Version classiqueVersion mobile

L’espace en partage

 | 
Yves Bonny
, 
Nicolas Bautès
, 
Vincent Gouëset

Première partie. Voisinages, coprésence, appropriations

Partage de l’espace dans le Paris du xviie siècle

Accommodements, tensions, conflits

Hatem El Mouldi

Texte intégral

Introduction

  • 1 Lister M., Voyage de Lister à Paris en 1698, Paris, Société des bibliophiles, 1873, p. 22.
  • 2 Roche D., Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1998, (...)
  • 3 L’édit de 14 janvier 1702 sur la nouvelle division de Paris en vingt quartiers. De La Mare N., Trai (...)

1Paris au xviiie siècle est décrite par les contemporains et les voyageurs étrangers comme étant une ville immense. Déjà vers la fin du xviie siècle, l’Anglais Lister note dans son voyage à Paris que « la portion de la ville occupée par le petit peuple est, toutes proportions gardées, beaucoup plus importante que celle de Londres. Ici, nombre de maisons sont habitées par quatre, cinq et jusqu’à dix ménages ou familles1 ». Les estimations de la population parisienne à cette date varient entre sept et huit cent mille habitants2. Avec ses vingt quartiers et faubourgs3, Paris est donc une ville surpeuplée.

2C’est sur ce constat que s’appuie cette contribution, qui vise à analyser les relations qu’entretiennent les habitants confrontés à ces conditions de vie.

3Deux éléments permettent de prendre la mesure des enjeux du partage de l’espace dans ce contexte spatio-temporel. Le premier relève de la promiscuité des conditions de vie liées à l’entassement et la précarité des logements. Le second concerne l’importance de la vie passée dans la rue, qu’elle soit liée à des occupations professionnelles ou personnelles, aspect central pour comprendre tant le nombre que la teneur des plaintes et des témoignages, que cette contribution propose d’analyser, en se concentrant sur les effets des conditions matérielles et sociales sur la vie des habitants, et sur les rapports qu’ils entretiennent entre eux et avec l’espace.

4Il s’agit ici de considérer l’hypothèse que la vétusté des constructions, l’entassement de la population, ainsi que la promiscuité et l’insalubrité, engendrent une manière de vivre qui se caractérise par des manières singulières d’occuper l’espace et qui s’accompagne souvent de tensions, voire de conflits. Le manque de place rend en effet la cohabitation entre voisins souvent difficile. L’utilisation de l’espace et la cohabitation entre voisins sont l’objet de compromis et d’accommodements. Faute d’arrangement à l’amiable ou faisant intervenir un tiers, les tensions peuvent dégénérer en conflits, qui dans certains cas parviennent à la police parisienne.

  • 4 Archives nationales, Série Y : Commissaires aux polices et Chambre criminelle. Un échantillon de ci (...)
  • 5 Archives nationales, Minutier central des notaires de Paris. Les mentions des servitudes et des acc (...)
  • 6 Archives nationales, Y 9498 et Y 9499 : Minutes de sentences et ordonnances de Police 1668-1787. Un (...)

5Dans ce contexte, étudier les dimensions spatiales des relations sociales à Paris au xviiie siècle s’avère une entreprise délicate. La première difficulté émane de la nature des sources qui sont à notre disposition. Il s’agit essentiellement des archives judiciaires4 qui, en dépit de contenir un nombre important d’éléments factuels, présentent le biais de relever principalement les situations conflictuelles présentées à la police. En cela, elles s’avèrent peu adaptées à témoigner d’éventuels arrangements au sein de l’espace du quotidien des Parisiens. Le nombre peu élevé des plaintes déposées au Châtelet de Paris concernant des conflits d’appropriation de l’espace et des problèmes de cohabitation, représente également une difficulté majeure, empêchant toute tentative sérieuse de quantification. En effet, ne parviennent à la police que les affaires ayant donné lieu à des violences et voies de fait. Des situations d’arrangement et de souffrances des servitudes peuvent se dégager au détour des récits des plaignants et des témoins, ou sont mentionnées dans les contrats de baux conservés aux archives notariales5. L’étude de la législation6 fournit des éclaircissements concernant les préoccupations des autorités quant à la gestion et l’organisation de l’espace parisien. Elle reflète l’évolution des sensibilités des Parisiens par rapport aux problèmes de nuisances sonores et olfactives.

Occupation de l’espace et accommodements

  • 7 Eleb-Vidal M. et Debarre-Blanchard A., Architectures de la vie privée, maisons et mentalités xviie- (...)

6Dans les immeubles parisiens du xviiie siècle, la promiscuité et le mélange des genres sont la règle. Les frontières entre privé et public sont peu nettes7. Les hautes maisons parisiennes sont louées à titre principal dans un cadre très flexible. Ce sont les locataires qui, à leur tour, définissent à leur guise, les lieux d’habitations, qu’ils sont en mesurer de diviser pour sous-louer. À son tour, le sous-locataire peut ne pas occuper la totalité des locaux et ainsi en relouer une partie. Il en résulte un enchevêtrement et, parfois, la nécessité de passer par le logement d’un voisin pour accéder au sien. Plusieurs exemples de telles situations peuvent ici être mobilisés.

7Un contrat passé entre la veuve Chandilot, principale locataire d’une maison située rue de la Tonnellerie aux Halles et Pierre De Bruges, marchand fruitier et sa femme, témoigne de cette complexité. En effet, le couple loue

  • 8 M.C. ET_XXXV_523, 3 mai 1715.
  • 9 Idem, 3 mai 1715.

« une allée, dans laquelle les dits preneurs feront faire une cloison à leurs frais et dépens qui sera de distance de cinq pieds de largeur et neuf pieds et demy de longueur, plus une chambre et une petite cuisine au-dessus de ladite boutique au premier étage, un petit bouge au bas de l’escalier et une portion à prendre dans une des caves de ladite bailleresse […] à laquelle lesdits preneurs feront faire aussi à leur frais une cloison8 ». Le contrat précise que « les locataires de ladite maison sortiront et entreront par la boutique de ladite bailleresse et non par l’[…] allée9 ».

8L’étroitesse des habitations et des lieux, en effet, est telle qu’elle nécessite souvent des compromis entre propriétaires, locataires ou sous-locataires. Arrangements et souffrance des servitudes sont mentionnés dans les baux locatifs : droit de passage, possibilité d’ouvertures de vues pour « la bonne jouissance des lieux », utilisation des espaces ou des ouvrages communs. Autant d’accommodements qui reflètent des manières singulières d’occuper et de partager l’espace. Plusieurs exemples viennent illustrer de telles singularités, comme celui de Jean Jacques de Moret, marchand-fripier, dont le contrat de bail précise qu’il loue à Étienne Pecour, lui aussi marchand-fripier

  • 10 M.C. ET_XXXV_523, 31 mars 1715.

« une boutique [...] rue de la petite friperie dépendante de la maison ou [il] demeure et dont il est propriétaire […] dans laquelle ledit sieur Moret aura le passage libre pour sa famille et ses marchandises, et la porte de derrière du passage ouverte depuis le matin jusqu’au soir ». Le locataire s’engage à accepter que « les scelles et les étalages appartenant au dit sieur Moret resteront […] dans ladite boutique10 ».

  • 11 M.C. ET_XII_541, 19 août 1755.

9Par ailleurs, chaque nouveau locataire doit « souffrir les servitudes » dont la maison est chargée. Jean Baptiste Florent, avocat au parlement, loue à Nicolas Galloire, marchand de chevaux, une maison dans le quartier de la place Maubert. Le contrat stipule que le locataire de cette maison jouira de « ladite maison à la charge des vûes de souffrance et des servitudes auxquelles elle peut être assujettie11 ». Dans la rue, devant la boutique, ou sur le marché, chaque espace laissé libre est exploitable. Marchands, artisans et vendeurs à l’étalage sont présents quotidiennement et témoignent les uns envers les autres d’une tolérance quant à l’utilisation des espaces déjà encombrés par des marchandises de toutes sortes. Les étalages sont tolérés, en dépit des restrictions en vigueur dans les dispositions policières, qui déplorent l’embarras engendré pour la circulation sur la voie publique ou pour les boutiquiers voisins. Le 8 août 1727, une sentence de police sur rapport de Louis-Pierre Regnard l’Aîné, commissaire du quartier Saint-Benoît, condamne à 100 sous d’amende

  • 12 A.N. Y 9498, Sentence de Police, 8 août 1727.

« la dame Guy, bonnetière, la dame Dupré, Marchande lingère, le nommé Noël, maître pâtissier, et le nommé Beaujean, tous boutiquiers rue Saint-Jacques qui malgré le rétablissement d’un marché à la porte Saint-Jacques, tolèrent que des marchandes encombrent leurs pas-de-porte12 ».

10Les locataires d’une même maison s’accordent la faveur d’utiliser les emplacements libres des devantures de leur maison. Étienne Gubon Maingos marchand fripier, principal locataire d’une maison située grands piliers de la tonnellerie, précise que

  • 13 A.N. Y 12614, 23 janvier 1765.

« la femme Lormois occupe sa dite place et la femme Poussot la sienne par tolérance verbalement et par suite de la location des chambres qu’elles tiennent de luy dans ladite maison, de même que font les autres locataires13 ».

11Dans ce sens, les arrangements verbaux ou écrits témoignent d’une tolérance, et d’une volonté de vivre ensemble au sein de l’immeuble et du quartier parisiens, mais aussi d’une façon singulière d’occuper l’espace. Faute d’accommodements et de compromis, l’espace devient objet de conflits et de discorde.

Les conflits d’appropriation de l’espace

12L’utilisation des espaces et la cohabitation au sein du quartier, sont aussi sources de conflits et de tensions entre voisins. Par un effort de législation et de contrôle, les autorités parisiennes tentent d’organiser et de rationaliser l’utilisation des espaces communs ainsi que d’imposer des règles de vivre ensemble. Ordonnances et sentences de polices sont promulguées et répétées successivement, touchant tous les aspects de la vie des Parisiens.

  • 14 Farge A., Vivre dans la rue à Paris au xviiie siècle, Paris, Julliard, coll. « Archives », 1979, p. (...)

13L’exercice des servitudes, comme le droit de passage, les arrangements et les accommodements menacent sérieusement l’intimité de la maisonnée. Au rez-de-chaussée, l’atelier déborde sur le trottoir, la boutique communique sur la rue, l’arrière-boutique sur la cour, les petits métiers se logent en chaque encoignure de la maison14.

14Les archives de la police parisienne nous renseignent sur ces difficultés quasi quotidiennes dont certaines dégénèrent parfois en violents conflits. La rareté des espaces et les confinements des lieux incitent les voisins à accaparer tout espace resté libre. Les espaces communs comme l’allée, la cour et l’escalier sont au cœur de ces conflits d’appropriation. Chacun tente de monopoliser l’utilisation des espaces en dépit de la jouissance des autres locataires. Et ceci malgré la surveillance des principaux locataires et les dispositions policières.

15Jean Montagne, maître teinturier, porte plainte contre le

  • 15 A.N. Y 12472, 4 juillet 1775.

« nommé Pinard Brossier demeurant dans la même maison de luy comparant et… dit que la femme du dit Pinard affectant de mettre tous les jours des cosses de poids, feuilles de chou et autres légumes dans la cour de la maison ce qui gesne la jouissance de cette cour nonobstant les déffenses que le comparant luy a faitte différentes fois, il en a parlé ce jourd’huy matin à son mary et l’a engagé à retirer ceux qui étoient dans la ditte cour, qu’il luy a répondu avec insolence et menaces et même l’a renversé à terre et luy a porté des coups de pieds et de poings à la tête et au visage desquels il a plusieurs contusions15 ».

16L’allée est un espace particulièrement litigieux. Barthélemi Detourneau, écuyer et ancien capitaine de dragon, propriétaire d’une maison située rue des boulangers dans le quartier de la place Maubert, a porté plainte contre le

  • 16 A.N. Y 9499, 31 août 1736.

« nommé Fonbert son locataire d’une boutique et autres lieux… [qui] sur les neufs heures et demy dix heures du soir auroit allumé du feu de paille pour passer ses cuirs dans l’allée de ladite maison au pied de l’escalier au risque de causer incendie que ledit sieur Detourneau s’en étant appercu il auroit fait des remontrances a ce sujet au dit Fonbert de ce que précédemment il auroit desja de même plusieurs fois allumé du feu dans l’allée16 ».

17La jouissance des lieux communs, comme le lieu d’aisances, déclenche de violentes disputes entre les locataires d’une même maison. La cuisinière du nommé Rassier, caissier des domaines du roi, demeurant au deuxième étage d’une maison rue de Berry, se plaint

  • 17 A.N. Y 9715, 7 novembre 1765.

« que depuis environ quinze jours elle a essuyé de la part de la dame Duburg […] principale locataire du premier étage de ladite maison les invectives les plus grossières et les propos les plus vils à l’occasion de ce qu’elle plaignante va journellement aux lieux d’aisances du rez-de-chaussée qui sont communs entre la dite dame Duburg et le dit sieur Russier et que ladite dame voudront l’obliger d’aller au cinquième pour avoir a elle seule la jouissance de ceux de rez-de-chaussée17 ».

18S’approprier des espaces libres devant les boutiques parisiennes provoque également des disputes qui parviennent parfois au commissaire du quartier. Les boutiquiers s’empressent souvent de rendre chaque espace exploitable. Leur usage pourrait porter préjudice aux voisins et déclencherait des conflits et des jalousies entre les commerçants. Plusieurs commerçants de

  • 18 A.N. Y 13916, 2 juillet 1735.

« Aisle du pont Marie paroisse Saint-Louis Isle Notre Dame [se plaignent de la] veuve Collard fruitière, [qui] journellement et continuellement […] s’émisse d’étendre une banne, ou toille à côté de sa boutique qui bouche les boutiques des dits plaignants en sorte que l’on ne peut découvrir les entrées de leurs maisons ce qui leur fait un tord considérable, attendu qu’elle la tend quelquefois sur les dix heures du matin et qu’elle ne la détend que sur les onze heures ou midy18 ».

19Les plaignants ajoutent qu’elle

  • 19 A.N. Y 13916, 2 juillet 1735.

« embarrasse la voye publique par des huches palliées tonneaux et autres ustensiles de sa boutique qu’elle étale devant sa porte et celles des plaignants en sorte qu’on ne peut passer et entrer dans les maisons d’eux plaignants, et que quelquefois les met eux et leurs enfants au risque de leurs vies lorsqu’il se trouve des charrettes qui passent le long de leurs maisons19 ».

20Le problème d’étalage sauvage embarrassant la circulation, le passage sur la voie publique et dans les marchés est une source permanente de conflits entre les boutiquiers et les vendeurs. Pierre Robert, marchand mercier demeurant pointe et paroisse Saint Eustache, dépose une plainte

  • 20 A.N. Y 11232, 12 janvier 1745.

« contre les nommés Delaitre mère et fille vendeuses de fruits, et dit que par les règlements de police, il est deffendu à toute personne de s’assembler à la pointe Sainte Eustache, qu’au préjudice des dits règlements ladite Delaitre fille s’est avisée de venir se placer avec un éventaire de fruits devant la boutique, duquel endroit le garçon de boutique luy ayant dit de se retirer, ladite Delaitre qui avoit un chaudron plein de feu luy a porté ledit chaudron par le visage dont il a esté blessé, que le feu du dit Chaudron a rejailly jusque sur le comptoir où il y avoit des marchandises quy ont esté endommagé20 ».

21L’abandon des matériaux de construction et des fumiers sur la voie publique gêne la circulation et l’accès aux maisons des Parisiens, qui n’hésitent pas à dénoncer les fautifs aux commissaires des quartiers. Suite à une plainte des voisins au commissaire du quartier du Marais intervient une sentence de police précisant

  • 21 A.N. Y 9499, 14 décembre 1743.

« [qu’]au préjudice d’ordonnances et règlements de police le nommé Desmaisons maître maçon entrepreneur des bâtiments… qui travaille depuis le commencement de l’été… et qui travaille encore à la réédification de deux grandes maisons rue barbette à Paris, a toujours embarrassé tant ladite rüe barbette que celle des trois pavillons qui y adjacentes par la quantité des matériaux qu’il ya tenus en tout temps… [Se déplaçant sur le lieu le commissaire] a observé… que cette quantité de matériaux gesnois le passage des rues où ils étoient et l’entrée et sorties des maisons, que les ouvriers injuroient les domestiques de ces maisons et mesme les maîtres lorsqu’ils se plaignoient de leurs contraventions21 ».

  • 22 L’échantillon porte sur quatre cents plaintes entre voisins, localisées dans cinq quartiers parisie (...)

22En effet, les conflits liés à l’appropriation de l’espace présentent 2 % de l’ensemble des conflits entre voisins22. Ce chiffre ne reflète pas la réalité et l’importance des problèmes liés à l’occupation de l’espace à Paris. En effet, il ne parvient à la police que les affaires ayant donné lieu à des violences et voies de fait. La majorité des conflits sont soit réglés à l’amiable, soit ignorés à la suite d’un arrangement quelconque.

23Cependant, la promulgation des sentences et ordonnances de police liées à ce phénomène, et leur renouvellement, reflètent l’inquiétude des autorités parisiennes. Rappelons que la police parisienne était en guerre continue pour faire appliquer la loi. Pour le xviiie siècle, nous avons dépouillé trente-six sentences de polices et sept ordonnances qui rappellent toutes les dispositions policières concernant l’interdiction de l’étalage sauvage et l’encombrement de la voie publique.

Des cohabitations difficiles

24La cohabitation au sein de l’immeuble ou du quartier se heurte à des problèmes multiples. Le bruit, la pollution et la vie jugée « scandaleuse » de certains habitants sont des sources de tensions et de conflits. Ce type de problème est à l’origine d’environ 9 % des conflits portés devant les commissaires de la police parisienne au xviiie siècle.

  • 23 Muchembled R., L’invention de l’homme moderne. Cultures et sensibilités en France du xve siècle au (...)

25Le xviiie siècle est marqué par une sensibilité de plus en plus forte face au manque d’hygiène, à l’odeur infecte et à l’insalubrité. Hygiénistes, médecins et contemporains déplorent la puanteur, l’insalubrité et la saleté des rues de la capitale. En effet, sous l’Ancien Régime, on assiste à une longue évolution des sensibilités, des pratiques et des valeurs auxquelles les hommes se réfèrent. Cette évolution est en effet le résultat d’un processus de modernisation des mœurs. Ce processus est le cœur d’un nouveau type de société. Un modèle de société dont l’État absolutiste et l’Église de la Contre-Réforme assurent les relais23.

  • 24 Elias N., La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1939 (trad. fr. 1973), p. 11-75.
  • 25 Muchembled R., op. cit., p. 154.

26Un puissant processus de « civilisation des mœurs » décrit par Norbert Elias24 marque la période entre la fin du Moyen Âge et la Révolution. Si Norbert Elias fait confiance à la nature humaine dans le changement et l’évolution des mœurs, Robert Muchembled estime que justice et société sont les catalyseurs de ce processus25.

27En effet, la fin du xve et le xvie siècle sont marqués par la description d’une civilisation caractérisée par l’excès, la violence, la promiscuité et la saleté, sans différence de sensibilités et de comportements collectifs entre l’élite sociale et ce qui est alors désigné comme le petit peuple. À partir du xviie siècle la justice royale contribua à des changements de la société d’Ancien Régime, à travers une lente « criminalisation des mœurs » par le biais d’une construction judiciaire théorique et la perfection de l’instrument policier et dans un souci de mieux contrôler et d’édifier les bases d’un nouveau type de relation entre le prince et ses sujets.

  • 26 Millot V., Cultures, sensibilités et société dans la France d’Ancien Régime, Paris, Nathan, 2000, p (...)

28L’Église de la Contre-Réforme joua un rôle important dans l’encadrement spirituel et social. L’omniprésence de la religion est l’un des traits frappants de la société d’Ancien Régime où le religieux englobe l’ensemble des conduites sociales26. L’Église catholique joua dans ce sens un rôle important dans le processus de « civilisation des mœurs ».

  • 27 Mercier L. S., Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, tome XI, 1994, p. 1071.

29Au xviie siècle, des métamorphoses commencent à s’opérer au cœur de la société, mais à des vitesses très différentes selon les groupes concernés. Les élites commencent à rejeter tout ce qui leur apparaît sauvage, sale, violent. Si ces mutations sont loin d’être accessibles au plus grand nombre, elles attirent certains membres des couches populaires françaises et contribuent progressivement à un adoucissement des mœurs, à une évolution des codes qui régissent la vie collective, et par conséquent à un autre rapport à l’autre et à l’espace. L’un des problèmes majeurs de la vie collective parisienne reste celui de la pollution et de l’insalubrité. Le problème du nettoyage de Paris fut alors une préoccupation constante des autorités parisiennes. Les efforts de législation au Grand siècle se poursuivaient au xviiie siècle. Pour les autorités parisiennes, le but était de combattre la négligence et le manque d’hygiène des Parisiens qui, selon Louis Sébastien Mercier, « ont l’œil et l’odorat accoutumés aux saletés27 ».

  • 28 Règlement général pour le nettoyement de la ville et des fauxbourgs de Paris 30 avril 1663 : Art. X (...)
  • 29 Idem., t. IV, p. 227. Règlement général du 30 avril 1663, Art XVIII : « Tous les Bourgeois et Habit (...)
  • 30 Idem, t. IV, p. 228. Règlement général du 30 avril 1663, Art XXIII : « Enjoint à tous Propriétaires (...)
  • 31 Ibid. Règlement général du 30 avril 1663, Art XXII : « Et attendu l’infection et mauvais air que ca (...)

30Par un arsenal de lois, la police parisienne tente d’imposer aux Parisiens des devoirs, qui les obligent à participer aux efforts d’assainissement de la ville. Ainsi, il est interdit de jeter ou de déposer des immondices dans la rue28. Par ailleurs, chacun est tenu de nettoyer et de balayer le devant de sa maison. Les horaires de balayage sont prescrits par les ordonnances et les règlements pour le nettoiement29. Pour combattre les odeurs nauséabondes, chaque propriétaire est obligé de faire aménager des latrines ou lieux d’aisances. Les fosses devaient être régulièrement vidées et réparées30. Dans ce sens, il est interdit aux Parisiens d’élever certains animaux domestiques31.

  • 32 C’est le cas des charcutiers, des boulangers, et des vendeurs de poissons, etc., auxquels il est in (...)

31Certains métiers sont particulièrement visés, car considérés comme des activités polluantes32. Les Parisiens eux-mêmes étaient conscients de ces problèmes. Ils participaient au balayage des abords directs de leurs maisons et n’hésitaient pas à dénoncer les contrevenants et les pollueurs. Les principaux locataires exercent à cet effet un droit de surveillance et veillent à la propreté, à la tranquillité et à l’ordre au sein de l’immeuble. Les propriétaires et les principaux locataires exigent dans les contrats des baux la satisfaction « à toutes les charges de ville et de police, dont les locataires sont ordinairement tenus ».

  • 33 Ordonnance de police concernant le balayage et nettoiement devant les maisons, cours, jardins et au (...)

32Toutes ces prescriptions sont répétées régulièrement tout au long du xviiie siècle33. Leur réitération montre bel et bien les difficultés que rencontrent les autorités parisiennes pour imposer aux Parisiens certaines règles de vie en collectivité. Entre 1715 et 1787, on a pu suivre les traces de quatorze sentences et neuf ordonnances de polices relatives aux problèmes d’hygiène, de pollution et de jet d’ordures. Quarante-huit commissaires et vingt inspecteurs de police sont employés à travers la ville de Paris, chacun dans son quartier pour faire respecter les ordonnances et les sentences de la police. Ils étaient chargés de veiller à la propreté des rues et des places publiques. Ils effectuaient des rondes régulières pour constater les contraventions et le refus de respecter les prescriptions en matière de nettoiement, d’hygiène et de « repos public ».

33Malgré le discours hygiéniste et la surveillance policière en matière de nettoiement des rues, et en matière sanitaire, ainsi que la surveillance des principaux locataires, le jet d’ordures, de matières fécales et d’immondices, continuent à la fois à l’intérieur des maisons et dans la rue.

34Les conflits liés au problème de pollution et de jet d’ordures représentent environ 4 % des plaintes reçues par les commissaires de la police parisienne. Rétif de la Bretonne nous fait ici le récit de son expérience personnelle :

  • 34 Rétif de la Bretonne N., Les nuits de Paris, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 93.

« Il est de soirées où tous les inconvénients d’une grande population se trouvent réunis […] J’avais affaire du côté de la rue Saint-Victor ; tout à l’entrée, je fus aveuglé par une nappe d’eau de savon, lancée d’une fenêtre percée dans le toit. Les particules qui voltigeaient m’entrèrent dans les yeux et me causèrent un picotement fort douloureux. Je ne savais où j’en étais34. »

  • 35 A.N. Y 11686, 27 avril 1765.

35Le jet d’ordures par les fenêtres demeure une habitude quotidienne. Le commissaire du quartier de la place Maubert rapporte qu’à dix heures du soir, deux ouvriers qui logent rue des charbonniers, sont venus rendre plainte « contre les propriétaires et locataires d’une maison à porte-cochère sise à Paris rue Mouffetard […] et [lui] ont dit qu’il ya environ une demi-heure comme ils passoient dans ladite rue Mouffetard […] passants le long de ladite maison il leur a été jeté d’une des fenêtres d’ycelle une potée d’urine et matière fécale35 ».

  • 36 A.N. Y 15164, 6 octobre 1735.

36La femme Rousselet dénonce le comportement des femmes Leblanc et La Chapelle « locataires d’elle plaignante et de son mari […], [qui] depuis trois mois ou environ […] les accablent d’injures en haine de ce que ladite plaignante n’a pas voulu souffrir qu’[elles] plaçassent leurs ordures et immondices dans leur cour36 ».

37Les odeurs nauséabondes et la pollution qu’engendrent les activités polluantes des bouchers, tripiers, tanneurs sont difficiles à supporter par les voisins qui n’hésitent pas à dénoncer les pollueurs. Les commissaires de police reçoivent les plaintes des habitants de leurs quartiers. Sur les rapports des commissaires des vingt quartiers parisiens, interviennent des sentences de polices, qui rappellent les règlements de la police et condamnent les contrevenants à payer les amendes prescrites.

38Le 18 novembre 1729, une sentence de police sur rapport du commissaire Lecompte, quartier du Luxembourg, rapporte que

  • 37 A.N. Y 9498, 18 novembre 1729.

« plusieurs habitants des rues de monnaies […] et de Bussy […] ont fait depuis quelque tems plusieurs plaintes verballes de l’incommodité et de l’infection qu’ils souffrent des excréments ordures, immondices, et du sang que les bouchers de la rue des boucheries faisoient couller dans les dittes rues, a toutes sortes d’heures du jour, de leurs abbatis et maisons37 ».

  • 38 Gutton J.-P., Bruit et sons dans notre histoire, Paris, PUF, 2000, p. 84.
  • 39 Idem, p. 47.
  • 40 Cité par Gutton J.-P., op. cit., p. 47.

39La deuxième moitié du xviiie siècle est caractérisée par un souci de tranquillité et une recherche de l’intimité qui rompt partiellement avec les pratiques antérieures38. Considéré comme une valeur religieuse et spirituelle, le silence est imposé dans toutes les institutions issues de la réforme catholique39. Par ailleurs, la littérature de l’époque forge une conception d’un idéal social valorisant le silence. Une lettre de Guez de Balzac, le 15 août 1618, mentionne le fait qu’« un honnête homme propose toujours ses opinions de la même sorte que ses doutes et n’élève jamais le ton de sa voix, pour prendre d’avantage sur ceux qui ne parlent pas si haut40 ».

40Pour garantir la tranquillité du voisinage pendant la nuit, la réglementation de la police fait défense à

  • 41 Ordonnance de Police concernant la sûreté et la tranquillité publique du 21 mai 1784. Isambert, op. (...)

« tous traiteurs, restaurateurs, taverniers, limonadiers, vinaigriers, vendeurs de bière, d’eau-de-vie et de liqueurs en détail, d’avoir leurs boutiques ouvertes, ni de recevoir aucune personne chez eux et d’y donner à boire passé dix heures du soir depuis le 1er novembre jusqu’au 1er avril ; et depuis le 1er avril jusqu’au 1er novembre après onze heures. Leurs défendons pareillement de recevoir chez eux aucune femme de débauche, vagabonds, mendiants, gens sans aveu et filous41 ».

  • 42 Ordonnance de Police concernant la sûreté publique du 4 novembre 1778. Isambert, t. 25, p. 444.

41Dans le même souci, les propriétaires ou les principaux locataires sont obligés de « tenir les portes de leurs maisons fermées pendant la nuit ; leurs défendons de les laisser ouvertes après huit heures du soir, depuis le 1er novembre jusqu’au dernier mars, et après dix heures depuis ledit jour dernier mars jusqu’au 1er novembre42 ».

  • 43 Ordonnance de police concernant les femmes et filles de débauche du 6 novembre 1778. Isambert, op. (...)

42Par ailleurs, les Parisiens ne peuvent « louer ni sous-louer les maisons dont ils sont propriétaires ou locataires, qu’à des personnes de bonne vie et mœurs… [ni] souffrir en icelles aucun lieu de débauche43 ».

43Les Parisiens sont de plus en plus sensibles au bruit. Jean Branle compagnon maçon, domicilié rue de Beaujolois dans le Marais, a été

  • 44 A.N. Y 14460, janvier 1765.

« accusé […] par plusieurs et différentes personnes d’avoir tant aujourd’huy qu’hier fait d’esclandre et tapage dans son quartier [et] a été arrêté à la clameur publique comme tapageur […] [et] perturbateur de repos public44 ».

  • 45 Déclaration royale touchant les femmes débauchées du 26 juillet 1713. Isambert, op. cit., t. 20, p. (...)

44La législation accorde au voisin un rôle primordial dans la préservation du « repos public ». Les voisins sont associés à l’exercice de la police dans la mesure où ils doivent veiller à garantir l’ordre et la morale commune. Ils doivent dénoncer au commissaire du quartier tous « cas de débauche publique et vie scandaleuse des filles ou de femmes ». La Déclaration royale du 26 juillet 1713 charge les commissaires, chacun dans son quartier, de « recevoir les déclarations qui leur en seront faites, et signés par les voisins45 ».

45Le dépouillement des Sentences et Ordonnances de Police montre le rôle important joué par les habitants du quartier dans le contrôle et la dénonciation de tapageurs et de la mauvaise conduite des voisins. En effet, on a recensé vingt-huit sentences de polices faisant état de bruit, de tapage nocturne, et d’ouvertures à des heures tardives de cabarets et de lieux d’accueil. Quinze sentences interviennent après des patrouilles effectuées par la garde parisienne et treize sentences sont publiées suite à des plaintes des voisins. À ceci s’ajoutent vingt-trois sentences qui condamnent la vie scandaleuse des locataires, tous dénoncés par leurs voisins. Par ailleurs, les conflits liés aux tapages nocturnes et vie scandaleuse représentent 5 % des plaintes déposées au Châtelet.

46Une sentence de police condamne le nommé Sieurey, blanchisseur et sa femme à 30 livres d’amende. Cette sentence intervient à la suite du rapport du commissaire du quartier de Louvre. Dans son rapport ce dernier note

  • 46 A.N. Y 9498, 23 août 1720.

« qu’il a reçu plainte des voisins du nommé Sieury blanchisseur et sa femme demeurant rue de Chantre… contenant qu’ils ne peuvent plus reposer une seule nuit par les incommodes, blasphème… qui se profanne par lesdits Sieurey et sa femme et leurs complices la plus grande partie des nuits de chaque semaine jusqu’à trois à quatre heures du matin, se mettant ordinairement dans la cour de ladite maison où ils boivent avec outrance et estant pris de boisson querellent et insultent leur voisinage avec une telle extrémité qu’il n’est plus possible de les soutenir46 ».

47Dans le Paris du xviiie siècle, mener une vie « scandaleuse » nuit énormément à la tranquillité, à l’ordre public et à la morale commune. Les voisins sont sensibles aux intrusions des « gens sans qualité » ou de « mauvaise conduite ».

  • 47 Farge A., op. cit., p 33.
  • 48 Millot V., op. cit., p. 52.
  • 49 Voir à ce propos, Eleb Vidal M., op. cit., et Pardhailhé G. A., La naissance de l’intime : 3 000 fo (...)

48La dénonciation des malfaiteurs par les voisins, comme il est mentionné dans les sentences de police ou dans les plaintes, montre que les habitants s’identifiaient à l’espace dans lequel ils vivaient. Ils tentent de le protéger et d’y préserver ce qu’ils considèrent comme la morale commune. Ouvert sur la rue, le logement l’est davantage sur celui des voisins. Face à cette promiscuité et à l’absence de toute intimité, les familles entassées essaient au maximum de réduire l’intrusion47. En effet, dans la société parisienne de l’Ancien Régime, les conditions de vie de la plupart des Parisiens rendent aléatoire toute séparation stricte entre sphère de la vie publique et celle de la vie privée48. Cette réalité n’empêche pas l’évolution des attitudes de Parisiens qui prouvent le triomphe de « la culture de l’intime49 » au sein de la société parisienne du xviiie siècle.

49Les locataires d’une maison située rue du Chantre, dans le quartier du Louvre, sont venus se plaindre au commissaire du quartier que

  • 50 A.N. Y 9498, 19 juillet 1720.

« les nommés Girard, Garnier et leurs femmes [qui sont] venues occuper deux chambres l’une contre l’autre en ladite maison, ils se sont aperçus que les dites femmes Girard et Garnier au vu et sçu de leurs maris y menoient en semble une vie déréglée recevant jour et nuit des hommes de différents états et des femmes et filles de prostitution publique, chantant des chansons dissolues et tenants des discours infamants, jurant et blasphémant le Saint nom de Dieu, se battent et font un tel bruit qu’il n’est pas possible aux dits voisins de supporter plus longtems un tel scandale, et ont même fait battre deux voisines par deux particuliers portant l’espée parce qu’elles avoient rapporter aux plaignants la prostitution infâme […] qui se faisait dans les chambres des dits Girard et Garnier50 ».

  • 51 A.N. Y 9498, 19 juillet 1720.

50Une sentence de police intervient après ces plaintes, condamne lesdits Girard et Garnier ainsi que leurs femmes à 30 livres d’amende et les oblige à un déménagement immédiat de ladite maison sous vingt-quatre heures51.

Conclusion

  • 52 Voir à ce propos, Pardhailhé G. A., op. cit., p. 247-267.

51Le rapport des Parisiens du xviiie siècle à l’espace dans le quotidien de leur activité professionnelle ou personnelle, n’est certainement pas celui de nos contemporains. Le confinement des espaces, dans une ville densément peuplée et la sensibilité aux nuisances sonores et olfactives conditionnent le rapport des Parisiens à l’espace et leur rapport à l’autre. Les autorités parisiennes jouent, dans ce sens, un rôle primordial en ce qui concerne la législation et la surveillance. Confrontée à tous les problèmes de la vie urbaine, l’action policière se traduit par une vaste production d’ordonnances et de règlements. Une politique de l’espace est mise en place. Les dernières décennies du xviiie siècle sont marquées par une évolution des sensibilités des Parisiens au sujet des problèmes d’hygiène et de nuisances sonores de même que par un souci d’intimité et de distinction entre le privé et le public52. Toutefois une forte opposition se lit entre la vie fragile du peuple et le discours juridique et sanitaire, et ce malgré les changements des mœurs et attitudes des Parisiens.

Figure 1 : Les embarras de Paris : [estampe].

Figure 1 : Les embarras de Paris : [estampe].

Source : gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France. Editeur : A Paris chez la V.e Maillot, rue Saint Jacques proche de la fontaine Saint-Severin. Type : Scènes historiques – 1701-1788, image fixe, estampe, BNF.

Bibliographie

De la Mare N., Traité de la Police, où l’on trouvera l’histoire de son établissement, les fonctions et les prérogatives de ses magistrats, toutes les lois et tous les règlements qui la concernent, Paris, Éd. J. et P. Cot, 4 tomes, 1705.

Eleb-Vidal M. et Debarre-Blanchard A., Architectures de la vie privée, maisons et mentalités xviie-xixe siècles, introduction de Michelle Perrot, Bruxelles, Hazan.

Elias N., La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 2002 (1989), 352 p.

Farge A., Vivre dans la rue à Paris au xviiie siècle, Paris, Julliard, coll. « Archives », 1979.

Gutton J.-P., Bruits et sons dans notre histoire : essai sur la reconstitution du paysage sonore, Paris, PUF, 2000.

Isambert F.-A. et Jourdan A.-J.-L., Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris, Plon, 29 vol., dont 1 de table ; in-8, 1821-1833.

Lister M., Voyage de Lister à Paris en 1698, Paris, Société des bibliophiles, 1873.

Rétif de la Bretonne N., Les nuits de Paris, Paris, Robert Laffont, 1990, 1372 p.

Mercier L. S., Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, 1994.

Notes

1 Lister M., Voyage de Lister à Paris en 1698, Paris, Société des bibliophiles, 1873, p. 22.

2 Roche D., Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1998, p. 29.

3 L’édit de 14 janvier 1702 sur la nouvelle division de Paris en vingt quartiers. De La Mare N., Traité de la Police, Paris, Éd. J. et P. Cot, livre I, titre VI, 1705, p. 92.

4 Archives nationales, Série Y : Commissaires aux polices et Chambre criminelle. Un échantillon de cinq quartiers et faubourgs parisiens est l’objet de cette étude : les quartiers de la Cité, de Saint-Benoît, des Halles, du Marais et le faubourg Saint-Marcel. Le dépouillement de ces archives concerne les années 1715, 1725, 1735, 1745, 1755, 1765, 1775 et 1785.

5 Archives nationales, Minutier central des notaires de Paris. Les mentions des servitudes et des accommodements dans les contrats des baux sont rares. Les cas cités dans ce travail sont donnés à titre d’exemple.

6 Archives nationales, Y 9498 et Y 9499 : Minutes de sentences et ordonnances de Police 1668-1787. Un dépouillement systématique des sentences et des ordonnances de la Police parisienne entre 1715 et 1787.

7 Eleb-Vidal M. et Debarre-Blanchard A., Architectures de la vie privée, maisons et mentalités xviie-xixe siècles, introduction de Michelle Perrot, Bruxelles, Hazan, 1989, p. 171.

8 M.C. ET_XXXV_523, 3 mai 1715.

9 Idem, 3 mai 1715.

10 M.C. ET_XXXV_523, 31 mars 1715.

11 M.C. ET_XII_541, 19 août 1755.

12 A.N. Y 9498, Sentence de Police, 8 août 1727.

13 A.N. Y 12614, 23 janvier 1765.

14 Farge A., Vivre dans la rue à Paris au xviiie siècle, Paris, Julliard, coll. « Archives », 1979, p. 36.

15 A.N. Y 12472, 4 juillet 1775.

16 A.N. Y 9499, 31 août 1736.

17 A.N. Y 9715, 7 novembre 1765.

18 A.N. Y 13916, 2 juillet 1735.

19 A.N. Y 13916, 2 juillet 1735.

20 A.N. Y 11232, 12 janvier 1745.

21 A.N. Y 9499, 14 décembre 1743.

22 L’échantillon porte sur quatre cents plaintes entre voisins, localisées dans cinq quartiers parisiens à savoir les quartiers de la Cité, des Halles, du Marais, de Saint-Benoît et de la place Maubert.

23 Muchembled R., L’invention de l’homme moderne. Cultures et sensibilités en France du xve siècle au xviiie siècle, Paris, Hachette, 1994, p. 10.

24 Elias N., La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1939 (trad. fr. 1973), p. 11-75.

25 Muchembled R., op. cit., p. 154.

26 Millot V., Cultures, sensibilités et société dans la France d’Ancien Régime, Paris, Nathan, 2000, p. 9.

27 Mercier L. S., Tableau de Paris, Paris, Mercure de France, tome XI, 1994, p. 1071.

28 Règlement général pour le nettoyement de la ville et des fauxbourgs de Paris 30 avril 1663 : Art. XIX : « Défenses à toute personnes de quelque état ou condition qu’ils soient de jetter, faire ou souffrir jetter dans les rues aucunes ordures, immondices, cendres de lessive… ni quelques autres ordures que ce soit. » Art. XXI : « Défenses à toutes personnes de jetter par les fenêtres aucunes urines ou autres ordures de quelques nature que ce soit. » De La Mare N., op. cit., t. IV, p. 228.

29 Idem., t. IV, p. 227. Règlement général du 30 avril 1663, Art XVIII : « Tous les Bourgeois et Habitans de ladite ville et Fauxbourgs de Paris… feront nettoyer au balai devant leurs maisons, selon leur étendues, tous les jours à sept heures en été et à huit heures en hyvers, et amasser contre les murailles de leurs logis les boues, ordures et autres immondices… seront tenus lesdits Bourgeois et Habitants faire jetter par chacun jour deux seaux d’eau pour le moins sur le pavé et ruisseaux étant devant leurs maisons… »

30 Idem, t. IV, p. 228. Règlement général du 30 avril 1663, Art XXIII : « Enjoint à tous Propriétaires de maisons, où il n’y a fosses et retraits, d’y en faire faire incessamment et sans délai. »

31 Ibid. Règlement général du 30 avril 1663, Art XXII : « Et attendu l’infection et mauvais air que cause la nourriture des Porcs, Pigeons et Lapins en cette Ville et Fauxbourgs de Paris, et les inconveniens qui en peuvent arriver, ladite Cour a fait et fait très-expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelques qualité et condition qu’elles soient, d’avoir en leurs maisons esdite Ville et Fauxbourgs, aucuns Porcs, Pigeons et Lapins, à peine de trente livres parisis d’amende et de confiscation. »

32 C’est le cas des charcutiers, des boulangers, et des vendeurs de poissons, etc., auxquels il est interdit, par le Règlement du 30 avril 1663 et les ordonnances qui suivent, de « jetter aucunes tripailles, boyaux, sang de bestiaux, rognures de mourues, ni autres choses dans lesdites rues ».

33 Ordonnance de police concernant le balayage et nettoiement devant les maisons, cours, jardins et autres emplacement dans la ville et faubourgs de Paris du 8 novembre 1780 : « Ordonnons que les édits, arrêts et règlements concernant le nettoiement, et notamment l’arrêt du Parlement du 30 avril 1663, l’édit de décembre 1666, et les ordonnances de police de 3 février 1734, 25 avril 1744, 28 novembre 1750, 20 février 1759, 2 décembre 1775 et 6 novembre 1778 seront exécutés, selon leur forme et teneur… » Isambert F. A. et Jourdan A.-J.-L., Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris, Plon, 1821-1833, 29 vol., dont 1 de table ; in-8, t. 26, p. 389.

34 Rétif de la Bretonne N., Les nuits de Paris, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 93.

35 A.N. Y 11686, 27 avril 1765.

36 A.N. Y 15164, 6 octobre 1735.

37 A.N. Y 9498, 18 novembre 1729.

38 Gutton J.-P., Bruit et sons dans notre histoire, Paris, PUF, 2000, p. 84.

39 Idem, p. 47.

40 Cité par Gutton J.-P., op. cit., p. 47.

41 Ordonnance de Police concernant la sûreté et la tranquillité publique du 21 mai 1784. Isambert, op. cit., t. 27, p. 412.

42 Ordonnance de Police concernant la sûreté publique du 4 novembre 1778. Isambert, t. 25, p. 444.

43 Ordonnance de police concernant les femmes et filles de débauche du 6 novembre 1778. Isambert, op. cit., t. 25, p. 449.

44 A.N. Y 14460, janvier 1765.

45 Déclaration royale touchant les femmes débauchées du 26 juillet 1713. Isambert, op. cit., t. 20, p. 604.

46 A.N. Y 9498, 23 août 1720.

47 Farge A., op. cit., p 33.

48 Millot V., op. cit., p. 52.

49 Voir à ce propos, Eleb Vidal M., op. cit., et Pardhailhé G. A., La naissance de l’intime : 3 000 foyers parisiens. xviie-xviiie siècle, Paris, PUF, 1988, p. 247-267.

50 A.N. Y 9498, 19 juillet 1720.

51 A.N. Y 9498, 19 juillet 1720.

52 Voir à ce propos, Pardhailhé G. A., op. cit., p. 247-267.

Table des illustrations

Titre Figure 1 : Les embarras de Paris : [estampe].
Légende Source : gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France. Editeur : A Paris chez la V.e Maillot, rue Saint Jacques proche de la fontaine Saint-Severin. Type : Scènes historiques – 1701-1788, image fixe, estampe, BNF.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/141668/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 245k

Auteur

Hatem El Mouldi est agrégé d’histoire de l’École normale supérieure de Tunis. Il est actuellement enseignant en histoire moderne occidentale à l’université de la Mannouba, Tunis, et conduit une thèse sur les relations de voisinage à Paris au xviiie siècle. Ses thèmes de recherche s’inscrivent dans le champ de l’histoire sociale et culturelle.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search