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Le PSU vu d’en bas

 | 
Tudi Kernalegenn
, 
Francois Prigent
, 
Gilles Richard
, 
et al.

Première partie. La Bretagne : un bastion du PSU

Les parlementaires et les maires PSU face à la question bretonne (des années 1950 aux années 1970)

Fabrice Marzin

Texte intégral

  • 1 Pour de plus amples développements sur le CELIB, cf. Marzin Fabrice, « Le Comité d’études et de li (...)

1Dans les années 1950, des élus socialistes, futurs cadres du PSU breton, exercent un rôle important au sein du Comité d’études et de liaison des intérêts bretons (CELIB)1. Ces élus (François Tanguy Prigent, Antoine Mazier, Yves Le Foll) participent activement aux travaux du comité et contribuent incontestablement à son action et à sa notoriété. Dans ce contexte, les élus de la gauche non communiste sont conduits progressivement à bâtir un discours sur ce que l’on peut dénommer la question bretonne, à savoir les problèmes du développement économique d’une région en retard, de la défense de la langue bretonne ou de la régionalisation, alors à peine esquissée au travers des programmes d’action régionale (PAR).

  • 2 Cf. La Vie bretonne (VB), juin 1951 (no 8), « En dehors des partis ».

2L’analyse des motivations de ces élus PSU à participer à un organisme largement dominé par la droite, bien que se revendiquant toujours de l’apolitisme2, constitue sans doute une piste de recherche intéressante pour mieux comprendre la nature de la culture politique de la gauche non communiste bretonne sous la IVe République et dans les débuts de la Ve République. Nous verrons notamment que ce qu’ils appellent la dérive droitière et notabiliaire du CELIB les conduit progressivement à prendre leur distance avec celui-ci, puis finalement à le quitter. Cette évolution les amène parallèlement à élaborer une réflexion propre sur la question bretonne et à tenter sans succès d’imaginer les contours possibles d’un CELIB de gauche.

Les élus PSU et le CELIB : une participation active mais prudente

3Sous la IVe République, la configuration politique nationale et la nécessité pour des élus locaux de défendre leur territoire poussent les élus socialistes à participer activement aux travaux du CELIB. Progressivement, au cours des années 1960, les élus PSU bretons se détachent du CELIB allant jusqu’à rompre avec lui, en 1966 pour François Tanguy Prigent, en 1972 pour Yves Le Foll.

L’entrée des élus socialistes au CELIB

  • 3 Le Breton socialiste (BS), 12 janvier 1952. « Le ministère Pleven est renversé ». François Tanguy (...)

4Créé en juillet 1950, le CELIB est d’abord présidé par la maire RPF de Quimper, Joseph Halléguen. Son secrétaire général, Joseph Martray parvient progressivement à rassembler au sein de ce comité tous les députés bretons à l’exception des communistes. Les députés socialistes, François Tanguy Prigent et Antoine Mazier, décident eux aussi de participer à un organisme pourtant largement dominé par les députés modérés et conservateurs. L’anticommunisme3 et les convictions européistes des élus socialistes, mais surtout la préoccupation du développement local chez des notables ont permis ce rapprochement entre les élus de gauche et de droite en Bretagne.

  • 4 CELIB, Rapport d’ensemble sur un plan d’aménagement de modernisation et d’équipement de la Bretagn (...)
  • 5 BS, 1er mai 1954, « Développer le tourisme ».
  • 6 BS, 14 mai 1955, « Une visite présidentielle ».

5Les élus socialistes partagent d’ailleurs très largement les constats établis par le CELIB dans le « rapport vert »4 de 1953, et sont déjà engagés dans ce combat en faveur de la modernisation de la région au sein des conseils généraux. Ainsi, appelant à soutenir et prolonger dans chaque commune l’action du CELIB, Jules Destables rappelle dans le Breton socialiste que « nos camarades socialistes toujours attentifs aux réalisations économiques auront toujours à cœur d’être les meilleurs artisans du développement économique de la région ». Nombreux sont les articles publiés dans l’organe officiel des socialistes finistériens en faveur du développement du tourisme5 ou des décentralisations industrielles6.

  • 7 Il est présent à Quimper le 22 juillet 1950 et également avec Mazier et Reeb à un dîner organisé à (...)
  • 8 Archiv. Départ. d’Ille-et-Vilaine (ADIV), 511 W 53.
  • 9 Le Combat Social (CS), 8 décembre 1951, « Ne confondons pas ».

6Bien qu’il ait participé aux réunions organisées au cours de l’année 1950 qui ont conduit à la création du CELIB7, François Tanguy Prigent conserve dans un premier temps une attitude très réservée à l’égard du CELIB. Si l’on en croit une note du cabinet du préfet d’Ille-et-Vilaine datée de mai 1972 : « la composition de cette assemblée, à prédominance RPF, suscite des réserves de la gauche et singulièrement de M. Tanguy Prigent qui refuse la présidence (confiée à Halléguen). Certains croient également y déceler des relents d’autonomisme. Plus tard, Tanguy Prigent infléchit sa position et adhère au CELIB, où il est rejoint par le MRP Ihuel8. » Les premiers pas d’Antoine Mazier au comité sont également marqués par le sceau de la prudence. Le Combat social estime en décembre 1951 que « ces réunions sont utiles et la preuve c’est que nous y participons, que notre camarde Tanguy Prigent était venu du Finistère pour présider la commission agricole, que Mazier a été sollicité pour présider la commission des pêches et que tous les camarades conseillers généraux étaient présents ». Cependant, il précise immédiatement que leur présence ne signifie pas « un renoncement à nos idées » et qu’« il n’y a pas d’espoir en dehors des solutions socialistes9 ».

7Les élus socialistes font donc une entrée remarquée mais prudente au sein du CELIB. La prudence et la retenue restent d’ailleurs l’attitude dominante chez eux jusqu’au milieu des années 1950.

De 1951 à 1955, une participation prudente

  • 10 BS, 23 octobre 1954, « La défense du plan sélectionné ».

8François Tanguy Prigent participe aux actions du CELIB puisqu’il est désigné en août 1951 comme président de la commission parlementaire et s’attache à suivre en particulier les travaux de la commission des produits agricoles chargée de faire des propositions pour la préparation du Plan d’action pour la Bretagne. En octobre 1954, pour la première fois, le Breton socialiste publie une lettre signée par Tanguy Prigent, « président de la commission parlementaire du CELIB », pour la défense des producteurs de plants de pomme de terre10.

  • 11 La liberté du Morbihan, 1er juillet 1952.

9Les élus socialistes participent ponctuellement à des actions précises initiées par le CELIB. Ainsi, dès le mois de novembre 1951, Tanguy Prigent conduit une délégation à laquelle participe Antoine Mazier auprès du ministre de l’Éducation nationale, André Marie, pour demander l’application de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues régionales. De même, Tanguy Prigent et Mazier sont présents à la réunion de Vannes en juin 1952 au cours de laquelle le CELIB décide de se lancer dans la rédaction d’un programme d’équipement pour la Bretagne11.

  • 12 BS, 22 mai 1954.
  • 13 BS, 23 octobre 1954.
  • 14 BS, 11 juin 1955 et VB, janvier 1955.
  • 15 BS, 18 juin 1955.
  • 16 CS, 19 novembre 1955, « Les aménagements régionaux ».
  • 17 CS, 29 mai 1954, « La campagne des primeurs ».

10À partir de 1954, les journaux socialistes se font plus régulièrement les porte-paroles de l’action des élus socialistes au sein du CELIB : démarche en faveur des producteurs et conserveurs de petits pois12, des producteurs de plants de pommes de terre13, du Réseau breton14, de l’électrification rurale15, de la recalcification des terres16. Le député socialiste des Côtes-du-Nord, Albert Thomas, rend alors hommage à l’action du CELIB en faveur de la défense des primeurs17 et participe avec Antoine Mazier à la journée organisée par le CELIB au Secrétariat aux affaires économiques sur les exportations des produits agricoles.

11Néanmoins, les élus socialistes, François Tanguy Prigent et surtout Antoine Mazier observent encore une certaine prévention à l’égard de ce comité qui demeure une association privée regroupant une majorité d’élus modérés et conservateurs et des représentants des intérêts économiques de la région.

1955-1958, l’engagement des élus socialistes au sein du CELIB

12Le contexte change à partir de 1954-1955. Le gouvernement de Pierre Mendès France est le premier à prendre de véritables mesures en faveur des régions en retard de développement. L’engagement du président du Conseil aux côtés des comités régionaux d’expansion économique incite les élus socialistes bretons à défendre avec plus de vigueur et d’enthousiasme les actions du CELIB.

  • 18 BS, 28 janvier 1956, « Zones critiques ».
  • 19 BS, 18 février 1956, « Le développement régional d’urgence ».
  • 20 BS, 14 avril 1956, « La pomme de terre, richesse finistérienne ».
  • 21 CS, 17 mars 1956, « Un tour de force ».

13Dès 1954, Jules Destables dans le Breton socialiste invitait ses camarades à s’inspirer du travail d’ensemble du CELIB mais à élargir ce mouvement à toutes les municipalités et aux forces vives de la région. Il soutient également vigoureusement en 1956 la politique des « zones critiques » défendue par le CELIB18. Cette même année, le Breton socialiste salue l’adoption par le gouvernement du plan en faveur de la Bretagne19. L’ancien député socialiste Hervé Mao écrit que « cette étude approfondie des besoins de la Bretagne lui apparaît presque parfaite20 » et le Combat social fait même un véritable éloge du stand de la Bretagne réalisé par le CELIB pour le concours général agricole à Paris21.

  • 22 BS, 28 avril 1956, « Visite de Guy Mollet à Châteaulin ».
  • 23 Arrêté interministériel du 13 juillet 1956, JORF, 14 juillet 1956.
  • 24 CS, 17 décembre 1957.

14Ce soutien officiel des socialistes à l’action du CELIB est encore plus manifeste lorsque le tout nouveau président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, se rend en visite à Châteaulin le 22 avril 1956 et déclare, devant les élus socialistes finistériens, apporter son soutien au CELIB et promet des mesures spécifiques en faveur de la Bretagne22. C’est d’ailleurs sous le gouvernement de Guy Mollet, par un arrêté interministériel du 13 juillet 195623, que le programme d’action régionale pour la Bretagne est définitivement adopté. Dans un article du Combat social de juin 1956, Antoine Mazier déclare, que certes le plan n’est pas parfait mais représente un cadre intéressant à l’intérieur duquel pourront être encouragées et développées les activités économiques régionales. Toujours dans le même journal l’année suivante, Mazier écrit : « je crois donc très sincèrement que la création du CELIB répondait à une nécessité et que son actif secrétaire général qui en est la cheville ouvrière doit être félicité pour l’impulsion qu’il a su lui donner24. »

Les limites de l’engagement célibien des élus socialistes bretons

  • 25 CS, 11 octobre 1954, « Un bel exemple de baratin ».
  • 26 CS, 23 février 1957, « La décentralisation industrielle ».
  • 27 BS, 24 décembre 1955, « Jugez la droite réactionnaire ».

15Pourtant, il demeure certaines réticences chez les élus socialistes à s’engager pleinement et sans retenue dans le CELIB. René Pleven est notamment la cible des attaques des socialistes des Côtes-du-Nord qui lui reprochent d’utiliser le CELIB « comme si celui-ci dont il voudrait faire son cheval de bataille électoral pouvait résoudre les seuls problèmes qui comptent et d’abord celui du financement qui dépend de la politique de la majorité25 ». Antoine Mazier l’accuse de disserter sur les activités nouvelles mais de ne rien faire pour celles existantes qui sont en difficulté, et critique également l’attitude des gouvernements incapables d’imposer des décentralisations industrielles26 ou rognant les crédits nécessaires à l’équipement et la modernisation des campagnes bretonnes27.

  • 28 CS, 17 décembre 1957.
  • 29 VB, janvier 1958 (no 30).
  • 30 ADIV 30 J 108, Procès-verbal du comité directeur du CELIB du 15 novembre 1962.
  • 31 Ouest-France, 12 novembre 1962. Marcel Le Guyader à Lannion, Léon Sérandour à Saint-Brieuc 2-Loudé (...)

16Lors de l’assemblée générale du CELIB à Carhaix en 1957, le député des Côtes-du-Nord exprime ses réserves sur l’action du CELIB qu’il décrit comme « une assemblée de notables dont l’élément populaire se trouve pratiquement absent28 » qui défend les intérêts des classes dominantes à l’image du président de la VIe région économique s’opposant à la suppression des zones de salaire. Il dénonce l’impuissance du CELIB et de l’État pour appliquer les décrets de décentralisation industrielle29. De même, candidat aux législatives de 1962, il refuse de s’engager publiquement en faveur de l’action du CELIB estimant que « l’on peut toujours avoir une conception différente de la défense de la Bretagne ». Précisant être tout à fait d’accord pour s’associer aux efforts mais il est d’avis que dans la structure actuelle c’est du « marchandage » car on ne peut pas exiger des candidats un engagement que plus tard ils ne pourront pas tenir30. Les candidats PSU ayant adopté le programme du CELIB sont cependant au nombre de cinq31.

17À partir de 1963, Antoine Mazier et les élus PSU des Côtes-du-Nord se détachent progressivement du CELIB jugé trop compromis avec le pouvoir gaulliste, en particulier après la mise en place des CODER en 1964. Cet éloignement ne signifie pas néanmoins que les élus du PSU aient complètement coupé les ponts avec le CELIB comme le montre l’élection d’Antoine Mazier au comité directeur lors de l’assemblée générale de Brest le 13 juin 1964.

François Tanguy Prigent quitte le CELIB

  • 32 « M. Tanguy Prigent, ancien ministre, député PSU, maire et conseiller général de Saint-Jean du Doi (...)
  • 33 VB, juin-juillet 1964. Sa motion fut écartée à l’unanimité moins une voix comme sortant de la comp (...)
  • 34 Procès-verbal de la Comission régionale d’expansion économique (Cree) du 15 octobre 1966. ADIV 30 (...)

18De son côté, François Tanguy Prigent s’éloigne progressivement d’un CELIB qu’il juge inefficace et trop dominé par les gaullistes, non sans avoir tenté de provoquer de l’intérieur une transformation du CELIB, en soutenant les initiatives de Michel Phlipponneau32. Lors de l’assemblée générale de Brest en 1964, il prononce un discours dans lequel il propose la rédaction d’un cadastre économique régional à laquelle les travailleurs de la mer, de la terre, du tourisme et de l’enseignement devraient être associés33. En octobre 1966, lors d’une intervention devant la commission régionale d’expansion économique, il critique avec virulence l’attitude du CELIB en déclarant que « le CELIB a fait, au début de son existence un travail très sérieux et absolument remarquable. La loi-programme établie en 1962 était un document complet, objectif, réaliste et irréfutable à mes yeux quant aux moyens suggérés et aux conclusions chiffrés. Mais son application exigeait de substantiels crédits pour sauver le “désert breton”34 ». Par ailleurs, il dénonce l’échec de cette loi-programme et en désigne les responsables : « Il y a d’autres coupables à savoir presque tous les parlementaires bretons qui, deux mois seulement après le serment d’Auray, ont trahi ce serment et tué la loi-programme en votant le Budget National de 1963 (et les suivants d’ailleurs) […] Tous ont renié leur promesse. J’ajoute que d’autres, en s’abstenant même volontairement, n’ont pas fait tout leur devoir […] je fus le seul à voter contre le Budget de 1963 et celui de 1964. » Le 29 décembre 1966 par une lettre adressée au président du CELIB, François Tanguy Prigent fait part de sa démission pour marquer son soutien à Michel Phlipponneau.

Yves Le Foll, les ambiguïtés de la participation

  • 35 VB, juin-juillet 1967 (no 103).
  • 36 Arch. Dep. des Côtes-d’Armor (ADCA), 50 W 104, rapport des Renseignements Généraux du 12 juillet 1 (...)
  • 37 VB, juin-juillet 1967 (no 103).

19Lors de l’assemblée générale de Rennes le 8 mai 1967 qui marque la rupture définitive entre Michel Phlipponneau et le CELIB, Yves Le Foll, député-maire PSU de Saint-Brieuc, rend certes un hommage appuyé à ce dernier et au travail accompli par la commission régionale d’expansion économique35 ; mais, il demande surtout que le CELIB demeure un organisme de contestation et aussi de pression pour pouvoir obtenir les mesures qui s’imposent pour la Bretagne. Il continue donc incontestablement à se placer dans la perspective d’une participation active au CELIB même s’il réclame une réorientation de la stratégie politique de l’organisation. Deux mois plus tard, lors de l’assemblée générale à Loudéac le 10 juillet 1967, il se déclare opposé à ce que le CELIB devienne un organisme d’études et une sorte d’appendice purement technocratique de la CODER et refuse les nouveaux statuts36, tout en continuant de participer au CELIB en tant que membre du comité directeur37.

  • 38 Procès-verbal du comité directeur du 11 mai 1968. Archive personnelle de l’auteur.

20D’ailleurs, lors de la réunion du 11 mai 1968, Yves Le Foll se déclare « assez satisfait de voir l’évolution qui s’est manifestée depuis quelque temps au sein du comité directeur du CELIB » et souligne la qualité des rapports rédigés qui peuvent être un support utile à la revendication des populations bretonnes38. Il demande cependant des décentralisations industrielles et se plaint que le CELIB soit à la remorque du CABRO de Georges Lombard et Alexis Gourvennec. Yves Le Foll ne participe pas à la délégation reçue par Georges Pompidou le 31 mai 1968 mais il est de celle reçue par Maurice Couve de Murville le 26 juillet 1968. Il participe de nouveau aux Comités directeurs jusqu’en juin 1970, date à laquelle sa participation est de plus en plus contestée par la base du PSU qui réclame alors une véritable planification démocratique dans le cadre d’un régime socialiste, perspective fort éloignée de celle du CELIB.

L’émergence d’une réflexion propre sur la question bretonne

21En effet, depuis le milieu des années 60, le PSU et des militants du mouvement breton proches du PSU ont entamé une véritable réflexion sur la question bretonne qui, si elle rejoint certaines analyses du CELIB, diffère bien souvent sur les solutions à apporter au problème breton.

Les socialistes face à la question bretonne dans les années cinquante

  • 39 Denis Michel, « Le mouvement breton pendant la guerre. Un bilan », in Bougeard Ch. (dir.), Bretagn (...)
  • 40 BS, 12 août 1950. « Fêtes celtiques. Les assises du Bleun Brug ».
  • 41 BS, 2 septembre 1950. « Toujours au sujet du Bleun-Brug ».

22Dans les années 1950, l’attitude des militants SFIO et aussi des élus face à la question bretonne reste fortement marquée par la mémoire de la guerre. Il demeure en effet une certaine méfiance envers tout ce qui pourrait rappeler le régionalisme du régime de Vichy ou la collaboration avec l’Allemagne d’une partie du mouvement breton39. Cette prévention se traduit par une certaine réserve, voire une franche hostilité à l’égard des manifestations du mouvement culturel breton40. Le Breton socialiste s’inquiète qu’il y ait « encore en Bretagne, une petite minorité de gens, dont plusieurs pro-allemands pendant l’occupation et grands admirateurs de l’hitlérisme, qui rêvent de s’affranchir de l’oppression française41 ».

  • 42 Cf. Guiomar Jean-Yves, Les Bretons et le socialisme, Paris, Maspéro, 1972, 286 p.
  • 43 Cf. Bougeard Christian, Tanguy Prigent, paysan ministre, Rennes, PUR, 2002, 363 p.

23Néanmoins, il existe aussi au sein du parti socialiste des militants et des élus qui sont sensibilisés de longue date à cette question bretonne42. François Tanguy Prigent utilise le breton dans ses campagnes électorales43 et lors des élections législatives de 1936, il avait reçu le soutien du Front breton pour ses positions et ses actions en faveur du développement de la langue bretonne.

24Mais, ce sont surtout les thèmes du développement régional et de l’aménagement du territoire qui mobilisent les élus socialistes. Tout en soutenant l’action du CELIB et en y participant, ceux-ci font entendre leur différence sur la question bretonne.

Le renforcement des préoccupations liées à l’aménagement du territoire à la fin des années cinquante

  • 44 BS, 7 juillet 1956, « Le plan breton pour l’agriculture ».

25Ainsi, certains émettent des réserves sur l’efficacité du plan de modernisation et d’équipement pour la Bretagne. Ils jugent ce plan insuffisant pour enrayer l’exode rural, car il ne prévoit pas de réorganisation des structures de production : « si le plan est appliqué tel quel, l’implantation de nouvelles industries rurales se fera surtout au bénéfice de trusts agricoles qui échappent déjà en grande partie au contrôle des agriculteurs, et ne fera qu’accroître l’emprise de certaines grosses sociétés capitalistes sur l’agriculture finis44. » Aussi, proposent-ils en 1956 d’autres mesures qui pourraient définir un plan breton des socialistes finistériens qui viserait à permettre au fermier d’acquérir la terre par la création d’un Office national foncier, à organiser l’enseignement et la vulgarisation agricole et à une organisation rationnelle des marchés agricoles en éliminant les intermédiaires inutiles.

  • 45 Cf. Caro Patrice, Dard Olivier, Daumas Jean-Claude, La politique d’aménagement du territoire : rac (...)
  • 46 ADIV, 1158 W 59.

26Le thème de l’aménagement régional commence alors à prendre une importance réelle dans le débat public en Bretagne du fait de l’action du CELIB et des débuts concrets de la politique d’aménagement du territoire45. Antoine Mazier écrit dans sa profession de foi pour les élections législatives de 1958 : « le mouvement de concentration continue accroît le potentiel économique des régions surindustrialisées comme Paris ou le Nord, au détriment de celui des régions comme la Bretagne qui perdent chaque jour un peu de leur substance. » En 1962, Charles Foulon, candidat PSU sur la circonscription de Rennes 1 réclame un « aménagement économique décentralisé du territoire, en liaison avec les syndicats ouvriers et agricoles46 ».

27Le CELIB est alors à son apogée après la victoire dans « la bataille du rail » en septembre 1962 qui lui a permis d’obtenir un abaissement des tarifs ferroviaires pour les marchandises en Bretagne. Les candidats PSU se retrouvent largement contraints de soutenir l’action du CELIB qui apparaît alors comme le porte-parole légitime des intérêts bretons. Mais, ils doivent aussi prendre en compte les évolutions et l’approfondissement de la doctrine nationale du PSU sur la question régionale initiée par Pierre Mendès France.

  • 47 Mendès France Pierre, Pour une République moderne (1955-1962), tome IV, Paris, Gallimard, 1987, p. (...)

28Dans la République moderne en 1962, Pierre Mendès France se prononce résolument pour la régionalisation. Inspiré par le professeur Jean-Louis Quermonne, il propose la création de régions fortes et démocratiques assurant le développement des régions défavorisées. Il propose également la création de conseils économiques régionaux au sein desquels siègeront des ouvriers, des agriculteurs, des commerçants, des industriels et les professions libérales mais aussi des délégués des conseils généraux et des institutions comme l’Université, les entreprises nationalisées ou les grands ports. Pierre Mendès France souhaite leur confier une place importante dans l’exécution du Plan, mais sous le contrôle d’un fonctionnaire régional chargé d’appliquer une politique décidée à l’échelon national et de gérer les crédits d’une tranche régionale du Plan47.

29Il s’agit donc là plus de déconcentration que d’une véritable décentralisation régionale mais elle s’inscrit dans la droite ligne des mesures prises par le président du Conseil Mendès France en 1954. Il faut cependant attendre 1966 pour voir émerger une véritable réflexion construite et argumentée sur la question bretonne au sein du PSU.

L’émergence d’une véritable réflexion au PSU sur la question régionale à partir du colloque de Saint-Brieuc (1967)

  • 48 VB, mars-avril 1966 (no 96-97).

30En avril 1966, La Vie bretonne, journal du CELIB dirigé par Joseph Martray, annonce que le PSU prépare un plan breton48 et qu’il devrait proposer la création d’un conseil économique régional élu démocratiquement. L’article relate également une déclaration du PSU : « Il faut à la Bretagne, pour sortir de son marasme, un plan établi démocratiquement après consultation des intéressés, un plan régionalisé qui lui permette de combler son retard, d’utiliser à son profit les ressources humaines dont elle est riche ; qui donne enfin à la région une unité économique réelle dans une économie moderne. »

  • 49 Rocard Michel, Si la gauche savait, Paris, Robert Laffont, 2005, p. 105.

31Ce plan, finalement assez peu révolutionnaire, aura un écho limité contrairement au colloque de Grenoble en 1966. Ce colloque se veut un lieu de rencontre et de convergence pour la gauche non communiste car le comité d’initiative des rencontres socialistes de Grenoble rassemblait des individus qui venaient du PSU, du Club Jean Moulin, de Citoyens 60, des clubs et de la SFIO49. L’idée centrale défendue dans le rapport présenté par Michel Rocard, Décoloniser la province, est que le centralisme français était un obstacle au développement économique et social et à l’instauration d’un véritable socialisme démocratique.

  • 50 VB, janvier 1967 (no 101).

32Le colloque de Grenoble est suivi de six colloques régionaux dont un organisé en Bretagne à Saint-Brieuc les 26-27 novembre 1967 au cours duquel Michel Phlipponneau présente un rapport sur les structures de décision nécessaires au développement et à l’expression des régions50. Le thème de ce colloque est sans ambiguïté : « Nécessité de nouvelles structures régionales. » Les participants concluent dans les résolutions adoptées que seule une régionalisation véritable favoriserait l’instauration d’un régime démocratique et socialiste mais ils estiment aussi qu’une mise en place brutale d’institutions décentralisées pourrait être utilisée par les « forces réactionnaires de province pour reconquérir le pouvoir. »

33Aussi, ils se prononcent dans une première phase pour la création d’un Conseil économique régional, composé pour moitié de représentants des organisations professionnelles et sociales et pour moitié de représentants des collectivités locales, qui remplacerait la CODER permettant de rallier la population à la conception d’un régime socialiste. Il serait chargé de la préparation d’un plan qui se substituerait à la tranche régionale du Ve Plan, étudierait les problèmes économiques et sociaux, répartirait les investissements et informera l’opinion en contrôlant les stations de l’ORTF. Ils se prononcent également en faveur d’un redécoupage des régions.

34Dans une deuxième phase, les régions qui le souhaitent seraient dotées d’une assemblée régionale élue au suffrage universel qui adopterait le plan et le budget régional. Enfin, dans une troisième phase, l’assemblée élirait l’exécutif régional qui dirigerait l’administration de la région. Enfin, la résolution estime que « les régions périphériques comme les nôtres font figure de véritables territoires coloniaux » et donc se prononce pour une « renaissance culturelle régionale ».

« Décoloniser la province » ?

  • 51 Meny Yves, Centralisation et décentralisation dans le débat politique français (1945-1969), Paris, (...)
  • 52 Rocard Michel, op. cit., p. 106-107.

35Le rapport Décoloniser la province présenté par Michel Rocard en 1966 s’inspirait assez largement des idées de Michel Phlipponneau développées dans le cadre de la campagne électorale de Gaston Defferre pour l’élection de 196551 mais aussi de celles développées depuis les années trente par le mouvement breton puis reprises et modernisées par Joseph Martray, le MOB puis l’UDB. Il est certain que la présentation de ces idées par Michel Rocard en 1966 a fortement contribué à leur donner une résonance nationale, en particulier à gauche où la tradition centralisatrice demeurait forte à l’époque52.

  • 53 Proche du mouvement breton, Guy Caro est élu conseiller général PSU de Plouguenast en 1970. Il est (...)
  • 54 Celib, Bretagne : une ambition nouvelle, Saint-Brieuc, Presse universitaire de Bretagne, 1971.

36Mais, la radicalisation progressive du discours du PSU sur les questions régionales contribue à son éloignement des préoccupations célibiennes. Par ailleurs, la modification sociologique du PSU après mai 68, suite à l’arrivée massive de jeunes militants marqués par un certain gauchisme et engagés dans les mouvements sociaux, fait que la collaboration de ses élus avec une institution perçue par beaucoup comme archaïque, notabiliaire et bourgeoise devient de plus en plus problématique. Les analyses radicales développées par Guy Caro dans Critique socialiste53, semblent alors bien éloignées des propositions modérées défendues par le CELIB dans Bretagne : une ambition nouvelle54.

La tentation du CELIB de gauche

37Pourtant, à la fin des années 1960, une convergence avait semblé possible entre les éléments les plus progressistes au sein du CELIB et le PSU. Celle-ci ne se fera finalement qu’au début des années 1970 après l’éclatement du CELIB et sous l’égide du nouveau Parti socialiste.

Antoine Mazier et l’échec du Comité d’action pour la Bretagne (CAB)

  • 55 Nicolas Michel, Emsav, politique et thématique du mouvement breton, Thèse de doctorat en Sciences (...)

38François Tanguy Prigent avait initié un rapprochement prudent avec le Mouvement pour l’Organisation de la Bretagne (MOB)55 dans le cadre du combat pour la loi-programme. Ainsi, L’Avenir de la Bretagne, organe du MOB, publie en mars 1963 des lettres échangées entre le député PSU de Morlaix et Ronan Goarant, secrétaire général du MOB.

  • 56 ADCA, 50 W 102. Rapport sur les membres du CELIB issus des Côtes-du-Nord daté du 6 décembre 1963.
  • 57 Dulong René, La question bretonne, Paris, FNSP, 1975, p. 166.
  • 58 ADCA, 45 W 20, plusieurs notes des renseignements généraux.

39À partir de 1963, les élus bretons du PSU cherchent à utiliser des contacts établis dans le cadre du CELIB, notamment avec les socioprofessionnels (syndicats, associations culturelles…), pour promouvoir un vaste mouvement régional favorable aux idées de la gauche et aussi capable d’attirer de jeunes militants. Antoine Mazier a notamment participé activement en 1963 à la création du Comité d’action pour la Bretagne (CAB) avec ses amis politiques et les syndicats56. Créé à l’instigation du président de Ar Falz Armand Keravel57, l’assemblée constitutive du CAB a lieu le 12 octobre 1963 à Pontivy. Y participent les unions départementales des organisations ouvrières (CGT, CFDT), la fédération morbihannaise de FO, les fédérations départementales des partis de gauche (PCF, SFIO, PSU), des enseignants (FEN, SNI), l’association générale des étudiants de Rennes (AGER) et bien sûr Ar Falz. Les responsables du CELIB, Joseph Martray et Michel Phlipponneau participent à plusieurs réunions du CAB et des convergences de vue apparaissent dans le cadre de la campagne pour la loi-programme lancée par le CELIB58.

  • 59 Arch. Dep du Morbihan (ADM), 934 W 45, note des renseignements généraux du 21 février 1964.
  • 60 Nicolas Michel, op. cit., p. 459.
  • 61 Ibid., p. 525.

40Mais, dès le début de l’année 1964, incapable de dépasser le cadre des organisations de gauche et miné par des divisions internes59, hostile à la participation des forces issues du MOB considéré comme un parti réactionnaire voire « à caractère fasciste60 », le CAB disparaît progressivement au cours de l’année 1965. Le décès d’Antoine Mazier le 6 décembre 1964 a sans doute aussi fortement contribué à l’échec de cette première véritable initiative de la gauche bretonne sur le terrain de la question régionale depuis 1945. Cet échec a poussé par ailleurs certains jeunes du MOB à choisir une stratégie politique différente avec la création de l’UDB (Union démocratique bretonne) en novembre 1963. L’UDB se présente lui-même comme « le premier parti politique à associer le combat socialiste et le combat de libération du peuple breton du colonialisme » et donc comme « une référence possible pour une évolution des partis français luttant pour le socialisme61 ».

Michel Phlipponneau et le PSU : la rencontre manquée

  • 62 Phlipponneau Michel, La gauche et les régions, Paris, Calmann-Lévy, 1967, p. 14.
  • 63 Ibid., p. 33.
  • 64 Ibid, p. 109.

41En 1967, dans son livre La Gauche et la région, Michel Phlipponneau appelle très clairement les partis de gauche à se saisir de la question régionale et à abandonner « le mythe du jacobinisme centralisateur62 ». Pour lui, une réforme régionale devrait prévoir l’existence d’un pouvoir politique lié à une assemblée élue au suffrage universel et la possibilité pour chaque région de disposer de responsabilités et de moyens lui permettant d’assurer son propre avenir en participant à « la construction d’une Europe démocratique et socialiste63 ». Il estime en effet que seule cette réforme régionale pourra permettre aux Bretons de sortir « d’une double aliénation » politique et économique et sociale64. Les analyses de Michel Phlipponneau sont alors très proches de celles du PSU breton.

  • 65 Rocard Michel, op. cit., p. 152.

42Pourtant les divisions restent fortes à la fois au sein de la gauche mais aussi du mouvement régionaliste comme le démontre le débat sur la régionalisation à l’occasion du référendum de 1969. En effet, en 1968, le PSU prend très clairement position contre le projet de loi et pour l’élection de l’assemblée régionale au suffrage universel alors que Martray, alors secrétaire général du MNDR, se dit prêt à accepter un exécutif aux mains du préfet. Michel Rocard avoue avoir lui-même hésité à voter pour la régionalisation malgré De Gaulle65.

43De même, l’opposition entre les socialistes restés fidèles à la SFIO, à laquelle s’est rallié progressivement Michel Phlipponneau à travers son engagement aux côtés de Gaston Defferre puis à la FGDS, et les militants du PSU en Bretagne semble irréductible à cette époque comme le montre l’appréciation de Michel Phlipponneau sur le PSU dans son livre Debout Bretagne en 1970 :

« La place prise par le PSU à Morlaix et Saint-Brieuc est un accident historique lié au rôle et à la forte personnalité de deux leaders socialistes, Antoine Mazier et François Tanguy Prigent qui, en désaccord avec la politique algérienne socialiste, ont contribué à former le PSA puis le PSU, entraînant avec eux, notamment dans les Côtes-du-Nord, les éléments jeunes et dynamiques. […] Les dirigeants PSU de Bretagne n’ont pas eu la sagesse d’utiliser la position de force que leur donnait dans les instances nationales du parti l’audience qu’ils possédaient en Bretagne (deux parlementaires sur quatre). Ils auraient pu inciter les dirigeants nationaux à intégrer, ou à associer le PSU à la FGDS. Des rencontres régionales comme celle de Saint-Brieuc, des rencontres locales avaient permis de constater l’identité de vue des deux formations sur des points essentiels, programme régional, programme agricole. »

44Au début des années 1970, malgré des convergences doctrinales évidentes avec les leaders du CELIB sur de nombreux thèmes liés à la question bretonne, les élus du PSU quittent le CELIB à l’instar des autres formations de la gauche non communiste et de beaucoup de syndicalistes.

Le départ des forces de gauche du CELIB

  • 66 Petit Bleu, 14 avril 1973.

45À partir de 1972, les fédérations bretonnes du Parti socialiste sous l’impulsion de Michel Phlipponneau dénoncent un organisme dirigé par la droite. L’élection du sénateur-maire CNI de Brest Georges Lombard à la tête du CELIB lors de l’assemblée générale du 29 septembre 1972 à Pontivy rend impossible le maintien des forces de gauche à l’intérieur du CELIB. De même, en mars 1973, les députés socialistes refusent de participer à la commission parlementaire du CELIB66. L’histoire de la participation des élus de la gauche non communiste à « l’épopée du CELIB » s’achève donc à la fin de 1972, quelques mois après à la signature du programme commun.

  • 67 Le programme commun de gouvernement du parti communiste et du parti socialiste, (27 juin 1972), Pa (...)

46Ce programme commun de juin 1972 comprend un sous-chapitre consacré à la région et, dans le cadre d’une décentralisation plus globale, il prévoit la création d’une « nouvelle collectivité territoriale démocratique de plein exercice avec des responsabilités importantes, notamment pour l’élaboration et l’exécution des plans régionaux et pour la coordination des actions entreprises par les départements et les communes ». Il est par ailleurs envisagé la création d’une assemblée élue au suffrage universel direct et au scrutin proportionnel ainsi qu’un redécoupage régional « afin que les régions aient une dimension et un poids économiques suffisants67 ».

  • 68 Cf. Prigent François, « Les élus socialistes en Bretagne : réseaux, trajectoires et identités des (...)
  • 69 Rocard Michel, op. cit., p. 93 et « La région, une idée neuve pour la gauche », in Pouvoirs, no 19 (...)

47La question régionale est donc dès lors pleinement prise en compte dans les préoccupations de la gauche au niveau national. Cette dynamique s’accompagne alors en Bretagne de la création du BREIS68. La convergence se fait sous l’impulsion d’une nouvelle génération d’élus socialistes, dont Louis Le Pensec et Charles Josselin, et de Michel Phlipponneau dans un contexte de rapprochement avec le PSU débouchant sur le ralliement d’une partie du PSU au PS en 1974. L’apport du PSU jouera sans doute un rôle important dans la création d’un conseil régional démocratiquement élu créé par des lois de décentralisation de 1982 pendant le premier mandat présidentiel de François Mitterrand. Michel Rocard, dans son ouvrage publié en 2005, revendique en tout cas « la paternité d’au moins une de ces entreprises intellectuelles, le projet de décentralisation69 ».

Notes

1 Pour de plus amples développements sur le CELIB, cf. Marzin Fabrice, « Le Comité d’études et de liaison des intérêts bretons, 1950-1972 », thèse d’histoire en cours de rédaction, université Rennes 2.

2 Cf. La Vie bretonne (VB), juin 1951 (no 8), « En dehors des partis ».

3 Le Breton socialiste (BS), 12 janvier 1952. « Le ministère Pleven est renversé ». François Tanguy Prigent explique dans cet article que la situation politique impose de collaborer avec le MRP et les modérés car « la trahison des espions de la dictature impérialiste de Moscou empêche la formation d’une majorité et d’un gouvernement de gauche ».

4 CELIB, Rapport d’ensemble sur un plan d’aménagement de modernisation et d’équipement de la Bretagne (1954-1958), La Baule, novembre 1953.

5 BS, 1er mai 1954, « Développer le tourisme ».

6 BS, 14 mai 1955, « Une visite présidentielle ».

7 Il est présent à Quimper le 22 juillet 1950 et également avec Mazier et Reeb à un dîner organisé à Paris en mai 1950.

8 Archiv. Départ. d’Ille-et-Vilaine (ADIV), 511 W 53.

9 Le Combat Social (CS), 8 décembre 1951, « Ne confondons pas ».

10 BS, 23 octobre 1954, « La défense du plan sélectionné ».

11 La liberté du Morbihan, 1er juillet 1952.

12 BS, 22 mai 1954.

13 BS, 23 octobre 1954.

14 BS, 11 juin 1955 et VB, janvier 1955.

15 BS, 18 juin 1955.

16 CS, 19 novembre 1955, « Les aménagements régionaux ».

17 CS, 29 mai 1954, « La campagne des primeurs ».

18 BS, 28 janvier 1956, « Zones critiques ».

19 BS, 18 février 1956, « Le développement régional d’urgence ».

20 BS, 14 avril 1956, « La pomme de terre, richesse finistérienne ».

21 CS, 17 mars 1956, « Un tour de force ».

22 BS, 28 avril 1956, « Visite de Guy Mollet à Châteaulin ».

23 Arrêté interministériel du 13 juillet 1956, JORF, 14 juillet 1956.

24 CS, 17 décembre 1957.

25 CS, 11 octobre 1954, « Un bel exemple de baratin ».

26 CS, 23 février 1957, « La décentralisation industrielle ».

27 BS, 24 décembre 1955, « Jugez la droite réactionnaire ».

28 CS, 17 décembre 1957.

29 VB, janvier 1958 (no 30).

30 ADIV 30 J 108, Procès-verbal du comité directeur du CELIB du 15 novembre 1962.

31 Ouest-France, 12 novembre 1962. Marcel Le Guyader à Lannion, Léon Sérandour à Saint-Brieuc 2-Loudéac, Paul Trémintin à Brest 1, François Tanguy Prigent à Morlaix 1, Lanig Le Dilosquer à Quimper. Seuls trois ne l’ont pas signé : Antoine Mazier à Saint-Brieuc, Pierre Sérandour à Guingamp, Charles Foulon à Rennes Nord.

32 « M. Tanguy Prigent, ancien ministre, député PSU, maire et conseiller général de Saint-Jean du Doigt, farouche opposant au gouvernement, garde ses distances avec le CELIB qu’il juge trop à droite et se montre favorable à l’activité du CAB (Comité d’action pour la Bretagne) », Arch. Dep. du Finistère (ADF), 141 W 105. Rapport du préfet du Finistère au Ministre de l’Intérieur en date du 6 décembre 1963 relatif aux activités du CELIB dans le Finistère.

33 VB, juin-juillet 1964. Sa motion fut écartée à l’unanimité moins une voix comme sortant de la compétence du CELIB.

34 Procès-verbal de la Comission régionale d’expansion économique (Cree) du 15 octobre 1966. ADIV 30 J 110.

35 VB, juin-juillet 1967 (no 103).

36 Arch. Dep. des Côtes-d’Armor (ADCA), 50 W 104, rapport des Renseignements Généraux du 12 juillet 1967.

37 VB, juin-juillet 1967 (no 103).

38 Procès-verbal du comité directeur du 11 mai 1968. Archive personnelle de l’auteur.

39 Denis Michel, « Le mouvement breton pendant la guerre. Un bilan », in Bougeard Ch. (dir.), Bretagne et identités régionales pendant la seconde guerre mondiale, Actes du Colloque international, 15-17 novembre 2001, Brest, CRBC-UBO, 2002, p. 151-166.

40 BS, 12 août 1950. « Fêtes celtiques. Les assises du Bleun Brug ».

41 BS, 2 septembre 1950. « Toujours au sujet du Bleun-Brug ».

42 Cf. Guiomar Jean-Yves, Les Bretons et le socialisme, Paris, Maspéro, 1972, 286 p.

43 Cf. Bougeard Christian, Tanguy Prigent, paysan ministre, Rennes, PUR, 2002, 363 p.

44 BS, 7 juillet 1956, « Le plan breton pour l’agriculture ».

45 Cf. Caro Patrice, Dard Olivier, Daumas Jean-Claude, La politique d’aménagement du territoire : racines, logiques et résultats, Rennes, PUR, 2002, 360 p.

46 ADIV, 1158 W 59.

47 Mendès France Pierre, Pour une République moderne (1955-1962), tome IV, Paris, Gallimard, 1987, p. 201-202.

48 VB, mars-avril 1966 (no 96-97).

49 Rocard Michel, Si la gauche savait, Paris, Robert Laffont, 2005, p. 105.

50 VB, janvier 1967 (no 101).

51 Meny Yves, Centralisation et décentralisation dans le débat politique français (1945-1969), Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1974, p. 143 sq.

52 Rocard Michel, op. cit., p. 106-107.

53 Proche du mouvement breton, Guy Caro est élu conseiller général PSU de Plouguenast en 1970. Il est l’auteur d’un article dans le numéro spécial de Critique socialiste consacré à la Bretagne en février-mars 1973.

54 Celib, Bretagne : une ambition nouvelle, Saint-Brieuc, Presse universitaire de Bretagne, 1971.

55 Nicolas Michel, Emsav, politique et thématique du mouvement breton, Thèse de doctorat en Sciences politiques, université Rennes 1, 1980, p. 520.

56 ADCA, 50 W 102. Rapport sur les membres du CELIB issus des Côtes-du-Nord daté du 6 décembre 1963.

57 Dulong René, La question bretonne, Paris, FNSP, 1975, p. 166.

58 ADCA, 45 W 20, plusieurs notes des renseignements généraux.

59 Arch. Dep du Morbihan (ADM), 934 W 45, note des renseignements généraux du 21 février 1964.

60 Nicolas Michel, op. cit., p. 459.

61 Ibid., p. 525.

62 Phlipponneau Michel, La gauche et les régions, Paris, Calmann-Lévy, 1967, p. 14.

63 Ibid., p. 33.

64 Ibid, p. 109.

65 Rocard Michel, op. cit., p. 152.

66 Petit Bleu, 14 avril 1973.

67 Le programme commun de gouvernement du parti communiste et du parti socialiste, (27 juin 1972), Paris, Éditions sociales, 1972, p. 158.

68 Cf. Prigent François, « Les élus socialistes en Bretagne : réseaux, trajectoires et identités des années 1930 aux années 1980 », in Bougeard Christian (dir.), Un siècle de socialismes en Bretagne de la SFIO au PS (1905-2005), Rennes, PUR, 2008.

69 Rocard Michel, op. cit., p. 93 et « La région, une idée neuve pour la gauche », in Pouvoirs, no 19, 1981, p. 132-138.

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