1 Les maires ont pendant longtemps embauché des personnes non titulaires de la fonction publique territoriale, ce qui permettait ainsi à de nombreuses familles de prétendre au bénéfice des allocations familiales. Si, aujourd’hui, avec l’arrêt Constantin, les mairies ne peuvent plus créer d’emplois communaux, la vocation « entrepreneuriale » du maire n’a pas pour autant disparu avec la croissance sensible au cours des années 1990 du nombre d’emplois aidés.
2 « An 13 an moin la gingninn moi baléyéz la komine Le Port, na do moun i gingn kontra si kontra. […] Pou voté i koné ousa ou abit, pou gingn travay i koné pa ! »
3 L’AREP (Association réunionnaise d’éducation populaire) est une association qui mène des activités d’insertion auprès des allocataires du RMI. Financée par l’ADI de la Réunion, l’AREP produit en retour des bilans d’activité que nous avons été autorisés à consulter, et à citer. Le document auquel nous nous référons plusieurs fois pour citer quelques témoignages d’allocataires s’intitule Bilan intermédiaire, Animation sociale de proximité et développement local, ADI, août 2001.
4 Comme nous le développons plus loin dans une analyse des « nouvelles » affiliations créoles, il faut très certainement lire ici les signes encore bien présents d’une organisation sociale de type paternaliste dans laquelle les acteurs sont toujours dans des jeux d’obligations réciproques.
5 Journal télévisé de 19 h 30, RFO Réunion, 22 mai 2001.
6 Parce que la mobilité géographique accroît les chances d’accès à l’emploi, les travailleurs sociaux sont de plus en plus amenés à interroger les usagers sur leurs perceptions à ce sujet. Or, il s’avère que la grande majorité des allocataires ne se représente pas ou peu l’idée même de mobilité pour l’obtention d’un emploi ou tout autre chose d’ailleurs, et ce tout en se limitant à l’espace insulaire de la Réunion (il n’est pas rare par exemple de rencontrer des familles de Saint-Joseph, commune du sud de l’île, qui n’ont jamais mis les pieds à Saint-Denis, située au nord).
7 Quand les deux conjoints répondent aux critères d’attribution de l’allocation, le RMI est alors versé au couple et non pas à un seul des conjoints.
8 Cette remarque vaut également pour le travail informel qui répond lui aussi à tout un ensemble de règles formalisées et connues des employeurs et des employés marrons.
9 La principale qualité du békeur de klés est aussi sa polyvalence. Cette absence de spécialisation en termes d’activités et de qualifications évoque de manière contemporaine « la civilisation du bricolage et de l’à peu près » décrite par J. Defos du Rau dans les années 1960.
10 Encore que pour la population réunionnaise, il y a désormais les minima sociaux qui permettent la survie des individus et qui justifient pour beaucoup, comme nous le verrons plus loin, la baisse du travail productif, déclaré ou non déclaré.
11 Pour avoir eu l’occasion de rencontrer un garagiste et un carrossiermarrons, je dois dire que l’activité de ces travailleurs non déclarés peut être relativement soutenue. En atteste par exemple la volonté de l’un d’entre eux de quitter son emploi salarié pour se consacrer entièrement à ses propres affaires, à savoir de la mécanique auto à son domicile.
12 Si la régularité du recours aux activités non déclarées peut être révélée par le niveau de consommation dont font preuve certains allocataires, elle s’observe aussi par la difficulté qu’auront certains à me recevoir les jours de la semaine, me demandant ainsi de repasser le samedi pour discuter et réaliser éventuellement un entretien…
13 Ayant largement inspiré la loi d’orientation sur l’Outre-Mer votée fin 2000, le rapport Fragonard par exemple fait de son cheval de bataille la promotion de l’emploi et, par là même, la lutte contre le travail au noir dans les DOM et particulièrement à la Réunion (Fragonard B., Les départements d’outre-mer : un pacte pour l’emploi, rapport au secrétaire d’État à l’Outre-Mer, Paris, La Documentation française, 1999).
14 La forte demande de la part des particuliers à bénéficier de travaux « sans factures » oblige aussi nombre d’artisans à se plier à cette règle sociétaire, l’obtention de marchés y est en jeu…
15 Si l’image du « RMIste » réunionnais qui pose devant sa case en « bois sous tôles » avec sa BMW à ses côtés a marqué un grand nombre de téléspectateurs (il s’agit précisément d’un reportage diffusé sur M6), celle-ci n’est absolument pas représentative de l’allocatairetype à la Réunion. Notons également, puisque nous sommes dans l’anecdote télévisée et dans le flot de fausses appréciations qu’elle avait alors suscitées, que certaines réactions en métropole avaient alors porté sur la coexistence – difficile d’un point de vue largement piégé par l’ethnocentrisme – d’une case en tôles et d’une BMW appartenant à un même propriétaire. Si l’habitat fait de bois et de tôles peut paraître insalubre à certains, il n’empêche que c’est l’habitat traditionnel de la Réunion et que nombre de cases de ce type sont tout à fait confortables et fonctionnelles aujourd’hui. Elles se sont progressivement équipées de l’eau et de moyens d’assainissement, de l’électricité, d’appareils électroménagers, de mobilier, etc.
16 Rappelons que le CES est initialement un emploi à mi-temps.