1Plusieurs acquis se dégagent de cet ouvrage collectif sur ce mouvement socialiste transitoire et atypique dans le paysage politique des gauches françaises qu’est le PSU. Articulées autour du milieu partisan, de la dimension politique novatrice et du renouvellement intellectuel initié par le PSU, les différentes analyses ont visé à cerner les configurations locales, les dynamiques et mutations à l’œuvre au sein du système partisan, à travers la question de l’implication régionale du PSU. La mise à jour d’archives inexploitées, de nouvelles grilles de périodisation, de terrains politiques méconnus, appelle à prolonger les démarches résolument comparatives et multiscalaires, d’autant plus que les recherches sur le PSU participent aussi à décrypter les recompositions du champ politique de 1958 à 19811.

2Le regard décentré sur la physionomie du PSU dans les régions révèle la complexité des nébuleuses PSU. La radiographie des réseaux militants rend visible une pluralité de filières imbriquées : organisations syndicales antagonistes, milieu associatif localisé, tissu chrétien progressiste éclaté. Le milieu partisan2 du PSU est l’addition paradoxale de forces militantes issues de matrices extrêmement diverses, qui gravitent autour du PSU, s’entrecroisent dans le PSU et se transforment au contact du PSU. Le caractère pluriel du PSU est démultiplié par l’hétérogénéité des différents PSU régionaux, qui évoluent dans le temps.

3Les travaux convergent aussi autour de la dimension expérimentale propre au PSU, « laboratoire d’idées » dont les thèmes de mobilisation ont rencontré davantage d’écho dans la société française que n’en témoignent ses résultats électoraux relativement faibles. Ce regard sur l’impulsion de pratiques militantes innovantes mérite d’être creusé.

La diversité des configurations PSU

4La territorialisation des réseaux PSU révèle une typologie de l’implantation partisane, dont la validité s’exprime surtout pour la période la plus étudiée (1960-1975), avec trois catégories de fédérations : bastions électoraux, structures hétéroclites à dominante socialiste, microréseaux actifs marqués par les filières chrétiennes, isolés dans des déserts militants.

5La confirmation de l’existence de bastions PSU, articulés autour de filières d’élus locaux, est limpide dans le cas de l’Ouest breton (Christian Bougeard, François Prigent), terrain d’enquête désormais très fouillé. Les figures parlementaires de Tanguy Prigent, Antoine Mazier, Yves Le Foll et Roger Prat sont à rapprocher à l’échelle locale de la prégnance d’une composante électorale du PSU autour d’un véritable réseau d’élus locaux socialisants (conseillers généraux, maires, conseillers municipaux), qui se prolonge après les Assises du socialisme dans le Parti socialiste (PS). Le même phénomène est repéré dans les Ardennes (Didier Bigorgne et Gilles Deroches), où le PSU de Guy Desson et Andrée Viénot agrège les milieux socialistes dissidents, dans la continuité des ancrages hérités de la SFIO, élargis par la captation d’un tissu radical laïque et de matrices chrétiennes minoritaires sous la forme de groupes militants éparpillés. L’implantation du PSU dans la région de Grenoble, produisant l’expérience des Groupes d’action municipale (GAM) proches de l’idéologie PSU, mériterait une synthèse fouillée. La césure de 1967 met en exergue la relance de la gauche non communiste, adossée aux réseaux PSU à bases multiples, qui aboutit à l’émergence dynamique du PS après 1973. Acteur des mutations des années 68, le PSU se trouve au cœur des composantes socialistes minoritaires, venues de l’extérieur des gauches historiques, SFIO et PCF, comme le montre la focalisation sur les rouages de l’encadrement partisan et les notables du PSU.

6La force du versant socialiste du PSU, exerçant le rapprochement avec les filières de l’Union de la gauche socialiste (UGS), est attestée dans plusieurs secteurs, notamment dans la Drôme (Gilles Vergnon), l’Hérault (Olivier Dedieu et Fabien Nicolas), la Creuse ou les Basses-Alpes (Fabien Conord), voire la Gironde (Pierre Simon). Correspondants locaux du Maitron, les auteurs ont complété les approches classiques de l’enracinement du PSU par une étude de parcours représentatifs : cette galerie de portraits mêle des figures syndicales nationales comme Pierre Antonini, des futurs élus de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) ou du PS comme Pierre Brana ou Fernand Tardy, des cadres de second plan comme André Didier ou André Audureau. Les réseaux de la petite gauche non communiste doivent être interprétés sous l’angle de leur insertion dans le système partisan et des importantes transformations qui affectent ces microréseaux. Le questionnement sur le PSU dans les régions renforce les lectures nationales des concurrences et antagonismes entre les différents réseaux PSU à l’échelle du pays. L’analyse de cette catégorie de fédérations PSU souffre du manque de monographies locales (régions de Lyon, Toulouse, voire de Marseille), gênante dans une perspective comparative.

7Certaines zones de force relative au niveau de l’implantation du PSU ne se transposent pas au niveau des cercles d’élus, même si les analyses par régression des trajectoires de futurs élus PS (François Prigent, Pierre Simon) dans la génération ultérieure rappelle la dimension vivier/réservoir du PSU, école de formation et d’acquisition du capital militant. Il serait intéressant de généraliser les approches monographiques dans les espaces qui n’ont pas été couverts par le colloque (Lille et le Nord de la France, la Franche-Comté et l’Est de la France, la région Centre), d’autant qu’il existe des travaux récents non publiés et des sources inexploitées dans ce domaine3.

8L’intérêt porté aux microréseaux, dont l’ancrage est spécifique, dans des configurations de déserts militants comme la Vendée (Loïc Le Bars) ou la Bourgogne (Thierry Hohl et Jean-François Poujeade) dévoile des fédérations contrastées dans leurs compositions et évolutions, appréhendées à partir de notices biographiques, véritable plongée au cœur des réseaux. Les filières militantes chrétiennes très implantées en milieu ouvrier, Mouvement de libération du peuple (MLP), Confédération syndicale des familles (CSF), Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) se révèlent prédominantes et bouleversent les équilibres traditionnels de la gauche issue des réseaux laïques, comme dans la Loire, le fief d’Huguette Bouchardeau (Jean-Michel Steiner).

9Les travaux du colloque ont démontré les profondes mutations qui s’opèrent au sein même du PSU selon une scansion chronologique très marquée. Le premier âge du PSU (1960-1967), de loin le plus étudié, est celui d’une rencontre des marges sorties du moule de la SFIO et de groupes militants en recherche d’une structure socialiste alternative et unitaire. Les réactions face à la guerre d’Algérie constituent un événement catalyseur, marqueur générationnel de la formation des réseaux fondateurs du PSU, nourris tout autant par des chrétiens de gauche (UGS) que des dissidents socialistes du Parti socialiste autonome (PSA). La recherche d’un espace politique neuf s’accompagne du désir de reconfigurer les références idéologiques à gauche. À l’image du cas breton, objet central du colloque avec une dizaine de communications orales, la préhistoire de la formation du PSU prend des voies différentes selon le niveau de structuration du PSA et la vigueur des réseaux chrétiens de gauche, à gauche du MRP, qui se retrouvent au sein du PSU au début des années 1960 (Jean Guiffan, Gilles Morin). Cette première période est rythmée par le dynamisme initial de militants, relais syndicaux et têtes de réseaux associatifs, qui ne se reconnaissent pas dans une SFIO usée ni dans le PCF. Si les scissions et départs par vagues successives (1963, 1967 et 1972) ne permettent pas au PSU de percer dans les confrontations électorales, l’embellie militante des années 68 est vite interrompue par l’intégration d’une majorité des adhérents PSU au PS lors des Assises du socialisme en 19744. École de formation politique et matrice des réseaux d’élus locaux du PS, la fraction PSU se scinde en deux, avec une composante chrétienne et rocardienne majoritaire, aux côtés d’une fraction plus ancrée à gauche, rejoignant le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste (CERES).

10Le reflux de la première génération du parti à compter de 1965 assure la transformation du PSU incarnée par des pratiques militantes radicales (1967-1972). Une redynamisation s’amorce durant ces années, à mettre en parallèle avec le bouillonnement idéologique des années 1968, ébullition d’expériences politiques, en phase avec la diffusion de mobilisations tiers-mondiste et pacifiste. Deux tendances opposées (gauchiste/réformiste) coexistent donc dans le même parti. À partir de 1972, le PSU se refonde sur des bases ouvertement autogestionnaires, mais apparaît irrémédiablement fragilisé par l’hémorragie militante vers le PS en 1974, qui le marginalise à partir de 1981. Cette périodisation accentue le caractère pluriel des PSU dans les régions, formes partisanes à géométrie variable qui réunissent des filières séparées, aboutissant au développement de subcultures territorialisées.

11La place du PSU dans le système partisan est centrale dans l’appréhension de l’originalité de cette aventure partisane. Les contours flous de son milieu partisan, touchés du doigt par les décalages dans les données en fonction des indicateurs choisis (effectifs, scores, élus, sympathisants) invitent à démultiplier la démarche comparative. C’est le cas lors des chocs qui recomposent le PSU durant la période : guerre d’Algérie, pouvoir gaulliste, mouvements sociaux des années 68, émergence du PS. Les continuités et les spécificités du PSU sont à relier à sa position de refuge ou sa capacité à s’engouffrer dans un espace politique inédit et inoccupé par les grands partis de gauche. Dans cette perspective, les rapports entretenus avec les autres forces partisanes, MRP, SFIO, PCF, PS… sont des paramètres clés pour appréhender l’évolution du PSU localement. Les marges et les scissions, émanation du socle militant commun, à savoir « contester au PSU », font partie intégrante des cultures politiques et des positions/stratégies portées par le PSU. Généralisant la forme ouverte d’adhésion auprès des sympathisants, au-delà du cas spécifique des réseaux paysans (Jean-Philippe Martin et Yannick Drouet), les aires PSU hétéroclites en proie à de multiples forces centripètes et tendances, sont en perpétuelle restructuration. On touche à la réalité des visages kaléidoscopiques d’un PSU : l’activisme protéiforme des militants PSU ne doit pas masquer les homologies de position, ni l’hétérogénéité des réseaux.

12Globalement marginale et géographiquement inégale, l’implantation du PSU ne doit pas être sous-estimée, à en juger par la diffusion d’idées forgées et débattues en son sein, expliquant le réel « îlot de sympathie » du PSU, pour reprendre la formule de Claude Pennetier lors des débats du colloque.

Les réseaux du PSU

13Débat récurrent dans l’historiographie du socialisme, le « modèle génétique partisan5 », pose la question des matrices militantes qui contribuent à fonder les formes premières du PSU, conditionnant les profils différenciés des fédérations. Examinant les composantes, terreaux et processus d’entrée/d’adhésion au parti, il est possible de faire apparaître une pluralité de configurations aux identités distinctes, en fonction du contexte de la scission avec la SFIO, du poids respectif des réseaux issus du christianisme social (MLP, Jeune République), du radicalisme mendésiste (Centre d’action démocratique), du socialisme démocratique (PSA) ou de la gauche alternative intellectualisante (Nouvelle Gauche, UGS). Au-delà des trajectoires emblématiques des leaders départementaux, la stratification des générations militantes, dont les cercles d’influence se recoupent parfois, est fonction de la structuration initiale et originale du PSU.

14La prosopographie des militants permet de repérer des caractéristiques homogènes (forte proportion de femmes, existence de vagues d’adhésion, profil social marqué des cadres partisans), dont les interactions sont soudées par le partage de cultures politiques marquées par la forte influence des chrétiens de gauche. Sur la base des données de première main récoltées, le PSU, vu d’en bas, pourrait être l’objet d’une étude sérielle, quant à la sociologie de ses militants.

15Les ensembles militants qui irriguent le parti, nouant des liens avec d’autres réseaux impliqués dans le mouvement social des années 1960, incitent à questionner la multi-appartenance et le multi-positionnement des militants. L’approche par les réseaux polarisés, qui mobilisent un surplus de capital militant, recentre l’histoire du PSU sur les analyses connexes rapportées au paysage syndical, aux mouvances chrétiennes (histoire encore à écrire d’une intégration à gauche par le biais de différents microréseaux, comme l’UGS-NG, le MLP, la JOC ou la CSF). La démarche prosopographique permet de brosser un portrait collectif des militants selon les clivages fondamentaux : âge, sexe, profession, territoire, réseaux électifs, fonctions partisanes. Les filières syndicales, affinant la vision du PSU à l’échelle locale, révèlent des liens multiformes avec la mouvance socialiste (CGT, FO, CFDT), les composantes complexes du monde enseignant (relation novatrice à la laïcité au sein du Syndicat national des instituteurs) ou le modèle de réseau ouvert dans les milieux paysans autour de Bernard Lambert. Crucial dans les transferts politiques au profit des gauches à partir des années 1970, le rôle des chrétiens de gauche montre un investissement de réseaux en position de pivots, qui pourraient en soi faire l’objet d’études précises (Action catholique ouvrière, JEC, JAC, JOC, Vie Nouvelle, Scoutisme, CSF…). L’analyse intègre une dimension régressive mesurant la part de ces réseaux dans le socialisme version PS depuis 1968 (regards départementaux sur les voies de l’intégration au PS et typologie de l’engagement PSU dans les parcours d’élus PS).

16Militer au PSU était envisagé comme un moyen de faire de la politique par le bas, en écho aux enjeux de la question sociale, trait marquant des militants chrétiens notamment. La naissance du PSU a entraîné une redéfinition du christianisme de gauche et un repositionnement vis-à-vis du syndicalisme, en lien avec l’évolution de la CFDT. Ce souci de l’autre, ce militantisme moral, cette importance de la justice sociale se sont traduits par un polyengagement marquant. En résonance avec les mouvements sociaux à l’œuvre dans la France de la décennie 1970, l’intérêt de militer au PSU consistait à construire et trouver une nouvelle offre politique, en phase avec une société en mouvement. Au vu des trajectoires militantes de basculement progressif de nombreux militants vers le PS par vagues (1967, 1972, 1974 et années 1980), il ressort que le PSU a constitué un tremplin dans la carrière politique d’une partie des élites socialistes. Autre originalité de ce parti apparu dans un moment d’affaiblissement du PCF, de la SFIO et du MRP (fin des années 1950-début des années 1960), le rôle de passerelle vers le PS, les Verts et l’extrême gauche (années 1970-1980), en raison de la forte volatilité du milieu militant et des épisodes de scissions, traits saillants du PSU.

17Différentes perspectives peuvent encore être explorées avec profit, dont les interactions entre le PSU et les mouvements sociaux, esquissées pour la Bretagne par Vincent Porhel. La majorité des articles s’est concentrée sur les deux premiers PSU, en négligeant dans l’ensemble la vie partisane interne après 1968, voire les queues de comète du PSU. Si les tensions entre unitaristes et modernistes ou entre militants de la laïcité et catholiques de gauche sont bien mises en évidence pour les années 1960, les connaissances n’ont guère été étoffées sur l’impact de Mai 68, notamment sur les conflits internes menés par les gauchistes entre 1969 et 1972, même si des références discrètes sont faites aux tensions dues à la Gauche Révolutionnaire en Gironde, à Montpellier ou en Bretagne par exemple, ou encore aux trotskystes à Paris, sans oublier l’étude des relations entre les réseaux paysans et la Gauche ouvrière paysanne. De même, la clé générationnelle mérite sûrement d’être affinée, car l’histoire du PSU est tramée par des vagues d’entrées et de sorties groupées créant autant de « générations » PSU, marquées par une histoire, une culture, une vision du monde similaire, qui influence l’histoire des gauches depuis les années 1960.

Les héritages multiformes du PSU, laboratoire d’idées

18Le colloque a mis en évidence à quel point le PSU était un laboratoire d’idées et de pratiques qui ont infusé, par cercles concentriques, les gauches au-delà des frontières du parti. La multi-appartenance influence la façon d’agir au sein du parti, les apports théoriques de la réflexion sur l’autogestion s’accompagnant de pratiques spécifiques de la lutte revendicative. Le choix d’une approche localisée a souligné la réalité d’un travail idéologique effectué également à la base, lors d’événements ponctuels comme le colloque de Saint-Brieuc en novembre 1966, voire dans le cadre de clubs satellites comme le Centre d’études socialistes dans la Loire ou le Cercle d’études socialistes dans la Drôme. On peut ainsi distinguer des fédérations « succursalistes », qui répercutent les réflexions produites à l’échelle nationale et des fédérations « proactives », qui se lancent dans un travail idéologique autonome et ascendant.

19Marque de fabrique du PSU dans l’imaginaire collectif, l’autogestion a finalement été peu présente au cours des travaux du colloque, au même titre que certaines dimensions centrales du répertoire militant, comme l’écologie ou les formes organisationnelles du débat militant à l’horizontal. C’est assurément un ensemble de pistes de recherche à poursuivre. Le travail idéologique sur certains thèmes a été abordé au cours de ce colloque, de façon parfois très approfondie : l’émergence de la question des immigrés (Daniel Gordon et Séverine Lacalmontie), les combats inhérents au féminisme (Bibia Pavard), les luttes portées par le monde paysan (Jean-Philippe Martin et Yannick Drouet), les enjeux liés au régionalisme (Tudi Kernalegenn, Fabrice Marzin). Vu comme un parti fédérateur au cœur d’interrelations, le PSU est le lien qui médiatise les contacts militants au fil des conflits sociaux.

20Au niveau des pratiques politiques, un élément ressort de l’ensemble des communications : la multi-appartenance des militants du PSU, parti décidément plus à l’aise dans le flot des mouvements sociaux et le militantisme para-politique que dans les élections ou dans le recrutement d’adhérents. Pépinières militantes en permanente recomposition, les structures PSU influencent l’ensemble des familles politiques à gauche, « parti passoire » qui fait transiter les têtes de réseaux militants vers d’autres univers politiques. La formule lapidaire « la réussite, c’est le départ ! », proposée lors du colloque par Olivier Dedieu à propos des conversions militantes au PS des ex-PSU dans l’Hérault, renvoie à une réalité indiscutable du PSU, « parti-passerelle » qui transfère une large fraction de ses cadres vers le PS, les Verts et les partis d’extrême gauche. Si l’étude des modalités d’entrée au PSU révèlent un substrat chrétien à côté d’un substrat socialiste, avec des écarts générationnels dus aux moments différents d’adhésion, celle des processus de rupture avec le PSU dévoile ainsi une dualité partisane irréductible entre un courant qui se fond dans le PS et les autres milieux hétérogènes, plus attachés aux pratiques originales du PSU, dont les départs échelonnés, empruntant des chemins divers, débouchent sur des devenirs militants très variés.

21Le colloque a démontré la vigueur toujours actuelle de la mémoire du PSU, encore inscrite dans la persistance de ses anciens réseaux militants et références idéologiques du parti. Ainsi, l’héritage du PSU n’est pas dénué d’influence quant aux méthodes d’enquêtes utilisées6. Le PSU est à la confluence des gauches qui se recomposent jusque dans les années 1980. Face aux enjeux de la dernière séquence politique 2002-2008, cinquante ans après la fondation du PSU, la forme parti est remise en cause, notamment dans sa capacité à instaurer des pratiques nouvelles de pouvoir, à surmonter les coupures entre espaces sociaux et aires partisanes, à coordonner et stimuler de nouveaux réseaux militants. Ce colloque invite à généraliser les recherches sur les partis politiques, creusets de représentations sociales diversifiées et producteurs d’intelligence collective. Il souligne aussi l’efficacité d’une démarche associant historiens et politistes, qu’ils soient doctorants ou chercheurs confirmés. Surtout, ce projet a permis de défricher ce pan de l’histoire politique, en amorçant la recension des archives dispersées (travail de collecte de fonds d’archives privées et de réalisation d’entretiens oraux), tout en mettant au point une grille d’analyse sur ce parti qui a joué un rôle fort dans la refonte du champ politique depuis les débuts de la V^e République. Réminiscence de l’aventure PSU, l’utopie de la relance de la gauche sur des bases unitaires et novatrices s’avère toujours au cœur des débats actuels. Cet ouvrage collectif vise aussi à donner une certaine densité historique à un moment politique mythifié, qui a contribué à transformer le champ politique à gauche depuis les années 1960.