1 Les dates de fondation des abbayes cistercienne masculines et les modalités de l’apparition de l’ordre dans le royaume de Castille ont longtemps animé les débats entre spécialistes, notamment au sein de la Famille cistercienne, du fait des enjeux de mémoire. Le premier monastère cistercien de Castille fut celui de Sacramenia, dont le processus de fondation ou plus vraisemblablement d’affiliation commença en 1141. Cocheril M., « L’implantation des abbayes cisterciennes dans la péninsule Ibérique », loc. cit. ; Álvarez Palenzuela V. Á., Monasterios cistercienses en Castilla (siglos XII-XIII), op. cit. ; La introducción del Císter en España y Portugal, op. cit.
2 Pour une mise au point érudite sur les informations disponibles pour tous les monastères féminins situés dans les limites de l’actuelle communauté autonome de Castille-Léon, voir Casas Castells M. E., Arquitectura de los monasterios cistercienses femeninos, op. cit.
3 PJ 1 et AHN, Clergé, c. 1023, 16 et 17.
4 PJ 2, et AHN, Clergé, c. 1023, 18.
5 Berman C. H., The cistercian evolution, op. cit.
6 Waddell C., « The myth of cistercian origins », loc. cit. ; Grélois A., « Homme et femme il les créa », op. cit.
7 Baury G., « Émules puis sujettes de l’ordre cistercien », loc. cit.
8 Yáñez Neira D., « El monasterio cisterciense de Perales, cuna de la Recolección », Publicaciones de la Institución Tello Téllez de Meneses, 59, 1988, p. 387-414, ici p. 394.
9 González J., Alfonso VIII, op. cit., vol. 2, p. 355-357, no 215. Dans ce texte coexistait toutefois la perception de « l’ordre cistercien » comme un ensemble de pratiques avec celle de « l’ordre de Cîteaux » comme institution, puisqu’il précisait un peu plus loin : et sit totaliter ordini Cistercii incorporatum. Toutefois, l’acte ne créant qu’un lien juridique factice, comme il apparaîtra par la suite, il ne faut pas exagérer l’importance de cette représentation de l’ordre cistercien dans la Castille des années 1170.
10 Casas Castells M. E., Arquitectura de los monasterios cistercienses femeninos, op. cit., p. 501.
11 Las Huelgas I, p. 21, no 11.
12 Ostrowitzki A., Die Ausbreitung der Zisterzienserinnen, op. cit., p. 98.
13 PJ 1 et PJ 2 et AHN, Clergé, c. 1023, 16-18.
14 Voir carte 4 en annexe.
15 García Turza F. J., Documentación medieval de San Prudencio, op. cit., p. 59-60, no 49.
16 L’appartenance du moine de Herrera, Martin, à la communauté de Cañas, se fonde sur une interprétation de la liste de témoins (SMC, l. 3, 110). De même, l’idenfication du confesseur de Cañas en 1262, Martin de Estella (AHN, Clergé, ch. 1024, 12), avec le personnage homonyme évoqué en 1271 avec le titre d’« ancien abbé de San Prudencio de Monte Laturce » (Herce, p. 144-146, no 43), n’est pas tout à fait certaine. Les premières preuves indubitables de la présence à Cañas de l’abbé de Herrera apparurent seulement dans les années 1270.
17 Las Huelgas I, p. 92-94, no 52.
18 González J., Alfonso VIII, op. cit., vol. 2, p. 355-357, no 215. Les abbés de Cîteaux ne se rendirent toutefois jamais à Tolède et n’eurent probablement pas connaissance de cet acte avant les années 1260.
19 […] ut regula beati Benedicti inviolabiliter teneatur, et decretis cisterciensis capituli obediatur in perpetuum[…] Hoc monasterium subicitur semper et spectet monasterio Beate Mariae de Buxeto, quod maritus meus, comes Gundisalvus de Maranon et ego fundavimus, et haereditatibus, et rebus nostris pro posse nostro complevimus. Huic ergo monasterio monasterium de Acia veteri obediat, et per manum abbatis Buxeti ordinetur. D’après Casas Castells M. E., Arquitectura de los monasterios cistercienses femeninos, op. cit., p. 108-109.
20 Grélois A. (L’ordre cistercien et ses religieuses, op. cit., p. 421) mentionne seulement un cas avéré dans le nord de la France, celui de Montreuil-en-Thiérache qui « peupla » Fonsommes dans les années 1140. Il évoque également une autre occurrence dans l’espace germanique, celui de Wechterswinkel près de Mayence, qui aurait envoyé dix-huit premières moniales fonder Ichtershausen en 1157. Ostrowitzki A. (Die Ausbreitung der Zisterzienserinnen, op. cit., p. 77-96), rapporte un grand nombre de liens de filiation entre abbayes féminines de la province de Cologne, et tient pour acquis le départ de groupes de moniales lors des fondations. Les sources contemporaines ne prouvent cependant pas indiscutablement l’existence de ces déplacements si ce n’est, peut-être, dans le cas de la communauté de Hoven qui aurait envoyé des moniales à Walberberg, près de Cologne, en 1197, selon un sermon de Césaire de Heisterbach.
21 Las Huelgas I, p. 46-51, no 24-25; p. 53-54, no 28; p. 83-85, no 47-48.
22 Las Huelgas I, p. 48-51, no 25.
23 Le fait que, dans la première moitié du XVIIe siècle, Manrique ait retrouvé l’acte de fondation de Perales à Tulebras est parfois avancé comme une preuve de la sujétion de Perales à Tulebras. Le texte met cependant en évidence l’absence de l’abbesse de Tulebras lors de cet événement. Manrique n’a par ailleurs pas précisé la tradition et la nature du document qu’il a manié : il pourrait très bien s’agir d’une copie arrivée tardivement à Tulebras et non d’un double chirographe (Manrique Á., Cisterciensium annalium, op. cit., vol. 3, p. 343-344).
24 Baury G., « Une bibliothèque de moniales cisterciennes », loc. cit.
25 AHN, Codex, 91 (B).
26 Las Huelgas I, p. 83-84, no 47. L’hypothèse d’une pression exercée sur l’abbesse de Tulebras pour obtenir son accord a souvent été avancée sur la base de cet acte signé en 1199 par Urraca López en présence de l’abbé de Cîteaux Guy II de Paray, en route pour Burgos. Le texte précise pourtant qu’elle ne faisait que confirmer une autorisation déjà donnée par celle qui l’avait précédée.
27 Grélois A., L’ordre cistercien et ses religieuses, op. cit., p. 422-423 ; Grélois A., « Abbé-père et abbesse-mère : Noirlac, L’Éclache et leur fondation de Bussière (vers 1188-1237) », Cîteaux – Commentarii cistercienses, 62, 1-4, 2011, p. 141-186.
28 Ostrowitzki A., Die Ausbreitung der Zisterzienserinnen, op. cit., p. 72.
29 Selon cet acte, le monastère de Tulebras aurait été fondé par une donation adressée par le roi de Navarre aux cisterciennes de Lum-Dieu (Fabas), du diocèse de Comminges, et placé explicitement dans sa filiation. Le texte reproduit par Aizcorbe M. L. et Colombas G. M. (Monasterio de Tulebras, Pampelune, Gobierno de Navarra, 1987) aurait toutefois été transcrit par Laurent Dailliez dans un mystérieux fonds privé qu’il s’est refusé à identifier et serait une copie de 1495-1498. Or cet auteur a également transcrit dans ces mêmes archives une autre donation octroyée en 1145 par le même roi García Ramírez le Restaurateur aux cisterciens de Fitero dans le but de fonder l’abbaye de Veruela. À lui seul, ce texte bouleversait les connaissances sur les origines de cette institution aragonaise, mais il passe aujourd’hui pour une falsification (Rodríguez Lajusticia F. S., El dominio del monasterio cisterciense de Santa María de Veruela desde su fundación hasta 1400, Saragosse, Institución Fernando el Católico, 2010, p. 39-40). Le même doute rejaillit ainsi sur l’acte de fondation de Tulebras. La mention du « proviseur de Fabas, notre mère », parmi les témoins de l’acte de Tulebras rédigé en 1199 indique seulement la réalité de cette relation à cette date, sans que son contenu puisse être véritablement précisé.
30 Ostrowitzki A., Die Ausbreitung der Zisterzienserinnen, op. cit., p. 125-130.
31 Mahn J.-B., L’ordre cistercien et son gouvernement des origines au milieu du XIIIe siècle (1098-1265), Paris, de Boccard, 1951 (2e éd., réimpr. 1982), p. 119-155.
32 L’archevêque de Tolède intervint ici en tant que plus haute autorité de l’Église castillane et primat de l’Hispania et non en tant que métropolitain. L’évêque de Calahorra était en effet suffragant de l’archevêque de Tarragone.
33 PJ 1 et PJ 2, AHN, Clergé, c. 1023, 16, 17 et 20. Puisque les rois de Castille, Léon et Navarre, mentionnés conjointement dans la première colonne de témoins de ce document, n’avaient pas assisté effectivement à l’acte de 1169, la présence de l’évêque Rodrigo ou de l’archevêque Celebruno, dont les noms suivaient immédiatement, est peu probable. Ils se contentèrent probablement de consentir à l’opération. Le même raisonnement vaut pour le document de septembre 1174. En revanche, les termes employés laissent à penser que l’évêque de Calahorra assista effectivement à la donation que réalisa la comtesse Aldonza en 1171.
34 PJ 3, et CAÑ, Tumbo, p. 91, no 606. Il faut également évoquer un document pontifical de 1236 indiquant que l’abbaye pouvait être convoquée en justice du moment que cela ne lui imposait pas un déplacement d’une distance supérieure à deux journées de voyage. Elle pouvait donc répondre devant l’officialité de Calahorra, ce qui impliquait l’absence d’exemption pour Cañas à cette date. Le caractère succinct de ce résumé d’une ligne rédigé à l’époque moderne rend cependant son interprétation périlleuse (CAÑ, Tumbo, p. 91, no 607).
35 Après l’acte d’Alphonse VIII (González J., Alfonso VIII, op. cit., vol. 2, p. 355-357, no 215), auquel consentit explicitement l’archevêque Celebruno, celui-ci fit rédiger un texte reconnaissant qu’il n’exercerait plus son droit de visite et n’interviendrait plus dans l’élection de l’abbesse, si l’on en juge par les mentions subsistantes dans les inventaires de 1605 et de 1779 (Torroja Menéndez C., Catálogo del archivo del monasterio de San Clemente de Toledo (1141-1900), Madrid, Instituto Provincial de Investigaciones y Estudios Toledanos, 1973, p. 11).
36 Las Huelgas I, p. 38-41, no 21 (02/01/1188) et p. 41-45, no 22 (12/05/1188).
37 Mahn J.-B., L’ordre cistercien et son gouvernement, op. cit., p. 102-118.
38 Las Huelgas I, p. 38-41, no 21 et p. 41-45, no 22.
39 AHN, Clergé, c. 1025, 14. La présentation de la charte de donation de 1169 s’avéra suffisante pour confirmer l’exemption de cette villa en vertu du règlement portant sur les novales. Pour se prémunir contre ce genre de procès, les moniales de Cañas firent copier, sans doute en 1337, une bulle de Boniface VIII qui rappelait le statut des temporels cisterciens vis-à-vis de la dîme, probablement celle de 1302 qui s’adressait aussi bien aux abbés qu’aux abbesses (CAÑ, Tumbo, p. 90, no 602).
40 Cariboni G., « Esenzione cistercense e formazione del Privilegium commune. Osservazioni a partire dai cenobi dell’Italia settentrionale », D’Acunto N., Papato e monachesimo esente nei secoli centrali del Medioevo, Florence, Florence University Press, 2003, p. 65-107.
41 Torroja Menéndez C., Catálogo del archivo de San Clemente, op. cit., p. 22, no 5; González J., Alfonso VIII, op. cit., p. 355-357, no 215.
42 Las Huelgas I, p. 38-41, no 21 et p. 41-45, no 22.
43 PJ 1 et PJ 2, AHN, Clergé, c. 1023, 16 et 18.
44 Yáñez Neira D., « El monasterio cisterciense de Perales », loc. cit., p. 394.
45 Casas Castells M. E., Arquitectura de los monasterios cistercienses femeninos, op. cit., p. 108-109.
46 Las Huelgas I, p. 21, no 11.
47 ASM, col. Minguella, 739 ; AHN, Clergé, c. 1023, 18 et 20.
48 González J., Alfonso VIII, op. cit., vol. 2, p. 355-357, no 215.
49 Las Huelgas I, p. 21, no 11.
50 Casas Castells M. E., Arquitectura de los monasterios cistercienses femeninos, op. cit., p. 108-109.
51 La bulle obtenue par Cañas en 1199 n’avait pas pour objectif principal d’enregistrer la fondation du monastère, mais de lui permettre de se prévaloir de la protection pontificale dans des circonstances difficiles. La mention de sa qualité de monastère cisterciensis ordinis servait tout de même à confirmer son statut au passage (PJ 3).
52 Aucun de ces documents n’avait véritablement de valeur institutionnelle puisqu’il s’agissait à chaque fois de donations. La fondatrice, la comtesse Mencía, les utilisa cependant pour faire confirmer par la royauté l’obédience cistercienne, systématiquement mentionnée (AHN, Seaux royaux, a. 1, c. 1, 4 ; Clergé, c. 1730, 2, 3 et 12).
53 AHN, Clergé, c. 237, 16.
54 Linehan P., The Spanish Church and the Papacy, op. cit.
55 Torroja Menéndez C., Catálogo del archivo de San Clemente, op. cit., p. 11 et p. 22, no 5.
56 Las Huelgas I, p. 19-25, 38-41, et 41-45, nos 12, 21 et 22. La bulle de mai 1188 précise que Clément III répondait « aux justes demandes [de l’abbesse et des moniales de Las Huelgas] ».
57 Statuta, vol. 3, p. 67, no 62. Le texte fait référence de manière fautive à l’abbesse de « Cams ». Comme l’avait déjà indiqué son éditeur, étant donné le contexte d’une querelle avec l’abbesse de San Andrés de Arroyo, il ne pouvait s’agit que de Cañas.
58 Son abbesse porta plainte contre un abbé cistercien voisin (ibid., p. 100, no 49).
59 Baury G., « Émules puis sujettes de l’ordre cistercien », loc. cit., p. 37.
60 Statuta, vol. 3, p. 16, no 44 et p. 21, no 25.
61 Las Huelgas I, p. 25-26, no 13; p. 30-32, no 16; p. 35-36, no 19.
62 Statutes, p. 224, no 26.
63 Statuta, vol. 2, p. 89, no 25. Il s’agissait également d’une procédure judiciaire initiée par l’abbesse contre un abbé cistercien de son royaume.