1 Nous écrirons Grenelle (en italiques) lorsqu’il sera question du mot ou de la notion et Grenelle (en caractères romains) lorsque le nom désigne une « négociation » ou « manifestation », demandée ou réalisée. Dans le texte qui suit, nous continuerons à mettre une majuscule à Grenelle et à ne pas marquer le nom d’un s au pluriel, sauf dans les citations utilisant, nous le verrons, de plus ou plus couramment, ces formes « communes ». La « tendance » actuelle, avec des nuances, est en effet au traitement du mot Grenelle comme un nom commun. Nous avons préféré, ne serait-ce que pour respecter les règles orthographiques et typographiques en vigueur (pour combien de temps encore ?), mais aussi pour préserver notre posture d’observateur d’un processus en cours, ne pas nous conformer à cette évolution pourtant lourde des usages.

2 Sur « l’interdiscours », voir Charaudeau & Maingueneau, 2002, p. 324 ; sur le « prédiscours », voir Paveau, 2006, passim ; sur les « fils verticaux du discours », voir Moirand, 2007, p. 1 et 9/30.

3 Sur cette figure, voir notamment : Siblot & Leroy, 2000 ; Leroy, 2004, passim ; Pougeoise, 2001, p. 45-46.

4 Sur l’évolution des statuts, définitions et les différentes lectures théoriques de l’antonomase, cf. Leroy (2004), p. 8 et s.

5 « Mot qui englobe son sens et lui sert de classificateur », Le Petit Robert, 1993, p. 1114.

6 En 52 avant notre ère, la plaine de Garanella fut le lieu d’un combat opposant les troupes gauloises aux légions romaines. Garanella (« petite garenne » en latin), a mis plusieurs siècles à devenir Grenelle. La voie a été diversement dénommée depuis le XV^e siècle (Garnelle, Grenelle, Garanella, Guarnelles ou Guernelles).

7 Pour l’historiographie de l’événement, voir en particulier : Prost, 1988, 2006 ; Matériaux…, 1990 (récits de plusieurs témoins) ; Zancarini-Fournel, 2000, 2008 ; Gobille 2008 ; cf. également Mouriaux & Capdevielle, 1988 ; Joffrin, 1988. Des chroniques de la négociation, mentionnant en outre différentes versions des acteurs, ont aussi été proposées dans Le Monde, par M. Noblecourt et par P. Rambaud, respectivement le 30 mai 1988 et le 28 mai 1998. Pour les interprétations syndicales (cf. Barbet, 1986), voir notamment G. Séguy, Le mai de la CGT, 1972, Paris, Fayard ; E. Descamps, 1971, Militer, Paris, Fayard, p. 109-124.

8 Nous verrons ultérieurement que le terme d’accords est inapproprié.

9 Sur l’enrichissement symbolique et la construction d’un sens social par les médias, cf. Braud, 1996, p. 104.

10 Reproduit sur le site : http://www.grenelle-insertion.fr/userfiles/GrenelleCP.pdf.

11 Alors qu’un Don Juan par exemple, référant à une personne, est un anthroponyme, que la Venise du Nord, désignant un lieu, est un toponyme et que La Belle Époque, dénommant une période, est un chrononyme (cf. Bacot, Douzou, Honoré, 2008). D’autres auteurs parlent de « nom propre d’événement » (Krieg-Planque, 2009b), de « mot-événement » (Paveau, 2006) ou de « pragmonyme » (Maurel & Tran, 2005, p. 6).

12 Selon le blog anti-sarkozyste : http://www.intox2007.info/index.php?post/2007/11/04/Yalta-du-6-Mai-2007-la-liste, consulté en février 2008.

13 Exemples : « La Berezina pour François Bayrou » (La République du Centre Ouest, 12 juin 2007) ; « On nous avait promis une Bérézina, c’est une petite défaite.  » (Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP, se rassurant après les élections municipales, Le Point, 10 mars 2008) ; « […] dans un contexte de Berezina nationale pour le PS », letelegramme.com, 31 mai 2007.

14 Pour Marathon comme métonymisation d’événement, cf. Décimo & Fiala, 2004, p. 129. Exemple : « Le Marathon législatif avant la trêve des municipales », Le Figaro, 11 décembre 2007.

15 Ce premier volet fixe les grands objectifs de la politique gouvernementale, en matière d’énergie, de transports, de consommation et d’alimentation. La déclinaison concrète des modalités de mise en œuvre des engagements doit être indiquée dans un second texte : « Grenelle 2 ».

16 Cf. Le Figaro, janvier 2009 ; Le Monde, 17 janvier 2009.

17 Nous employons cette notion de « formule » dans un sens qui se rapproche de la définition retenue récemment par Alice Krieg-Planque (2009b, p. 63). Le Grenelle présente la particularité d’être une antonomase, dont, nous le verrons, le figement n’est pas acquis et la notoriété reste incertaine. Toutefois, le mot et ses variantes complémentées, à partir de 2007 surtout, tendent à fonctionner dans de nombreux énoncés comme des « formules », si l’on admet comme l’auteur une définition graduelle (p. 115-116) : forme signifiante relativement stable malgré un figement encore peu prononcé ; forte inscription discursive ; caractères de référent social (pluriel) et présence d’aspects polémiques.