4. La starisation de Rachida Dati dans la presse magazine
p. 89-107
Texte intégral
1En couverture du Paris match du 10 septembre 2008 s’affiche une Rachida Dati rayonnante posant dans un palace parisien vêtue d’une robe de grand couturier. Ces clichés pour le moins hollywoodiens illustrent à merveille ce que David Marshall a décrit comme « un déplacement des stratégies de communication de l’industrie du spectacle et des relations publiques vers l’organisation du spectacle de la politique » (Marshall, 1997 : xiii) qui tend à faire apparaitre les politiques comme des stars.
2Dans Pictures Personnalities, Richard de Cordova établit une distinction entre ce qu’il appelle la « personnalité cinématographique » et la « star » (De Cordova, 1990). Selon lui, celle-ci ne saurait être caractérisée par sa seule notoriété. Entrerait également en compte la nature des informations circulant à son sujet. En ce sens, un comédien qui ne serait connu que pour son travail ne serait pas une « star » mais une « personnalité cinématographique », et ce quelle que soit l’étendue de sa célébrité. Le qualificatif de « star » ne se justifierait qu’à partir du moment où le commentaire s’étend à d’autres éléments, notamment sa vie privée.
3Or, comme l’explique l’économiste Françoise Benhamou, ces pratiques issues du monde du spectacle ont depuis largement fait tache d’huile. « [Le star-système] est devenu le mode de fonctionnement quasi naturel de nombre d’activités, écrit-elle » (Benhamou, 2002 : 13). Cette logique de capitalisation sur une image privée préalablement construite a ainsi gagné le champ politique. À côté de « personnalités politiques », connues pour leur action politique, ont émergé des « stars », connues pour d’autres aspects de leur existence. L’objectif est alors de faire en sorte que la vie professionnelle et la vie privée se renforcent mutuellement, que l’image professionnelle de la star donne l’impression de refléter simplement sa vie privée…
4Cette starisation des personnalités politiques n’est certes pas nouvelle. Elle peut même être considérée comme un passage obligé pour tous les candidats à l’élection présidentielle. Rachida Dati en incarne néanmoins une forme que d’aucuns qualifieraient de paroxystique dans la mesure où l’ancienne garde des Sceaux semble bel et bien plus connue pour sa vie privée que pour son action politique, pourtant loin d’être insignifiante. En effet, que de commentaires ont pu susciter ses origines familiales, son goût pour les grands couturiers, les pères putatifs de la petite fille née alors qu’elle était au gouvernement. Il n’est du reste pas rare de voir la presse, mais aussi ses rivaux, recourir au champ lexical du monde du spectacle lorsqu’il s’agit d’évoquer Rachida Dati1. L’analyse du traitement médiatique de l’ancienne garde des Sceaux apparaît donc particulièrement pertinente pour identifier les ressorts de la starisation.
5Le cas de Rachida Dati présente une autre particularité. Celle-ci doit en effet sa carrière politique à la volonté de Nicolas Sarkozy de promouvoir des personnalités représentant « la diversité ». L’instrumentalisation de sa vie privée était donc, indépendamment de la faveur de son mentor, la principale ressource sur laquelle elle pouvait s’appuyer pour asseoir sa position dans le champ politique. Son parcours se révèle éclairant quant à l’efficacité d’une telle stratégie.
6Car n’est pas une star qui veut. Il ne suffit pas à une personnalité politique de faire des confidences sur sa vie privée pour accéder à ce statut. Le coming out de Roger Karoutchi alors qu’il était secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement est par exemple passé à peu près inaperçu2. De même, la publicisation des grossesses de Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas eu, loin s’en faut, l’écho de la naissance de la fille de Rachida Dati3. La star doit donc être envisagée comme une co-construction impliquant trois types d’acteurs : une personnalité politique, les médias qui interviennent comme instance de reproduction mais aussi comme instance de sélection, et l’opinion publique qui se manifeste à la fois comme un ensemble de consommateurs d’informations et d’électeurs. Ce sont donc leurs interactions que nous nous proposons de mettre en évidence à travers l’analyse du traitement de Rachida Dati dans la presse magazine.
7Sans doute faut-il considérer la starisation comme ce que Philippe Marion appelle un phénomène transmédiatique, c’est-à-dire qu’il se développe dans plusieurs médias (Marion, 1997, 70)4. La presse hebdomadaire n’en constitue pas moins un vecteur privilégié de la starisation des politiques de par sa tendance à privilégier ce qu’Adeline Wrona appelle « le récit d’individu » (Wrona, 2005 : 93). Elle en est aussi bien souvent un vecteur premier dans la mesure où, offrant moins d’espace que la télévision, internet ou même la presse quotidienne, elle doit se montrer plus sélective dans le choix de ses sujets. Ce qui fait que s’il est par exemple relativement aisé pour des outsiders du champ politique de se faire inviter dans certains talk-shows, une couverture ou un long portrait dans la presse magazine peut apparaitre comme une forme de consécration dans la mesure où seules les personnalités les plus éminentes font l’objet de ces attentions.
8Nous nous limiterons ici à trois catégories d’hebdomadaires, définies par l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias : la « presse d’information », qui regroupe des journaux dont la ligne éditoriale assume une orientation politique ; la presse « d’actualité générale », celle des picture magazines et dont le titre phare est Paris Match ; la presse people, c’est-à-dire spécialisée dans les célébrités, dans laquelle nous rangerons également des journaux qui se définissent comme « féminins ». Notre attention portera en particulier sur les numéros dont Rachida Dati a fait la couverture. On y trouve en effet des articles-portraits d’un format propice au dévoilement d’éléments privés5.
9Il s’agira dans un premier temps de montrer que la starisation de Rachida Dati s’inscrit dans une tendance générale qui voit certains responsables politiques chercher à instrumentaliser leur vie privée pour accroitre leur visibilité médiatique (1).
10Nous en soulignerons ensuite le caractère évolutif. La starisation de Rachida Dati a ainsi commencé dans la presse d’information, où ses confidences sur ses origines lui ont valu d’être présentée comme un symbole de la méritocratie républicaine et de l’intégration réussie (2). Durant cette phase, l’image privée de la ministre renvoyée par la presse magazine correspondait à ce qu’elle souhaitait. Cela n’a guère duré et le traitement de Rachida Dati s’est rapidement fait plus critique. La singularité de son parcours a alimenté un procès en légitimité, tandis que l’on attribuait les difficultés rencontrées dans son action politique par une propension à jouer les « divas » (3). Avec l’annonce de sa grossesse, la starisation de Rachida Dati est encore entrée dans une nouvelle phase. La garde des Sceaux a suscité la curiosité de la presse de célébrités, ce qui lui a certes permis de renforcer sa visibilité, mais lui a valu en même temps d’incarner aux yeux de la presse d’information les dérives de la peopolisation politique (4). Nous nous interrogerons enfin sur l’efficacité de la starisation en tant que ressource politique en essayant de mesurer les bénéfices que Rachida Dati a pu tirer de la sienne (5).
Des politiques en quête de visibilité
11Cette extension de la logique du star-system à la vie politique qu’illustre Rachida Dati s’inscrit dans une évolution du paysage médiatique, caractérisée principalement par une explosion de l’offre à partir des années 1990, qui tend à accroitre l’importance de la notoriété et de la « visibilité » comme ressources politiques (Heinich, 2012).
12Le traitement de la vie politique française se caractérise en effet par une focalisation croissante sur les leaders. Il se trouve donc qu’ils sont d’abord les plus « visibles ». Comme l’explique Nathalie Heinich, la visibilité implique une dissymétrie qui « provient […] du nombre de personnes capables de rapporter un nom à un visage, de sorte que l’écart entre la multiplicité des sujets qui “reconnaissent” et l’unicité de l’objet “reconnu” étire le lien qui les unit jusqu’à une admiration collective » (Heinich, 2012 : 38).
13L’exposition médiatique instaure ainsi symboliquement un déséquilibre qui profite aux personnalités politiques, en même temps qu’elle instaure entre elles une hiérarchie qui relève en fait peu ou prou de l’effet d’agenda (McCombs et Shaw, 1972 : 176). Cette visibilité n’est pas nécessairement liée à une position institutionnelle. Elle peut être également un moyen d’en conquérir une. Selon Christian Le Bart, elle est, avec la détention d’un fief électoral, l’une des ressources personnelles qui confèrent une autonomie stratégique dont une manifestation est une liberté de ton à l’égard des organisations partisanes (Le Bart, 2013 : 72).
14La visibilité constitue cependant un capital dont l’évolution du champ médiatique tend à favoriser la concentration. En effet, la multiplication des espaces de promotion, loin d’avoir favorisé l’émergence de nouvelles têtes, s’est accompagnée ce que Robert King Merton a baptisé « l’effet Matthieu » : « à ceux qui ont tout, tout sera donné au surplus » (Merton, 1968b : 53). Elle a rendu certaines personnalités encore plus « visibles » et écarté les autres. Les travaux sur l’économie de l’attention nous permettent de comprendre les raisons d’une telle polarisation. En effet, l’information est aujourd’hui abondante et souvent gratuite, notamment depuis l’avènement de l’Internet (Goldhaber, 1997). Mais, la profusion d’une ressource entraine nécessairement la pénurie d’une autre (Simon, 1971 : 38), qui est, en l’occurrence, l’attention des receveurs. Celle-ci fait en conséquence l’objet d’une compétition de plus en plus âpre. Or, selon la fameuse loi mise en évidence par l’économiste Harold Hotelling (Hotelling, 1929), la concurrence favorise une moindre différenciation des produits. Les médias vont ainsi avoir tendance à tous se focaliser sur ceux, peu nombreux, qui sont les mieux à même de capter l’attention la plus large, à savoir les personnalités politiques les plus en vue. On n’a donc qu’un nombre limité de personnalités pour alimenter un nombre croissant de programmes, ce qui est propice à leur starisation dans la mesure où cela implique souvent, pour avoir toujours quelque chose à raconter, de fouiller dans la vie privée, d’évoquer leurs familles, etc.6. Le dévoilement est ainsi une exigence médiatique à laquelle les politiques désireux de se construire une « visibilité » doivent souvent se plier, ce que certains, Rachida Dati en tête, font de bonne grâce.
15Pour comprendre pourquoi l’exposition de sa vie privée est un moyen si efficace d’accéder à la visibilité médiatique, il convient également de regarder du côté du public. On se référera ici aux travaux du psycho-sociologue écossais Alex Mesoudi. Dans un article paru en 2006, celui présente le résultat d’une expérience sur l’attirance pour les potins et la vie privée des gens, célèbres ou pas (Mesoudi, Whiten et Dunbar, 2006)
16On a ainsi proposé à des volontaires de lire un texte où il est question d’une étudiante, avec notamment des informations sur son âge, sa famille, son université (Denver, Colorado), ses études, ses amis et sa vie privée. On demande ensuite aux volontaires d’écrire ce qu’ils ont retenu. Suivant le principe du « téléphone arabe », leur récit est alors lu par d’autres personnes qui, à leur tour, vont réécrire l’histoire, et ainsi de suite en passant par quatre groupes successifs. L’idée est de voir ce qu’il reste de cette petite biographie une fois passée par ces filtres mémoriels.
17Or, il s’avère que les gens ont surtout retenu que l’étudiante avait noué une liaison avec un professeur et s’était disputée avec son amie. Tout le reste, à savoir les informations sur l’université du Colorado ou la profession des parents, a été soit occulté, soit passablement déformé. Ainsi, pour Alex Mesoudi, si les gens aiment tant savoir ce qui se passe dans la vie privée des autres, cela ne relève pas de l’espèce de voyeurisme malsain souvent dénoncé. C’est en fait le résultat d’un processus mental profondément ancré dans le cerveau humain. L’Être humain est un animal social, destiné à vivre au sein d’un groupe. Ceci implique un besoin de résoudre en permanence des problèmes de relations sociales, liés aux alliances, aux amitiés, aux ruptures. Il a, en conséquence, été amené à développer une compétence particulière dans ce domaine, un intérêt pour tout ce qui touche aux relations humaines intimes, une « intelligence sociale ». Comme l’explique Jean-François Dortier, « observer ce qui se passe chez autrui est une façon d’apprendre, de décrypter, d’expérimenter à moindres frais en regardant comment s’y prennent les autres. Voilà pourquoi nous sommes fascinés par tout ce qui touche aux petits potins » (Dortier, 2009). C’est pourquoi les spéculations sur le nom du géniteur de la fille de Rachida Dati avaient toutes les chances de renforcer la visibilité de l’ancienne garde des Sceaux…
La cendrillon des HLM
18La visibilité médiatique a toujours été la principale ressource politique de Rachida Dati. En effet, celle-ci doit d’abord sa carrière à la faveur de Nicolas Sarkozy, avec lequel elle a commencé à travailler en 2002, et qui en a fait l’une de ses porte-parole pour la campagne présidentielle de 2007. Ce choix s’inscrivait dans une logique de promotion de représentants des « minorités visibles », dont Frédérique Matonti a relevé qu’elle a profité avant tout aux femmes, jolies si possible (Matonti, 2017 : 165)7. Rachida Dati ne disposait alors d’aucune assise partisane, n’ayant adhéré à l’UMP que quelques semaines plus tôt. Elle n’avait pas davantage d’ancrage territorial. Devenue garde des Sceaux après la victoire de son candidat, elle va donc utiliser son ministère pour se construire une visibilité médiatique, grâce surtout à l’instrumentalisation de sa vie privée à des fins promotionnelles.
19Pour John Castles, les stars ne sont pas reproduites parce qu’elles sont des stars, elles sont des stars précisément parce qu’elles sont reproduites (Castles, 2007 : 25), ce qui souligne opportunément le rôle fondamental des médias dans l’émergence d’une star. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas dans la presse « people », mais dans la presse d’information que s’est opérée la starisation de Rachida Dati, qui a su s’appuyer sur sa position institutionnelle pour se placer au cœur de l’agenda médiatique.
20Elle a ainsi fait montre d’une « frénésie » réformatrice8 qui lui a permis, durant tout son séjour place Vendôme, d’enchainer les « unes » dans la presse hebdomadaire d’information, 19 au total entre mai 2007 et mai 20099. Mais ce n’est pas tant au contenu des nombreuses réformes portées par la garde des Sceaux que l’on s’est intéressé10, qu’à des aspects débordant largement son action politique. Cela ne doit pas surprendre, car si en règle générale la presse « sérieuse » n’a pas de mots assez durs pour décrire les journaux spécialisés dans la vie privée des célébrités, ce « monde parallèle11 », elle en a largement intégré une partie des codes12. La starisation des politiques s’y trouve alors enveloppée dans une psychologisation du traitement de la politique qui justifie le dévoilement d’éléments de la vie privée13.
21C’est donc d’abord le caractère atypique de Rachida Dati, le fait qu’elle soit la première femme issue de l’immigration à exercer un ministère régalien, qui concentre l’attention. Celle-ci l’a, semble-t-il, fort bien compris qui a eu soin, dès le mois d’octobre 2007, d’alimenter la curiosité journalistique avec un livre entretien avec le journaliste Claude Askolovitch (Dati, 2007)14. L’ouvrage, largement autobiographique, est l’occasion pour la ministre de se confier sur son singulier parcours, des cités HLM de Chalon sur Saône aux palais de la République.
22Ce dévoilement participe également d’une stratégie de séduction. « Une des lois psychologiques fondamentales, écrit ainsi Vincent Jouve, est que notre sympathie à l’égard de quelqu’un est proportionnelle à la connaissance que nous en avons : plus nous en savons sur un être, plus nous nous sentons concernés par ce qui lui arrive » (Jouve, 1998 : 132). En effet, un personnage, qu’il soit de fiction ou réel, se définit d’abord comme histoire et « plus on a accès à cette histoire, plus le lien affectif est fort. De là toute la force émotive de l’autobiographie. L’évocation d’un sujet dans la durée a une valeur explicative qui permet de mieux le “comprendre” ». Dès lors qu’il possède la clé du personnage, le lecteur en vient à occuper la position parentale : « il comprend et il s’émeut tout en gardant du recul » (Jouve, 1998 : 138). « Je connaissais tout, immédiatement des désirs de Y…, note ainsi Roland Barthes ; il m’apparaissait alors cousu de fil blanc, et j’étais enclin à l’aimer non plus avec terreur, mais avec indulgence, comme une mère aime son enfant » (Barthes, 1977 : 161).
23D’où l’intérêt pour Rachida Dati de s’épancher sur une enfance dans les quartiers défavorisés qui éclaire son caractère et magnifie sa réussite présente. Tout en se défendant d’être « l’héroïne d’un roman édifiant, à présenter au peuple pour lui arracher des larmes ou l’encourager au travail » (Dati, 2007 : 14), elle se construit ainsi, avec la complicité de relais médiatiques, un personnage de « cendrillon des HLM15 », fille d’un maçon algérien et d’une mère au foyer marocaine, deuxième d’une famille de onze enfants, qui, à force de travail et avec l’aide de quelques « bonnes fées » a su échapper au déterminisme social pour se hisser jusqu’au sommet de l’État. L’ouvrage de la ministre lui vaut non seulement une nouvelle fois les honneurs de la presse d’information, mais aussi la couverture de Paris Match16 et un passage dans l’émission Vivement Dimanche17, deux médias qui confèrent ce qu’Alain Chenu appelle une « célébrité superlative » :
« La presse généraliste, explique Alain Chenu, peut être considérée comme une agence de sélection de second ordre, qui décerne des labels de célébrité superlative à des événements ou des personnes qui ont atteint le premier plan dans telle ou telle sphère de spécialisation et qui, grâce aux très grands médias, deviennent célèbres au-delà de cette sphère. » (Chenu, 2008 : 10)
24Les confidences de la ministre ont donc une caisse de résonnance formidable, ce qui achève sa métamorphose en star.
25Le storytelling proposé semble particulièrement efficace18. James Carville, spin doctor de Bill Clinton lors de sa victoire en 1992, déclarait à la sociologue Francesca Polletta : « je pense que nous pourrions faire élire n’importe quel acteur d’Hollywood à condition qu’il ait une histoire à raconter ; une histoire qui dise aux gens ce que le pays est et comment il le veut. » (Polletta, 2006 : 16). Rachida Dati devient le symbole d’une immigration à la fois réussie et rassurante, un modèle de réussite individuelle prouvant que « lorsqu’on veut, on peut ». Cette identité stratégique refusant toute forme de déterminisme social ou ethnique pour mettre l’accent sur la volonté et le mérite correspond naturellement aux attentes de l’électorat de droite. Mais au-delà de ça, comme l’explique Marion Ballet dans son travail sur l’appel aux émotions dans les campagnes présidentielles, les discours opposant la souffrance présente des électeurs aux difficultés passées des politiques – enfance difficile, début de carrière laborieux, premier mariage raté19 – sont désormais légions. Ils permettent ainsi aux politiques de s’identifier aux citoyens qui souffrent, tout en s’en démarquant puisque, contrairement à ces derniers, ils sont parvenus à surmonter leurs difficultés.
« Cette réussite individuelle à laquelle les électeurs peuvent positivement s’identifier constitue précisément le cœur de cette figure idéal-typique, écrit-elle. Elle s’inscrit pleinement dans le modèle libéral et individualiste de société, dominant en 2007. Ce modèle supposant l’égalité des chances (« quand on veut quelque chose, on peut le faire »), la réussite des candidats témoigne de leur mérite, seule voie légitime d’accès au succès » (Ballet, 2012 : 173).
26C’est donc une façon de souligner les qualités distinctives du politique (le courage, l’énergie, la ténacité), mais sans pousser trop loin l’ostentation de sa supériorité ou d’une domination demeurée taboue.
La chute d’une icône
27Il convient cependant de noter que, dès le début, la curiosité suscitée par la garde des Sceaux n’est pas nécessairement tout à fait bienveillante. On a ainsi tendance à trouver l’histoire trop belle et trop bienvenue pour un Nicolas Sarkozy qui se faisait fort de nettoyer les banlieues au karcher20. « Elle n’a pas l’air vraie21 », écrit d’elle Agathe Logeart dans Le Nouvel Observateur. On se demande volontiers si elle n’est pas qu’une adroite opération de communication. Aussi s’interroge-t-on sur l’authenticité de ses diplômes. L’Express22 a révélé que le MBA européen du groupe HEC-ISA mentionné par Rachida Dati dans son dossier de candidature à l’Ecole Nationale de la Magistrature n’avait en fait jamais été obtenu23. On s’intéresse également très vite au casier judiciaire de ses frères, dealers et toxicomanes. On se demande enfin, plus ou moins insidieusement, si les nombreuses « bonnes fées » qui ont permis à Rachida Dati de connaitre une ascension rapide ne trahissaient pas, au final, les inclinaisons manipulatrices et arrivistes d’une « Rastignac aux yeux de biche24 » qui a réussi grâce à ses relations25.
28Cette tendance se confirme l’année suivante où, si l’attention ne faiblit guère avec quelque huit couvertures dans la presse d’information26, on s’y plaît désormais à raconter la transformation du carrosse en citrouille. On s’attache ainsi aux résistances suscitées pas ses réformes. Il ne s’agit toujours pas pourtant, d’en discuter le contenu. C’est encore la personnalité, le parcours et les façons de la ministre qui structurent le débat. La question est à présent de savoir si les difficultés rencontrées par la garde des Sceaux s’expliquent par une propension à jouer les « divas », ou bien relèvent du sexisme et du racisme…
29Rachida Dati se voit ainsi reprocher son goût pour la haute couture27. Pour Le Nouvel Observateur par exemple, elle visite les prisons « comme on monte les marches du festival de Cannes ». Et l’hebdomadaire de citer Marylise Lebranchu : « Qu’elle le veuille ou non, le garde des Sceaux, c’est le ministre du malheur des autres ; ça exclut de se montrer avec des robes qu’une surveillante de prison mettrait un an à s’offrir28. » On n’est plus dans un cas de figure où la vie privée vient renforcer l’image professionnelle. Ici, le principe suivant lequel la vie professionnelle reflète la vie privée se retourne contre elle.
30Le traitement médiatique de Rachida Dati semble une parfaite illustration de la propension relevée par Cécile Sourd à renvoyer les femmes politiques à leur genre, à les faire « apparaitre comme femmes davantage que comme actrices politiques » (Sourd, 2005 : 76), ce qui tend à les exclure symboliquement du champ politique. Elle a ainsi noté que, dans le cas des femmes, le commentaire faisait une large place aux caractéristiques physiques et aux tenues vestimentaires29. Elle a également souligné une convocation systématique du champ notionnel de la séduction, et ce, dans une perspective dévalorisante. « Goût de la séduction ? Elle avance avec un charme tout doux qui enveloppe une dureté de fer », écrit par exemple Nicolas Domenach30. « […] Pour une femme, constate Jane Freedman, le fait de séduire porte toujours des connotations négatives » (Freedman, 1997 : 132).
31Les problèmes de Rachida Dati seraient également liés à son caractère. « La garde des Sceaux n’hésite pas à bousculer les habitudes des magistrats […] quitte à faire preuve d’un autoritarisme brutal, y compris avec ses propres collaborateurs31 », écrit L’Express. Et Le Point de citer l’une de ses « victimes » : « Elle a une façon de pourrir les gens qui n’est pas humainement supportable32. » Cette propension à confondre autorité et autoritarisme auraient poussé à la démission Michel Dobkine, son chef de cabinet, et rendraient ses relations avec les magistrats difficiles. Pourtant, comme l’a fait remarquer Marianne, Jean Louis Borloo avait lui aussi connu des départs au sein de son cabinet sans que cela ait suscité autant de commentaires.
« Les mêmes chroniqueurs politiques qui vantaient les formidables colères de Philippe Séguin ou Alain Juppé, les mêmes chroniqueurs judiciaires qui s’extasiaient sur les mâles engueulades du commissaire Marion, baptisé par ses hommes “Eagle IV” (pour y gueule fort) trouvent que “l’agressivité” et “la sévérité” de la ministre de la justice mettent en danger Nicolas Sarkozy33. »
32Il y a donc apparemment deux poids deux mesures. Ces critiques sur la personnalité colérique de Rachida Dati semblent d’abord montrer qu’il est vain pour les femmes d’espérer échapper à un traitement médiatique délégitimant par l’adoption de postures plus « masculines ». Cécile Sourd relève en effet « un certain regard négatif porté sur ces femmes qui ne “tiennent pas” leur rôle, qui préfèrent transgresser les règles pour se faire une place en politique » (Sourd, 2005 : 74). Aussi se demande-t-on en même temps si les difficultés de Rachida Dati ne relèveraient pas plutôt d’un certain sexisme, du racisme ou d’un mépris de classe pour une « parvenue », ce que l’intéressée elle-même dénonce à l’envi…
« Aucun autre ministre, même femme, même d’origine immigrée, n’est traité comme moi, déclare-telle au Point. Ni Rama, ni Fadela, ni personne. C’est parce que je ne rentre pas dans les schémas habituels, dans les clichés. Moi, j’ai conquis ma place. Ça pilonne parce que je suis assise sur la même banquette que mes pairs. Alors que leur idée était évidemment que je devais encore en baver pour en arriver là34. »
33Et Vincent Jouve de souligner le rôle de la victime innocente dans la promotion d’un système de valeurs. La sympathie pour le personnage en détresse amène facilement le lecteur à glisser de l’intérêt affectif à l’intérêt idéologique. « Le personnage pathétique (la victime), écrit-il, est également celui qui incarne les “vraies” valeurs (celles cautionnées par le [récit]) » (Jouve, 1998 : 212).
34En l’occurrence, la protestation de Rachida Dati n’est pas dénuée de fondement. Ainsi, Denis Demonpion fustige-t-il dans Le Point, une ministre qui « n’hésite pas à user, sous les ors de la République, d’un langage qui n’est pas sans rappeler celui de la racaille des banlieues35 », tout en déplorant chez elle une propension à « [taxer] de racisme ou de machisme » tous ceux qui sont en désaccord avec elle. Voilà donc Rachida Dati passée du statut de symbole de l’intégration réussie et de la méritocratie républicaine à celui de « racaille de banlieue ».
Une caricature de la peopolisation politique
35En plus d’avoir su tirer parti de sa position institutionnelle pour capter l’attention de la presse d’information, Rachida Dati, parce qu’elle a rapidement accédé au statut de célébrité superlative, en est également venue à s’exposer dans la presse « people », c’est-à-dire spécialisée dans le dévoilement de la vie privée des célébrités, ce qui montre aussi que la starisation possède une propension évidente au glissement inter générique (Marion, 1997 : 70).
36De fait, sa nomination au ministère de la Justice coïncide précisément avec le moment où cette presse « échotière » commence à s’intéresser à des personnalités politiques. En effet, quelque mois plus tôt, le succès de la publication par Closer et VSD de photographies de Ségolène Royal en maillot de bain avait largement démenti l’idée jusque-là admise (Chauveau, 2006 : 47) selon laquelle les personnalités politiques seraient peu vendeuses36. Aussi les journaux « people » vont-ils désormais s’intéresser aux frasques de certains politiques, parmi lesquels Rachida Dati, qui, outre sa notoriété, possède la caractéristique fondamentale recherchée, à savoir le « glamour », terme qui, selon Jamil Dakhlia, « connote tout à la fois séduction visuelle, perfection physique et signes extérieurs de la réussite et de la gloire… » (Dakhlia, 2005 : 270).
37Mais dans un premier temps, la garde des Sceaux n’y est qu’un personnage secondaire. Son rôle se limite à celui que Vincent Jouve définit comme le « personnage-focalisateur ». Il s’agit de « ceux qui attirent notre attention sur un objet, un événement ou un autre personnage à travers leur propre regard » (Jouve, 1998 : 127). Si Point de vue évoque déjà sa proximité avec le monde de la mode37, elle est alors avant tout le témoin privilégié de la vie du couple vedette du moment, à savoir le couple présidentiel38.
38Ce n’est qu’à l’annonce de sa grossesse en septembre 2008 que Rachida Dati devient véritablement un personnage de premier plan dans la presse people. La maternité future de la ministre, ainsi que le mystère entourant l’identité du géniteur, permettaient de combiner les trois thèmes de prédilection de la presse people : la vie parentale des célébrités, leur vie amoureuse, leur vie professionnelle… La révélation de sa grossesse lui vaut ainsi la couverture de tous les journaux people39. La naissance de sa fille en janvier 2009 suscite la même curiosité. La maternité est encore une façon d’attirer l’attention sur sa vie mais aussi ses ambitions politiques après son départ du gouvernement. « J’aime ma nouvelle vie », déclare-t-elle au magazine Gala qui lui a consacré deux couvertures en aout et octobre 200940.
39Or, pour L’Express, une telle exposition l’aurait réduit à une « caricature » de la « pipolisation » de la vie publique, à savoir ici la propension des politiques à s’exposer dans la presse people41 :
« souci pathologique de l’image, soif d’existence médiatique, mise en scène de son intimité, surexposition de sa vie privée, l’ancienne ministre de la justice se plie depuis longtemps à tous les codes de ce monde parallèle. Lequel a presque totalement aboli les frontières entre le public et l’intime : vous valez ce que vous montrez42 ».
40L’hebdomadaire attribue l’éviction de Rachida Dati du gouvernement à un « spectacle consenti de sa propre vie » qui l’aurait discréditée politiquement. La charge peut faire sourire de la part d’un journal qui, en 2008, année de la crise financière mondiale, a consacré quatre couvertures à… Carla Bruni43… et qui ne semble pas le moins du monde disposé à s’interroger sur sa propre responsabilité et celle de ses concurrents directs, pourtant grande, dans l’abolition des « frontières entre le public et l’intime ».
41En fait, le terme de people relève ici clairement du « stigmate » (Goffman, 2012), destiné à disqualifier à la fois ces journaux « échotiers », leurs lecteurs et les politiques qui s’y « commettent ». On a ainsi coutume d’opposer une presse dite « people », voire « de caniveau », qui constituerait une sorte de concentré de toutes les fautes de déontologie journalistique, à une presse dite « sérieuse » ou « de qualité », quand bien même leur contenu ne serait pas si différent. Selon Erving Goffman, c’est là précisément le propre du stigmate, qui « ne porte par lui-même ni crédit ni discrédit » (Goffman, 2012 : 13) et doit être envisagé en termes de relations. En conséquence, si l’exposition de la vie privée des politiques est parfaitement admise lorsqu’elle se fait par des canaux « légitimes », en l’occurrence la presse d’information et la presse d’actualité, elle suscite une vive indignation lorsqu’elle se fait dans des médias « populaires ».
« Une activité louable, écrit Robert Merton, lorsqu’elle est remplie par des gens qui n’y sont pas destinés, devient un objet de mépris et non d’honneur. Car, c’est seulement en gardant le monopole de ces vertus que les hommes en place pourront conserver leurs privilèges, leur prestige et leurs pouvoirs. On ne saurait imaginer meilleur moyen de préserver un système de pouvoir et de stratification sociale. » (Merton, 1968b : 142)
42Ici, ce qu’il s’agit de préserver, c’est le monopole de la presse d’information sur le dévoilement de la vie privée des politiques, et ce d’autant plus que des titres comme Gala cherchent désormais à se forger une respectabilité en proposant des entretiens politiques…
43Reste que la curiosité dont Rachida Dati faisait l’objet de la part de la presse « sérieuse » demeurait tout de même étroitement liée à sa participation au gouvernement. Quand bien même les articles qui lui étaient consacrés faisaient peu de place au traitement des enjeux politiques, l’action de la ministre s’avérait tout de même un alibi informationnel nécessaire pour évoquer des éléments relevant de sa vie privée en se distinguant d’une presse « populaire » mère de tous les vices journalistiques.
44Aussi sa présence dans la presse d’information accuse-t-elle un recul sensible après son départ de la place Vendôme44. Seules les rumeurs d’infidélités au sein du couple Sarkozy, dont certains l’accusent d’être à l’origine, lui permettent retrouver les honneurs de quelques couvertures en 2010. Une nouvelle « une » de Paris Match, avec sa fille, vient même couronner cette séquence. « Rachida Dati. Une nouvelle vie. En politique, l’engagement pour les jeunes. En privé, la tendresse avec Zohra45. » Le magazine propose son portrait par Tahar ben Jelloun, mais ce sont les photos d’elle en train de s’occuper de sa fillette qui constituent l’essentiel. Il s’agit d’une défense par l’image contre les accusations d’être une intrigante dont elle a été l’objet46. On part ici du principe qu’elle ne saurait à la fois être l’arriviste que d’aucuns dénoncent et la mère attentionnée révélée par les clichés (Veyne, 1998 : 412).
45Mais l’embellie ne dure pas et la publication, l’année suivante d’une nouvelle autobiographie actualisant l’histoire de la fille d’immigrée qui s’est arrachée à sa condition passe cette fois assez inaperçue (Dati, 2010). Non seulement le livre ne lui a valu aucune couverture dans la presse d’information mais sa parution n’y a même pas été mentionnée.
46Rachida Dati n’aura plus guère que la presse people pour s’efforcer d’entretenir une visibilité qui reste sa principale ressource politique, ce qu’a fort bien saisi le magazine Voici, qui, en avril 2009, alors que les jours de Rachida Dati place Vendôme sont comptés, commente sa prestation à l’émission de confidences Bas les masques, animée par Mireille Dumas :
« Quand Rachida lance “on ne va pas se débarrasser de moi comme ça”, elle paraît fragile et perdue. Comme une star de téléréalité effrayée à l’idée de disparaître, Rachida semble demander au public de la sauver. Reste à savoir si celui-ci est dupe ou pas, s’il la croit sincère ou plus calculatrice que jamais. Désormais, c’est à lui de trancher. Alors pour sauver Rachida, tapez 147[…]. »
47En avril 2010, la presse people se fait l’écho des rumeurs d’infidélité au sein du couple Sarkozy et s’interroge sur le rôle de Rachida Dati. On ne recourt pas ici à un alibi politique en questionnant les rivalités au sein de l’équipe des conseillers du président, mais on s’attache aux relations entre Carla Bruni et l’ex garde des Sceaux48. Par la suite, seuls les commérages sur sa vie amoureuses et les spéculations sur l’identité du père de sa fille lui permettent de rester visible… La révélation de son identité en octobre 2012 annonce la fin du feuilleton qui n’est plus alimenté çà et là que par les décisions de justice.
48Le personnage Rachida Dati se voit désormais supplanté par les turpitudes amoureuses de François Hollande alors que d’une manière générale, l’intérêt de la presse échotière pour les politiques faiblit à mesure que s’épuise le filon du scoop de Closer sur le président et ses femmes49.
La starisation : une ressource efficace ?
49En résumé, la starisation de Rachida Dati lui a donné, lorsqu’elle était ministre, une forte visibilité médiatique, visibilité qui a un temps été entretenue par la presse people. La question est alors de savoir quels bénéfices a-t-elle pu tirer de cette ressource. Dans quelle mesure la publicisation de sa vie privée lui a-t-elle permis de renforcer sa position dans le champ politique ? Nous nous intéresserons cette fois au ressenti, non plus du consommateur, mais à celui de l’électeur, mesuré par les enquêtes d’opinion50.
50Sans doute nous faut-il convenir que la starisation rapide de Rachida Dati lui a permis de se construire une belle popularité. Les sondages montrent en effet qu’elle est l’une des seuls ministres des deux premiers gouvernements dirigés par François Fillon à avoir connu un « état de grâce ». Ainsi, jusqu’en octobre 2007, ce sont plus de 50 % des sondés qui veulent lui voir jouer « un rôle plus important dans les mois et années à venir ». Et si en janvier 2008, elle accuse une baisse comme presque tous ses collègues51, elle reste parmi les ministres les plus populaires jusqu’à son départ de la place Vendôme52…
51La faveur de l’opinion est une ressource sur laquelle Rachida Dati a su, dans un premier temps, capitaliser. Elle lui a en particulier permis d’être investie par son parti dans la très confortable circonscription du 7e arrondissement pour les élections municipales de 2008. En effet, la défaite d’une « star » comme la garde des Sceaux aurait eu un tel impact médiatique que l’UMP pouvait difficilement en prendre le risque. Aussi a-t-on envoyé la ministre, qui briguait pour la première fois un mandat électif, dans une circonscription où elle était sûre de l’emporter.
52La popularité de Rachida Dati ne lui a certes pas suffi à lui conserver son portefeuille ministériel. Elle est même la première des ministres régaliens à quitter le gouvernement. Néanmoins, il nous est permis de supposer que c’est en grande partie sa starisation qui a incité Nicolas Sarkozy à lui offrir une porte de sortie honorable en lui octroyant la deuxième position sur la liste UMP en Ile de France pour les élections européennes de 2009. Fadela Amara ou Éric Besson53, qui eux non plus n’avaient ni fief ni base partisane, n’ont pas eu droit à ces égards…
53Mais la starisation n’est une ressource efficace que lorsqu’elle emprunte des canaux « légitimes ». À partir du moment où Rachida Dati disparaît des couvertures des magazines d’information, sa cote de popularité décline, lentement certes, mais inexorablement54. Elle n’est dès lors, plus guère en mesure de peser sur les choix de son parti en matière d’investiture. Elle n’a pas réussi à être la candidate de l’UMP à la mairie de Paris aux élections municipales de 2014. La défaite de Nicolas Sarkozy, qu’elle soutenait, aux primaires de la droite en 2016 fragilise davantage sa position. François Fillon, avec lequel les relations sont tendues depuis longtemps, n’a pas cru nécessaire de la ménager en lui accordant l’investiture des Républicains dans la deuxième circonscription de Paris pour les législatives de 2017, lui préférant Nathalie Kosciusko-Morizet.
54Certes, la visibilité médiatique est une ressource qui a ceci de particulier qu’elle est plus ou moins inaliénable, ce qui donne toujours un certain écho aux interventions publiques de Rachida Dati, et cela a sans doute incité Nicolas Sarkozy à en faire de nouveau sa porte-parole. Aussi a-t-elle pu punir François Fillon de l’avoir écartée en critiquant, dans une interview au Parisien, le caractère clivant de son programme présidentiel et de ses méthodes. Ici « l’effet Mathieu » joue largement puisqu’un autre sarkozyste, Laurent Wauquiez, avait lui aussi tenu des propos comparables quelques jours plus tôt sans que cela ait eu le même impact médiatique… Malgré cela, son avenir politique apparaît plutôt incertain. Même sa mairie du 7e arrondissement est loin de constituer un fief. En 2014, Rachida Dati a dû y affronter deux candidatures dissidentes de l’UMP et reste donc très largement dépendante de l’investiture de son parti.
55Au final, depuis sa starisation, Rachida Dati, n’a pas, loin s’en faut, connu une trajectoire ascendante. Nous serions alors tentés par l’hypothèse qu’elle a payé une trop forte assimilation au star-system, qui a eu tendance à l’exclure symboliquement du champ politique.
« Les acteurs ont pour métier d’interpréter des rôles, explique ainsi Jean Pierre Esquenazi : on peut estimer que jouer le rôle de star qui vous a été attribué comme une simple extension de la logique professionnelle. Par contre, de nombreux métiers gagnés par le vedettariat sont régis par des grammaires de l’authenticité, de la sincérité de l’objectivité peu compatibles avec celle du star system. » (Esquenazi, 2009 : 6)
56Aussi, les représentations associées aux stars du monde du spectacle peuvent-elle desservir les politiques qui, comme Rachida Dati, les auraient trop bien imitées. Comme l’écrit Paul Mac Donald : « Dans une large mesure, la vie d’une star est encore perçue comme ce que Leo Lowenthal (Lowenthal, 1961 : 121) décrit comme un “loisir organisé” » (Mac Donald, 2004 : 136). La star, en tant que telle, est supposée évoluer dans un monde d’oisiveté, y compris quand elle travaille. Il est clair qu’un tel hédonisme a vite fait d’être rédhibitoire pour un politique. La starisation trop poussée de Rachida Dati a donc fini par lui porter un discrédit que plusieurs années de discrétion n’ont guère suffi à effacer. Sa « rédemption » ne pourra passer que par ce que Jean-Luc Parodi appelle un « acte politique lourd » (Parodi, 1989 : 223), mais qu’elle ne semble guère en mesure de poser…
57En 2007, Rachida Dati est devenue la première personnalité issue de l’immigration à exercer une fonction régalienne dans un gouvernement français. Sans réelle expérience politique, elle a dû avant tout son ministère à la volonté de Nicolas Sarkozy de promouvoir des personnalités à même d’incarner la « diversité » de manière rassurante pour son électorat. Elle était donc en premier lieu un symbole. Aussi ne doit-on pas s’étonner que ce soit son parcours atypique plus que son action politique qui ait, dès le début, attiré l’attention de la presse magazine. Sa starisation était en quelque sorte, inscrite dans la façon dont elle a accédé à la notoriété.
58Sans base partisane ni fief électoral, elle ne pouvait guère compter que sur la visibilité médiatique que lui conférait sa position institutionnelle pour consolider sa place dans le champ politique. Rachida Dati s’est donc attachée à alimenter la curiosité dont elle faisait l’objet par des confidences sur sa vie privée. Elle a mis en avant l’identité stratégique d’une enfant d’immigrés ayant fait fi de tout déterminisme social pour s’élever à force de travail jusqu’au sommet de l’État.
59Sans doute cette starisation a-t-elle largement contribué à faire en sorte que sa sortie du gouvernement ne signifie pas son éviction du champ politique, comme cela a pu être le cas pour une autre représentante de « la diversité », Fadela Amara55. « [Mais] les armes du faible sont de faibles armes, qui procurent de faibles gains » (Bianco, 1999 : 11). L’exposition de sa vie privée n’a pas suffi à conférer à Rachida Dati une position véritablement autonome dans le champ politique. Elle n’est guère en mesure de peser sur les choix de son parti en matière d’investiture.
60Au final, le traitement médiatique dont elle a fait l’objet a certes entretenu sa visibilité mais s’est avéré décrédibilisant, notamment lorsqu’elle n’a plus intéressé que la presse people. Sa starisation a ainsi systématiquement renvoyé Rachida Dati à une féminité qui rime avec frivolité et à un parcours qui pose la question de sa légitimité. L’exposition de la vie privée reste donc ici une stratégie dominée dans la mesure où elle met en œuvre un « appareil de symboles et d’opérateurs mythiques » (Bourdieu, 2002 : 51) qui trouve son principe dans la vision androcentrique et ethnocentrique au nom de laquelle les femmes issues de l’immigration sont exclues des responsabilités politiques. Loin de faire apparaitre Rachida Dati comme une actrice politique à part entière, elle l’a au contraire enfermée dans des rôles de symbole, celui de l’immigrée parfaitement intégrée, puis celui de la « mauvaise immigrée profiteuse et incompétence » (Matonti, 2017 : 170) et enfin celui des dérives de la peopolisation de la vie politique. Sa starisation a eu pour effet de confirmer les perceptions selon lesquelles les représentants des « minorités visibles » n’ont guère vocation à exercer des ministères régaliens56, a fortiori lorsqu’il s’agit de femmes…
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Notes de bas de page
1 « Starisée depuis son entrée au gouvernement jusqu’à aujourd’hui, Rachida Dati est l’une des cibles privilégiées des photographes », « star des magazines, Rachida Dati a disparu du gouvernement ». L’Express, no 3030, 29 juillet 2009, « politiques : le piège people ». « L’ai-je bien descendu ? » Le point légende une photographie de Rachida Dati en train de descendre d’un hélicoptère avec la célèbre réplique de Cécile Sorel. Dans le même numéro, on épingle ses caprices de « star », ses « extravagances ». « Lors de ses déplacements à l’étranger, y compris privés […], elle exige que l’ambassadeur l’accueille à sa descente d’avion, même à 2 heures du matin. »« Mme la ministre a préféré petit-déjeuner avec le prince de Monaco plutôt que de rencontrer les surveillants de prison. »« Ce que la Ministre apprécie en revanche, c’est se produire devant un public qui lui est acquis sur le mode “vu à la télé”. » Le Point, no 1891, 11 décembre 2008. « Sarkozy lui […] suggère depuis quelques semaines “d’arrêter de jouer les divas”. » Le Nouvel Observateur, no 2295, 30 octobre 2008.
2 Roger Karoutchi a révélé son homosexualité dans une autobiographie parue en février 2009 (Karoutchi, 2009). Il est ainsi le premier homme politique à faire son coming out alors qu’il est membre du gouvernement. Cela ne lui a pourtant valu aucune couverture, ni dans la presse d’information, ni dans la presse d’actualité générale.
3 Le fils de la secrétaire d’État chargée de la Prospective et du développement de l’Économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, né en septembre 2009 n’a pas permis à sa génitrice de faire la couverture de Paris Match. Sa grossesse avait pourtant été annoncée sur Facebook. Elle avait néanmoins posé enceinte dans les pages intérieures du Paris Match, no 3140, 23 juillet 2009.
4 « C’est alors qu’il existe un courant transversal assez fort pour subjuguer les velléités – les réticences – identitaires de chacun de ces médias, écrit-il. Leurs caractéristiques propres doivent s’accommoder de ces scénarios circulants. Le mot d’ordre est la porosité active, la propagation réciproque » (Marion, 1997 : 70).
5 Les titres retenus pour cette étude sont Le Point, Marianne, L’Express, Le Nouvel Observateur, pour la presse d’information ; Paris Match et VSD (VSD étant également proche de la presse people) pour la presse d’actualité ; Point de vue, Voici, Closer, Gala, Ici Paris, France Dimanche pour la presse people.
6 Guillaume Erner (2016) fait remonter cette pratique à Lindberg, dont l’exploit aéronautique lui avait valu une popularité formidable, à tel point que pour entretenir la flamme, les journaux ayant tout dit sur son vol transatlantique, ont commencé à broder sur sa vie privée.
7 Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, tous les membres du gouvernement issus de l’immigration ont été des femmes : Rachida Dati, Fadela Amara, Rama Yade, Nora Berra, Jeannette Bougrab.
8 Dès la fin du mois de juin 2007, une réforme de la carte judiciaire est annoncée. Le 26 juillet, le Parlement adopte sa loi de lutte contre la récidive. En octobre, c’est au tour de loi sur la création d’un contrôleur général des lieux de privation de liberté. Un décret du 15 février 2008 entérine sa réforme de carte judiciaire. Le même mois, est adoptée sa loi relative à la rétention de sureté et à la déclaration d’irresponsabilité pour trouble mental.
9 C’est certes beaucoup moins que Nicolas Sarkozy mais cela représente à peu près l’équivalent de l’ensemble des membres du gouvernement. Rama Yade, sa « dauphine » compte trois fois moins de couvertures. François Fillon, le Premier ministre, n’en totalise que trois…
10 Le Point et Le Nouvel observateur proposent une interview de « spécialistes » à la suite de longs portraits de la ministre.
11 L’Express, no 3030, 29 juillet 2009, « politiques : le piège people ».
12 « Dans la “grande presse”, explique Jamil Dakhlia, le people va même jusqu’à s’ériger – officieusement – en horizon d’attente professionnel. Ainsi, apprenant que je travaillais sur la presse magazine dans son ensemble, un photographe d’un grand hebdomadaire français m’a spontanément confié que les rédacteurs en chef de ce news invitaient les journalistes à “peopoliser” [sic] leurs articles et les photographes à proposer des clichés plus “sexy”, y compris des personnages politiques les plus importants » (Dakhlia, 2005 : 78 ; Kaciaf, 2013).
13 Il nous est également permis de supposer que les journalistes politiques se prêtent à ces révélations d’autant plus volontiers qu’ils aiment à afficher leur proximité avec les « grands de ce monde » car il est vrai que la connaissance est, à partir d’un certain niveau, un signe de reconnaissance, celui de l’appartenance à un milieu, ou mieux, à un réseau (Davet et Lhomme, 2016).
14 On notera que la brièveté du temps écoulé entre l’accession de Rachida Dati à la célébrité et la parution de cet ouvrage à caractère autobiographique la rapproche des stars de la téléréalité.
15 Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2008, « la chute d’une icône ».
16 « Rachida Dati. Le visage de la France qui change. Entretien vérité », Paris Match, no 3055, 6 décembre 2007.
17 Vivement Dimanche du 2 décembre 2007, France 2, présentée par Michel Drucker.
18 Sans doute est-ce qui a manqué à Roger Karoutchi, NKM et à d’autres aspirants à la starisation…
19 « Je me suis mariée, en fait, avec un homme avec lequel je n’avais rien à partager. Une connaissance, en Algérie, qui avait fait une demande officielle, l’été, pendant des vacances. Ce n’était pas un mariage forcé, n’allez pas puiser dans les fantasmes et les clichés. J’étais adulte, je vivais à Paris, je travaillais, et nul ne me forçait à rien. Mais je l’ai décidé sans le vouloir. J’étais comme hors de ma vie en m’engageant. Je l’avais fait par abandon ; pour faire plaisir à ma famille, qui semblait tellement heureuse, pour ne plus subir de questions. Parce que je suis une femme, et une femme, finalement, doit se marier… » (Dati, 2007 : 14).
20 « Dès demain, on va nettoyer au Karcher la cité. On y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu’il faudra, mais ça sera nettoyé. » Cette phrase a été prononcée par Nicolas Sarkozy le 20 juin 2005, dans la cité des 4000 à la Courneuve, après la mort d’un enfant de 11 ans tué d’une balle la veille au bas de son immeuble, lors d’un affrontement entre deux bandes rivales. Journal de 20 heures de TF1, 20 juin 2005.
21 Logeart Agathe, Le Nouvel Observateur, 12 juillet 2007, « icone ou dame de fer ».
22 « La face cachée de Rachida Dati », L’Express, no 2938, 25 octobre 2007.
23 Nicolas Sarkozy lui-même s’est vu contesté son DEA en science politique par la fondation Copernic. [http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article219].
24 Logeart Agathe, Le Nouvel Observateur, 12 juillet 2007, « icone ou dame de fer ».
25 À ce titre, Frédérique Matonti relève dans certaines biographies consacrées à Rachida Dati, des sous-entendus clairement sexuels (Matonti, 2017). L’une d’entre elle l’assimile à Bel-Ami, le personnage de Maupassant utilisant ses maitresses pour favoriser son ascension sociale (Darmon et Derai, 2009). La bande dessinée Rachida, Au nom des pères est plus explicite. Elle décrit Rachida Dati comme une courtisane sans scrupule (Derai, Swysen et Paulo, 2013). La presse d’information en revanche fait peu d’allusions directes à la sexualité de Rachida Dati. On trouve une exception dans Le Point, no 1891 du 11 décembre 2008. Il y est question du Qatar, « un endroit où, pour de mystérieuses raisons, Rachida Dati se rend régulièrement ». Or, la rumeur lui attribue une liaison avec un magistrat de ce pays…
26 Contre seulement deux, par exemple, pour François Fillon.
27 Le Point cite par exemple le syndicaliste Jean-François Forget : « Je n’ai que faire des robes, des bagues et des magazines, ce qui m’intéresse, c’est la souffrance des personnels. » Le Point, no 1891, 11 décembre 2008. « Fini les apparitions bling bling, les notes de frais mirobolantes, les robes de grands couturiers » ; « Chancellerie filiale de Vanity fair ? » Le Nouvel Observateur, no 2295, 30 octobre 2008. « Comme si elle devait forcément se casser la margoulette, elle qui aime tant les hauts talons et faire des pieds de nez avec les doigts manucurés rouge vermillon. » Marianne, no 631, 23 mai 2009.
28 Le Nouvel Observateur, 30 octobre 2008, « la chute d’une icône »
29 « Cheveux noirs brillants, yeux idem sous de longs cils. Regard de biche, bouche rouge, corps énergique et frêle sur escarpins bondissants. C’est elle, Rachida Dati », Le Point, no 1813, 13 juin 2008.
30 Domenach Nicolas, « “Rachida” : campagne entre charme et vengeance », Marianne, no 631, 23 mai 2009. Ou encore dans Le Point, no 1891 du 11 décembre 2008 : « Charmeuse. Séquence séduction au Conseil “justice et affaires intérieures” de l’Union européenne » ; « Rachida aime plaire et supporte […] peu la contradiction ».
31 L’Express, no 2938, 25 octobre 2007, « La face cachée de Rachida Dati »
32 Le Point, no 1891, 11 décembre 2008, « L’extravagante Mme Dati ».
33 Marianne, no 543, 14 septembre 2007, « faut-il détester Rachida Dati ? ».
34 Le Point, no 1833 du 31 octobre 2007, « La polémique Rachida Dati ».
35 Demonpion Denis, « L’extravagante Mme Dati », Le Point, no 1891, 11 décembre 2008.
36 240000 exemplaires pour VSD, soit le meilleur chiffre depuis trois ans pour un mois d’août. Le Monde du 24 septembre 2006.
37 « Politiques, Stars et milliardaires. La nouvelle alliance », Point de Vue, no 3088, 26 septembre 2007. Rachida Dati apparaît en couverture en compagnie du couturier John Galliano.
38 « Rachida Dati et Cécilia Sarkozy, leur pacte intime », VSD, no 1561, 25 juillet 2007. « L’énigme Rachida Dati. Est-elle vraiment la protégée de Sarkozy ? », Gala, no 745, 19 septembre 2007 ; « Les larmes de Cécilia. Ses adieux à Jacques Martin. Avec ses filles, au premier rang aux obsèques. Rachida Dati était venue l’épauler », Gala, no 746, 26 septembre 2007.
39 Plusieurs même pour Closer et Voici.
40 « La nouvelle Rachida Dati », Gala, no 845, 19 août 2009 ; « j’aime ma nouvelle vie », Gala, no 855, 28 octobre 2009.
41 Avant l’annonce de sa grossesse, plusieurs hebdomadaires d’actualité avaient consacré des articles à la peopolisation de la vie politique sans jamais la mentionner (L’Express, no 2008, du 10-01-2008, « Le président people » ; Marianne, no 565 du 15 février 2008, « Media, Politique, people, l’obscénité jusqu’où ? »)
42 L’Express, no 3030 du 29 juillet 2009, « politiques : le piège people », p. 23.
43 L’année précédente, Cécilia Sarkozy avait eu pour sa part trois fois les honneurs de la couverture…
44 Trois couvertures entre juillet et décembre 2009, trois en 2010, puis une seule en 2011 et une en 2013.
45 Paris Match, no 3082, 12 mai 2012.
46 « Lorsque Berlusconi a dû se défendre contre les accusations, écrit ainsi Umberto Eco, La Repubblica lui a posé dix questions, et il a répondu sur Chi, dont il est le patron. Il a répondu à travers l’image. On le voit avec sa famille comme s’il s’agissait d’une preuve de son innocence et qu’il fût alors impossible qu’il aille avec les putes ! Il n’a pas répondu à La Repubblica directement, au monde des lecteurs, il a répondu par l’image, au monde des spectateurs » (Eco, 2011).
47 « À quoi joue Rachida ? », Voici, no 1117, 04 avril 2009.
48 « Carla et Rachida. Amies ou ennemies ? » Gala, no 879, 14 avril 2010.
49 En janvier 2014, le magazine Closer révélait que le président François Hollande, alors en couple avec la journaliste Valérie Trierweiler, avait une liaison avec l’actrice Julie Gayet. Closer, no 448, « l’amour secret du président », 10-01-2014. Ce triangle amoureux avait alors pendant quelques mois fait le bonheur de la presse people, mais aussi de la presse d’information et d’actualité générale. Closer lui a, par exemple, consacré 16 couvertures en 2014.
50 Source : Baromètre Kantar TNS/Figaro-Magazine. « Voulez-vous me dire si vous souhaitez lui voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir ? » (%, réponse oui).
51 À l’exception de Jean Louis Borloo dont le positionnement politique lui permet de bénéficier du soutien des électeurs de droite et de l’indulgence des sympathisants de gauche…
52 Autour de 35 %, dépassant même parfois Sarkozy.
53 Éric Besson du fait de sa rupture avec le PS.
54 Il faut en effet attendre juillet 2015, bien après qu’elle a cessé d’intéresser la presse people, pour la voir passer sous les 20 %… Elle reste notamment au-dessus de personnalités comme Brice Hortefeux, Valérie Pécresse, etc.
55 Militante féministe, présidente de l’association « ni putes, ni soumises », elle fut secrétaire d’État chargée de la politique de la ville entre 2007 et 2010. Elle a quitté la vie politique depuis.
56 On notera que les représentantes de la « diversité » ne font pas l’objet des mêmes attaques lorsqu’elles restent « à leur place », à savoir qu’elles restent cantonnées aux fonctions secondaires qui leur sont traditionnellement assignées…
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