1. Qu’est-ce qu’une défaite électorale sous la monarchie de Juillet ?
p. 27-40
Texte intégral
« Il me paraîtrait peu opportun de susciter un candidat tel quel, dont la défaite trop éclatante réagirait d’une manière fâcheuse sur le Gouvernement qui l’aurait adopté pour sien. »
Extraits du rapport du préfet de Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur du 20 février 1839. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
1Les candidatures officielles, dont on retrouve aisément la trace dans la plupart des élections nationales de la France du xixe siècle, se distinguent d’autres formes de candidatures recommandées par le rôle décisif qu’y jouent les agents de l’administration préfectorale. À partir de 1816, les préfets ont en effet été les principaux organisateurs des candidatures officielles autour d’un double impératif pratique : « faire voter » et « faire élire1 ». La réussite de ces agents déterminés à faire changer d’avis une partie des électeurs (par rapport aux élections de 1815 ayant donné naissance à la « Chambre introuvable ») a été une incitation à reproduire leurs pratiques lors des élections suivantes. Parmi les pratiques constitutives de ce répertoire, on retrouve la « surveillance hiérarchique2 » mais aussi des savoir-faire électoraux (comptage, prévision, mobilisation des électeurs, sélection des candidats) qu’Alain Garrigou analyse comme l’apparition de biens d’équipement pratiques et cognitifs liés à l’instrumentation du vote3. Au sein de ce répertoire figurent en bonne place des technologies d’État – par exemple l’affichage par voie de circulaire – mises en œuvre par des agents explicitement mobilisés en faveur de la réussite électorale de candidatures recommandées. Cette implication des agents de l’administration dans la production de candidatures implique de regarder la question de la défaite électorale de manière différente. Il est en effet nécessaire de se demander à qui attribuer la défaite et surtout à qui était-elle susceptible d’être attribuée dans ce contexte. Cette interrogation doit bien entendu être liée à l’incertitude qui entourait les candidatures à ces élections : comment peut-on subir une défaite à un scrutin lorsqu’on n’est pas vraiment candidat ou qu’aucun élément publicisé n’atteste d’une candidature ?
2Dans le cadre de ce chapitre, j’ai choisi de m’intéresser en priorité aux élections à la Chambre des députés de la monarchie de Juillet (1830-1848), mais cette problématique vaut bien entendu pour l’ensemble des élections concernées par le répertoire d’action des candidatures officielles. D’un point de vue chronologique, ce choix s’explique par trois considérations : premièrement, il permet d’étudier les défaites électorales alors que le répertoire d’action de la candidature officielle est relativement stabilisé ; deuxièmement, il permet d’exploiter une documentation plus vaste liée à la professionnalisation du travail préfectoral4 ; troisièmement, il permet d’éviter de prendre en compte les effets liés aux changements des règles de l’élection comme ce serait le cas si nous avions étudié dans ce cadre les élections de la Restauration (1815-1830) où la législation fût modifiée de manière substantielle à plusieurs reprises5.
3D’un point de vue méthodologique, l’analyse proposée mobilise des documents d’archives issus du fonds Hugues-Ièna Darcy (1807-1880) récemment constitué aux Archives départementales de Côte-d’Or6. Après avoir été nommé conseiller de préfecture à Dijon en 1830 à la suite de la révolution de Juillet7, H.-I. Darcy occupe successivement les postes de sous-préfet de l’Yonne, de préfet du Tarn-et-Garonne, de l’Aube et du Gard. Révoqué en février 1848, il redevient préfet de la Moselle en janvier 1849, puis brièvement préfet du Rhône8 avant d’être nommé sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur du 17 novembre 1849 au 14 mars 1850. Il abandonne alors la politique pour les affaires et siège comme administrateur dans diverses sociétés jusqu’à sa mort en 18809. Parce qu’il réunit l’intégralité d’une correspondance préfectorale, et non les seuls rapports et lettres conservés par les destinataires, le fonds Darcy permet de reconstituer avec une grande précision l’implication du préfet dans les luttes électorales et les réseaux mobilisés dans ce cadre. Analyser les élections législatives sous la monarchie de Juillet à partir d’une correspondance préfectorale pose néanmoins des problèmes de méthode qu’il est nécessaire de rappeler pour éviter toute erreur de perspective. On peut en effet se demander si le constat du rôle décisif joué par les préfets dans ces élections n’est pas en partie le produit d’un « effet de source », à savoir le recours quasi-exclusif à une seule source documentaire. Dans un article au titre suggestif, Pierre Karila-Cohen a bien montré les effets pervers de la tentation « consistant à prélever tout ou partie de ces dissertations préfectorales pour en faire le cœur du discours historique sur l’opinion dans tel ou tel département10 ». Notons néanmoins la faiblesse des autres sources disponibles : la presse sert à l’époque plus souvent à propager des rumeurs qu’à diffuser des informations fiables ; les archives privées des candidats sont peu nombreuses ; les volumes de mémoires sont très souvent peu diserts sur les épisodes électoraux, tout se passant comme si la répugnance sociale des élites sociales du xixe siècle à faire acte de candidature se prolongeait dans l’écriture rétrospective des épisodes électoraux. Par ailleurs, lorsqu’on dispose de l’intégralité de la correspondance des préfets, et pas uniquement les seuls documents conservés dans les archives publiques, on peut aisément mesurer l’ampleur de leur implication dans les compétitions électorales, implication qui est bien souvent largement supérieure à celle des candidats eux-mêmes11.
Les ambiguïtés de la monarchie de Juillet
4La monarchie de Juillet est un régime né pendant l’été 1830 d’une insurrection parisienne qui se conclut en apparence par une victoire de l’ancienne opposition « libérale12 ». Le 3 août 1830, au lendemain de l’abdication du roi Charles X, les deux chambres réunies adoptent le principe d’une révision de la Charte de 1814 et appellent au trône le duc d’Orléans qui devient le 7 août « roi des Français » sous le nom de Louis-Philippe Ier. La Charte révisée est promulguée la semaine suivante. Les réformes les plus importantes sont cependant renvoyées à des lois organiques ultérieures, dont celle du 19 avril 1831 qui abaisse à 25 ans et à 200 francs l’âge et le cens pour être électeur et à 30 ans et à 500 francs l’âge et le cens pour être éligible à la Chambre des députés. Ces dispositions permettent une extension modeste du corps électoral, notamment dans la bourgeoisie industrielle et commerçante favorisée par les nouvelles modalités de calcul du cens (ajout de l’impôt des patentes, des centimes additionnels et des redevances fixes et proportionnelles). Elles ne remettent cependant pas en cause le double principe de sélection tenant compte de l’âge et de la fortune mis en place en 181413. Le nombre d’électeurs habilités à participer aux six élections législatives organisées entre 1830 et 1848 reste ainsi très réduit.
Tableau 1 – Le corps électoral censitaire sous la monarchie de Juillet
| Année d’élection | Électeurs inscrits | Suffrages exprimés |
| 1831 | 166813 | 125090 |
| 1834 | 171015 | 129211 |
| 1837 | 198836 | 151720 |
| 1839 | 201271 | 164862 |
| 1842 | 220040 | 173694 |
| 1846 | 240983 | 199827 |
5La monarchie de Juillet est marquée par une vie parlementaire riche, complexe, où les regards sont souvent tournés outre-Manche pour tenter de comprendre et d’importer les logiques d’une monarchie constitutionnelle. Inversement, note Sylvie Aprile : « Il manque à la monarchie de Juillet, dans ces premières années, une idéologie claire sur laquelle se reposer14. » Il y a, au sein des administrations d’État, et plus largement au sein des élites bourgeoises de l’époque, des volontés de réforme, mais dont les résultats, en matière économique et sociale, sont bien minces. La liberté d’expression conquise de haute lutte en 1830 a son revers : les gouvernants sont parfois sévèrement critiqués ou caricaturés, à l’instar du roi représenté dans la presse sous forme de « poire » par Charles Philipon15. Les premières années du régime sont aussi marquées par de nombreux conflits qui, de plus en plus, trouvent leur origine dans les conditions de travail des ouvriers et dans la formation d’une conscience de classe16, mais aussi – de manière plus classique – dans la résistance à l’extension des prérogatives des agents des administrations d’État17. Durant la décennie 1830, et singulièrement à partir de 1835, les luttes parlementaires sont vives. D’un côté, le roi qui souhaite imposer à la Chambre des députés un chef du gouvernement, en l’occurrence le comte Molé ; de l’autre, des groupes parlementaires informels qui forment une « coalition » pour maintenir collectivement l’emprise de la Chambre des députés sur le gouvernement18. Leur mot d’ordre – « Le roi règne mais ne gouverne pas » – ne constitue pas un programme politique mais une défense pas nécessairement désintéressée de leurs prérogatives. L’échec de la coalition débouche sur une stabilisation libérale-conservatrice dont le héraut fut François Guizot qui dirige de fait le gouvernement d’octobre 1840 à février 1848. S’appuyant sur les députés « ministériels », élus grâce à l’appui des préfets et des agents de l’administration, il théorise son projet politique, en réponse à ceux qui réclament un élargissement du suffrage, à l’aide d’une formule demeurée célèbre : « Enrichissez-vous par le travail et l’épargne… et vous deviendrez électeurs. »
La défaite électorale vue par le préfet Hugues-Iéna Darcy
6Nommé à vingt-sept ans sous-préfet à Sens (département de l’Yonne) en 1834, H.-I. Darcy s’implique fortement dans les élections de l’arrondissement. Il n’y rencontre guère de difficultés. S’appuyant sur le maire de Sens, Julien Vuitry, dont il fait un candidat ministériel19 avant de devenir son gendre, il donne entière satisfaction à ses supérieurs et aux notables influents de l’arrondissement comme le baron Louis Thénard. En 1839, il est nommé préfet du département de Tarn-et-Garonne dans un contexte plus difficile. Si en apparence cette nomination peut apparaître comme une promotion administrative ordinaire, elle est en fait la conséquence des luttes parlementaires ayant donné naissance à la « coalition » contre le ministère Molé imposé à la Chambre des députés par le roi Louis-Philippe. C’est sa proximité avec le comte Molé20 et son aptitude avérée à organiser les candidatures ministérielles qui en sont à l’origine : H.-I. Darcy est nommé pour remplacer un préfet jugé trop proche des adversaires du gouvernement. Arrivé à Montauban le 11 février 1839, en pleine campagne électorale21, il doit faire face à une situation électorale complexe, assez différente dans les quatre collèges du département (Montauban, Caussade, Castelsarrasin et Moissac). Le terme de défaite apparaît dans sa correspondance à propos des élections dans les collèges de Montauban et de Caussade dès son premier rapport au ministre de l’Intérieur dont je reproduis ici de larges extraits :
« Arrivé depuis trois jours à Montauban, j’ai reçu un très grand nombre de fonctionnaires et d’habitants notables de la ville ; j’ai profité de cette circonstance favorable pour obtenir des renseignements sur la situation politique du département. Je m’empresse de vous soumettre le résultat de mes informations ; mes notes seront décousues et incomplètes ; vous voudrez bien excuser l’imperfection du travail, en considérant le petit nombre d’heures dont je puis disposer.
[Dans le Collège de Montauban], l’élection [du député sortant] M. Janvier est probable ; j’espère qu’elle n’est point tout à fait certaine. Mes premiers efforts ont eu pour objet d’empêcher que l’opposition de gauche et celle de droite ne se réunissent en sa faveur ; il était à craindre que le parti légitimiste presque entier ne l’adopte pour son candidat. Les familles les plus puissantes l’ont pris sous leur patronage ; les comités des diverses nuances de l’opposition de gauche établis à Paris, n’ont négligé aucun effort pour que leurs collègues politiques de Montauban adoptent à leur tour M. Janvier. […] Ils réussiront sans doute auprès de plusieurs électeurs ; mais ils auront aussi un bon nombre d’échecs. L’opposition de gauche ne pardonne point en général à M. Janvier de s’être constitué en quelque sorte à Paris l’homme d’affaires des légitimistes de Montauban.
Un homme considérable de l’opposition modérée, M. Debia, ancien député, qui postulait, et qui peut-être postulera encore, à la place de conseiller de préfecture, vacante par le décès de M. De Belvèze, est entré avec moi en communication ouverte ; et m’a déclaré que les voix dont il dispose se rallieraient sur tout autre candidat que sur M. Janvier. J’avais d’abord pensé que M. Debia pourrait être mis en avant ; je crois maintenant qu’un candidat étranger aurait des chances meilleures. Le nom de l’Amiral Baudin a été prononcé ; je me suis emparé de ce nom que la dernière victoire de Saint Jean de Ulua rend ici particulièrement recommandable ; l’opposition de la ville qui a pris pour thème l’humiliation prétendue de la France devant l’étranger, se ralliera sans doute volontiers autour d’un marin qu’un récent triomphe a illustré. […]
Nos adhérents sont trop peu nombreux pour qu’il nous soit permis de choisir et de proclamer à haute voix notre candidat, j’ai préféré que l’opposition elle-même prenne l’initiative à l’égard de l’amiral Baudin, nous nuirions à sa cause en l’appuyant trop directement, il conviendrait que les journaux de Paris suivent la même ligne s’ils venaient à s’occuper de nos élections.
Il serait à désirer aussi que l’Amiral Baudin ne fût point porté dans d’autres collèges, cette circonstance refroidirait le zèle de ses amis improvisés de Montauban.
Enfin, vous me permettrez d’insister avec la plus grande force sur l’absolue nécessité de laisser provisoirement vacante la place de conseiller de préfecture de Tarn-et-Garonne, il y aurait un inconvénient grave à la donner maintenant à M. Debia qui perdrait ainsi son influence sur ses anciens amis politiques, inconvénient plus grave encore à la donner à un tiers ; je n’ai pas besoin d’insister sur ce point.
En somme, je le regrette, M. Janvier a de très grandes chances de réélection ; mais il ne serait pas impossible qu’il en perdit plusieurs avant le scrutin.
[En ce qui concerne le Collège de Caussade], je regrette d’être obligé de dire que je n’ai pu jusqu’à ce jour susciter aucun candidat contre [le député sortant] M. De Malleville, appuyé par une famille nombreuse, par le crédit personnel de [l’ancien député] M. De Preissac qui s’est établi à Montauban ; et même par les largesses qu’il a coutume dit-on de prodiguer dans les crises électorales, M. De Malleville tient fortement au sol : je n’ai pas rencontré une seule personne qui mit son succès en doute ; ou osât entrer en lice avec lui. On m’affirme que les élections de Caussade se pratiquent dans le genre anglais. M. De Malleville ou ses amis offrent aux électeurs de la campagne des moyens de transport, une hospitalité gratuite ; ses chances déjà si nombreuses sont encore augmentées par ces moyens secondaires. Toutefois je n’omettrai aucun effort pour susciter une candidature nouvelle, même avec la certitude d’une défaite au scrutin. »
Extraits du rapport du préfet de Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur du 14 février 1839. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
7Ainsi, dans les arrondissements de Montauban et de Caussade, la domination notabiliaire, renforcée par les pratiques clientélaires propres aux députés sortants, fait clairement obstacle à la nomination d’un candidat soutenu par les agents de l’administration préfectorale. Il faut bien comprendre les implications pour le travail préfectoral, de l’existence de réseaux locaux stabilisés de notables dans le cadre d’une configuration de ce type. Claude-Isabelle Brelot a montré, à propos de la Franche-Comté, comment une structure aristocratique, c’est-à-dire un réseau stabilisé de relations sociales, peut aller jusqu’à la mainmise de quelques familles sur la répartition des charges publiques22. Du fait de leur position centrale dans un espace de transaction restreint, certains des « chefs de réseau » furent en mesure de s’imposer ou de s’opposer aux désignations royales. Lorsque de tels personnages ne bénéficiaient pas de l’onction du gouvernement royal pour l’obtention d’une charge publique, la puissance des réseaux locaux dont ils étaient les pivots pouvait être activée et fonctionner à leur profit exclusif. Le contrôle des nominations électives impliquait en effet que les réseaux préexistants ne s’opposent pas aux désignations royales qui, le plus souvent, ne faisaient que ratifier la prééminence locale de familles dont la légitimité aristocratique pesait sur ce type de transactions et plus particulièrement sur l’allégeance des électeurs censitaires.
8Dans ces conditions, la défaite ministérielle se traduit par l’impossibilité de soutenir un candidat et non par le résultat du scrutin lui-même. C’est donc le préfet qui doit, en quelque sorte, prendre acte de cette défaite vis-à-vis de son supérieur, et ce avant même la réunion des collèges et l’élection. Voici comment H.-I. Darcy présente au ministre de l’Intérieur la situation dans l’arrondissement de Montauban le 20 février 1839, dix jours avant le scrutin :
« Il me paraîtrait peu opportun de susciter un candidat tel quel, dont la défaite trop éclatante réagirait d’une manière fâcheuse sur le Gouvernement qui l’aurait adopté pour sien. Le collège devant se réunir à Montauban, il est possible que nous parvenions à improviser une candidature le jour même de l’élection ; mais jusqu’à présent mes efforts sont demeurés sans effet. »
Extraits du rapport du préfet de Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur du 20 février 1839. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
9Cette situation favorable aux députés sortants est mise en parallèle avec la faiblesse des moyens d’influence dont disposeraient les agents de l’administration :
« L’autorité départementale est depuis longtemps désarmée. Son patronage est peu efficace. L’omnipotence a passé aux députés ; les aspirants aux places se tournent de préférence vers les candidats parlementaires qu’ils supposent devoir tôt ou tard reprendre auprès du Gouvernement leur crédit accoutumé. »
Extraits du rapport du préfet de Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur du 20 février 1839. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
10La situation est d’autant plus difficile pour H.-I. Darcy que sa position locale est bien peu assurée. Non seulement il connaît très mal les élites sociales locales, alors que cette connaissance est indispensable à l’évaluation des chances électorales des uns et des autres, mais son autorité administrative est contestée par ses adversaires qui font courir le bruit de son prochain remplacement par son prédécesseur Prudent Bruley. Dans ces conditions, il ne parvient guère à contrer les candidatures des députés sortants M. de Malleville et de M. Janvier dans les collèges de Caussade et de Montauban.
« J’ai eu l’honneur de vous informer par le télégraphe du résultat des élections de Tarn-et-Garonne. Le scrutin a confirmé les espérances et les craintes que j’avais exprimées précédemment.
[À Caussade] M. De Malleville est passé sans opposition.
[À Moissac] M. Duprat a obtenu une assez belle majorité malgré les efforts de ses trois concurrents.
À Castelsarrasin, la nomination de M. De Saget ou de M. Faune-D’Ere se trouve placée dans les mains des légitimistes ainsi que je l’avais pressenti. Parmi ceux-ci les uns menacent de s’unir aux amis de M. Faune-D’Ere, les autres se joindront à M. De Saget. Une dernière fraction restera neutre ; si cette situation se prolonge aujourd’hui, il est difficile de prévoir quel nom sera en définitive proclamé.
À Montauban-ville, nous avons touché le but, nous l’aurions atteint sans les circonstances que je vais rapporter.
La gauche s’est obstinée malgré mes instances à vouloir repousser du bureau définitif M. Cornac, président du Tribunal civil, qui nommé par l’influence réunie de M. Persil alors ministre, et de M. Janvier avait soutenu depuis 15 jours, d’une manière extrêmement active, la candidature de ce dernier. Je savais que plusieurs officiers ministériels, disposés en faveur de M. Rous, se refusaient néanmoins à expulser M. Cornac du bureau. Il était imprudent dès lors de compromettre au début les chances de M. Rous en le forçant à lutter contre M. Cornac qui pouvait obtenir ainsi une majorité factice qu’on ne manquerait pas d’exploiter au profit de M. Janvier. Mes craintes se sont vérifiées : M. Cornac a eu 36 voix de majorité, tandis que les scrutateurs en ont obtenus 15 seulement.
Cet échec apparent a exalté les légitimistes, et par une conséquence toute naturelle, a détaché de nos rangs ceux qui attendant pour avoir un avis que le succès ait commencé de se déclarer.
Mais une circonstance plus grave encore a exercé une influence fatale sur l’élection : les lettres de Paris envoyées avec profusion, affirmaient que les chefs de la coalition devenus incessamment ministres, avaient pris l’engagement formel de replacer M. Bruley au poste même qu’il avait perdu. On a poussé la précaution jusqu’à écrire que celui-ci toucherait son traitement à partir du jour de mon installation comme si mon temps d’exercice était une sorte d’interrègne qui ne dût pas compter. Enfin les effets de mon prédécesseur sont restés à Montauban, m’a-t-on dit, et on a été autorisé à expliquer ce retard par le prochain retour de ce dernier. Il est arrivé de là qu’une démobilisation véritable s’est emparée d’une portion des électeurs qui ont la coutume de voter avec l’administration ; indécis entre le préfet d’aujourd’hui et le préfet de demain, ils ont passé dans les rangs du parti qui menaçait le plus fort, c’est-à-dire celui [du député sortant] M. Janvier. »
Extraits du rapport du préfet de Tarn-et-Garonne au ministre de l’Intérieur du 4 mars 1839. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
11Cet exemple nous montre que la défaite électorale n’est pas, dans ce type d’élections, réductible à l’arithmétique du scrutin et aux seuls votes des électeurs censitaires. Pour un préfet, l’impossibilité de soutenir des candidats ministériels est déjà une défaite en soi. À cette défaite en rase campagne, il eût préféré une défaite « honorable », le terme revient à plusieurs reprises sous sa plume, c’est-à-dire une confrontation entre deux candidats où il eût été en mesure de déployer au profit de l’un d’entre eux le répertoire d’action de la candidature officielle. Dans ce cas au moins, le jeune préfet aurait pu faire preuve et donner à voir ce savoir-faire électoral et cette capacité d’influence qui, de plus en plus souvent à l’époque, étaient exigés des agents de l’administration. Conséquence directe de cet échec électoral, le 18 octobre 1839, H.-I. Darcy était nommé dans l’Aube et quitta Montauban pour Troyes, vraisemblablement à la demande des parlementaires qu’il avait en vain combattus.
Défaites et configurations électorales
12La variété des configurations électorales sous la monarchie de Juillet ne permet pas d’analyser en bloc les différentes séquences électorales. La notion même de défaite, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, ne s’applique véritablement qu’à certaines configurations. Car pour qu’il y ait défaite, encore faut-il qu’il y ait candidature publique. D’une certaine manière la défaite avant d’être un fait social est une propriété configurationnelle. Cela nous amène à distinguer radicalement la notion de défaite à la fois de celle de verdict et de celle de résultat. Le résultat de l’élection est la traduction arithmétique des suffrages exprimés en fonction des règles de comptabilisation (et le cas échéant de traduction des voix en sièges) en vigueur. Le verdict est l’ensemble des conséquences politiques liées aux opérations électorales, dont au premier chef la désignation de représentants, mais aussi des représentations et des commentaires qui accompagnent ces désignations. La défaite est par conséquent une variété de verdict qui prend sens à partir d’une candidature préalable, contraignant en quelques sorte les différents observateurs à évaluer de manière binaire (défaite ou victoire) les conséquences pour le candidat et ses soutiens du résultat de l’élection.
13En m’appuyant sur le schéma des configurations électorales sous la monarchie de Juillet que j’ai élaboré avec Laurent Quéro23, je souhaiterais montrer que la défaite électorale ne prend véritablement sens que dans les configurations de type 2 et 3, celles où la concurrence entre différents candidats déclarés fait de la victoire de l’un d’entre eux, et par conséquent de la défaite des autres, l’issue logique de cette compétition.
Tableau 2 – Configurations électorales et suffrage censitaire

14La première configuration (domination notabiliaire) se caractérise par une faible différentiation des positions relatives et une faible mobilisation autour des enjeux électoraux. Ce type de configuration est d’autant plus probable que le nombre d’électeurs, et surtout d’éligibles, est faible. La nomination s’apparente alors à une « épreuve » de la domination exercée par un joueur ou une famille de joueurs dont le capital de relations sociales est retranscrit en bulletins de votes. Le vote s’inscrit alors dans le cours des relations sociales ordinaires. Ni la mobilisation des agents de l’administration ou d’agents électoraux privés, ni les rivalités entre joueurs ne viennent troubler, à l’occasion du scrutin, une configuration stable qui repose sur des « chaînes d’interdépendance » à la fois courtes et solides24. Une telle configuration rend d’ailleurs quasi-impossible le succès de candidats extérieurs à la circonscription électorale. Dans ces configurations, la nomination élective n’est qu’une confirmation de la puissance sociale des notables. Il n’y a pas de candidatures à proprement parler et par conséquent ni victoire ni défaite.
15La deuxième configuration (concurrence arbitrée) se caractérise par des rivalités sociales entre joueurs, notables ou notabilités, dont les chances de puissance sont comparables. Ces rivalités peuvent trouver dans la nomination élective et dans les postes offerts à cette occasion un terrain de lutte. À la longue, ce type d’épreuve affaiblit l’autorité « traditionnelle » des notables car elle oblige les électeurs censitaires à faire des choix, et à le faire publiquement, en s’appropriant des clivages politiques définis dans d’autres arènes. De plus, cette concurrence peut entraîner une forme de surenchère coûteuse dans l’investissement électoral où vont s’épuiser les ressources personnelles des candidats25. Lorsque chacun des candidats à la nomination se proclame également « fidèle » au gouvernement en place, ce type de configuration contraint les agents de l’administration à adopter une position d’arbitre afin de ne pas s’aliéner le soutien du vainqueur dont l’identité était difficile à prévoir. Dans ces configurations, c’est cette dynamique concurrentielle qui oblige les candidats potentiels à se déclarer et à faire usage de « biens d’équipement pratiques » : professions de foi, réunions publiques, scrutins préparatoires, articles de presses, etc.
16La troisième configuration (candidature recommandée) correspond à la présence de ce que l’on désignait sous la monarchie de Juillet sous le terme de candidature ministérielle. L’ampleur du répertoire d’action dont disposaient les agents de l’administration dans leur soutien contraignait les autres candidats potentiels, y compris les notables, soit à un affrontement direct, soit à la recherche préalable de l’obtention du précieux label préfectoral qui était alors interprété comme un ralliement au gouvernement. Ce type de configuration pouvait être assez stable, surtout s’il y avait beaucoup de fonctionnaires publics parmi les électeurs. Inversement, les pratiques de la candidature officielle pouvaient susciter des contestations, qui dépassaient les limites du jeu électoral, et favoriser des coalitions d’opposants, comme en 1834 où ponctuellement il y eu des alliances électorales entre légitimistes et républicains26. Dans ces configurations, il y a asymétrie des candidatures : les candidats ministériels bénéficient du soutien des agents de l’administration, au premier chef de ceux qui ont la qualité d’électeur, alors que les candidats de l’opposition, étroitement surveillés27, sont beaucoup plus limités dans leurs moyens d’action. Lorsque les candidats d’opposition sont des candidats « exotiques », le plus souvent des figures de l’opposition parlementaire, il est fréquent que leur nom serve de ralliement aux électeurs dans plusieurs collèges simultanément.
17Quoi qu’il en soit, pour apprécier le poids d’une défaite électorale dans les configurations de type 2 et 3, dont la fréquence augmente dans les années 1840, il faut tenir compte de la situation personnelle des candidats, qu’ils soient candidats ministériels ou candidats d’opposition. Lorsqu’ils sont « étrangers à la localité », leur défaite a beaucoup moins de répercussions que lorsqu’ils appartiennent au cercle étroit des élites de l’arrondissement ou du département. Le tableau ci-dessous synthétise les différents cas de figure.
Tableau 3 – Essai de typologie des conséquences d’une défaite électorale
| Candidat « local » Remise en cause de la stratégie suivie par le préfet du départe-Candidat ministériel ment si première candidature ; défaite intuiti personae si député sortant. | Candidat « exotique » Erreur sans conséquence pour le préfet du département si le choix a été imposé par le ministère de l’Intérieur. |
| Perte de l’accès aux ressources Candidat d’opposition offertes par l’administration ; stigmatisation éventuelle. | Défaite sans conséquence si candidatures multiples. |
18Rétrospectivement, l’historien peut entrevoir des conséquences imprévues à plus long terme des défaites électorales. Beaucoup des républicains « de la veille », élus représentants en avril 1848, ont ainsi bénéficié à cette occasion de la notoriété et des réseaux construits dans le cadre de candidatures d’opposition, alors vouées à la défaite, sous la monarchie de Juillet28. C’est le cas, par exemple, de Victor Guichard, candidat d’opposition dans l’arrondissement de Sens (département de l’Yonne) dont H.-I. Darcy se félicite en 1834 de mettre en échec la candidature dans une lettre au Baron Thénard.
« Vous avez été sans doute informé, Monsieur le Baron, que M. Guichard et ses amis se multiplient dans toutes les communes de l’arrondissement. M. Guichard s’invite à la table des électeurs ruraux, pénètre dans les cafés, se montre sur les marchés publics, serre la main à tout venant : ce sont les hustings transportés à Sens. Je désire bien vivement que M. Guichard en soit pour ses frais d’invention.
Par malheur, il n’y a point à Sens d’esprit politique. Une grande majorité se prononcerait contre M. Guichard Républicain. Elle sera beaucoup plus faible contre M. Guichard cultivateur, avocat gratuit des causes de ses voisins, fils de l’ancien Receveur général du département. En un mot, c’est plutôt l’individu, que le représentant d’une doctrine que les électeurs songeront à nommer. »
Lettre au baron Thénard du 13 juin 1834. Archives départementales de Côte-d’Or 113 J 13.
19C’est en lien avec l’intensité de ces pratiques de sollicitation qu’il juge parfaitement inconvenantes, d’où le recours à un mot anglais pour les stigmatiser, que le préfet Darcy envisage la défaite du candidat d’opposition. Sa défaite sera d’autant plus grande que sa candidature aura été publiquement exposée. Ce faisant, il nous livre sans doute une des clefs de la signification d’une défaite électorale pour les élites administratives de la monarchie de Juillet.
20La notion de défaite me semble, au vu de ce qui précède, étroitement liée à une conception moderne de l’élection, autrement dit au modèle de l’élection libre et concurrentielle. Avant que ce modèle ne s’impose durablement, sous la Troisième République dans le cas français, on ne compte plus les élections sans défaite(s) ! Les nominations électives auxquelles procédaient les collèges électoraux de la monarchie de Juillet n’impliquaient pas nécessairement en effet une lutte électorale publique, mettant en jeu la réputation et la puissance sociale de candidats déclarés et identifiés comme tels. Dans ces conditions, il convient sans doute de faire de la défaite électorale un des sous-produits du passage d’un modèle électif à l’autre29. Comme élément d’un verdict adossé à une arithmétique liée au comptage des votes, la défaite électorale est une modalité singulière d’objectivation du réel. Soumis à de multiples épreuves (élections primaires, débats publics, sondages, etc.), les candidats aux élections du xxie siècle ne sont plus vraiment en mesure d’échapper à ces verdicts, même s’ils persistent parfois à multiplier les arguties discursives pour tenter de convaincre leurs interlocuteurs qu’ils ont échappé à la défaite… Inversement, l’autonomie croissante du champ politique limite l’impact social de ces défaites de plus en plus considérées comme l’équivalent des compétitions sportives. La banalisation de la défaite électorale est donc une dimension parmi d’autres de la professionnalisation politique. Aucune défaite n’est jamais définitive, ce qui montre bien le caractère relatif des verdicts électoraux. Il n’y a plus grand-chose de tragique dans la politique électorale…
21C’est pourquoi le (bon) mot de Talleyrand, « il ne suffit pas de réussir. Il faut que les autres échouent » prendrait aujourd’hui un sens bien différent de celui qu’il pouvait avoir pour ses contemporains en 181530. La défaite électorale est née, dans le cas de la France, de l’implication durable d’agents de l’État dans le processus de sélection des représentants. Le terme de défaite n’est donc compréhensible que dans le cadre d’un processus singulier de construction d’un État parlementaire. C’est peu dire que toute tentative de traduction de ce terme suppose de prendre en compte les particularités de ce processus. Cette conclusion, aussi fragile et provisoire qu’elle puisse paraître, a d’ailleurs des implications quant à la nature même de l’explication du vote (ou si l’on préfère de la « science électorale »). L’identification des candidats ou des partis défaits n’est pas nécessairement un invariant de l’explication raisonnée des opérations électorales. Elle n’a de sens que par rapport à un type particulier de compétition : l’élection libre et concurrentielle qui, parce qu’elle est fréquemment identifiée à l’idéal-type de la démocratie représentative, nous semble malgré tout préférable aux autres31.
Notes de bas de page
1 Voilliot Christophe, La candidature officielle. Une pratique d’État de la Restauration à la Troisième République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2005, 298p.
2 « L’exercice de la discipline suppose un dispositif qui contraigne par le jeu du regard ; un appareil où les techniques qui permettent de voir induisent des effets de pouvoir, et où, en retour, les moyens de coercition rendent clairement visible ceux sur qui ils s’appliquent ». Foucault Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1993 (1re ed. 1975), p. 201.
3 Garrigou Alain, « La construction sociale du vote. Fétichisme et raison instrumentale », Politix, no 22, 1993, p. 28-33.
4 Karila-Cohen Pierre, « Compter les opinions : une utopie gouvernementale dans les premières années de la monarchie de Juillet (1832-1835) », in Harismendy Patrick (dir.), La France des années 1830 et l’esprit de réforme, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2006, p. 121-135.
5 De Waresquiel Emmanuel et Yvert Benoît, Histoire de la Restauration, 1814-1830. Naissance de la France moderne, Paris, Librairie Académique Perrin, 1996.
6 Une sélection de documents issus de ces archives privées a été publiée au siècle dernier sous le titre Hugues-Ièna Darcy, 1806-74, Paris, Gauthier-Villars & Cie, 1926, 360 p.
7 Archives nationales F1bI 158/3.
8 Fortenzer Thomas R., French Provincial Police and the Fall of the Second Republic. Social Fear and Counterrevolution, Princeton, Princeton Legacy Library, 2014 (1re ed. 1981), p. 72.
9 Il siège notamment comme administrateur de la Compagnie des forges de Châtillon-Commentry avant d’occuper la présidence de la Société Commentry-Fourchambault et de l’Entreprise du gaz de Marseille. Lambert-Dansette Jean, Histoire des entreprises et des chefs d’entreprise en France. Tome 1 : Le temps des pionniers, 1830-80, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 441 ; Jobert Philippe (dir.), Les patrons du Second Empire – Bourgogne, Paris, Picard, 1991, p. 47-50.
10 Karila-Cohen Pierre, « Les préfets ne sont pas des collègues. Retour sur une enquête », Genèses, no 79, 2010, p. 117.
11 Quéro Laurent et Voilliot Christophe, « Travail électoral et pratiques administratives dans le cadre du suffrage censitaire. Enquête sur un refus », Revue d’histoire du xixe siècle, no 26-27, 2003, p. 131-147.
12 Agulhon Maurice, « 1830 dans l’histoire du xixe siècle », Romantisme, no 28-29, 1980, p. 15-27.
13 Meuriot Paul, « La population et les lois électorales en France de 1789 à nos jours », Journal de la Société de statistique de Paris, vol. 57, 1916, p. 298. En fait, la loi électorale de 1831 introduit également un troisième principe de sélection fondé sur le mérite en donnant le droit de vote sous certaines conditions aux membres et aux correspondants de l’Institut et aux officiers touchant une pension de retraite supérieure à 1200 francs et dont le montant des contributions excédait 100 francs. Cette dernière catégorie d’électeur était d’ailleurs numériquement limitée : 668 sur un total de 168813 pour la France entière.
14 Aprile Sylvie, La révolution inachevée (1815-1870), Paris, Belin, coll. « histoire de France », 2010, p. 65.
15 Erre Fabrice, Le règne de la Poire. Caricatures de l’esprit bourgeois de Louis-Philippe à nos jours, Seyssel, Champ Vallon, 2011 ; Kerr David, Caricature and French Political Culture, 1830-1846. Charles Philipon and the Illustrated Press, Oxford, Clarendon Press, 2000 ; Le Men Ségolène, « Gravures, caricatures et images cachées : la genèse du signe du roi en Poire », Genèses, no 24, 2004, p. 42-69.
16 Sewell William H., « La confraternité des prolétaires : conscience de classe sous la monarchie de Juillet », Annales ESC, vol. 36, no 4, 1981, p. 650-671.
17 Caron Jean-Claude, L’été rouge. Chronique de la révolte populaire en France, 1841, Paris, Aubier, 2002.
18 Voilliot Christophe, « Esquisse d’une lutte des places. Les luttes parlementaires sous la monarchie de Juillet », communication au 12e congrès de l’AFSP, Paris, juillet 2013.
19 Sur les élections législatives de 1834, voir Voilliot Christophe, « Des candidats contre les “extrêmes” : l’action électorale des préfets dans la préparation des élections législatives de 1834 », in Biard Michel, Gainot Bernard, Pasteur Paul et Serna Pierre (dir.), « Extrême » ? Identités partisanes et stigmatisation des gauches en Europe (xviiie-xxe), Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2012, p. 187-200.
20 de Sédouy Jacques-Alain, Le comte Molé ou la séduction du pouvoir, Paris, Perrin, 1994.
21 La Chambre des députés est dissoute le 2 février 1839 par Ordonnance du roi qui convoque les collèges électoraux pour le 2 mars.
22 Brelot Claude-Isabelle, La noblesse réinventée. Nobles de Franche-Comté de 1814 à 1870, Besançon, Annales littéraires, 1992.
23 Quéro Laurent et Voilliot Christophe, « Du suffrage censitaire au suffrage universel : Évolution ou révolution des pratiques électorales ? », Actes de la recherche en sciences sociales, no 140, décembre 2001, p. 35. Voilliot Christophe, « Pour une analyse configurationnelle des élections. Norbert Elias et le vote », Cultures et Conflits, no 109, 2018, p. 83-104.
24 Norbert Elias définit les chaînes d’interdépendance comme « la transformation de l’ensemble des relations sociales dans le sens d’un renforcement des dépendances et des contrôles réciproques et multipolaires ». Elias Norbert, Qu’est-ce que la sociologie ?, Paris, Presses-Pocket, 1993 (1970), p. 79.
25 Le phénomène est surtout perceptible à partir du moment où l’augmentation du nombre d’électeurs à mobiliser va accroître les dépenses à effectuer. Sur cette question, voir Phélippeau Éric, L’invention de l’homme politique moderne. Mackau, l’Orne et la République, Paris, Belin, 2002.
26 Voilliot Christophe, « Des candidats contre les “extrêmes” : l’action électorale des préfets dans la préparation des élections législatives de 1834 », art. cité.
27 Voilliot Christophe, « Le rôle des préfets dans les pratiques de la surveillance électorale au xixe siècle », in Laurent Sébastien (dir.), Politique sous surveillance, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2011, p. 141-157.
28 Voilliot Christophe, Le département de l’Yonne en 1848. Analyse d’une séquence électorale, Vulaines-sur-Seine, Éditions du Croquant, 2017, chap. 2.
29 Sur cette notion de nomination élective, voir Voilliot Christophe, « L’opération électorale », in Cohen Antonin, Lacroix Bernard et Riutort Philippe (dir.), Nouveau manuel de science politique, Paris, La Découverte, 2015 (2e ed.), p. 425-435.
30 Voilliot Christophe, « Les incidents électoraux et la contestation des pratiques de la candidature officielle en 1816 », in Bourdin Philippe, Caron, Jean-Claude et Bernard Mathias (dir.), L’incident électoral de la Révolution française à la Ve République, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, coll. « histoires croisées », 2002, p. 97.
31 Le « malgré tout » est une allusion à la critique des élections que l’on retrouve dans plusieurs publications récentes. Voir Ihl Olivier, « Démocratie et élection », Revue française de science politique, vol. 64, no 4, 2014, p. 784-790.
Auteur
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Christophe Voilliot
Maître de conférences en science politique, université Paris-Nanterre, SOPHIAPOL.
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