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  • Chapitre 1. Un voyage politique
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les relations franco-bourguignonnes La succession d’Espagne De Bruxelles à Blois De Blois à Fontarrabie L’itinéraire Les entrées solennelles Les présents offerts aux archiducs La décoration des villes Dévotion et tourisme Ébattemens et déduicts La presse des logis Les robes de l’archiduchesse Notes de bas de page

    Fastes de cour

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 1. Un voyage politique

    p. 17-35

    Texte intégral Les relations franco-bourguignonnes La succession d’Espagne De Bruxelles à Blois De Blois à Fontarrabie L’itinéraire Les entrées solennelles Les présents offerts aux archiducs La décoration des villes Dévotion et tourisme Ébattemens et déduicts La presse des logis Les robes de l’archiduchesse Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Le 7 avril 1498, la mort accidentelle de Charles VIII à l’âge de vingt-sept ans vaut à son cousin et ancien adversaire le duc Louis II d’Orléans de monter sur le trône de France sous le nom de Louis XII. Le nouveau souverain, qui a bientôt trente-six ans, prend les rênes d’un territoire en paix et prospère. Le royaume connaît même une expansion territoriale sans précédent : Louis XI lui a rattaché la Bourgogne et la Provence ; Charles VIII a tenté la conquête de Naples ; Louis XII hérite de prétentions au royaume de Naples du fait de son prédécesseur et à l’héritage milanais par sa grand-mère Valentine Visconti1.

    2Mais pour tenter l’aventure italienne, il faut conforter la paix sur les autres fronts. À l’ouest, il convient d’arrimer plus solidement la Bretagne au royaume et mettre fin aux velléités d’indépendance ducale ; aussi Louis XII fait-il rapidement annuler son mariage par le pape afin de pouvoir épouser dès 1499 la duchesse Anne de Bretagne, veuve du roi défunt, conformément au contrat de mariage de son prédécesseur. Au sud, il négocie la neutralité de Ferdinand d’Aragon afin de se lancer à la conquête du royaume de Naples où règne un autre prince aragonais, Frédéric. Il s’assure la neutralité de Florence et de Venise et la bienveillance du pape Alexandre VIII en donnant à son fils, César Borgia, le comté de Valentinois érigé en duché et la main d’une princesse française. Reste le problème des relations avec l’empire des Habsbourg, empoisonnées par la question bourguignonne2.

    Les relations franco-bourguignonnes

    3Maximilien d’Autriche (1459-1519) a épousé en août 1477 Marie de Bourgogne (1457-1482), fille unique et héritière du duc Charles le Téméraire (1433-1477), mort quelques mois plus tôt, le 5 janvier 1477, devant Nancy. Marie apporte en dot l’héritage bourguignon, amputé de fait du duché de Bourgogne, ainsi que de l’Artois et de la Picardie, conquis par Louis XI3. Conseillée par sa belle-mère, Marguerite d’York (1446-1503), dernière épouse du Téméraire, la jeune duchesse s’attache les Pays-Bas en concédant aux États généraux les « grands privilèges » en février 1477. Maximilien de Habsbourg est élu roi des Romains en 1486, du vivant de son père l’empereur Frédéric III (1415-1493), qui avait conforté les possessions néerlandaises de son fils en l’investissant en avril 1478 des fiefs des Pays-Bas relevant de l’empire.

    4En épousant Marie de Bourgogne, Maximilien épouse également la cause bourguignonne et rêve de récupérer le duché. À cette rivalité politique avec le roi de France, s’ajoute une ambiance de vendetta familiale : Louis XII est le petit-fils du duc Louis d’Orléans assassiné en 1407 sur ordre du duc de Bourgogne Jean sans Peur, lequel à son tour a été tué en 1419 lors d’une rencontre avec le dauphin et futur roi de France Charles VII, probablement sur son ordre.

    5De son union avec Marie de Bourgogne, Maximilien eut deux enfants : l’aîné, Philippe, né à Bruges le 22 juin 1478, plus tard dit « le Beau », et Marguerite (1480-1530), future régente des Pays-Bas, qui épouse en 1497 l’Infant Jean d’Aragon (1478-1497), puis en 1501, Philibert II de Savoie (1480-1504). Ce sont eux que leur mère désigne dans son testament comme héritiers de ses possessions, tandis qu’elle charge son époux d’être leur tuteur jusqu’à leur majorité. Durant ces années, Marguerite d’York veille à leur éducation4.

    6La naissance de Philippe est suivie d’une trêve des opérations militaires avec la France signée le 11 juillet 1478. Le traité d’Arras est conclu le 23 décembre 1482, à la mort de Marie de Bourgogne, et concerne le partage de l’État bourguignon entre Louis XI et Maximilien. Le roi de France conserve la Bourgogne et la Picardie, qu’il a fait occuper dès janvier 1477 ; Maximilien garde les Pays-Bas.

    7Par la suite, le traité de paix – en fait simple armistice – de Francfort, conclu le 22 juillet 1489 entre Maximilien et Charles VIII marque la pacification des rapports avec le Bourguignon. Le roi de France intervient même comme intermédiaire entre le roi des Romains et les Trois membres de Flandre pour que ceux-ci le reconnaissent comme tuteur et « mambour » de son fils, c’est-à-dire régent, lors du traité de Montils-lez-Tours conclu le 30 octobre 14895.

    8La fille de Maximilien et de Marie de Bourgogne, Marguerite d’Autriche, est promise en mariage au jeune Charles VIII. Ces noces ne seront jamais célébrées car Charles épouse finalement Anne de Bretagne en décembre 1491. En guise de compensation, le traité de Senlis du 23 mai 1493 rend au Habsbourg l’Artois et la Franche-Comté. Charles VIII obtient de surseoir au statut du duché de Bourgogne dont il se fait investir en recevant l’anneau ducal en juin 14946.

    9Le gouvernement personnel de Philippe, déclaré majeur et émancipé en 1494, marque un infléchissement francophile – ou plus exactement pacifiste – de la politique des Pays-Bas, d’autant que l’attention de Maximilien se tourne alors davantage vers l’empire à la suite de la mort de Frédéric III7. C’est toutefois cette même année que Maximilien négocie le double mariage de ses enfants avec ceux des rois catholiques : celui de son fils Philippe avec la princesse Jeanne de Castille, celui de Marguerite avec Jean de Castille, héritier des royaumes de Castille et d’Aragon. Quoique l’opération vise clairement à prendre en tenaille le roi de France, Charles VIII, consulté sur cette union comme le prévoyait le traité de Barcelone qu’il avait conclu avec l’Espagne en janvier 1493, ne s’y oppose pas. Le 5 novembre 1495, les deux unions sont célébrées par procuration en la cathédrale de Malines. Philippe reçoit son épouse le 17 octobre 1496 à Lierre en Brabant où leurs noces sont solennellement célébrées trois jours plus tard8. Contrairement à ce qu’espérait Maximilien, le double mariage espagnol n’isole pas le roi de France : Ferdinand d’Aragon conduit des pourparlers plus ou moins secrets avec Charles VIII tout au long de l’année 1497.

    10L’année suivante, la mort de Charles VIII surprend les chancelleries. Maximilien en profiterait volontiers pour lancer une guerre contre la France, mais la Diète de Fribourg ne le suit pas et lui propose au contraire une paix fondée sur de nouvelles alliances : l’empereur élu épouserait Anne de Bretagne, veuve de Charles VIII, projet d’union envisagé dès 1490, tandis que Louis XII épouserait Marguerite d’Autriche. Le refus de l’empereur incite son fils à conduire sa propre politique pour assurer la paix des Pays-Bas : le traité de paix dit « traité de Paris », conclu le 20 juillet 1498, est signé le 2 août suivant9. De leur côté, les rois catholiques signent aussi la paix avec Louis XII à Saragosse le 30 septembre, parachevant l’isolement de l’empereur.

    11Dans ses lettres du 16 août 1498 ratifiant le traité de Paris, Philippe le Beau s’engage à prêter au roi l’hommage pour ses terres de Flandre et d’Artois et à renoncer à toute tentative de recouvrer par voie judiciaire ou militaire le duché de Bourgogne. Le prince plaide la cause de la paix devant les États généraux de Bourgogne réunis à Bruxelles en décembre 1498, alors que le mois suivant, l’empereur se rend en personne à Anvers devant les États des Pays-Bas pour leur demander, en vain, de ne pas accepter la paix avec la France. Philippe ne tient aucun compte des manœuvres de son père et gagne la capitale de l’Artois pour s’acquitter de sa promesse et faire l’hommage de ses terres entre les mains du chancelier de France Guy de Rochefort, le 5 juillet 149910.

    La succession d’Espagne

    12Au cours de ces mêmes années, l’archiduc et son épouse ont vu leur rang parmi les princes d’Europe se modifier considérablement en raison d’un rapprochement de la couronne d’Espagne que rien ne laissait prévoir au moment de leur union. En effet, Marguerite d’Autriche, qui avait épousé l’Infant dom Juan, fils unique des rois catholiques, le 3 avril 1497, perd son époux le 4 octobre suivant. L’Infante Isabelle, aînée des sœurs de Juan et épouse du roi Manuel de Portugal, est alors proclamée par les Cortes héritière des royaumes d’Espagne. Mais elle meurt à son tour le 23 août 1498 en donnant naissance à un nouvel héritier, le prince Miguel, qui décède lui-même le 20 juillet 150011.

    13Jeanne de Castille est désormais la nouvelle héritière, ainsi que son époux (fig. 1). Tous deux doivent donc au plus vite gagner l’Espagne afin d’y être reconnus par les Cortès. Mais Philippe tergiverse : il veut consulter son père Maximilien et envoie en Espagne, en novembre 1500, une ambassade conduite par l’archevêque de Besançon, François de Busleyden, le plus « francophile » de ses conseillers, et Philibert de Veyré12. Au début de 1501, le départ des archiducs est encore retardé par une nouvelle grossesse de l’archiduchesse, la troisième.

    14Revenus en Flandre en juin 1501, les ambassadeurs repartent aussitôt pour la France. Durant le même temps, Louis XII envoie à Bruxelles, où il arrive le 15 septembre13, son ambassadeur, Gilles de Harpedanne, seigneur de Belleville, pour proposer aux archiducs de se rendre en Espagne par voie de terre plutôt que par la mer. Après maintes hésitations – le 20 septembre les princes attendent encore à Bruxelles une hypothétique visite de Maximilien – le voyage terrestre est décidé et l’on renonce aux nefs déjà réservées à Bruges. Le 26 septembre, la signature du contrat de mariage de Marguerite d’Autriche avec les émissaires du duc Philibert de Savoie libère Philippe le Beau de toute autre préoccupation. Le 1er novembre, il désigne le comte Engelbert de Nassau pour gouverner ses terres du nord en son absence et le 4, Philippe et Jeanne quittent enfin Bruxelles.

    15Pendant ce temps, d’autres tractations sont nouées avec la France. Le 27 juin 1501, « monseigneur l’archiduc et madame l’archiduchesse, princes de Castille », donnent procuration à leurs ambassadeurs pour négocier le mariage de leur fils Charles de Gand avec Claude de France. Parallèlement, Maximilien renonce (pour un temps) à faire la guerre à la France et négocie avec Louis XII le traité de Trente. Conclu le 13 octobre 1501, le traité prévoit une paix perpétuelle tripartite entre l’empire, les Pays-Bas et la France et ratifie le projet de mariage de Charles et de Claude14. C’est dans ce contexte que débute le voyage du couple archiducal à travers la France.

    De Bruxelles à Blois

    16Le récit transcrit par Dupuy et publié par Godefroy peut être complété du côté bourguignon grâce aux relations de Lalaing (ainsi qu’au résumé qu’en donne Molinet) et de l’anonyme viennois15.

    17Parti de Bruxelles le 4 novembre, le couple archiducal, accompagné d’une suite importante évaluée à mille deux cents chevaux par la relation anonyme16, gagna Mons en Hainaut ; là, l’archiduchesse « fit son entrée, et fut honorablement receue par les seigneurs de la ville, lesquels luy donnèrent, à son premier advénement, deux pots d’argent doré, et une couppe pleine de flourins ». De Mons, où ils passèrent quatre jours, ils se rendirent à Valenciennes, où Jeanne fit seule son entrée, Philippe y étant déjà venu en 1495. Ils y furent reçus par « le prevost, eschevins et jurez », qui leur remirent « un bachin d’argent et un lavoir de mesme », tandis que le sire de Belleville, envoyé par Louis XII, assurait les princes du « bon vouloir » que le roi et la reine de France avaient de les bien accueillir dans le royaume. Jeanne de Luxembourg et Philippe de Hennin les accompagnèrent à Ville-Pommeroeul et Boussu. De là ils se rendirent à Cambrai, qu’ils atteignirent le samedi 13 novembre vers midi, et firent étape le surlendemain à l’abbaye de Mont-Saint-Martin.

    18« Le lendemain, note Molinet, [l’archiduc] entra au royame, environ quatre heures, et vint à Saint-Quentin17. » On leur donna « à baiser le chief du benoist martyr », patron de la cité picarde, avant de faire leur entrée dans la ville aux rues « tapissées », ponctuées de feux de joie et d’échafauds où étaient joués des épisodes de « la légende de leurdit patron ». Puis ils furent accueillis par « monseigneur de Ligney et la noblesse d’Arthois », c’est-à-dire par Jean de Luxembourg, comte de Ligny, également lieutenant général du roi en Picardie et en Artois, qui accompagna désormais le prince dans son voyage. Et « de la part de la reine, précise le chroniqueur, était audit lieu de Saint-Quentin madame la comtesse de Vendôme », dépêchée « pour pareillement adsister et conduire madame l’archiduchesse ».

    19C’est à partir de cette étape de Saint-Quentin que la relation Dupuy-Godefroy se fait plus précise, détaillant les personnalités présentes et les messages de bienvenue lus tour à tour. Outre la noblesse de Picardie, furent présents le comte de Braine, l’évêque de Meaux et le baron de Moÿ. Le 17 novembre, l’archiduc écouta la messe à Saint-Quentin avant d’entendre la lecture de la lettre de bienvenue que lui adressait Louis XII.

    20La comtesse de Vendôme, Marie de Luxembourg (v. 1472-1546), fille du comte de Saint-Pol et veuve du comte de Vendôme de François de Bourbon, les logea dès le lendemain « en son chasteau de Ham, où ils séjournèrent une nuict seulement ». Ils y « furent recueillis à processions, feux, rues tendues et cloches sonnantes ». De là le couple gagna Noyon où, accueilli par Jean de Soissons, bailli de Vermandois, il fit ses dévotions à saint Éloi. Le lendemain 19 novembre, il se rendit à Compiègne, où « les feux de joye furent faicts et les rues tapissées », et il y séjourna trois jours.

    21Le 22, les voyageurs arrivèrent à Senlis. Là, les « douze gouverneurs de ladite ville » leur présentèrent le vin et l’un d’eux fit une harangue exaltant le rôle de pair de France de l’archiduc, en tant que comte de Flandre. De Senlis, l’archiduc alla coucher au village de Louvres (et non « au Louvre » comme l’écrivent notre narratrice ou Molinet18) avant de passer la journée du lendemain 24 novembre à Saint-Denis pour y entendre la messe. À en croire notre narratrice, on avait prévu « d’aller au giste à Paris, mais ceux de la ville n’étaient pas prêts », raison pour laquelle on s’attarda à Saint-Denis « en visitant les reliques et saints lieux de ladite abbaye ».

    22Le jeudi 25, le couple se rendit de Saint-Denis à Paris où il fut reçu par le comte de Nevers, Engilbert de Clèves, le baron de Clérieux, Guillaume de Poitiers, gouverneur de Paris, le prévôt de Paris Jacques d’Estouteville, puis ces messieurs du Parlement, du Châtelet et de l’université, « et grand nombre de la communauté de la ville » qui conduisirent les princes à leurs logis. Le vendredi 26, « ledit archiduc s’en alla au Palais pour voir plaider les causes », et comme premier pair, en tant qu’héritier du duché de Bourgogne dont il se voyait ainsi curieusement investi, il « fut assis comme pair de France au côté dextre du président, auprès de la place du roy », et entendit le jugement de plusieurs causes, avant que ne se répondent les discours des parlementaires, du prévôt d’Arras, Charles de Ranchicourt, conseiller et premier maître des requêtes de l’archiduc, puis du recteur de l’université de Paris, Cantien Hue.

    23Dès le lendemain, l’archiduchesse, également venue outre « la rivière de Sayne pour veoir le Palais », alla au gîte à Longjumeau, « six lieues oultre Paris ». Son époux entendit la messe à la Sainte-Chapelle puis visita la ville, Notre-Dame, le Louvre et la Bastille Saint-Antoine, avant de souper « à l’hôtel du prévôt de Paris ».

    24Parti de Paris le dimanche 28, il retrouva sa femme à Longjumeau et tous deux firent étape à Montlhéry. Ils arrivèrent à Étampes le lundi, y passèrent le mardi, « jour de Saint André », où ils tinrent « leur feste de la Toison », et quittèrent la ville le mercredi 1er décembre. Le soir, Philippe le Beau coucha en pleine Beauce à Angerville, le jeudi, il logea à Artenay et atteignit Orléans le vendredi. Dans les faubourgs de la cité, il fut accueilli par « le josne conte de Foix et le seigneur de Montmorency, gouverneurs de la ville », c’est-à-dire Gaston de Foix et Guillaume de Montmorency. Le samedi 4, le voyage fut endeuillé par le meurtre de l’un des charretiers suivant l’archiduchesse, tué par le valet de l’auberge où il était descendu.

    25« Après que illecq eut séjourné trois jours, il se partit le lundy ensuivant » et visita, en compagnie de son épouse, l’église de Notre-Dame de Cléry. Après une étape à Saint-Laurent-des-Eaux, le couple atteignit enfin Blois, « où le roy de France, la royne, et grande noblesse actendoient sa venue ». Il y passa une dizaine de jours sur lesquels nous reviendrons, et l’archiduc y ratifia le traité de Trente. Tous les récits insistent sur les fastes de la réception, « en quantité, qualité et diversité de vins et de viandes », sur le caractère « quasi incrédible de la despence et feste sumptueulx », sur les dames de la cour présentes « environ de six cens en nombre ». La fin du séjour se passa en cadeaux, l’archiduchesse offrant « à madame Claude, sa belle-fille, une baghe estimée à la valleur de deux mille escus ».

    De Blois à Fontarrabie

    26Le mercredi 15 décembre, le roi accompagna le prince à Chaumont-sur-Loire, puis le jeudi à Amboise, avançant au rythme des chasses à l’oiseau. Le vendredi, l’archiduc quitta Amboise « et le roy le convoya jusques hors la porte, où mondit seigneur print congié de luy, et le roy retourna à Bloix ». Toujours accompagné du comte de Ligny, Philippe gagna Tours, où il séjourna jusqu’au lundi 20, jouant à la paume le samedi au Plessis, visitant la ville le lendemain. Ligny quitta la troupe au sud de Tours et reçut du prince « deux de ses plus beaux chevaulx ». La comtesse de Vendôme avait quitté l’archiduchesse à Blois. Le cortège fit ensuite étape à Sainte-Maure-de-Touraine, déjeuna le mardi à Port-de-Piles, où il franchit la Creuse avant de gagner Châtellerault, puis s’arrêta le lendemain 22 décembre à Poitiers où il fut accueilli par « le séneschal de Poictiers et les nobles hommes du pais, ordonnez de par le roy […], ensemble ceux de la ville et messieurs de l’université ».

    27Puis Philippe le Beau accompagné de son épouse se rendit à Melle, où il passa Noël et « où il séjourna trois ou quatre jours ». De là il gagna Cognac, « où il trouva les gens de madame d’Angoulesme, qui le festoyèrent et le tindrent six jours », notamment durant les étrennes 1502. À son départ de Cognac, « le séneschal de Poictou et ses gens prindrent congié » tandis que Philippe continuait sa route vers Barbezieux, possession du sire la Rochefoucault, « où il fut bien venu et y joua à la palme ».

    28De là les voyageurs se rendirent à Montlieu, aux portes de la Gascogne. Ils fêtèrent « la veille des Roys à ung villaige nommé Chastre » – en fait Guîtres –, où les émissaires de Bordeaux leur apportèrent des présents et les invitèrent à passer par leur ville, invitation que le prince déclina « à cause que l’on disoit que la peste y regnoit ». Au contraire, il poursuivit plus à l’est, passa « la Gironde », « et coucha à Castillon », puis à Cadillac où le couple fut reçu pendant deux jours par le comte de Candale et son épouse, « fille à monseigneur d’Albrecht, sœur à madame la princesse de Chimay ». De Cadillac il alla à Langon, autre terre du comte de Candale, « où il fut quatre jours bien festoyé ».

    29Le vendredi 14 janvier, le prince « partit de Langon et vint coucher à ung bourgade nommée Capsin », c’est-à-dire Captieux ; de là se rendit à Roquefort, « appartenant au roy de Navarre », puis à Mont-de-Marsan, « une bonne ville nommée le Mont-de-Muichault, où il séjourna le dimenche ». Lalaing et Molinet indiquent ensuite que le « lundi [16 janvier] party d’illecq et vint à Tartas, appartenant audit roy de Navarre », où le prince « et toute sa compaignie fut assiégét des eaues, sy terriblement grandes que toute la ville flottoit, synon le quartier d’en hault où monseigneur estoit logiét19 ». En raison des inondations, Philippe et Jeanne y furent retenus trois jours. Philippe quitta la ville « le joedy ensuivant » pour se rendre à Dax, « actendant le roy de Navarre, qui vint le vendredy au soir », tandis que l’archiduchesse poursuivait la route directe, « estant allée le droict chemin à Baionne ».

    30Après une journée passée avec le roi de Navarre, Alain d’Albret, à Dax où « firent ledit roy et monseigneur bonne chière ensemble », Philippe quitta la ville le lendemain, samedi, en compagnie du roi pour rejoindre son épouse à Bayonne où ils séjournèrent du samedi 22 « jusques au mercredy ». De Bayonne ils passèrent en Espagne et le mercredi 26 janvier « vindrent à Hondarribia [Fontarrabie], première ville de Bisquaye et du royalme d’Espaigne » où les archiducs furent accueillis par plusieurs grands d’Espagne20. Le couple poursuivi sa route jusqu’à Burgos, où il séjourna « l’espace de dix à douze jours ». De là, Philippe se rendit à Valladolid, puis à Médina, et enfin à Ségovie pour rencontrer les souverains espagnols, ses beaux-parents.

    L’itinéraire

    31L’itinéraire qu’indiquent les chroniqueurs est très détaillé. Si Jean d’Auton ne mentionne que les séjours de Blois et de Paris (à des dates d’ailleurs erronées), Molinet cite les principales étapes d’après Lalaing qui les indique toutes, jour après jour. Ces données sont recoupées par les relations anonymes : celle de Vienne pour l’ensemble du voyage, celle de Paris pour l’itinéraire de Cambrai à Blois.

    32Aux Pays-Bas d’abord : départ de Bruxelles, étapes à Soignies, Mons, Ville, Boussu, Valenciennes et Cambrai. Au royaume de France ensuite, la troupe traverse l’Artois, la Picardie et l’Île-de-France : abbaye du Mont-Saint-Martin, Saint-Quentin, Ham, Noyon, Compiègne, Senlis, Louvres, Saint-Denis et enfin Paris. Au sud de Paris, le cortège continue par Montlhéry, Étampes, coupe par la Beauce en faisant étape à Angerville, Artenay et Orléans. Dès 1916, Marc Bloch a montré comment la route ouest par Angerville, Toury, Artenay et l’arrivée à Orléans par la porte Bernier (plus tard porte Bannier) s’est substituée, pour des raisons de sécurité et aussi de politique de l’abbaye de Saint-Denis, à l’ancien itinéraire qui passait plus à l’est21.

    33À partir d’Orléans, l’archiduc suit l’itinéraire traditionnel vers l’Espagne qui se confond avec la route la plus occidentale déjà mentionnée dans le fameux Guide du pèlerin de Saint-Jacques au XIIe siècle : d’abord en suivant la rive sud de la Loire, via Cléry, Saint-Laurent-des-Eaux, Saint-Dyé, Blois, Chaumont, Amboise et Tours. Ensuite à partir de Tours, la troupe oblique au sud vers Poitiers, qu’elle atteint via Sainte-Maure-de-Touraine, Port-de-Piles et Châtellerault. Puis Philippe le Beau poursuit sa route par Ménigoute, Melle, Aulnay, Beauvais-sous-Matha, Cognac, Barbezieux, Montlieu, Guîtres, Castillon, Cadillac, Langon, Captieux, Roquefort, Mont-de-Marsan, Tartas, Dax, Bayonne et entre en Espagne à Fontarrabie.

    Les entrées solennelles

    34Les récits nous renseignent également sur le déroulement des entrées solennelles du prince dans chaque ville. Celles-ci sont l’occasion de mettre en scène les édiles, la noblesse et le clergé. Dans les villes hennuyères, Jeanne de Castille fait sa première entrée en tant que comtesse de Hainaut : à Mons, écrit Molinet, « maditte dame fit son entrée, et fut honorablement recheue par les seigneurs de la ville » ; il en alla de même à Valenciennes, « où icelle fut grandement festoiiée22 ».

    35Dans le royaume, le récit Dupuy-Godefroy détaille les négociations auxquelles le rituel de l’entrée donna lieu. Pour être accepté par les deux parties, le protocole des cérémonies ponctuant la traversée du royaume devait respecter la suzeraineté du roi de France sur le descendant des ducs de Bourgogne, sans trop la marquer toutefois afin de ne pas porter préjudice à l’indépendance de fait du souverain des Pays-Bas. Aussi, à la satisfaction apparente des deux princes – mais à l’insatisfaction manifeste de l’une des deux épouses (le ton pincé des chroniqueurs espagnols contraste avec les dithyrambes des historiographes français et bourguignons) – il fut mis sur pied un subtil compromis entre le traitement réservé à un monarque étranger et celui proposé à un vassal et l’on fit plusieurs fois appel au cérémonial réservé aux ducs de Bourgogne, premiers pairs de France, plutôt qu’à celui, moins prestigieux, accordé aux comtes de Flandres23.

    36Selon la relation Dupuy-Godefroy, le roi avait écrit « aux villes par où ilz passeroient, qu’ils recueillissent ledit archiduc et archiduchesse et leur fissent honneur comme à sa personne ». On conserve au moins une de ces lettres, adressée par Louis XII à la ville de Poitiers, dans laquelle le roi demande aux échevins de faire au couple archiducal « tout le service, bon recueul, honneur et traictement que possible vous sera et comme ferez a nous24 ». Toutefois, les édiles hésitèrent à lui accorder tous les privilèges du souverain. Ainsi, selon le récit Dupuy-Godefroy, on se garda de lui donner le titre de « Très redouté seigneur » dans les zones frontalières, et il fut décidé « qu’on le nommeroit “Très haut, Très puissant, Très noble prince et seigneur” et que on ne luy debvoit dire “Très redoubté”, et que ce mot devoit demeurer au roy, veu encore que c’estoient les villes de frontière et prochaines voisines de ses païs ». Une telle prudence n’était plus de mise au cœur du royaume, et à Paris le président criminel du Parlement n’hésita pas à donner à l’archiduc du « Mon très redoupté seigneur, hault et tres puissant25 ».

    37Il en alla de même pour les cérémonies d’entrée. Le roi écrivit aux magistrats municipaux de Poitiers que « a leur arrivee en nostre dite ville, vous allez au devant d’eulx, faictes tendre les ruhes, ordonnez leurs logeis26 » ; après discussion, il « fut conclud qu’on tendroit les rues, qu’on feroit des feux, qu’on sonneroit les cloches, et que ceux de l’église iroient à processions au devant de luy27 », autres privilèges régaliens. On fit aussi tirer les canons des places fortes ; à Amboise par exemple « on tira du chasteau, en signe de joye, plusieurs gros engiens28 », tandis qu’à Ham on fit tirer « bons engiens de grosses serpentines et autres bâtons du chasteau29 ». Si Philippe eut également le droit de délivrer les prisonniers, en revanche, la plupart des villes ne lui accordèrent pas le privilège de chevaucher sous un dais, ni de recevoir les clés des portes ; quant à la foule, elle ne devait pas l’acclamer.

    38Au fil des étapes, l’insistance est mise sur les échevins et corps municipaux qui accueillent Philippe le Beau : à Senlis « ceulx de la ville luy firent très grande révérence ». À Saint-Quentin, la prééminence est donnée au clergé : « les ordres des mendians, cordeliers et jacobins, et messieurs de l’esglise vindrent au devant », la noblesse d’Artois attendant à l’intérieur de la ville. À Noyon, ils sont accueillis par « le peuple et les collèges », mention qui réunit les bourgeois et le clergé.

    39Évidemment, les corps constitués présents sont plus nombreux à Paris. Le récit de l’entrée dans la capitale, particulièrement développé dans le manuscrit Dupuy, a fait l’objet d’une relation imprimée30. L’archiduc fut accueilli avant La Chapelle par les comtes de Ligny et de Nevers accompagnés du grand prieur de France et de nombreux gentilshommes de la maison du roi. Les archers du comte de Nevers étaient vêtus d’un hoqueton d’argent orné d’un cygne, emblème de la maison de Clèves. Ils furent rejoints par le gouverneur de Paris, les archers et arbalétriers de la ville, les sergents de ville, le prévôt des marchands, les échevins, officiers, bourgeois, gens du guet et magistrats du Châtelet. Philippe le Beau était escorté de ses quarante archers à la livrée au briquet de Bourgogne et à la croix de Saint-André d’or. Son cortège comprenait le grand écuyer, douze pages, ses trompettes, les gentilshommes de sa suite, les hérauts du roi. L’archiduchesse chevauchant une haquenée, était accompagnée de cinq dames d’honneur, et suivie de son train de cinq chariots « pleins de dames et de demoiselles » conduits par des pages.

    40À l’entrée de la ville, une délégation des quatre ordres mendiants vint en procession accueillir le prince. Remontant la rue Saint-Denis, les archiducs traversèrent la Seine au Pont au Change et se rendirent enfin à Notre-Dame où fut chanté un Te Deum. L’évêque, le chapitre et le clergé leur dirent « plusieurs bons mots » mais d’autres discours furent reportés à cause du retard. Philippe fut ensuite conduit à son logis, qui était chez le gouverneur de Paris, près des Mathurins31. À cause de l’affluence et de la multiplication des stations, souligne la relation de Vienne, « fut l’entree fort longue car monseigneur commencha a entrer en la ville a trois heures et il fut prez de six heures premiers que monseigneur fut en son logis32 ».

    41Les différents corps constitués se retrouvent encore décrits à Poitiers qui conserve quelques prérogatives du temps où Charles VII en avait fait sa quasi-capitale : « le séneschal de Poictiers et les nobles hommes du pais, ordonnez de par le roy, le recoeillièrent, ensemble ceux de la ville et messieurs de l’université ». Toutefois, en dehors de Paris, c’est à Blois que l’ordre protocolaire est le plus précisément décrit ; mais il ne s’agit plus là des bourgeois et du clergé local, totalement absents, mais des princes, grands seigneurs et hauts prélats de la cour, comme on le verra plus loin. Cette escorte ne constituait cependant pas une entrée : la relation Dupuy-Godefroy précise qu’à Blois « ne fut faite aucune entrée parce que le roi et la reine y etoient33 ».

    Les présents offerts aux archiducs

    42À plusieurs reprises, les chroniqueurs mentionnent les cadeaux que Philippe et son épouse reçoivent des édiles. À Mons, il s’agit de « deux pots d’argent doré, et une couppe pleine de flourins » ; à Valenciennes, d’« un bachin d’argent et un lavoir de meisme34 ». De tels dons d’orfèvrerie n’apparaissent plus ensuite ; il est vrai qu’il s’agit là de villes du Hainaut, sous la juridiction directe du prince, où il fait donc sa « joyeuse entrée » comme souverain.

    43Dans le royaume, nombre de présents sont faits en nature : à Guîtres, non loin de Bordeaux, que Philippe contourne par crainte d’une épidémie, « ceuls de Bourdeaus envoyèrent vers luy, et luy présentèrent, à la mode du pays, boefs, moutons, chapons, perdris, faisans, et vins largement, priant que son plaisir fuist passer par leur ville35 ».

    44À Senlis, les douze « gouverneurs » de la ville reçoivent solennellement l’archiduc et son épouse. On frise pourtant l’incident diplomatique car si les échevins vantent la pairie du prince, leur offrande n’est pas tout à fait à la hauteur : « L’on cuidoit qu’ils deussent présenter dix ou douze chariots de vin du moins, à cause de la perrie ; mais il n’en y eut seulement que douze cannes36 ; monseigneur neantmoins les remercia grandement, et lors pluseurs des assistens commencèrent à rire, à cause de la harengue, qui fut si grande et si solennelle pour si petite offre37. » On constate à l’occasion le sens diplomatique du prince, qui ne rit pas, lui, d’une offrande jugée modeste (entre 1 000 et 1 400 litres de vin tout de même !), mais l’accepte de bonne grâce.

    La décoration des villes

    45Autre trait des cérémonies d’entrées : les ornements dont les villes se parent et les manifestations de joie qui y sont organisées. Il s’agit le plus souvent de tapisseries accrochées dans les rues, de feux de joie et, aux étapes les plus importantes, de « mystères » joués sur des échafauds en l’honneur des princes. À Cambrai, le 12 novembre, il n’y avait « tant seulement ung eschaffault de personnages » alors qu’il en avait « eschaffaulx de personnaiges a grant plainté » la veille à Valenciennes38 ; on en retrouve autant à Saint-Quentin où on mentionne non seulement des « eschaffaulx de personnaiges a grant planté », mais aussi des « dragons voulant en or et de pluiseurs autres choses que de lesse d’en escripre39 ». À Saint-Quentin, écrit Molinet, « les rues de la ville furent tendues à sa venue. L’on fit feus de joye ; par les carfours furent faites hystoires de la légende de leur patron40 », c’est-à-dire du martyr de saint Quentin ; à Compiègne, « les feux de joye furent faicts et les rues tapissées ».

    46À Saint-Denis, « sur le portal de ladicte eglise fu un eschaffaut, où estoit la remonstrance comment au sacre du roy de France le duc de Bourgogne est le premier per et doyen d’iceulx41 ». Ce choix ne nous paraît d’ailleurs pas très habile : si le comté de Flandre est une pairie et une possession incontestable de l’archiduc, il n’en va pas de même du duché de Bourgogne, que le prince revendique dans son héritage, comme fils de Marie de Bourgogne et petit-fils du Téméraire, alors que le roi de France l’a annexé au royaume. Cela dit, ni Lalaing ni Molinet ne semblent avoir perçu la contradiction. On remarquera d’ailleurs l’importance symbolique de la pairie, déjà présente dans la harangue de Senlis, puis mise en scène sur l’échafaud monté à Saint-Denis. C’est la pairie encore qui vaut à Philippe le Beau de présider une séance du parlement de Paris en siégeant « là où le roy sied quand il lui plaist estre », s’il faut en croire Molinet. Plus raisonnablement, l’anonyme viennois relève que l’archiduc occupa le premier siège après celui du roi, « monseigneur qui s’asise en parlement comme le premier per de France aprez le siege du Roy42 » ; le texte Dupuy-Godefroy indique également que Philippe prit place « comme pair de France au costé dextre du président auprès de la place du roy ».

    47Les seuls échafauds dont les dispositions nous sont un tant soit peu connues sont ceux de Paris, décrits par la relation Dupuy et le livret imprimé. À l’entrée de la ville se dressait un échafaud aux armes du roi, où figurait une représentation du cheval Pégase, monté par le héros Pâris, conduit par Minerve et l’allégorie de la Justice, qu’un acteur présenta à l’archiduc avec un compliment. Plus loin, une fontaine jaillissait d’un lys à cinq fleurons. À la porte aux Paintres, des ménétriers vêtus de blanc et rouge figuraient le roi David et sa cour. Au Châtelet, nouvel échafaud : la « fontaine de science » était surmontée d’une femme tenant un livre et personnifiant la connaissance ; une autre figurait la ville de Paris, accompagnée d’un berger gardant un enclos ; une bergère symbolisant la paix était, elle aussi, accompagnée de bergers chanteurs dénommés Droit-Chemin, Bon-Vouloir et Cœur-Loyal. Onze autres personnages incarnaient les sciences dominées par la théologie. Comme souvent, la plupart des spectateurs n’y comprirent pas grand chose : Lalaing n’en dit rien et la relation de Vienne constate seulement qu’il y avait beaucoup « de beaulx eschaffaulx par les rues a tout personnages et figures du vielz testament43 ».

    Dévotion et tourisme

    48Au fil des étapes, une géographie sacrée et un calendrier saint rythment le voyage, selon que les dévotions des princes s’adressent aux patrons locaux ou aux saints de l’Église universelle. À Saint-Quentin, le couple archiducal est invité à baiser le chef du martyr ; à Noyon, Philippe écoute la messe dans la cathédrale Notre-Dame et accomplit ses dévotions aux reliques du patron des orfèvres saint Éloi dans l’église paroissiale Saint-Étienne ; à Compiègne, Philippe et Jeanne vénèrent le Saint Suaire de l’abbaye Saint-Corneille44. Saint-Denis est une étape particulièrement importante : les religieux accueillirent le cortège « hors de la porte de la ville », puis le menèrent à l’église où le prince entendit la messe, « laquelle fut chantée par ses chantres ». Philippe se fit ensuite montrer « les dignitez, relicquaires, sanctuaires et sépultures des roys de France », notamment « la raffle de la face du ladre », c’est-à-dire la croûte du visage du lépreux témoin de la dédicace miraculeuse de l’église par le Christ45. À cette énumération, l’anonyme de Vienne ajoute l’un des clous de la Crucifixion, les corps des saints Rustique et Éleuthère, l’oriflamme et la croix de saint Éloi46.

    49À Paris, le prince reçut « une procession des escholliers devant son hostel », alla entendre « la messe à la Saincte Chapelle » et visita le lendemain Notre-Dame. À Étampes, il fêta la Saint-André en compagnie de son épouse, tandis qu’en quittant Orléans, « il visita l’esglise de Notre-Dame de Cléry », collégiale fondée par Louis XI à la suite du vœu de Dieppe ; là, « il oy la messe et révérenda les reliquaires ; et luy fut faicte ostention de la sépulture du roy Loys de France [Louis XI], du sarcus où gist le cœur du roy Charles, son fils [Charles VIII], et des statues d’iceulx ». À Tours, Philippe et Jeanne ne manquèrent pas de vénérer la châsse de saint Martin. On note, dans cette géographie sacrée de la France, la prééminence accordée aux sanctuaires royaux : Saint-Denis, la Sainte-Chapelle, Cléry et Saint-Martin de Tours.

    50De passage à Tours, l’archiduc « ouy la messe aux Bons-Homes, près du Plaichy », c’est-à-dire au couvent des Minimes du Plessis, « et parla à un religieux de là-dedens, moult renommé pour sa saincteté », en qui il faut reconnaître saint François de Paule appelé près de vingt ans plus tôt par Louis XI47.

    51À Blois, le « jour de la Conception Nostre-Dame », soit le 8 décembre, lendemain de leur arrivée, Molinet précise que « allèrent le roy et monseigneur oyr messe à la grande eglise auprès du chasteau48 », c’est-à-dire à la collégiale Saint-Sauveur, sise dans l’avant-cour du château. Le jour de la proclamation de la paix, le mardi 14 décembre, les princes assistèrent à une messe basse à Saint-Calais, dans la chapelle du logis royal, puis à une grand messe à Saint-Sauveur en présence de nombreux prélats, terminée par un Te Deum chanté par les chantres des deux chapelles.

    52Dans plusieurs cas, la dévotion cède le pas à une préoccupation que l’on n’hésitera pas à qualifier de touristique, où Paris occupe une place à part. Molinet précise qu’à Paris, si « Madame l’archiducesse passa la rivière de Saine », c’est bien « pour voir le Palais » ; et ce même samedi 27 novembre, le chroniqueur rapporte que l’archiduc, déjà venu au palais de la Cité la veille, lors de la séance du parlement, a quant à lui « visité l’eglise de Nostre-Dame, la ville, le chasteau du Louvre, la bastille Saint-Anthoine », sites qui apparaissent ainsi comme les must de la visite de la capitale49.

    53L’anonyme viennois retient d’autres détails de ces visites : il connaît la grosse tour du Louvre et sait que c’est là que fut enfermé « le barbier du roy » – Olivier Le Daim – avant d’être exécuté, « et y met on les grans maistres quant il offensent ». Il a observé que la Bastille a « dehors huyt ou neuf grosses tours » et que c’est « le lieu où fut emprisonne le connestable de France monseigneur de Saint Pol50 ». Un mois plus tard, les 20 et 21 décembre, lors de son séjour à Tours, Philippe profita du samedi pour jouer à la paume au Plessis, mais nous dit Molinet, « le dimence visita la ville51 ».

    54Dans l’intervalle, Lalaing témoigne même d’un intérêt inacoutumé pour l’architecture : à Notre-Dame de Cléry, il précise que les pirnces, outre les reliques et les tombeaux, ont pu admirer une « montée à vilz scituée en celle chappelle [qui] est la plus subtile et exquise œvre de pierre du royaume de France, car on voitd du piedt d’elle au loing du vis d’elle mesme tout oultre52 ». Cet escalier remarquable subsiste toujours : il conduit de la chapelle de Villequier à la « Librairie » située à l’étage. Les marches s’enroulent autour d’un noyau hélicoïdal analogue à la « vis torte » de la cathédrale de Saintes qui laisse passer le regard.

    55Et si les visiteurs sont muets sur l’architecture du château de Blois, la relation de Vienne vante les rampes des tours, les jardins et le panorama qu’offre le château d’Amboise : « Et touchant du chasteau, c’est ung des beaulx commenchement de beau lieu que l’on sauroit souhectier, il y a tours que chevaulx et chariotz charient depuis au piet des tours [jusques] en hault. Tout au plus hault est le plus beau jardin que je veiz oncques et plus beau regard que de veoir bien a plain a X lieues loings, et belles grosses rivieres. C’est ung paradis en ce monde, bon eir et belles eauvves53. » Lalaing se montre plus nuancé et souligne l’inachèvement dans lequel la mort prématurée de Charles VIII a laissé le logis : « Amboise est une des plus belles maisons du royaume, mais imparfaicte par la mort du roy Charles, qui en cuidoit faire chose bien grande54. »

    56À Cognac, Lalaing cite encore « la ville, le parcq et le chasteau qui sont très beaus » ; à Saint-Émilion, « ville ornée de deux églises », il décrit l’église troglodyte, « l’inferiore taillée en rocque55 ». Chez l’anonyme viennois, cet intérêt pour l’architecture s’accompagne d’une attention nouvelle pour le paysage. Il remarque qu’au château de Cognac, « il y avoit les plus beaulx jardins que a merveilles et grans », et qu’au milieu du jardin a été construite « une très belle maison de plaisance que regarde partout le parcq qui est moult plaisan56 ». Mais l’attention qu’il porte à la nature n’est pas celle d’un esthète : le parc, très giboyeux, abritait, nous dit-il, trois à quatre cents sangliers « et beaucop de cerfz, bisses et chevreux ».

    Ébattemens et déduicts

    57La chasse est le loisir favori des princes57 et Philippe le Beau ne déroge pas à l’usage. Dès son entrée dans le royaume, le roi « pour luy donner divers passe-temps, luy envoya de sa faulconnerye, vol pour haulte vollerie, pour les champs et pour rivière, sacres, gerfaulx et faulcons, avec chiens, leurres, gantz et sonnettes, lesquelles choses lui furent au veoir désireuses, au présenter acceptables, à l’essay plaisantes, et à l’explecter propices58 ». La relation de Vienne confirme que, dès leur rencontre à Saint-Quentin, « monseigneur de Ligny » se montra envers l’archiduc fort prodigue « d’oiseaulx et de chiens pour faire passer le temps a monseigneur sur les chemins ou pluisers gibies ont este faiz59 ». Une semaine plus tard, le 22 novembre, c’est en chassant que Philippe pénètre dans la forêt de Compiègne.

    58Une pratique régulière de la chasse eût par trop retardé les voyageurs ; il fallait donc se contenter de plaisirs plus modestes et la relation de Vienne fait mention d’un autre spectacle. Le lundi 22 novembre, les princes dînant à midi à Verberie, entre Compiègne et Senlis60, « virent tomber d’une haulte montaigne pluiseors enffans qui s’apellent les tumereaux de Verbery ou illec l’on tarda et leur fist donner monseigneur pour le vin II plis d’or. Lesquelz enffans ne furent jamais si aise61 ». Les tomberiaux plus tards nommés les sautriaux de Verberie sont cités par Charles Estienne dans La guide des chemins de France de 1553. Pour susciter les aumônes des voyageurs, les enfants de ce village se laissaient rouler du haut d’une colline imposante qui dominait la route en se mettant en boule, seuls ou par deux. Aux XVIe et XVIIe siècles, les dons aux sautriaux de Verberie étaient inscrits sur l’état des menus plaisirs du roi62.

    59Les autres loisirs sont plus communs : à l’étape, l’archiduc va volontiers jouer à la paume ; aux halles de Paris, le 26 novembre selon la relation Dupuy-Godefroy ; au Plessis-lès-Tours puis à Barbezieux contre le sire de La Rochefoucault ; il y joue encore avec le roi de Navarre à Dax le 24 janvier à Dax63. Le même soir on dansa comme à maintes étapes durant le voyage. Déjà à Ham, « furent dancées trois ou quatre dances d’Allemaigne, et dansa ledit archiduc » ; puis à Compiègne, le 19 novembre « dança ledit seigneur et ladite dame [de Vendôme] environ une heure, et aveq eux deux monsieur de Chievres », de même fit-on le surlendemain. Le 25 à Paris, « les dames dancèrent quelque peu, puis chacun se retira » ; le 27 encore, Lalaing note que chez le président Thibaut, « furent faictes danses et morisques64 ». On dansa encore à Orléans le 4 décembre « après soupper » et le lendemain, « sur la fin de la dance, monsieur de Nevers mena danser ladite archiduchesse », puis « dansèrent tous gentishomes qui volurent danser65 ».

    La presse des logis

    60La suite des princes était fort nombreuse : la relation de Paris les dit « accompagnez de douze cens chevaux » et évalue leur train à « cent chariots de bagage » ; au-delà de Blois, le texte Dupuy-Godefroy dénombre dans l’escorte royale « cinq à six cens chevaux des nobles ».

    61Au fil du voyage, plusieurs annotations de nos récits montrent la difficulté à loger un si abondant cortège et soulignent « la presse du logis ». Si, à Ham « fut monseigneur et madame et tous les nobles tous logiez au chasteau66 », il n’en alla pas de même à toutes les étapes. L’anonyme viennois se montre indulgent à l’abbaye de Mont-Saint-Martin, « ou fut monseigneur receu assez bien selon l’estat du cloistre67 » : si la réception y paraît moins fastueuse, la vie monastique en est la cause. Et le récit Dupuy-Godefroy de renchérir : si tous n’y furent pas logés, c’est que « la presse du logis […] leur eust plustost tourné à peine que à honneur ». Souvent en effet, on se plaint de l’insuffisance de logis. À Louvres, il « en y eult de maulx logiez68 ». Au sud de Paris, il faut scinder le cortège : le comte de Nevers et le prince d’Orange restent en arrière et « venoient toujours une journée derrière pour la presse des logis ».

    62La traversée de la Beauce, faite sous la pluie en pays d’habitat dispersé, s’avère particulièrement difficile. À Arthenay, « ne se trouva la compagnye ensemble pour les mauvais logis »… Le cortège fut donc partagé en « plusieurs bandes » : parmi les dames, la comtesse de Vendôme allait à part ; dans la suite de l’archiduc, « monsieur de Bezançon, monsieur de Chievres aveq ceux du conseil, alloyent une journée devant » ; le bâtard Philippe de Bourgogne allait « aveq une bande de gentilzhommes » ; enfin le comte palatin et Nassau avaient atour d’eux « une autre bande », de sorte que « toute la Beausse estoyt environnée de gens ». Entre Orléans et Blois, si le couple archiducal prit le gîte à Saint-Laurent-des-Eaux, « ne fut aveq eux que monsieur de Ligny et madame de Vendosme », « tout le demeurant » suivit la rive nord de la Loire et dut faire étape à Beaugency « pour la presse des logis ».

    Les robes de l’archiduchesse

    63Tout au long du voyage, outre les étapes, les rituels, les loisirs et les aléas du logement, la relation Dupuy-Godefroy note la couleur des robes de l’archiduchesse, qui en changeait chaque jour : velours cramoisi pour les entrées à Saint-Quentin, Compiègne et Orléans, drap d’or pour celle de Paris, et pour le reste du voyage de plus sobres velours ou satins brochés violets ou noirs, le tout fourré de martres et plus rarement d’hermine (entrée à Paris) en raison de la saison hivernale. Les autres témoins sont moins portés sur le sujet. Ils nous apprennent toutefois que le jour de l’entrevue blésoise, la reine était vêtue de drap d’or et le roi de velours noir69. Le lendemain, pour la messe solennelle, la reine portait encore du drap d’or « frisé », de même que six de ses dames, les demoiselles portant du velours « tanné » (brun-roux). Le dimanche 12, Anne de Bretagne était vêtue de satin blanc fourré de martres, tandis que ses femmes resplendissaient dans du velours cramoisi. Enfin, pour la confirmation de la paix, apothéose des cérémonies, la reine était encore toute d’or vêtue et couverte de perles et de pierreries, tandis que Jeanne, en drap d’or également, était « abillye a la [mode] de Castille quy estoit tant gauriere que c’estoit grant triumphe et le roy y prinst fort grant plaisir et tous ceulx qui la veirent, car elle estoit fort richement acoustree, aussi estoient ses damoiselles a leurs modes70 ». Quant aux gentilshommes de l’archiduc ils étaient « abilliés moult richement a la fachon d’Allemaigne71 ». Il n’y a pas lieu de s’étonner, comme certains l’on fait72, que la princesse de Castille et les gentilshommes de son époux aient revêtu leur costume national. C’était tout simplement normal, et même du dernier chic. Le 12 août précédent, à Lyon, la reine avait organisé une fête pour célébrer la conclusion du mariage de Charles et de Claude où les dames, vêtues à l’allemande, à la française, à l’espagnole et à l’italienne73, interprétèrent des danses en accord avec leurs costumes. De même à Blois, le bal qui clôtura les réjouissances introduisit des danses allemandes et espagnoles74.

    Notes de bas de page

    1 Cf. Quilliet 1986. Le Fur 2001. Voir aussi Frederic J. Baumgartner, Louis XII, New York, St. Martin’s Press, 1996 et Nicole Hochner, Louis XII, les dérèglements de l’image royale, Seyssel, Champ-Vallon, 2006.

    2 Nous empruntons beaucoup dans les pages qui suivent à Jean-Marie Cauchies 2003 et Wiesflecker 1971-1986. Voir aussi Jean-Marie Cauchies, « Des relations de bon voisinage : Philippe le Beau, Maximilien Ier et la France », dans Keizer Karel en Eeklo (Verslag colloquium Eeklo, 24 sept. 2005), Eeklo, 2006, p. 22-27.

    3 Sur cette princesse : Georges-Henri Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, Fayard, 1990. Anne Besson, Marie de Bourgogne, Paris, Nouv. éd. latines, 1994. Marie de Bourgogne, de Bruges à Beaune, cat. exp., Paris, Somogy, 2000. Eichberger 2005.

    4 Cauchies 2003, p. 4-7.

    5 Cauchies 2003, p. 17-19.

    6 Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII, le vouloir et la destinée, Paris, Fayard, 1986, p. 210. Didier Le Fur, Charles VIII, Paris, Perrin, 2006, p. 275-276. Cauchies 2003, p. 92.

    7 Cauchies 2003, p. 30-32, 84.

    8 Cauchies 2003, p. 41-54.

    9 Wiesflecker 1971-1986, II, p. 132-133. Cauchies 2003, p. 93-94.

    10 Procès verbal de l’hommaige faict par Philippes, archiduc d’Autriche, à Louys XII, roy de France pour les comtez de Flandres, Artois et Charrolois, le 5 juillet 1499, publ. dans Godefroy 1615, p. 180-191. Cf. Cauchies 2003, p. 96-97. Pour la réaction de Maximilien, voir Quilliet 1986, p. 242.

    11 Cauchies 2003, p. 124-128.

    12 Cauchies 2003, p. 131-132. Id., « Dans les allées et les coulisses du pouvoir : Philibert de Veyré, diplomate au service de Philippe le Beau (m. 1512) », dans Jacques Paviot (éd.), Liber amicorum Raphaël de Smedt. 3 : Historia, Louvain, Peeters, 2001, p. 133-152 (Miscellanea Neerlandica, vol. 25), ici p. 141-142.

    13 Lalaing, p. 125.

    14 Wiesflecker 1971-1985, t. III, p. 259. Cauchies 2003, p. 134.

    15 Voir aussi les analyses du voyage par Cauchies 2003, p. 135 et suiv. ainsi que Le Fur 2001, p. 128-129.

    16 Toutefois l’ambassadeur de Mantoue en dénombre « seulement » deux cents à Blois dans sa lettre du 14 décembre 1501.

    17 Molinet 1935, p. 499. L’archiduc fut reçu presque comme s’il était le roi : fêtes, rues pavoisées, spectacles et tableaux vivants, liesse, bals harangues des autorités municipales, ecclésiastiques et universitaires à Paris, Orléans et Poitiers.

    18 Molinet 1935, p. 500.

    19 Molinet 1935, p. 506.

    20 Le 26 janvier, l’étape à Saint-Jean-de-Luz marque « la fin de France ». Les archiducs poursuivent ensuite avec la traversée du Río Bidasoa pour atteindre Fuenterrabía, « le commenchement de Vasque et d’Espaigne ». Les Grands d’Espagne l’accueillent à chaque étape ou l’accompagnent comme les seigneurs français l’avaient fait dans le royaume : « Gutierre de Cárdenas, grand commandeur de l’ordre de Saint-Jacques, et Francisco de Zúñiga, comte de Miranda, à Fuenterrabía ; Bernardino de Velasco, connétable de Castille, Francisco de la Cueva, duc d’Albuquerque, à Burgos ; Fradrique Enríquez, amiral de Castille, Pedro Manrique, duc de Nájera et Luis Osorio, marquis d’Astorga, à Valladolid. » (Cauchies 2003, p. 137).

    21 Cf. Marc Bloch, L’Île-de-France et les pays autour de Paris, Paris, 1916, p. 75, repris dans les annexes des Caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, 1959.

    22 Molinet 1935, p. 498-499.

    23 Comme l’a justement noté Robert W. Scheller, « Ensigns of authority : French royal symbolism in the age of Louis XII », Simiolus. Netherlands quaterly for the history of art, vol. XIII, 1983, no 3, p. 75-141 (ici p. 132-134).

    24 Cf. infra, P. J. no 5, p. 150.

    25 Relation de Vienne, p. 560.

    26 Lettre de Louis XII à la ville de Poitiers, infra, P. J. no 5, p. 150.

    27 Relation Dupuy-Godefroy, p. 714.

    28 Lalaing, p. 142.

    29 Relation de Vienne, p. 558.

    30 L’entrée faicte a Paris…

    31 Analyse par R. de Maulde dans son édition de Jean d’Auton, t. II, p. 206-208, n.

    32 Relation de Vienne, p. 561.

    33 Quand le roi veut accorder une entrée à son visiteur, il va à sa rencontre à l’extérieur de la ville, ce que se garde sciemment de faire ici Louis XII.

    34 Lalaing, p. 129. Molinet 1935, p. 499.

    35 Lalaing, p. 145. L’anonyme viennois précise les quantités.

    36 Canne ou queue de vin, sorte de grande futaille qui était de capacité variable, contient en général 280 pintes, soit environ 100 à 120 litres.

    37 Lalaing, p. 131.

    38 Relation de Vienne, p. 555.

    39 Relation de Vienne, p. 556.

    40 Molinet 1935, p. 499.

    41 Lalaing, p. 131. Molinet 1935, p. 500.

    42 Relation de Vienne, p. 561.

    43 Ibid.

    44 Lalaing, p. 130.

    45 Lalaing, p. 131.

    46 Relation de Vienne, p. 559.

    47 Lalaing, p. 143.

    48 Molinet 1935, p. 503.

    49 Molinet 1935, p. 500.

    50 Relation de Vienne, p. 562.

    51 Molinet 1935, p. 505.

    52 Lalaing, p. 134.

    53 Relation de Vienne, p. 573.

    54 Lalaing, p. 142.

    55 Lalaing, p. 144, 145.

    56 Relation de Vienne, p. 580.

    57 Anthenaise, Chatenet 2007.

    58 Auton, p. 208.

    59 Relation de Vienne, p. 556

    60 Lalaing, p. 130.

    61 Relation de Vienne, p. 558-559.

    62 A. Le Roux de Lincy, Le livre des proverbes français, t. I, 2e éd., Paris, 1859, p. 402.

    63 Lalaing, p. 147.

    64 Lalaing, p. 133.

    65 Lalaing, p. 134.

    66 Relation de Vienne, p. 557.

    67 Relation de Vienne, p. 555-556.

    68 Relation de Vienne, p. 559.

    69 Relation de Vienne, p. 568.

    70 Relation de Vienne, p. 570. Voir aussi Lalaing, p. 141 ; Molinet 1935, p. 503 et Anchemant, infra, P. J. no 2, p. 136.

    71 Lalaing, p. 141.

    72 Certains biographes de Jeanne de Castille (notamment Miller 1966, p. 164, et Aram 2005, p. 60) ont vu bien abusivement dans le port du costume espagnol un acte de résistance de l’archiduchesse au rôle de vassale qu’on voulait lui faire jouer.

    73 Molinet 1935, p. 486-487. Cette mode est attestée par d’innombrables récits de fêtes sous les règnes de Louis XII, François Ier et Henri II. Voir par exemple les Mémoires de Vieilleville, cités par Chatenet 2002, p. 132.

    74 Lalaing, p. 141.

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    1 Cf. Quilliet 1986. Le Fur 2001. Voir aussi Frederic J. Baumgartner, Louis XII, New York, St. Martin’s Press, 1996 et Nicole Hochner, Louis XII, les dérèglements de l’image royale, Seyssel, Champ-Vallon, 2006.

    2 Nous empruntons beaucoup dans les pages qui suivent à Jean-Marie Cauchies 2003 et Wiesflecker 1971-1986. Voir aussi Jean-Marie Cauchies, « Des relations de bon voisinage : Philippe le Beau, Maximilien Ier et la France », dans Keizer Karel en Eeklo (Verslag colloquium Eeklo, 24 sept. 2005), Eeklo, 2006, p. 22-27.

    3 Sur cette princesse : Georges-Henri Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, Fayard, 1990. Anne Besson, Marie de Bourgogne, Paris, Nouv. éd. latines, 1994. Marie de Bourgogne, de Bruges à Beaune, cat. exp., Paris, Somogy, 2000. Eichberger 2005.

    4 Cauchies 2003, p. 4-7.

    5 Cauchies 2003, p. 17-19.

    6 Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII, le vouloir et la destinée, Paris, Fayard, 1986, p. 210. Didier Le Fur, Charles VIII, Paris, Perrin, 2006, p. 275-276. Cauchies 2003, p. 92.

    7 Cauchies 2003, p. 30-32, 84.

    8 Cauchies 2003, p. 41-54.

    9 Wiesflecker 1971-1986, II, p. 132-133. Cauchies 2003, p. 93-94.

    10 Procès verbal de l’hommaige faict par Philippes, archiduc d’Autriche, à Louys XII, roy de France pour les comtez de Flandres, Artois et Charrolois, le 5 juillet 1499, publ. dans Godefroy 1615, p. 180-191. Cf. Cauchies 2003, p. 96-97. Pour la réaction de Maximilien, voir Quilliet 1986, p. 242.

    11 Cauchies 2003, p. 124-128.

    12 Cauchies 2003, p. 131-132. Id., « Dans les allées et les coulisses du pouvoir : Philibert de Veyré, diplomate au service de Philippe le Beau (m. 1512) », dans Jacques Paviot (éd.), Liber amicorum Raphaël de Smedt. 3 : Historia, Louvain, Peeters, 2001, p. 133-152 (Miscellanea Neerlandica, vol. 25), ici p. 141-142.

    13 Lalaing, p. 125.

    14 Wiesflecker 1971-1985, t. III, p. 259. Cauchies 2003, p. 134.

    15 Voir aussi les analyses du voyage par Cauchies 2003, p. 135 et suiv. ainsi que Le Fur 2001, p. 128-129.

    16 Toutefois l’ambassadeur de Mantoue en dénombre « seulement » deux cents à Blois dans sa lettre du 14 décembre 1501.

    17 Molinet 1935, p. 499. L’archiduc fut reçu presque comme s’il était le roi : fêtes, rues pavoisées, spectacles et tableaux vivants, liesse, bals harangues des autorités municipales, ecclésiastiques et universitaires à Paris, Orléans et Poitiers.

    18 Molinet 1935, p. 500.

    19 Molinet 1935, p. 506.

    20 Le 26 janvier, l’étape à Saint-Jean-de-Luz marque « la fin de France ». Les archiducs poursuivent ensuite avec la traversée du Río Bidasoa pour atteindre Fuenterrabía, « le commenchement de Vasque et d’Espaigne ». Les Grands d’Espagne l’accueillent à chaque étape ou l’accompagnent comme les seigneurs français l’avaient fait dans le royaume : « Gutierre de Cárdenas, grand commandeur de l’ordre de Saint-Jacques, et Francisco de Zúñiga, comte de Miranda, à Fuenterrabía ; Bernardino de Velasco, connétable de Castille, Francisco de la Cueva, duc d’Albuquerque, à Burgos ; Fradrique Enríquez, amiral de Castille, Pedro Manrique, duc de Nájera et Luis Osorio, marquis d’Astorga, à Valladolid. » (Cauchies 2003, p. 137).

    21 Cf. Marc Bloch, L’Île-de-France et les pays autour de Paris, Paris, 1916, p. 75, repris dans les annexes des Caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, 1959.

    22 Molinet 1935, p. 498-499.

    23 Comme l’a justement noté Robert W. Scheller, « Ensigns of authority : French royal symbolism in the age of Louis XII », Simiolus. Netherlands quaterly for the history of art, vol. XIII, 1983, no 3, p. 75-141 (ici p. 132-134).

    24 Cf. infra, P. J. no 5, p. 150.

    25 Relation de Vienne, p. 560.

    26 Lettre de Louis XII à la ville de Poitiers, infra, P. J. no 5, p. 150.

    27 Relation Dupuy-Godefroy, p. 714.

    28 Lalaing, p. 142.

    29 Relation de Vienne, p. 558.

    30 L’entrée faicte a Paris…

    31 Analyse par R. de Maulde dans son édition de Jean d’Auton, t. II, p. 206-208, n.

    32 Relation de Vienne, p. 561.

    33 Quand le roi veut accorder une entrée à son visiteur, il va à sa rencontre à l’extérieur de la ville, ce que se garde sciemment de faire ici Louis XII.

    34 Lalaing, p. 129. Molinet 1935, p. 499.

    35 Lalaing, p. 145. L’anonyme viennois précise les quantités.

    36 Canne ou queue de vin, sorte de grande futaille qui était de capacité variable, contient en général 280 pintes, soit environ 100 à 120 litres.

    37 Lalaing, p. 131.

    38 Relation de Vienne, p. 555.

    39 Relation de Vienne, p. 556.

    40 Molinet 1935, p. 499.

    41 Lalaing, p. 131. Molinet 1935, p. 500.

    42 Relation de Vienne, p. 561.

    43 Ibid.

    44 Lalaing, p. 130.

    45 Lalaing, p. 131.

    46 Relation de Vienne, p. 559.

    47 Lalaing, p. 143.

    48 Molinet 1935, p. 503.

    49 Molinet 1935, p. 500.

    50 Relation de Vienne, p. 562.

    51 Molinet 1935, p. 505.

    52 Lalaing, p. 134.

    53 Relation de Vienne, p. 573.

    54 Lalaing, p. 142.

    55 Lalaing, p. 144, 145.

    56 Relation de Vienne, p. 580.

    57 Anthenaise, Chatenet 2007.

    58 Auton, p. 208.

    59 Relation de Vienne, p. 556

    60 Lalaing, p. 130.

    61 Relation de Vienne, p. 558-559.

    62 A. Le Roux de Lincy, Le livre des proverbes français, t. I, 2e éd., Paris, 1859, p. 402.

    63 Lalaing, p. 147.

    64 Lalaing, p. 133.

    65 Lalaing, p. 134.

    66 Relation de Vienne, p. 557.

    67 Relation de Vienne, p. 555-556.

    68 Relation de Vienne, p. 559.

    69 Relation de Vienne, p. 568.

    70 Relation de Vienne, p. 570. Voir aussi Lalaing, p. 141 ; Molinet 1935, p. 503 et Anchemant, infra, P. J. no 2, p. 136.

    71 Lalaing, p. 141.

    72 Certains biographes de Jeanne de Castille (notamment Miller 1966, p. 164, et Aram 2005, p. 60) ont vu bien abusivement dans le port du costume espagnol un acte de résistance de l’archiduchesse au rôle de vassale qu’on voulait lui faire jouer.

    73 Molinet 1935, p. 486-487. Cette mode est attestée par d’innombrables récits de fêtes sous les règnes de Louis XII, François Ier et Henri II. Voir par exemple les Mémoires de Vieilleville, cités par Chatenet 2002, p. 132.

    74 Lalaing, p. 141.

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