien public leurs lumières et leurs forces, honorer la Religion, et assurer à chacun la liberté de conscience et de culte37. »

    28Le chrétien dispose donc pour mesurer la légitimité de son magistrat de la loi de Dieu et de la loi tout court. Tous les éléments ne sont pas présents dans chaque catéchisme mais leur addition ici permet de mettre le doigt sur de nouvelles modalités de rapport au politique proposées aux jeunes chrétiens. La loi civile acquiert une autorité propre par un processus s’apparentant à la construction d’une religion civile. Ce processus de sacralisation du contrat social38 doit être relié à l’apparition forte de l’idée de patrie, associée à celle de sacrifice.

    29Dans la même logique, les réformateurs libéraux du xixe siècle sont nombreux à participer à la refonte de l’école et à l’introduction de l’instruction civique dans les programmes scolaires. Le protestant Ferdinand Buisson est l’un des personnages les plus emblématiques de cette double préoccupation, religieuse et scolaire, mais nous avons trouvé nombre d’autres exemples en Suisse et en France39. Il est intéressant de voir que leurs manuels d’instruction civique, dont le but est surtout d’expliquer les lois, reprennent généralement les grands axes moraux mis en place par les catéchismes, en particulier la conceptualisation de l’autorité, basée sur le modèle de la famille patriarcale et s’élargissant vers la nation, avec au cœur du système l’obéissance des enfants dues aux parents, aux supérieurs et à la loi. La question se pose alors : le citoyen protestant, partie prenante de la fabrique des lois démocratiques, peut-il encore désobéir au nom d’un principe supérieur comme le catholique est légitimé à le faire ?

    Conclusion

    30Le catéchisme du xixe siècle est donc doublement un magistère : de par son statut et de par son contenu. Il s’impose comme incontournable dans la construction du futur adulte, même lorsque l’école est en passe d’être laïcisée et les Églises séparées de l’État. Bien qu’à géométrie variable, son but est toujours à la fois religieux et civique, à l’exemple d’une formule des vieux-catholiques genevois : « C’est l’enseignement religieux qui contribue le plus à baser dans l’âme de nos enfants la notion du devoir moral et l’amour du bien, en d’autres termes, à former leur conscience, cette conscience qui en fera d’honnêtes hommes, de bons citoyens et des chrétiens éclairés40. » Son contenu, quant à lui, est encore largement articulé autour du thème de la soumission à Dieu et, pour Dieu, à l’ordre social. Ce paradigme de l’obéissance est en résonance aussi avec les contenus scolaires. Ce qui n’empêche bien entendu aucunement les adultes – munis de leurs libertés individuelles – de trier dans les préceptes qu’on leur a inculqués. Les idées libérales et progressistes ne mettront toutefois pas moins d’un siècle à transformer radicalement les modèles éducatifs de l’enfant, mais c’est une autre histoire.

    Notes de bas de page

    1  Les textes cités ici émanent du corpus de catéchismes suisses et français étudiés dans le cadre de nos recherches sur le thème des transmissions morales à la fin du xixe siècle dans le christianisme francophone.

    2  Pour une synthèse sur l’initiation religieuse des enfants et adolescents : Cholvy Gérard, Être chrétien en France au xixe siècle, 1790-1914, Paris, 1997, p. 73-80. Lire en particulier Molinario Joël, Le catéchisme, une invention moderne. De Luther à Benoît XVI, Montrouge, Bayard, 2013.

    3  La Constitution suisse de 1874 garantit le respect de la liberté de religions dans l’école et rend facultative l’instruction religieuse, en France, l’école est laïque depuis 1882.

    4  Hofstetter Rita et Magnin Charles (éd.), Une école pour la démocratie. Naissance et développement de l’école primaire publique en Suisse au 19e siècle, Berne, Lang, 1999 ; Ozouf Mona, L’école, l’église et la république (1871-1914), Paris, Cana, Coll. « Points Histoire », 1982.

    5  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion contenant une explication familière des vérités de la foi et de la doctrine chrétienne. Par ordre de Monseigneur Pierre-Joseph De Preux, Évêque de Sion, Sion et Genève, David Rachor et Marc Mehling, 1864, p. 24.

    6  Coquerel Athanase, Cours de religion chrétienne, 3e édition, Paris, Cherbuliez, 1855, p. 2.

    7  Frères des écoles chrétiennes, Manuel du catéchiste. Méthodologie de l’enseignement de la religion dans les écoles primaires et les pensionnats, Paris, Procure générale des Frères des écoles chrétiennes, 1907, p. 2.

    8  Encrevé André, « L’évolution des manuels de catéchisme dans le protestantisme réformé français au xixe siècle : analyse de quelques exemples significatifs », in Brodeur Raymond et Caulier Brigitte (éd.), Enseigner le catéchisme : autorités et institutions xvie-XXe siècle, Presse de l’université de Laval, Cerf, 1997, p. 195-220.

    9  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion, op. cit., p. 27.

    10  Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle : les réformés de 1848 à 1870, Genève, Labor et fides, 1986, p. 1016-1017.

    11  Nécessité réaffirmée dans la loi Falloux (15 mars 1850). Cette loi implique que toutes les écoles soient confessionnelles, catholiques, protestantes ou juives, éventuellement mixtes.

    12  Prost Antoine, L’enseignement en France 1800-1967, Paris, Armand Colin, p. 132-133.

    13  Héridier Marc, Genève de 1846 à 1870. Mémoires, Genève, Impr. de la Tribune de Genève, 1908, p. 44-45.

    14  Cité par Zind Pierre, L’enseignement religieux dans l’instruction primaire publique en France de 1850 à 1873, Lyon, Centre historique du catholicisme, 1971, p. 21.

    15  Ibid., p. 69.

    16  Voir l’excellente synthèse de Roy Alain-Louis, Du catéchisme à la catéchèse. Éducation à la foi, pastorale : enjeux d’une histoire, université Marc Bloch, Strasbourg, 2007, 56 p. En ligne : http://www.theocatho-strasbourg.fr/maj/pdf/roy_cours_catechisme_a_catechese.pdf (consulté le 6 mars 2015).

    17  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion… op. cit., p. 24-25. La référence aux maîtres et maîtresses s’applique aux domestiques.

    18  Cité par Roy Alain-Louis, op. cit., p. 14.

    19  Frères des écoles chrétiennes, op. cit., p. 3-4.

    20  Scholl Sarah, En quête d’une modernité religieuse. La création de l’Église catholique-chrétienne de Genève au cœur du Kulturkampf (1870-1907), Neuchâtel, Alphil, 2014, p. 269-293.

    21  Zind Pierre, op. cit., p. 69. Les pages suivantes décrivent le déroulement des leçons de catéchismes.

    22  Voir par exemple Roy Alain-Louis, op. cit., p. 13.

    23  Bonnefon Daniel, Nouveau catéchisme élémentaire, Alais, Librairie Auquier & Cie, 1868, p. 9.

    24  Question suivante : « Comment punira-t-il ceux qui ne les observeront pas ? Il les privera de sa gloire, et il les précipitera dans les enfers » (Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion, op. cit., p. 54).

    25  Chantre Auguste, La religion chrétienne, précis d’instruction religieuse à l’usage des catéchumènes, Genève/Paris, A. Cherbuliez et Cie, G. Fischbacher, 1879, p. 115.

    26  Christin Olivier, Les yeux pour le croire. Les dix commandements en image (XVe-XVIIe siècle), Paris, Le Seuil, 2003, p. 16 (qui commente Bast Robert James, Honor your Fathers. Catechisms and the Emergence of patriarchal Ideology in Germany. 1400-1600, Leiden, Brill, 1997).

    27  Ibid., p. 53.

    28  Guignet Paul, « Le temps des morales d’obligation (xvie-années 1960) », Transmettre les valeurs morales. Des réformes religieuses du xvie siècle aux années 1960. France et Belgique, Paris, 2013, p. 5-19.

    29  Germain Élisabeth, Langages de la foi à travers l’histoire. Mentalités et catéchèse, approche d’une étude des mentalités, Paris, Fayard-Mame, 1972, p. 167. Voir aussi Congar Yves, « L’ecclésiologie, de la Révolution française au Concile du Vatican, sous le signe de l’affirmation de l’autorité », in Nédoncelle Maurice (éd.), L’ecclésiologie au xixe siècle, 1960, p. 77-114.

    30  Germain Élisabeth, op. cit., p. 168, citant notamment le Catéchisme du diocèse de la province de Paris de 1914. Voir à ce sujet un texte d’époque dénonçant le phénomène signé par un catholique libéral, passé au vieux-catholicisme ; Michaud Eugène, De la falsification des catéchismes français et des manuels de théologie par le parti romaniste de 1670 à 1863, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1872.

    31  Ibid., p. 183-184.

    32  Scholl Sarah, op. cit., p. 165-185. Voir aussi pour la France, Grévy Jérôme, Le cléricalisme ? Voilà l’ennemi !, Paris, A. Colin, 2005.

    33  Deloye Yves, « Socialisation religieuse et comportement électoral en France. L’affaire des “catéchismes augmentés” (19e-20e siècles) », Presse de Sciences Po. Revue française de science politique, 2002, p. 179-199.

    34  Voir par exemple Rabaut Paul, Précis du catéchisme d’Ostervald, Paris, Librairies Protestantes, 1849, p. 40.

    35  Chantre Auguste, op. cit., p. 117-118.

    36  Michaud Eugène, Catéchisme catholique, Berne, Jent et Reinert, 1876, p. 102.

    37  Catéchisme ou manuel d’instruction chrétienne, Genève, Cherbuliez, 18632, p. 76.

    38  Sur ces processus, par exemple : Zuber Valentine, Le culte des droits de l’homme, Paris, Gallimard, 2014.

    39  Sur ce thème, lire notre article « “Soyez courageux et dociles !” Les normes religieuses comme vecteur d’éducation au patriotisme en Suisse (1870-1914) », Revue suisse d’histoire, vol. 63, no 3, 2013, p. 343-363.

    40  Rapport annuel sur l’enseignement religieux donné par les Chapelains catholiques dans les collèges et écoles du canton, Genève, Église catholique-chrétienne de Genève, 1898, p. 4.

    Auteur

    • Sarah Scholl
      Docteure de l’université de Genève et de l’EHESS.
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    1  Les textes cités ici émanent du corpus de catéchismes suisses et français étudiés dans le cadre de nos recherches sur le thème des transmissions morales à la fin du xixe siècle dans le christianisme francophone.

    2  Pour une synthèse sur l’initiation religieuse des enfants et adolescents : Cholvy Gérard, Être chrétien en France au xixe siècle, 1790-1914, Paris, 1997, p. 73-80. Lire en particulier Molinario Joël, Le catéchisme, une invention moderne. De Luther à Benoît XVI, Montrouge, Bayard, 2013.

    3  La Constitution suisse de 1874 garantit le respect de la liberté de religions dans l’école et rend facultative l’instruction religieuse, en France, l’école est laïque depuis 1882.

    4  Hofstetter Rita et Magnin Charles (éd.), Une école pour la démocratie. Naissance et développement de l’école primaire publique en Suisse au 19e siècle, Berne, Lang, 1999 ; Ozouf Mona, L’école, l’église et la république (1871-1914), Paris, Cana, Coll. « Points Histoire », 1982.

    5  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion contenant une explication familière des vérités de la foi et de la doctrine chrétienne. Par ordre de Monseigneur Pierre-Joseph De Preux, Évêque de Sion, Sion et Genève, David Rachor et Marc Mehling, 1864, p. 24.

    6  Coquerel Athanase, Cours de religion chrétienne, 3e édition, Paris, Cherbuliez, 1855, p. 2.

    7  Frères des écoles chrétiennes, Manuel du catéchiste. Méthodologie de l’enseignement de la religion dans les écoles primaires et les pensionnats, Paris, Procure générale des Frères des écoles chrétiennes, 1907, p. 2.

    8  Encrevé André, « L’évolution des manuels de catéchisme dans le protestantisme réformé français au xixe siècle : analyse de quelques exemples significatifs », in Brodeur Raymond et Caulier Brigitte (éd.), Enseigner le catéchisme : autorités et institutions xvie-XXe siècle, Presse de l’université de Laval, Cerf, 1997, p. 195-220.

    9  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion, op. cit., p. 27.

    10  Encrevé André, Protestants français au milieu du xixe siècle : les réformés de 1848 à 1870, Genève, Labor et fides, 1986, p. 1016-1017.

    11  Nécessité réaffirmée dans la loi Falloux (15 mars 1850). Cette loi implique que toutes les écoles soient confessionnelles, catholiques, protestantes ou juives, éventuellement mixtes.

    12  Prost Antoine, L’enseignement en France 1800-1967, Paris, Armand Colin, p. 132-133.

    13  Héridier Marc, Genève de 1846 à 1870. Mémoires, Genève, Impr. de la Tribune de Genève, 1908, p. 44-45.

    14  Cité par Zind Pierre, L’enseignement religieux dans l’instruction primaire publique en France de 1850 à 1873, Lyon, Centre historique du catholicisme, 1971, p. 21.

    15  Ibid., p. 69.

    16  Voir l’excellente synthèse de Roy Alain-Louis, Du catéchisme à la catéchèse. Éducation à la foi, pastorale : enjeux d’une histoire, université Marc Bloch, Strasbourg, 2007, 56 p. En ligne : http://www.theocatho-strasbourg.fr/maj/pdf/roy_cours_catechisme_a_catechese.pdf (consulté le 6 mars 2015).

    17  Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion… op. cit., p. 24-25. La référence aux maîtres et maîtresses s’applique aux domestiques.

    18  Cité par Roy Alain-Louis, op. cit., p. 14.

    19  Frères des écoles chrétiennes, op. cit., p. 3-4.

    20  Scholl Sarah, En quête d’une modernité religieuse. La création de l’Église catholique-chrétienne de Genève au cœur du Kulturkampf (1870-1907), Neuchâtel, Alphil, 2014, p. 269-293.

    21  Zind Pierre, op. cit., p. 69. Les pages suivantes décrivent le déroulement des leçons de catéchismes.

    22  Voir par exemple Roy Alain-Louis, op. cit., p. 13.

    23  Bonnefon Daniel, Nouveau catéchisme élémentaire, Alais, Librairie Auquier & Cie, 1868, p. 9.

    24  Question suivante : « Comment punira-t-il ceux qui ne les observeront pas ? Il les privera de sa gloire, et il les précipitera dans les enfers » (Catéchisme à l’usage de la jeunesse et de tous les fidèles du diocèse de Sion, op. cit., p. 54).

    25  Chantre Auguste, La religion chrétienne, précis d’instruction religieuse à l’usage des catéchumènes, Genève/Paris, A. Cherbuliez et Cie, G. Fischbacher, 1879, p. 115.

    26  Christin Olivier, Les yeux pour le croire. Les dix commandements en image (XVe-XVIIe siècle), Paris, Le Seuil, 2003, p. 16 (qui commente Bast Robert James, Honor your Fathers. Catechisms and the Emergence of patriarchal Ideology in Germany. 1400-1600, Leiden, Brill, 1997).

    27  Ibid., p. 53.

    28  Guignet Paul, « Le temps des morales d’obligation (xvie-années 1960) », Transmettre les valeurs morales. Des réformes religieuses du xvie siècle aux années 1960. France et Belgique, Paris, 2013, p. 5-19.

    29  Germain Élisabeth, Langages de la foi à travers l’histoire. Mentalités et catéchèse, approche d’une étude des mentalités, Paris, Fayard-Mame, 1972, p. 167. Voir aussi Congar Yves, « L’ecclésiologie, de la Révolution française au Concile du Vatican, sous le signe de l’affirmation de l’autorité », in Nédoncelle Maurice (éd.), L’ecclésiologie au xixe siècle, 1960, p. 77-114.

    30  Germain Élisabeth, op. cit., p. 168, citant notamment le Catéchisme du diocèse de la province de Paris de 1914. Voir à ce sujet un texte d’époque dénonçant le phénomène signé par un catholique libéral, passé au vieux-catholicisme ; Michaud Eugène, De la falsification des catéchismes français et des manuels de théologie par le parti romaniste de 1670 à 1863, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1872.

    31  Ibid., p. 183-184.

    32  Scholl Sarah, op. cit., p. 165-185. Voir aussi pour la France, Grévy Jérôme, Le cléricalisme ? Voilà l’ennemi !, Paris, A. Colin, 2005.

    33  Deloye Yves, « Socialisation religieuse et comportement électoral en France. L’affaire des “catéchismes augmentés” (19e-20e siècles) », Presse de Sciences Po. Revue française de science politique, 2002, p. 179-199.

    34  Voir par exemple Rabaut Paul, Précis du catéchisme d’Ostervald, Paris, Librairies Protestantes, 1849, p. 40.

    35  Chantre Auguste, op. cit., p. 117-118.

    36  Michaud Eugène, Catéchisme catholique, Berne, Jent et Reinert, 1876, p. 102.

    37  Catéchisme ou manuel d’instruction chrétienne, Genève, Cherbuliez, 18632, p. 76.

    38  Sur ces processus, par exemple : Zuber Valentine, Le culte des droits de l’homme, Paris, Gallimard, 2014.

    39  Sur ce thème, lire notre article « “Soyez courageux et dociles !” Les normes religieuses comme vecteur d’éducation au patriotisme en Suisse (1870-1914) », Revue suisse d’histoire, vol. 63, no 3, 2013, p. 343-363.

    40  Rapport annuel sur l’enseignement religieux donné par les Chapelains catholiques dans les collèges et écoles du canton, Genève, Église catholique-chrétienne de Genève, 1898, p. 4.

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    Scholl, Sarah. « Le catéchisme comme magistère. L’enfant, le christianisme et l’obéissance dans le xixe siècle européen ». In Faire autorité, édité par Dominique Avon. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2017. https://doi.org/10.4000/books.pur.154317.
    Scholl, Sarah. « Le catéchisme comme magistère. L’enfant, le christianisme et l’obéissance dans le xixe siècle européen ». Faire autorité, édité par Dominique Avon, Presses universitaires de Rennes, 2017, https://doi.org/10.4000/books.pur.154317.

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    Avon, D. (éd.). (2017). Faire autorité (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.154242
    Avon, Dominique, éd. Faire autorité. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2017. https://doi.org/10.4000/books.pur.154242.
    Avon, Dominique, éditeur. Faire autorité. Presses universitaires de Rennes, 2017, https://doi.org/10.4000/books.pur.154242.
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