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    Plan détaillé Texte intégral Ordre et progrès Libéral et social Diffuser subtilement Réforme sociale et spiritualité Chef Éclaireur et maître Rencontrer l’école républicaine Notes de bas de page

    La fabrique des pédagogues

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre II. Conservatisme et modernité des Éclaireurs

    p. 57-97

    Texte intégral Ordre et progrès Réformateurs et libéraux Capitalisme et éducation Apprendre à renoncer Libéral et social Diriger Stabiliser Réformer Rénover la vie lycéenne Diffuser subtilement Irriguer le corps social La Maison pour Tous contre la maison du peuple Famille et éducation André Lefèvre pédagogue du « climat familial » Réforme sociale et spiritualité Scoutisme et question religieuse Christianisme social et survivance du Sillon Encadrement et technocratie des loisirs Chef Éclaireur et maître La « plus belle mission de l’élite » et les enseignants Le rêve anglais des libéraux français Le « bon socialisme » pour l’école primaire Spiritualité et laïcité Rencontrer l’école républicaine Le carrefour lyonnais « Introduire un esprit nouveau » Plein air et laïcité scolaire Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Le scoutisme veut rénover la formation des jeunes gens appelés à tenir les postes de commandement économique et social. Il intéresse la formation des classes dirigeantes dont on souhaite qu’ils maîtrisent les termes de la compétition internationale grâce à l’enseignement des langues vivantes et des sciences expérimentales. Cette conception de l’éducation arrive à la présidence des Éclaireurs de France en décembre 1921 avec l’élection de Georges Bertier (1877-1962). Il dirige l’école des Roches, établissement secondaire privé pilier de l’Éducation nouvelle en France. Bertier y acclimate le scoutisme dans son établissement dès 1911 et associe cette éducation physique, civique et morale par la vie en pleine nature à la formation rénovée des jeunes bourgeois. Les Éclaireurs veulent donc rénover la formation des héritiers pour enseigner le caractère et le sens de l’initiative qui manquent aux lycéens. L’essor du scoutisme dans les activités extrascolaires des grands lycées parisiens prouve la justesse de vue. Mais la réforme portée par les Éclaireurs se cantonne-elle à la seule classe privilégiée ? La formation rénovée des élites par l’Éducation nouvelle demeure cantonnée à des établissements scolaires aussi prestigieux que confidentiels comme l’école des Roches ou l’École alsacienne qui n’accueillent qu’un public limité. Pour Bertier, les Éclaireurs de France sont le moyen de diffuser la formation élaborée à l’école des Roches vers toutes les classes de la société.

    2À l’école des Roches, les « capitaines » sont une institution clé de la vie de l’établissement. Des grands élèves reçoivent sont médiateurs auprès des plus jeunes. Les chefs scouts présentent une sérieuse analogie avec les capitaines au moment où, à partir de 1923, se met en place la formation des cadres Éclaireurs. Pour Bertier, le scoutisme permet de sortir ce mode de régulation du confinement d’une d’école privée pour le répandre dans la société. Mais cet encadrement – cette élite – ne saurait limiter son recrutement à une seule classe. Les Éclaireurs désirent l’adhésion des classes montantes. Ils veulent construire une élite venue de tous les milieux, fondée sur le mérite individuel de chacun de ses membres. Ces pédagogues libéraux adhèrent à l’individualisme des sociétés démocratiques. Toutefois, ils estiment nécessaire d’organiser une société d’ordre. Ce processus doit s’accomplir progressivement en reposant sur une donnée sociologique décisive, la famille. La diffusion subtile des activités de plein air vers les catégories sociales extérieures aux lycées nécessite un solide réseau. Comment l’alliance avec les acteurs du christianisme social catholique et protestant diffuse le scoutisme de la bourgeoisie vers les classes moyennes et populaires ?

    3Pour rallier les classes populaires, les Éclaireurs s’appuient notamment sur la Maison pour Tous de la rue Mouffetard, une institution éducative créée par des démocrates chrétiens du Sillon dans le 5e arrondissement. L’alliance par le scoutisme entre l’école des Roches et la Maison pour Tous se pense comme la préfiguration d’une réforme à venir dans l’école. Quelles conditions permettent de rapprocher des institutions éducatives que leurs clientèles respectives tendent plutôt à séparer ?

    4La diffusion du projet des Éclaireurs se déroule idéalement dans le cadre d’un « climat » éducatif. Ceci conditionne la place centrale d’une institution comme la Maison pour Tous dans le dispositif EDF de diffusion des élites sociales. Dans le quartier populaire parisien de la rue Mouffetard, la Maison pour Tous créée par des militants sillonnistes, constitue le laboratoire de la diffusion de la paix sociale par l’éducation vers les classes populaires. En 1922, Georges Bertier nomme son directeur André Lefèvre (1886-1946) commissaire général des Éclaireurs. Il rend possible aux Éclaireurs « d’aller au peuple », comme le proclamaient les Universités populaires du début du siècle, chose impossible par les seules troupes d’éclaireurs en lycée. Mais « aller au peuple » signifie aussi l’attirer vers soi, c’est-à-dire intégrer dans les classes dirigeantes les meilleurs éléments des autres catégories sociales pour garantir en retour une société d’ordre.

    5Ceci explique la participation en 1927 des dirigeants scouts aux travaux du Redressement Français d’Ernest Mercier. Ce polytechnicien veut rationaliser l’industrialisation pour résoudre la question sociale par une politique de prospérité sur le modèle fordiste américain. Mercier le veut profitable à tous par la collaboration dans la production1. Son rêve de « déprolétariser » la classe ouvrière pour mieux l’intégrer à la prospérité économique est finalement destiné à émousser la lutte des classes et à amortir les tensions sociales.

    6Pour les Éclaireurs, la société industrielle moderne ne se satisfait plus de la prédominance des professions libérales. Un « enseignement national » idéalement commandé par le secondaire doit donc préparer les ingénieurs et les techniciens de demain. La culture scientifique est appelée à supplanter les humanités classiques au nom de l’efficacité rationnelle de la production. Alors que l’alliance avec le christianisme social catholique et protestant permet de diffuser les méthodes actives de la bourgeoisie vers les classes moyennes et populaires, Bertier élargit les cénacles chrétiens jusqu’au radicalisme laïque. Atteindre toutes les catégories sociales signifie se projeter à l’échelle de la nation. Pour cela, l’école primaire est l’objectif des Éclaireurs. Elle permet de diffuser leur projet vers l’enseignement populaire. Former l’élite nouvelle de la nation par le scoutisme n’est donc pas le rôle des seuls grands lycées.

    Ordre et progrès

    Réformateurs et libéraux

    7Pendant la décennie 1920, le projet socio-éducatif des EDF se construit sous le patronage de quelques figures centrales de la société et du monde politique. Toutes disent un désir de réforme dont les Éclaireurs sont en quelque sorte à l’avant-garde. Un premier ensemble groupe des explorateurs coloniaux, marins et militaires qui connaissent bien les Éclaireurs depuis leur fondation en 1911 dans la mouvance du parti colonial. Les deux premiers présidents, l’intellectuel André Chéradame et le navigateur polaire Jean Charcot conjuguent nationalisme et aventure coloniale pour la jeunesse. Depuis le début, le maréchal Lyautey soutient avec ferveur le scoutisme au nom de « la plus grande France ». Tout comme Maurice Rondet-Saint, directeur de la Ligue maritime et coloniale et propagandiste du tourisme dans l’empire. Les EDF sont aussi patronnés par des élus du parti colonial comme Charles Chaumet, sénateur de la Gironde et président de la Ligue maritime et coloniale, Albert Lebrun, sénateur de la Meurthe-et-Moselle et Jacques Duroux, sénateur d’Alger et propriétaire de L’Écho d’Alger. De son côté, le général de Berckheim a été pendant la guerre un artisan de l’intégration des Éclaireurs à la direction de l’infanterie.

    8Un deuxième groupe comprend des penseurs et des acteurs de la réforme sociale selon les principes leplaysiens de l’entreprise, de l’économie familiale et du natalisme. Nous y trouvons l’économiste Paul de Rousiers, président du conseil d’administration de l’école des Roches, théoricien de l’encadrement social par l’élite2, l’urbaniste Léon Eyrolles, directeur de l’École spéciale des travaux publics et le directeur de l’École nationale des ponts et chaussées A.-G. Kleine. Un industriel comme André Michelin est déjà un fervent praticien de la gymnastique hébertiste appliquée dans ses établissements. Le programme physique et moral du scoutisme est une des conditions d’accroître la productivité dans le cadre de la rationalisation tayloriste du travail. Ce patron catholique de l’automobile est rejoint par son homologue protestant Robert Peugeot. Dans ses usines franc-comtoises, ce dernier applique une solide politique sociale et hospitalière désamorçant les revendications syndicales. Le groupe des industriels s’étoffe par la présence de Gabriel Cognacq, patron du grand magasin de la Samaritaine et de David David-Weill, directeur de la banque d’affaire Lazard et trésorier de la Cité internationale universitaire de Paris. Le comité de patronage compte aussi un influent dirigeant du mouvement familial, Paul Lefebvre-Dibon, président de l’Association nationale pour l’accroissement de la population (ANAP), acteur de la correctionnalisation de l’avortement en 1919. La lutte antialcoolique est représentée par le docteur Paul-Maurice Legrain.

    9Le comité de patronage groupe aussi des parlementaires modernisateurs de droite et de gauche aux trajectoires accélérées par la guerre. Les présidents du conseil Edouard Herriot et André Tardieu partagent la volonté d’accroître l’efficacité sociale de l’État, notamment par le système scolaire et la santé publique. Les conservateurs Léon Bérard et Henry Paté défendent vigoureusement l’enseignement secondaire et la préparation militaire. À gauche, le radical Justin Godart et le socialiste Marius Moutet parrainent aussi les Éclaireurs.

    10Enfin, le patronage de figures scolaires dont les plus emblématiques ont été d’ardents dreyfusards confirme l’ancrage des Éclaireurs au projet républicain. Il s’agit de Ferdinand Buisson, auréolé en 1927 du prix Nobel de la paix ainsi que des doyens des sciences de Paris Paul Appel des lettres Ferdinand Brunot. Ces augures républicains se complètent de la tête de l’administration centrale du ministère de l’Instruction publique (les directeurs du primaire Paul Lapie puis Théodore Rosset, les directeurs du secondaire Raymond Thamin puis Francisque Vial, le directeur de l’enseignement supérieur Alfred Coville et celui de l’enseignement technique Edmond Labbé), d’un recteur (Sébastien Charléty) et d’un inspecteur général (le mathématicien Théodore Leconte3).

    Capitalisme et éducation

    11La formation des chefs et leur action éducative sont inséparables des conditions de la production. Dans le contexte d’expansion mondiale de la décennie 1920, le réseau de l’école des Roches réfléchit au commandement économique par des cadres au caractère bien trempé. L’efficacité de l’entreprise peut et doit s’appliquer à l’administration. C’est ce que développe l’économiste Joseph Wilbois dans ses principes de l’administration expérimentale. Wilbois a enseigné l’économie aux Roches de 1904 à 1906 et a épousé la fille du fondateur de l’école, Edmond Demolins. Wilbois veut concilier la rationalisation économique rationalisée avec les principes moraux chrétiens. La direction de la production doit être aux mains de chefs éminents pour assurer unité de direction, initiatives vigoureuses, autorité et responsabilité à chaque échelon, discipline consentie, subordination de l’intérêt particulier à l’intérêt général4. Wilbois se réclame de l’organisation administrative d’Henri Fayol. Celui-ci, préfacier de l’administration expérimentale, est l’auteur d’un projet contemporain de réforme des PTT transformant ce ministère en véritable entreprise. Wilbois reprend d’ailleurs aussi les principes contemporains du travail parcellisé de l’Américain Taylor. Wilbois propose également de sélectionner les cadres industriels par des tests psychologiques corrigeant les examens scolaires. L’école des Roches et son directeur Georges Bertier sont donc bien implantés au carrefour des réformes intéressant les conditions de la production industrielle, la formation et la sélection de l’encadrement. La revue de Bertier L’Éducation familiale et scolaire reçoit favorablement les tests de Wilbois5. Élu président des EDF en décembre 1921, Bertier ajoute significativement dans l’Éducation deux bulletins spécialisés complémentaires, l’orientation professionnelle en mars 1922 puis la chronique scoute en juin.

    12Il sort de la pédagogie du capitalisme industriel l’enseignement des principes élémentaires de l’économie. Le chef de jeunes organise la division rationnelle du travail au sein du petit groupe, il prévoit idéalement l’amortissement du matériel6. Cet enseignement économique qui manipule les débouchés, les produits ou la valeur réelle ne connaît pas le tabou de l’argent. La sphère marchande est dans son programme. Le scoutisme cherche la continuité entre la psychologie du jeu et la formation économique. Pour cette raison, le travail idéal s’accomplit rapidement, joyeusement et correctement. Vitesse et qualité de production irriguent au plus tôt les adolescents. La vie de l’entreprise se prépare par exemple dans la réalisation et la vente d’objets par les éclaireurs. Un travail « organisé et réparti collectivement, dans l’esprit – en tout petit – du système Taylor », est source de revenus pour la petite équipe autonome7. Le jeu demeure toutefois encadré par le respect des professions (« on empiétera sur aucune catégorie de travailleurs qualifiés ») pour désamorcer la critique syndicale8.

    13Mais l’ancrage complet des Éclaireurs dans la production industrielle moderne se heurte pourtant à l’évocation répétée d’un autre cadre économique, celui préindustriel. La rationalisation scientifique ne recouvre pas entièrement la production artisanale, celle où l’individu maîtrise toute la chaîne de travail. Les réformateurs sociaux y voient la condition d’adhésion à l’armée de la production industrielle. Une véritable élite professionnelle allie donc travail manuel et activité intellectuelle. L’esprit d’observation, la curiosité et la « débrouillardise » de l’éclaireur nourrissent habilement un sentiment de réappropriation de l’outil productif. Un scout « se trouve porté de lui-même vers le travail bien fait, mené à bout habilement, vivement et originalement (c’est la caractéristique de ce qui sort des mains de tout bon artisan français)9 ». Cependant, il apparaît difficile de concilier la parcellisation des tâches selon la norme taylorienne avec la maîtrise transversale de la production telle que la possède un artisan.

    14La formation d’une élite professionnelle réside donc dans la tension entre la division scientifique du travail à grande échelle et la production à l’unité par l’artisan. Le modèle implicite de production économique se situe à mi-chemin, dans une sorte de manufacture revisitée où les tâches d’exécution nécessitent la connaissance de toute la chaîne de production. Ceci atténue le caractère solitaire du travail artisanal au profit d’une coordination entre exécutants, nécessitant ainsi une véritable intelligence collective. Dès lors, la parcellisation des postes de travail ne doit pas être trop poussée pour prévenir la dépossession de l’ouvrier. Cette représentation est habitée par la forme productive dominant la première moitié du XIXe siècle, précédant la seconde révolution industrielle et l’émergence de la production en série. Ceci interroge les méthodes de direction d’entreprise, spécialement celles qui enferment un patronat dans sa distance avec les salariés. Contre un patronat lointain caractérisant le mode tayloriste, les éducateurs rocheux évoquent la modernité des relations entre cadres et ouvriers. Ainsi le vieux mode de direction d’entreprise est accusé de propager la lutte des classes. L’industriel « moderne » est celui qui a conscience de son devoir de chef10. Son intérêt est d’organiser une troupe d’éclaireurs dans son établissement. L’intégration ludique des subordonnés passe donc par l’encadrement idéal des ingénieurs et des services administratifs. La lutte est donc subtile dans l’entreprise contre l’adhésion syndicale et pour la paix sociale. Cela représente un coût mais les pratiques corporelles comme le scoutisme sont au meilleur prix pour composer avec le mouvement ouvrier. Les premières lignes de cette négociation subtile sont donc tenues par les services sociaux des entreprises. On aurait tort toutefois de croire les industriels ralliés en masse au projet. Seuls quelques industriels adhèrent au rôle social du chef scout, à l’instar de Charles Malegarie, directeur de la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, polytechnicien émule de Lyautey ou de René Contal directeur parisien du nickel néocalédonien, organisateur de la ligne aérienne Paris-Strasbourg, élu en 1936 au comité directeur des EDF. Ils complètent la dizaine d’entreprises de tailles inégales acquises dans les mêmes termes à l’éducation physique en plein air comme les Chemins de fer du Nord ou Michelin11.

    Apprendre à renoncer

    15La formation des chefs éclaireurs n’a pas d’autre objectif que d’apprendre la paix sociale par le renoncement temporaire à la lutte des classes. Pendant le camp, il convient de dissoudre insensiblement les hiérarchies sociales en créant un univers joyeux pour mettre à distance de l’antagonisme entre classes. Au sein des campeurs, l’humour joue donc un rôle décisif pour éloigner la question sociale12. Il met à distance la condition sociale en rendant possible la rencontre. Joie et bonne humeur conditionnent l’enseignement réussi de la paix sociale. Ceci est le double inversé du terrible constat jaurésien de la tristesse ouvrière consolée seulement dans la politique formulé au début du XXe siècle. Avec enthousiasme, joie de vivre, confiance, les Éclaireurs veulent préfigurer les termes d’une harmonie sociale13. La formation des chefs est donc sans le dire une rhétorique du renoncement à la conscience de classe. D’où l’importance de former une personnalité rayonnante conditionnant l’érosion des divergences sociales entre les garçons. Pour Bertier, le bon éducateur manifeste une joie par laquelle le camp éducatif est un art subtil de la forme : « Toute la vie du camp dépend du chef : la santé, l’intérêt, le ton des conversations et des pensées, la gaieté, surtout la gaieté ! Si tu es inquiet, chef, garde ton inquiétude pour toi tout seul ; chante, siffle quand même. Si tu es fatigué, tu soigneras ta fatigue en dormant, mais, tant que tu es éveillé, tu dois donner l’exemple de l’entrain, de la confiance et d’une joyeuse amitié14. » À l’échelle personnelle, la maîtrise de soi tient lieu de métaphore du renoncement à la lutte des classes qu’il convient de faire triompher « chez la plupart de leurs garçons15 ». Un moyen pour ouvrir « la barrière de la contrainte » réside dans le tutoiement. Au prix d’un peu de familiarité, il procure plus d’intimité et de confiance. La société des adolescents l’emploie comme une « sorte de privilège ». L’effacement des frontières au sein de la troupe nécessite d’en tracer une autre, celle séparant les éclaireurs des « autres16 ». Le camp en effet recompose les frontières. Le bornage dans le temps et dans l’espace entre les campeurs et la société adulte est aussi bien marqué. Le camp scout n’est pas un spectacle public. Il préfère passer inaperçu pour être apprécié. Le ramassage du bois et l’usage du feu se font dans le respect scrupuleux de la propriété privée à laquelle on reste totalement soumis. Ceci fonde la respectabilité du chef et de ses campeurs car le pédagogue scout sait être discret. Le camp oscille toujours entre le provisoire de son installation et l’enseignement durable auprès des jeunes. Pour cette raison, il est rarement une construction définitive. Le camp réussi demeure dans le provisoire17.

    Libéral et social

    Diriger

    16Le comité directeur des Éclaireurs rassemble des hommes de plusieurs origines et qui ont le désir de diffuser la pédagogie libérale du scoutisme vers les enfants de toutes les catégories sociales. Le président Georges Bertier dirige les EDF à partir du noyau de bourgeois réformateurs qui puisent à l’école des Roches leur modèle de formation libérale et active des héritiers. Il s’agit d’un premier cercle de pédagogues chrétiens et sociaux. C’est le cas du juriste Paul Gemähling, spécialiste avant la guerre des questions éducatives au Sillon de Marc Sangnier18 et du juge d’instruction rennais Loïc Cathala, commissaire des Éclaireurs bretons. L’adjoint de Bertier à l’école des Roches, l’angliciste Henri Marty, est aussi le commissaire international des Éclaireurs. Le directeur place aussi au comité directeur un autre pilier de l’école, Pierre Lyautey. Le publiciste colonial, neveu du maréchal, préside en effet les Anciens élèves des Roches19.

    17Quand débute la formation des chefs dans la décennie 1920, les trois vice-présidents des EDF illustrent par leur surface sociale les réseaux de diffusion de l’association. À la clientèle privilégiée des Roches répond le premier vice président, le pasteur Georges Gallienne, directeur de la Mission populaire évangélique dans le 15e arrondissement. La diffusion pédagogique se trouve conditionnée par l’alliance des Roches avec des organismes sociaux chrétiens sans se rassembler autour de la dimension confessionnelle. Les EDF se distinguent déjà comme une forme déconfessionnalisée du christianisme social. L’apport des protestants est décisif à cette éducation populaire. Le pasteur Georges Gallienne, pionnier du scoutisme dès 1910, interrogeait déjà la solution pédagogique à la question sociale avec la tempérance antialcoolique de la Croix-bleue. Le comité directeur des Éclaireurs accueille aussi les pédagogues protestants de l’Union des Foyers franco-américains (UFA), le directeur Emmanuel Sautter, Roth et Namblard qui mobilisent leurs troupes scoutes dans la France dévastée20. Les animateurs d’œuvres populaires sont aussi catholiques comme le trésorier du comité directeur Camille Risch, adjoint de la direction du consortium catholique ouvrier du Moulin Vert dans le 15e arrondissement. Le social se conjugue d’ailleurs avec l’efficacité, notamment grâce à la présence d’Henri Guerreau, ancien administrateur des camps-écoles franco-américains du CARD.

    18Les Éclaireurs œuvrent à établir la continuité entre l’éducation bourgeoise rénovée des Roches et celle populaire d’œuvres sanitaires et sociales. Cette complémentarité décisive pour eux ne se limite pas à la seule sphère de l’action privée. Les deux autres vice-présidents symbolisent l’action publique et le désir de réforme des politiques publiques qu’ils portent. À ce titre, la deuxième vice-présidence tenue par le commandant Paul Fabre incarne la politique sanitaire et sociale de l’État. Sa direction des camps de vacances du jeune ministère de l’Hygiène créé en janvier 1920 a fait de lui un bon connaisseur de la mobilisation publique d’une éducation forgée dans la sphère privée. En 1921, Fabre a quitté la direction de l’instruction physique du Gouvernement militaire de Paris. Par lui, les Éclaireurs ont suivi le transfert de tutelle des camps de santé de la Guerre vers l’Hygiène sous les gouvernements bleu horizon21. Avec l’autre militaire du comité directeur, le capitaine Robert Blanchard, angliciste à Saint-Cyr, Fabre comptait d’ailleurs avant la guerre parmi les officiers pédagogues les plus favorables à la formation par le plein air22. Bertier renforce le cœur des pratiques scoutes en faisant élire au comité directeur de jeunes cadres pédagogiques venus des troupes locales (les chefs Fernand Manière de Dijon, Pierre Mazeran de Lyon, Georges Lesecq de Douai) tout en conservant habilement les membres les plus âgés (Achille Laut de Calais et l’ancien secrétaire général Paul Charpentier).

    19Dans la décennie 1920, les libéraux à la direction des EDF, où se renforce le poids des pédagogues, font glisser leur regard vers l’Instruction publique. Le troisième vice-président est le philosophe de l’université de Lyon Edmond Goblot. Ce professeur incarne le désir de réforme du système scolaire public en dépassant la partition scolaire en ordres antagonistes. Edmond Goblot étudie d’ailleurs les conditions de l’individualisme démocratique dans son essai de sociologie de la bourgeoisie, la barrière et le niveau, paru en 1925. Seuls trois autres enseignants siègent dans un comité directeur encore dominé par les œuvres privées, Gaston Colnat, professeur au collège de Saint-Dié et Pierre Deschamps, directeur d’école primaire supérieure à Marseille et Henri Juge, professeur au collège technique d’Annecy.

    20La composition du comité directeur nous renseigne sur un projet Éclaireur solidement établi à partir du noyau des Roches, diffusé en milieu populaire grâce à un réseau efficace d’Œuvres privées et actif grâce à de jeunes pédagogues. Le projet est déjà complémentaire des politiques sociales publiques et, désirant atteindre tous les enfants, il oriente son regard vers le système scolaire public. Il convient de voir comment se construit la mise à distance de la question sociale.

    Stabiliser

    21Les libéraux à la tête des Éclaireurs voient dans la famille les conditions de la stabilité sociale. Un vieux fonds pessimiste s’illustre par l’inquiétude de la dénatalité. Ils veulent une France forte, c’est-à-dire grâce à ses enfants. La propagande nataliste reste une déclinaison de la joie fusionnelle enseignée dans le scoutisme. Angoisse de la faible natalité et enthousiasme dans l’éducation sont les deux volets du même miroir tendu par les Éclaireurs à l’institution familiale. L’urgence à reconstituer les forces nationales explique « le culte de la jeunesse » corrigeant la faible natalité par « une amélioration de la qualité » que le scoutisme peut produire « chez n’importe quel enfant23 ». Régénération nationale et stabilité sociale ont un avenir commun construit dans l’enseignement moral. Celui-ci demeure étranger à la construction scientifique. Ceci explique la présence au sein du comité directeur des Éclaireurs du président de l’Association nationale pour l’amélioration de la population (ANAP), doyenne des associations natalistes qui occupe l’espace public par ses congrès et ses publications. Son président Paul Lefebvre-Dibon s’est distingué en 1920 en faveur de la correctionnalisation de l’avortement et du vote familial24. Les EDF et l’ANAP partagent le désir de stabilité sociale à partir des classes dominantes qu’il s’agit de diffuser vers les catégories sociales intermédiaires. La cible de l’ANAP se trouve chez les petits fonctionnaires et les employés des services publics. Il convient de rendre possible une ascension sociale à ceux déjà attachés au service de la puissance publique notamment par les bourses de l’enseignement secondaire. L’ascension sociale ne signifie pas le bouleversement des hiérarchies. Au contraire, la stabilité sociale s’en trouve renforcée par la diffusion du « climat familial ». En 1927, la brochure nataliste de l’ANAP Pour que vive la France diffusée à 150 000 exemplaires circule dans les lycées grâce à sa préface du directeur de l’enseignement secondaire. Il est vrai que la limite vient des enseignants eux-mêmes car leur faible fécondité dénote un peu dans cette épaisse propagande25.

    22Chez les EDF, le « climat familial » doit aussi régner idéalement entre les adhérents. Le prix annuel Lefebvre-Dibon récompense la plus nombreuse famille d’éclaireur26. Soutenir l’ordre familial passe aussi par la prévention des risques d’accidents survenus en sortie. La régénération sociale par l’enfance s’arrête là où commence le bouleversement anthropologique de l’ordre des choses contenu dans l’accident ou la mort des enfants. Conséquence profonde du conflit mondial, la régénération de la société n’admet plus le sacrifice des enfants héros. C’est la raison pour laquelle les Éclaireurs normalisent la déclaration d’accident pour rationaliser la place du risque dans les camps. L’assurance civile qui figure dans l’économie ordinaire des troupes dans laquelle les chefs doivent se ranger, est la métaphore diffuse de la pacification sociale27. Les réformateurs sociaux des EDF sont en accord sur la prise en charge de l’assurance, même partielle, par la collectivité nationale lorsque la collectivité nationale prend en charge les assurances sociales28.

    23La famille vue par les Éclaireurs n’est pas exclusivement nombreuse. Au sein des ligues familiales, la Confédération générale des familles (CGF) fondée par l’abbé Viollet dénote fortement. La CGF admet les foyers de moins de trois enfants, exclus du mouvement familial. Au comité EDF, la présidence de la commission des finances est tenue par Camille Risch, trésorier de la CGF et homme de confiance de l’abbé Viollet. Camille Risch anime depuis 1911 la troupe des éclaireurs du Moulin vert dans le quartier parisien où l’abbé Viollet anime la solution à la question sociale par le logement ouvrier, la prévention de la tuberculose, le mariage et la procréation29. Aux marges de l’apostolat – comme lors des controverses publiques avec les libre penseurs – l’abbé Viollet est d’ailleurs en délicatesse avec sa hiérarchie30. L’ancien silloniste Bertier voit dans l’homme et ses entreprises un pragmatisme exemplaire.

    Réformer

    24En décembre 1921, Bertier est élu à la présidence des Éclaireurs. Avec le congrès scout mondial de Paris en 1922, il ancre l’association dans la nouvelle internationale de jeunesse conduite par Baden-Powell. Cette dernière encourage chez ses membres libéralisme et patriotisme, tout comme la revue de Bertier l’Éducation qui assure au directeur de l’école des Roches sa légitimité parmi les éducateurs français. Dans l’hexagone, le modèle du chef scout appartient donc au mouvement mondial et à la science sociale leplaysienne. Celle-ci porte un regard pessimiste sur la société contemporaine avant d’avancer des solutions pour sa réforme.

    25La stabilité de la société est conditionnée par l’existence de corps intermédiaires. Il manque à la démocratie française la subtile direction d’une élite compétente et active. Jusqu’à présent, le régime républicain a négligé cet acteur du champ social, « que peut la masse sans chefs, sans cadres ? » se demande l’Éducation31. Pour les leplaysiens, l’absence des corps intermédiaires dans le processus d’industrialisation depuis le XIXe siècle est vécue comme un déséquilibre. La production de masse a généré des déséquilibres avec leurs corollaires de frustrations et de violences. La tyrannie économique d’une étroite poignée de possédants révèle les mêmes périls que la masse abandonnée à elle-même. Le temps de la société de masse et de la modernité économique est admis, mais il convient de l’encadrer pour stabiliser son essor. L’existence d’élites garantit la stabilité sociale en limitant l’impact des déséquilibres économiques. Dans la recherche d’une société stable, le chef de jeunes incarne la voie médiane entre le pouvoir d’un seul et celui de la masse. Ce rôle appartient aux « meilleurs citoyens », modèle selon Bertier du comportement individuel. S’il se place dans le cadre du suffrage universel, il le corrige par la hiérarchie des comportements. Il invite à une sorte de « gouvernement de la vertu » que bien des conventionnels jacobins n’auraient pas désapprouvé :

    « La formation des chefs est plus importante encore dans des démocraties comme la nôtre, qui ne doivent reposer ni sur la puissance de conception d’un seul – où donc est-il du reste ce surhomme capable de porter une telle responsabilité et d’avoir une telle amplitude de pensée ? – ni sur la tyrannie anonyme d’une foule, mais où l’autorité doit être confiée à l’élite, aux meilleurs citoyens32. »

    26Pour ces réformateurs libéraux, le scoutisme trouve son origine dans la formation d’une élite capable de porter la régénération sociale. Habituer les jeunes à prendre des responsabilités, à organiser des groupes de pairs est la condition clé, tant il est vrai que les promoteurs ont toujours à la bouche les termes d’« initiative » ou d’« effort créateur ». Les Éclaireurs veulent former le « chef » appelé à relayer dans la société et l’économie d’après guerre ceux qui ont donné la victoire au pays. Leur siège social demeure toujours entre les 9e et 10e arrondissements dans le périmètre des grands boulevards parisiens, comme pour ne pas s’éloigner du rythme économique de la capitale33. Avec l’ordre international des vainqueurs de 1918, la compétition est économique. Les chefs Éclaireurs doivent être l’élite préparant la jeunesse à la concurrence économique. L’essor du scoutisme en Grande-Bretagne et aux États-Unis est représenté comme un idéal d’entreprise nationale.

    27Il est reproché aux classes supérieures hexagonales de négliger leurs devoirs sociaux. Par leur repli, les classes supérieures endossent leur part de responsabilité dans la violence sociale. Le mépris dans lequel le bourgeois tient le bas de l’échelle sociale demeure selon les Éclaireurs le meilleur terreau de la lutte des classes. Les classes dirigeantes sont insuffisamment préparées à leur tâche d’encadrement. Le lycée n’offre pas aux jeunes bourgeois l’apprentissage qui fera d’eux des entraîneurs d’hommes. Bertier et les Éclaireurs s’avancent comme réformateurs de l’enseignement secondaire. Ils veulent préparer les lycéens à leur futur rôle de dirigeant. La formation des classes sociales clientes des lycées développe incomplètement leur tâche de futur cadre : « Avec l’éducation actuelle, ils sont trop souvent amorphes, sans virilité, inaptes à la tâche d’entraîneur. Être chef de patrouille, c’est un complément presque nécessaire de l’entraînement de tout fils de famille, s’il veut être prêt à jouer son rôle dans la société de demain34. »

    Rénover la vie lycéenne

    28L’implantation en lycée traduit l’assurance du maintien de l’ordre social au bénéfice des classes dominantes clientes de l’enseignement secondaire. L’entreprise est cependant fragilisée par l’éphémère de la vie lycéenne. Devant leur essor à un professeur ou à un surveillant, les troupes d’éclaireurs naissent, vivent et meurent parfois rapidement. Quelques établissements emblématiques sont néanmoins gagnés. L’antériorité des Roches dans ce scoutisme scolaire sert de modèle. L’école y gagne un caractère. La « “boîte” se transforme en un centre vivant, pour lequel l’enfant se passionnera (surtout si le club scout est installé dans les locaux scolaires) ». Ceci bouleverse heureusement les routines disciplinaires35. Depuis 1919, les Éclaireurs bénéficient de l’éclatement du sport lycéen en fédérations36. L’implosion de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), animateur de l’olympisme lycéen accroît la visibilité des Éclaireurs. En 1923, ils siègent au Comité consultatif de l’éducation physique et des sports institué au ministère de l’Instruction publique3738. Toutefois, ce rapprochement au sommet de l’institution ne dure pas. La recherche de l’efficacité motrice est accessoire pour les Éclaireurs. Ils refusent la compétition et le spectacle sportif. Au début de la décennie 1920, ils s’implantent dans six établissements secondaires parisiens. Les troupes des lycées Carnot, Chaptal, Henri-IV, Lakanal et Louis-le-Grand plus celle du cours privé Hattemer-Biais constituent leur avant-garde secondaire.

    29La troupe du lycée Henri-IV est emblématique des EDF par sa convergence entre la pédagogie anglo-saxonne du plein air et l’idéal méritocratique scolaire. Dirigée par le bibliothécaire du lycée André Hahn, elle pratique le « vrai scouting », c’est-à-dire les techniques de plein air et la vie en patrouilles. La troupe, qui portait pendant la guerre le nom d’Éclaireurs Méthode Baden-Powell (EMBP), possède un foulard de couleur parme, évocation certaine des Palmes académiques39. En 1920, son adhésion aux EDF est due au jeune Jacques-Olivier Grandjouan. Élève du lycée Henri-IV pendant le conflit, il anime ensuite la troupe pendant ses études supérieures. Agrégé de grammaire en 1924, Grandjouan, alias Baloo, est un adepte fervent de l’application des méthodes des Roches en lycée. Il travaille la complémentarité socio-pédagogique du scoutisme au secondaire. Grandjouan maîtrise parfaitement la frontière entre le « sérieux » des études et le « ludique » des exercices physiques. Dès 1921, les éclaireurs d’Henri-IV sont mobilisés comme moniteurs auxiliaires dans les camps de santé du ministère de l’Hygiène40. Les Éclaireurs voient dans les lycéens encadrant les jeunes campeurs la forme socialement aboutie de leur pédagogie.

    Diffuser subtilement

    Irriguer le corps social

    30La bonne volonté des classes dirigeantes n’est pas la seule condition de la réforme. Elle ne peut se réaliser sans l’adhésion des autres catégories sociales. Les Éclaireurs ne veulent pas la seule reproduction de la classe dominante. Il convient d’agréger à la classe dominante les meilleurs éléments des autres en trouvant des alliés dans l’armée de la production industrielle. Il importe de renouveler et d’enrichir le commandement social par l’ascension des individus les plus méritants :

    « Et quant aux fils des classes plus “démocratiques”, le scoutisme leur offre une occasion presque unique de s’affirmer, de gravir plus aisément, presque en se jouant, la dure échelle de la vie et d’accéder, eux aussi, à des rôles de chef41. »

    31L’élite telle que les Éclaireurs se la représente n’est pas enfermée dans les bornes des classes déjà investies du commandement. L’élite est une construction rassemblant les meilleurs éléments des dominants et des dominés. La paix sociale en retour est à ce prix. La fabrication de l’élite doit s’émanciper du ghetto de la reproduction. Il s’agit de stabiliser le corps social face à la montée des classes nouvelles qui menacent les dominants. Une société équilibrée est l’objectif à long terme des troupes d’éclaireurs. La tâche du chef consiste à articuler la mise en mouvement individuelle des jeunes avec la conservation de l’ordre social. Cette finalité conservatrice se trouve sublimée par l’intensité des formes ludiques du scoutisme. La prohibition des discussions politiques conditionne sa réussite pédagogique. L’équation politique et pédagogique n’est pas fermée aux autres catégories sociales. Il devient même vital d’éteindre ensemble l’incendie de la lutte des classes. La paix sociale nécessite l’alliance avec la classe intermédiaire en expansion, la plus capable de diffuser en retour ce programme vers les catégories inférieures. Contre la guerre sociale, il est urgent de s’allier au dynamisme de la classe moyenne tirant sa prospérité de la société de masse. L’alliance avec la frange éclairée des classes intermédiaires devient la pièce maîtresse de la conservation du pouvoir des élites. Mais cette construction repose précisément sur l’accord des élites. Or, rien n’indique que les classes supérieures souhaitent rallier massivement ce projet exigeant une forme plus ou moins équitable de partage du pouvoir sur la base de réelles compétences. Ce point de vue n’est jamais aussi bien partagé que lorsqu’il touche des individus venant des classes moyennes. Prendre part au commandement social exige l’assimilation des thèses des dominants. Dès lors, la formation des chefs génère l’acculturation des jeunes adultes. Issus des classes dominantes, moyennes ou plus rarement populaires, ces jeunes adultes se trouvent pris dans le tourbillon pédagogique mettant à distance l’origine sociale au profit des seuls chefs Éclaireurs. Le leplaysien Bertier proclame le surgissement des individus de bonne volonté au service de la collectivité : « Mes amis, quelle force ce serait pour un pays, le jour où, grâce au scoutisme, il y aurait des centaines, des milliers d’individualités puissantes cherchant sans cesse à faire converger leur action avec celle de l’élite et à se sacrifier au bien public42 ! » Les chefs Éclaireurs offrent le sacrifice de leur volonté sur l’autel d’une société idéalement régénérée.

    32Les EDF sont à l’image de leur projet socio-éducatif : former des jeunes gens forts et actifs en mettant à distance l’origine sociale de ces futurs entraîneurs d’hommes. Pour animer l’essor des troupes d’Éclaireurs dans tout le pays, Georges Bertier cherche un homme capable d’enseigner cette réforme. Il le trouve à Paris dans un établissement socio-éducatif d’un quartier populaire du 5e arrondissement, la Maison pour Tous de la rue Mouffetard. En 1922, son directeur André Lefèvre (1886-1946) est nommé commissaire général des EDF. La diffusion du scoutisme venue de la bourgeoise école des Roches vers le monde populaire se fait par la Maison pour Tous.

    La Maison pour Tous contre la maison du peuple

    33Sociale, familiale et éducative, la Mouffe doit son origine aux militants démocrates chrétiens du Sillon de Marc Sangnier. Dès avant la guerre, ces derniers cherchaient la réponse pédagogique à la question sociale pour le prolétariat à l’habitat délabré et insalubre de la rue Mouffetard. André Lefèvre, dessinateur industriel et jeune militant sillonniste, fait alors partie du groupe de jeunes adultes baptisé Chez Nous qui anime des colonies de vacances et des caravanes scolaires pour les jeunes du quartier. La reconquête morale du prolétariat par la pénétration sociale est contemporaine de l’apogée du Sillon. La condamnation de 1910 les affecte peu. Leur autonomie est déjà réelle, comme le montre l’étude de la religion de la beauté de John Ruskin, auteur anglais absent du corpus sillonniste43. Ils amendent le catholicisme social par des moyens protestants de mobilisation tels la tempérance, le camping et la randonnée.

    34Dès 1912, André Lefèvre anime ces activités de Chez Nous. Les jeunes chrétiens refusent le nom de « boy scouts » aux enfants du quartier. Ils préfèrent la distinction de « caravaniers » par opposition à la préparation militaire des Éclaireurs de France. L’adhésion à ces derniers est évoquée en réunion44. Avec le béret, les bandes molletières et la canne ferrée, les jeunes prolétaires randonneurs imitent fièrement les chasseurs alpins et s’élèvent au-dessus des fantassins. Ces caravanes reprennent aussi les entreprises pour la jeunesse bourgeoise du Club alpin. Sous une forte discipline, les « meilleurs des gosses » deviennent les « moniteurs » des plus jeunes. La guerre désorganise la communauté. André Lefèvre, alias désormais Vieux Castor reprend la tête de la troupe à sa démobilisation en 1919. Son assistant est Ronald Seydoux, fils d’industriel protestant conseiller général du Nord45. L’aumônier de Chez Nous est alors l’abbé Jean Viollet, personnalité atypique qui met à distance le messianisme du Sillon. L’après-guerre et les activités de plein air achèvent une déconfessionnalisation déjà bien entamée qui laïcise le catholicisme social. Derrière Lefèvre, la neutralité religieuse devient la condition d’accueil de tous les enfants. La survivance sillonniste est cependant solide à l’image de l’emblème végétal du gui. Les jeunes conservent du Sillon son emblème végétal, repris dans le bulletin, la touffe de gui. Ils chantent aussi les chants d’Henri Colas, le compositeur du Sillon.

    35La nouvelle association éducative, culturelle et sociale se nomme Maison pour Tous. Elle s’installe dans un bâtiment rustique 76 rue Mouffetard. André Lefèvre en est directeur. Mais elle ne survit que par de généreux donateurs, la famille Seydoux ou encore Georges Bertier. Ces derniers apportent 70 % des revenus de l’association. Les cotisations couvrent à peine 30 % du budget46. La Maison pour Tous diffuse les normes bourgeoises dans les milieux populaires concernant l’éducation, le loisir, le logement et l’économie domestique. Une place centrale est dévolue au « climat familial » qui nimbe tout l’atmosphère de la Maison. Le modèle familial des animateurs de la Mouffe conditionne la moralisation des classes populaires. Ceci s’inscrit en filiation de l’économie sociale leplaysienne et du Musée social. La Maison pour Tous adhère à la Fédération des Centres sociaux dont André Lefèvre devient trésorier en 1927.

    36La Maison pour Tous reconnue d’utilité publique en 193047 diffère des initiatives contemporaines du mouvement ouvrier, les maisons du peuple. Point de lutte des classes rue Mouffetard ou de programme révolutionnaire enseigné à la jeunesse populaire. Une maison « pour tous » ne saurait être l’exclusivité « du peuple ». Elle n’assigne personne à une classe sociale car les classes ne sont pas les conditions du changement social. Le lent et patient travail de la Mouffe privilégie la construction individuelle. Elle se fait contre l’émancipation par la conscience de classe. À sa manière, la Mouffe succède à l’œuvre populaire et libérale de la Bibliothèque des Amis de l’Instruction du 3e arrondissement. Celle-ci offrait aux ouvriers des ateliers du Temple un projet étranger à la lutte des classes centré sur la lecture, l’enseignement mutuel et la convivialité48. La Maison pour Tous ignore le dilemme des universités populaires du début du XXe siècle, épuisées par le choix impossible entre la réforme et la révolution49. Elle réalise l’utopie décrite par Louis Guilloux dans son roman La maison du peuple qui raconte les espoirs déçus d’un militant socialiste provincial. Notons que la maison du peuple est publiée en 1927 par Jean Guéhenno, intellectuel libéral hanté par la trahison vis-à-vis de son extraction populaire. Il lui a fallu payer d’un renoncement son ascension vers la cléricature laïque par la méritocratie scolaire. Les militants de la Mouffe qui s’inscrivent dans la continuité de la formation individuelle ignorent à peu près tout de cette angoisse50.

    Famille et éducation

    37À la Maison pour Tous, l’irrigation par le « climat familial » conditionne la résolution de la question sociale. Jeunes et cadres baignent dans l’évocation de la sphère familiale qui nimbe l’idéal de la Maison et masque la rudesse de la question sociale régnant dans le quartier. Les militants refusent de se pencher « avec condescendance » sur les familles rattachées à la Maison pour Tous, « nous sommes de la Mouffe, nous en partageons la vie, nous y vivons en famille, comme le Chef vit au milieu de ses Éclaireurs51 ». Le cœur de la Maison bat autour de sa « table familiale ». Les sillonnistes de la Mouffe ont d’ailleurs ouvert leur restaurant avec des moyens modestes, chacun apportant les couverts. Peu importe la cuisine bourgeoise ou populaire, l’absence de discours gastronomique conditionne même la mixité sociale des convives. Les prolétaires y côtoient en de sages ripailles les étudiants de l’Agro rue Claude-Bernard52.

    38Famille et refus de la lutte des classes avancent ensemble. L’évocation familiale marque la volonté naïve de tempérer et d’humaniser le capitalisme. La Mouffe compose une famille idéale où les cadres se font appeler « tante » et « oncle » par les enfants ou dans une moindre mesure « grand-père » ou « grand-mère ». Il en est de même à la colonie de la Mouffe à Montmartin (Manche) où filles et garçons s’organisent en « familles » d’animaux encadrées par de jeunes filles à peine plus âgées nommées « tantes53 ». Cette parenté idéale ignore délibérément la filiation biologique. Le roman pédagogique familial déployé à l’intérieur de la Maison pour Tous pratique un silence quasi absolu à propos de la procréation. Tantes et oncles façonnent une famille d’autant plus idéale que silencieuse sur la sexualité. En refusant les « pères » et « mères », les militants catholiques taisent la reproduction biologique de la même façon qu’ils taisent les rapports de classe. Les militants taisent en effet le registre de la reproduction précisément car ils veulent s’en affranchir. La sexualité et les rapports de classe sont communément mis de côté afin de rendre possible les conditions de l’ascension sociale des jeunes fréquentant la Mouffe. Le familialisme de la rue Mouffetard fait écho à l’univers du livre de la jungle et à Mowgli, garçon abandonné élevé par un couple adoptif de loups. À la tête des louveteaux de la Maison pour Tous, Marthe Levasseur devient une « Mère louve » unanimement respectée. L’univers littéraire de Rudyard Kipling convient parfaitement aux démocrates chrétiens. Les Éclaireurs prolongent naturellement la famille idéale de la rue Mouffetard. « Quand je rencontre des EDF je vais dans ma famille » dit d’ailleurs leur commissaire général Lefèvre en tournée d’inspection54.

    André Lefèvre pédagogue du « climat familial »

    39Un obscur employé de bureau puis dessinateur industriel voit le sens de sa vie changer à 23 ans par les activités du Sillon et sa rencontre avec Marc Sangnier. Les emplois sans relief contrastent avec le dynamisme du groupe sillonniste du 5e arrondissement et ses exigences « du devoir moral et social55 ». Chez Lefèvre, le champ de la réforme sociale se construit par l’acculturation des méthodes éducatives. Démobilisé en 1919, il participe à l’aventure du second essor de Chez Nous puis de la Maison pour Tous. Son totem de « vieux castor » dessine le personnage dans une figure d’éternité. Le rongeur habile bâtisseur est précédé d’un qualificatif valorisant l’antériorité d’une solide expérience.

    40Autour de lui, la Maison pour Tous mélange les bourgeois aux prolétaires. En fréquentant l’établissement, de jeunes héritiers se frottent à l’animation des enfants du prolétariat. Les éclaireurs du lycée Henri-IV peuvent défricher en voisins le terrain social de la rue Mouffetard. C’est le cas du jeune André Basdevant (1908), fils d’un professeur de droit, élève et éclaireur au lycée56. Depuis son enfance, le jeune apprenti tourneur Fernand Bouteille (1906) fréquente la Maison pour Tous. Lefèvre en fait un de ses cadres éducatifs sous le nom de Bagheera. D’un milieu populaire anticlérical, il se sent pourtant « du Sillon » jusqu’à être promu en 1934 assistant de Lefèvre, chargé des publications des Éclaireurs57. À la direction de la Maison pour Tous et des EDF, Lefèvre est le salarié de la réforme sociale dont Georges Bertier a besoin pour diffuser le modèle social des Roches hors des cénacles d’héritiers. Sans âge, nanti d’un sourire malicieux, la vareuse de chef scout semble être son vêtement professionnel. Une activité inlassable explore toutes les voies de la paix sociale par l’éducation au point d’altérer une santé cardiaque fragile. Il voyage dans les épuisants wagons de troisième classe pour visiter les troupes en province, animer les stages ou être à l’étranger pour des réunions scoutes.

    41Ses éditoriaux du Chef et de L’Éclaireur de France contiennent les thèmes omniprésents de la science sociale passés dans l’ordre pédagogique : joie, sincérité, exemple, désintéressement du chef, maîtrise de soi. Sa plume mêle le pessimisme social à l’enthousiasme pédagogique, signature d’un idéal conservateur et modernisateur. Amplement décrit et commenté, le chef éclaireur selon André Lefèvre ne peut espérer accomplir une œuvre utile sans sacrifice. Être éducateur, c’est « sacrifier une belle collection de ses loisirs » dont le but est « d’éveiller chacun des enfants à une vie mieux remplie ». La formation consiste donc à acquérir « un joli lot de solides qualités de cœur et d’esprit58 ». Cette connaissance permet ainsi au chef de lire dans l’âme de ses jeunes pour capter « des indices sûrs de la profondeur des amitiés qui vous entourent59 ». La rhétorique de Lefèvre s’y déploie sur le plan moral, ainsi que le rappelle la fréquence des qualificatifs tels que « beau », « bon », « grand » ou « large » mobilisés au service de la morale du comportement individuel.

    42Pour les contemporains, Lefèvre rend tout acte Éclaireur d’une transparence absolument limpide. « Tous ceux qui ont campé avec le Vieux Castor, par exemple, ne se rendent pas compte de ce que son sourire représente de volonté, de préoccupations refoulées, de maîtrise de soi », écrit le jeune professeur de philosophie François Goblot60. Depuis le siège parisien des EDF jusqu’aux visites des troupes en province et dans les établissements scolaires, Lefèvre personnifie l’idéal du pédagogue dans un sacerdoce librement accepté. L’ordre pédagogique de la Maison pour Tous est la matrice de la joyeuse transformation sociale par l’éducation, plus que jamais cristallisé par la « table familiale » : « Lorsqu’il ouvrait la porte du restaurant de la “Mouff”, il se redressait, un grand sourire illuminait son visage, ses yeux brillaient d’un éclat amical. Et il allait de l’un à l’autre des convives, lançant une plaisanterie, plaçant un bon mot, s’intéressant à chacun, puis lançant une chanson que tout le restaurant reprenait en chœur61. » L’entourage de ceux qui le fréquentent éprouve un sentiment naturel de piété filiale, « on se sentait son fils spontanément62 ». L’atmosphère familiale emportant dans son sillage tous les jeunes quels que soient leurs milieux d’origine doit beaucoup à la frontière subtile que construit Lefèvre entre sa vie d’éducateur et sa foi chrétienne.

    Réforme sociale et spiritualité

    Scoutisme et question religieuse

    43À propos de sa foi catholique, Lefèvre cultive la plus scrupuleuse discrétion. De son adhésion au tiers ordre de Saint François, le petit homme observe significativement une mise éternellement modeste63. Pourtant sa ferveur catholique dans l’action non confessionnelle demeure un pont dressé entre l’incroyance officielle de la République et la culture catholique dominante des Français64. Selon le jeune philosophe laïque François Goblot, les incroyants dont il fut l’ami « ne pourront désormais comprendre le mot Saint qu’à travers lui65 ». L’incroyant Fernand Bouteille dit aussi combien il « remercie la Providence d’avoir envoyé un Saint chez les EDF et pas chez les Scouts de France qui n’en avaient pas besoin66 ». L’action éducative de Lefèvre impose la Maison pour Tous comme le creuset des Éclaireurs de France. Leur enseignement est une morale chrétienne déconfessionnalisée et laïcisée, sans étiquette religieuse67. Mais dans la France de la décennie 1920, ils ne se proclament pas non plus laïques. Ils se revendiquent « neutres » pour rallier le plus grand nombre hors de l’affrontement des deux France. Leur utopie fraternelle désire la rencontre entre la teinte chrétienne du libéralisme leplaysien et une République laïque regardant vers le centre. Il est vrai que, difficile à définir, cette spiritualité s’inspire sensiblement d’un christianisme diffus. Au congrès des chefs Éclaireurs de 1922 convoqués le jour de Noël, chacun est assuré de pouvoir suivre l’office de son choix68. Mais l’origine silloniste de Bertier et de Lefèvre ancre les EDF à bonne distance du catholicisme militant. C’est fondamentalement sur ce tracé que réside la frontière avec le scoutisme catholique dont l’essor contemporain assure la puissance. Les Scouts de France se créent en 1920 pour mobiliser la jeunesse catholique. Ils obtiennent les approbations diocésaines en ralliant les évêques un à un69. La frontière entre eux et les Éclaireurs ne circule pas entre catholicisme et laïcité mais à l’intérieur de la culture catholique. Les EDF enseignent un christianisme déconfessionnalisé, culturel et consensuel. Au même moment, l’essor des Scouts de France sonne la reconquête de la cité catholique par le ton d’un ascétisme viril et conquérant. Face à cet engagement de choc, la joie toute franciscaine du commissaire EDF André Lefèvre pèse bien peu. Animés d’une éthique du respect jusqu’au scrupule, Lefèvre et les Éclaireurs refusent l’alliance entre éducation et conquête religieuse. Si le camp-école de Cappy ne connaît pas d’espace consacré, il suffit que l’élévation spirituelle en nimbe toutes les pratiques. La sensibilité de l’école des Roches, non confessionnelle mais colorée d’un christianisme diffus, se retrouve dans ces choix.

    Christianisme social et survivance du Sillon

    44Les EDF gravitent au sein des pédagogues du christianisme social. Tous partagent le désir de stabilité sociale passant par l’émergence d’élites. Leur existence est conditionnée par l’éducation individuelle rendue possible par les méthodes actives et ludiques. L’association la plus proche des EDF est alors le mouvement protestant des Éclaireurs unionistes (EU). Fort de 3 500 adhérents en 1920, 5 000 en 1931, il conserve des liens étroits avec les Unions chrétiennes de Jeunes gens et la Fédération des étudiants chrétiens. Leur ferveur évangélique n’a d’égal que leur patriotisme. En 1921, le gouvernement bleu horizon remettait aux EU la médaille de la reconnaissance française lors d’une cérémonie présidée par Léon Bourgeois. La convergence avec les EDF se manifeste spécialement à travers la formation des cadres. Les EU ont l’expérience de leur ferme école normande à Toqueville-en-Caux, parrainée par la famille Siegfried. Les Éclaireurs de France et les Éclaireurs unionistes gèrent en commun l’Association du camp-école de Cappy. Le château, on l’a vu, est un cadeau de la générosité du Comité américain pour les Régions dévastées. Chaque association dirige alternativement les sessions de formation en accueillant des stagiaires de l’autre association. Le président Bertier des EDF et son homologue des EU, le pasteur Jean Laroche, partagent l’importance de la formation des cadres pour le projet socio-éducatif du scoutisme. Le commissaire national EU Jacques Guérin-Desjardins est un pilier de Cappy. Dès 1921, Bertier prenait la parole devant les chefs EU réunis en conseil national à Bordeaux. De leur côté, les Scouts de France préfèrent former leurs chefs dans leur camp-école de Chamarande. EDF et EU se retrouvent aussi sur l’économie d’échelle de la formation. Le site permanent de Cappy coûte en effet plus qu’il rapporte70. Les éditions des EDF et des EU sortent aussi du même imprimeur, la maison d’Auguste Coueslant installée à Cahors. Modernisateur et fordiste, celui-ci met son christianisme social en ordre de marche économique. Dès 1919, il répartit auprès du personnel une part des bénéfices de l’entreprise71. EU et EDF poursuivent de 1925 à 1932 l’intégration de leurs revues. Ils publient ensemble le Journal des Éclaireurs, le mensuel pour les 11-16 ans avec une édition par association72. Cette convergence perdure sous la présidence de François de Witt-Guizot, élu à la tête des EU en 192973.

    45La pédagogie des réformateurs sociaux se conjugue aussi au féminin. Georges Bertier siège au comité d’honneur de la Fédération française des éclaireuses (FFE). Depuis leur organisation en 1921, les Éclaireuses rassemblent des protestantes, des juives et des jeunes non confessantes74. La fédération est présidée par la juriste Marguerite Pichon-Landry, figure clé de la section féminine du Musée social. Installée au carrefour du féminisme réformiste et du traitement éducatif de la question sociale, elle préside aussi le Conseil national des femmes françaises75. Former une élite conditionne aussi la réforme de la condition féminine, raison pour laquelle les Éclaireuses s’organisent sur le même modèle que les Éclaireurs. L’enseignement secondaire féminin tient solidement la Fédération. La vice-présidente Mademoiselle Caron, dirige le lycée Fénelon, voie de choix vers l’École normale supérieure de Sèvres. Le secondaire privé est aussi bien représenté au comité d’honneur par la directrice du collège Sévigné76. Le christianisme social aussi veille sur la diffusion du scoutisme féminin77. Deux vice-présidences échoient à des figures des Unions chrétiennes de Jeunes filles, Suzanne de Dietrich et Antoinette Butte. Le comité d’honneur relie condition féminine et salariat. Le politologue Max Lazard apporte son expérience de sociologue de l’École pratique de service social78. La militante radicale Cécile Brunschvicg connaît bien la formation des assistantes sociales depuis son rôle en 1917 dans la fondation de l’École des surintendantes d’usines79. La catholique Germaine Malaterre-Sellier est active dans le féminisme réformiste et pacifiste80. Sous de tels parrainages Bertier trouve avec la FFE des alliées sûres dans le ralliement féminin au projet socio-pédagogique scout. Significativement, la commissaire générale des Éclaireuses Marguerite Walther est un solide pilier de la Maison pour Tous.

    46Georges Bertier, ancien militant du Sillon, conserve un contact avec Marc Sangnier. Dans la décennie 1920 son messianisme pacifiste au diapason de la réconciliation franco-allemande bouscule le nationalisme de Bertier. Celui-ci s’entend mieux avec le Sangnier pédagogue qui acclimate les Auberges de jeunesse. Bertier reste discret sur leur origine allemande. Il préfère regarder l’œuvre d’éducation populaire créée par l’instituteur Richard Schirmann sous l’empire. Le modèle germanique de loisirs bon marché est alors en expansion. Les Auberges se fondent sur la construction autonome de jeunes adultes par un équipement collectif. En 1929 Sangnier fonde et préside la Ligue française des Auberges de jeunesse (LFAJ) entouré de militants catholiques (Georges Duhamel, Gaston Tessier de la CFTC81), de religieux (le pasteur Monod, le grand rabbin Lévi, l’abbé Viollet, l’archevêque de Paris) et de personnalités républicaines (René Cassin, Justin Godart, Albert Thomas). Comme avec le Sillon, Sangnier cherche à échapper à la logique de classe et à l’affrontement bloc contre bloc. Le bien commun passe par la responsabilisation individuelle. La neutralité religieuse, le libéralisme et l’individualisme des Auberges cousinent nettement avec les Éclaireurs. Les pédagogues scouts siègent au comité d’honneur de la LFAJ (Georges Bertier et Henry Marty pour les EDF, François de Witt-Guizot et Jacques Guérin-Desjardins pour les EU). Ancien Silloniste, André Lefèvre fait camper ses Éclaireurs chez Sangnier à Bierville. En 1931, la Fédération des Éclaireuses y tient son camp national dont la marraine est Germaine Malaterre-Sellier, vice-présidente de la LFAJ et déléguée française à la SDN. Avec les Éclaireurs, les Éclaireuses et la Maison pour Tous, les Auberges entretiennent la survivance de l’esprit sillonniste autour du contact avec Sangnier82.

    Encadrement et technocratie des loisirs

    47En 1927, les réformateurs sociaux participent au congrès du Redressement français, attirés par son projet éducatif à la fois modernisateur et conservateur à partir de l’élite lycéenne. Les EDF siègent à la commission de l’éducation nationale et avec d’autres dirigeants scouts, à celle de la commission sociale. La commission éducation du Redressement français repose sur une majorité liée au secondaire. Les deux hommes des Roches Georges Bertier et Pierre Lyautey ne sont pas dépaysés. Un secondaire rénové renouvelant la formation des héritiers conditionne la réussite française dans la compétition économique internationale83. Sur le thème de l’union entre l’ordre et la modernité Bertier avance en terrain de connaissance. Il fait d’ailleurs de sa revue L’Éducation l’organe de la commission éducation du Redressement français84.

    48De son côté, la section sociale du congrès est présidée par Georges Risler, vieux leplaysien président du Musée social. C’est un familier de la résolution de la question sociale par la lutte contre le taudis et l’alcool. Au sein de cette section, les loisirs et l’éducation populaire s’inspirent de la dominante chrétienne, libérale et sociale des dirigeants scouts qui y siègent. On trouve André Lefèvre pour la Maison pour Tous, l’éducateur physique Robert Lafitte, la présidente des Éclaireuses Marguerite Pichon-Landry, Jacques Guérin-Desjardins pour les EU et Marie Diemer, commissaire des Guides de France85.

    49L’encadrement des loisirs adolescents nécessite de solides vocations, précisément celles que connaissent les chefs scouts. Leur engagement d’éducateur s’exprime en terme moral : « Hors de ce don personnel tout est tapage et agitation vaine86. » La commission des loisirs du Redressement français formule le vœu de créer dans la jeunesse « la “mode” du service social désintéressé87 ». Elle appelle à la mobilisation nationale de nombreux « collaborateurs bénévoles » renforçant « les cadres de l’éducation nationale88 ». Il s’agit d’animer une nébuleuse gravitant autour du système scolaire. Les sociétés de gymnastique et de préparation militaire n’exercent pas cette action nationale car elles instruisent au lieu d’éduquer. Le scoutisme qui se situe dans le camp de l’éducation ne souffre que du manque de vocations. Au sein de la commission éducation du Redressement français, le président des Parents d’élèves des lycées souhaite d’ailleurs voir les maîtres pénétrés de la supériorité de l’éducation sur l’instruction. La commission forme le vœu du choix des surveillants par les chefs d’établissements scolaires « de préférence » parmi les chefs éclaireurs. Pour ces derniers candidats aux concours publics, elle demande aussi le bénéfice d’une note supplémentaire pour l’encadrement d’œuvres « en dehors de toute préoccupation politique89 ».

    50Le Redressement français avance l’importance du temps libre pour l’adolescence. La technocratie veut combler cette jachère au profit de l’utilité collective. Le Redressement français veut rationaliser l’emploi du temps de l’adolescence quand s’annonce la sortie de la scolarité obligatoire. Il évalue le temps de loisir d’un écolier de 12 ans à 24 % de la durée d’une année90. L’annonce de ce chiffre significatif est un argument en faveur de l’extension de la prise en charge obligatoire de l’enfance par l’État. Dès avant un hypothétique vote au parlement dont les précédents sont demeurés des échecs, la pensée technocratique cherche à renouveler l’équilibre subtil entre liberté et égalité dans les rapports entre l’État et l’enfance. Il s’agit de préparer l’individu à son rôle complet dans la société et l’État moderne. Le projet est de lier la démocratie à la forte responsabilisation personnelle. Une société d’adolescents comme le scoutisme autorise cet apprentissage de la liberté « nullement incompatible avec une solide discipline ». On y forme des citoyens « préparés à leur rôle civique dans une démocratie moderne91 ». L’individualisme démocratique est amendé par une solide discipline collective. L’individu sert idéalement la cité en se mettant à son service « dans le sens rendu nécessaire par les circonstances de la vie nationale », raison pour laquelle les jeunes gens sont encouragés à consacrer une part de leurs loisirs à des tâches patriotiques92.

    51Les pédagogues du christianisme social imaginent grâce au Redressement français l’élargissement de leur dispositif socio-éducatif à l’échelle de la nation, raison pour laquelle ils rencontrent la modernisation technocratique. Mais les congressistes butent sur un impensé, celui liant le régime républicain à l’enfance par son œuvre scolaire. Les réformateurs libéraux peuvent-ils désirer étendre l’obligation éducative sans accroître la tutelle d’un État dont ils craignent l’emprise ? Significativement, le Redressement français évite le terme d’« école unique » connoté comme trop étatique. Il néglige aussi l’attache laïque de l’école primaire, celle concernée prioritairement par le régime obligataire de 1882. Le terme de laïque est d’ailleurs remplacé par l’« atmosphère de concorde », témoignage de la collaboration entre l’Église, l’école et la famille93. L’ignorance cordiale dans laquelle est tenue l’identité laïque du vaste secteur périscolaire primaire trahit l’impensé conservateur du Redressement français. L’épouvantail de la « contre-action éducative » du scoutisme rouge qui organise à ce moment les Pionniers autour derrière la tactique classe contre classe ne sert pas non plus à rassembler94. Une partie la gauche acquise d’abord au Redressement français se détache rapidement et contribue à disqualifier le projet éducatif technocratique95. Le mérite de Georges Bertier est de comprendre que les Éclaireurs ont intérêt à dépasser ce cadre pour atteindre tous les enfants par l’École publique.

    Chef Éclaireur et maître

    La « plus belle mission de l’élite » et les enseignants

    52Appliquer le projet Éclaireur dans l’école passe dans la mobilisation des outils du chef par les enseignants au service d’une efficacité inédite dans leur métier. Au sortir de la guerre que les réformateurs considèrent toujours comme un point de départ le relèvement du pays impose aux maîtres un sacrifice. Le scoutisme facilite l’œuvre des maîtres. « Est-il une mission plus belle ? » s’adresse le délégué général Éclaireur André Lefèvre aux jeunes enseignants. L’entraînement pédagogique manquant à leur formation initiale se confond d’ailleurs avec leur recrutement comme agent de la réforme sociale. Dans un verbe de sergent recruteur, Lefèvre veut enrôler les lauréats des concours, les jeunes professeurs et instituteurs, normaliens, étudiants et anciens élèves des grandes écoles. La « maîtrise personnelle » et la « connaissance des hommes » conditionnent la profondeur de leur influence :

    « Nous vous offrons le moyen de vous attacher de jeunes esprits et de les grandir ; s’il est vrai qu’il ne soit aucune tâche au monde plus belle que celle qui consiste à faire des hommes, nous vous la proposons, cette tâche magnifique. Serez-vous sourds à notre appel ? Vous vous devez à vous-mêmes de ne pas aborder de responsabilités sociales sans avoir consenti au préalable le passionnant apprentissage des qualités, qui donnent le droit aux hommes d’élite de rayonner sur leurs frères96. »

    53Il convient de renouveler l’enseignement en lui donnant une dimension spirituelle. Les Éclaireurs complètent le travail de la raison des maîtres par l’action morale fondée sur la mobilisation corporelle. À l’image de l’enseignant revendiqué par l’école des Roches, le maître doit pouvoir échapper à la fatalité d’un personnage ennuyeux. Il doit mettre ses connaissances à la portée des élèves pour devenir « le grand ami plus savant qu’eux ». Investi d’une autorité et d’une dignité nouvelles, son enseignement s’affranchit des frontières disciplinaires classiquement établies pour atteindre « une situation morale exceptionnelle97 ».

    54La vocation de chef s’affirme sous une forme d’absolu :

    « Et quelle plus belle mission que celle de transmettre à des jeunes êtres une vie toujours plus riche, des possibilités toujours plus grandes d’épanouissement personnel et de rayonnement fraternel. Sans doute, c’est une tâche qu’aucune rétribution matérielle ne vient compenser, mais qui oserait affirmer que l’élite française est à ce point raréfiée, qu’il ne se trouve pas chaque année dix mille jeunes hommes désireux d’apporter notre contribution à la reconstitution de notre pays98. »

    55La condamnation d’une hypothétique action vénale du chef conditionne l’essence spirituelle de son action. Une valeur d’échange marchand ruinerait son impact moral. La portée de celui-ci trouve son origine dans la foi placée dans la relation entre l’éducateur et ses élèves qui dépasse la seule transmission de connaissances disciplinaires. Le dévouement du maître lesté d’une importante charge morale ne saurait se réduire à un échange économique sous peine de nullité. Là réside la condition pour s’adresser aux enfants de toutes les catégories sociales, y compris celles moins dotées que les héritiers fréquentant les lycées. La régénération de l’élite passe par le ralliement de l’âme enfantine dans le cadre scolaire :

    « L’école prend un caractère nouveau (surtout si le club scout est installé dans les locaux scolaires) : la “boîte” selon le langage de tous les “potaches” se transforme en un centre vivant, pour lequel l’enfant se passionnera : dont il se fera un point d’honneur, presque un cas de conscience, de soutenir le bon renom… Dans un tel établissement, toutes les routines disciplinaires se trouvent également transformées99. »

    56Il est un modèle scolaire pour les libéraux français, celui du scoutisme dans la formation des élites économiques et sociales en Angleterre.

    Le rêve anglais des libéraux français

    57Au début de la décennie 1920, le retour des Éclaireurs dans les grands lycées parisiens est contemporain du regard porté par les libéraux sur l’Angleterre. De 1922 à 1926, L’Éducation y observe la rénovation de l’enseignement des élites par le scoutisme. Les libéraux français rêvent l’enseignement au miroir du système britannique. Le ministre britannique de l’Éducation Fischer, organisateur des classes supérieures de l’école élémentaire, des camps de vacances et des centres d’éducation physique dans sa réforme d’août 1918, est favorable aux clubs scouts universitaires.

    58Le sommet des universités anglaises trouve avec les boy-scouts les apprentissages pratiques que les établissements n’offrent pas aux futures élites de l’économie et de la fonction publique. Pour les Français, les Rover-Scouts de Cambridge font figure de modèle100. Cette jeunesse universitaire représente une pépinière de chefs passant par le camp-école de Gilwell Park101. L’enrôlement des étudiants comme chefs leur offre l’accès aux savoirs étrangers à l’université mais décisifs dans leur vie de futurs dirigeants. La filière entière de l’école des héritiers anglais est concernée, spécialement dans la voie de choix vers Cambridge et Oxford. L’implantation de troupes dans les preparatory schools, les établissements préparatoires aux public schools, est l’objet d’un congrès spécial présidé par Baden-Powell102.

    59Cependant, les libéraux français n’ont d’yeux que pour la formation de la jeunesse aristocratique. Ils ignorent les universités au recrutement plus démocratique ouvertes avec l’industrialisation, les redbrick universities. L’université de Manchester est une « Terre Promise » du mouvement. Elle a ouvert en 1919 une chaire de scoutisme. À l’université de Leeds un professeur proclame Baden-Powell « Arnold de l’Angleterre d’aujourd’hui103 ». En Angleterre, 75 % des chefs scouts sont ouvriers ou employés104. Les hommes des Roches prêtent peu d’attention à la dynamique des grammar schools. Ces écoles secondaires socialement intermédiaires s’ouvrent comme les Roches aux langues étrangères et aux sciences. La grammar school de Manchester compte 10 % de ses élèves scouts105. Pour Bertier et ses collaborateurs de L’Éducation, l’enseignement rénové par le scoutisme en Angleterre est d’abord celui des classes dominantes. Le projet socio-pédagogique du mouvement doit donc se diffuser du haut vers le bas de l’échelle sociale et non dans le sens inverse ascensionnel. À ce titre les maîtres de l’école populaire sont invités à adopter les pratiques de chef Éclaireur.

    Le « bon socialisme » pour l’école primaire

    60À l’échelle du système scolaire, l’enseignement primaire joue le rôle assigné à la Maison pour Tous auprès des familles modestes pour diffuser l’éducation scoute fondée par des bourgeois libéraux. Pour eux, cet idéal s’incarne mieux chez les instituteurs du primaire que chez les professeurs en collège et lycée. Le maître unique offre l’occasion d’appliquer le programme moral impossible avec les multiples professeurs d’une classe du secondaire. Le scoutisme supplée avantageusement la prolongation de l’obligation scolaire pour peu qu’on réussisse à en convaincre les instituteurs :

    « Quand le scoutisme sera connu et apprécié des maîtres de l’école primaire, ils pousseront leurs élèves à devenir éclaireurs après leur sortie de l’école, et ceci d’autant plus que le scoutisme est aussi un puissant facteur de paix sociale, car il rapproche des enfants de tous les milieux sans faire aucune distinction entre eux. Au camp, chacun doit mettre la main à la pâte ; c’est là du bon socialisme106. »

    61Ceci permet de dépasser le stupide égoïsme de classe animant les bourgeois aveuglés par leur refus de collaboration sociale. La mise à distance de la lutte des classes passe par la recherche hors du secondaire de ceux qui « sans qualités brillantes, sans culture spéciale » réussissent la formation morale des adolescents là où « bien des hommes supérieurs à eux, mieux doués, mieux placés, échouaient dans la même tâche107 ». Le « bon socialisme » pour le primaire est un individualisme suffisamment élaboré pour éroder la conscience de classe. La politesse des gens modestes, « très ignorants des “usages” » peut servir de modèle moral108.

    62Quelques ruses sont toutefois nécessaires pour attirer d’autres que les jeunes bourgeois, par exemple la souplesse dans la tenue vestimentaire. La question du vêtement scout ne se pose significativement pas en lycée. Mais face à une « jeunesse turbulente et de classes sociales très différentes » les chefs ne doivent pas trop en exiger le port. Il faut au préalable étudier « attentivement la valeur » des garçons pour découvrir ceux dignes de rejoindre la société des Éclaireurs. La tenue scoute ne peut donc être portée que par la frange supérieure du primaire, distincte du reste des élèves. Le vêtement éclaireur veut habiller les aptes à l’ascension sociale, ceux susceptibles de répandre en retour l’ordre voulu par la réforme de l’enseignement secondaire. Les meilleurs éléments échappent à une logique de reproduction pour servir subtilement un projet qui les dépasse :

    « Pensez que ces garçons qui vous paraissent bruyants sont souvent des garçons dont la situation de famille est triste et pénible et dont vous pourrez avoir à compléter l’éducation et qui deviendront, si vous savez les prendre, vos plus fidèles collaborateurs109. »

    63La ruse dans la diffusion du vêtement scout vise aussi l’enseignement supérieur. L’hostilité supposée des étudiants envers le scoutisme, parmi lesquels les conditions d’implantation « sont particulièrement difficiles » traduit davantage la défiance à l’égard de la culture universitaire plus libérale que celle des lycées. Les étudiants ne sont que d’anciens lycéens perdus pour l’ordre secondaire et l’exigence vestimentaire modeste reste la voie la plus sûre pour les rallier110.

    Spiritualité et laïcité

    64L’implantation des Éclaireurs dans les écoles primaires est pensée comme le vecteur de diffusion vers le plus grand nombre. C’est en son sein que vont se recruter les futures élites sociales, raison pour laquelle ils défendent l’idée que « le scoutisme est l’allié de l’école ». La complémentarité ordonnée entre le secondaire qui décide et le primaire qui applique est comprise comme rien de moins que le « point de départ d’une extension illimitée111 ». Entrer dans l’école primaire nécessite de se conformer à la laïcité scolaire. Comme celle enseignée à l’école, la morale des EDF est nationale et dépassant les clivages sociaux. Les principes laïques des EDF s’apparentent aux internats primaires. Il n’existe pas d’exercice religieux mais toute facilité est accordée pour suivre le culte : « L’idéal éclaireur n’exclut pas les religions, mais il ne leur accorde aucun privilège, toutes les consciences étant à nos yeux également dignes de respect112. » La mission du chef éclaireur ne s’oppose à aucune croyance. En ne livrant aucune propagande religieuse ni antireligieuse, les EDF reprennent le vieux principe républicain du « rien pour le culte, tout pour les fidèles ». La morale enseignée par les EDF sert la stabilité sociale par sa conformité à l’enseignement spirituel donné dans la famille. Les convictions religieuses des familles sont donc scrupuleusement respectées puisque rien n’est fait contre elles. Bertier précise ainsi les contours de la « neutralité bienveillante et respectueuse pour leurs convictions personnelles » qui doit être celle d’un chef : « Il est lié par le serment qu’il doit se faire à lui-même de ne jamais essayer d’entraîner telle ou telle âme d’adolescent vers un idéal religieux ou irréligieux différent de celui qu’elle avait à son entrée chez nous. » La neutralité des EDF ne condamne ni n’encourage aucune foi. Ceci constitue la clé de voûte de leur indépendance spirituelle, position très différente des associations catholique et protestantes. On sait que Baden-Powell fait de la promesse scoute l’entrée initiatique dans la société des Éclaireurs. Le garçon manifeste ainsi son désir d’entrer dans la fraternité où ses pairs le reçoivent. En 1923, les EDF réforment le texte du serment adopté à leur fondation en 1911. La promesse des Éclaireurs est révisée dans un sens libéral fondé sur le respect du choix de la famille. Le garçon entre dans la société des Éclaireurs en précisant « sur mon honneur » ou bien « devant Dieu » prononcé « selon ses convictions et le désir de ses parents113 ». La liberté de conscience des Éclaireurs ne contredit pas le désir des familles. Le postulat libéral s’adresse aussi aux familles ne donnant pas de formation religieuse. Le libéralisme se confond ici avec la laïcité. La position des éducateurs est délicate. Ils ne peuvent dénigrer l’enseignement familial d’enfants élevés dans la foi pas plus qu’une révélation à ceux de familles incroyantes. Mais c’est oublier que la direction spirituelle n’est pas prise en charge par les chefs. Ils ne reçoivent d’ailleurs aucune formation en ce sens. L’évocation du « développement de l’âme au contact de la nature » tient lieu de viatique minimum pour un programme spiritualiste difficile à préciser dans la formation des cadres114. Il n’est d’ailleurs pas proposé de séquence pédagogique autre que la cérémonie de promesse, idéalement tenue entre membres de la même troupe.

    65À la différence des mouvements scouts religieux comme les Scouts de France ou les Éclaireurs unionistes, la promesse alternative des EDF laisse intacte la liberté de conscience des adolescents. La formulation ou non « devant Dieu » permet d’entrer dans la société scoute sans obligatoirement confesser une foi. En 1923, la mesure adoptée par l’assemblée générale des EDF est d’ailleurs contemporaine de la disparition dans les programmes de l’école primaire des devoirs des élèves envers Dieu. Le chassé-croisé est d’autant vécu sans conflit qu’il se localise dans la périphérie scolaire où les familles n’ont pas à craindre l’obligation laïque.

    Rencontrer l’école républicaine

    Le carrefour lyonnais

    66Établi au sein d’établissements privés, le projet des Éclaireurs cherche au sein de l’État éducateur son reflet public. Pérenniser cette construction par l’appareil administratif annonce l’installation durable de la réforme. L’ancrage scolaire des Éclaireurs est cependant plus fort en province qu’à Paris. Il est rendu possible au début de la décennie 1920 par la section lyonnaise des EDF développée par des enseignants de tous les ordres scolaires, dynamique demeurant liée à la politique municipale.

    67Depuis la guerre, les Éclaireurs lyonnais sont animés par un laborantin à la faculté des sciences, Pierre Mazeran. Au sein du comité local, il a le soutien des parents de ses garçons, dont le directeur de l’école normale Jean Kergomard et l’universitaire philosophe Edmond Goblot. Ils contribuent à unifier le scoutisme lyonnais. Après le conflit, les Éclaireurs de France et les Éclaireurs unionistes se fédèrent au sein d’une Union lyonnaise des sociétés de scoutisme. Mieux qu’à Paris, les EDF rentrent dans l’enceinte scolaire publique. Au printemps 1922, Mazeran organise un cycle de conférences pour les chefs qui se termine par une fête au lycée du Parc. Agréablement bâti en bordure du parc de la Tête d’or, cet établissement a vu son ouverture retardée par la guerre. Il est un fleuron d’un enseignement secondaire modernisé qui intègre les boursiers des lycées et des classes préparatoires115. En s’y rassemblant, chefs Éclaireurs, enseignants et parents d’élèves prolongent l’œuvre d’un professeur de l’établissement, Allemand-Martin qui y anime depuis 1920 le tourisme scolaire pour former des lycéens « bien armés pour la vie ». Telle est significativement la devise du Cercle des lycéens de la Tête d’or, identique à celle de l’école des Roches116. L’enseignement secondaire et les EDF se rencontrent là où se remplissent déjà les conditions de la réforme socio-pédagogique, l’ouverture sociale du secondaire aux non-héritiers et la mobilisation pédagogique par le plein air.

    68Les initiatives des réformateurs lyonnais se révèlent compatibles avec la matrice démocrate chrétienne de la réforme socio-pédagogique conçue à Paris. Tous partagent la même vision du renouvellement des élites par l’ascension de fortes individualités venues de tous les milieux. L’Éclaireur Mazeran, qui repousse l’« obéissance passive » due au chef, croit au progrès social par la formation du comportement individuel. La troupe scoute est une « véritable démocratie » où tous « sont régis par la même Loi, soumis aux mêmes obligations, tenus de s’entr’aider de façon complète117 ». Mazeran nuance le pessimisme de la science sociale d’une teinte démocratique, raison pour laquelle il accède en 1922 à la vice-présidence des EDF. Son décès brutal pour raison médicale porte un autre lyonnais au même poste, Edmond Goblot118.

    69Ce philosophe libéral, laïque et dreyfusard cultive une rigoureuse indépendance d’esprit. En 1925 paraît sa sociologie de la bourgeoisie, La Barrière et le niveau119. La pensée de Goblot fait référence à la consommation de loisirs des adolescents. Son essai répond au réformisme social des Éclaireurs. L’élite n’est pas le fait d’une classe mais de comportements personnels. Goblot définit la bourgeoisie selon les comportements et la représentation qu’elle a d’elle-même. Seul le jugement de valeur fait le bourgeois, le distingue, marquant la différence avec le commun. La considération par l’application de règles de vie non écrites garantit la distinction. Dès lors, si la bourgeoisie est une élite du comportement probe et honnête, il est possible d’y faire accéder tous les enfants indépendamment de leur origine sociale. Cette construction psychosociologique conditionne la rencontre des deux philosophes, le conservateur Bertier et l’homme de gauche Goblot. Ce dernier, extérieur à la science sociale, fonde l’analyse sociale hors de toute considération morale. Tous deux se retrouvent pourtant d’accord pour chercher et former les élites « dans quelque classe de la société qu’elles se trouvent ». Pour L’Éducation qui salue « la belle étude » du philosophe lyonnais, il s’agit toujours d’échapper « au joug des tyrannies collectives120 ». Le pessimisme de Bertier est comme nuancé par le regard plus optimiste de Goblot.

    « Introduire un esprit nouveau »

    70En décembre 1924 le congrès des chefs EDF se tient précisément à Lyon sous la présidence de Jean Kergomard et de Georges Bertier. Le président Bertier ouvre le congrès par un hommage au philosophe Charles Chabot (1857-1924) récemment décédé, dont les derniers travaux portent sur les droits de l’enfant. Collègue d’Edmond Goblot et fondateur de la Société de pédagogie, Chabot souhaite la rencontre de la science sociale avec la base démocratique de l’école républicaine121. Le congrès se tient dans la ville d’Edouard Herriot, qui conduit déjà une ambitieuse politique sociale municipale à partir des activités sportives et culturelles. Il parraine d’ailleurs les Éclaireurs et le tourisme scolaire au lycée du Parc.

    71Le congrès de Lyon consacré au « campement » précise le rôle éducatif du plein air au moment où débutent les premières sessions de formation des cadres122. Au chef appartient la mission de « sans cesse sentir l’esprit du camp » pour tenir en haleine ses campeurs123. Le camp éphémère construit la société idéale où se rencontrent tous les jeunes : « Chef de camp, tu es chef d’âmes, ou tu as été un chef de camp insuffisant124. » Le scoutisme travaille l’âme des adolescents comme le chef-d’œuvre compagnon travaille la matière. La morale du chef scout donne l’occasion au directeur de l’école normale de Lyon d’en vanter les mérites pour les instituteurs. Ce solide enseignant laïque est le fils de la fondatrice des écoles maternelles républicaines, Pauline Kergomard. Ce « Voltaire aux dents saines » selon le jeune chef Paul-Emile Victor, mesure la qualité des relations entre le maître et ses élèves apporté par les Éclaireurs125. Kergomard compte sur les jeunes instituteurs, non encore affectés par un quotidien routinier, pour substituer à la tension l’esprit de partenariat. À ce titre, Jean Kergomard reste dans le primaire le meilleur propagandiste de la modernisation par la science sociale :

    « Je souhaite donc que les jeunes instituteurs comprennent ce qui, dans le scoutisme, est de nature à rénover l’enseignement, les pratiques traditionnelles de l’éducation, et à y introduire, avec mesure et prudence assurément, un esprit nouveau. Je souhaite qu’en faisant cela, en s’associant à nous, ils trouvent dans cette espèce d’apostolat les satisfactions de cœur que vous y avez trouvées, vous tous camarades éclaireurs126. »

    72Kergomard reprend le modèle moral du chef développé par les réformateurs du secondaire, celui « pour ainsi dire choisi par eux127 ». Il veut effacer les barrières séparant le maître de ses élèves. Une « amitié plus ferme et plus utile » entre eux renforcerait l’enseignement. On est à l’inverse de la distance jugée nécessaire à la transmission. Proximité et enthousiasme signent le maître idéal imaginé par Jean Kergomard : « Instruit et réconforté par une journée de scoutisme, l’instituteur rapportera dans sa classe et dans son métier, cette bonne humeur, ce courageux optimisme, que la vie scolaire, dans sa monotonie, menace de muer sournoisement en un fonctionnement vide d’âme128. » Ranimer la flamme atténuée par le quotidien des années de service rassemble le directeur de l’école normale et celui des Roches. Cet enthousiasme a pour finalité le service rendu à la collectivité nationale. C’est ce que développe au même moment la thèse de droit de Jean Beigbeder. Le commissaire des Éclaireurs unionistes s’intéresse à l’éducation civique à l’école primaire. Il rappelle combien devenir instituteur signifie accepter une « restriction à la liberté d’opinion ». La thèse de Beigbeder, premier travail universitaire évoquant le scoutisme, situe Baden-Powell dans le courant de l’enseignement libéral et populaire entamé sous Guizot cent ans plus tôt. Rappeler le rôle des protestants dans l’enseignement primaire républicain revient à mettre à distance l’essor contemporain du syndicalisme enseignant qui talonne alors l’école sur sa gauche. Beigbeder commente aussi la suppression de la sévère redingote noire des normaliens, afin que les élèves maîtres prennent conscience des responsabilités « qu’entraîne tout régime de liberté129 ». Le scoutisme se reconnaît dans le camp de l’ordre, celui d’un juste libéralisme se situant dans un centre introuvable. La fin de la roupane des hussards noirs interroge la dignité des adolescents des classes populaires admis en école normale à mériter la confiance de la République. Les scouts connaissent aussi le pessimisme de la bourgeoisie devant le partage de son privilège du savoir.

    73La convergence entre les EDF et l’école profite du débat général sur la réforme scolaire. L’intervention de Jean Kergomard, directeur de l’école normale de Lyon, dit combien les EDF portent eux aussi leur regard vers l’horizon de « l’école unique », terme mis dans toutes les bouches et sous toutes les plumes. Les Éclaireurs ont vocation sociologique à accueillir tous les jeunes Français sans distinction de classe. La dynamique est optimiste.

    74Elle est aussi appelée à changer les rapports pédagogiques entre maître et élève :

    « Nous sommes des éducateurs. Nous ne voulons pas absorber les initiatives qui ont pu se produire dans l’enseignement : ce n’est pas quand je parle à côté de M. Bertier que je voudrais réclamer le monopole de l’enseignement ! Nous désirons une “école unique” en ce sens que nous voudrions que tous les enfants passassent une partie de leur vie, ne serait-ce qu’un an, sur les mêmes bancs, que ces distinctions de classes sociales, que cet esprit de particularisme bourgeois, – ouvrier aussi peut-être – qui chez nous sépare les hommes, empêche la fusion de petites cellules sans collaboration et sans communication des unes avec les autres, nous voudrions que pendant quelques années cela disparût et qu’une véritable fraternité régnât dans l’éducation des enfants français. Voilà ce que nous rêvons, nous autres, membres de l’enseignement public. Voilà ce que nous faisons dans la mesure de nos possibilités avec les enfants que les familles veulent bien nous confier et voilà ce que nous, Éclaireurs, nous faisons aussi. Je parle comme membre de l’enseignement public et comme éclaireur et je dis que si je suis éclaireur – honoraire, il est vrai, mais profondément éclaireur – c’est parce que je suis membre de l’enseignement laïque que je désire que dans cet enseignement pénètre plus intimement l’esprit du Scoutisme. Car il ne suffit pas d’être “laïque”, de prononcer ce terme et d’affirmer cette espèce d’égalité et d’unité de pensée, cette cordialité dans les rapports entre jeunes gens et enfants se retrouvant sur les mêmes bancs : il faut aussi qu’un véritable esprit de fraternité pénètre dans les rapports entre les jeunes gens et les maîtres130. »

    75L’antagonisme entre ordres scolaires n’est pas nouveau. Le « rêve » de Kergomard ne propose d’ailleurs pas de bouleverser l’institution par la disparition annoncée des ordres mais grâce aux « mêmes bancs » des élèves du même âge assis côte à côte. La formulation prudente (« ne serait-ce qu’un an », « pendant quelques années ») dit l’accord minimal entre libéraux venus du secondaire privé et laïques du primaire. La suppression des petites classes des lycées, revendication centrale des Compagnons de l’Université nouvelle, constitue alors le premier geste vers un système scolaire moins clivé socialement. Kergomard et Goblot militent d’ailleurs en faveur du rapprochement des ordres d’enseignement devant les normaliens lyonnais131. Ils plaident pour une organisation sur le modèle démocratique du primaire. Les classes élémentaires des lycées doivent se fondre dans les écoles primaires. Ceci préfigure la pyramide à base élargie de l’enseignement primaire. La vocation d’un enseignement national étant de mêler tous les élèves, la pyramide primaire se confondrait dès lors à avec le système scolaire dans son ensemble. On assisterait donc à l’assimilation du secondaire par le primaire, c’est-à-dire l’exact inverse des préconisations libérales en faveur du commandement secondaire renforcé. Goblot et Kergomard conditionnent cette évolution à la rupture que les Éclaireurs provoquent avec l’usage social de la distinction. Le philosophe en localise l’origine dans la bourgeoisie et le directeur d’école normale la repère aussi dans le prolétariat (« particularisme bourgeois, ouvrier aussi peut-être »). La fusion des classes n’est pas l’assimilation de l’une par l’autre, c’est-à-dire l’inclusion du dominé dans le dominant, mais la fabrique d’un corps social nouveau, débarrassé de l’artifice du couple dominant/dominé : « C’est-à-dire tout ce qui maintient la séparation et l’inégalité des classes et les empêche de se confondre. Ce qu’on apprend surtout aux Éclaireurs, c’est la Justice, qui égalise et nivelle, et la Fraternité, qui rapproche et qui unit132. » Dans une de ses dernières conférences devant les étudiants lyonnais, Goblot reste finalement plus optimiste que Bertier sur la dynamique sociale des EDF. Les Éclaireurs n’érigent pas de barrière de classe ni de niveau d’études chez leurs adhérents. À l’urgence de remettre de l’ordre dans la société selon Bertier répond chez Goblot la confiance dans l’ascension sociale des classes les plus modestes. Les suites du congrès de Lyon arrivent rapidement. En janvier 1925, le très laïque Manuel général de l’Instruction publique, revue quasi officielle, admet parfaitement qu’en adhérant à une fédération neutre au plan religieux, l’instituteur peut organiser une troupe133. La conformité laïque des Éclaireurs de France ne fait pas de doute au directeur de l’enseignement primaire Paul Lapie.

    Plein air et laïcité scolaire

    76L’école primaire et les Éclaireurs se rejoignent dans l’éphémère union des petites consciences, le temps de la classe ou du camp de toile. Ces pédagogues démocrates mesurent la future et inévitable séparation des enfants suivant des options politiques différentes. Kergomard retient cependant l’essence spirituelle d’un enseignement national. Les futurs citoyens restent « unis dans le culte général du bien, du beau et du vrai, qui est aussi une forme, et non la moins pure, du sentiment religieux134 ». La morale des EDF est déjà une morale nationale dépassant comme l’école les clivages sociaux. Comme dans les internats primaires, il n’existe pas d’exercice religieux mais toute facilité est accordée pour suivre le culte, « toutes les consciences étant à nos yeux également dignes de respect » écrit Kergomard135. La mission du chef éclaireur ne s’oppose en rien aux croyances car il ne livre propagande ni religieuse ni antireligieuse. La promesse alternative des Éclaireurs, moment clé de l’entrée dans la société scoute, laisse à la conscience individuelle de l’adolescent le choix sa formulation ou non « devant Dieu ». « L’idéal éclaireur n’exclut pas les religions, dit Kergomard, mais il ne leur accorde aucun privilège136. » L’enseignement des EDF ne vient ainsi pas contredire celui des familles.

    77La conformité laïque des Éclaireurs embrasse aussi la formation du caractère. Les 10 points de la Loi de l’Éclaireur que le directeur Paul Lapie, qui on le sait, a encouragé l’entreprise scoute américaine du CARD, résume dans la sincérité, le dévouement et le respect de soi sont pleinement compatibles avec l’enseignement primaire. Le concours des EDF est donc précieux à l’école « pour rendre plus claires et plus vigoureuses les consciences morales des petits Français ». Lapie voit dans le scoutisme la méthode de l’effort consenti, « de l’effort joyeux », celle non pas qui inflige des souffrances inutiles mais qui les fait accepter volontairement137. Sa lecture laïque du salut par l’œuvre humaine « autre que la faiblesse d’une consolation surnaturelle » ne heurte pas de front le christianisme social de Bertier138. Les méthodes et la finalité des Éclaireurs et de l’école primaire se complètent donc réellement. D’autant que l’entrée de la sociologie dans le programme des écoles normales fait écho à l’initiation sociologique chez les EDF qui mettent à leur programme la connaissance élémentaire d’un budget ouvrier et les caisses d’épargne139.

    78Cette rencontre a lieu au moment où l’enseignement primaire préconise pratique de la sortie scolaire. En 1923, les « classes promenades » figurent en bonne place dans les Instructions officielles d’éducation physique primaire. Elles accordent textuellement une place à l’éducation des sens sous l’influence du scoutisme. Le cours supérieur connaît deux nouveautés : « Éducation des sens au cours des promenades scolaires et application des exercices à la vie courante. Il s’agit de faire l’éducation de la vue, de l’ouïe et des autres sens par des procédés que, de nos jours, le scoutisme a très heureusement renouvelés et perfectionnés. » Les Instructions rompent avec le principe d’accumulation concentrique des savoirs contenu dans les textes de 1887. Le développement des facultés d’observation traduit le souci d’empêcher la routine de s’installer, spécialement dans les écoles normales140. Le « stage » départemental puis intercantonal des maîtres est obligatoire. En 1925, le ministre François Albert exclut l’encadrement militaire au profit des universitaires et désire voir dans ces stages des conférences et des démonstrations pratiques. Des moniteurs sont choisis parmi les maîtres car « chaque stagiaire, autant que possible, est appelé à jouer un rôle actif141 ». La dose d’enseignement mutuel et l’inspiration hébertiste rapprochent les stages des pratiques scoutes142. Mais la formule génère peu d’enthousiasme parmi les instituteurs143. Au même moment, Bertier veut marquer le rapprochement des EDF avec l’école primaire. En mars 1925, une joyeuse fête de l’amitié au gymnase Jaurès offre symboliquement les Éclaireurs aux instituteurs du pays144. L’invité d’honneur est le premier instituteur du pays, Paul Lapie, qui est intronisé devant une nombreuse assistance d’écoliers et d’éclaireurs. Le pédagogue en confiance évoque devant l’auditoire enfantin ses souvenirs de jeunesse. Sous la conduite d’un pharmacien guidant une petite troupe d’enfants dont il était, le jeune Lapie observait la nature en faisant galoper son imagination après la lecture de Mayne-Reid : « Cette formation par la nature a laissé sur moi une empreinte si forte que je la rêve pour chacun d’entre vous et que je me réjouis de voir les Éclaireurs de France vous la dispenser au milieu de tant d’affection mutuelle et de tant de joies saines. » Enthousiasmé par le bain revigorant de jeunesse, le directeur espère assister au premier feu de camp d’une troupe prenant le nom de « la pie145 ».

    79Le rapprochement avec l’école est favorisé par leur reconnaissance d’utilité publique, obtenue en août 1925. Bertier et les libéraux qui l’entourent apprécient la reconnaissance des bases juridiques d’un espace extrascolaire d’initiative privée. L’État regarde comme alliée une activité éducative dont il n’est pas l’initiateur. L’époque où, disent les Éclaireurs, « on refusait à nous prendre au sérieux », est révolue146.

    80En janvier 1927, le décès de Paul Lapie suscite un éloge unanime de la direction des EDF. On propose d’immortaliser son nom en le donnant à une troupe d’éclaireurs147. Toutefois, ils avaient gardé un silence éloquent lorsque Lapie avait introduit l’enseignement de la sociologie en école normale à raison d’une heure hebdomadaire en deuxième année. En 1923, ceci déclencha une vigoureuse polémique entre le directeur du primaire et son ministre Léon Bérard soutenu par le président de la République Millerand. Le président du Conseil Poincaré défendait Lapie. Pendant la secousse, Bertier s’était tu. Il refusait de choisir entre les contacts pris pour les Éclaireurs dans le primaire et sa proximité avec Léon Bérard. Celui-ci, un temps membre du comité de patronage des EDF, était aussi le mentor de Jérôme Carcopino, familier et parent par alliance de Bertier148. La faille trop béante ne pouvait être comblée par la seule bonne volonté des Éclaireurs. Leur diffusion vers les milieux scolaires populaires se fit au prix de ce silence. Les EDF feignent d’ignorer combien les mesures de Lapie sont reçues dans le secondaire comme une arme de guerre contre la culture classique149. Elles préfigurent ce que ne peut accepter l’enseignement secondaire, un enseignement national intégré sous l’influence du primaire où le lycée perdrait son magistère intellectuel au profit d’une liaison programmatique école normale-université, la réforme de Lapie ajoutant à la première force démographique scolaire une capacité intellectuelle inédite.

    Notes de bas de page

    1 « Les thèmes du changement », Monnet F., Refaire la République. André Tardieu : une dérive réactionnaire (1876-1945), Paris, Fayard, 1993, p. 28-40.

    2 Paul de Rousiers participe à l’Union de la paix sociale en 1884 puis observe la question sociale outre-Manche (La question ouvrière en Angleterre, 1895). Il admire l’Amérique musclée et préface la traduction de Théodore Roosevelt, l’Idéal américain (1910). Son travail de sociologue leplaysien défend l’encadrement social par l’élite (La formation de l’élite dans la société, 1912. L’élite dans la société moderne, 1914). Après la guerre, il défend la politique coloniale par l’organisation du trafic portuaire et maritime.

    3 Sensiblement de la même génération que les politiques, Sébastien Charléty (1857-1945), Alfred Coville (1860-1942), Edmond Labbé, Théodore Leconte, Théodore Rosset (1877) et Francisque Vial (1869-1940) sont des administrateurs supérieurs de l’Instruction publique.

    4 Wilbois J. et Vanuxem P., Essai sur la conduite des affaires et la direction des hommes. Une doctrine française : l’administration expérimentale, Paris, Payot, 1919, p. 96. Préface d’Henri Fayol. Cf. Kalaora B., « Le mysticisme technique de Joseph Wilbois », Cohen Y. et Baudouï R., Les chantiers de la paix sociale (1900-1940), Fontenay-aux-Roses, ENS, 1995, p. 185-194.

    5 L’Éducation, mars 1921, p. 523.

    6 Marty H., « Comment on peut, par le scoutisme, contribuer à donner l’esprit d’organisation aux jeunes gens et les habituer à faire régulièrement marcher une “affaire” », L’Éducation, mars 1923, p. 344.

    7 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 60.

    8 Cyr de Cappy, « Ce que nous pourrions faire ce mois-ci. Service », Le Chef, no 46, fév. 1926, p. 30.

    9 Le Bourdellès M., « Vérité et importance du scoutisme », L’Éducation, janv. 1923, p. 219. Ibid., « À propos du système Taylor », L’Éducation, no 8, mai 1931, p. 474-478.

    10 Le Bourdellès M., « Suite et fin du plaidoyer en faveur du scoutisme », L’Éducation, fév. 1923, p. 278.

    11 « Comment les industriels apprécient le scoutisme », Le Chef, no 106, fév. 1931, p. 56. Delaplace J.-M., Georges Hébert sculpteur de corps, Paris, Vuibert, 2005, p. 257-264.

    12 « L’humour au camp des chefs du secteur N.-E. », Le Chef, no 8, oct. 1922, p. 88-89.

    13 Juge H., « Impressions d’un provincial très Campagnard à ses frères de Paris, à propos de l’inauguration du camp-école de Cappy », Le Chef, no 20, oct. 1923, p. 127.

    14 Bertier G., « Les responsabilités du chef de camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 2.

    15 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 62.

    16 L’Opposum rouge des trappeurs du bled d’Oran, « Le tutoiement éclaireur et les sachems », Le Chef, no 5, 25 juill. 1922, p. 53.

    17 Vieux Trappeur, « Les camps en forêts », Le Chef, no 5, juill. 1922 p. 50.

    18 Gemähling P., « La préparation à la vie sociale et au service social », Le Chef, no 11-12, janv.-fév. 1923, p. 22. Caron J., Le Sillon et la démocratie chrétienne 1894-1910, Paris, Plon, 1966, p. 714.

    19 De Reycke R., L’École des Roches Son rayonnement pédagogique et social dans le champ éducatif français 1899-1952, thèse de STAPS, université Paris-Sud, 2000, p. 144-146.

    20 « Affiliation des Éclaireurs des Foyers », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 45, 52.

    21 Le commandant Paul Fabre (1870-1947) est instructeur d’éducation physique au gouvernement militaire de Paris. Dans la territoriale en 1921, il poursuit ses activités pour le ministère de l’Hygiène. Fabre est conseiller technique des EDF puis vice-président en 1922. SHAT 11Yf11.475.

    22 Robert Blanchard (1866-1943). SHAT 5Ye158.236.

    23 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », L’Éducation, oct. 1922, p. 30-31.

    24 Talmy R., Histoire du mouvement familial en France (1896-1939), Paris, UNCAF, 1962, t. II, p. 12, 50-51.

    25 Il s’agit de la brochure diffusée à 150 000 exemplaires de Paul Haury, Pour que la France vive. Éléments d’un enseignement nataliste et familial (1927) préfacé par le directeur de l’enseignement secondaire. De Luca V., « Reconquérir la France à l’idée familiale : la propagande nataliste et familiale à l’école et dans les casernes (1920-1940) », Population, no 60, janv. 2005, p. 13-38.

    26 Le Chef, no 11-12, janv. 1923, p. 7, Le Chef, no 25, mars 1924, p. 54. En 1926, le prix est remis en grand apparat lors de l’assemblée générale à Paris. Le Chef, no 46, fév. 1926, p. 22.

    27 d’Ozouville A., « La responsabilité civile et morale des comités locaux ou chefs de troupes et l’assurance », Le Chef, no 11-12, janv.-fév. 1923, p. 32-34.

    28 « Au sujet des “Assurances sociales” », Le Chef, no 106, fév. 1931, p. 31.

    29 Le Chef, no 13-14, mars avril 1923, p. 46-47 et p. 68, Le Chef, no 20, oct. 1923, p. 141.

    30 En 1923, il se prête à des controverses publiques avec des libres penseurs.

    31 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », op. cit., p. 30-31.

    32 « Discours du président Georges Bertier », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 10.

    33 Le siège des EDF demeure près des grands boulevards parisiens, rue Laffitte (IXe) en 1918, rue Saulnier (IXe) en 1922, rue Bossuet (Xe) en 1927, rue Le Peletier (IXe) en 1936 puis chaussée d’Antin (IXe) en 1939.

    34 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », op. cit., p. 30-31.

    35 Le Bourdellès M., « Le scoutisme facteur de progrès pédagogique », op. cit., p. 584.

    36 En 1919, l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) groupant les sports olympiques (athlétisme, football, escrime, natation) éclate en fédérations spécialisées. Le nationalisme de l’USFSA appuyé sur la pratique amateur a obtenu des équipes de France par disciplines et a fait adopter l’emblème du coq gaulois.

    37 Bertier est représenté par un professeur du lycée de Saint-Brieuc, délégué régional en Bretagne. BAMIP no 2504, 15 janv. 1923, p. 105. Pour les Instructions officielles du 20 juin 1923, cf. Saint-Martin J., L’éducation physique à l’épreuve de la nation 1918-1939, Paris, Vuibert, 2005, p. 57-63.

    38 Les EDF siègent dans presque tous les comités académiques. Circulaire du 2 mai 1923. BAMIP, no 2512, p. 537. CD 17 avril, 17 mai et 16 juin 1923, Le Chef, no 15-16, mai-juin 1923, p. 97.

    39 Jacques-Olivier Grandjouan (1902-1990) est élève à Henri-IV (1915-1921) où il est condisciple de Léo Lagrange. En 1921, les EMBP ont leurs locaux dans l’enceinte du lycée. Gauthé J.-J., « L’AFBS », Scoutisme et collection, no 35, avril 1994, p. 27. AD Paris. Fonds lycée Henri-IV. 1371 W 294, 1371 W 269.

    40 Ours-gris, « Le Camp de propagande des Mesnuls », op. cit., p. 6-8.

    41 Id.

    42 « Discours du président Georges Bertier », op. cit., p. 11.

    43 Réunion du Cercle des Grands de Chez Nous, 2 avril 1913. Chez Nous 11 rue Gracieuse Cercle des Grands, [cahier manuscrit de compte rendus de réunions, oct. 1912-oct. 1914].

    44 L’adoption du serment de l’Éclaireur se fait car « aucune modification religieuse n’est apportée à ce code basé sur l’honneur ». Réunion du Cercle des Grands de Chez Nous, 30 oct. 1912, 7 et 22 oct. 1913, ibid.

    45 Poujol G., Romer M., DBM p. 359. Chavannes P., « Comment André Lefèvre est devenu “Vieux Castor” », Trait d’Union, no 41, oct. 1983, ???? p.

    46 Bouteille F. (dir.), Marthe Levasseur Mère Louve de la Mouff. Du Sillon à la Maison pour Tous. […] Hommage de ses amis à la Maison pour Tous de Marcoussis le samedi 28 mai 1988, p. 16.

    47 Décret de RUP du 2 janv. 1930. Durand R., Histoire des centres sociaux. Du voisinage à la société, Syros, 1996, p. 52-54.

    48 À la fin du XIXe siècle, les républicains célèbrent la Bibliothèque des Amis de l’Instruction comme la sage incarnation du progrès. Opposé à la rhétorique militante communarde, c’est un reflet tranquille du conservatisme. Marie P., « La bibliothèque des Amis de l’Instruction publique du 3e arrondissement. Un temple rue du Temple », Nora P. (dir.), Les lieux de mémoire I la République, Gallimard, 1984, p. 335-336.

    49 Mercier L., Les universités populaires 1899-1914 : éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, Éd. ouvrières, 1986, 188 p.

    50 Guilloux L., La maison du peuple, Paris, Grasset, 1927, 235 p.

    51 Bouteille F. (dir.), André Lefèvre 17 septembre 1886 23 décembre 1946, Paris, Amis de Vieux Castor, s. d. [c. 1950] p. 32.

    52 Bouteille F. (dir.), Marthe Levasseur « Mère Louve de la Mouff »…, op. cit., p. 7.

    53 Ibid., p. 7, 9 et 17.

    54 « La vie au 66 », René Duphil (1907-1997) « Castoret » acteur et témoin de son temps. Entretien et témoignages sur cinquante années d’engagement, s. l. n. d. [1998].

    55 Sa rencontre avec Sangnier n’est évoquée que par cette allusion. Elle figure cependant dans son testament au rang des dettes contractées, ainsi qu’à l’encontre des « Membres de l’enseignement public qui eurent confiance en mon loyalisme ». « Testament d’André Lefèvre », Bouteille F. (dir.), André Lefèvre…, op. cit., p. 71.

    56 Poujol G., Romer M., DBM, p. 34.

    57 « Entretien avec Fernand Bouteille », Marc Sangnier. Témoignages présentés par Jean Claude Delbreil, Paris, Beauchesne, 1997, p. 53.

    58 Lefèvre A., « Les fruits de la ténacité », Le Chef, no 40, juin 1925, p. 94.

    59 « Si tel de vos éclaireurs se croit obligé d’aller à un office religieux, pour faire comme ceux de sa patrouille, si tel autre manque la messe ou le culte parce que ça le gène d’affirmer les besoins et les droits de sa conscience en face de ses camarades ou de ses chefs, c’est qu’il y a encore à faire chez plusieurs l’éducation de la sincérité. » Lefèvre A., « Les bases de l’amitié fraternelle », Le Chef, no 41, juill.-août 1925, p. 110.

    60 Goblot F., « Conditions morales de la vie au camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 32.

    61 Ses seuls délices terrestres sont la consommation d’éclairs au chocolat et le spectacle de cirque. Guillen E., « Vieux Castor, semeur de joie », « Vieux Castor, comment ils le voient », Trait d’Union, no 41, oct. 1983, p. 6. « L’embauche à Paris », René Duphil (1907-1997)…, op. cit.

    62 Entretien Eveline et Paul Chaslin.

    63 Les tertiaires franciscains observent frugalité et piété, s’abstiennent de luxe et fuient les bals.

    64 La citation de la Maison pour Tous, des EDF, des Centres d’entraînement et des Maison des Jeunes laisse entendre qu’il est rédigé à la fin de sa vie. Il déroge à la règle des tertiaires franciscains imposant de tester tôt.

    65 Goblot F. dans Bouteille F. (dir.), André Lefèvre…, op. cit., p. 14.

    66 « La journée Vieux Castor au centre EEDF de Meudon », Trait d’Union, no 41, janv. 1984, p. 6.

    67 Comte B., Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage 1940-1942, Paris, Fayard, 1991, p. 336.

    68 « Congrès de Clermont-Ferrand 24 et 25 décembre 1922 », Le Chef, no 8, oct. 1922, p. 94.

    69 Notons du côté des Éclaireurs le soutien de l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, âme de la résistance aux inventaires de 1906 devenu le chantre de l’Union sacrée, Jules Morelle. Fender A., « Un ami – un deuil », L’Éclaireur de France, no 87, 10 fév. 1923, p. 42. Lagrée M. (dir.), Dictionnaire du monde religieux de la France contemporaine 3. La Bretagne, Paris, Beauchesne, 1990, p. 313-314.

    70 En 1932, le poste de Cappy dans le budget EDF est : recettes 25 877 francs, dépenses 26 115 francs. En 1933, recettes 11 248 francs, dépenses 14 673 francs. « État comparatif des mouvements et des soldes du compte d’exploitation des exercices 1931-32 et 1932-33 », Le Chef, no 138, janv. 1934, n. p.

    71 Auguste Coueslant, maître-imprimeur protestant, possède la première entreprise de Cahors. En 1928, il emploie près de 150 salariés autour de 4 linotypes et 14 presses. Il a aussi acheté le Journal du Lot, acteur du radicalisme cadurcin autour de Louis Malvy, président du conseil général, et d’Anatole de Monzie, sénateur-maire et plusieurs fois ministre.

    72 Chaque association possède son édition du Journal des Éclaireurs (1925-1931) qui devient en 1932 L’Éclaireur de France et L’Éclaireur unioniste.

    73 Sa présidence correspond au renforcement de la formation spécifique aux EU. Officier et petit-fils du ministre de la monarchie de Juillet, François de Witt-Guizot (1870-1939) est un acteur du dispositif pédagogique des protestants évangéliques. Il est conseiller presbytéral à l’Église de l’Étoile à Paris puis membre du conseil national de l’Église réformée en 1938. Vice-président de la Société de secours aux blessés militaires, il préside la Croix-Rouge de la Jeunesse, active dans la propagande en faveur de l’hygiène scolaire et familiale. Sa pensée pédagogique est ancienne (Les réflexions de Monsieur Houlette, 1909). De Witt-Guizot est président de la Société protestante d’enseignement primaire et vice-président de la Conférence au village, association protestante d’enseignement agricole. Encrevé A. (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5. Les Protestants, Paris, Beauchesne, 1993, p. 518.

    74 Le pédagogique et le religieux se répondent mutuellement au point qu’en 1923, les Scouts de France organisent leur filiale féminine des Guides de France.

    75 L’obtention de droits civils et politiques pour les femmes ainsi que la formation des filles et des jeunes femmes sont les lignes directrices de son action réformatrice. Issue de la bourgeoise catholique, fille de magistrat, Marguerite Pichon-Landry (1877-1972) milite avec Julie Siegfried à la section de législation du Conseil national des femmes françaises dont elle est secrétaire générale en 1922 puis présidente en 1932. Elle préside la Fédération française des Éclaireuses jusqu’à sa dissolution en 1964. Marguerite Pichon-Landry est la sœur d’Adolphe Landry, démographe, militant du Parti radical et rédacteur du Code de la famille (1939). Elle a épousé Adolphe Pichon, conseiller de Poincaré à l’Élysée puis secrétaire général de l’Union des industries métallurgiques et minières. Blum F. et Horne J., « Féminisme et Musée social (1916-1939) », Vie sociale, no 8-9, 1988, p. 314-402.

    76 Avec la tête des premiers lycées de jeunes filles de Paris, la FFE supplante les EDF dans l’enseignement secondaire. Pour mieux connaître nos éclaireuses, Paris, FFE, s. d. [Brochure non paginée, décennie 1920]. Cf. « Règlement intérieur et régime disciplinaire au lycée Fénelon (1930-1995) » dans Archives et mémoires lycéennes de Paris 1802-2002, Paris, Cent pages, 2003, p. 113-127 et 162-163.

    77 Poujol G., Un féminisme sous tutelle. Les protestantes françaises 1810-1960, Paris, Max Chaleil, 2003, p. 112-114, 200 et 210.

    78 Venant d’une famille de banquiers juifs, Max Lazard affecte une part de sa fortune personnelle aux œuvres éducatives et sociales. Au comité d’honneur de la FFE, il côtoie l’anatomiste Paul Armand-Delille, autre enseignant de l’École pratique de service social. Cette association est créée en 1913 à l’initiative de Gaston Doumergue sous le patronage des UCJG pour former scientifiquement les militants du christianisme social. Elle est présidée en 1928 par Yolande Oberkampf, pionnière des Éclaireuses chez les UCJF en 1916. Poujol G., Un féminisme sous tutelle, op. cit., p. 104-105, 192, 245-246.

    79 C. Brunschvicg préside l’Union pour le suffrage des femmes. Poujol G., Un féminisme sous tutelle, op. cit., p. 104-105.

    80 Wierzbicki S., Germaine Malaterre-Sellier. Un destin aux croisées du féminisme et du pacifisme (1889-1967), master d’histoire, université Paris IV, 2001, 294 p.

    81 La CFTC forme au château de Bierville ses jeunes syndicalistes chrétiens. Launay M., La CFTC origines et développement 1919-1940, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986, p. 295.

    82 « Entretien avec Fernand Bouteille », Marc Sangnier. Témoignages…, op. cit., p. 53. In Memoriam Marguerite Walther 4 décembre 1882 29 avril 1942, Cahors, FFE, 1943, p. 24. Moreau E., « L’idée de paix dans le scoutisme », La Démocratie. Revue mensuelle, no 2, mai 1928, p. 117.

    83 Lyautey P., « Ce que les professions actives attendent de l’enseignement secondaire », L’Éducation, no 10, juill. 1929, p. 637-641.

    84 L’Éducation. Publiée sous le patronage de la Commission d’Éducation du Redressement Français, no 1, oct. 1929. Collaborent à ce numéro Pierre Mendousse, Julien Fontègne, Michel Le Bourdellès.

    85 Dans la commission présidée par l’ingénieur des Mines Léon Daum, les scouts côtoient d’autres réformateurs sociaux comme Robert Georges-Picot, de la Ligue du Coin de Terre et du Foyer ou Marie-Jeanne Bassot, de la résidence sociale de Levallois.

    86 Guérin-Desjardins J., « Les loisirs des enfants et des adolescents et la formation du caractère. IV. Comment employer les loisirs », Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, no 21, Paris, SAPE, s. d. [1927], p. 44-45.

    87 Ibid., p. 55.

    88 Id.

    89 Vœux dans cet ordre. Hunzicker P., « Instruction et Éducation », L’Éducation nationale (Le rajeunissement de l’Éducation) II, Les Cahiers du Redressement français, no 2, Paris, SAPE, s. d. [1927], p. 215-216.

    90 Guérin-Desjardins J., « Les loisirs des enfants et des adolescents et la formation du caractère. II. Les heures de loisirs sont non seulement importantes par leur qualité mais par leur quantité », Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, no 21, op. cit., p. 37-39.

    91 Guérin-Desjardins J., Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, op. cit., p. 47.

    92 Ibid., p. 45-46.

    93 Hunzicker P., L’Éducation nationale (Le rajeunissement de l’Éducation) II, op. cit., p. 217.

    94 Les actes du Congrès de l’Organisation sortent certainement en décembre 1927 au moment où le Parti communiste français réorganise sa Fédération des Pionniers (président Henri Barbusse) autour de la déclinaison pédagogique de la bolchevisation. Mercier L., « Pionniers et Faucons rouges. Des scoutisme(s) rouges dans la France de l’entre-deux-guerres ? », Cholvy G., Le scoutisme. Un mouvement d’éducation au XXe siècle, Dimensions internationales, Montpellier, université Paul Valéry, 2002, p. 144.

    95 Lefranc G., Les organisations patronales en France du passé au présent, Paris, Payot, 1976, p. 94.

    96 Lefèvre A., « Devenez des chefs. Est-il une mission plus belle ? », Le Chef, no 44, déc. 1925, p. 173.

    97 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et l’école », L’Éducation, no 4, janv. 1926, p. 236.

    98 Id.

    99 Le Bourdellès M., « Le scoutisme facteur de progrès pédagogique », op. cit., p. 584.

    100 « Le scoutisme dans les universités anglaises », L’Éducation, déc. 1922, p. 150-151. Marty H., « Le scoutisme à l’université de Cambridge », L’Éducation, mai 1923, p. 462-465.

    101 Marty H., « Le scoutisme à l’université de Cambridge », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 64.

    102 Marty H., « Le scoutisme dans les écoles secondaires anglaises », L’Éducation, mars 1923, p. 343-344. Le Bourdellès M., « Les troupes d’écoles en Angleterre », L’Éducation, no 3, déc. 1926, p. 223-224.

    103 « Entrée du scoutisme dans les universités », Sevin J., Le scoutisme. Étude documentaire et applications, op. cit., p. 188-189.

    104 En 1925, la question est traitée à Oxford dans une réunion de cadres scouts et d’universitaires britanniques. Le Bourdellès M., « Le corps enseignant et le scoutisme », L’Éducation, no 1, oct. 1926, p. 89-90.

    105 Les 4 troupes de l’établissement sont animées par les enseignants. Le Bourdellès M., « Le scoutisme dans les écoles secondaires anglaises », L’Éducation, no 3, déc. 1924, p. 145-147.

    106 Salomon M. J., « Le scoutisme dans ses rapports avec la morale et la discipline à l’école publique », L’Éducation, no 4, janv. 1925, p. 221-222.

    107 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », op. cit., p. 61.

    108 Favier C., « La politesse », Le Chef, no 126, déc. 1932, p. 343-344.

    109 Hahn A., « Conditions de la propagande », Le Chef, no 17-18, juill.-août 1923, p. 108-109.

    110 Id.

    111 Lefèvre A., « Les fruits de la ténacité », Le Chef, no 40, juin 1925, p. 95.

    112 Kergomard J., « La collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur. Principes laïques », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 66.

    113 « Assemblée générale », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 40.

    114 « II Partie pratique. 6o Naturalisme », « Camp-École de chefs », Le Chef, no 15-16, mai-juin 1923, p. 81.

    115 La construction du lycée du Parc en bordure du parc de la Tête d’or débute en 1909. Il ouvre en mai 1914, la première rentrée a lieu en 1919. R., « Une semaine de Chefs », Le Chef, no 5, 25 juill. 1922, p. 48-49.

    116 Le Cercle du Lycéen organise pour les élèves des activités sportives, touristiques et culturelles à l’initiative de professeurs et de parents. Cf. Allemand-Martin A., L’enseignement par le tourisme scolaire. Tourisme d’étude et tourisme d’agrément, Grenoble, Les Alpes, 1926, 72 p.

    117 Mazeran P., « Programme d’activité Scout », Le Chef, no 10, déc. 1922, p. 99-100.

    118 « Travaux et décisions de l’assemblée générale », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 83.

    119 Goblot E., La Barrière et le niveau, op. cit.

    120 Marty H., « Comptes rendus critiques », L’Éducation, no 2, nov. 1925, p. 102.

    121 « Discours du président Georges Bertier », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 8-9.

    122 Le campement. Compte rendu in extenso du Congrès de Lyon des Éclaireurs de France. Les palabres.
    Les rapports. Les discussions, Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, 52 p.

    123 Guillen E., « Les conditions matérielles d’un bon camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 22.

    124 Bertier G., « Les responsabilités du chef de camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 2.

    125 Victor P.-E., La mansarde, Paris, Stock, 1981, p. 150.

    126 « Allocution de M. Kergomard », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 7.

    127 Id., p. 6.

    128 Kergomard J., « La collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 67.

    129 Beigbeder J., La formation du futur citoyen à l’école primaire publique (Notes historiques et critiques) thèse pour le doctorat en droit, 1923, Alençon, Corbière et Jugain, 1923, p. 259.

    130 « Allocution de M. Kergomard », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 5-6.

    131 Id., p. 4. Kergomard J., Salzi P., Goblot F., Edmond Goblot, 1858-1935 la vie l’œuvre, Paris, Alcan, 1937, p. 80.

    132 Goblot E., Les Éclaireurs de France et leurs chefs. Conférence faite aux étudiants de l’université de Lyon [20 mars 1929] extrait de la Revue de l’Université de Lyon, s. d. [1929], p. 8.

    133 « L’éducation physique et la formation morale à l’école », L’Éducation, no 8, mai 1925, p. 474-475.

    134 Kergomard J., « La Collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur », op. cit., p. 66.

    135 Id.

    136 Id.

    137 « Allocution de M. Lapie », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 85.

    138 Lapie P., « Soyons durs », Revue pédagogique, no 12, déc. 1925, p. 406-407.

    139 Cœur de Loup, « Comment combiner son programme », Le Chef, no 26, avril 1924, p. 85.

    140 Terral H., Paul Lapie. École et société, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 217, 205.

    141 En gras dans le texte. Circulaire du 7 mars 1925, BDP Indre-et-Loire, no 2, mars 1925, p. 100-105.

    142 « Éducation physique », BAMIP 1er août 1923, p. 135.

    143 Solal E., L’enseignement de l’éducation physique et sportive à l’école primaire (1789-1990). Un parcours difficile, Dossier EPS, no 45, 1999, p. 177.

    144 « La fête de l’amitié. Allocution de M. Bertier », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 84.

    145 « Allocution de M. Lapie », op. cit., p. 85.

    146 Décret du 6 août 1925. Lefèvre A., « L’opinion du public », Le Chef, no 42, sept.-oct. 1925, p. 125-127.

    147 Bertier G., « Mort de M. Paul Lapie », L’Éducation, no 4, janv. 1927, p. 322. Grandjouan J.-O., « Ceux qui s’en vont. Paul Lapie », Le Chef, no 58, fév. 1927, p. 23.

    148 Corcy-Debray S., Jérôme Carcopino, un historien à Vichy, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 326-329.

    149 Terral H., Paul Lapie. École et société, op. cit., p. 39-40. Ravon B., L’« échec scolaire » histoire d’un problème public, Paris, In press, 2000, p. 160-170.

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    1 « Les thèmes du changement », Monnet F., Refaire la République. André Tardieu : une dérive réactionnaire (1876-1945), Paris, Fayard, 1993, p. 28-40.

    2 Paul de Rousiers participe à l’Union de la paix sociale en 1884 puis observe la question sociale outre-Manche (La question ouvrière en Angleterre, 1895). Il admire l’Amérique musclée et préface la traduction de Théodore Roosevelt, l’Idéal américain (1910). Son travail de sociologue leplaysien défend l’encadrement social par l’élite (La formation de l’élite dans la société, 1912. L’élite dans la société moderne, 1914). Après la guerre, il défend la politique coloniale par l’organisation du trafic portuaire et maritime.

    3 Sensiblement de la même génération que les politiques, Sébastien Charléty (1857-1945), Alfred Coville (1860-1942), Edmond Labbé, Théodore Leconte, Théodore Rosset (1877) et Francisque Vial (1869-1940) sont des administrateurs supérieurs de l’Instruction publique.

    4 Wilbois J. et Vanuxem P., Essai sur la conduite des affaires et la direction des hommes. Une doctrine française : l’administration expérimentale, Paris, Payot, 1919, p. 96. Préface d’Henri Fayol. Cf. Kalaora B., « Le mysticisme technique de Joseph Wilbois », Cohen Y. et Baudouï R., Les chantiers de la paix sociale (1900-1940), Fontenay-aux-Roses, ENS, 1995, p. 185-194.

    5 L’Éducation, mars 1921, p. 523.

    6 Marty H., « Comment on peut, par le scoutisme, contribuer à donner l’esprit d’organisation aux jeunes gens et les habituer à faire régulièrement marcher une “affaire” », L’Éducation, mars 1923, p. 344.

    7 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 60.

    8 Cyr de Cappy, « Ce que nous pourrions faire ce mois-ci. Service », Le Chef, no 46, fév. 1926, p. 30.

    9 Le Bourdellès M., « Vérité et importance du scoutisme », L’Éducation, janv. 1923, p. 219. Ibid., « À propos du système Taylor », L’Éducation, no 8, mai 1931, p. 474-478.

    10 Le Bourdellès M., « Suite et fin du plaidoyer en faveur du scoutisme », L’Éducation, fév. 1923, p. 278.

    11 « Comment les industriels apprécient le scoutisme », Le Chef, no 106, fév. 1931, p. 56. Delaplace J.-M., Georges Hébert sculpteur de corps, Paris, Vuibert, 2005, p. 257-264.

    12 « L’humour au camp des chefs du secteur N.-E. », Le Chef, no 8, oct. 1922, p. 88-89.

    13 Juge H., « Impressions d’un provincial très Campagnard à ses frères de Paris, à propos de l’inauguration du camp-école de Cappy », Le Chef, no 20, oct. 1923, p. 127.

    14 Bertier G., « Les responsabilités du chef de camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 2.

    15 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 62.

    16 L’Opposum rouge des trappeurs du bled d’Oran, « Le tutoiement éclaireur et les sachems », Le Chef, no 5, 25 juill. 1922, p. 53.

    17 Vieux Trappeur, « Les camps en forêts », Le Chef, no 5, juill. 1922 p. 50.

    18 Gemähling P., « La préparation à la vie sociale et au service social », Le Chef, no 11-12, janv.-fév. 1923, p. 22. Caron J., Le Sillon et la démocratie chrétienne 1894-1910, Paris, Plon, 1966, p. 714.

    19 De Reycke R., L’École des Roches Son rayonnement pédagogique et social dans le champ éducatif français 1899-1952, thèse de STAPS, université Paris-Sud, 2000, p. 144-146.

    20 « Affiliation des Éclaireurs des Foyers », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 45, 52.

    21 Le commandant Paul Fabre (1870-1947) est instructeur d’éducation physique au gouvernement militaire de Paris. Dans la territoriale en 1921, il poursuit ses activités pour le ministère de l’Hygiène. Fabre est conseiller technique des EDF puis vice-président en 1922. SHAT 11Yf11.475.

    22 Robert Blanchard (1866-1943). SHAT 5Ye158.236.

    23 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », L’Éducation, oct. 1922, p. 30-31.

    24 Talmy R., Histoire du mouvement familial en France (1896-1939), Paris, UNCAF, 1962, t. II, p. 12, 50-51.

    25 Il s’agit de la brochure diffusée à 150 000 exemplaires de Paul Haury, Pour que la France vive. Éléments d’un enseignement nataliste et familial (1927) préfacé par le directeur de l’enseignement secondaire. De Luca V., « Reconquérir la France à l’idée familiale : la propagande nataliste et familiale à l’école et dans les casernes (1920-1940) », Population, no 60, janv. 2005, p. 13-38.

    26 Le Chef, no 11-12, janv. 1923, p. 7, Le Chef, no 25, mars 1924, p. 54. En 1926, le prix est remis en grand apparat lors de l’assemblée générale à Paris. Le Chef, no 46, fév. 1926, p. 22.

    27 d’Ozouville A., « La responsabilité civile et morale des comités locaux ou chefs de troupes et l’assurance », Le Chef, no 11-12, janv.-fév. 1923, p. 32-34.

    28 « Au sujet des “Assurances sociales” », Le Chef, no 106, fév. 1931, p. 31.

    29 Le Chef, no 13-14, mars avril 1923, p. 46-47 et p. 68, Le Chef, no 20, oct. 1923, p. 141.

    30 En 1923, il se prête à des controverses publiques avec des libres penseurs.

    31 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », op. cit., p. 30-31.

    32 « Discours du président Georges Bertier », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 10.

    33 Le siège des EDF demeure près des grands boulevards parisiens, rue Laffitte (IXe) en 1918, rue Saulnier (IXe) en 1922, rue Bossuet (Xe) en 1927, rue Le Peletier (IXe) en 1936 puis chaussée d’Antin (IXe) en 1939.

    34 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et la France », op. cit., p. 30-31.

    35 Le Bourdellès M., « Le scoutisme facteur de progrès pédagogique », op. cit., p. 584.

    36 En 1919, l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) groupant les sports olympiques (athlétisme, football, escrime, natation) éclate en fédérations spécialisées. Le nationalisme de l’USFSA appuyé sur la pratique amateur a obtenu des équipes de France par disciplines et a fait adopter l’emblème du coq gaulois.

    37 Bertier est représenté par un professeur du lycée de Saint-Brieuc, délégué régional en Bretagne. BAMIP no 2504, 15 janv. 1923, p. 105. Pour les Instructions officielles du 20 juin 1923, cf. Saint-Martin J., L’éducation physique à l’épreuve de la nation 1918-1939, Paris, Vuibert, 2005, p. 57-63.

    38 Les EDF siègent dans presque tous les comités académiques. Circulaire du 2 mai 1923. BAMIP, no 2512, p. 537. CD 17 avril, 17 mai et 16 juin 1923, Le Chef, no 15-16, mai-juin 1923, p. 97.

    39 Jacques-Olivier Grandjouan (1902-1990) est élève à Henri-IV (1915-1921) où il est condisciple de Léo Lagrange. En 1921, les EMBP ont leurs locaux dans l’enceinte du lycée. Gauthé J.-J., « L’AFBS », Scoutisme et collection, no 35, avril 1994, p. 27. AD Paris. Fonds lycée Henri-IV. 1371 W 294, 1371 W 269.

    40 Ours-gris, « Le Camp de propagande des Mesnuls », op. cit., p. 6-8.

    41 Id.

    42 « Discours du président Georges Bertier », op. cit., p. 11.

    43 Réunion du Cercle des Grands de Chez Nous, 2 avril 1913. Chez Nous 11 rue Gracieuse Cercle des Grands, [cahier manuscrit de compte rendus de réunions, oct. 1912-oct. 1914].

    44 L’adoption du serment de l’Éclaireur se fait car « aucune modification religieuse n’est apportée à ce code basé sur l’honneur ». Réunion du Cercle des Grands de Chez Nous, 30 oct. 1912, 7 et 22 oct. 1913, ibid.

    45 Poujol G., Romer M., DBM p. 359. Chavannes P., « Comment André Lefèvre est devenu “Vieux Castor” », Trait d’Union, no 41, oct. 1983, ???? p.

    46 Bouteille F. (dir.), Marthe Levasseur Mère Louve de la Mouff. Du Sillon à la Maison pour Tous. […] Hommage de ses amis à la Maison pour Tous de Marcoussis le samedi 28 mai 1988, p. 16.

    47 Décret de RUP du 2 janv. 1930. Durand R., Histoire des centres sociaux. Du voisinage à la société, Syros, 1996, p. 52-54.

    48 À la fin du XIXe siècle, les républicains célèbrent la Bibliothèque des Amis de l’Instruction comme la sage incarnation du progrès. Opposé à la rhétorique militante communarde, c’est un reflet tranquille du conservatisme. Marie P., « La bibliothèque des Amis de l’Instruction publique du 3e arrondissement. Un temple rue du Temple », Nora P. (dir.), Les lieux de mémoire I la République, Gallimard, 1984, p. 335-336.

    49 Mercier L., Les universités populaires 1899-1914 : éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, Éd. ouvrières, 1986, 188 p.

    50 Guilloux L., La maison du peuple, Paris, Grasset, 1927, 235 p.

    51 Bouteille F. (dir.), André Lefèvre 17 septembre 1886 23 décembre 1946, Paris, Amis de Vieux Castor, s. d. [c. 1950] p. 32.

    52 Bouteille F. (dir.), Marthe Levasseur « Mère Louve de la Mouff »…, op. cit., p. 7.

    53 Ibid., p. 7, 9 et 17.

    54 « La vie au 66 », René Duphil (1907-1997) « Castoret » acteur et témoin de son temps. Entretien et témoignages sur cinquante années d’engagement, s. l. n. d. [1998].

    55 Sa rencontre avec Sangnier n’est évoquée que par cette allusion. Elle figure cependant dans son testament au rang des dettes contractées, ainsi qu’à l’encontre des « Membres de l’enseignement public qui eurent confiance en mon loyalisme ». « Testament d’André Lefèvre », Bouteille F. (dir.), André Lefèvre…, op. cit., p. 71.

    56 Poujol G., Romer M., DBM, p. 34.

    57 « Entretien avec Fernand Bouteille », Marc Sangnier. Témoignages présentés par Jean Claude Delbreil, Paris, Beauchesne, 1997, p. 53.

    58 Lefèvre A., « Les fruits de la ténacité », Le Chef, no 40, juin 1925, p. 94.

    59 « Si tel de vos éclaireurs se croit obligé d’aller à un office religieux, pour faire comme ceux de sa patrouille, si tel autre manque la messe ou le culte parce que ça le gène d’affirmer les besoins et les droits de sa conscience en face de ses camarades ou de ses chefs, c’est qu’il y a encore à faire chez plusieurs l’éducation de la sincérité. » Lefèvre A., « Les bases de l’amitié fraternelle », Le Chef, no 41, juill.-août 1925, p. 110.

    60 Goblot F., « Conditions morales de la vie au camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 32.

    61 Ses seuls délices terrestres sont la consommation d’éclairs au chocolat et le spectacle de cirque. Guillen E., « Vieux Castor, semeur de joie », « Vieux Castor, comment ils le voient », Trait d’Union, no 41, oct. 1983, p. 6. « L’embauche à Paris », René Duphil (1907-1997)…, op. cit.

    62 Entretien Eveline et Paul Chaslin.

    63 Les tertiaires franciscains observent frugalité et piété, s’abstiennent de luxe et fuient les bals.

    64 La citation de la Maison pour Tous, des EDF, des Centres d’entraînement et des Maison des Jeunes laisse entendre qu’il est rédigé à la fin de sa vie. Il déroge à la règle des tertiaires franciscains imposant de tester tôt.

    65 Goblot F. dans Bouteille F. (dir.), André Lefèvre…, op. cit., p. 14.

    66 « La journée Vieux Castor au centre EEDF de Meudon », Trait d’Union, no 41, janv. 1984, p. 6.

    67 Comte B., Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage 1940-1942, Paris, Fayard, 1991, p. 336.

    68 « Congrès de Clermont-Ferrand 24 et 25 décembre 1922 », Le Chef, no 8, oct. 1922, p. 94.

    69 Notons du côté des Éclaireurs le soutien de l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, âme de la résistance aux inventaires de 1906 devenu le chantre de l’Union sacrée, Jules Morelle. Fender A., « Un ami – un deuil », L’Éclaireur de France, no 87, 10 fév. 1923, p. 42. Lagrée M. (dir.), Dictionnaire du monde religieux de la France contemporaine 3. La Bretagne, Paris, Beauchesne, 1990, p. 313-314.

    70 En 1932, le poste de Cappy dans le budget EDF est : recettes 25 877 francs, dépenses 26 115 francs. En 1933, recettes 11 248 francs, dépenses 14 673 francs. « État comparatif des mouvements et des soldes du compte d’exploitation des exercices 1931-32 et 1932-33 », Le Chef, no 138, janv. 1934, n. p.

    71 Auguste Coueslant, maître-imprimeur protestant, possède la première entreprise de Cahors. En 1928, il emploie près de 150 salariés autour de 4 linotypes et 14 presses. Il a aussi acheté le Journal du Lot, acteur du radicalisme cadurcin autour de Louis Malvy, président du conseil général, et d’Anatole de Monzie, sénateur-maire et plusieurs fois ministre.

    72 Chaque association possède son édition du Journal des Éclaireurs (1925-1931) qui devient en 1932 L’Éclaireur de France et L’Éclaireur unioniste.

    73 Sa présidence correspond au renforcement de la formation spécifique aux EU. Officier et petit-fils du ministre de la monarchie de Juillet, François de Witt-Guizot (1870-1939) est un acteur du dispositif pédagogique des protestants évangéliques. Il est conseiller presbytéral à l’Église de l’Étoile à Paris puis membre du conseil national de l’Église réformée en 1938. Vice-président de la Société de secours aux blessés militaires, il préside la Croix-Rouge de la Jeunesse, active dans la propagande en faveur de l’hygiène scolaire et familiale. Sa pensée pédagogique est ancienne (Les réflexions de Monsieur Houlette, 1909). De Witt-Guizot est président de la Société protestante d’enseignement primaire et vice-président de la Conférence au village, association protestante d’enseignement agricole. Encrevé A. (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5. Les Protestants, Paris, Beauchesne, 1993, p. 518.

    74 Le pédagogique et le religieux se répondent mutuellement au point qu’en 1923, les Scouts de France organisent leur filiale féminine des Guides de France.

    75 L’obtention de droits civils et politiques pour les femmes ainsi que la formation des filles et des jeunes femmes sont les lignes directrices de son action réformatrice. Issue de la bourgeoise catholique, fille de magistrat, Marguerite Pichon-Landry (1877-1972) milite avec Julie Siegfried à la section de législation du Conseil national des femmes françaises dont elle est secrétaire générale en 1922 puis présidente en 1932. Elle préside la Fédération française des Éclaireuses jusqu’à sa dissolution en 1964. Marguerite Pichon-Landry est la sœur d’Adolphe Landry, démographe, militant du Parti radical et rédacteur du Code de la famille (1939). Elle a épousé Adolphe Pichon, conseiller de Poincaré à l’Élysée puis secrétaire général de l’Union des industries métallurgiques et minières. Blum F. et Horne J., « Féminisme et Musée social (1916-1939) », Vie sociale, no 8-9, 1988, p. 314-402.

    76 Avec la tête des premiers lycées de jeunes filles de Paris, la FFE supplante les EDF dans l’enseignement secondaire. Pour mieux connaître nos éclaireuses, Paris, FFE, s. d. [Brochure non paginée, décennie 1920]. Cf. « Règlement intérieur et régime disciplinaire au lycée Fénelon (1930-1995) » dans Archives et mémoires lycéennes de Paris 1802-2002, Paris, Cent pages, 2003, p. 113-127 et 162-163.

    77 Poujol G., Un féminisme sous tutelle. Les protestantes françaises 1810-1960, Paris, Max Chaleil, 2003, p. 112-114, 200 et 210.

    78 Venant d’une famille de banquiers juifs, Max Lazard affecte une part de sa fortune personnelle aux œuvres éducatives et sociales. Au comité d’honneur de la FFE, il côtoie l’anatomiste Paul Armand-Delille, autre enseignant de l’École pratique de service social. Cette association est créée en 1913 à l’initiative de Gaston Doumergue sous le patronage des UCJG pour former scientifiquement les militants du christianisme social. Elle est présidée en 1928 par Yolande Oberkampf, pionnière des Éclaireuses chez les UCJF en 1916. Poujol G., Un féminisme sous tutelle, op. cit., p. 104-105, 192, 245-246.

    79 C. Brunschvicg préside l’Union pour le suffrage des femmes. Poujol G., Un féminisme sous tutelle, op. cit., p. 104-105.

    80 Wierzbicki S., Germaine Malaterre-Sellier. Un destin aux croisées du féminisme et du pacifisme (1889-1967), master d’histoire, université Paris IV, 2001, 294 p.

    81 La CFTC forme au château de Bierville ses jeunes syndicalistes chrétiens. Launay M., La CFTC origines et développement 1919-1940, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986, p. 295.

    82 « Entretien avec Fernand Bouteille », Marc Sangnier. Témoignages…, op. cit., p. 53. In Memoriam Marguerite Walther 4 décembre 1882 29 avril 1942, Cahors, FFE, 1943, p. 24. Moreau E., « L’idée de paix dans le scoutisme », La Démocratie. Revue mensuelle, no 2, mai 1928, p. 117.

    83 Lyautey P., « Ce que les professions actives attendent de l’enseignement secondaire », L’Éducation, no 10, juill. 1929, p. 637-641.

    84 L’Éducation. Publiée sous le patronage de la Commission d’Éducation du Redressement Français, no 1, oct. 1929. Collaborent à ce numéro Pierre Mendousse, Julien Fontègne, Michel Le Bourdellès.

    85 Dans la commission présidée par l’ingénieur des Mines Léon Daum, les scouts côtoient d’autres réformateurs sociaux comme Robert Georges-Picot, de la Ligue du Coin de Terre et du Foyer ou Marie-Jeanne Bassot, de la résidence sociale de Levallois.

    86 Guérin-Desjardins J., « Les loisirs des enfants et des adolescents et la formation du caractère. IV. Comment employer les loisirs », Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, no 21, Paris, SAPE, s. d. [1927], p. 44-45.

    87 Ibid., p. 55.

    88 Id.

    89 Vœux dans cet ordre. Hunzicker P., « Instruction et Éducation », L’Éducation nationale (Le rajeunissement de l’Éducation) II, Les Cahiers du Redressement français, no 2, Paris, SAPE, s. d. [1927], p. 215-216.

    90 Guérin-Desjardins J., « Les loisirs des enfants et des adolescents et la formation du caractère. II. Les heures de loisirs sont non seulement importantes par leur qualité mais par leur quantité », Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, no 21, op. cit., p. 37-39.

    91 Guérin-Desjardins J., Loisirs et éducation populaires, Cahier du Redressement français, op. cit., p. 47.

    92 Ibid., p. 45-46.

    93 Hunzicker P., L’Éducation nationale (Le rajeunissement de l’Éducation) II, op. cit., p. 217.

    94 Les actes du Congrès de l’Organisation sortent certainement en décembre 1927 au moment où le Parti communiste français réorganise sa Fédération des Pionniers (président Henri Barbusse) autour de la déclinaison pédagogique de la bolchevisation. Mercier L., « Pionniers et Faucons rouges. Des scoutisme(s) rouges dans la France de l’entre-deux-guerres ? », Cholvy G., Le scoutisme. Un mouvement d’éducation au XXe siècle, Dimensions internationales, Montpellier, université Paul Valéry, 2002, p. 144.

    95 Lefranc G., Les organisations patronales en France du passé au présent, Paris, Payot, 1976, p. 94.

    96 Lefèvre A., « Devenez des chefs. Est-il une mission plus belle ? », Le Chef, no 44, déc. 1925, p. 173.

    97 Le Bourdellès M., « Le scoutisme et l’école », L’Éducation, no 4, janv. 1926, p. 236.

    98 Id.

    99 Le Bourdellès M., « Le scoutisme facteur de progrès pédagogique », op. cit., p. 584.

    100 « Le scoutisme dans les universités anglaises », L’Éducation, déc. 1922, p. 150-151. Marty H., « Le scoutisme à l’université de Cambridge », L’Éducation, mai 1923, p. 462-465.

    101 Marty H., « Le scoutisme à l’université de Cambridge », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 64.

    102 Marty H., « Le scoutisme dans les écoles secondaires anglaises », L’Éducation, mars 1923, p. 343-344. Le Bourdellès M., « Les troupes d’écoles en Angleterre », L’Éducation, no 3, déc. 1926, p. 223-224.

    103 « Entrée du scoutisme dans les universités », Sevin J., Le scoutisme. Étude documentaire et applications, op. cit., p. 188-189.

    104 En 1925, la question est traitée à Oxford dans une réunion de cadres scouts et d’universitaires britanniques. Le Bourdellès M., « Le corps enseignant et le scoutisme », L’Éducation, no 1, oct. 1926, p. 89-90.

    105 Les 4 troupes de l’établissement sont animées par les enseignants. Le Bourdellès M., « Le scoutisme dans les écoles secondaires anglaises », L’Éducation, no 3, déc. 1924, p. 145-147.

    106 Salomon M. J., « Le scoutisme dans ses rapports avec la morale et la discipline à l’école publique », L’Éducation, no 4, janv. 1925, p. 221-222.

    107 Grandjouan J.-O., « Y a-t-il une Pédagogie Scoute ? », op. cit., p. 61.

    108 Favier C., « La politesse », Le Chef, no 126, déc. 1932, p. 343-344.

    109 Hahn A., « Conditions de la propagande », Le Chef, no 17-18, juill.-août 1923, p. 108-109.

    110 Id.

    111 Lefèvre A., « Les fruits de la ténacité », Le Chef, no 40, juin 1925, p. 95.

    112 Kergomard J., « La collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur. Principes laïques », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 66.

    113 « Assemblée générale », Le Chef, no 13-14, mars-avril 1923, p. 40.

    114 « II Partie pratique. 6o Naturalisme », « Camp-École de chefs », Le Chef, no 15-16, mai-juin 1923, p. 81.

    115 La construction du lycée du Parc en bordure du parc de la Tête d’or débute en 1909. Il ouvre en mai 1914, la première rentrée a lieu en 1919. R., « Une semaine de Chefs », Le Chef, no 5, 25 juill. 1922, p. 48-49.

    116 Le Cercle du Lycéen organise pour les élèves des activités sportives, touristiques et culturelles à l’initiative de professeurs et de parents. Cf. Allemand-Martin A., L’enseignement par le tourisme scolaire. Tourisme d’étude et tourisme d’agrément, Grenoble, Les Alpes, 1926, 72 p.

    117 Mazeran P., « Programme d’activité Scout », Le Chef, no 10, déc. 1922, p. 99-100.

    118 « Travaux et décisions de l’assemblée générale », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 83.

    119 Goblot E., La Barrière et le niveau, op. cit.

    120 Marty H., « Comptes rendus critiques », L’Éducation, no 2, nov. 1925, p. 102.

    121 « Discours du président Georges Bertier », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 8-9.

    122 Le campement. Compte rendu in extenso du Congrès de Lyon des Éclaireurs de France. Les palabres.
    Les rapports. Les discussions, Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, 52 p.

    123 Guillen E., « Les conditions matérielles d’un bon camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 22.

    124 Bertier G., « Les responsabilités du chef de camp », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 2.

    125 Victor P.-E., La mansarde, Paris, Stock, 1981, p. 150.

    126 « Allocution de M. Kergomard », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 7.

    127 Id., p. 6.

    128 Kergomard J., « La collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur », Le Chef, no 47-48, mars-avril 1926, p. 67.

    129 Beigbeder J., La formation du futur citoyen à l’école primaire publique (Notes historiques et critiques) thèse pour le doctorat en droit, 1923, Alençon, Corbière et Jugain, 1923, p. 259.

    130 « Allocution de M. Kergomard », Le Chef, no 35-36, janv.-fév. 1925, p. 5-6.

    131 Id., p. 4. Kergomard J., Salzi P., Goblot F., Edmond Goblot, 1858-1935 la vie l’œuvre, Paris, Alcan, 1937, p. 80.

    132 Goblot E., Les Éclaireurs de France et leurs chefs. Conférence faite aux étudiants de l’université de Lyon [20 mars 1929] extrait de la Revue de l’Université de Lyon, s. d. [1929], p. 8.

    133 « L’éducation physique et la formation morale à l’école », L’Éducation, no 8, mai 1925, p. 474-475.

    134 Kergomard J., « La Collaboration du corps enseignant avec le mouvement Éclaireur », op. cit., p. 66.

    135 Id.

    136 Id.

    137 « Allocution de M. Lapie », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 85.

    138 Lapie P., « Soyons durs », Revue pédagogique, no 12, déc. 1925, p. 406-407.

    139 Cœur de Loup, « Comment combiner son programme », Le Chef, no 26, avril 1924, p. 85.

    140 Terral H., Paul Lapie. École et société, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 217, 205.

    141 En gras dans le texte. Circulaire du 7 mars 1925, BDP Indre-et-Loire, no 2, mars 1925, p. 100-105.

    142 « Éducation physique », BAMIP 1er août 1923, p. 135.

    143 Solal E., L’enseignement de l’éducation physique et sportive à l’école primaire (1789-1990). Un parcours difficile, Dossier EPS, no 45, 1999, p. 177.

    144 « La fête de l’amitié. Allocution de M. Bertier », Le Chef, no 37-38, avril-mai 1925, p. 84.

    145 « Allocution de M. Lapie », op. cit., p. 85.

    146 Décret du 6 août 1925. Lefèvre A., « L’opinion du public », Le Chef, no 42, sept.-oct. 1925, p. 125-127.

    147 Bertier G., « Mort de M. Paul Lapie », L’Éducation, no 4, janv. 1927, p. 322. Grandjouan J.-O., « Ceux qui s’en vont. Paul Lapie », Le Chef, no 58, fév. 1927, p. 23.

    148 Corcy-Debray S., Jérôme Carcopino, un historien à Vichy, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 326-329.

    149 Terral H., Paul Lapie. École et société, op. cit., p. 39-40. Ravon B., L’« échec scolaire » histoire d’un problème public, Paris, In press, 2000, p. 160-170.

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    Format

    Palluau, N. (2013). Chapitre II. Conservatisme et modernité des Éclaireurs. In La fabrique des pédagogues. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.135186
    Palluau, Nicolas. « Chapitre II. Conservatisme et modernité des Éclaireurs ». In La fabrique des pédagogues. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2013. doi:10.4000/books.pur.135186.
    Palluau, Nicolas. « Chapitre II. Conservatisme et modernité des Éclaireurs ». La fabrique des pédagogues, Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.135186.

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    Format

    Palluau, N. (2013). La fabrique des pédagogues. Rennes: Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.135111
    Palluau, Nicolas. La fabrique des pédagogues. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2013. doi:10.4000/books.pur.135111.
    Palluau, Nicolas. La fabrique des pédagogues. Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.135111.
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