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« Extrême » ?

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Michel Biard
, 
Pierre Serna
, 
Bernard Gainot
, 
et al.

Cinquième partie. Et aujourd'hui... ?

La radicalité comme « remède à la maladie sénile » de la société industrielle ? La formation des Verts ouest-allemands entre sentiment de crise et remise en question des catégories idéologiques

Silke Mende

Texte intégral

  • 1 Cette communication, surtout sa première partie, repose sur ma thèse de doctorat. Pour les référen (...)
  • 2 Sur les débats concernant les années 1970 voir par exemple Frank R. et al., « Crises et conscience (...)

1Plus de trente ans après la fondation des Verts, on peut affirmer sans détours qu’ils sont devenus un acteur établi dans le paysage politique de l’Allemagne fédérale et qu’ils sont fortement enracinés dans la société allemande1. Sur l’échiquier politique, et dans le spectre idéologique, ils sont nettement situés à gauche, même si au cours des dernières années, cette caractéristique a commencé à bouger. On les associe maintenant aux classes moyennes et parfois aussi aux idées conservatrices. Cette ambiguïté par rapport à leur classification idéologique nous renvoie à l’époque de leur fondation. Le mouvement Vert s’est formé dans les années 1970, une période qui, depuis quelque temps, retient de plus en plus l’attention des historiens contemporanéistes2. À l’époque, c’est surtout la diversité idéologique et le style politique singulier du mouvement qui ont retenu l’attention des observateurs. Même rétrospectivement, le congrès fondateur en 1980 à Karlsruhe est qualifié d’exceptionnel, c’est ce qu’illustre la citation suivante du premier Secrétaire général du parti, Lukas Beckmann :

  • 3 Beckmann L., Das Wahlergebnis in Hessen ist für uns eine besondere Herausforderung und ein Anlaß, (...)

« Les Verts ont une tradition de gauche. Pourtant, nous ne sommes pas une partie de la gauche. Le terme de “société écologique” signifie beaucoup plus que la “protection de l’environnement”, mais en contrepartie il signifie une véritable orientation socio-écologique. Une telle société écologique sera le résultat d’une nouvelle façon de penser qui n’est pas à classer dans les anciennes catégories-clichés de droite et gauche. Penser de façon écologique, signifie penser de façon non-conformiste et une telle pensée englobe la volonté de rompre avec les idéologies jugées satisfaisantes jusqu’à présent3. »

2Cela nous renvoie à deux aspects déjà présents tout au long de ce volume ; tout d’abord le discours d’amalgame et de rejet. Les premiers Verts englobent une grande diversité de personnes, de projets et de programmes allant de l’« extrême » gauche à l’« extrême » droite. Ainsi, le schéma traditionnel gauche/droite, un des modèles d’explication classiques de la société industrielle, n’apparaît plus pertinent pour expliquer ou pour classer ce mouvement. Car c’est justement le clivage gauche/droite que cette force politique en pleine formation rejette. On ne peut comprendre ce rejet sans tenir compte de la situation de l’époque que les fondateurs des Verts perçoivent alors en crise majeure. Cela nous amène ensuite à un second aspect : l’auto-caractérisation comme quelque chose de nouveau, un projet encore vague à réaliser dans l’avenir. Dans ce sens, les Verts donnent une nouvelle interprétation au mot « radical » qui sert à décrire cette nouvelle perspective écologique qui, selon eux, serait seule capable de relever les multiples défis des sociétés industrielles depuis le tournant des années 1970.

3Cette contribution entend étudier ces deux aspects. Dans un premier temps, nous présenterons rapidement les différents groupes fondateurs des Verts et reviendrons sur le contexte de la formation du parti. Ensuite, nous étudierons les modes de démarcation et d’intégration en revenant brièvement sur l’histoire des concepts d’« extrême » et de « radical » qui, à l’époque, servent soit à critiquer cette nouvelle force politique soit à souligner sa spécificité idéologique inédite.

Le discours d’amalgame et de rejet

La « réunion d’hommes qui ont longuement réfléchi et qui sont conscients de leurs responsabilités » ? Les principaux réseaux de formation

  • 4 Sur « 1968 » voir Gilcher-Holtey I. (dir.), 1968 – Vom Ereignis zum Gegenstand der Geschichtswisse (...)
  • 5 Koenen G., Das rote Jahrzehnt. Unsere kleine deutsche Kulturrevolution 1967-1977, Köln, Kiepenheue (...)
  • 6 Kraushaar W., « Die Frankfurter Sponti-Szene. Eine Subkultur als politische Versuchsanordnung », A (...)

4Dès les années 1960, de nouveaux acteurs ont fait leur entrée sur la scène publique en République Fédérale d’Allemagne : les groupes extraparlementaires qui défient le système parlementaire, et comme partout en Europe occidentale le mouvement étudiant de 1968 et les « nouveaux mouvements sociaux » qui ont marqué les années 1970 et 19804. Ce terme de « nouveaux mouvements sociaux » regroupe des mouvements aussi divers que les écologistes, les antinucléaires, les féministes, les tiers-mondistes, les pacifistes ou le mouvement homosexuel. Malgré de très nettes différences, il existe d’importants points communs entre eux. Tous s’intéressent à des thèmes transversaux touchant toute la société mais en laissant de côté les aspects classiques de la société industrielle. Des catégories comme celle de « qualité de vie » résument mieux leurs centres d’intérêts que celles de « travail », de « capital » ou de « classe » plus traditionnelles. À la base du mouvement Vert, se trouvent donc des acteurs qu’on ne peut pas uniquement classer à « gauche », parce qu’ils regroupent des personnes issues de différents milieux sociaux et qu’ils portent d’autres revendications que celles de l’« ancienne gauche ». Ainsi, on est face à une grande diversité idéologique allant des conservateurs amis de la nature à un résidu de cadres communistes et maoïstes5, en passant par les partisans d’une troisième voie et surtout les groupes de la « nouvelle gauche », comme les spontanéistes6.

  • 7 Sur ce point et la suite voir Doering-Manteuffel Raphael, op. cit. ; Jarausch K. H. (dir.), Das En (...)
  • 8 Metzler G., Konzeptionen politischen Handelns von Adenauer bis Brandt. Politische Planung in der p (...)

5Mais comment peut-on expliquer cette étrange coalition couvrant une grande partie du spectre politique allant des anciens militants de la droite völkisch jusqu’aux gauchistes ? De fait, la formation de « nouveaux mouvements sociaux », ainsi que celle des Verts ne peut pas être séparée des profondes transformations que connaissent les sociétés industrielles partout en Europe de l’Ouest depuis le dernier tiers des années 19607. Cette véritable mutation se manifeste d’abord sur le plan économique. Alors que les années d’après-guerre ont été marquées par l’effort de la reconstruction, la décennie suivante est caractérisée par de graves crises économiques et financières qui laissent des traces profondes dans les mentalités ouest-européennes. L’utopie d’une croissance économique sans fin et l’espoir d’une prospérité infinie font place à l’angoisse des conséquences de la récession et du chômage. D’autres transformations se font également sentir à la suite de la politique de libéralisation du premier chancelier social-démocrate, Willy Brandt. Son projet de réformer la société ouest-allemande sous l’égide de l’État tourne rapidement court. Face aux fortes perturbations économiques, la politique de planification promue notamment par la gauche est remise en cause8. Puis le début des années 1970 se caractérise par la problématique écologique qui donne naissance à des prévisions pessimistes apparemment confirmées par une suite de graves catastrophes écologiques qui secouent la décennie. Cette angoisse concernant l’écologie est encore intensifiée à la fin des années 1970 par la peur de voir la paix mondiale vaciller. La double décision de l’OTAN en 1979 met fin à une période de détente qui a connu son apogée au milieu de la décennie.

  • 9 Gebauer A., « Apokalyptik und Eschatologie. Zum Politikverständnis der GRÜNEN in ihrer Gründungsph (...)

6Les Verts se constituent dans ce contexte de nouvelles problématiques et ils les perçoivent comme des aspects partiels d’une crise plus globale. Beaucoup sont d’avis qu’ils vivent une époque unique en raison de son caractère de crise. Leur discours sur l’intensité de la crise prend parfois des traits apocalyptiques9. Dans ce contexte, ils remettent en question les catégories traditionnelles pour décrire la situation et les instruments qui, jusqu’à présent, ont servi comme de solution aux problèmes. Un des représentants du courant conservateur décrit la situation de la manière suivante :

  • 10 Beddermann K. [sic !], Landesvorsitzender der GLU Niedersachsen über die Zukunft seiner Partei, Mi (...)

« Par rapport à nos objectifs, on doit oublier les catégories traditionnelles. Notre perspective, qui est une perspective nouvelle, est d’écarter la crise écologique à venir. Dans cette perspective, les anciennes catégories sont dépassées10. »

  • 11 Cohn-Bendit D., Wir haben sie so geliebt die Revolution, Berlin, Wien, Second tirage de la nouvell (...)

7La même orientation se retrouve chez des représentants des courants de gauche, par exemple chez le spontanéiste franco-allemand, Daniel Cohn-Bendit, qui souligne : « La critique de la société industrielle a bouleversé nos catégories traditionnelles de gauche11. »

8Du point de vue des contemporains, c’est cette constellation historique particulière qui rend nécessaire des compromis exceptionnels et des fusions inhabituelles dépassant les critères habituels comme on peut le constater dans le programme d’une liste régionale, celle du Schleswig-Holstein, qui déclare :

  • 12 « nachdenklich gewordene und verantwortungsbewusste Menschen ».
  • 13 Grüne Liste Schleswig-Holstein (GLSH), Bad Bramstedter Programm 1982. Programmatische Standortbest (...)

« Le mouvement écologique réunit des hommes qui ont longuement réfléchi, qui sont conscients de leurs responsabilités12 et qui tentent de trouver une réponse au développement suicidaire des États industrialisés13. »

La « crise de la gauche » et les métamorphoses du conservatisme

  • 14 Mitteilungsblatt der „Sonstigen Politischen Vereinigung“ zu den Europawahlen am 10. Juni 1979 (Pet (...)

9Le désir de dépasser les catégories et les modèles traditionnels se manifeste de différentes manières. Par exemple, une grande partie des Verts remet en question des catégories clés des sociétés modernes comme celles de « croissance » ou de « progrès ». Mais ce rejet s’exprime plus nettement à travers la revendication de dépasser le clivage gauche/droite qui a structuré le discours idéologique et politique depuis la Révolution française. Les Verts de 1979 ont comme programme de « dépasser le schéma gauche/droite qui est suranné14 ».

  • 15 Sur ce point et la suite : Mende S., « Nicht rechts, nicht links, sondern vorn », p. 407-445 ; pou (...)
  • 16 Althusser L., Die Krise des Marxismus, Hamburg, VSA, 1978.
  • 17 Gorz A., Adieux au prolétariat. Au-delà du socialisme, Paris, Éd. Galilée, 1980.
  • 18 Fischer J., « Warum eigentlich nicht », Fischer J., Von grüner Kraft und Herrlichkeit, Reinbek bei (...)

10Ces revendications s’insèrent dans un discours interrogeant la validité du schéma gauche/droite qui dépasse largement le milieu vert-alternatif. On assiste à des débats scientifiques, ainsi qu’à de semblables discussions dans divers cercles politiques où l’on se demande ce que « gauche » et « droite » peuvent encore signifier. Et tout cela est fortement lié à deux processus présents dans les sociétés occidentales à la fin des années 1970. Tout d’abord, de la « crise de la gauche », en RFA, celle-ci devient perceptible avec l’érosion rapide des groupes communistes et maoïstes et par un manque d’orientation politique de plus en plus évident de la gauche non-dogmatique15. En France ou en Italie, on assiste à des phénomènes comparables ; en 1977, Louis Althusser annonce la « crise du marxisme16 » et trois années plus tard André Gorz fait ses « Adieux au prolétariat17 ». Cette véritable crise d’identité de la gauche a été provoquée par différents facteurs, entre autres : le silence de la classe ouvrière face à la montée du chômage, l’inefficacité des recettes socialistes à l’époque du capitalisme tardif et notamment l’incompréhension des théoriciens de gauche face aux défis écologiques. Dans ce contexte, Joschka Fischer constate consterné en 1978 que « dans le domaine de l’écologie, il n’y a plus de gauche et plus de droite. Que se passe-t-il sur les vieux fronts de la lutte des classes et l’utopie communiste des forces productives libérées ? Tout cela nous semble aujourd’hui plutôt un épisode de science-fiction qui donne le frisson18 ».

  • 19 Geppert D., Thatchers konservative Revolution. Der Richtungswandel der britischen Tories 1975-1979 (...)
  • 20 Patterson, J. T., Restless Giant. The United States from Watergate to Bush v. Gore, Oxford/New Yor (...)
  • 21 Voir Schildt A., « “Die Kräfte der Gegenreform sind auf breiter Front angetreten”. Zur konservativ (...)
  • 22 Gruhl H., Die Überlebensnotwendigkeit ökologischer Politik. Grundsatzrede auf dem Gründungsparteit (...)

11Parallèlement, on assiste à une transformation des forces conservatrices. Celles-ci valorisent de plus en plus les valeurs « néolibérales », les préférant aux principes conservateurs classiques. Ce processus est sans aucun doute plus perceptible en Grande Bretagne avec Margaret Thatcher entrée en scène à la fin des années 1970 dans une configuration alliant néoconservateurs et néolibéraux19, ou aux États-Unis avec l’arrivée au pouvoir du président Ronald Reagan20. La RFA ne vit pas de transformation aussi profonde des forces conservatrices, mais on assiste à une évolution des objectifs politiques au sein même du parti chrétien-démocrate21. Pour les écologistes d’origine conservatrice, ces manœuvres sont vouées à l’échec. Ils cherchent, eux, plutôt leurs repères dans l’après-guerre quand les chrétiens-démocrates étaient encore, toujours selon eux, une véritable force conservatrice. Dès lors, ils regrettent que le conservatisme ait choisi d’abandonner son scepticisme quant à la croyance dans le progrès. Être conservateur signifie, selon eux, « préférer le vivant au mécanique22 ».

12On constate donc que le manque d’orientation idéologique est double. Il se manifeste à la fois dans la « crise de la gauche » et dans les métamorphoses du conservatisme. Certes, ces deux éléments n’ont pas été déclenchés par la problématique écologique, mais celle-ci joue le rôle d’un catalyseur rendant le dilemme plus visible. Dans la formation des Verts, ces processus représentent un facteur décisif. Pendant un court moment historique, se rencontrent en leur sein des partisans déçus des deux camps, des écologistes conservateurs ainsi que d’anciens partisans de gauche suivis par d’anciens membres de la droite völkisch et par des adeptes d’une troisième voie.

Une politique « radicale » pour la nouvelle ère ?

  • 23 Sur ce point et la suite Fuest L., Löffler J., « Einleitung », Fuest L., Löffler J. (dir.), Diskur (...)
  • 24 Nieke W., « Extremismus », Historisches Wörterbuch der Philosophie vol. 2, 1972, p. 883-884.
  • 25 Kurbacher, op. cit., p. 49 et 59.

13Mais ce qui doit remplir le vide laissé par les catégories et concepts dépassés reste le plus souvent dans le vague. Le slogan fondateur des premiers Verts allemands, à savoir être « ni à droite ni à gauche, mais devant » (« nicht rechts, nicht links, sondern vorn ») illustre parfaitement cette incertitude face à la présumée « nouvelle époque ». Mais comment nourrir le concept de « devant » qui apparaît plutôt comme un substitut marquant à la fois une innovation présumée et une profonde perplexité ? Cela nous amène à nous interroger sur l’emploi des termes « radical » et « extrême ». Dans cette nouvelle ère écologique la notion de « radicalité » doit, entre autre, souligner l’originalité de l’approche verte alors que le mot « extrême » sert plutôt aux détracteurs de cette nouvelle force politique. Peut-être doit-on d’abord d’esquisser brièvement leurs multiples usages dans la langue politique allemande. En général « extrême » ainsi que « radical » renvoient à une « sémantique topographique23 ». Alors que le premier vise à l’horizontalité, le second se réfère à la verticalité. Si « extrême » décrit la manière de penser, une représentation mentale, « radical » qualifie, lui, plutôt la façon d’argumenter et d’agir, les pratiques24. Au niveau politique, les deux termes renvoient à des mouvements qui ont pour but d’abolir l’ordre existant sans pour autant en créer forcément un nouveau. Aussi bien l’un que l’autre permet de formuler une critique acerbe de la société25. Dans les pratiques sémantiques des mouvements politiques, les différences peuvent s’estomper, « extrême » et « radical » étant souvent utilisés comme synonymes. Qu’en est-il avec les Verts ? Commençons avec l’adjectif « extrême ».

Une force « extrême » et « chaotique » défiant le consensus libéral d’après-guerre ? Des concepts de critique

  • 26 Fuest Löffler, op. cit., Einleitung, p. 9.
  • 27 Voir Bobbio N., Rechts und Links. Gründe und Bedeutungen einer politischen Unterscheidung, Berlin, (...)

14On a vu que le mot « extrême » vise à localiser quelque chose ou quelqu’un dans un espace politique. Le localiser à l’« extrême » implique qu’il y ait un dedans et un dehors26. Cette pratique se retrouve également chez les fondateurs des Verts. Le mot « extrême » est utilisé pour critiquer aussi bien par les adversaires politiques à l’extérieur qu’à l’intérieur du parti. Tout abord quelques représentants et adhérents des autres partis allemands tentent de présenter les Verts comme un étrange mélange d’« extrémistes » provenant de l’extrême gauche et de l’extrême droite visant à ébranler le consensus libéral et démocratique de la République Fédérale. Quelquefois cela semble renouer avec l’idée que « les extrêmes se rejoignent », une figure de rhétorique renforcée par les diverses théories de totalitarisme de l’après-guerre27.

15Pourtant une grande partie des médias établis n’a pas recours au mot « extrême » mais met plutôt l’accent sur le côté « chaotique » qui, selon eux, caractérise le style politique des premiers Verts. Par exemple, rendant compte du congrès fondateur en janvier 1980 à Karlsruhe, la Süddeutsche Zeitung note :

  • 28 Leicht R., « Am Ende grüner Hoffnungen », Süddeutsche Zeitung, 15 janvier 1980.

« Ceux qui ont assisté au congrès de formation des Verts ont dû faire un affreux cauchemar : On ne peut pas imaginer que la liberté d’action du gouvernement fédéral puisse dépendre d’une telle organisation28. »

  • 29 « “Wollt ihr den Strauß ?” Die Grünen formierten sich zur Bundespartei », Der Spiegel, 21 janvier (...)
  • 30 Sur le débat sur l’« ingouvernabilité » voir Metzler G., « Staatsversagen und Unregierbarkeit in d (...)

16Et le Spiegel parle d’un « véritable tohu-bohu » qui se serait déroulé à Karlsruhe29. Le message est alors clair : Les Verts sont une force imprévisible qui pourrait menacer l’ordre politique de la RFA, s’ils parvenaient au pouvoir, le pays deviendrait alors probablement ingouvernable30.

  • 31 Lettre du KV Garmisch-Partenkirchen, adressé au LV Bayern, 03 février 1980 (Archiv Grünes Gedächtn (...)

17Mais ces qualificatifs d’« extrême » et de « chaotique » servent également d’arguments dans les débats au sein du parti. Le fait que les premiers Verts englobent différents groupes idéologiques implique de fortes confrontations entre ces différents camps. Ainsi, le mot « extrême », entre autres, permet de démasquer d’anciens nationaux-socialistes dans les rangs des fondateurs Verts ainsi qu’à écarter les ex-cadres communistes et maoïstes, ce dernier est d’ailleurs voué à l’échec. Les anciens militants des groupes communistes se voient reprocher de noyauter le nouveau parti suivant la stratégie de l’entrisme. Par exemple, les Verts de Garmisch-Partenkirchen en Bavière craignent que beaucoup de sympathisants potentiels du parti s’éloignent si le parti se laisse « instrumentaliser » par des « groupes extrémistes » qui l’utilisent comme couverture31.

  • 32 Voir le rapport sur de telles manœuvres de stigmatisation Otto G., Entwurf : Wohin steuern die Grü (...)
  • 33 « Grüne Liste », Pflasterstrand, no 34, 1978, p. 28 et suiv.

18L’aspect « chaotique » cible avant tout les anciens spontanéistes qui, bien que transformés en Verts, n’ont pas abandonné les pratiques politiques de 1968. Selon leurs adversaires, ces formes d’actions jugées « chaotiques » sont à même de contrecarrer une politique écologique sérieuse visant à sauver la planète32. Les spontanéistes d’ailleurs remuent le couteau dans la plaie en ironisant sur ce reproche ; par exemple, lors de la phase de formation du parti, ils fondent une initiative de citoyens (Bürgerinitiative) appelée « Chaos und Sumpf », « chaos et marais33 ».

  • 34 Kurdzialek M., « Chaos », Historisches Wörterbuch der Philosophie, vol. 1, 1971, p. 980-983.
  • 35 Mende S., « Nicht rechts, nicht links, sondern vorn », p. 196-213, Kraushaar, op. cit.

19Le mot « extrême » est ainsi parfois associé au mot « chaotique ». Concernant l’histoire sémantique de ce dernier, le mot est souvent utilisé dans un sens négatif. Si, dans l’antiquité, le « chaos » signifie le vide et est associé à ce qui reste indéterminé, voire au désordre, les temps modernes connaissent des connotations positives du mot. Mais sous l’impact des sciences exactes, une définition négative semble s’être imposée. On pense à Hobbes qui associe « chaos » à l’état naturel qu’il faut surmonter34. Ainsi, « chaos » est aussi lié au terme d’« anarchie ». Néanmoins pour certains groupes fondateurs des Verts, ce dernier n’est guère perçu comme négatif. En particulier, les spontanéistes utilisent « anarchie » positivement mettant en avant l’absence complète de hiérarchie et de pouvoir, la liberté absolue. Le concept de « radicalité » a donc, pour eux, une valeur largement positive35.

Une « radicalité » positive ? Des recettes nouvelles pour surmonter les multiples crises du présent

  • 36 Wende P., « Radikalismus », Brunner O., Conze W., Koselleck R. (dir.), Geschichtliche Grundbegriff (...)

20Dans la France du XIXe siècle, le terme « radical » est fortement lié à des convictions partisanes promouvant les idées démocratiques et républicaines. En Allemagne, au contraire, depuis l’échec de la révolution de 1848, « radical » sert surtout à dénoncer ces valeurs. Plus tard, on associe ce concept aux mouvements socialistes en lui attribuant une valeur largement négative. Pendant l’entre-deux-guerres, on commence à distinguer radicalisme de gauche et radicalisme de droite, ce dernier étant représenté par les nationaux-socialistes36.

  • 37 Voir par exemple la lettre de J. W. au Kreisverband Die Grünen, Springe, 20 janvier 1981, p. 1 (Ar (...)
  • 38 Engels J. I., Naturpolitik in der Bundesrepublik. Ideenwelt und politische Verhaltensstile in Natu (...)

21Parmi les fondateurs des Verts, les militants conservateurs renouent notamment avec cette tradition sémantique. Quand ils déplorent les « tendances d’un gauchisme radical » qui secouent leur parti37, ils utilisent « radical » comme synonyme d’« extrême ». Cette position s’est exprimée quelques années plus tôt lors des manifestations contre le projet de construction d’une centrale nucléaire à Wyhl, en Bade de sud. Les manifestants originaires de la région et provenant des classes moyennes, tels les viticulteurs, recourent au slogan suivant, en dialecte alémanique : « Mir sin keini Radikali », « Nous ne sommes pas de radicaux. » Pour eux, il est important de se distancier des groupes socialistes ou communistes dénoncés comme « radicaux » car, à leurs yeux, il s’agit de détracteurs de l’ensemble du système politique et social de la RFA38.

  • 39 Lénine V. I., La maladie infantile du communisme, le gauchisme, Paris, Éd. du Centenaire, 1970. En (...)
  • 40 Cohn-Bendit D., Cohn-Bendit G., Le Gauchisme. Remède à la maladie sénile du communisme, Paris, Éd. (...)
  • 41 Voir Mende S., « “Small is beautiful”. Le mouvement vert en Allemagne de l’Ouest entre mouvements (...)
  • 42 Contrairement à J. Fischer qui a abandonné la radicalité au profit de la « Realpolitik », d’autres (...)
  • 43 Fischer, « Warum eigentlich nicht », p. 96.
  • 44 « Radikaler Verweigerungethos ».
  • 45 Fischer J., « Der Widerspenstigen Zähmung », Fischer, Von grüner Kraft, p. 99-108, citation : p. 1 (...)
  • 46 Fischer J., « Warum eigentlich nicht », p. 115.

22Mais ces connotations négatives du mot « radical » semblent être des exceptions. Pour beaucoup de Verts, le terme sert à qualifier leur propre politique dans un sens assez positif. Les premiers qui prônent une approche « radicale » sont encore les groupes spontanéistes en se distanciant d’un communisme dogmatique, doté d’un lourd appareil et de doctrines idéologiques très strictes. En faisant allusion à Lénine qui avait critiqué le « gauchisme » (en allemand : « linker Radikalismus ») comme la « maladie infantile du communisme39 », en 1968 Daniel et Gabriel Cohn-Bendit désignent au contraire celui-ci comme le « remède à la maladie sénile du communisme40 ». Pour eux, dont Daniel qui, dans les années 1970, va devenir tout à la fois une des idoles de la scène alternative et spontanéiste de Francfort sur le Main ainsi qu’un imminent fondateur des Verts, cette « radicalité » critique les institutions établies ainsi qu’une organisation trop figée du mouvement d’opposition lui-même. Au contraire, les spontanéistes prônent des valeurs comme la décentralisation et l’auto-détermination41. Cela reflète les continuités allant de la tradition antiautoritaire de 1968 à la formation des Verts en passant par la diversité du milieu alternatif des années 1970. Lors de la fondation des Verts en 1980, on ne pouvait pas encore prévoir que ce seraient justement ces cercles autour des spontanéistes de Francfort qui les conduiraient vers la « Realpolitik », et cela en dépit de leurs traditions « radicales42 ». Pour Joschka Fischer, c’est la dimension écologique qui, à la fin des années 1970, a profondément remis en question leur « identité de radicaux de gauche (Linksradikale)43 ». Leur « éthique du refus radical44 » s’est rapidement transformée en « simple fantôme45 ». Et la question alors posée est : « Peut-être ne nous reste-t-il que la seule voie réformiste pour aller jusqu’à la tombe parce qu’il s’avère qu’il n’y a rien d’autre ? Voulons-nous être de véritables réformateurs ou des rêveurs radicaux46 ? »

  • 47 Voir Hasenclever, W.-D., « Die Grünen – nicht nur Träger linker Hoffnungen », AL Berlin (dir.), Pe (...)
  • 48 Flechtheim, O. K., « Funktioniert die Logik des kleineren Übels noch ? », Kelly P. K., Leinen J. ( (...)
  • 49 Flechtheim O. K., « Extremismus und Radikalismus. Eine Kontraststudie », Aus Politik und Zeitgesch (...)

23Mais à l’époque de la formation du parti Vert, les spontanéistes ne sont pas les seuls qui utilisent fréquemment le terme « radical » avec une connotation plutôt positive. On trouve des motivations semblables chez les représentants d’autres courants fondateurs. Selon eux, la remise en question des « catégories surannées » ne peut être que « radicale47 ». Ainsi, le politologue et futurologue Ossip K. Flechtheim, un de maîtres à penser des Verts, formule l’idée d’un « petit parti d’un type radicalement nouveau48 », car « les défis globaux s’aggravant [...] ils exigent des réponses radicales49 ».

  • 50 Haverbeck W. G., « Es geht um unser Leben », Die Unabhängigen, no 2, 1974, p. 3 et suiv. D’ailleur (...)
  • 51 Sternstein W., « “Die Zukunft des Industrialismus ist dunkel...” Gandhi als Ökologe », bbu aktuell (...)
  • 52 Beitrag von Petra Kelly auf der Aktionskonferenz in der Bad Godesberger Stadthalle am 4. April 198 (...)

24Par conséquent, on est en présence de nombreuses déclarations qui soulignent que seul un « changement profond et radical » de la manière de vivre peut sauver la planète50 et qu’une « critique radicale » du système industriel est nécessaire51. En reprenant et modifiant en quelque sorte la formule des frères Cohn-Bendit, pour de nombreux fondateurs des Verts, la « radicalité » serait le « remède à la maladie sénile » de la société industrielle, ses structures ainsi que ses valeurs étant jugées « dévastatrices », surtout sur le plan écologique. Cette sémantique se manifeste également sur le plan des pratiques, par exemple dans la volonté de rompre avec les traditions d’une démocratie représentative en faveur de la fameuse démocratie de base. Mais alors que des spontanéistes, avant de s’engager au sein du parti Vert, ont eu recours à des pratiques violentes, il est évident pour l’écrasante majorité des Verts qu’une politique radicale doit être une politique non-violente. Ainsi dans le contexte du mouvement pacifiste qui connait un énorme essor au début des années 1980, la célèbre fondatrice des Verts, Petra Kelly, réclame une « stratégie non-violente, mais concrète et radicale52 », en même temps, elle évoque les prestigieux précurseurs de ce concept, en particulier Mahatma Gandhi et Martin Luther King.

25Alors qu’« extrême » a surtout une connotation négative utilisée par les adversaires pour critiquer, aussi bien en dehors qu’au sein du parti, le qualificatif « radical » devient un concept plutôt positif destiné à souligner la politique nouvelle pour l’avenir qui demeure cependant encore très floue.

26Au cours de leur histoire de plus de trente ans, les Verts ont souvent changé et parfois même beaucoup. Au cours des années 1980, après défections et de multiples scissions, ils sont devenus un parti de gauche durant les décennies 1980 et 1990. Lors de leur phase de formation, cette évolution n’était pas prévisible, dans la mesure où leurs fondateurs venaient d’un si vaste spectre de militants et d’adhérents. Ces différents représentants percevaient le temps présent comme une situation exceptionnelle. À leurs yeux, les anciennes catégories et concepts avaient perdu leur vigueur et devaient donc être remplacés. La fusion de ces très nombreux groupes si différents a été une tentative pour réaliser cette prophétie. Néanmoins, les utopies des premiers Verts autant que leur programme restaient très vagues. Ceci s’est modifié au fil de leur histoire. En effet, cette nouvelle force politique n’est parvenue à constituer son identité qu’au moment où elle a trouvé refuge dans les anciennes catégories qu’elle avait mises en cause. Le parti qui, dans sa phase de formation s’était classé « ni à droite, ni à gauche, mais devant », est devenu un parti de centre-gauche.

  • 53 Fischer J., « Für einen grünen Radikalreformismus », Fischer, Von grüner Kraft, p. 119-135 [1re pu (...)

27Dans le vide idéologique caractérisant sa phase de formation, c’est entre autre le mot « radical » qui permet de souligner l’altérité idéologique et le style politique qui les distinguent nettement des idées et pratiques des forces politiques alors établies. Mais en même temps, cela leur permet d’établir des continuités sémantiques communes aux différents groupes fondateurs ayant des identités multiples, ceux-ci se retrouvent, en fait, presque tous dans l’affirmation d’une politique « radicale ». En dépit des différentes traditions, le discours de « radicalité » autour les premiers Verts s’insère surtout dans une longue tradition visant à définir une « politique de radicalité » à gauche. La gauche antiautoritaire et non dogmatique des années 1960 et 1970 a essayé de redifférencier et de revaloriser un concept ainsi que des pratiques politiques qui, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, ont été largement critiqués dans le discours politique allemand ainsi que par les militants d’un communisme dogmatique dans la tradition léniniste. Le changement d’orientation, la « Realpolitik », que le parti pratique depuis la fin des années 1980, d’ailleurs sous l’empreinte des anciens spontanéistes, marque un nouvel abandon de la politique « radicale » aussi bien sur le plan sémantique qu’en pratique. Ironie de l’histoire, cette nouvelle étape a été inaugurée par un concept que Joschka Fischer a appelé « réformisme radical53 ».

Notes

1 Cette communication, surtout sa première partie, repose sur ma thèse de doctorat. Pour les références bibliographiques détaillées voir celle-ci (Mende S., « Nicht rechts, nicht links, sondern vorn ». Eine Geschichte der Gründungsgrünen, München, Oldenbourg, 2011). Je remercie Paul Pasteur pour la relecture du texte.

2 Sur les débats concernant les années 1970 voir par exemple Frank R. et al., « Crises et conscience de crise. Les années grises de la fin de siècle », Vingtième siècle no 84, 2004, p. 75-82 ; Doering-Manteuffel A., Raphael L., Nach dem Boom. Perspektiven auf die Zeitgeschichte seit 1970, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2e éd., 2010 ; Wirsching A. (dir.) « The 1970s and 1980s as a Turning Point in European History? With contributions from Göran Theborn, GeoffEley, Harmut Kaelble, Philippe Chassaigne and Andreas Wirsching », Journal of Modern European History, vol. 9, 2011, no 1, p. 8-26.

3 Beckmann L., Das Wahlergebnis in Hessen ist für uns eine besondere Herausforderung und ein Anlaß, die bisherige Strategie zur Veränderung dieser Gesellschaft zu erweitern und zu verändern, 22 avril 1987, p. 3 (Archiv Grünes Gedächtnis : B. I. 1., Sign : vorl. : 3). Toutes les citations ont été traduites par mes soins, sauf indication contraire.

4 Sur « 1968 » voir Gilcher-Holtey I. (dir.), 1968 – Vom Ereignis zum Gegenstand der Geschichtswissenschaft, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1998 ; sur les nouveaux mouvements sociaux et le milieu alternatif voir Roth R., Rucht D. (dir.), Die sozialen Bewegungen in Deutschland seit 1945. Ein Handbuch, Frankfurt am Main, New York, Campus, 2008 ; Reichardt S., Siegfried D. (dir.), Das alternative Milieu. Antibürgerlicher Lebensstil und linke Politik in der Bundesrepublik Deutschland und Europa 1968-1983, Göttingen, Wallstein, 2010.

5 Koenen G., Das rote Jahrzehnt. Unsere kleine deutsche Kulturrevolution 1967-1977, Köln, Kiepenheuer et Witsch, 2001.

6 Kraushaar W., « Die Frankfurter Sponti-Szene. Eine Subkultur als politische Versuchsanordnung », Archiv für Sozialgeschichte no 44, 2004, p. 105-121.

7 Sur ce point et la suite voir Doering-Manteuffel Raphael, op. cit. ; Jarausch K. H. (dir.), Das Ende der Zuversicht ? Die siebziger Jahre als Geschichte, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2008.

8 Metzler G., Konzeptionen politischen Handelns von Adenauer bis Brandt. Politische Planung in der pluralistischen Gesellschaft, Paderborn et al., Schöningh, 2005.

9 Gebauer A., « Apokalyptik und Eschatologie. Zum Politikverständnis der GRÜNEN in ihrer Gründungsphase », Archiv für Sozialgeschichte no 43, 2003, p. 405-420.

10 Beddermann K. [sic !], Landesvorsitzender der GLU Niedersachsen über die Zukunft seiner Partei, Mitschrift der Sendung Mosaik, WDR III/10.6.1978/07.20 Uhr (Archiv Christlich-Demokratische Politik : ACDP, Pressedokumentation, no 2-24-9-2).

11 Cohn-Bendit D., Wir haben sie so geliebt die Revolution, Berlin, Wien, Second tirage de la nouvelle édition enrichie, 2001, p. 260.

12 « nachdenklich gewordene und verantwortungsbewusste Menschen ».

13 Grüne Liste Schleswig-Holstein (GLSH), Bad Bramstedter Programm 1982. Programmatische Standortbestimmung als Grundlage für weitere grüne Programmarbeit, Bad Bramstedt 1982, p. 6.

14 Mitteilungsblatt der „Sonstigen Politischen Vereinigung“ zu den Europawahlen am 10. Juni 1979 (Petra-Kelly-Archiv : no 2476).

15 Sur ce point et la suite : Mende S., « Nicht rechts, nicht links, sondern vorn », p. 407-445 ; pour les groupes communistes voir aussi Koenen, op. cit.

16 Althusser L., Die Krise des Marxismus, Hamburg, VSA, 1978.

17 Gorz A., Adieux au prolétariat. Au-delà du socialisme, Paris, Éd. Galilée, 1980.

18 Fischer J., « Warum eigentlich nicht », Fischer J., Von grüner Kraft und Herrlichkeit, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt, 1984, p. 88-98, citation : p. 97 [première publication 1978].

19 Geppert D., Thatchers konservative Revolution. Der Richtungswandel der britischen Tories 1975-1979, München, Oldenbourg, 2002.

20 Patterson, J. T., Restless Giant. The United States from Watergate to Bush v. Gore, Oxford/New York, Oxford University Press, 2005, p. 108-192.

21 Voir Schildt A., « “Die Kräfte der Gegenreform sind auf breiter Front angetreten”. Zur konservativen Tendenzwende in den Siebzigerjahren », Archiv für Sozialgeschichte no 44, 2004, p. 449-478 ; Wirsching A., Abschied vom Provisorium. Geschichte der Bundesrepublik Deutschland 1982-1990, Stuttgart, München, DVA, 2006, p. 50-55 ; Livi M., Schmidt D., Sturm M. (Hrsg.), Die 1970er Jahre als schwarzes Jahrzehnt. Politisierung und Mobilisierung zwischen christlicher Demokratie und extremer Rechter, Frankfurt am Main, New York, Campus, 2010.

22 Gruhl H., Die Überlebensnotwendigkeit ökologischer Politik. Grundsatzrede auf dem Gründungsparteitag der Ökologisch-Demokratischen Partei (ÖDP) am 6. März 1982 in Bad Honnef, Bad Honnef 1982, p. 5.

23 Sur ce point et la suite Fuest L., Löffler J., « Einleitung », Fuest L., Löffler J. (dir.), Diskurse des Extremen. Über Extremismus und Radikalität in Theorie, Literatur und Medien, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2005, p. 9-12, citation : p. 9 ; Kurbacher F. A., « Radikalität als Denkfigur. Zur Philosophie extremer Überzeugungen », Ibid., p. 49-60 ; Willer S., « Radikalität als Sprachspiel », Ibid., p. 61-73.

24 Nieke W., « Extremismus », Historisches Wörterbuch der Philosophie vol. 2, 1972, p. 883-884.

25 Kurbacher, op. cit., p. 49 et 59.

26 Fuest Löffler, op. cit., Einleitung, p. 9.

27 Voir Bobbio N., Rechts und Links. Gründe und Bedeutungen einer politischen Unterscheidung, Berlin, Wagenbach, 4e éd., 2006, p. 31-43 [Première édition 1994].

28 Leicht R., « Am Ende grüner Hoffnungen », Süddeutsche Zeitung, 15 janvier 1980.

29 « “Wollt ihr den Strauß ?” Die Grünen formierten sich zur Bundespartei », Der Spiegel, 21 janvier 1980, p. 26.

30 Sur le débat sur l’« ingouvernabilité » voir Metzler G., « Staatsversagen und Unregierbarkeit in den siebziger Jahren », Jarausch (dir.), op. cit., p. 243-260.

31 Lettre du KV Garmisch-Partenkirchen, adressé au LV Bayern, 03 février 1980 (Archiv Grünes Gedächtnis : B. I. 1., Sign. : 67). Voir aussi la lettre de Friedhelm Wegener aux membres de la GLU, 11 juillet 1978 (Archiv Grünes Gedächtnis : A – Knabe, Wilhelm, Sign. : 47).

32 Voir le rapport sur de telles manœuvres de stigmatisation Otto G., Entwurf : Wohin steuern die Grünen ?, 28 août 1978 (Archiv Grünes Gedächtnis : A – Conrad, Ulrich, Sign. : 5).

33 « Grüne Liste », Pflasterstrand, no 34, 1978, p. 28 et suiv.

34 Kurdzialek M., « Chaos », Historisches Wörterbuch der Philosophie, vol. 1, 1971, p. 980-983.

35 Mende S., « Nicht rechts, nicht links, sondern vorn », p. 196-213, Kraushaar, op. cit.

36 Wende P., « Radikalismus », Brunner O., Conze W., Koselleck R. (dir.), Geschichtliche Grundbegriffe. Historisches Lexikon zur politisch-sozialen Sprache in Deutschland, vol. 5, Stuttgart, Klett, 1984, p. 113-133 ; Elling E., « Radikalismus », Historisches Wörterbuch der Philosophie, vol. 8, 1992, p. 11-13.

37 Voir par exemple la lettre de J. W. au Kreisverband Die Grünen, Springe, 20 janvier 1981, p. 1 (Archiv Grünes Gedächtnis : B I. 1., Sign. : 428).

38 Engels J. I., Naturpolitik in der Bundesrepublik. Ideenwelt und politische Verhaltensstile in Naturschutz und Umweltbewegung 1950-1980, Paderborn et al., Schöningh, 2006, citation p. 350.

39 Lénine V. I., La maladie infantile du communisme, le gauchisme, Paris, Éd. du Centenaire, 1970. En allemand Lenin W. I., Der « linke Radikalismus ». Die Kinderkrankheit im Kommunismus, Berlin (DDR), 16e édition, 1989.

40 Cohn-Bendit D., Cohn-Bendit G., Le Gauchisme. Remède à la maladie sénile du communisme, Paris, Éd. du Seuil, 1968. En allemand Cohn-Bendit D., Cohn-Bendit G., Linksradikalismus-Gewaltkur gegen die Alterskrankheit des Kommunismus, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt, 1968.

41 Voir Mende S., « “Small is beautiful”. Le mouvement vert en Allemagne de l’Ouest entre mouvements sociaux et institutions officielles », Rowell J., Saint-Gille A.-M. (dir.), La société civile organisée aux XIXe et XXe siècles : perspectives allemandes et françaises, Paris, Presses Universitaires de Septentrion, 2010, p. 215-226.

42 Contrairement à J. Fischer qui a abandonné la radicalité au profit de la « Realpolitik », d’autres militants ont choisi une autre voie, comme par exemple Dieter Kunzelmann qui, s’inscrivant dans la tradition antiautoritaire de 1968, s’est opposé à la « Realpolitik » avec la « Alternative Liste » de Berlin renouant ainsi avec ses traditions radicales. Sur ce parcours allant de 1968 aux Verts, voir Reimann, A., Dieter Kunzelmann. Avantgardist, Protestler, Radikaler, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2009. Voir aussi Kraushaar, op. cit., p. 115–-117.

43 Fischer, « Warum eigentlich nicht », p. 96.

44 « Radikaler Verweigerungethos ».

45 Fischer J., « Der Widerspenstigen Zähmung », Fischer, Von grüner Kraft, p. 99-108, citation : p. 104 [première publication 1980].

46 Fischer J., « Warum eigentlich nicht », p. 115.

47 Voir Hasenclever, W.-D., « Die Grünen – nicht nur Träger linker Hoffnungen », AL Berlin (dir.), Perspektiven der Grünen, Bunten und Alternativen. Zur Diskussion, Berlin 1980, p. 3-6, ici p. 5.

48 Flechtheim, O. K., « Funktioniert die Logik des kleineren Übels noch ? », Kelly P. K., Leinen J. (dir.), Prinzip Leben. Ökopax – die neue Kraft, Berlin, Olle & Wolter, 1982, p. 70-77, ici p. 75 et 77 [1re édition 1977].

49 Flechtheim O. K., « Extremismus und Radikalismus. Eine Kontraststudie », Aus Politik und Zeitgeschichte, no 6, 1976, p. 22-31, ici p. 30. En plus, il accentue la différence entre « radicalité » et « extrémisme » et la possibilité d’un « radicalisme humain et démocratique », Ibid., p. 29.

50 Haverbeck W. G., « Es geht um unser Leben », Die Unabhängigen, no 2, 1974, p. 3 et suiv. D’ailleurs Haverbeck avait été un représentant du mouvement völkisch et national-socialiste. La thèse selon laquelle son appel à la « radicalité » au nom de l’écologie dans les années 1970 est à replacer dans la continuité de sa « radicalité » conservatrice droitière de la première moitié du XXe siècle ne peut pas être approfondie ici.

51 Sternstein W., « “Die Zukunft des Industrialismus ist dunkel...” Gandhi als Ökologe », bbu aktuell, no 2, 1978, p. 39-41.

52 Beitrag von Petra Kelly auf der Aktionskonferenz in der Bad Godesberger Stadthalle am 4. April 1982, p. 4 (Archiv Grünes Gedächtnis : C – NRW LaVo/LGSt, Sign. : 345 (2)). Voir aussi : Kelly P., « Aufschrei einer Frau. Petra Kelly sprach vor dem Giessener Kongreß », Die Unabhängigen, no 50, 1976, p. 3 et suiv. Sur Petra Kelly, voir aussi Richter S., Die Aktivistin. Das Leben der Petra Kelly, München, DVA, 2010.

53 Fischer J., « Für einen grünen Radikalreformismus », Fischer, Von grüner Kraft, p. 119-135 [1re publication 1983].

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