1L’adhésion des électeurs du Maine-et-Loire au général de Gaulle et aux majorités qui s’en réclament est spectaculaire, mais les élections législatives de 1958 à 1981 révèlent, dans l’évolution de leurs résultats, le décalage entre l’adhésion majoritaire à la personne du général, et le soutien beaucoup moins massif aux mouvements gaullistes.

2Les élections de 1951 et de 1956 préfigurent déjà ce comportement. En 1951, la liste RPF recueille 36 % des suffrages, et a trois élus (sur six) : Victor Chatenay, Diomède Catroux, André Commentry. Mais le retrait du Général déçoit les électeurs : à une législative partielle de 1954, le RPF n’obtient que 7 % des suffrages, et aux élections de janvier 1956, 11 % et un seul député (Victor Chatenay), alors que le MRP obtient trois députés avec 21 % des suffrages, et que les poujadistes, venus jouer les trouble-fête, récoltent 22 % des voix, mais aucun élu1. En fait, la masse des électeurs est « modérée », « masse très fluide dans laquelle il est difficile de distinguer entre les diverses tendances » (selon le rapport du préfet Morin, 19512). Le point essentiel de partage entre « modérés » et « partis laïques », pour reprendre le vocabulaire du préfet, (c’est-à-dire communistes, socialistes et radicaux), est la position par rapport à la défense de l’école libre. L’apparentement des modérés pour les élections de 1956 « s’est réalisé autour de la question scolaire […] cette union répondait d’ailleurs aux souhaits de la majorité de la population3 ». À la différence de ce qui s’était passé en 1951, les gaullistes y participent. Mais les bénéficiaires en 1956 sont les MRP et les Indépendants.

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3Les élections de 19584, par le retour au scrutin uninominal d’arrondissement5, pouvaient apparaître comme peu favorables au gaullisme dont l’implantation locale était inégale. Il semble bien que deux personnalités politiques locales aient joué un grand rôle dans le découpage des six circonscriptions : Victor Chatenay, maire d’Angers et député, personnalité gaulliste à l’autorité incontestée, Philippe Rivain, ancien secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire auprès de Michel Debré (1944-1945). Par rapport au découpage de 1928, le changement important était la division de la ville d’Angers entre trois au lieu de deux circonscriptions, la nouvelle, la deuxième (Angers sud-est), faisant le grand écart, géographiquement et politiquement, entre Trélazé et Saint-Florent-le-Vieil. Chatenay avait souhaité diviser Angers en trois pour fournir un siège aux trois députés sortants de la ville, lui-même, Jean Turc (Indépendant), et Jean Sauvage (MRP). Encore plus révélateur de son caractère, son projet de répartir les circonscriptions entre l’UNR et les autres partis modérés, en ne présentant pas de candidats dans les trois circonscriptions du sud de la Loire, à condition de réciprocité au nord. Ses amis politiques ne respectèrent pas ce marché, qui ne fonctionna que dans la deuxième circonscription, ou l’Indépendant Jean Turc n’eut pas face à lui de candidat gaulliste6.

4Le choix des candidats, les manœuvres de Jean Narquin, secrétaire départemental de l’UNR, permirent au second tour un triomphe inattendu des gaullistes, qui emportèrent cinq circonscriptions sur six. Mais l’examen de l’origine des voix est plus intéressant. Par rapport à 1956, au premier tour, les socialistes ne perdent pas de voix, MRP et PC perdent le tiers de leurs électeurs, mais les gros apports aux gaullistes viennent des électeurs poujadistes de 1956, qui abandonnent les candidats de leur mouvement. Pour le second tour Pierre Poujade appelle par un communiqué officiel à voter pour les gaullistes7. Les Indépendants ne donnent pas de mot d’ordre, mais leurs électeurs se rallient aux gaullistes plutôt qu’au MRP qui gagne cependant des voix8. Les candidats SFIO se retirent, sauf un.

5Qui sont ces cinq élus, dont trois resteront en place jusqu’en 1973, et un jusqu’en 1986 ? Dominent les gaullistes historiques, issus de la Résistance, mais dont les atouts dans la compétition électorale n’étaient pas identiques.

6Victor Chatenay (1886-1985), qui avait appartenu à l’Action française, était un résistant de la première heure, conseiller de la République de 1948 à 1951, député depuis 1951, maire d’Angers depuis 1947. Estimé de tous, il représente un gaullisme conservateur, et est prêt aux alliances. Son élection dans la première circonscription (Angers nord) semblait facile, mais fut délicate en raison de la présence d’un centriste indépendant bien implanté9. Élu, puis nommé, à la suite d’une fausse manœuvre10, au Conseil constitutionnel début 1959, Chatenay laisse son siège de député à son suppléant Jean Foyer. Mais son influence locale reste forte.

7Philippe Rivain (1912-1971), issu d’une famille anciennement implantée à Longué, fils de général, a fait une carrière de diplomate avant et après la guerre. Résistant, arrêté, secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire en 1944, il est élu maire de Longué en 1953, est candidat à la législative partielle de 1954, et aux élections générales de 1956 (Républicains sociaux). Dans la troisième circonscription (Saumur nord, le Baugeois), de tradition radicale, il prend en 1958 l’étiquette de candidat d’union nationale et d’action sociale (et non d’UNR), ayant « passé sur son fond gaulliste un enduit radicalisant, du meilleur effet dans une circonscription où le clergé ne fait pas la loi11 ». Il est le seul élu au premier tour et siège jusqu’à sa mort en 1971.

8A Cholet (cinquième circonscription), un autre résistant et gaulliste historique est élu : René Le Bault de la Morinière (1915-2009), membre du CDL en 1944, catholique militant, agriculteur, maire et conseiller général. Élu par le report des votes « Indépendant », il est réélu jusqu’en et y compris 1968.

9Dans la sixième circonscription, Angers ouest et Segré, René Lacombe (1915-1994), Compagnon de la Libération, gaulliste intransigeant, conseiller municipal de Saint-Germain-des-Prés, est un parfait inconnu, appelé par Victor Chatenay. Élu imprévu, il siège jusqu’en 1986.

10Le cinquième élu (quatrième circonscription, Saumur sud) avait un passé résistant plus léger : Robert Hauret, né en 1922, avait été réfractaire au STO et FFI à la fin de la guerre. Instituteur puis employé de banque, il devient viticulteur par son mariage, et reconnu dans son milieu profession nel. Il milite au RPF depuis sa fondation, et a été candidat en 1951 et 1956. Ses atouts sont peu nombreux, dans une circonscription où s’affrontent deux candidats emblématiques, l’un de l’enracinement local, Robert de Grandmaison, dont la famille tient l’arrondissement depuis 1893, l’autre d’une ambition nationale, Pierre Poujade. Arrivé troisième au premier tour, avec 18 % des suffrages, il est élu au second avec 48 %. Réélu par deux fois en 1967 et 1968, il est battu en 1973.

11À ces cinq élus, on peut joindre Jean Foyer (1921-2008)12. Né à Contigné dans le nord du département, dans une famille de tradition légitimiste et catholique, il joue un rôle qu’il estime « modeste » dans la Résistance. Entré au cabinet de René Capitant en 1944, il se détourne de la vie politique pour l’enseignement, mais est appelé à participer au groupe de travail qui prépare la constitution de 1958. Choisi sur conseil de Michel Debré comme suppléant de Victor Chatenay, il devient député lors du départ de celui-ci au Conseil constitutionnel. Mais il est nommé le 5 février 1960 secrétaire d’État aux relations avec les pays de la Communauté et n’a guère le temps de siéger comme député. Courte interruption dans son mandat parlementaire, puisqu’en 1962, lors des élections générales, sur ordre du général de Gaulle et du Premier ministre, il se représente, non dans la première circonscription (Angers nord) où il avait été suppléant puis député, que son remplaçant ne veut pas lâcher, mais dans la deuxième (Angers sud-est), contre Jean Turc, Indépendant, protégé de Victor Chatenay en 1958, mais qui avait voté l’« amendement Salan » et la censure du gouvernement. « Cette élection fut pour moi la plus brillante de toutes ». Elle donne aux gaullistes le sixième siège de député du département. Ses positions conservatrices ne lui valent pas que des amis au sein du gaullisme angevin. Jean Foyer siège jusqu’en 1988, où, « abandonné » par le RPR, il décide de ne pas se représenter.

12Les députés gaullistes élus de 1958 à 1962 vont être réélus régulièrement dans cinq circonscriptions sur six. Seule la première circonscription a une histoire plus mouvementée. En 1960, lors de l’entrée de Jean Foyer au gouvernement, il avait fallu organiser une élection partielle, la première de la Cinquième République, avec ordre de Michel Debré de gagner13. Chatenay et de Gaulle auraient souhaité la candidature de Diomède Catroux, natif de Montrevault et élu RPF du département en 1951. Mais sa participation au gouvernement Mendès-France, sa forte personnalité, sa réputation de gaulliste de gauche suscitent des réticences chez les gaullistes locaux14. Jean Narquin est prêt à accorder l’investiture au compétiteur centre-droit de Chatenay en 1958, qui refuse15. Reste la solution Jacques Millot : ce dernier avait succédé comme maire d’Angers à Chatenay, dans une municipalité UNR-Indépendants (excluant le MRP) : il accepte de se présenter, non pas sous l’étiquette UNR, mais sous celle de candidat d’union. Il s’inscrit dans le courant gaulliste dominant du département, prêt à s’allier avec les Indépendants. Il est élu, réélu en 1962, mais meurt accidentellement en 1963. Son suppléant (Étienne Charbonneau) termine la législature mais ne se représente pas en 1967. Mme Millot se présente, mais l’état-major parisien de l’UNR soutient (dans quel but ?), et sans que cela enthousiasme les gaullistes angevins, le maire et conseiller général de Montreuil-Bellay, Edgard Pisani, ancien ministre de l’Agriculture et alors ministre de l’Équipement. La discipline gaulliste joue malgré tout en sa faveur, ainsi que le « légitimisme » de l’électorat. En 1968, il change d’étiquette et de circonscription, et la première circonscription est gagnée par le secrétaire départemental de l’UDR, Jean Narquin, qui sera réélu jusqu’à son retrait en 1988.

13Dans la troisième circonscription, en 1971, Philippe Rivain, élu depuis 1958 meurt. Son suppléant depuis 1958, Paul Boudon (1907-1988) lui succède. Vétérinaire, résistant et déporté, il a été candidat MRP après la guerre et a rejoint ensuite le RPF. Mais lors de la législative de 1973, la majorité, au nom de « l’ouverture », investit Claude Amis, agriculteur à Chigné et personnalité de la FNSEA, membre du CDP (Centre Démocratie et Progrès) de Jacques Duhamel. Boudon se présente malgré tout, arrive en tête, est élu après le retrait de Amis (imposé par les états-majors) et siège comme « gaulliste », mais « non-inscrit ». Le gaulliste historique dissident l’emporte malgré les consignes du mouvement16. Cette « indiscipline » des électeurs marque pour cette circonscription la fin du réflexe légitimiste envers le gaullisme, et annonce l’échec de Boudon en 1978.

14Avant d’en venir à l’étude de l’ébranlement de la domination gaulliste sur le département à partir de 1973, il convient d’en étudier le poids pendant la période 1958-1973.

15Le tournant de 1973 est net : c’est la fin de la domination des gaullistes, mais pas celle de la droite. À quoi tient cette domination des années 1958-1973 ? Comme partout, au prestige du général de Gaulle : à l’élection présidentielle de 1965, il obtient ici 49 % des suffrages au premier tour, qu’on peut rapprocher du pourcentage des votes gaullistes en 1967. Comme l’écrit Jean Foyer, pour l’élection de 1962, « Sous mon nom, les électeurs avaient voté pour le président17 ». Et pour faire gagner Pisani en ballottage difficile en 1967, Jean Narquin fait imprimer un tract simple : « Voter Pisani, c’est voter de Gaulle ». Mais à quoi tient ce prestige du Général ? La conjonction entre la politique agricole menée alors et une paysannerie plutôt prête à se moderniser n’est pas sans importance dans un département à la forte population active agricole, d’autant que cette politique est relayée sur place par le ministre de l’Agriculture, Edgard Pisani, souvent présent, et par le toujours influent ancien président de la FNSEA, Eugène Forget18. Mais l’atout essentiel de De Gaulle, c’est d’avoir « réglé » la question scolaire, dans un département où la moitié des élèves du secondaire sont scolarisés dans le privé en 1959, et plus de 50 % dans le primaire à la même date19. En Maine-et-Loire, le CALS (Comité d’action pour la liberté scolaire), fondé en mai 1945, reste constamment vigilant : il publie le 21 novembre 1958 la liste des candidats de chaque circonscription qui ont promis d’adhérer à l’Association parlementaire pour la liberté de l’enseignement : un candidat MRP qui n’a pas fait cette promesse s’empresse le lendemain de s’en expliquer, mais ce retard lui coûtera des voix20. À chaque échéance électorale, la question est soulevée par les défenseurs de l’école libre. Les rapports préfectoraux soulignent le rôle de cette question dans le choix des électeurs. La satisfaction de la majorité des électeurs envers la majorité gaulliste explique aussi l’échec des dissidences : en 1967, face à Pisani pourtant parachuté à Angers et mal accueilli par l’appareil gaulliste, Mme Millot (veuve du précédent député gaulliste) échoue, tout comme Maurice Ligot la même année, maire de Cholet depuis 1965, qui tout en se réclamant du gaullisme21, tente de remplacer Le Bault de la Morinière et qui est désavoué par les instances de l’UNR.

16Aussi, de 1958 à 1968, observe-t-on deux phénomènes parallèles : d’abord, une poussée régulière du choix du candidat gaulliste dès le premier tour, ensuite, une part croissante des scrutins gaullistes au sein des votes de droite.

17Les électeurs angevins de droite, satisfaits de la politique menée à partir de 1959, abandonnent rapidement toute velléité de porter leurs voix vers une autre formation que l’UNR, ce qui pourtant aurait été sans risque, vu la faiblesse de la gauche. MRP, Centre Démocrate, puis Mouvement réformateur présentent des candidats (en 1962, 1967, 1968), dont les résultats sont modestes. Ils ne récupèrent que très partiellement les voix des électeurs de tradition démocrate-chrétienne : on constate d’ailleurs que la géographie de leurs suffrages a peu à voir avec les zones de catholicisme influent. De toute façon, les candidats gaullistes étant élus au premier tour22, les divers centristes n’ont pas à se poser la question du report de leurs suffrages, question dont la réponse était très prévisible en raison de leur opposition aux socialo-communistes et aux menaces qu’ils font peser sur l’école libre. Les Indépendants ou assimilés abandonnent le terrain des législatives après 196223.

18Les Angevins sont gaullistes aux législatives, à la présidentielle de 1965, disent oui à de Gaulle à 58 % en 1969, votent pour Pompidou à 64 %, mais continuent à apporter leurs voix aux centristes, aux Indépendants, aux « sans étiquette », lors des élections municipales et départementales, lors des sénatoriales de 1965. Les gaullistes ne contrôlent pas pour autant les mairies des trois grandes villes.

19Les législatives de 1973, les premières depuis le retrait de De Gaulle et l’apparition de tiraillements au sein de la majorité sont en Maine-et-Loire un petit séisme : un second tour dans les six circonscriptions (depuis 1962 seule la première circonscription, à Angers, avait connu des seconds tours), deux gaullistes historiques (élus de 1958) battus. À Cholet dans la cinquième, René Le Bault de la Morinière est éliminé par Maurice Ligot (né en 1927), un Indépendant, maire de Cholet depuis 1965, candidat à la sénatoriale de 1965 et à la législative de 1967, et qui joue de ses relations gouvernementales (énarque, il a été chef de cabinet de Roger Frey) et de son soutien à la majorité. Il se présente comme le candidat de la ville de Cholet et de son développement, dans une campagne « à l’américaine » face au rural Le Bault. En tête au premier tour24, il bénéficie d’une partie de voix socialistes au second, alors que les suffrages pour Le Bault s’effritent. La portée politique du changement ne doit pas être surestimée : l’écart idéologique est plus mince que l’écart d’âge et de base géographique. À Saumur sud (quatrième circonscription), à Robert Hauret, sortant, s’oppose Jean Bégault, (1921-200725), rosiériste à Doué-la-Fontaine, déjà candidat dans la même circonscription en 1962 (ss. etiq., 11,6 %), et en 1968, comme suppléant de Pisani, qui avait rallié le mouvement réformateur. Bégault se présente en 1973 sous la même étiquette, obtient 36 % des suffrages, contre 44 % au sortant. Au second tour, les candidats PC et PS ne peuvent se maintenir (règle des 10 %), mais n’appellent pas à l’abstention tout en ne donnant pas de consigne de vote. Bégault l’emporte par 51,8 % des suffrages : sa réputation laïque lui a valu le report de 60 % des voix de gauche, dans une région de tradition peu cléricale.

20On se rappelle qu’en 1973, l’élection de Saumur nord (troisième circonscription) avait été confuse : sept candidats à droite, au premier tour le gaulliste (qui n’avait pas l’investiture du parti) n’avait obtenu que 25,8 % des suffrages, mais s’était rétabli au second tour (60 %). En 1978, l’UDR envisage dans cette circonscription une candidature de Jean-Louis Debré26. Ces hésitations, la défiance qu’elles créent envers l’UDR, font l’affaire d’Edmond Alphandéry (né en 1943, professeur d’économie), CDS, gendre de l’ancien député Philippe Rivain, conseiller général depuis 1976, maire de Longué depuis 1977. Au premier tour les deux concurrents sont presque à égalité, Alphandéry n’ayant que 50 voix d’avance ; au second, il l’emporte.

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21Peut-on, au-delà des questions de personnes, dégager une logique dans l’évolution du vote gaulliste aux élections législatives à partir de 1973 ? Revenons à cette donnée fondamentale : le vote gaulliste en 1958 est autant un vote contre qu’un vote pour : un vote contre les errements de la Quatrième République, contre le danger communiste. Il devient aussi localement un vote contre les laïques et contre la gauche définie ici d’abord comme laïque. Or, si la gauche est en recul de 1945 (30 %) à 1962 (16 %), elle recommence à progresser ensuite, inégalement selon les circonscriptions. Elle ne devient vraiment menaçante qu’à partir des élections de 1973, dans les trois circonscriptions d’Angers nord, Angers sud-est, Angers Segré, pour atteindre en 1981 dans ces trois circonscriptions 47 % des suffrages27 : c’est dans ces mêmes circonscriptions que le vote gaulliste progresse en 1973, 1978 et 1981. À l’inverse, dans les trois circonscriptions moins « menacées », les gaullistes ont perdu la main. Mais une fois la crise passée, une fois le centrisme d’opposition absorbé dans la majorité, le réflexe majoritaire joue en faveur des nouveaux venus, et en 1981, dans ces trois circonscriptions perdues par les gaullistes, les candidats de l’ex-majorité28 obtiennent au premier tour des scores « gaulliens », dépassant même ceux de leurs alliés de l’UNM. Cette nouvelle génération apparaît peut-être plus capable de faire front à l’Union de la gauche. Ne serait-ce pas tout simplement la manifestation du légitimisme de l’électorat de droite angevin ? Et si l’on regarde le vote angevin aux présidentielles et son « infidélité » au gaullisme en 1974 et 1981 (14 % pour Jacques Chaban-Delmas en 1974, 23 % pour Jacques Chirac, Michel Debré et Marie-France Garaud en 1981), on peut penser qu’il s’agit là une tendance de fond, le choix d’une droite consensuelle plutôt que d’une droite de rupture

22Finalement, la géographie électorale du département est profondément modifiée. A Angers et dans son aire d’influence, l’emportent les gaullistes talonnés par les socialistes ; l’est du département a abandonné son orientation radicale, socialiste ou communiste pour choisir des centristes ralliés, alors que dans l’ouest, la tradition démocrate-chrétienne s’estompe derrière le retour de la droite classique.