Avant-propos. L’antiquité écarlate : le sang des Anciens, remarques introductives
p. 15-23
Texte intégral
1Le présent ouvrage est issu des contributions données lors du colloque qui a eu lieu à Lorient en septembre 2014. Il s’inscrivait dans une continuité scientifique et amicale qui voit son origine à l’université Rennes 2 dans le cadre du feu laboratoire CRESCAM qui organisa un premier rendez-vous – en septembre 2004 – « Penser et représenter le corps dans l’Antiquité ». Pionnière dans les travaux sur l’histoire du corps dans l’Antiquité, l’équipe compte à son actif nombre de colloques et de journées d’études au point d’avoir permis la création d’une collection aux Presses Universitaires de Rennes, « Les cahiers du corps1 », inaugurée en 2006 par la publication de Penser et représenter le corps dans l’Antiquité ainsi que L’expression des corps. Gestes, attitudes, regards dans l’iconographie antique ; Langages et métaphores du corps dans le monde antique, puis d’autres titres vinrent à la suite.
Lectures du corps
2Ces lectures du corps proposées depuis une dizaine d’années ont oscillé entre plusieurs approches mais deux axes émergent fortement :
3– le « corps support » avec son apparence ou sa mise en scène : c’est-à-dire tout ce que l’on appose sur le corps2, le parfum3, les vêtements4, les bijoux5, les marques (tatouages et marquages)6, la chevelure7. Des corps d’hommes, de femmes, d’eunuques, de libres, d’esclaves, de dévoyés etc. sont ainsi identifiés, révélés, dégradés ou cachés. Il s’agit là d’une lecture sociale, culturelle, anthropologique du corps8 qui renouvelle l’histoire du sensible et l’histoire culturelle. L’apparence, la manière de se présenter aux autres par sa mise9, l’attitude10 ou l’odeur11 sont révélatrices de comportements qui non seulement dessinent la complexité sociale des Anciens mais affichent aussi des codes qui disent le rapport au corps, au genre, à la beauté, à la sensualité et à la sexualité.
4– le corps a aussi été étudié dans sa dimension biologique12 et médicale13 – plus intérieure –, essentiellement par le biais d’éditions de textes, par le prisme du genre14 ou encore par la violence subie. C’est dans cette perspective que s’inscrit le colloque Corps outragés, corps ravagés de l’Antiquité au Moyen Âge, tenu à l’université Bretagne Sud et à l’université de Poitiers en 200915, offrant une lecture du corps par le biais des attaques qu’il subit, la guerre, la maladie, la vieillesse, la folie… Autant d’occasions qui atteignent l’intégrité physique, souvent aussi autant d’occasions où l’on voit le sang couler.
5Le thème choisi ici n’est pas venu de manière fortuite. Il s’inscrit dans la lignée de ces travaux successifs mais aussi originels pourrait-on dire. Nos thèses respectives, devenues lointaines mais constitutives des préoccupations de chacune, le sang du sacrifice16 pour l’une et le sang biologique17 pour l’autre ont sous-tendu nos recherches au cours de ces années de réflexion sur le corps des Anciens. Une façon sans doute de boucler une boucle…
Sang et imaginaire collectif
6Élément essentiel du corps biologique – une de ses humeurs –, le sang va bien au-delà de la seule lecture préscientifique et médicale. Il est une des clés de compréhension des cultures antiques, offrant de nouvelles pistes de recherche tant historiques qu’anthropologiques. C’est une histoire plurielle qui est tentée ici, s’approchant du religieux par le liquide vital qui caractérise l’humain par rapport au divin, par le sang qui coule de la bête sacrifiée ou par la pollution qu’il provoque. C’est une histoire sociale car, par le sang c’est la transmission18, la descendance et la filiation que l’on observe ; c’est encore une histoire du crime et de la justice19, le sang que l’on verse contre les siens ou que l’on offre en martyre20. C’est une histoire politique aussi, celle des conflits et de la lutte pour le pouvoir. Sang versé, sang offert, impur et pourtant porteur de vie, synonyme de mort. C’est une histoire du sensible enfin par la perception de son odeur ou de sa couleur21, rouge, noire, pourpre, par son rejet ou son attrait, par les émotions qu’il permet de révéler.
7L’imaginaire collectif contemporain perçoit l’Antiquité comme sanglante voire sanguinaire22. Du sang du crime23 à celui du combat, du sang du sacrifice au martyre, de la magie à la cuisine, un univers rouge semble ressortir de cette antiquité fantasmée. La tragédie, le roman et le cinéma ont véhiculé et véhiculent encore l’image d’une société où le sang et les larmes étaient abondamment versés par une communauté « primaire », livrée à ses instincts et à ses peurs. Sur la scène du théâtre, dans l’arène, sur le champ de bataille, le sang coule à flot ; sang du quotidien, de la vengeance, du martyre, de la victoire ou de la communication avec le divin24. Porteur de vie et de mort, il est autant souillure qu’élixir. Comme le pharmakon, il est panacée et poison. Marqué du sceau de l’ambivalence, il a quelque chose de magique, il coagule ou non, il pervertit ou soigne. Utilisé comme philtre dans les charmes amoureux ou magiques25, il lie les parties dans un serment tout en menaçant celui qui ne respecterait pas les règles consenties.
8Le sang oscille entre le spectaculaire et le quotidien plus discret. C’est à la fois le sensationnel que la tragédie a immortalisé sur scène26, et la couleur du sentiment partagé, de la première émotion amoureuse sur les joues adolescentes ou de la colère qui empourpre les traits, celle de la fleur cueillie et délicate, celle de la pourpre marque du luxe, de l’opulence ou du commandement. Le sang, c’est aussi celui que l’on transmet à ses fils, celui de la parenté27, des liens familiaux qui déterminent l’appartenance de chacun à une lignée ou son exclusion. Le sang, c’est le grand baromètre de la vie, celui qui s’échappe tous les mois des femmes devenues fécondes28, celui qui sourd de la blessure du guerrier29, l’un permet la vie – celle de l’enfant à venir –, l’autre annonce la grande fin. Dans l’Antiquité gréco-romaine, le sang est avant tout un marqueur identitaire, un agent classificatoire qui, s’il paraît simplement naturel et constitutif de tout corps humain, est objet de discours, participant à l’élaboration d’une norme assignant à chacun une fonction dans la communauté et une place dans la société. Le sang est essentiel pour la définition grecque et romaine de l’humanité.
9Or si les textes antiques et les images offrent de quoi rassasier les amateurs de sang, ils permettent surtout de mieux comprendre le rôle du sang dans l’histoire et de le replacer dans des contextes socio-politiques et culturels où l’émotionnel joue certes sa partition mais est bien moins voyeuriste qu’il n’y paraît au premier abord. Mais la fascination ou la répulsion que le sang exerce sur les Anciens nous sont-elles si étrangères ?
10Le choix du questionnement dans un temps long, celui de toute l’Antiquité grecque, étrusque et romaine, mais aussi d’associer philologues, historiens, spécialistes des images et chimiste permet de rendre visible les continuités et les ruptures qui peuvent s’opérer dans la perception qu’une société a de ce liquide biologique aux valeurs plurielles.
11Aborder aujourd’hui l’histoire du corps par le sang est encouragé par des travaux récents menés particulièrement en histoire contemporaine sur les différents modes d’expressions de la violence, mais aussi dans le monde gréco-romain sur la guerre et ses conséquences30 en dehors du seul champ de bataille, mais aussi sur les conflits familiaux31, les châtiments, les tortures ou les peines de mort32. Un autre domaine d’études autorise un renouvellement de la réflexion tant historique qu’anthropologique, celui de la souillure et de son corollaire la pureté33.
12Si le sujet semble revisité, il n’a été traité que par bribes, de manière fragmentaire, unilatérale et thématisée. Jamais encore le sang n’a été considéré dans l’ensemble de ses dimensions : biologique, criminel, couleur et signe d’émotion etc. Aussi afin de dégager des perspectives et d’embrasser au mieux l’ensemble du sujet quatre dimensions ont été retenues : les pouvoirs du sang réels ou supposés, le sang vecteur de communication, le sang communautaire qui soude les liens, dit la filiation et l’appartenance du groupe et enfin la violence qui fait couler le sang.
13Le sang est une substance à laquelle on prête de nombreux pouvoirs. fluide biologique qui sourd de la blessure ou du corps des femmes périodiquement, réalité concrète de la vie qui palpite ou qui s’enfuit, plus ou moins épais ou liquide, visqueux ou translucide, il est porteur de tout un imaginaire que les Anciens ont interrogé dès l’époque archaïque. D’où vient ce sang ? À quoi sert-il ? Que représente-t-il ? Comment explique-t-on son origine, ses couleurs, sa portée. Lydie Bodiou expose comment les médecins de la collection hippocratique bâtissent un système explicatif cohérent du corps humain qui grâce à sa capacité de coction transforme le sang en d’autres liquides biologiques fortement genrés, le sperme, le sang des règles ou le lait. Des conversions commodes qui induisent une hiérarchie des corps féminins et masculins dans leurs performances et réduisent le social au biologique. Adeline Grand-Clément s’attache à montrer les propriétés chromatiques du sang. Pour cela, elle mène une enquête lexicale, en considérant les différentes épithètes employées par les poètes au cours des époques archaïque et classique pour qualifier le sang : eruthros, phoinikeos, porphureos, melas, kelainos, kelainephes, khlôros. Loin d’être seulement ce que l’on voit c’est-à-dire rouge, noir ou pourpre, le sang ne se réduit pas à une couleur, c’est une texture et des affects, au cœur de la pensée symbolique des Grecs. Si les textes ne mettent pas toujours en scène l’écoulement du sang, celui-ci coule sur les images attiques, illustrant la vulnérabilité des corps. En étudiant des scènes de blessure (guerre, maladie…). Jean-Christophe Couvenhes aborde, au travers des sources littéraires, la question de la couleur du vêtement militaire, particulièrement par les Spartiates. La couleur rouge de la phoinikis, liée pendant longtemps dans l’historiographie à la pourpre et sa valeur symbolique, renvoie aussi à une autre couleur, celle du sang. Sa valeur dépasse alors le seul cadre chromatique où le sang prend d’ailleurs des teintes variables, et pose la question du traitement des textiles pour obtenir ce « rouge-sang ». Nikolina Kei atteste que cette mise en image crée une esthétique et une érotique des corps : le corps agressé, particulièrement celui des héros, est valorisé, soigné, touché, désiré.
14Liquide de la vie et de la mort, marquant l’altérité entre les mortels et les immortels, le sang, dans toutes les cultures, est chargé de valeurs parfois ambiguës. Souillant et purifiant à la fois, il est au centre de nombreux rituels. Se présenter katharos, « pur », devant la divinité est une prescription connue dès l’origine de la littérature. Pourtant, la notion de pureté n’est pas toujours simple à définir, particulièrement la question du contact avec le sang (exclusion des meurtriers par exemple). À partir de textes épigraphiques, Marie Augier revient sur la question de l’accès des femmes aux sanctuaires. La souillure de l’accouchement, de l’avortement ou de la fausse couche apparaît régulièrement dans les prescriptions cathartiques. Si elles ne sont qu’occasionnelles, les menstruations posent d’autres questions, par leur régularité ou leur longue durée dans la vie des femmes. L’apparition de l’interdit apparaît tardivement dans le corpus épigraphique (iie siècle av. J.-C), avec sans doute une influence orientale. Le sang – animal – est central lors des sacrifices au cœur des rituels, en Étrurie, en Grèce et dans le monde romain. Laurent Hugot interroge la place du précieux liquide dans les sacrifices des Étrusques qui ont deux finalités : la lecture des signes divins dans les exta de l’animal et le sang versé pour assurer la survie des défunts dans l’au-delà. Alors que les textes littéraires apportent peu d’informations sur les pratiques, l’iconographie et surtout l’archéologie offrent des pistes de lectures de ces pratiques rituelles. En Grèce comme en Étrurie, le sang échappe paradoxalement à la reconstruction des sacrifices sanglants, en dehors des rites juratoires, purificatoires ou propitiatoires. Partant du sacrifice offert par le vieux Nestor dans son palais de Pylos, Véronique Mehl montre que le sang est essentiellement présent dans les sources littéraires grecques par des verbes (ceux de l’égorgement) ou des objets (couteaux divers, amnion ou sphageion). Dans le cadre de la thusia, le sacrifice de type alimentaire, le sang n’est pas ou peu montré pour lui-même ; il n’est pas le point nodal du rituel. Il apparaît seulement au détour de quelques pratiques (prodiges, accidents) ou comme annonciateur de meurtres à venir. Si dans le monde des cités grecques les prodiges liés au sang sont peu nombreux, au contraire, à Rome, ils apparaissent régulièrement dans les sources littéraires et sont toujours de mauvais présages. Sarah Rey étudie son irruption sur la scène du sacrifice – rite fondamental de la communauté politique –, dans la nature en particulier par le biais des pluies de sang, enfin leurs écoulements sur des objets évocateurs, statues de divinités ou armes. De couleur vive, il est immédiatement visible, on ne peut le cacher et ne pas en tenir compte. Mais il est signe et fait sens.
15Le sang c’est aussi ce qui mêle deux lignées, celui qui coule dans les veines des frères et sœurs, qui soude la famille, la cité. C’est la parenté et la filiation dans des communautés pour lesquelles l’appartenance à ce cercle restreint des pairs est déterminante. Les liens du sang sont explicités par les médecins, les biologistes, les philosophes et les législateurs. Aurélie Damet éclaire la vision des philosophes, Platon et Aristote pour qui la communauté est faite de sangs mêlés mais surtout de sélection et de hiérarchie. Si pour Platon, la famille se définit par les rites religieux, elle est aussi unie par les liens du sang. Celui-ci est en effet au cœur de l’embryogénèse, dans les différentes théoriques biologiques. Il est essentiel pour le philosophe athénien à la définition des groupes sociaux qui doivent constituer sa communauté idéale. S’il n’est pas le premier à mettre en avant des principes eugénistes, il est le premier à les théoriser. S’il ne semble pas toujours premier dans la définition de l’inceste, il est essentiel à la définition de la communauté familiale et civique. À Rome, le sang est aussi au cœur des pratiques sociales. Cyrielle Landréa éclaire la façon dont il est associé à la noblesse. C’est d’abord perceptible par les mots : plusieurs termes caractérisent le sang : sanguis désigne celui qui coule, tandis que cruor est le sang coagulé et sanies représente le sang corrompu qui s’écoule des blessures. Sanguis est donc le mot le plus adéquat pour qualifier la parenté et la descendance, ainsi que les noms dérivés, tel consanguinitas. L’identité patricienne s’est construite par le service de la res publica, mais surtout par la pureté gentilice. Les familles veillent alors à préserver leur origine, à passer des alliances autorisées, à valoriser des généalogies réelles ou fictives. Candice Greggi elle aussi revient sur l’imaginaire généalogique à Rome, en partant d’un élément concret, le stemma, dont la représentation n’est pas toujours tranchée, vraisemblablement des tableaux peints. Le sang trouve une place de premier rang dans cet imaginaire généalogique.
16La société contemporaine projette souvent sur son passé un éclairage rouge sang, l’Autrefois et l’Ailleurs étant considéré comme plus sanglant, plus sauvage, plus barbare que l’Aujourd’hui. Ce schéma évolutionniste est cependant mis à mal. Les sources antiques ne donnent pas toujours une place de premier plan au sang et à la violence sanguinaire. Selon les époques ou les auteurs, le sang est valorisé, masqué, refusé, objectivé. Analysant les sources littéraires grecques, Yannick Müller questionne la mise en scène des mutilations corporelles, réelles ou imaginaires, revenant aussi sur la notion de souillure associée au sang versé. Alors que les corps sont violentés, démembrés, éparpillés, le sang n’est pas toujours le vecteur premier qui met en scène la violence, la torture ou la mort. Les auteurs ne le mettent pas toujours en évidence, il transparaît le plus souvent, laissant la place à l’essentiel, l’altération des corps. Au contraire, à Rome, dans les deux derniers siècles de la République, la violence – en particulier politique – est marquée par l’irruption du sang sur la scène publique. Pour Nathalie Barrandon, le sang est visible sous plusieurs formes et en divers lieux de la cité, signifiant l’assassinat, le massacre, la mort. L’usage des termes cruor, sanguis, haima, dans des contextes précis, se densifie durant la République, au gré des luttes politiques ou des guerres engagées. Le cas de l’assassinat de César est emblématique : décrire le sang, sur le poignard, le piédestal de la statue, les conjurés a une large portée (mettre en scène le pathos, témoigner de la tyrannie de César, revendiquer le crime ou encore appeler à la vengeance). Alors que se pose dans toutes les sources la question de savoir si le sang est montré ou caché, s’il est le vecteur qui signifie la violence ou si celle-ci passe par d’autres éléments, se pose la question de le faire disparaître. À partir d’un épisode historique connu par plusieurs sources (la bataille de Crémone en 69 apr. J.-C.), Michel Blonski introduit le sang dans l’espace des bains. Lieu de sociabilité, de mise en scène de soi mais surtout de lavage et de toilette, c’est l’endroit où les soldats au sortir de la bataille se défont de la saleté. Se nettoyer pose alors un certain nombre de questions pratiques et symboliques. Devoir se débarrasser du sang est, en creux, une façon autre de mettre en évidence le sang qui a coulé et la cruauté du sort réservé aux victimes des luttes du début de l’Empire. Au ive siècle apr. J.-C., Orose rédige une première histoire universelle chrétienne dans laquelle il développe une image sanguinaire de l’histoire des peuples païens. Mathieu Engerbeaud met en parallèle le récit des guerres romaines archaïques chez Tite-Live et chez l’auteur chrétien. Dans l’Histoire romaine, le sang n’est pas particulièrement présent, même si les batailles sont nombreuses. Au contraire, le récit d’Orose l’utilise fréquemment pour décrire le malheur de la guerre et critiquer l’expansion romaine et ses destructions. En contrepoint à cette vision sanglante de l’histoire du monde, il met en valeur l’apaisement que peut apporter le christianisme. Ses textes ont contribué à forger cette vision négative de l’histoire romaine et des siècles de la République, du Moyen Âge à nos jours.
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17« Toute définition du sang appelle son contraire34. » Ambivalent, impur et vital, mortifère et magique, le sang recèle tous les fantasmes et toutes les peurs de l’Antiquité. Car le sang est « témoin et pilote de l’histoire35 », il éclaire la vie d’un individu et de sa communauté, ses questionnements, ses mœurs, son rapport au divin et à l’au-delà. Le sang définit l’homme par rapport aux divinités, le mâle par rapport à la femelle, et à ce titre, il est témoin de l’organisation du cosmos. Toujours présent, facilement observable, permanent dans les corps, caché aussi, sa perception dépend pourtant de chacun, de son éducation ou de ses projections particulières. Partagé et intime, symbolique et sensible, il est permanences et mutations, nature et culture.
Notes de bas de page
1 F. Prost, J. Wilgaux (éd.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, « Les cahiers d’histoire du corps 1 », Rennes, PUR, 2006. L. Bodiou, D. Frère, V. Mehl (éd.), L’expression des corps. Gestes, attitudes, regards dans l’iconographie antique, « Cahiers d’histoire du corps », 2, Rennes, PUR, 2006. V. Dasen, J. Wilgaux (éd.), Langages et métaphores du corps dans le monde antique, « les cahiers d’histoire du corps 2 », PUR, Rennes, « Cahiers d’histoire du corps », 3, Rennes, PUR, 2008. La bibliographie ces dernières années ayant pris une telle ampleur que nous ne donnons ici que quelques références essentielles. On se reportera à la bibliographie en fin de volume.
2 L. Bodiou, F. Gherchanoc, V. Huet, V. Mehl (éd.), Parures et artifices. Le corps exposé dans l’Antiquité, Paris, L’Harmattan, 2011.
3 D. Frere, L. Hugot, Les huiles parfumées en Méditerranée occidentale et en Gaule, Rennes, PUR, 2012. L. Bodiou, V. Mehl, « Des intimités olfactives, des affinités électives : femmes, rites et parfums » dans L. Bodiou, V. Mehl (éd.), La religion des femmes en Grèce ancienne. Mythes, cultes et sociétés, Rennes, PUR, 2009, p. 173-206. L. Bodiou, D. Frère, V. Mehl (éd.), Parfums et odeurs dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2008.
4 F. Gherchanoc, V. Huet (éd.), Vêtements antiques. S’habiller et se déshabiller dans les mondes anciens, Paris, éd. Errance, 2012. L. Cleland, M. Harlow, L. Llewellyn-Jones (éd.), The Clothed Body in the Ancient World, Oxford, Oxbow Books, 2005.
5 B. Cohen, « Les bijoux et la construction de l’identité féminine dans l’ancienne Athènes », dans F. Gherchanoc, V. Huet (éd.), Vêtements antiques, op. cit., p. 149-164. F. Lissarrague, « Éros en tête : femme, miroir et bijoux en Grèce ancienne », dans Parures et artifices, op. cit., p. 15-22.
6 L. Renaut, « Mains peintes et menton brûlé. La parure tatouée des femmes thraces », dans Parures et artifices, op. cit., p. 191-216. P. Cordier, « Remarques sur les inscriptions corporelles dans le monde romain : du signe d’identification (notitia) à la marque d’identité (identitas) », Pallas, 65, 2004, p. 189-198.
7 B. Lançon, M.-H. Delavaud-Roux (éd.), Anthropologie, mythologies et histoire de la chevelure et de la pilosité, Le sens du poil, collection Le corps en question, Paris, L’Harmattan, 2011.
8 L. Bodiou, V. Mehl, « Le corps antique et l’histoire sensible : esquisse historiographique », Le corps antique : bilan historiographique, DHA suppl. 14, 2015, p. 151-168.
9 Le bain et le miroir. Soins du corps et cosmétiques de l’Antiquité à la Renaissance, Paris, Gallimard, 2009.
10 F. Gherchanoc, V. Huet (éd.), De la théâtralité des corps au corps des dieux dans l’antiquité, Éd. du CRBC, Brest, 2015. P. Brulé, « Bâtons et bâton du mâle, adulte, citoyen », dans L’expression des corps, op. cit., p. 75-84.
11 L. Bodiou, V. Mehl, « À fleur de peau : anthropologie olfactive du corps grec », dans P. Guisard, C. Laizé (éd.), Le corps, Paris, Ellipses, 2015, p. 76-100. L. Bodiou, V. Mehl, Odeurs antiques, collection Signet, Les Belles Lettres, 2011. V. Mehl, « Des Lemniennes à Philoctète : puanteurs, punitions divines et châtiment social en Grèce ancienne », dans L. Bodiou, V. Mehl, M. Soria (éd.), Corps outragés, corps ravagés. Regards croisés de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, Brépols, 2011, p. 263-278.
12 S. D’Onofrio, Les fluides d’Aristote. Lait, sang, sperme dans l’Italie du Sud, Paris, Les Belles Lettres, 2014. A. L. Carbone, Aristote illustré. Représentations du corps et schématisation dans la biologie aristotélicienne, Paris, Garnier, 2011. G. Bolens, La logique du corps articulaire. Les articulations du corps humain dans la littérature occidentale, Rennes, PUR, 2000.
13 M. Horstmanshoff, H. King, C. Zittel (éd.), Blood, Sweat and Tears. The changing concepts of physiology from antiquity into early Modern Europe, Leyde, Brill, 2012. L. Bodiou, « Sang et pensée grecque », dans D. Lecourt (éd.), Dictionnaire de la pensée médicale, Paris, PUF, 2004, p. 1005-1011. M. P. Duminil, Le sang, les vaisseaux, le cœur dans la Collection hippocratique ; anatomie et physiologie, Paris, Les Belles Lettres, 1983.
14 F. Bourbon, « La femme malade, le médecin hippocratique et la question du genre », Lalies, 32, 2012, p. 181-189. H. King, Hippocrates’ Woman. Reading the female Body in Ancient Greece, Londres-New York, Routledge, 1998. H. King, « Barbes, sang et genre : afficher la différence dans le monde antique », dans Langages et métaphores du corps, op. cit., p. 153-168. L. Bodiou, « De l’utilité du ventre des femmes. Lectures médicales du corps féminin », dans Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, op. cit., p. 153-166. L.-A. Dean-Jones, Women’s Bodies in Classical Greek Science, Oxford, Clarendon Press, 1996.
15 L. Bodiou, V. Mehl, M. Soria. (éd.), Corps outragés, corps ravagés de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2011.
16 V. Mehl, Les objets des sacrifices dans le monde grec antique, thèse de doctorat, université Bordeaux 3, 2000.
17 L. Bodiou, Le sang des femmes grecques, filles, femmes, mères d’après les écrits médicaux et biologiques de l’époque classique, thèse de doctorat, université Rennes 2, 2000.
18 L. Brisson, M.-H. Gongourdeau, J.-L. Solere (éd.), L’embryon, formation et animation. Antiquité grecque et latine, traditions hébraïque, chrétienne et islamique, Paris, Vrin, 2008. V. Dasen (éd.), L’embryon humain à travers l’histoire. Images, savoirs et rites, Gollion, Infolio Éditions, 2007.
19 E. Cantarella, Les peines de mort en Grèce et à Rome. Origines et fonctions des supplices capitaux dans l’Antiquité classique, Paris, Albin Michel, 2000. Du châtiment dans la cité, Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique, EFR 79, Rome, 1984.
20 M.-F. Baslez, Les persécutions dans l’Antiquité, Paris, Fayard, 2007. Fr. E. Boucher, « Les sacrifices sanglants, les gladiateurs et les premiers Chrétiens », Religiologiques, 23, 2001, p. 229-246.
21 A. Grand-Clément, La fabrique des couleurs. Histoire du paysage sensible des Grecs Anciens, viiie siècle-début du ve siècle av. n. è., Paris, de Boccard, 2012.
22 L. Bodiou, V. Mehl, Rouge sang. Crimes et sentiments en Grèce et à Rome, collection Signets 24, Paris, Les Belles Lettres, 2015.
23 M. Cartry, M. Detienne (dir.), Destins de meurtriers, EPHE, Paris, 1996.
24 P. Bonnechere, R. Gagné (éd.), Sacrifices humains : perspectives croisées et représentations, Collection Religions, 2, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2013. A. Nagy, F. Prescendi (éd.), Sacrifices humains : dossiers, discours, comparaisons, Turnhout, Brepols, 2013. V. Mehl, P. Brulé (éd.), Le sacrifice antique, Vestiges, Performances, Stratégies, Rennes, PUR, 2008. V. Mehl, « La corde et le couteau. Une relecture de la mise à mort sacrificielle sur les stèles votives d’Asie Mineure », Mélanges en l’honneur de P. Debord, P. Brun (éd.), Bordeaux, Ausonius, 2007, p. 315-329. S. Georgoudi, R. Koch Piettre et F. Schmidt (dir.), La cuisine et l’autel. Les sacrifices en questions dans les sociétés de la Méditerranée ancienne, Turnhout, Brepols, 2005. W. Burkert, Homo Necans, Rites sacrificiels et mythes de la Grèce ancienne, Paris, Les Belles Lettres, 2005.
25 A. Zografou, Papyrus magiques grecs : le mot et le rite. Autour des rites sacrificiels, Ioannina, université de Ioannina, 2013.
26 C. Mauduit, La sauvagerie dans la poésie grecque d’Homère à Eschyle, Paris, Les Belles Lettres, 2006. N. Loraux, Façons tragiques de tuer une femme, Paris, Hachette, 1985.
27 J. Wilgaux, « Procréation et parenté. De la parenté grecque à la télégonie contemporaine », dans L’embryon humain à travers l’histoire, op. cit., p. 191-206. P. Moreau, « Sangs romains. Taxinomie du sang dans la Rome ancienne », dans F. Prost, J. Wilgaux (éd.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2006, p. 319-332. A. Bresson et alii. (dir.), Parenté et société dans le monde grec de l’Antiquité à l’âge moderne, Bordeaux, Ausonius, 2006. J. Wilgaux, « David M. Schneider en Attique : le sang, le sperme dans les représentations de la parenté en Grèce ancienne », Qu’est ce que la parenté ? Autour de l’œuvre de David M. Schneider, Incidence, 1, octobre 2005, p. 75-103.
28 D. Gourevitch, « La lune et les règles des femmes », A. Moreau, J.-C. Turpin (éd.), Les Astres, actes du colloque international de Montpellier, t. 2, Montpellier, Publications de l’université Paul Valéry, Montpellier, 1996, p. 85-99. L.-A. Dean-Jones, « Menstrual bleeding according to the Hippocratics and Aristotle », TAPhA, 119, 1989, p. 177-192. L. Bodiou, Le sang des femmes grecques, filles, femmes, mères d’après les écrits médicaux et biologiques de l’époque classique, thèse de doctorat, université Rennes 2, 2000, et « La cuisine des bébés en Grèce classique : analogies culinaires des médecins hippocratiques », dans C. Mee, J. Renard (éd.), Cooking up the Past. Food and culinary practices in the Neolithic and bronze Aegean, Oxford, Oxbow Press, 2007, p. 357-368.
29 M. Halm-Tisserant, « Sang et blessure dans l’imagerie vasculaire de la Grèce », Ktèma, 2006, 31, p. 309-338. J.-M. Bertrand (éd.), La violence dans les mondes grec et romain, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005. N. Bernard, À l’épreuve de la guerre : guerre et société dans le monde grec, ve et ive siècles avant notre ère, Paris, Seli Arslan, 2000. A. Bernand, Guerre et violence dans la Grèce antique, Paris, Hachette, 1999.
30 B. Eck, La mort rouge, Paris, Les Belles Lettres, 2012. P. Payen, Les revers de la guerre en Grèce ancienne, Paris, Belin, 2012.
31 A. Damet, Réalités et représentations des conflits dans l’Athènes classique, Paris, Presses de la Sorbonne, 2012.
32 L. Bodiou, V. Mehl, M. Soria. (éd.), Corps outragés, corps ravagés de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2011. A. Allely (éd.), Corps au supplice et violence de guerre dans l’Antiquité, Bordeaux, Ausonius, 2014.
33 B. Eck, op. cit.. A. Bendlin, « Purity and Pollution », dans D. Ogden (éd.), A Companion to Greek Religion, Oxford, Blackwell, 2007, p. 178-189. R. Parker, Miasma. Pollution and Purification in Early Greek Religion, Oxford, Clarendon Press, 1983. L. Moulinier, Le pur et l’impur dans la pensée et la sensibilité des Grecs jusqu’à la fin du ive siècle av. J. C., Paris, Klincksieck, 1950.
34 J.-P. Roux, Le sang. Mythes, symboles et réalités, Paris, Fayard, 1998, quatrième de couverture.
35 J. Bernard, Le sang et l’histoire, Paris, Buchet Chastel, 1983, p. 24.
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