1 Sur la même période, les taux de bacheliers des enfants de cadres supérieurs et de chefs d’entreprise sont passés de 54,6 % en 1960 à 86,1 % au tournant des années 1990.
2 La durée moyenne de scolarisation a progressé de 17,1 ans en 1985-1986 à 19,1 ans en 1999-2000 puis 18,6 années de nos jours, de sorte que 85 % environ des jeunes d’une classe d’âge sont désormais scolarisés à 18 ans.
3 Configuration que Pierre Bourdieu et Patrick Champagne analysent comme un mensonge à soi-même puisque les lycéens des filières dévaluées savent qu’ils sont en quelque sorte condamnés à terme. Cf. « Les exclus de l’intérieur », Actes de la recherche en sciences sociales, n ° 91-92, 1992, p. 98-105.
4 Il convient à nouveau de tenir compte des variations contextuelles, essentielles pour comprendre le rapport des collégiens à leurs études et à leur établissement. Cf. Cousin O., Felouzis G., op. cit.
5 Enquêtant dans un lycée professionnel de la banlieue nord de Paris, une enseignante me confiait que les élèves avaient refusé de porter un tee-shirt dont le graphisme, pourtant confectionné par leurs soins, symbolisait le nom de leur établissement qu’ils n’imaginaient pas arborer à l’extérieur.
6 On perçoit l’enjeu statutaire et pas seulement économique du « petit boulot » dans ce témoignage d’une lycéenne de filière technologique : « Je ne peux pas tout assumer et je me sens mieux dans mon boulot qu’à l’école. L’ambiance de la classe, je ne la supporte plus […] J’ai 20 ans, je suis en terminale je ne veux plus de ça. Au moins au boulot, c’est clean, on me prend pour un adulte, j’ai le respect de moi-même », cité in Périer P., «Adolescences populaires et… », op. cit., p. 237.
7 Cf. la définition du sujet comme « être singulier qui s’approprie le social sous une forme spécifique » (Charlot, 1997, p. 47).
8 Distinction qui oppose le rapport utilitaire au savoir, appréhendé à travers ses effets immédiats et pratiques, au rapport stratégique qui implique anticipation et pondération des investissements en fonction d’un projet. Cf. Bautier E, Rochex J. -Y., op. cit.
9 . Habiletés et stratégies de triche qui représentent un champ d’étude qui reste presque totalement à défricher. Il suffit de penser à la pratique en milieu étudiant du « copier/coller » de documents disponibles sur internet pour prendre la mesure des évolutions en cours.
10 Il faut préciser en effet que les emplois créés en nombre dans d’autres secteurs (informatique, recherche et développement, commerce, éducation…) sont restés inaccessibles aux anciens salariés de l’industrie et même souvent à leurs enfants. Cf. Dubar C., La crise des identités, Paris, PUF, 2003.
11 Une enquête ethnographique en secteur rural montre ainsi qu’un accès facilité à l’emploi dans l’entreprise locale, garantissant un avenir sans incertitudes, s’accompagnait d’effets de légitimation des parents. Cf. Renahy N., Les gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La Découverte, 2005.
12 On sait que celui-ci est d’autant plus fortement encouragé chez les élèves qu’ils font face à des scolarités difficiles et qu’ils appartiennent aux milieux populaires (Duru-Bellat, 2002).
13 On sait, en effet, que les écarts de scolarité entre filles et garçons sont d’autant plus marqués que l’on descend dans la hiérarchie sociale, avec des parcours scolaires sensiblement meilleurs pour les filles de milieux populaires, de l’école primaire jusqu’au lycée au moins. Ainsi, au tournant des années 1990, l’écart d’accès au baccalauréat général entre fils d’ouvriers et de cadres est de 1 à 7 alors qu’il est comparativement de 1 à 4,8 pour les filles de ces mêmes milieux. Cf. Baudelot C., Establet R., Allez les filles !, Paris, Points Actuels, 1992, p. 146.
14 Selon ce même schéma explicatif, les vertus de la socialisation féminine ont aussi leur envers en ce qu’elles préparent moins les filles à s’engager, à compétence égale des garçons, dans la compétition scolaire et dans la lutte des places des filières scientifiques ou classes préparatoires socialement plus prometteuses.
15 Les enquêtes menées auprès des jeunes des quartiers populaires souffrent de la même absence de représentation des jeunes filles et tout particulièrement lorsqu’elles sont immigrées ou d’origine étrangère. Outre qu’il est de nature à nuancer voire à invalider certains résultats (notamment, sur l’expérience de la démocratisation scolaire), un tel écueil doit nous interroger sur les raisons de cette parole refusée ou « interdite » et sur les dispositifs d’enquête qui permettraient qu’elle se libère tout en étant « protégée ». Il n’est pas certain de ce point de vue que la relation d’enquête avec des jeunes de milieux populaires se structure uniquement sur la base d’une double domination économique et culturelle (cf. par exemple, Mauger G., « Espace de style de vie déviants des jeunes de milieux populaires », in Baudelot C., Mauger G., Jeunesses populaires, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 347-384) sauf à ignorer la variable de genre qui segmente si fortement les attitudes, les uns répondant volontiers aux enquêtes (garçons), les autres non (filles).