Journaux du préfet Trépont : une chronique engagée, de la guerre à la déportation (1914-1915)
p. 121-133
Texte intégral
1Parmi les témoins engagés, il existe les gens célèbres et les inconnus. Pourtant depuis les travaux d’Alain Corbin, il n’y a pas moins inconnu que cet illustre sabotier qu’est Louis-François Pinagot1 ou encore ce tonnelier du Minervois, Louis Barthas2, que les carnets de guerre publiés par Rémy Cazals ont sorti de l’anonymat. Les journaux du préfet Félix Trépont relèvent à l’évidence d’une autre dimension. D’abord ils émanent d’un haut fonctionnaire rompu aux exercices de l’écriture, mais cette catégorie socio-professionnelle, par tradition ou devoir de réserve, prend rarement la plume pour relater et justifier ses actions. Serviteur de l’État, il est de ce corps préfectoral encore imprégné des traditions napoléoniennes, garant de l’autorité et de la puissance publique sur le territoire qu’il administre3. Ces journaux offrent donc à cet égard un éclairage intéressant à la fois par la personnalité et le statut de son rédacteur et parce qu’il se trouve être le seul préfet à être fait prisonnier par les Allemands lors de l’occupation de Lille en octobre 1914.
2Ces journaux offrent certainement matière à explorer de nombreux domaines. Le fonds d’archives privées du préfet Trépont est d’ailleurs bien connu des chercheurs4. Librement accessible, il relate les combats qui aboutissent à l’encerclement puis à la prise de Lille et donne une image de la vie d’une cité occupée. Il avait déjà été largement utilisé par Jean-Jacques Becker pour rédiger, dès 1976, un article intitulé À Lille au début de la guerre 19145. Mais, dans le présent texte, on souhaite reprendre le chantier et surtout l’aborder différemment en s’attachant simplement à présenter la manière – c’est-à-dire le comment et le pourquoi – dont les écrits évoluent, sont modifiés, travaillés pour produire un discours engagé certes, mais aussi et surtout orienté. En effet ce n’est pas tant la chronique des événements qui y sont narrés que la manière dont, à travers trois strates, la documentation administrative, les rapports journaliers et le mémoire du préfet Trépont, on écrit et on relate l’histoire. Pour aborder cette triple dimension, il convient d’abord de se pencher sur le parcours de Félix Trépont, de préciser ensuite la nature des sources mobilisées pour, enfin, analyser la manière dont le récit se construit.
Un préfet de la IIIe République : Félix Trépont
3Né en 1863 à Beaumont-en-Lomagne dans le Tarn-et-Garonne, Jean-Baptiste Félix Trépont est issu d’un milieu relativement modeste. Fils d’un limonadier installé à Béziers, il fait son droit à la faculté de Toulouse et obtient la licence en 1885. Il entame dès 1888 une carrière publique, d’abord comme attaché au cabinet du sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur, Léon Bourgeois, puis comme sous-préfet de Calvi en juillet 1890. Il n’a alors que 27 ans. Il suit le parcours classique, mais rapide, de cette haute administration, marqué par de nombreux déplacements. De 1890 à 1901 il est successivement sous-préfet de Bellac, Saint-Pol-sur-Ternoise, Saint-Gaudens, Dole, secrétaire général de la préfecture de l’Aisne puis sous-préfet de Chalon-sur-Saône. Dans cette sous-préfecture de Saône-et-Loire, il se fait remarquer par la gestion efficace d’une grève des mineurs de Montceau-les-Mines distant de 45 kilomètres. Usant à la fois du dialogue et de la fermeté, il désamorce un conflit social qui aurait pu dégénérer. La gestion de ces incidents avec « sagesse et fermeté6 » suscite l’intérêt de Waldeck-Rousseau, le président du Conseil, qui le défend à la Chambre. Cette renommée lui vaut d’accéder dès 1901 à la fonction de préfet du Jura. Pendant une dizaine d’années, il exerce ses fonctions à Lons-le-Saunier, Orléans et Arras et enfin, couronnement de sa carrière, il est nommé à la grande préfecture du Nord en 1911.
4Son dossier personnel le décrit comme un personnage de petite taille au physique sympathique et de bonne santé, même s’il a été exempté du service militaire. Il est considéré comme intelligent et surtout très bon connaisseur des rouages administratifs. Catholique de naissance, il est doté d’un caractère souple et conciliant mais agissant avec autorité si nécessaire ; il a, écrit-on, « à un rare degré, le talent de plaire et d’éviter ou de résoudre les difficultés7 ». Bref, un parcours assez classique à la fois en termes d’ascension sociale, promue par la IIIe République, comme de cette administration d’avant la Grande Guerre où se côtoient républicains modérés et radicaux et dans laquelle les relations politiques comptent bien plus que les compétences administratives.
5Une fois qu’il est à la retraite, au début des années 1920, Félix Trépont entreprend de rédiger ses mémoires, mais celles-ci ne portent que sur la période 1914-1918. Deux raisons expliquent un tel choix. La première résulte des circonstances mêmes de la guerre. Resté à son poste lors du déclenchement du conflit, il est le seul préfet à être fait prisonnier par les Allemands lorsqu’ils occupent la ville le 12 octobre 1914. Son témoignage présente alors tout l’intérêt d’un représentant de l’État confronté aux pouvoirs des autorités d’occupation. Inscrit avec d’autres personnalités sur une liste d’otages, il doit se rendre chaque matin à la Kommandantur de Lille et assister aux réunions qui servent bien souvent de moyen aux autorités allemandes pour rançonner les villes occupées. Se heurtant systématiquement aux officiers allemands, se refusant à leur obéir et à appliquer leurs directives, il se retrouve emprisonné à la citadelle de Lille du 15 février au 6 mars 1915 avant d’être déporté à Rastatt dans le Land de Bade-Wurtemberg. En janvier 1916, un échange de prisonniers permet sa libération. Il réintègre alors, depuis Dunkerque, ses fonctions en avril 1916, en attendant patiemment de retrouver sa chère préfecture de Lille. Or, et c’est la deuxième raison, alors que la libération de la ville se précise – la ville est effectivement évacuée le 17 octobre 1918 – et qu’il s’imagine rejoindre Lille en héros, un décret de Jules Pams, le ministre de l’Intérieur de Clemenceau, daté du 25 septembre 1918, nomme le préfet du Cher, Jean Naudin, à la préfecture du Nord en remplacement de Monsieur Trépont « mis en congé sur sa demande8 ». Or, Félix Trépont n’a rien demandé, ni congé, ni retraite – il n’a que 55 ans – et refuse de signer son congé. Remplacé d’office, il se trouve sans affectation et fait appel devant le Conseil d’État. La haute juridiction, par un arrêt de janvier 1922, lui donne d’ailleurs raison et le réintègre dans ses fonctions. Cette mise à l’écart est vécue comme une profonde injustice et surtout comme une punition qui vient conforter des rumeurs malveillantes sur son action en qualité de préfet entre août et octobre 1914 : rôle néfaste et mesures inefficaces qui auraient abouti à la prise de la ville. Accédant à la retraite en 1923, il entreprend alors de rédiger ses mémoires comme un moyen de se justifier mais aussi de défendre un honneur qu’il estime bafoué.
Des sources à trois niveaux
6Les sources qui ont servi à composer le manuscrit des mémoires se situent à trois échelles. Tout d’abord les sources brutes : notes et dossiers de la préfecture de Lille, rapports des sous-préfets du département et, de manière générale, toute la documentation administrative inhérente au fonctionnement des services9. Viennent ensuite les journaux, chronique journalière des événements entre la déclaration de guerre et la captivité en 1915. Et il s’agit bien en l’occurrence de deux journaux, le premier rédigé par Félix Trépont entre la fin juillet 1914 et le 12 octobre, date de l’occupation de Lille ; le second, qui s’étend du 12 octobre au 15 février 1915, peut être attribué sans aucun doute à Henri Borromée, le secrétaire général de la préfecture10. D’ailleurs, dans la présentation que Trépont en fait, il ne s’en cache pas. Les propos introductifs des mémoires indiquent clairement que « l’essentiel des notes ci-après a été établi d’après un compte rendu quotidien des événements marquants de chaque journée, sorte de journal de bord, tenu par moi avec la collaboration de mon secrétaire général Borromée, sur le vu des extraits de mes rapports et dépêches, et de documents qu’à mon retour de captivité j’ai pu retrouver en mains sûres ou reconstituer11 ».
7Ces journaux à deux voix diffèrent par leurs auteurs mais aussi par la fiabilité qu’on peut leur accorder. Autant le journal rédigé par Henri Borromée est une véritable chronique écrite sur-le-champ, véritable document brut, dans lequel alternent témoignages sur le vif et impressions spontanées, autant il est évident que le journal de Trépont a été réécrit en partie. Il donne l’illusion d’un instantané tout en étant parfois modifié et infléchi. Le journal du préfet Trépont est moins une véritable chronique qu’un exercice composite dans lequel se mêlent témoignages, faits bruts, interrogations sur les dysfonctionnements politiques, administratifs et militaires et interprétations a posteriori. C’est toutefois sur la base de ces deux journaux que Félix Trépont entreprend de rédiger ses mémoires dont il confie la publication à sa femme dans une lettre testamentaire datée du mois d’août 1937 :
« Tu disposeras de tous mes papiers. Je te confie le soin de faire publier intégralement et dans la forme où il a été écrit, c’est-à-dire sans omission, le journal de mes souvenirs de l’invasion et de l’occupation allemande qui a été tapé à trois exemplaires. La publication comprendra nécessairement tous les documents et correspondances réunis dans un carton spécial pour être annexés au journal […] Cette publication destinée à soulever le voile que des politiciens d’affaires ont réussi à jeter pour dissimuler de graves responsabilités sur cette époque tragique mais fructueuse devra être faite dans un délai de trois ans après mon décès. Toutefois, quelques fragments pourront être publiés avant l’expiration de ce délai. Pour te seconder dans cette tâche, je ne doute pas que mes fidèles et affectionnés collaborateurs Borromée, Aussaresses, Leroy […] te prêtent un dévoué et utile concours12. »
8Félix Trépont meurt en octobre 1949 et son épouse n’entreprend pas la publication du journal. En 1952, elle fait don des papiers de son défunt mari aux Archives nationales. Les trois strates du corpus forment ainsi un ensemble cohérent mais se distinguent fondamentalement par la forme, l’objectif et la publicité qu’on souhaite leur donner. Une double dimension fondamentale émerge dans la genèse des écrits et sans doute dans l’usage des souvenirs. La première relève d’une utilisation croisée de documents publics pour un usage privé. Notes, rapports, télégrammes sont ainsi mobilisés pour rédiger les mémoires du préfet Trépont et l’on puise dans la documentation administrative pour justifier telle ou telle action. La seconde résulte du recours fréquent aux souvenirs, anecdotes ou à des éléments d’origine privée pour justifier une action publique et afin d’alimenter la rédaction des mémoires qui se veulent publiques puisque l’édition en est envisagée par l’auteur. Cette double dimension tend à souligner combien la distinction public/privé relève d’une frontière floue, poreuse et perméable. Afin d’éviter le piège d’une coupure artificielle, c’est sans aucun doute la lecture et l’utilisation des trois niveaux d’écrits, ensemble, en un regard croisé, qu’il faut consulter, décrire et analyser.
Des archives publiques et privées aux usages privés, publics… et politiques
9Plusieurs dimensions apparaissent particulièrement intéressantes à la lecture de ce corpus, permettant sans aucun doute d’engager des réflexions plus poussées dans tel ou tel domaine. On se contentera ici d’aborder simplement la manière dont la relation des événements est rédigée, modifiée, personnalisée, adaptée pour construire un récit construit, linéaire, romancé d’une certaine manière, qui présente surtout l’avantage de proposer une image flatteuse des actions préfectorales. On passe ainsi véritablement d’une chronique à un récit. Cette transmutation – pour utiliser un terme qui relève davantage de l’alchimie que de la linguistique – apparaît clairement dans la forme. D’un style administratif froid, sec, parfois télégraphique, sans circonlocutions inutiles, on passe à un texte rédigé et construit qui, sans posséder de grandes qualités littéraires, se lit aisément. Mais c’est évidemment sur le fonds que l’exercice apporte d’utiles renseignements sur les moyens mis en œuvre pour orienter ou colorer une réalité parfois sombre. On peut rapidement en distinguer trois formes : les modifications, les omissions et les ajouts.
Des inflexions textuelles positives
10L’usage d’un vocabulaire différent selon le lieu d’où il émane n’est certainement pas une surprise. C’est même l’usage courant dans la haute fonction publique, consistant à remplacer un verbe par un autre, un adjectif par un adverbe pour, sans trahir le sens profond, en donner une couleur plus positive. Les historiens connaissent bien ces effets de formulation qui permettent de rendre heureux ou extrêmement positifs des événements anodins ou peu glorieux. Ils permettent aussi, dans un fonctionnement hiérarchisé, de mettre en valeur le rôle et l’action du narrateur. Deux exemples tirés des dossiers et journaux du préfet Trépont en témoignent, la question de la mobilisation et celle des travailleurs étrangers.
11Pour ce qui concerne l’ordre de mobilisation proclamé le 2 août, les premiers témoignages et ceux qu’on relate par la suite doivent être appréhendés à travers les trois formes d’écrits que mobilise le préfet Trépont. On dispose ainsi d’abord des rapports des sous-préfets adressés à la préfecture de Lille. À Douai, « la mobilisation n’a été marquée par aucun incident grave » ; à Dunkerque « la mobilisation s’effectue dans le plus grand calme » ; à Cambrai, « la mobilisation s’effectue avec calme et méthode. Les départs de réservistes se font avec entrain et bonne humeur » ; enfin à Avesnes-sur-Helpe, « la mobilisation s’effectue de façon parfaite ; les soldats témoignent de beaucoup de confiance et d’enthousiasme13 ». Ces faits présentés de manière relativement neutre – même si on peut s’interroger sur la manière de mesurer la bonne humeur et la confiance des réservistes – deviennent, par la magie des mots beaucoup plus attrayants dans le journal du préfet :
« Les opérations de mobilisation devaient commencer le 2 à minuit. On me signalait de tous les points du département […] que partout on communiait dans les mêmes sentiments de confiance et de noble résolution. Pas une fausse note […] à la date du 10 août, les opérations de mobilisation étaient terminées. Elles s’étaient effectuées […] au milieu de l’enthousiasme des populations […] on s’embrassait, on riait, on pleurait14. »
12La communion, la noble résolution et l’enthousiasme, ajoutés aux textes d’origine, modifient bel et bien non pas la réalité de l’événement mais la perception et donc le message qu’on souhaite diffuser d’une mobilisation qui se veut sereine, voire confiante. Mais ces ajouts restent insuffisants aux yeux de l’auteur et, quelques années plus tard, dans ses mémoires, Félix Trépont relate les opérations de mobilisation en termes grandiloquents :
« Aussi l’ordre de mobilisation générale fut-il accueilli avec un magnifique enthousiasme. Le tocsin retentit dans toutes les villes et les villages et l’appel de bravoure de toutes les cloches de France trouvèrent un écho dans tous les cœurs comme aux grands jours de la patrie […] les mobilisables marchaient d’un pas résolu, la physionomie rayonnant du plus pur patriotisme et chantaient la Marseillaise avec une impressionnante gravité, Borromée comme moi, nous nous sentions profondément émus au spectacle d’un si superbe témoignage de consentement unanime au sacrifice suprême pour la France15. »
13Depuis les travaux initiés par Jean-Jacques Becker, on sait bien que le thème de la mobilisation et de la fleur au fusil relève en partie d’une construction idéalisée et patriotique que les trois strates de ces écrits soulignent bien. Sur la question des travailleurs étrangers (polonais notamment, mais de nationalité allemande ou autrichienne) nombreux dans la région minière, on retrouve les mêmes inflexions. Ainsi les mesures du sous-préfet de Douai prises pour conduire les Polonais de Guesnain à la fosse Déjardin à Lallaing, distant de quelques kilomètres, où ils vont travailler et pour « provoquer quelques engagements de ces étrangers dans la Légion étrangère, afin de les rendre moins suspects et moins antipathiques aux ouvriers français16 », deviennent dans le journal de Trépont : « Je fais grouper à Lallaing, où ils continueront à travailler, les ouvriers mineurs polonais qui tous manifestent des sentiments francophiles. Certains s’engagent dans la Légion étrangère17. »
14Outre qu’il s’approprie les mesures de son subalterne installé à Douai, la réécriture tend à présenter une image faussée d’une réalité beaucoup plus rude et qui témoigne notamment d’une forte xénophobie à l’encontre de cette population immigrée considérée comme allemande.
Des omissions bien utiles
15L’omission volontaire de termes et de faits qu’on peut relever entre les archives préfectorales et la chronique du préfet relève d’une autre dimension. Elle tend à occulter des comportements et des attitudes qui peuvent infléchir plus ou moins intensément les réalités objectives. La question des travailleurs étrangers, dont on vient de voir la manière dont elle était relatée, apparaît davantage tendue et critique lorsqu’on se penche sur les rapports qu’en font les sous-préfets, que Félix Trépont se garde bien de reprendre. C’est en réalité une véritable tension violente qui oppose les ouvriers mineurs français aux Polonais en ce début du mois d’août. Des rumeurs et quelques rares événements ponctuels se succèdent, comme ce Polonais allemand arrêté le 3 août à Waziers pour espionnage et écroué à Douai. Tout cela favorise un état d’esprit xénophobe qui se développe dans les premiers jours du mois d’août. Si la Compagnie des Mines d’Aniche emploie de nombreux ouvriers « polonais (autrichiens ou allemands) leur présence étant très utile ; le sous-préfet, d’accord avec la Compagnie d’Aniche, demande qu’ils soient autorisés à rester en France (cette demande a été accueillie par les généraux Percin et Lebas)18 ».
16Le lendemain, le même fonctionnaire mentionne les incidents qui se sont produits à Lallaing :
« Dans cette commune résident environ 800 Polonais (autrichiens ou allemands) employés par le Cie d’Aniche. Quelques-uns de leurs compatriotes, parmi lesquels un prêtre, sont arrivés dans la commune fin juillet pour y passer quelques semaines. Ils se réunissaient le soir chez le prêtre ; l’un d’eux avait un appareil photographique. Leurs allures ont paru louches aux habitants qui ont assailli ce matin la maison du prêtre. Le maire s’est rendu sur les lieux pour protéger les étrangers ; il a été nécessaire d’appeler huit gendarmes, puis un détachement de soldats pour protéger la mairie où on avait conduit les Polonais. Le sous-préfet s’est rendu à Lallaing pour rétablir le calme. Les Polonais ont été amenés à Douai, pour être dirigés sur Arras et l’intérieur19. »
17Mais la situation ne s’est pas tout à fait calmée car à la fosse Déjardin « le bruit avait couru que les ouvriers français ne descendraient plus si les Polonais n’étaient pas expulsés. Le sous-préfet a invité la Compagnie et les maires à faire connaître par les délégués mineurs et les porions, que l’autorité militaire supprimerait immédiatement les sursis d’appel pour les mineurs qui cesseraient le travail20 ».
18Malgré ces menaces, les tensions ne sont pas apaisées pour autant dans d’autres secteurs. À Cambrai, le 10 août, le sous-préfet réclame des instructions pour l’évacuation des étrangers. Le 13 août à Valenciennes « 587 étrangers ont été rassemblés pour quitter l’arrondissement le 14 à 15 heures, quand un contrordre de Ministère de la Guerre est parvenu à la sous-préfecture. Cette décision est regrettable, car elle va avoir pour effet de faire retomber à la charge des communes lesdits étrangers qui ont maintenu rompu leurs contrats de travail21 ».
19Le même jour à Douai un mineur polonais est arrêté sous l’inculpation d’espionnage. « La seule charge relevée contre cet étranger est la découverte dans ses papiers d’un carnet contenant les noms de 4 marins ou soldats de Cherbourg. L’arrestation de ce Polonais et de cinq de ses camarades n’a provoqué aucune manifestation22. »
20Toute cette dimension faite d’oppositions et de tensions liées à la présence de travailleurs polonais disparaît totalement du journal du préfet Trépont. Si on mentionne bel et bien ici ou là le saccage d’un magasin allemand ou la destruction des affiches vantant les mérites du bouillon Kub, à aucun moment l’hostilité entre ouvriers français et étrangers ne transparaît, bien qu’elle se poursuive sur deux semaines. De la même manière, lors des opérations de mobilisation présentées avantageusement, on omet prudemment de signaler ce qui se passe à Avesnes-sur-Helpe, situé à proximité des Ardennes à une vingtaine de kilomètres au sud de Maubeuge. Le 4 août le sous-préfet signale qu’une « centaine de déserteurs, qui se sont présentés aux gares de Feignies et Jeumont, ont été conduits à Maubeuge et Avesnes [et l’on s’inquiète d’éventuels] soulèvements si le blé tarde à arriver dans les minoteries de l’arrondissement23 ».
21Peut-être les propos du sous-préfet en place relèvent-ils davantage d’une inquiétude que d’une réalité profonde, il n’en demeure pas moins que le mot de déserteur, totalement effacé des textes, traduit une réalité qu’il ne faut certes pas surévaluer mais qu’il convient de ne pas ignorer. La disparition du mot n’en efface pas l’exactitude et l’on comprend bien également la volonté politique de ne pas amplifier un phénomène mineur qui pourrait éventuellement susciter quelques vocations.
22Enfin, sans être totalement absentes du journal et des mémoires, les questions liées au ravitaillement, aux moissons, aux tarifs à appliquer à certaines denrées, notamment les farines, les réquisitions de chevaux et de fourrage, la mobilisation des boulangers, les problèmes monétaires ou le financement des activités économiques apparaissent véritablement de manière secondaire, voire factuelle. Pourtant les questions économiques et financières sont systématiquement et amplement abordées au cours du mois d’août. Une grande partie des réunions dont les traces nous sont parvenues débattent de manière très précise, et parfois anecdotique, de ces questions. Par exemple le 3 août à 9 heures, Jules Hazebrouck, mobilisé se rendant à la gare, s’arrête dans une boulangerie rue de Béthune à Lille pour acheter 1 kilo de pain. Face au prix demandé, 0,50 francs24, il remet les pains mais suscite une émeute d’un groupe de 300 personnes qui bouscule le boulanger, brise la glace de la boulangerie et fait tomber quelques gâteaux. Il est vrai que l’incident mobilise les forces de l’ordre qui doivent disperser le rassemblement. À peu près à la même date, un sous-préfet obtient d’un minotier d’Hazebrouck qu’il ramène le prix du quintal de farine de 42 à 38 francs. On pourrait multiplier les exemples qui soulignent combien cette dimension est systématiquement présente dans la vie administrative quotidienne, mais ce qu’il faut remarquer surtout c’est sa quasi-disparition dans les journaux et davantage encore dans les mémoires. Certes, il peut paraître moins glorieux de disserter sur le prix de la farine que de relater la glorieuse mobilisation ou de débattre des compétences de tel ou tel ministre ou général. Mais l’image qu’on donne de cette période s’en trouve largement infléchie et répand l’illusion d’un monde non préoccupé des questions économiques alors qu’elles sont aussi au cœur des préoccupations des acteurs publics.
Des ajouts a posteriori
23Les commentaires et autres adjonctions apportés aux documents d’origine, soit dans le journal, soit dans les mémoires, posent de nombreuses questions. La démarche la plus simple consiste à décider que tout ajout relève d’un artifice et de le considérer comme nul et non avenu. Possible, peut-être ou probable, la méthode n’est en tout cas guère satisfaisante. Les impressions, les sentiments et les souvenirs personnels, peut-être imparfaits mais réels, peuvent ne pas avoir été consignés dans le journal, dont la forme vise à l’essentiel, mais réintroduits après-coup. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’aient pas existé. La chronique quotidienne va directement aux faits, les états d’âme, les débats philosophiques et politiques n’y trouvent pas leur place parce que ce n’est ni le lieu ni le moment. Le journal attribué à Henri Borromée en est l’expression la plus marquante : des faits, rien que des faits, pas – ou si peu – de commentaires. On ne peut donc balayer d’un revers de manche tous les ajouts portés dans le journal de Trépont comme dans ses mémoires. La difficulté consiste, d’une part, à faire le tri entre les souvenirs véritables et les souvenirs inventés pour étayer la thèse qu’on souhaite défendre et, d’autre part, à reconsidérer les vrais souvenirs à l’aune de ce qui s’est passé ensuite. Des impressions mineures perçues en août 1914 peuvent être largement surévaluées ou surinvesties parce qu’entre-temps Trépont est mis à l’écart de la préfectorale. En l’état actuel de la recherche, qui reste en chantier, il ne nous est pas possible de trancher cette question. On se propose ainsi, à partir de quelques exemples et d’un choix de textes, d’émettre quelques hypothèses.
24Tout d’abord, la perception des élus départementaux à la veille de la déclaration de guerre. On peut lire dans le journal : « Même résolution, même empreinte de gravité, d’anxiété chez les maires, les délégués des conseils municipaux de tout le département réunis ce même jour à la préfecture pour élire un sénateur25. »
25Cette impression de gravité devient dans les mémoires un rassemblement de politiciens avides de pouvoirs :
« Depuis le matin on votait pour élire un sénateur dans la grande salle des fêtes de la Préfecture. En une semblable circonstance, la lutte électorale présentait peu d’intérêt – les candidats de très médiocres politiciens n’étaient d’ailleurs pas pour relever le niveau assez pauvre de la représentation sénatoriale du Nord. (Un candidat pacifiste) bohème, verbeux et gouailleur dont le bon garçonisme désarmait les colères, ne manquait pas de finesse. Il sentait que les circonstances ne lui étaient pas favorables […] Ils lui préférèrent son concurrent radical, dont l’insignifiance les rassurait et qui n’avait pas formulé d’opinions sur les événements moins par habileté que par indigence intellectuelle. Resté confiné dans son village pendant l’occupation, il ne sortit de sa retraite qu’après l’armistice pour aller siéger au Luxembourg, où son patriotisme en veilleuse pendant l’invasion se manifesta par le suffrage qu’il apporta au gouvernement Clemenciste pour condamner Joseph Caillaux. Cet acte de fermeté, lui acquit auprès de M. Mandel quelque crédit qu’il employa à la protection des défaillants26. »
26Outre les ajouts importants à la période 1919-1920, on constate une réécriture totale des faits. Et ce sont bien en réalité les événements liés à sa mise à l’écart de la préfecture de Lille en 1918 qui expliquent les arguments invoqués et le ton employé fait de mépris et de persiflage. Alors que le 2 août ni Clemenceau ni Mandel n’ont une quelconque responsabilité politique, ils deviennent les coupables désignés d’une situation qui leur échappe. Dans la même veine, les premières pages des mémoires reflètent la même préoccupation, qui aboutit par une forme d’obsession à magnifier l’action de Poincaré pour surtout dévaloriser celle de Georges Clemenceau. S’y ajoute un antisémitisme qui semble émerger, ou se réactive ou bien se libère, dans l’entre-deux-guerres. Relatant le voyage de Poincaré en Russie, il écrit :
« Ce déplacement diplomatique présentait d’ailleurs l’avantage de rappeler au souci de sa sécurité l’attention du pays qui, aux récentes élections législatives, s’était montré trop disposé à partager les illusions pacifistes des adversaires de la loi de trois ans. De violentes campagnes antimilitaristes étaient organisées dans les centres ouvriers. Elles se multiplièrent dans mon département et plus particulièrement à Lille sous l’inspiration d’un des principaux pontifes de la maçonnerie, le juif métèque Welhof, animateur des bandes, dont les apaches formaient le plus gros contingent, qui manifestaient contre les retraites militaires en musique rétablies par le ministre de la Guerre Millerand. Les cortèges de fanfares aux flambeaux, qui avaient d’abord réjoui tous les éléments paisibles de la population, déplurent à nos pacifistes révolutionnaires qui, ne se bornant pas à siffler nos soldats, se livrèrent à des sévices contre ceux qui avaient l’audace de les applaudir. J’intervins alors vigoureusement pour rétablir l’ordre dont ne paraissait pas vouloir se préoccuper le ministre de l’Intérieur, ce Klotz qui devait devenir en compagnie de son compère Loucheur le collaborateur de Clemenceau aux négociations du traité de Versailles et finir dans la peau d’un escroc27. »
27Et il poursuit sur le même ton pour croquer le portrait du maire de Lille, Charles Delesalle, et ses accointances avec Welhof :
« La foi patriotique qui exaltait la population n’était pas partagée par le maire de Lille […] M. Delesalle ne possédait ni l’activité, ni la fermeté, ni la robuste confiance qu’exigeaient les circonstances exceptionnelles au milieu desquelles il était jeté. Sa faiblesse de caractère le prédisposait aux défaillances. C’était une sorte de dilettante de la politique, nonchalant et courtois. Appartenant à la haute bourgeoisie lilloise, il faisait figure d’homme distingué dans son monde qui ne brillait guère par la culture et surtout par la culture laïque à laquelle M. Delesalle devait une réputation de libéralisme […] En mai 1914, sa liste l’emporta de nouveau. Mais sa victoire était entachée de fraude. On avait surpris des frères des écoles chrétiennes venus de Belgique porteurs de nombreuses cartes électorales qu’ils déposaient dans les différentes sections de vote. Une enquête permit de découvrir que les listes électorales avaient été truquées. On y releva des centaines de noms d’électeurs fictifs. L’adjoint clérical Bineau avait transformé des élections en un repaire de faussaires. Ces révélations provoquèrent un émoi considérable […] C’est au cours de cette campagne de presse qu’il fit amitié avec le receveur municipal Welhof, personnage important chez les politiciens et collaborateur de La feuille socialiste de Lille qui ne parvint cependant pas à en modérer les attaques. Welhof était ce juif révolutionnaire internationaliste, devenu Grand maître de la Maçonnerie, dont le caractère et les mœurs étaient si sévèrement jugés par les amis du maire. Mais son influence était grande et son appui n’était pas à dédaigner. L’hébreu dans sa vanité était fier de protéger un des membres les plus huppés de cette société qui affectait de le mépriser. Les épreuves de la guerre créèrent entre ces deux hommes si différents, des relations qui, sous le signe de l’Union sacrée, paraissaient moins étranges28. »
28On pourrait certainement multiplier les exemples tant ils abondent mais arrêtons-nous là pour l’instant. Il semble manifeste que les mémoires rédigées dans l’entre-deux-guerres, et dont certains indices nous laissent penser que la rédaction s’établit entre 1930 et 1937, sont pollués par le climat délétère des années grises où l’antiparlementarisme et l’antisémitisme deviennent courants et contaminent les discours et les écrits. Il n’y a pas que cela certes, une foule de détails et d’anecdotes rendent le récit parfois vivant et attrayant, lorsqu’il s’éloigne des obsessions de son auteur.
29Quels enseignements peut-on tirer à la lecture du corpus ? D’abord, la structure et la nature des textes soulignent bel et bien comment on passe d’une chronique ordinaire à un récit embelli et parfois enlaidi. L’appropriation tendancieuse de l’événement et de la prise de décision s’opère au profit de son auteur et parfois au détriment de ses subordonnées. Fonctionnement normal d’une hiérarchie administrative ? Peut-être. L’usage de la chaîne hiérarchique fait aussi sans doute que les notes du préfet peuvent être utilisées avec profit par le ministre de tutelle. Mais comportement léger ou inélégant lorsqu’il s’agit de rédiger, des années plus tard, des mémoires privées à vocation publique. Second enseignement, la fiabilité toute relative qu’on doit accorder aux textes ou, pour le moins, la grande prudence que nécessite leur usage. Il y a certes un témoignage pris sur le vif mais s’y agrège aussi une multitude d’ajouts. Pour reprendre une classification religieuse, certains de ces ajouts relèvent des péchés véniels, car ils ne modifient pas en profondeur les faits, se contentant de les embellir, mais d’autres s’approchent des péchés capitaux dans la mesure où ils infléchissent totalement une réalité. Ultime interrogation, qu’est-ce qui permet d’expliquer le basculement d’un préfet républicain vers des thèses qui fleurent les Ligues des années Trente ? S’agit-il d’une rupture, d’une évolution, d’une lente maturation ? Par bien des aspects, son parcours s’apparente à celui de Léon Mirman, ce député socialiste, devenu préfet de Meurthe-et-Moselle pendant la guerre et qui rejoint l’Action française dans les années 1930. Sans doute sans aller jusqu’à cet engagement, Félix Trépont semble suivre un itinéraire très proche. L’injustice qui le frappe lorsqu’il est mis en congé est certainement une clé explicative. Clemenceau et ses proches sont les coupables de ce qu’il considère comme une forfaiture. Mais parmi les proches de Clemenceau, Georges Mandel dispose à l’évidence d’une place à part et facilite, permet ou autorise le virage antisémite dont les mémoires sont imprégnées. Les mémoires relèvent ainsi d’une dimension qui n’est plus, rédigée par le préfet, la chronique douloureuse d’une ville occupée mais le récit militant et politique d’un homme amer et aigri qui, une quinzaine d’années après les faits, vit toujours aussi douloureusement son éviction de la préfecture de Lille en 1918.
30De son vivant, Félix Trépont n’a pas publié ses mémoires, laissant le soin à sa femme de le faire. Madame Trépont ne l’a pas réalisé non plus et elle a certainement eu raison. Entre-temps, le régime de Vichy et le destin de Georges Mandel ont peut-être modifié son sentiment. Le rôle de Jean Moulin, incarnation du préfet patriote refusant tout compromis avec l’Allemagne, avec lequel il a peut-être retrouvé ou perçu une attitude similaire à celle qu’il a connu en 1914, et la destinée du préfet du Cher l’ont peut-être convaincu, dans les dernières années de sa vie, de ne pas publier un texte polémique. En tout cas, en s’abstenant de cette publication, Mme Trépont a permis de conserver à juste titre l’image d’un « préfet héroïque29 » de la Première Guerre mondiale30.
Notes de bas de page
1 Corbin Alain, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu (1798-1876), Paris, Flammarion, 1998.
2 Cazals Rémy, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, Maspero, 1977.
3 Pierre-Henry, Histoire des préfets, 150 ans d’administration provinciale, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1950 ; Siwek-Pouydesseau Jeanne, Le corps préfectoral sous la IIIe et IVe République, Paris, Armand Colin, 1969.
4 Archives nationales (noté infra AN), 96 AP. Je remercie vivement Madame Isabelle Aristide-Hastir, responsable des archives privées aux Archives nationales, qui a mis à notre disposition l’ensemble des pièces du dossier.
5 Becker Jean-Jacques, « À Lille au début de la guerre de 14 », Revue historique, t. 256, fasc. 1, juillet-septembre 1976, p. 89-116.
6 AN, F 1 b I 681, extrait 2, dossier personnel du préfet Trépont, sous-dossier 7, préfet du Jura.
7 Ibid., dossier général.
8 Ibid., dossier Conseil d’État, décision n° 68212 du 20 janvier 1922.
9 Outre AN, 96 AP, dossiers 1 à 4, également les fonds disponibles aux Archives départementales du Nord (ADN), 9 R 71 et 72 et 225 à 227.
10 Henri Borromée (1873-1954), fils d’un fonctionnaire du ministère des Finances, licencié en lettres et en droit, entame une carrière préfectorale en 1898, occupe plusieurs postes avant d’être affecté en qualité de secrétaire général à la préfecture de Lille en 1913. Très proche de Félix Trépont, il devient après-guerre préfet du Bas-Rhin, puis rejoint plus tard le milieu des affaires en intégrant la Compagnie des Transports Aériens et participe à la création d’Air France en 1933.
11 AN, 96 AP 3, dossier 4, propos introductifs.
12 AN, 96 AP 1, lettre manuscrite du 20 août 1937 adressée à sa femme.
13 AN, 96 AP 2, dossier 6, diverses notes des sous-préfets du département.
14 AN, 96 AP 3, dossier 4, p. 7.
15 AN, 96 AP 1, p. 28-29.
16 AN, 96 AP 2, dossier 6.
17 AN, 96 AP 3, dossier 4.
18 AN, 96 AP 2, dossier 6, note du sous-préfet de Douai du 3 août au soir.
19 Ibid., rapport du sous-préfet de Douai du 4 août au soir.
20 Ibid., rapport du 5 août au matin.
21 Ibid., rapport du 13 août.
22 Ibid.
23 Ibid., rapport du sous-préfet d’Avesnes du 4 août 1914.
24 0,50 francs le kilo de pain représente une somme importante (soit 10 % du budget) ; le salaire journalier moyen d’un ouvrier de l’industrie est de l’ordre de 5 francs et, avant la guerre, le prix moyen du kilo de pain s’élève à 0,40 francs. le prix demandé correspond ainsi à une augmentation de 25 % par rapport au prix habituel.
25 AN, 96 AP 3, dossier 4.
26 AN, 96 AP 1, mémoires, p. 29-30.
27 Ibid., p. 11-12.
28 Ibid., p. 51-53.
29 Terme figurant sur la plaque qui se trouve sur la dernière demeure de Félix Trépont à Beaumont-de-Lomagne.
30 Avec Clotilde Druelle-Korn, nous travaillons actuellement à l’édition critique, annotée et commentée des journaux de guerre du préfet Trépont, mais pas des mémoires.
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