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Le PSU vu d’en bas

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Tudi Kernalegenn
, 
Francois Prigent
, 
Gilles Richard
, 
et al.

Troisième partie. Pratiques militantes et laboratoire d’idées : un parti territorialisé

Du contrôle des naissances à l’avortement libre et gratuit : histoire d’un combat pour et par les femmes au PSU (1961-1979)

Bibia Pavard

Texte intégral

  • 1 Ce texte s’appuie sur les archives du Mouvement français pour le planning familial, sur les archiv (...)

1Les questions de contraception et d’avortement, dans la société française des années 1960 et 1970, offrent un cas d’étude du PSU comme acteur d’un changement politique et culturel. Le contrôle des naissances est précocement abordé par le parti, qui soutient le Mouvement français pour le planning familial dès le début des années 1960, jusqu’au succès de la loi Neuwirth sur la contraception en 1967. Il est ensuite, dans les années 1970, un soutien de la lutte pour l’avortement libre et gratuit. Pourquoi et comment cet engagement du PSU s’est-il construit ? Pour tenter d’y répondre, il faut à la fois s’intéresser à la position officielle du parti à travers des textes, des programmes, des propositions de loi, des prises de parole publiques des dirigeants au niveau national et local mais aussi tenter d’appréhender l’investissement des militant(e)s dans ce combat1. Au cœur de ces questions se situent les femmes, en tant que militantes dans le parti mais aussi en tant qu’électrices potentielles, à un moment où les mutations sociales de la « condition féminine » intéressent tout particulièrement les partis de gauche qui cherchent à conquérir des voix. Ainsi, les questions de contraception et d’avortement permettent de mesurer l’action de promotion des femmes et de promotion auprès des femmes du PSU, dans un équilibre constant entre convictions et stratégies politiciennes. Le PSU se distingue des autres partis sur ces questions par son intégration précoce d’une perspective féministe. Il s’agit donc, en menant une approche par le bas, par les réseaux, par les trajectoires militantes, de mesurer la capacité du parti à être un « laboratoire » d’idées nouvelles. Cet article tend à démontrer que c’est la structure même du PSU, rassemblant des militant(e)s de mouvances diverses, les passerelles tissées avec des associations, des syndicats des groupes dans la volonté d’être en phase avec les luttes sociales, qui lui permet d’être le parti de gauche français qui intègre le plus profondément les revendications féministes des années 1960 et 1970.

Le PSU au cœur d’un combat progressiste : la libre contraception (1961-1967)

Contexte de l’engagement du PSU pour le contrôle des naissances

  • 2 Rochefort Florence, « Le rôle laïcisateur du planning familial, 1956-1968 », in Bard Christine et (...)
  • 3 Sawicki Frédéric, « Les socialistes », in Becker Jean-Jacques et Candar Gilles (dir.), Histoire de (...)

2En 1961, lors du 1er Congrès national, la motion majoritaire retient parmi les engagements du parti « une législation abrogeant les articles 648 et 649 du code de la Santé publique qui interdisent les procédés propres à prévenir la grossesse – et instituant des centres où les couples recevront des conseils, prendront conscience de leurs responsabilités et pourront, grâce à la maternité volontaire, assurer un meilleur équilibre de leur foyer ». Comment expliquer l’engagement précoce du PSU en faveur du planning familial, alors que les autres partis de gauche n’ont pas inscrit cette revendication dans leur programme ? L’impulsion vient du Mouvement français pour le planning familial, créé en 1956, sous le nom de Maternité Heureuse, qui préconise de résoudre le fléau de l’avortement en rendant possible l’accès à des moyens contraceptifs efficaces. Dans son argumentaire, une attention particulière est donnée aux inégalités devant la contraception et à la vulnérabilité des familles modestes, exposées en premier lieu aux dangers sanitaires de l’avortement clandestin. La force du planning familial est de s’appuyer à la fois sur les milieux laïques et religieux éclairés : il reçoit des soutiens tant de la Ligue des droits de l’homme ou l’École Émancipée, que d’associations confessionnelles comme l’association protestante Jeunes femmes. Le mouvement met en avant son apolitisme et son œcuménisme : il ne s’agit pas d’influencer les couples mais de leur donner les éléments pour trancher la question. Pourtant, s’il ne s’oppose pas de fait aux doctrines religieuses en matière de contraception, il propose des solutions alternatives aux méthodes contraceptives préconisées par l’Église catholique, notamment l’abstinence et la méthode des températures qu’il dénonce comme archaïques et inefficaces par rapport aux méthodes dites modernes de contraception (diaphragme notamment). En cela, le planning familial est un « acteur de la laïcisation des corps et de la sexualité » qui réunit une approche féministe et une approche laïque2. Sa base militante est proche de la mouvance socialiste française, qui, comme l’a montré Frédéric Sawicki, a la spécificité d’être un « milieu composite aux frontières floues et mouvantes, constituées de nombreux réseaux (associatifs, syndicaux, familiaux, politico-administratifs, intellectuels etc.) dont les membres partagent et véhiculent un certain nombre de valeurs communes : laïcité, humanisme, attachement aux droits de l’homme et aux principes de justice sociale, pacifisme, internationalisme, libéralisme culturel3 ». Cela peut, en partie, expliquer le soutien précoce qu’il reçoit du PSU. Il faut également souligner un effet sociologique. Les militant(e)s du PSU, plutôt issus de la classe moyenne supérieure et des milieux intellectuels, correspondent aux populations touchées par le message du planning familial. Geneviève Texier produit en 1968 une étude sur les consultants du planning familial, à Paris et à Lyon, qui démontre que 33 % de ceux qui déclarent avoir des sympathies politiques sont proches du PSU ou de la FGDS et parmi ces 33 % le PSU a lui seul compte plus du tiers des sympathisants de la gauche socialiste.

  • 4 Fonds Maurice Deixonne conservé à l’OURS, APO 74. Lettre du secrétaire général du parti, C. Cailli (...)
  • 5 Fonds Maurice Deixonne conservé à l’OURS, APO 74. Lettre de Christian Caillieret à Guy Mollet, 6 j (...)

3Un autre facteur est le contexte politique des années 1950 et notamment de la compétition entre la SFIO et le PCF, ainsi que l’émergence d’une deuxième gauche. Historiquement, ce sont les progressistes et les radicaux de gauche qui soutiennent d’abord le contrôle des naissances, alors que le PSU n’existe pas encore, puis la SFIO, en déposant des projets de loi à l’Assemblée nationale en 1956, abrogeant les articles sur la contraception de la loi de 1920. En revanche, le PCF crée la surprise en affirmant sa ferme opposition au contrôle des naissances, considéré comme bourgeois et proposant, à la place, un élargissement de l’avortement thérapeutique sur des critères sociaux. À partir de ce moment-là, s’engager pour le contrôle des naissances c’est donc aussi s’inscrire dans un combat de gauche non communiste. Une compétition semble s’établir entre le PSU et la SFIO en ce qui concerne le planning familial qui a pris de l’importance, et représente un moyen de toucher les électeurs et les militants potentiels au niveau national et local. Le nombre d’adhérent(e)s au MFPF est passé de 6 000 en 1961 à 45 000 en 1965 et 95 000 en 1967. En juin 1962, une enquête est faite auprès des maires socialistes pour connaître la tendance politique et l’attitude générale à l’égard de la SFIO du délégué départemental du planning familial4, ainsi que la dominante politique de la section départementale. Cela permet à Christian Caillier d’alerter Guy Mollet sur le fait que « par la radio, la Télé, les magasines féminins et autres, l’opinion semble bien accrochée » sur la question du contrôle des naissances et qu’« actuellement le PSU semble mieux représenté » dans le Mouvement français pour le planning familial5. Les militants socialistes sont ainsi incités à prendre des responsabilités dans le MFPF, tel Maurice Deixonne, qui en devient secrétaire général de 1962 à 1966.

Réseaux et multi-appartenance

  • 6 C’est le Grand Orient de France qui regroupe le plus grand nombre de radicaux et de socialistes vo (...)
  • 7 Simon Pierre, De la vie avant toute chose, Paris, Mazarine, 1979, p. 117-123.

4Malgré les affinités idéologiques et la stratégie politique, l’adhésion du PSU au contrôle des naissances ne va pas de soi. Les liens interpersonnels comptent beaucoup, dans la diffusion de cette question, à un moment où elle n’intéresse qu’un groupe restreint de personnes. L’engagement du PSU pour le contrôle des naissances découle ainsi de réseaux préexistants, notamment le réseau maçonnique, qui semble avoir joué un rôle important pour la diffusion de la cause dans le parti. L’exemple de Pierre Simon est éclairant. Gynécologue, militant de la première heure du planning familial, il explique qu’il a conçu son action politique comme complémentaire à son action maçonnique. Il prend sa carte au parti radical en 1953, en même temps qu’il est initié à la Grande Loge de France6, dans le but de participer au changement de la société française. Il quitte le parti la même année que Pierre Mendès France, en 1958, et adhère au Parti socialiste autonome puis au PSU lorsque celui-ci est créé en 1960. Il reste au PSU pendant deux ans, puis le quitte pour entrer finalement à la FGDS à sa création7. Il y aurait donc une stratégie politique de certains francs-maçons membres du planning. Inversement certains membres du parti, étant francs-maçons, sont amenés à s’intéresser au planning familial, notamment à travers la fraternelle du planning familial. Charles Hernu, un des membres fondateurs du PSU, auteur de la proposition de loi des radicaux de gauche de 1956 sur le contrôle des naissances et franc-maçon, semble représentatif de cela.

  • 8 Voir l’article de Jean-Michel Steiner : deux médecins militants au PSU, les docteurs Père et Firmi (...)
  • 9 « Les orientations et activités du MFPF », Document non daté retraçant l’historique de l’Associati (...)
  • 10 Association mémoire collective du Béarn, Sacrées bonnes femmes ! Les vingt premières années du pla (...)

5Une fois la cause du contrôle des naissances acquise dans le parti, ce dernier sert de relais à la diffusion de la cause hors du parti. Ainsi, un certain nombre de militants, tant à la base qu’au sommet, sont engagés à la fois au Mouvement français pour le planning familial et dans le PSU. En octobre 1961, le premier centre de planning familial est ouvert à Grenoble par un médecin gynécologue et militant PSU, Henri Fabre, dans le but de donner une information sur le contrôle des naissances et procurer des moyens contraceptifs aux adhérent(e)s de l’association en contournant la loi interdisant toute propagande sur les moyens anticonceptionnels. Quelques mois plus tard, un centre ouvre également à Paris et des permanences se développent rapidement partout en France. Le planning familial devient une organisation à portée nationale et c’est à ce moment précis qu’il a besoin de relais pour créer des associations départementales et ouvrir des permanences. Le PSU joue un rôle comme d’autres structures : les associations (par exemple l’association protestante Jeunes Femmes), les réseaux laïques (par exemple la Fédération des œuvres laïques) les réseaux maçonniques, ou les syndicats. Traditionnellement, les militants du PSU sont aussi en même temps membres d’autres organisations. Composé d’un nombre limité d’adhérents, une stratégie pour élargir son influence est de pousser ses adhérents à participer parallèlement à des syndicats ou à des associations comme le planning familial. Ainsi, certains militants de base du PSU, sont également membres du planning familial et membres de syndicats qui souvent sont également favorables au contrôle des naissances, comme la FEN ou plus tard la CFDT. Cela crée alors un maillage qui soutient l’acceptation d’un changement de la législation sur la contraception. Le rôle des médecins est central dans l’implantation locale du planning familial, c’est le cas notamment à Saint-Étienne8. D’autre part, des militantes PSU sont à l’origine de la création d’une Association départementale du planning, c’est le cas au Mans9 ou encore à Pau10 où des militantes décident de faire le stage d’hôtesse d’accueil à Paris pour créer une antenne locale et conseiller les couples.

La voix des femmes : vers une lecture féministe du contrôle des naissances

  • 11 Ysmal Colette, « Le vote des femmes depuis 1945 », Revue des deux mondes, avril 1995, p. 21-27.

6L’intérêt pour le planning familial traduit la place grandissante des débats sur la « condition féminine », dans l’opinion publique, tout particulièrement en 1965 au moment de la campagne pour les élections présidentielles. Si hommes et femmes s’engagent en faveur du contrôle des naissances, les femmes sont jugées être les principales intéressées en matière de contraception et d’avortement. À travers cette question, les partis politiques perçoivent l’opportunité de toucher les femmes qui votent traditionnellement à droite depuis 194611. On peut donc dire que si les partis politiques de gauche sont des vecteurs importants pour la promotion du contrôle des naissances, inversement le contrôle des naissances est un vecteur important de promotion des partis de gauche auprès de l’électorat féminin. Lors de la campagne de 1965, François Mitterrand, candidat unique de la gauche, annonce parmi les mesures destinées à la promotion des femmes, la modification de la loi sur la contraception. Les autres candidats, De Gaulle excepté, s’empressent de prendre position à leur tour.

  • 12 Franck D., « Pour un militantisme féminin », Tribune Socialiste no 263, 4 décembre 1965.
  • 13 Sur Colette Audry (1906-1990) voir Liatard Séverine, Colette Audry (1906-1990), Une femme intellec (...)
  • 14 Ibid., p. 134.
  • 15 Chaperon Sylvie, Les années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 1999, p. 307.

7À partir de cette date, une lecture féministe du contrôle des naissances s’impose et crée une fenêtre d’opportunité pour les militantes qui sont de plus en plus amenées à s’y intéresser, tandis que celles qui s’y intéressent déjà ont la possibilité de faire entendre leur voix dans le parti. Ainsi, les militantes du PSU soulignent un paradoxe : ce sont les hommes politiques qui s’expriment au nom des femmes. Ce constat amène certaines militantes à interroger leur place dans le parti. Denise Franck signe ainsi un plaidoyer « pour un militantisme féminin » dans Tribune socialiste en décembre 1965 qui illustre le passage de la question politique de la contraception à la question des femmes dans les partis politiques. Elle note que : « [t]ous les partis s’intéressent beaucoup actuellement aux votes des femmes. Ils se disent, du moins certains, pour le planning familial, pour l’égalité des salaires etc. Mais que font-ils à l’intérieur de leur propre parti (quel que soit le parti et surtout l’UNR) pour favoriser l’égalité des responsabilités entre leurs militants et leurs militantes. […] Non les femmes ne se sentent pas les coudées franches dans des partis politiques mixtes ; la preuve en est qu’elles se sentent obligées de créer des mouvements féminins tel le Mouvement démocratique féminin dont notre camarade Colette Audry fait partie12. » Colette Audry13, citée ici, illustre la tentative d’allier féminisme et socialisme à l’UGS puis au PSU, elle publie notamment des articles de sensibilisation au planning familial dans Perspectives socialistes puis Tribune socialiste où elle tente « d’instiller les idées féministes dans des partis de gauche dépourvus de toute réflexions et prises de positions sur ces questions14 ». Elle est également une figure centrale du Mouvement Démocratique Féminin, club spécifiquement féministe et sorte de « nouvelle gauche des femmes15 » créé en 1962, dans la mouvance de la convention des institutions républicaines de François Mitterrand. Elle entre au Parti socialiste en 1971 et siège au comité directeur.

  • 16 Nania Guy, op. cit., p. 109-120.

8L’intérêt grandissant des partis politiques pour la condition féminine met donc en lumière un décalage entre les revendications pour une revalorisation des femmes dans la société et l’absence de réflexion sur la place des femmes dans les instances partisanes. Ainsi, dans les années 1960, les hommes représentent plus de 80 % des effectifs et les femmes moins de 20 % même si les écarts peuvent varier selon les fédérations. Lorsque l’on s’intéresse à la hiérarchie du parti, les femmes sont encore plus minoritaires. Dans l’échantillon étudié par Guy Nania en 1962, elles représentent environ 4 % des cadres et encore moins des dirigeants, sans parler des élus16. Le mouvement féministe en train de renaître, au milieu des années 1960, déploie donc une stratégie d’action, dans et en dehors des partis, pour mieux agir sur eux.

1968-1975 : le PSU précurseur d’« une politique des femmes, par les femmes, pour les femmes17 »

Convergence entre la transformation du PSU et la transformation des questions de contraception et d’avortement

  • 18 Ysmal Colette, Les partis politiques sous la Ve République, Paris, Montchrestien, 1989, p. 70.
  • 19 Chiffres donnés par Aude Godillot, mai 1968 : la radicalisation du PSU, mémoire de DEA d’histoire (...)
  • 20 Ysmal Colette, op. cit., p. 70-71 d’après les chiffres de Charles Hauss.

9Entre 1967 et 1971, le PSU connaît une période de transformation et de développement. Au congrès de juin 1967, le choix est fait de ne pas s’associer à la FGDS, et Michel Rocard devient secrétaire national. Mais ce sont les événements de 1968 qui marquent un véritable tournant, car le PSU parvient à échapper à « la disgrâce, qui surtout dans les milieux universitaires, frappe les autres partis de gauche18 ». Il gonfle ses effectifs passant de 11 600 adhérents en 1967 à 15 500 adhérents fin 1968.19 Alors que des anciens du parti partent, la composition sociale du parti change : les femmes sont plus nombreuses (on passe d’une répartition 80/20 à une répartition 75/25 à partir de 1968) ainsi que les jeunes de 18 à 35 ans, les étudiants, les enseignants, les cadres moyens et les employés20. Enfin le PSU se radicalise et se positionne de manière plus marquée à l’extrême gauche.

  • 21 Tribune Socialiste, 8-11-1971.
  • 22 Déposition de Monsieur Michel Rocard au procès de la mère de Marie-Claire le 8 novembre 1972 in «  (...)

10Ces changements de recrutement social et de ligne politique sont concomitants d’une nouvelle lecture des questions de contraception et d’avortement à l’initiative du Mouvement de Libération des Femmes qui émerge sur la scène publique en 1970 et se veut non mixte, non hiérarchisé et autonome des partis politiques. Avec le manifeste des 343 femmes déclarant avoir avorté, publié dans Le Nouvel Observateur le 5 avril 1971, les militantes féministes prennent la parole en tant que femmes et deviennent le sujet agissant d’un débat dont elles étaient surtout l’objet jusque-là. Elles réclament le contrôle sur leur propre corps comme préalable à leur libération. À la suite du manifeste, la couverture de Tribune Socialiste affirme en grosses lettres rouges : « avorter est un droit. » L’éditorial affirme qu’« [o]n aurait tort de prendre le problème à la légère. La lutte des femmes de couches sociales diverses pour se libérer du poids ancestral de la maternité obligatoire est un fait politique21 ». Cette approche féministe de l’avortement est confirmée en 1972 par les procès de Bobigny où Gisèle Halimi défend la jeune Marie-Claire, 16 ans, sa mère et ses collègues qui l’ont aidée à avorter en mettant en accusation la loi sur l’avortement. Michel Rocard intervient comme témoin au procès en tant que parlementaire et signataire de la proposition de loi rédigée par Gisèle Halimi22. Le PSU s’engage alors sur l’avortement à la fois par le haut, en la personne de son dirigeant, et par le bas, à l’initiative de militantes qui s’engagent dans un projet de liaison entre leur parti et le mouvement des femmes.

  • 23 Sur le féminisme dans le parti socialiste voir Bereni L., De la cause à la loi. Les mobilisations (...)
  • 24 Morin Gilles, « Les socialistes et la société française. Réseaux et Milieux », Vingtième Siècle. R (...)
  • 25 Hatzfeld Hélène, « une révolution culturelle du parti socialiste dans les années 1970 ? » Vingtièm (...)

11Le PSU dans les années 1970, n’est pas le seul à tisser des liens avec le mouvement des femmes. Il s’agit d’une démarche concomitante et concurrentielle dans les partis de gauche. Le Parti socialiste a, lui aussi, intégré les problématiques féministes dans son programme et certaines revendications de ses militantes, notamment en terme de représentation dans les instances dirigeantes et dans les candidatures aux élections23. Ainsi le PS « jusque-là plutôt caractérisé par sa misogynie, va même symboliser le combat politique pour les femmes24 ». Mais la particularité du PSU est d’absorber les questions féministes dans son projet autogestionnaire et de laisser plus de liberté à ses militantes. L’ouverture du PSU au féminisme va bien plus loin que le nouveau Parti socialiste qui les intègre de façon plus ambiguë, ne remettant pas en cause « sa forme de parti politique25 ».

La relation dialectique entre parti et mouvement

  • 26 Tribune Socialiste no 498, 27 mai 1971.
  • 27 Il y a concurrence avec la commission culturelle qui a organisé une réunion nationale sur la famil (...)

12À partir de 1971, les revendications féministes sont officialisées dans la « commission nationale femmes », créée à l’initiative de quelques militantes du parti. Elles présentent un texte pour le 7e Congrès de juin 1971 : « les femmes dans la lutte de classes26 ». Son objectif est d’impulser la discussion au sein du PSU sur la question des femmes, de « faire circuler » les idées qui existent en dehors du parti. Les questions centrales sont de savoir comment articuler lutte des classes et lutte des femmes et comment créer un mouvement des femmes qui soit un mouvement de masse. Si, au départ, la commission nationale a du mal à s’imposer27, elle joue un rôle central dans la relation avec les luttes des femmes.

  • 28 Friedmann Isabelle, Liberté, sexualités, féminisme. Cinquante ans de combat du planning pour les d (...)
  • 29 Voir Zancarini-Fournel Michelle, « Histoire(s) du MLAC, 1973-1975 », Clio, histoire, femmes et soc (...)
  • 30 Ils sont regroupés dans le GIS (Groupe Information Santé) qui est à l’initiative d’un manifeste de (...)
  • 31 Entretien avec Huguette Bouchardeau, 5 février 2008.
  • 32 Bouchardeau Huguette, Goueffic Suzanne et Thouvenot Geneviève, op. cit., p. 109.
  • 33 Centre d’histoire du travail, PSU 39. Compte rendu de l’Assemblée régionale femmes des 20 et 21 oc (...)

13Un des lieux privilégiés d’intervention dans le mouvement des femmes est la lutte pour la contraception et l’avortement libres et gratuits à travers deux associations : le planning familial qui est devenu une association en faveur de l’avortement libre et gratuit à la suite de la prise de pouvoir de la mouvance radicale en 197328 ; et le MLAC29 (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception), créé en avril 1973 dans le but de promouvoir l’éducation sexuelle, l’accès de tous à la contraception et l’avortement libre et gratuit dont la décision reviendrait à la femme. Ces deux associations s’engagent à aider les femmes désirant avorter, soit en organisant des voyages à l’étranger, soit en pratiquant des avortements sur place avec une méthode légère sans anesthésie, la méthode Karman. Le MLAC provient de la volonté de médecins militants d’extrême gauche30 de créer un mouvement de masse en impliquant un vaste panel d’organisations, partis et syndicats de gauche et d’extrême gauche, qui désigneraient chacun un représentant agissant dans l’association. La CFDT, le PSU, la Ligue communiste, la Gauche prolétarienne et Lutte ouvrière, pour n’en citer que quelques-unes, répondent à l’appel. Nationalement, la coordination s’avère très vite compliquée, mais localement des groupes MLAC, relativement autonomes, se créent dans toute la France, rassemblant des militant(e)s très actifs, parmi lesquels des membres du PSU, des femmes principalement. À Saint-Étienne, par exemple, Huguette Bouchardeau participe avec des femmes d’horizons divers et deux hommes médecins, au GLACSE (Groupement pour la liberté de l’avortement et de la contraception à Saint-Étienne) qui ouvre un local, prodigue des conseils et pratique des avortements. Comme s’en souvient Huguette Bouchardeau, « c’était complètement scandaleux, j’aurais dû être immédiatement sinon arrêtée au moins sanctionnée. [Mais] La droite au pouvoir était très embêtée, on m’a laissé faire31 ». La pratique des avortements devient révolutionnaire, orientée « contre le pouvoir politique, contre le pouvoir médical, pour la liberté des femmes32 ». La pression de ce large mouvement explique en partie la mise sur l’agenda politique de la question de l’avortement qui mène finalement après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, à la loi dite Veil votée en 1975 pour cinq ans. La participation du PSU à ces associations contribue à une stratégie de « relation dialectique entre le parti et le mouvement de masse, le parti est alors un lieu de réflexion collective, de “capitalisation des luttes” et d’élaboration d’une ligne politique33 ». Mais elle s’explique surtout par la rencontre de militantes de base du PSU avec le mouvement de libération des femmes. Ce détour par le mouvement va mener les militantes, progressivement, à questionner les pratiques sexistes dans leur propre parti.

Féminisme et socialisme dans les années 1970, le paradoxe du PSU

14Le malaise des militantes est exposé dans le compte rendu de l’assemblée régionale femmes du PSU des 20 et 21 octobre 1973 :

  • 34 Ibid.

« Toutes les réflexions et les actions partent de constations faites par les femmes sur leur situation à l’intérieur du parti. Il s’avère que les femmes y ont des difficultés à s’exprimer et même à y militer. Beaucoup de femmes ressentent un “blocage” (dans les réunions de section par exemple) par rapport aux hommes qu’on accuse de se cantonner et de se complaire dans des débats théoriques difficiles à saisir. […] En outre, à cause de problèmes d’organisation (pas de possibilité de faire garder les enfants), les femmes sont moins libres de venir aux réunions et militer. […] Enfin dans de nombreuses sections les “problèmes des femmes” (ce terme reste à définir l’unanimité est loin d’être faite sur son contenu) n’ont jamais été évoqués ou alors sont considérés comme mineurs34. »

  • 35 Centre d’histoire du travail, PSU 41. « Pour une marche des femmes le 6 octobre ».

15Les solutions pour résoudre ces problèmes sont recherchées, mais les débats ne sont pas tranchés, notamment sur un point central : faut-il organiser des groupes de femmes ou au contraire faut-il « constamment porter les problèmes femmes devant les hommes et […] chercher des solutions en groupes mixtes » ? Les militantes de PSU se considèrent progressivement comme prenant part au mouvement des femmes, elles ne font pas de coupure entre l’action dans le mouvement et l’action dans le parti. Cette multi-appartenance féministe, permet la circulation des revendications et l’existence d’une nébuleuse qui dépasse le mouvement féministe autonome par des ramifications dans les associations, les syndicats, les partis. Elle rend possible des mobilisations larges, au niveau national, sur des questions ponctuelles, comme celle de la reconduction de la loi sur l’avortement en 1979. À cette occasion, se crée une « plateforme de lutte » qui rassemble les militantes féministes des partis politiques, le Mouvement français pour le planning familial, des groupes de femmes autonomes qui appellent à une grande manifestation de femmes le 6 octobre 197935, qui réunit 50 000 personnes.

  • 36 Bouchardeau Huguette, Un coin dans leur monde, Paris, Syros, 1980, 135 p.
  • 37 Entretien avec Huguette Bouchardeau, 5 février 2008.
  • 38 Bouchardeau Huguette, Goueffic Suzanne et Thouvenot Geneviève, op. cit., p. 4.
  • 39 Conférence d’Huguette Bouchardeau au musée de l’Homme à l’initiative de l’Institut Émilie du Châte (...)
  • 40 Duchen Claire, Feminism in France from May’68 to Mitterrand, London, Boston and Henley, Routledge (...)
  • 41 Il s’agit du groupe Psychanalyse et Politique qui appelle à voter pour François Mitterrand dès le (...)
  • 42 « Huguette Bouchardeau », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, ( (...)

16Et pourtant, leur situation de militantes du PSU est difficile car elles sont doublement marginalisées, à la fois dans le mouvement féministe qui se veut indépendant des partis, et avec lequel les relations ne sont pas toujours faciles et dans le parti, où malgré leur liberté d’action, les militantes ont l’impression de n’avoir obtenu qu’« un coin dans [un] monde36 » d’hommes. Le parcours d’Huguette Bouchardeau illustre ces paradoxes. Militante de la première heure du PSU, elle est d’abord très active dans la Loire : trésorière fédérale en 1966, candidate pour la circonscription de Saint-Étienne nord en 1970 aux élections cantonales, elle devient secrétaire de la fédération en 1974. Elle entre la même année au secrétariat national dans un contexte où le mouvement des femmes est fort et elle demande à prendre la tête de la commission nationale femmes, affirmant que c’est la seule position de direction qu’elle n’ait jamais désiré obtenir37. Elle se définit en effet comme féministe et a milité au planning familial puis au MLAC. En 1977 elle publie, Pas d’histoire, les femmes ?, chez Syros, maison d’édition dirigée par des militants PSU, puis y fonde une collection « mémoires de femmes ». Forte de cette spécialisation féministe, elle devient première secrétaire en 1978 et elle est la candidate du parti aux élections présidentielles de 1981. Dans le contexte de la campagne, l’intégration du discours féministe est très forte : dans une brochure publiée à cette date qui présente les propositions du PSU « pour une politique des femmes par les femmes, pour les femmes » il est précisé qu’il s’agit de « l’expression de femmes qui, dans le PSU, se sont regroupées pour réfléchir ensemble et poser collectivement, dans le parti, leurs propres revendications de femmes qui, aux côtés d’autres femmes, participent au Mouvement des Femmes » mais que « les propositions formulées ici sont celles du PSU, des femmes et des hommes qui le composent38 ». Huguette Bouchardeau porte un regard distancié sur cette ascension fulgurante : mettre des femmes en position éligible ne représente pas un risque considérable étant donné les faibles scores que le parti réalise et peut au contraire représenter un atout39. Elle est en effet la première femme à diriger une organisation politique. Ainsi, l’ouverture aux questions féministes peut se comprendre par la faiblesse du parti, surtout après le départ des rocardiens en 1974, sa marginalité électorale peut représenter un avantage pour l’intégration des positions féministes40. Et pourtant, paradoxalement, le mouvement des femmes ne soutient pas Huguette Bouchardeau aux élections présidentielles de 1981, une partie des militantes du MLF41 appelant à voter Mitterrand, qui a également pris des positions féministes, et cela dès le premier tour, tout comme le Mouvement français pour le planning familial. Cette solution est perçue comme plus réaliste. Huguette Bouchardeau obtient finalement 1,1 % des voix42.

Conclusion : Entre structure et conjoncture

17Il semble que ce soit les caractéristiques même du PSU qui favorise l’intérêt porté aux questions de contraception et d’avortement dans le parti. La pluriappartenance, caractéristique majeure des militant(e)s du PSU, les place entre le parti et les mouvements sociaux. Ils ont ainsi un rôle de passerelle entre plusieurs réseaux, maillage sur lequel s’appuie la cause de la contraception et de l’avortement autant dans les années 1960 que dans les années 1970, même si les réseaux ne sont pas les mêmes. Dans un premier temps, le PSU joue un rôle de laboratoire, du fait de l’implication de militants au sommet du parti dans le combat du contrôle des naissances et à la base dans des associations ou syndicats qui soutiennent cette cause. Dans un second temps, à partir de 1970, il a davantage un rôle d’incubateur d’une avant-garde qui existe en dehors des partis, dans le mouvement féministe autonome. Ce sont, cette fois-ci des militantes du parti, féministes engagées simultanément dans le mouvement des femmes, qui parviennent à partir de la base, à faire prendre la greffe de la lutte des femmes dans un répertoire d’action basé sur la lutte des classes et à remettre en cause l’organisation même du parti. Le PSU est un des partis les plus ouverts à la politique féministe, du fait de son programme autogestionnaire, mais aussi de sa faiblesse en nombre de militants et d’électeurs. Il semblerait, malgré les résistances au sein des partis, que ce soit par ces militantes convaincues, adossées sur un mouvement social, dans un contexte de reconquête de l’électorat féminin, que le féminisme ait été intégré à la culture politique socialiste précocement au PSU.

Notes

1 Ce texte s’appuie sur les archives du Mouvement français pour le planning familial, sur les archives du secteur femmes du PSU conservé à Nantes par le Centre d’histoire du travail, et d’autres fonds consultés dans le cadre de ma thèse. Les archives ont été complétées par Tribune Socialiste et par des entretiens.

2 Rochefort Florence, « Le rôle laïcisateur du planning familial, 1956-1968 », in Bard Christine et Mossuz-Lavau Janine (dir.), Le planning familial, histoire et mémoire (1956-2006), Rennes, PUR, 2007, p. 53-65.

3 Sawicki Frédéric, « Les socialistes », in Becker Jean-Jacques et Candar Gilles (dir.), Histoire des gauches en France, volume II, Paris, La Découverte, 2004, p. 40.

4 Fonds Maurice Deixonne conservé à l’OURS, APO 74. Lettre du secrétaire général du parti, C. Caillieret le 6-06-1962 destinée à être adressée aux maires et notée confidentiel et urgent.

5 Fonds Maurice Deixonne conservé à l’OURS, APO 74. Lettre de Christian Caillieret à Guy Mollet, 6 juin 1962.

6 C’est le Grand Orient de France qui regroupe le plus grand nombre de radicaux et de socialistes voir Nania Guy, Un parti de gauche, le PSU, Paris, Librairie Gedalge, 1966, p. 238.

7 Simon Pierre, De la vie avant toute chose, Paris, Mazarine, 1979, p. 117-123.

8 Voir l’article de Jean-Michel Steiner : deux médecins militants au PSU, les docteurs Père et Firmini, favorisent l’implantation du planning familial dans la ville.

9 « Les orientations et activités du MFPF », Document non daté retraçant l’historique de l’Association départementale du Mans du planning familial, Archives de l’association.

10 Association mémoire collective du Béarn, Sacrées bonnes femmes ! Les vingt premières années du planning familial à Pau (1964-1984), bulletin no 17, 2005.

11 Ysmal Colette, « Le vote des femmes depuis 1945 », Revue des deux mondes, avril 1995, p. 21-27.

12 Franck D., « Pour un militantisme féminin », Tribune Socialiste no 263, 4 décembre 1965.

13 Sur Colette Audry (1906-1990) voir Liatard Séverine, Colette Audry (1906-1990), Une femme intellectuelle au XXe siècle, thèse de doctorat d’histoire de Paris I, 2007, 559 p. Agrégée de lettres, enseignante et écrivaine elle est engagée dès sa jeunesse dans les années 1930, d’abord syndicalement puis dans la tendance socialiste révolutionnaire de Marceau Pivert à la SFIO. Elle est ensuite militante à l’Union des gauches socialistes puis au PSU dès sa création. Elle rentre au PS en 1971 où elle siège au comité directeur pendant 10 ans et s’engage dans le secteur formation. Parallèlement elle a un engagement féministe continu dès la lecture du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, dans le planning familial, le Mouvement Démocratique Féminin, et en créant la collection « femmes » chez Denoël-Gonthier en 1964.

14 Ibid., p. 134.

15 Chaperon Sylvie, Les années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 1999, p. 307.

16 Nania Guy, op. cit., p. 109-120.

17 Bouchardeau Huguette, Goueffic Suzanne et Thouvenot Geneviève, Pour une politique des femmes par les femmes, pour les femmes : les propositions du PSU, Paris, Syros, 1981, 95 p.

18 Ysmal Colette, Les partis politiques sous la Ve République, Paris, Montchrestien, 1989, p. 70.

19 Chiffres donnés par Aude Godillot, mai 1968 : la radicalisation du PSU, mémoire de DEA d’histoire à l’IEP de Paris, 2002.

20 Ysmal Colette, op. cit., p. 70-71 d’après les chiffres de Charles Hauss.

21 Tribune Socialiste, 8-11-1971.

22 Déposition de Monsieur Michel Rocard au procès de la mère de Marie-Claire le 8 novembre 1972 in « Choisir la cause des femmes », Le procès de Bobigny, Gallimard, 1973, 2006, p. 64.

23 Sur le féminisme dans le parti socialiste voir Bereni L., De la cause à la loi. Les mobilisations pour la parité politique en France (1992-2000), thèse de sciences politique de l’université de Paris I, 2007, p. 128.

24 Morin Gilles, « Les socialistes et la société française. Réseaux et Milieux », Vingtième Siècle. Revue d’histoire no 96, 04/2007, p. 61.

25 Hatzfeld Hélène, « une révolution culturelle du parti socialiste dans les années 1970 ? » Vingtième Siècle. Revue d’histoire no 96, 04/2007, p. 77-90.

26 Tribune Socialiste no 498, 27 mai 1971.

27 Il y a concurrence avec la commission culturelle qui a organisé une réunion nationale sur la famille sans prévenir la commission nationale femmes, 581 AP/47.

28 Friedmann Isabelle, Liberté, sexualités, féminisme. Cinquante ans de combat du planning pour les droits des femmes, Paris, La Découverte, 2006, 277 p.

29 Voir Zancarini-Fournel Michelle, « Histoire(s) du MLAC, 1973-1975 », Clio, histoire, femmes et société no 18, 2003, p. 241-252.

30 Ils sont regroupés dans le GIS (Groupe Information Santé) qui est à l’initiative d’un manifeste de 331 médecins déclarant avoir pratiqué ou aidé à pratiquer des avortements dans le Nouvel Observateur en février 1973.

31 Entretien avec Huguette Bouchardeau, 5 février 2008.

32 Bouchardeau Huguette, Goueffic Suzanne et Thouvenot Geneviève, op. cit., p. 109.

33 Centre d’histoire du travail, PSU 39. Compte rendu de l’Assemblée régionale femmes des 20 et 21 octobre 1973.

34 Ibid.

35 Centre d’histoire du travail, PSU 41. « Pour une marche des femmes le 6 octobre ».

36 Bouchardeau Huguette, Un coin dans leur monde, Paris, Syros, 1980, 135 p.

37 Entretien avec Huguette Bouchardeau, 5 février 2008.

38 Bouchardeau Huguette, Goueffic Suzanne et Thouvenot Geneviève, op. cit., p. 4.

39 Conférence d’Huguette Bouchardeau au musée de l’Homme à l’initiative de l’Institut Émilie du Châtelet, 8 décembre 2007.

40 Duchen Claire, Feminism in France from May’68 to Mitterrand, London, Boston and Henley, Routledge and Kegan Paul, 1986, p. 119.

41 Il s’agit du groupe Psychanalyse et Politique qui appelle à voter pour François Mitterrand dès le premier tour au nom du MLF voir Génération MLF, 1968-2008, Paris, Éditions des femmes, 2008, 615 p.

42 « Huguette Bouchardeau », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, (1940-1968), tome II.

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