Fortifier les manoirs pour le « prouffit de la chose publique » dans le Cotentin à la fin du XIVe siècle
p. 255-273
Texte intégral
1Les deux autorisations de fortifier accordées en 1388 à Nicolas Paynel, seigneur de Bricqueville-sur-Mer et en 1400 à Isabelle de Meulan, dame du Hommet, me semblaient en tout cas pour la première, où l’acte royal met en avant la protection de la frontière maritime, le refuge des civils et le « proufit de la chose publique », particulièrement en adéquation avec le thème de ce colloque1. Le second acte, dépourvu de l’apparat contenu dans le précédent, permettait au contraire de laisser filer un discours sur la recherche de l’ostentation de la part d’un grand lignage du Cotentin. Le projet d’un commentaire académique s’est progressivement enrichi d’une suite d’interrogations et de demi-réponses dans lesquelles se conjuguent des considérations sur les institutions liées à la défense du duché, en particulier la défense du littoral, et les structures matérielles comme le rôle des maisons fortes dans une période particulièrement troublée de la Normandie occidentale, qui a vu à partir des années 1340 se conjuguer des épisodes militaires inattendus et nouveaux dans leurs modalités autant pour les nobles tenants de châteaux et de manoirs que pour les populations rurales.
2L’élucidation de ce que furent les dispositifs de défense mis en œuvre par les tenants des manoirs non fortifiés est délicate. Le vocabulaire utilisé pour désigner le complexe dans son ensemble est réduit à quelques formules insuffisantes pour en apprécier les dispositions matérielles (manoir, « hostel », « place », « fort »), dispositions qui ne sont jamais évoquées par les tenants dans les aveux et dénombrements. En outre, les manoirs du Cotentin, dans leur état actuel, à de rares exceptions près, ne sont pas, dans leurs structures conservées, antérieurs à la fin du XVe siècle.
3Ce que je présente ici pourrait constituer des propositions pour un travail plus approfondi dans une région où les mutations des structures des maisons nobles n’ont pas attiré les chercheurs, comme c’est le cas dans d’autres régions qui seront invitées en référence.

Fig. 1. – Carte des sites mentionnés.
Les faits bruts
Bricqueville et La Rivière
4En 1388 et 1400, deux actes royaux autorisent Nicolas Paisnel puis Isabelle de Meulan à fortifier pour l’un « sa place close de fossés » de Bricqueville et pour l’autre son « hostel » de la Rivière2. La formulation de la chancellerie laisse percevoir que ces autorisations répondent favorablement, après enquête, aux demandes des deux intéressés. Le « bien », « prouffit » et « seurete » de la chose publique et des « manants » et paroissiens ont sans doute été lourdement invoqués dans les argumentaires envoyés à l’administration royale3. On comprend que Nicolas Paynel, dans le dossier très documenté fourni à l’administration y a décrit l’état démuni des structures de défense de la région et la situation en frontière alors que des trêves sont en cours de discussion4. En effet, la « place » fossoyée de Bricqueville, sur le littoral occidental du Cotentin entre Coutances et Granville donne sur les îles anglo-normandes et depuis le démantèlement de la forteresse royale de Gavray en 13785, toute la région est dépourvue de véritables défenses et de lieux de refuge pour les populations.
5L’« hostel » de la Rivière s’élève aux franges occidentales de la dépression fluvio-marine de l’estuaire de la Vire et pourrait participer au contrôle à la fois du dangereux et stratégique passage est-ouest du Cotentin vers le Bessin et de la navigation de la Vire vers Saint-Lô.
6Les conditions topographiques dans lesquelles ces deux établissements ont été construits sont assez inattendues (fig. 2). La « place » de Bricqueville s’élève à l’écart du village au fond de l’estuaire de deux petits fleuves, peut-être déjà isolée de la mer par une grande étendue d’herbus comme le signale la carte de Cassini au XVIIIe siècle6. L’« hostel » de la Rivière a été construit dans un même site très bas en altitude au pied du plateau occidental qui délimite la dépression fluvio-marine du vaste estuaire de la Vire régulièrement envahi par la mer, en face de la forteresse des évêques de Bayeux à Neuilly7.
Les bénéficiaires
7Les bénéficiaires de ces deux actes royaux sont des nobles normands de haut niveau et d’ancienne réputation8.
8Nicolas Paynel, seigneur de Bricqueville, est issu d’une très ancienne famille lourdement possessionnée dans le centre-ouest du Cotentin ; son père Foulques V Paynel seigneur de Hambye9, de Bricqueville et de Chanteloup10 était présent au traité de 1339 entre Philippe VI et la noblesse normande. Depuis le XIIIe siècle, les hommes du lignage ont souvent noué et renouvelé des alliances matrimoniales avec les grandes familles du centre-est du Cotentin en particulier les Hommet et les Bertrand11. Depuis le début du conflit franco-anglais et ses extensions navarraises, Nicolas Paynel a hésité dans ses fidélités, mais depuis le début des années 1370 il est retourné dans la fidélité au roi de France qu’il sert courageusement à Cherbourg en 1381, en Flandre en 1382 et dans l’escorte du jeune Charles VI dont il est aussi un des chambellans12. Le domaine littoral de Bricqueville, tenu du Mont-Saint-Michel moyennant le service d’un chevalier13, est sans doute entré anciennement dans la famille peut-être lors du second mariage de Guillaume Paisnel avec Adelize dame de Lengronne et de Bricqueville vers 1085. Les destinées de la seigneurie sont mal suivies et l’on soupçonne qu’alternent retours au chef du lignage et concessions aux cadets, comme c’est le cas à l’époque qui nous concerne14.

Fig. 2. – Sites de Bricqueville et de La Rivière au XVIIIe siècle. Carte de Cassini.
9Isabelle de Meulan est entrée par son second mariage avec Guillaume de Montenay, seigneur du Hommet et de la Rivière, dans la très grande famille du Hommet possessionnée depuis le XIe siècle dans le centre-est du Cotentin, dans le Bessin et près de Lisieux. En 1147, Richard du Hommet obtient par mariage la connétablie héréditaire de Normandie qui lui donne la tête du baronnage normand. En 1252, la baronnie est divisée entre les héritières de Jourdain du Hommet15. Jeanne, épouse de Philippe de Hotot reçoit la demi-baronnie du Hommet-La Rivière et une portion du château du Hommet d’Arthenay. Dans son aveu au roi de 1396, elle déclare les 19 fiefs qui dépendent de sa demi-baronnie pour lesquels elle doit le service de deux chevaliers. Au même moment, les droits qu’elle affirme tenir dans l’estuaire marécageux de la Vire en particulier dans des pêcheries anciennes sont l’occasion de multiples conflits avec l’évêque de Bayeux dont la baronnie de Neuilly se déploie à l’est de la Vire16.
Interrogations sur les modalités architecturales primitives
10Ces actes royaux de la fin du XIVe siècle contiennent les premières véritables attestations d’un séjour noble au chef-lieu des seigneuries de la Rivière et de Bricqueville et les vocables utilisés pour les désigner, « place close de fosses » et « hostel » sont bien peu parlants. À la fin du XIVe siècle en Normandie, le vocable « hostel » est utilisé comme son synonyme « manoir » pour désigner aussi bien une maison forte qu’un manoir non défendu et cela dans les contextes les plus divers comme par tous les types de scripteurs. La « place close de fosses » à Bricqueville, dont on sait par ailleurs qu’elle est à cette date dotée d’une chapelle17, évoque une formule castrale attestée en Normandie depuis au moins le XIIe siècle. Elle pourrait désigner un complexe composé d’une plate-forme artificielle ou non cernée de talus et de fossés. À l’heure actuelle, ces structures souvent réduites à l’état de vestiges terrassés comme à Hottot-en-Auge18, le Parc-Sainte-Pience19 ou Rubercy20, sont mal connues en Normandie et l’on soupçonne qu’au XIVe siècle, leurs structures primitives ont été peu modifiées comme c’est aussi le cas pour des édifices plus imposants avec cour et basse-cour (Aunay-sur-Odon21, Saint-Vaast-sur-Seulles22, Beaumont-le-Richard).
11La construction de l’« hostel » de la Rivière pourrait être une conséquence du partage de la baronnie du Hommet en 1252 par la volonté du tenant d’édifier un séjour sur la portion qui lui revenait malgré la stricte partition entre les héritières du château, chef-lieu de la seigneurie primitive. Les vestiges actuels très dégradés et remaniés à la fin du XVe siècle, n’ont jamais fait l’objet d’analyses ni d’observations approfondies et laissent présager l’existence d’une maison forte quadrangulaire primitive dotée d’une chapelle Saint-Louis23. Le contexte topographique des deux installations rend nécessaire la présence de dispositifs de drainage des eaux fluviales et de contrôle de la remontée des eaux marines, des fossés dont la vocation primitive ne serait donc pas défensive24.
12En cette fin du XIVe siècle, les aveux et dénombrements de la noblesse du Cotentin n’évoquent, par aucun qualificatif, l’état architectural de la maison noble, chef-lieu de seigneurie, ils privilégient dans leurs déclarations les bâtiments emblématiques du pouvoir seigneurial (chapelles, colombiers, moulins) et les espaces aménagés attenants au manoir (bois, garennes, étangs)25. Les demandes d’autorisation de fortifier et les vocables utilisés pour désigner ces résidences de la noblesse de bon niveau, en dehors des puissants châteaux (Hambye, Hommet d’Arthenay), révèlent des séjours peu défendus, souvent anciens, dont les tenants auraient respecté la législation ducale qui réglementait sévèrement les dispositifs défensifs.
13Il faudra donc s’interroger sur les nouvelles structures mises en place et leur degré d’efficacité.
Contexte politique et militaire
14Dans ces deux dernières décennies du XIVe siècle, le contexte politique et militaire est plus ou moins favorable à une remise en état du bâti et à une révision des modalités de défense. Les défaites infligées à Charles de Navarre en 1378 et les trêves signées entre la France et l’Angleterre en 1389, ont mis fin à quarante ans de drames sanglants depuis la première chevauchée anglaise de 1346, après laquelle on ne compte plus les villes incendiées (Valognes, Saint-Lô et Carentan en 1346), les grands châteaux assiégés et ruinés, les campagnes pillées, les populations déplacées, les structures de production saccagées (moulins) et les voies de circulation interrompues. Les aveux et dénombrements de la fin du XIVe siècle fourmillent de plaintes qui trahissent l’effondrement des revenus seigneuriaux26.
Interrogations sur la mise en défense dans les institutions
La place des institutions
15Les institutions du duché, en ce qui concerne la mise en défense de l’espace et en particulier la fortification des manoirs et des châteaux entre les mains des vassaux et arrière-vassaux, apparaissent difficiles à saisir. La seule information véritablement assurée est ancienne et remonte aux temps de l’indépendance. Après la mort du Conquérant, une enquête ordonnée par ses fils Robert et Guillaume Rufus (Consuetudines et justicie) affirme avec force l’interdiction ducale de construire des châteaux et des forteresses privés et réglemente dans les détails l’édification des palissades sans tours ni avant-corps et des fossés dont la profondeur ne doit pas dépasser un jet unique du bras27. La Coutume, depuis sa première rédaction après une enquête datée des environs de 1172 jusqu’à ses versions réformées à la fin du XVe siècle au moins, ne reprend jamais les injonctions des Consuetudines et Justicie. De la même façon, la Charte aux Normands octroyée en 1314, et plusieurs fois renouvelée, n’en dit mot. On doit donc comprendre qu’après 1204, le droit normand préexistant s’est fondu dans la législation en vigueur dans le domaine royal28.
16Traditionnellement, on considère qu’à partir du règne de Philippe le Long (1316-1322) au moins les interventions de l’État se multiplient pour réglementer les prérogatives de la noblesse (colombier, justice) et en particulier le droit de construire une maison forte pour laquelle il faut une autorisation en bonne et due forme pour édifier murs, créneaux, archères, fossés et forts29. Ces structures sont grosso modo celles que l’on trouve mentionnées dans les sources princières ou les coutumes depuis le XIIIe siècle en Champagne, Bourgogne et Auvergne30, comme dans le Maine dans la seconde moitié du XVe siècle31 : tours flanquantes avec archères, chemin de ronde et créneaux, porte défendue et pont-levis, profond ou double fossé. De telles interventions manquent pour le Cotentin et l’Avranchin alors qu’il y eut, bien avant le conflit franco-anglais, une claire politique de défense du littoral.
La défense du littoral
17À partir de la fin du XIIIe siècle, les comptes royaux démontrent l’intérêt des souverains pour la défense des littoraux normands contre les incursions anglaises. Des hommes d’armes sont chargés de la garde des ports et des passages et le port de Cherbourg est doté d’une garnison et préparé pour accueillir des navires de guerre32. En 1324, Guillaume du Merle est capitaine des ports et frontières de Normandie et il envoie un soldat et cinq serviteurs garder l’abbaye du Mont-Saint-Michel33. En 1337, une imposition est levée pour la « garde de mer » des bailliages de Rouen, Caen et Cotentin pour les « soudoyers » de la garde, les « garnisons » et les bateaux34. En 1351, Guillaume Bertran, sire de Briquebec est capitaine chargé de la garde des frontières maritimes de Normandie entre la Seine et les Veys de Saint-Clément35. La frontière maritime est alors perçue par les populations comme une zone de dangers et, bien avant le conflit déclaré, on soupçonne des demandes et des autorisations de fortifier. En 1327 après une descente anglaise sur la côte nord-est du Cotentin, la population de Barfleur demande au roi l’autorisation de construire une enceinte pour se protéger36. C’est sans doute dans ce contexte que le seigneur de Creully reçut en 1345 le droit fortifier son manoir proche de Bayeux37.
18La défense du littoral repose donc sur quelques places fortes anciennes, autant royales que privées et dont les positions stratégiques indiscutables ont été à l’origine de travaux plus ou moins importants : Cherbourg et son château, le château épiscopal de Neuilly doté d’une garnison approvisionnée par le pouvoir royal38 et le Mont-Saint-Michel dont les abbés reçurent en 1368, l’autorisation de parfaire les défenses de l’abbaye et du bourg39.
19Assez tôt après le déclenchement du conflit, le pouvoir royal comme les pouvoirs navarrais et anglais ont perçu la nécessité de compléter ces dispositifs, tout compte fait très ponctuels, par le renforcement d’édifices anciens, par la construction d’un seul nouveau château à Regnéville40 sur le littoral près de Coutances et par des implantations à vocation strictement stratégique : fortins ou « bastilles » des Ponts d’Ouve vers 134641 et de Beuzeville avant 136142 qui ponctuent les marais au pied du Cotentin contre des incursions par voie fluviale.
20On perçoit donc mal, avant la période qui nous concerne, l’existence sur le littoral de la Normandie occidentale d’une véritable « ligne de défense » où seraient impliquées les fortifications privées de toute nature alors que depuis 1349, elles sont en principe associées à la défense du pays.
La guerre et les fortifications privées
21Il eut en effet dès 1349 une volonté manifeste de la part du roi d’associer les fortifications privées et en particulier les manoirs-maisons fortes à la défense du pays. Un mandement de 1349 souvent renouvelé dans les mêmes termes43, qui ordonne de préparer la défense du pays de Caux, prévoit de parfaire les forteresses et clôtures commencées, la visite des villes, bourgs et ports du bailliage, ainsi que celle des « hostels et les personnes diceulx44 » ; on multiplie les injonctions à démolir les châteaux les plus faibles, à renforcer le guet jour et nuit et à stocker des vivres sous bonne garde.
22Mais ces grandes proclamations n’ont sans doute qu’une portée limitée en tout cas pour le sujet qui nous intéresse comme le confirme l’inventaire en 1371 des sites considérés comme nécessaires ou dommageables à la défense du bailliage de Caen qu’il faudra renforcer et garnir en artillerie et vivres ou démolir suivant leur état de faiblesse45. Les trois vocables (« chastels », « ostels », « forts ») utilisés pour désigner les sites défensifs ne sont pas toujours aisés à élucider. On identifie aisément les « chastels », autant publics (Falaise, Caen, Chambois, Argentan) que privés (Neuilly, Creully, Courcy), autant ruraux qu’urbains ; ce sont de grosses forteresses anciennes lourdement dotées de courtines à chemin de ronde, de créneaux, d’une tour forte, de fossés et de défenses avancées. La documentation concernant ces sites n’a jamais fourni d’indices de l’existence dans leur enceinte de « loges » ou de maisons qui seraient destinées à accueillir des réfugiés46.
23Les 8 « ostels » déclarés aptes à la défense sont sans aucun doute des maisons fortes dont il ne subsiste aujourd’hui que celle de Colombières (fig. 3) et deux pans de murs d’une autre à Maisy47. Dans le terme « fort » appliqué à 60 sites sur le littoral comme à l’intérieur des terres, on soupçonne des complexes très divers. Il s’agirait dans la plupart des cas, d’une structure défensive ponctuelle, appliquée aux fossés et clôtures plus ou moins renforcés d’une abbaye, d’une église paroissiale ou à une portion d’agglomération, entretenus par les villageois et dotée comme les « chastels » et les « ostels » d’un capitaine qui n’est pas toujours le seigneur du lieu ; ces « forts » servent en particulier de lieux de stockage protégés pour des produits de première nécessité (« garnisons »). Dans d’autres sources issues d’un même contexte militaire, le vocable est appliqué, à des châteaux de terre anciens, sans doute peu transformés et « fort » y semble employé comme synonyme de « chastel48 ». Il désigne également des fortins comme ces « bastilles » signalées plus haut. L’inventaire de 1371 révèle à la fois les exigences royales vis-à-vis des populations locales et de façon inattendue la quasi-absence des maisons nobles dans la défense de la province et cette observation renforce mon analyse précédente concernant leur caractère non fortifié.

Fig. 3. – « Hostel » de Colombières, A. de Caumont, Statistique monumentake du Calvados, Caen, Hardel, 1846-1867, p. 717.
24En pleine tourmente, pendant les années 1340-1370, des sources indirectes laissent à penser que des sites religieux en particulier les établissements monastiques ont plus contribué à la protection des populations qu’à la défense proprement dite mais on ignore la nature de leurs structures défensives49. On soupçonne également que très tôt les églises furent désignées pour servir de refuge aux populations et d’espace de stockage50.
Réalités matérielles et intérêt des maisons fortes
25Il faut s’interroger pour terminer sur la réalité matérielle des dispositifs mis en œuvre sur les deux sites que nous considérons et tenter d’en évaluer leur valeur militaire.
La mise en défense : les réalités architecturales
26Les informations fournies par les textes et quelques observations d’archéologie du bâti sur des sites majeurs bien conservés révèlent, à partir des années 1350, des partis pris précis dans les démarches architecturales. Celles-ci portent à la fois sur la circulation sommitale (chemin de ronde à créneaux et mâchicoulis), la défense de l’entrée armée de herses et encadrée de tours circulaires le tout précédé d’un fossé franchi par un pont-levis, la mise en place de bouches à feu dans des archères et des canonnières, et la construction de tours fortes quadrangulaires dans les châteaux de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Regnéville, Hambye et Valognes51. Au Mont-Saint-Michel, dans les années 1390-1400, on a rénové deux tours, construit une courtine à archères et un formidable châtelet d’entrée avec tourelles en encorbellement et terrasse crénelée52. Deux manoirs du Cotentin, à Chanteloup et au Mesnil-Amey (fig. 4), ont conservé les dispositifs d’une entrée fortifiée encadrée de deux tours circulaires dont la construction pourrait être reliée aux épisodes militaires que nous considérons.
27La « place » de Bricqueville, disparue aujourd’hui n’est documentée que par les notes d’Alexandre de Gerville qui en a vu les ruines d’imposantes au début du XIXe siècle53, et celles-ci permettent d’évoquer dans ses grandes lignes les travaux de Nicolas Paynel pour faire de sa « place fossoyée » une maison forte. L’enceinte quadrangulaire de 65 mètres de côté était dotée d’une tour circulaire à chaque angle et le tout était ceint de fossés. Cet ensemble devait être très semblable à l’« hostel » de Colombières que l’inventaire de 1371 nous signale en bon état de défense, dont les murs épais (2,70 m) sont couronnés de créneaux et de mâchicoulis et l’entrée dotée d’un pont-levis qui franchit le fossé en eau (fig. 3).
28Les vestiges actuels très dénaturés de l’« hostel » de La Rivière peuvent être complétés par deux documents du début du XIXe siècle : le plan relevé sur le cadastre napoléonien et deux dessins qui accompagnent la notice qu’en a fait A. de Gerville (fig. 5)54. Il s’agit d’un quadrilatère irrégulier d’environ 50 mètres de côté constitué d’un mur peu épais qui n’a pas possédé de chemin de ronde ; des fossés sont encore bien visibles au sud et à l’ouest. Deux tours rondes de diamètre inégal s’élèvent aux angles ouest et est du complexe ; la tour orientale est en fait un colombier qui a été maladroitement inséré au complexe. Le seul élément véritablement défensif est l’entrée fortifiée établie sur la face sud et constituée d’un double passage avec pont-levis et mâchicoulis, le tout encadré de deux tours rondes. Les ouvertures défensives (archères, canonnières) qui subsistent et celles qui figurent sur le dessin sont difficilement datables, mais certaines sont postérieures à la période concernée.

Fig. 4. – Manoirs de Chanteloup et du Mesnil-Amey.

Fig. 5. – « Hostel » de La Rivière.
29Force est de constater que ces deux établissements ne présentent, ni dans le contexte topographique de leur installation inapte à des opérations de guet efficaces, ni dans leurs dispositions architecturales, des conditions défensives optimales. Nos deux maisons fortes imitent les châteaux sans en posséder ni juxtaposer tous les éléments. Ces dispositions n’ont rien d’exceptionnel et de tels établissements sont encore en élévation en Bourgogne comme en Lorraine55.
30Les travaux à Bricqueville et à La Rivière semblent s’inscrire dans un lourd programme de mise en défense de l’ouest de la Normandie dont émergent quelques points forts plus ou moins bien documentés. Il s’agit du financement par le trésor royal de travaux au manoir de Saint-Pierre-Langers et au manoir du Parc tenu par les évêques d’Avranches56. Quelques autorisations de fortifier s’ajoutent à celles que nous considérons en faveur du trésorier des guerres Guillaume d’Enfernet en 1385, pour son manoir de Tracy près de Villedieu57, de Jean Giffart en 1387 pour son manoir de Montaigu dans la vicomté d’Avranches58. La construction, mal datée, de clochers fortifiés aux mâchicoulis, le plus souvent factices, pour une douzaine d’églises sur les hauteurs du littoral comme à Barneville et Portbail, face aux îles anglo-normandes, vise sans doute plus à renforcer le guet qu’à la défense proprement dite59.
De la valeur militaire des maisons fortes
31Les observations qui précèdent ont de façon inattendue mis au jour de sérieuses contradictions. Au-delà de la perturbation de l’organisation du guet, générée par l’insertion de nouvelles structures de défense dans un maillage et une organisation préexistants, les maisons fortes, si fortes soient-elles devenues, n’ont jamais démontré la preuve de leur efficacité. Si l’on en croit les chroniques, les « manoirs » seigneuriaux du Bessin et du Cotentin n’auraient été concernés par les opérations militaires que de façon ponctuelle et opportuniste, comme ce fut le cas des manoirs d’Eroudeville et de Garnetot occupés par des Anglais en 1369 sans doute comme défenses avancées des villes fortes et des châteaux de Saint-Sauveur-le-Vicomte et de Valognes60. Dès les années 1350-1360, certains ont perçu le danger voire l’inutilité des maisons fortes. En mars 1357, Richard de Creully, qui avait obtenu de mettre en défense son « manoir » de Creully près de Bayeux, en fait abattre les défenses nouvellement construites pour que les Anglo-Navarrais ne s’y installent pas61. Vers 1360, le manoir de Montchaton près de Granville fut détruit à la demande des habitants du pays de peur qu’il ne devînt un repaire pour les troupes du roi de Navarre62.
32Dès les premières années du conflit, certaines places fortes anciennes que l’on jugerait obsolètes et inaptes à la défense sont devenues des points de fixation de troupes régulières ou de routiers en mal de pillages. Dans le Bessin comme le Cotentin des années 1360, d’anciennes forteresses prestigieuses mais démodées (Le Homme63, Aunay-sur-Odon64, Beaumont-le-Richard65) ou récemment ravagées (Saint-Vaast-sur-Seulles), deviennent après le traité de Brétigny des repaires d’aventuriers incontrôlés qui n’acceptent de les évacuer que contre de lourdes rançons. Les fouilles récentes à Saint-Vaast ont bien démontré que ces occupants s’installent dans les ruines sans les déblayer ni effectuer de travaux particulièrement remarquables.
33Enfin quand les troupes n’ont pas ce qu’il faut sous la main, elles construisent assez vite des « forts », « bastides » ou « bastilles » comme celles qu’édifièrent les Bretons en 1367-1368 à Genêts et à Champeaux et où ils demeurèrent neuf semaines66.
34Cette valeur militaire quasiment nulle des maisons fortes a été fortement démontrée par Gérard Guiliato, à propos des maisons fortes en Lorraine. Il considère que si elles sont encore aujourd’hui si nombreuses dans le paysage castral lorrain c’est qu’elles n’ont jamais intéressé ni les stratèges ni les tacticiens à quelque époque que ce fût67.
Intérêt politique
35Ces autorisations royales qui ne répondent pas véritablement à des considérations militaires contiendraient une réponse politique à destination d’une noblesse dont la fidélité et le patriotisme méritent récompenses pour les uns et encouragements pour les autres. La demande nobiliaire serait une expression de patriotisme et de fidélité au roi légitime et celui-ci ne peut pas refuser.
36Cette interprétation repose sur quelques éléments particulièrement significatifs et représentatifs d’un certain état d’esprit d’où les contradictions ne sont pas absentes. En 1356, les défenseurs de la vieille forteresse de Saint-Vaast-sur-Seulles à l’ouest de Caen ont choisi de mourir sous l’effondrement des courtines incendiées plutôt que de se rendre aux troupes d’Édouard III et de Geoffroy d’Harcourt68. En 1359, la forteresse des évêques de Bayeux à Neuilly est investie et tenue pendant quelque temps par trois écuyers et leurs amis de maisons nobles voisines, qui affirment avoir agi pour éviter que le château ne tombe entre les mains de l’ennemi et pour mieux le mettre en défense69. En cette année 135970, l’inquiétude et le désarroi persistent dans le Cotentin et le Bessin où les esprits et les corps sont encore marqués par les ravages des chevauchées anglaises et des bandes de routiers anglais et navarrais. Le roi Jean le Bon, prisonnier depuis la défaite de Poitiers en novembre 1356, vient d’être transféré à Londres et les discussions vont bon train concernant sa rançon et un traité de paix. Dans le Bessin et le Cotentin, les adversaires ont conservé des places fortes71 et le coup de main des trois écuyers s’inscrirait dans un mouvement de fidélité au roi de France de la part de petits sires, alors que nombre de seigneurs de plus haut rang, dont les ecclésiastiques du Bessin, appartenaient au parti navarrais.
37Enfin, dans un contexte plus proche de celui que nous considérons, le manifeste patriotique d’Henry de Saint-Denis dans son aveu rendu en 1394 qui proclame son « manoir fort et deffensable pour la guerre des ennemis du royaume72 » est tout à fait remarquable. A contrario, la démarche inverse, la destruction des structures de défense qui a été signalée plus haut pour Creully et Montchaton, procède d’une identique volonté patriotique.
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38L’analyse des démarches autant princières que seigneuriales conduit à des conclusions paradoxales. La mise en défense de manoirs peu ou pas fortifiés, l’abandon des vieilles forteresses considérées comme inopérantes, ont été une arme à double voire triple tranchant. Maisons fortes ou anciennes forteresses n’ont jamais été parties prenantes dans la défense de la province ; au contraire elles ont servi de point de fixation aux ennemis et aux routiers dévastateurs. Pendant l’occupation anglaise après 1417, certaines de ces maisons fortes comme les forteresses vont accueillir des garnisons anglaises dans leur quadrillage du pays et c’est le cas des manoirs des Paynel à Bricqueville et Canteloup73 comme le manoir des évêques d’Avranches au Parc74. Leur désignation par les vocables castrum ou « chastel » dans les actes les concernant pendant cette période démontre, sans doute, que le mot ne s’attache pas nécessairement à désigner des structures précises, mais magnifie une fonction.
39En revanche, alors que le « prouffit » et la « seurete » de la frontière et des populations sont lourdement invoquées, la démarche royale envers des vassaux de rang notable fonctionne en réalité comme un système de récompenses. Il faut envisager que personne n’était dupe des maigres aptitudes défensives et protectrices de ces nouvelles maisons fortes. Elles confortaient leurs tenants dans la supériorité de leur rang et donnaient à voir à leurs pairs, à leurs vassaux comme aux paysans, leur proximité et leur intimité avec le roi dispensateur de faveurs.
Notes de bas de page
1 Voir la carte (figure 1) pour les sites mentionnés dans ce texte.
2 Arch. nat, JJ 132, 202 et JJ 155, 221. Bricqueville (50 290), canton de Bréhal ; la Rivière, commune de Saint-Jean-de-Daye (50 620).
3 Cet argumentaire et le va-et-vient entre le demandeur et l’administration royale ont été démontrés par Guyotjeannin O., « Les autorisations royales de fortifier enregistrées en chancellerie (1441-1497) », Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge, Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, Paris, 2000, p. 343-352.
4 Les trêves ne seront signées qu’en 1389, Contamine P., Guerre, état et société à la fin du Moyen Âge, Paris, 1972, p. 207.
5 Leparmentier J., Le château de Gavray. Histoire et visite du site archéologique, Marigny, 2004. Ce château ducal existe sans doute depuis la première moitié du XIe siècle ; il a été renforcé en 1123 et 1166 par la construction d’une tour ronde ; à partir de 1203 sont mentionnées une barbacane, une aula, une camera et une chapelle ; en 1328, il passe sous l’autorité des souverains de Navarre (Jeanne puis Charles) ; le château est assiégé par du Guesclin en mai 1378 ; après la reddition, le roi de France en ordonne la destruction et l’archéologie révèle que la grosse tour ronde et une partie du mur d’enceinte ont été abattus.
6 En ce qui concerne la localisation de la « place » de Nicolas Paynel, je suis les notes et descriptions que C. de Gerville publiait au début du XIXe siècle et j’ai bien conscience des imperfections de cette identification malgré des arguments recevables, telle que l’absence sur le territoire de la commune d’un autre site possible.
7 Casset M., « Neuilly-la-Forêt, une forteresse des évêques de Bayeux au Moyen Âge », Chapitres et cathédrales en Normandie, Actes du XXXIe Congrès des Sociétés historiques et archéologiques de Normandie (Bayeux), Caen, 1997, p. 65-80.
8 Powicke F. M., « The Angevin Administration of Normandy », The English Historical Review, vol. 22, no 85, 1907, p. 15-42.
9 Le château primitif remontait sans doute au XIIe siècle ; il survécut tant bien que mal jusqu’au XIXe siècle. On lui connaît au moins deux grandes tours.
10 Le manoir de Chanteloup est construit sur une plate-forme ovalaire entourée de larges fossés en eau. Le mur de clôture est doté d’une forte porte encadrée de deux tours rondes ; une haute tour carrée et les logis sont adossés à la clôture. On soupçonne ici une formule ancienne souvent et lourdement restructurée.
11 Foulques II (1205-1230) a épousé en secondes noces Agathe du Hommet, fille de Guillaume du Hommet, connétable de Normandie. Le frère aîné de Nicolas a épousé en 1338 Jeanne Bertrand, fille de Robert Bertrand maréchal de France.
12 Guilmard C., Les Paisneaux mes ancêtres, 2001, p. 43-46.
13 « Déclaration des fiefs de l’abbaye du Mont Saint-Michel au roi Henri II par l’abbé Robert de Torigni en 1172 », Chronique de Robert de Torigni, abbé du Mont Saint-Michel, suivie de divers opuscules historiques de cet auteur et de plusieurs religieux de la même abbaye, éd. Delisle L., Rouen, 1873, vol. II, p. 299.
14 Les Paynel manifestent au XIIIe siècle une véritable mentalité d’entrepreneurs en aménageant le marais littoral de leur seigneurie, où des digues (dics) et des dîmes novales sont mentionnées dans des donations à l’abbaye de Hambye qu’ils avaient fondée en 1145, Halard X., « U n parcellaire en étoile dans le marais de Bricqueville-sur-Mer (Manche) en 1247 », Annales de Normandie, 1981, p. 289-294.
15 Peron A., « Le château féodal de Rémilly-sur-Lozon », Notices, Mémoires et documents publiés par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire Naturelle de la Manche, 46, 1934, p. 111-118 ; Lepingard E., « La baronnie du Hommet. Partage de cette seigneurie au décès de Jourdain du Hommet connétable de Normandie vers 1252 », Notices, Mémoires et documents publiés par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire Naturelle de la Manche, 16, 1898, p. 88-122 ; Idem, « La baronnie du Hommet, son origine, ses seigneurs », Notices, Mémoires et documents publiés par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire Naturelle de la Manche, 17, 1899, p. 1-47.
16 Dans son aveu de 1396, la dame du Hommet affiche ses droits sur la pêcherie de la « fosse Luchon ». En 1397, un accord est signé avec l’évêque de Bayeux concernant le partage de la jouissance de la pêcherie, Livre Rouge de l’évêché de Bayeux, éd. Anquetil E., Bayeux, 1908-1911, II, p. 200.
17 Pouillé de Coutances en 1332, éd. Longnon A., Pouillés de la province ecclésiastique de Rouen, Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 283. Les rédacteurs du pouillé ont tenu à signaler les nouvelles chapelles des manoirs.
18 Carpentier V., Ghesquière E. et Marcigny C., Archéologie en Normandie, Rennes, 2007, p. 100.
19 Casset M., Les évêques aux champs. Châteaux et manoirs des évêques normands au Moyen Âge, Caen, 2007, p. 335-344.
20 Lorren C., « Le château de Rubercy (Calvados), c. 1150-1204 », Archéologie Médiévale, VII, 1977, p. 109-178.
21 Le site castral est composé de trois enceintes de terre accolées, Caumont A. de, Abécédaire ou rudiment d’archéologie. Architecture civile et militaire, Caen, 1859, p. 320-323.
22 Les structures fossoyées de la haute-cour et de la basse-cour de Saint-Vaast remontent sans doute au XIe siècle ; des aménagements postérieurs ont consisté en l’élévation d’une forte courtine, d’une porte fortifiée et d’une tour forte, comte de Blangy, Journal des fouilles de Saint-Vaast, siège de 1356, Caen, 1889 ; Burnouf J. et Decaens J., « La fin du château de Saint-Vaast-sur-Seulles (Calvados) », Château-Gaillard, XII, 1985.
23 Chapelle mentionnée dans l’aveu de 1396, Arch. nat, P 2891, 64.
24 En 1641, l’aveu et dénombrement de la baronnie du Hommet-La Rivière, signale « les douves et fossés auquel la mer flue et reflue », Arch. dép. Seine-Maritime, II B 407, pièce 114.
25 Arch. nat, aveux du Cotentin, P 289, 290, 291.
26 Campserveux M., « La condition économique et sociale de la noblesse du Cotentin à la fin du Moyen Âge », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 313, 1982.
27 Haskins C. H., Norman Institutions, Cambridge, 1918, p. 277-284.
28 Besnier R., La coutume de Normandie, Paris, 1935, p. 71.
29 Muralibus, cranellis, portallis, archeriis, fossatis et fortalicis, Arch. nat. JJ 56, 424, JJ 59, 127, cité par Lehugeur P., Histoire de Philippe le Long roi de France (1316-1322), Paris, 1931, p. 313-315.
30 Mouillebouche H., Les maisons fortes en Bourgogne du nord du XIIIe au XVIe siècle, Dijon, 2002, p. 287, 298, 310-311, 323-326, 333 ; Fournier G., Le château dans la France médiévale, Paris, 1978, p. 209-215 ; Bur M., Le château, Turnhout, 1999, p. 15-16, 232, 311, 317, 324.
31 Renoux A., « Hiérarchie nobiliaire et hiérarchie castrale dans le Maine à la fin du Moyen Âge », La noblesse dans les territoires angevins à la fin du Moyen Âge, actes du colloque international (Angers-Saumur, 1998), École française de Rome, 2000, p. 205-229.
32 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, éd. Langlois C., Paris, 1899, p. 294 et 307 ; « Fragmenta compotorum de anno 1227 ad annum 1326 », éd. Wailly N. de et Delisle L., Recueil des Historiens de France et des Gaules, XXII, 1865, p. 773 ; Actes normands de la Chambre des comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), éd. Delisle L., Paris, 1871, p. 158.
33 Pelgas P., « Les fortifications du Mont Saint-Michel », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 397, 2003, p. 406.
34 Actes normands de la chambre des comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), éd. Delisle L., Paris, 1871, p. 155-156.
35 BnF, ms fr 25999, 75.
36 Luce S., La France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1890.
37 la Rue G. de, Mémoires d’Antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse Normandie, Caen, 1842, p. 194.
38 En 1351, l’approvisionnement de la forteresse de Neuilly en vin est à la charge de l’administration royale, BnF, ms fr 25999, 75.
39 Fichet de Clairfontaine F., « Les fortifications du Mont Saint-Michel durant la guerre de Cent Ans », La Normandie durant la guerre de Cent Ans (1346-1450), Caen/Paris, 1999, p. 121-125 ; Pelgas P., « Les fortifications du Mont Saint-Michel », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 397, 2003, p. 399-436 et 398, 2004, p. 1-40.
40 Le château est construit sur l’ordre de Charles de Navarre. Détruit au XVIIe siècle, il en subsiste des portions de l’enceinte, du donjon carré et des fossés et un logis.
41 Le pont détruit en 1346, fut reconstruit et doté d’un fortin doté de fossés remplis par la mer pour la protection de l’entrée dans les marais de Carentan et du passage est-ouest, Guillaume aux Épaules en est le capitaine en 1363, Gerville A. de, « Les châteaux du Cotentin », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1829-1830, p. 298-301.
42 La bastille qui est définitivement détruite en 1920-1930 est connue par divers documents dont le cadastre napoléonien, des dessins et photos, Asselin A., « Note sur la démolition de la bastille de Beuzeville », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, XXXVIII, 1930, p. 81-86. Il s’agissait d’un fortin quadrangulaire (6,60 × 6,80 x 1,25-1,80 m) construit sur pilotis de chêne, comportant un escalier en vis dans l’épaisseur du mur à l’angle nord-ouest, une plate-forme sommitale et peut-être un pont-levis et des tours d’angles. Le complexe s’élève sur une île de la rive droite de l’Ouve près d’un gué. On en connaît un capitaine nommé par le roi de Navarre en 1361-1362 ; elle fut réparée en 1364 et dotée d’artillerie en 1370.
43 Mandement du bailli de Caen au vicomte de Falaise en 1360, BnF, ms. fr. 26007, 314.
44 Actes normands de la Chambre des comptes sous Philippe de Valois (1328-1350), éd. Delisle L., Paris, 1871, p. 412-413.
45 « Relation de la visite des forteresses du baillage de Caen en vertu d’un ordre du roi, en 1371, par Regnier le Coustellier, bailli de Caen, accompagné de Jehan Dubois et Rogier Lemasnier, chevaliers », éd. Caumont A. de, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, XI, 1840, p. 185-204.
46 On connaît dans l’enceinte de certains châteaux des « loges » que les tenants louent aux habitants lorsque des raids et des opérations militaires ravagent les campagnes, et c’est le cas dans le château des évêques de Troyes à Aix-en-Othe, Bertiaux M.-C., Les résidences des évêques de Troyes dans leur diocèse à la fin du Moyen Âge, thèse de doctorat dactylographiée, université du Maine, 2004, vol. 1, p. 431-434.
47 Colombières (14 710) entre Bayeux et Isigny dans la vallée de l’Aure ; Maisy, commune de Grandcamp-Maisy (14 450), à cette date, la seigneurie est tenue par Robert de Brucourt ; l’identification des ruines actuelles au manoir chef-lieu de la seigneurie relève de la tradition, Hunger V., Les seigneurs de Maisy du XIe au XVIIIe siècle, Caen, 1916.
48 En 1363, des routiers retranchés depuis plusieurs années dans un site défensif à Aunay-sur-Odon en sont expulsés après de longues tractations et le versement à leur profit d’une lourde rançon ; les documents attachés à cet épisode utilisent indifféremment « fort » et « chastel » pour désigner un site castral dont les tenants sont attestés depuis le XIe siècle. Hunger V., « Les rachats du fort d’Aunay-sur-Odon (Calvados) », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, XL, 1932, p. 326-337.
49 En 1366, Charles V autorise la mise en défense de la cathédrale de Coutances et y établit un capitaine, Mandements de Charles V, éd. Delisle L., Paris, 1874, p. 168.
50 En 1386, Jean de Vienne, amiral de France propose de mettre en défense l’église et le bourg de Villedieu, cité dans Lebreton C., « L’Avranchin pendant la guerre de Cent Ans », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, XXX, 1880, p. 12-172 (p. 71). En janvier 1455, les habitants de Villedieu demandent au connétable de Richement l’autorisation d’abolir le fossé qui avait été aménagé autour de l’église, Cosneau E., Le connétable de Richemont, Paris, Hachette, 1886.
51 Deshayes J., « Le renouveau de la fortification dans la presqu’île du Cotentin à l’époque de la guerre de Cent Ans », Du ciseau du sculpteur au sourire des saints. Sculpture gothique de la Manche, Saint-Lô, 2005, p. 53-63.
52 Fichet de Clairfontaine F., « Les fortifications du Mont Saint-Michel durant la guerre de Cent Ans », La Normandie durant la guerre de Cent Ans (1346-1450), Caen/Paris, 1999, p. 121-125 ; Pelgas P., « Les fortifications du Mont Saint-Michel », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, 397, 2003, p. 399-436 et 398, 2004, p. 1-40.
53 Gerville A. de, « Sur les anciens châteaux du département de la Manche », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1825, p. 278-285.
54 Idem, « Sur les anciens châteaux du département de la Manche », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1829-1830, p. 284-289.
55 Mouillebouche H., Les maisons fortes en Bourgogne du nord du XIIIe au XVIe siècle, Dijon, 2002.
56 Compte des dépenses engagées par le vicomte de Coutances en 1390, BnF. nouv. acq. fr. 122045, 55.
57 Mentionné dans Rey M., Les finances royales sous Charles VI, les causes du déficit (1388-1413), Paris, 1965, p. 380.
58 Brachet A. de, « La guerre de Cent Ans dans la région granvillaise », Le pays de Granville, 1907, p. 109-188 (p. 118).
59 En 1399, le roi décide de renforcer le guet et la garde le long des côtes normandes, Contamine P., Guerre, état et société à la fin du Moyen Âge, Paris, 1972, p. 230-231.
60 Fragments d’une chronique inédite relatifs aux événements militaires arrivés en Basse-Normandie de 1353 à 1389, éd. Delisle L., Saint-Lô, 1895, p. 9.
61 L’affaire est rapportée dans un acte de Charles, régent du royaume, émis en janvier 1359 (n s) en faveur du seigneur de Creully, Caumont A. de, « Les cantons de Creully », Bulletin Monumental, XII, 1846, p. 55-56. Je n’ai pas pu vérifier l’autorisation de fortifier rapportée par l’Abbé de la Rue, Mémoires d’Antiquités locales et annales religieuses, militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen, Caen, 1842, p. 216.
62 Gerville A. de, « Sur les anciens châteaux du département de la Manche », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1825, p. 270-271.
63 Au XIVe siècle, le site du Homme possède une très ancienne forteresse de terre dont les parties les plus anciennes du XIe siècle n’ont sans doute pas été très modifiées. En 1366, une bande de pillards anglais s’y installe qui sera délogée par Guillaume du Marle, Fragments d’une chronique inédite relatifs aux événements militaires arrivés en Basse-Normandie de 1353 à 1389, éd. Delisle L., Saint-Lô, 1895, p. 17.
64 Le site d’Aunay possède de grandes ressemblances avec celui de Saint-Vaast : trois enceintes de terre entourées de fossés et accolées dont une contient une motte et un donjon et ses tenants sont connus depuis le XIe siècle, Caumont A. de, Abécédaire ou rudiment d’archéologie (architecture civile et militaire), Caen, 1859, p. 321-323 ; Hunger V., « Le rachat du fort d’Aunay-sur-Odon (Calvados) en 1363 », Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, XL, 1932, p. 326-336.
65 En juillet 1363, la vieille forteresse de terre de Beaumont est occupée par des routiers, Chronique normande du XIVe siècle, éd. Molinier A., Paris, 1882, p. 330.
66 BnF, ms. fr. 26008, 575.
67 Guiliato G., « La maison forte en Lorraine centrale au Moyen Âge », in Bur M. (dir.), La maison forte au Moyen Âge, actes du colloque de Pont-à-Mousson (1984), Paris, 1986, p. 163-173.
68 Comte de Blangy Journal des fouilles de Saint-Vaast, siège de 1356, Caen, 1889.
69 Lettres de rémission à trois protagonistes, Arch. Nat., JJ 87, fo 22 vo.
70 En mars 1357, la trêve conclue avec les Anglais et prolongée jusqu’en juin 1359, débouche sur un traité signé en août 1359 entre le dauphin Charles, régent du royaume, et Charles de Navarre, Contamine P., La guerre de Cent Ans, Paris, 1994, p. 28-32 ; Cazelles R., Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, Genève/Paris, 1982 ; Idem, « Le parti navarrais jusqu’à la mort d’Étienne Marcel », Bulletin Philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1960, II, p. 839-869 ; Minois G., Duguesclin, Paris, 1993 ; Jacqueline B., « La grande pitié du diocèse de Coutances et d’Avranches pendant la guerre de Cent Ans », Notices, Mémoires et documents publiés par la Société d’Agriculture, d’Archéologie et d’Histoire Naturelle de la Manche, 1948, p. 39-45 ; Denifle H., La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1897, I.
71 Le Hommet d’Arthenay, Auvers, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Le Homme, Sainte-Marie-du-Mont, Montebourg et Barfleur sont toujours anglaises. Carentan, Cherbourg et Valognes sont navarraises.
72 Arch. nat., P 2811, 105.
73 Après 1419, les seigneuries des Paynel furent attribuées à des Anglais. En 1420, le roi d’Angleterre ordonne la destruction les castra de Bricqueville et de Chanteloup ; mais cette décision est rapidement annulée, Roles normands et français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny en 1764, 1765 et 1766, Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, XXIII, 1865, p. 14, 90, 109-110 et 185 ; Chronique du Mont Saint-Michel, suivie de diverses pièces relatives au Mont Saint-Michel et à la défense nationale en Basse-Normandie pendant l’occupation anglaise, éd. Luce S., Paris, 1879 et 1883, p. 59-60.
74 Compte des paiements faits pendant les cinq premiers mois du siège du Mont-Saint-Michel à Nicolas Burdett, bailli du Cotentin (1424-1425), BnF, ms. fr. 4485, fo 311-31, lettre de rémission à Jean Lhôte qui fut enfermé au Parc l’Évêque tenu par une garnison anglaise, BnF, ms. fr. 14546, fo 17, mandement du duc de Bedford (1424), cités et édités par Luce S., ibid., I, 1879, p. 149-157 (p. 150 et 154, note 1), p. 179-180, p. 147-149.
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