Lieux de pouvoir et résidences de plaisance du roi René en Provence : l’exemple de Tarascon
p. 195-209
Texte intégral
1Le roi René ne séjourne que peu dans son comté de Provence avant son installation définitive en novembre 1471. N’y demeurant qu’épisodiquement, pour des séjours plutôt brefs inhérents à ses affaires italiennes, il y hérite des lieux de pouvoir de ses prédécesseurs catalans et angevins et innove en achetant et en faisant construire des résidences de plaisance.
2René d’Anjou dispose en Provence de divers palais, châteaux, résidences fortifiées ou maisons de ville, concentrés en Basse-Provence, dans sa capitale d’Aix, bien évidemment, à Tarascon, Marseille, Brignoles ou Pertuis, notamment. Aux manoirs angevins, répondent les bastides provençales. Ainsi, le roi René en achète autour d’Aix ou de Marseille, tels les jardins d’Aix, les bastides marseillaises ou le domaine de Gardanne. Comme en Anjou, il fait venir les meilleurs artisans pour agrandir et décorer ses demeures.
3L’intérêt de l’exemple de Tarascon est que cette ville cumule la présence d’un château, d’un palais et d’une maison privée. Outre que ce lieu sis au bord du Rhône rappelle à René ses chers paysages angevins, il y dispose d’une magnifique forteresse édifiée par son père dont il parachève la construction en faisant venir maîtres d’œuvres et artistes.
4De plus, le pouvoir royal est représenté à Tarascon par la « cortreal » ou curia regia, jusqu’à présent peu connue sinon oubliée des historiens et des Tarasconnais eux-mêmes. Également appelée « palais royal » et distincte du château, nous verrons qu’elle est le véritable lieu de pouvoir et de l’administration royale à Tarascon.
5Bien que transformé en résidence de plaisance, le château n’en reste pas moins une place fortifiée avec tous les inconvénients que cela comporte. René décide donc l’achat à Tarascon en 1478 d’une maison de ville dont nos récentes recherches permettent une localisation plus précise.
Lieux de pouvoir et résidences royales en Provence
6René d’Anjou devient comte de Provence à la mort de son frère Louis III, le 15 novembre 1434. Avant son installation définitive en Provence en novembre 1471, il n’y demeure que très épisodiquement : de décembre 1437 à avril 1438, d’octobre 1442 à février 1443, de mars à mai 1452, de juin à juillet 1453, de février à septembre 1454, de novembre 1469 à août 1470, il y fait toutefois deux séjours plus longs de mars 1447 à juillet 1449 et de mai 1457 à décembre 1461.
Palais, châteaux et résidences fortifiées
7Dans son comté de Provence, René séjourne le plus souvent dans sa capitale, Aix, dans le palais qui a été bâti sur les ruines du prétoire romain dès 1163. À la fois lieu de pouvoir puisque c’est là que siège la cour et lieu de résidence royale, le palais d’Aix aurait fait l’objet de quelques transformations sous le roi René selon Villeneuve-Bargemont ou Lecoy de La Marche1. Entre 1447 et 1449, René fait restaurer la chapelle et les appartements de son fils Jean de Calabre, du sénéchal, du trésorier et de son échanson. Entre 1452 et 1469, une extension de l’édifice voit le jour grâce à une nouvelle aile à l’est du palais, en avant de la tour dite du Chaperon, pour laquelle René commande un médaillon à ses armes. En 1474, il fait peindre par Roumier sur les murs de cette nouvelle aile « des bêtes étranges d’Alexandrie2 ».
8À Marseille, le roi hérite seulement d’une maison dans la ville basse. Les anciens lieux de pouvoir qu’étaient le Tholonée, palais des vicomtes détruit au XIIIe siècle et le palais des podestats, où ce sont installés Charles d’Anjou et ses successeurs, ne sont pas réutilisés tant il est vrai que la ville a toujours manifesté des désirs d’autonomie vis-à-vis du pouvoir comtal3.
9À Pertuis, le roi René hérite d’une résidence fortifiée remontant au XIIe siècle où il entreprend quelques travaux pour plus de confort. En janvier 1448, il y fait percer des fenêtres supplémentaires, ajouter de nouvelles cheminées, décorer de boiseries son cabinet de travail. Néanmoins, il ne fréquenta que peu cette demeure qu’il légua à Jeanne de Laval. C’est à Pertuis qu’en avril 1476 les ambassadeurs de Louis XI viennent trouver René pour qu’il jure sur la Vraie Croix de Saint-Laud d’Angers qu’il ne s’était pas rallié au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, ennemi du roi de France4.
10René venait à Pertuis surtout pour fuir les chaleurs estivales, comme en son château de Peyrolles, sis tout près de là sur les bords de la Durance, qu’il achète vers 1470 à l’archevêque d’Aix, son conseiller Olivier de Pennart. Là encore, il se lance dans la restauration de l’édifice qu’il pourvoit d’une chapelle (Saint-Sépulcre) et d’un aqueduc. Peyrolles possède également un jeu de paume. Comme à son habitude, il y fait construire une galerie en mai 1477. D’autres travaux contrôlés par Jean Oche, le capitaine du château de Peyrolles, nécessitent l’approvisionnement en bois provenant de la forêt de Boscodon actuellement dans les Hautes-Alpes. Maçons, plâtriers et autres manœuvres travaillent de juin 1477 à août 1479. En juillet 1477, les ouvriers construisent les cuisines, parachèvent les chambres et un grand escalier. On refait également les écuries. En 1478, les travaux sont importants et les sommes dues s’accumulent pour payer les matériaux ainsi que les ouvriers comme Allyot, fustier, maître Raoullet maçon, ou Guillem Perceron de Saint-Maximin. En mai 1479, les chambres ne sont toujours pas terminées. En juillet, on fait enfin venir les lits de la maison que le roi possède à Avignon pour les installer à Peyrolles5.
11Le roi dispose également de châteaux ou de résidences fortifiées à Brignoles, Aubagne, mais également aux Baux, tous localisés en Basse-Provence hormis le château de Forcalquier sis en Haute-Provence, héritage des comtes du même nom, via Béatrice de Savoie, belle-mère de Charles d’Anjou.
Les résidences de plaisance
12Aux manoirs angevins répondent les bastides provençales. Le roi René en achète notamment trois autour de Marseille, à savoir, les bastides du Pin, de l’Olivet et de Saint-Jérôme. Mais c’est surtout à Aix et à Gardanne que René fait ses plus importants achats et travaux.
13En effet, René crée son Jardin d’Aix6, en 1447, face au palais royal. Lors de son premier long séjour en Provence de mars 1447 à juillet 1449, il fait aménager, hors les murs, sur les bords d’un ruisseau aujourd’hui disparu et appelé la Cosse, un magnifique jardin qu’il agrémente d’une résidence de plaisance. Au voisinage du « jardin de la reine Yolande » dont il a hérité, René achète le vaste domaine du notaire Michel Matheron, son secrétaire. Le roi agrandit sa nouvelle possession, à l’est et au sud, de deux autres vergers mitoyens. Du côté ouest, René rachète aux couvents des dominicaines, des clarisses et des frères Prêcheurs les droits sur une quinzaine de parcelles.
14Le jardin dispose d’un puits et d’un système d’irrigation, une grande volière voulue par le roi René, une treille, un verger avec de nombreux arbres fruitiers et un vaste potager. Une résidence de plaisance, présente dès l’origine dans le jardin, mais probablement remaniée sous les ordres du roi, comprend plusieurs corps de bâtiments. Outre la grande demeure royale, l’inventaire dressé en 1461 mentionne pas moins de quatre logis, « la maison de monseigneur le sénéchal » (Louis de Beauvau), « le logis de monseigneur de Calabre » (Jean, fils aîné du roi), « l’oustel de la vigne » et « la maison du concierge ». Le logis royal paraît important. Il comprend la grand chambre de parement (salle de réception), la chambre du roi avec un retrait et son écritoire, sorte de cabinet de travail. En outre, s’y ajoute au moins une dizaine de chambres, dont celles de la reine, du comte de Vaudémont et de sa femme Yolande, fille légitime du roi et la chambre de Blanche, fille naturelle de René. Sans oublier les autres pièces fonctionnelles que sont, « la salle au tinel » (salle à manger), la cuisine, la saucerie, la fruiterie, la paneterie, la bouteillerie et la garde-robe. Les habitations du sénéchal et de Jean de Calabre comprennent également plusieurs pièces, chambres, cuisine, étude, cellier et même des pièces en sous-sol. Chacun de ces bâtiments a son jardin particulier. En outre, le roi a fait construire une allée bordée de murs de deux mètres de haut qui va du grand portail du jardin jusqu’au bâtiment royal de manière à disposer d’une promenade ombragée.
15Petit paradis à quelques pas du palais, havre de fraîcheur, lieu de détente à l’abri des courtisans, le jardin d’Aix n’est pourtant pas suffisant au roi René. Après 1470, il acquiert une nouvelle résidence, la bastide de Pérignanne7 qui appartenait à Guillaume de Seilhans, sise en dehors mais tout près de la ville d’Aix, sur les bords de l’Arc (lieu-dit actuel les Infirmeries). Il s’engage dès janvier 1472 dans la reconstruction de cette bastide entourée de fossés et son agrandissement se poursuit encore au printemps 1478. L’inventaire de la bastide de Pérignanne qui a lieu le 19 mai 1488, donc après la mort de René, lequel en avait légué l’usufruit à sa chère épouse Jeanne de Laval par son testament du 22 juillet 1474, nous décrit un bâtiment comportant au moins un étage puisqu’il mentionne une salle basse. On retrouve, au premier niveau, comme dans la demeure du Jardin d’Aix, près de la chambre du roi, son étude ou cabinet de travail. L’inventaire fait même mention de latrines près de la chambre de son médecin personnel, Pierre Robin. Ce dernier disposait également à l’étage d’un atelier, pour ses préparations, dénommé « botique ». En plus de celle du roi et de son médecin, le bâtiment comprend la chambre de la reine, prolongée par une arrière-chambre et au moins six autres pièces d’usage similaire dont au moins trois à l’étage lequel est desservi par un escalier à vis. Une tour complète le corps du logis où se trouvent une chambrette et des latrines. Pour les loisirs du roi, la bastide dispose d’un jeu de paume. En avril 1478, le roi agrandit l’édifice au moyen d’une grande galerie d’un très bel ouvrage qui donne sur le jardin et le jeu de paume. Simon Baudet, architecte, et Pierre Michel, menuisier originaire d’Angers, en furent les constructeurs. René, vieillissant, s’était fait construire cette grande galerie, tant pour assister en sécurité au jeu de paume que pour se protéger des intempéries et ainsi pouvoir contempler son cher jardin par tout temps. L’inventaire de 1488 nous précise que plusieurs autres pièces étaient contiguës au jeu de paume et à la galerie, sur deux niveaux.
16La bastide comprend également une chapelle, pourvue d’une petite cloche et d’un retable dédié à la Vierge Marie. Sous la chapelle se trouve une autre chambre, peut-être celle du chapelain. Une autre pièce sert de chambre au concierge. Aux nécessaires « Fruicterie », « eschansonnerie », cellier et four se rajoute, comme pour le Jardin d’Aix, une partie indépendante réservée au fils aîné du roi composée de quelques pièces. Pigeonnier et moulin complètent l’ensemble du domaine qui est équipé d’un puits et d’une retenue d’eau en vue d’alimenter une fontaine, comme le prouvent les travaux effectués en février 1479 par le fontainier du roi en la « resclause » (écluse) faite de bois et de pierre.
17Le domaine et le château de Gardanne8 sont acquis par le roi René, le 26 juin 1454, pour la somme de 4 000 francs de Guillaume de Rousset, rational de la Chambre des comptes. De 1455 à 1459, René acquiert diverses maisons en dehors du château dont celle de Pierre Arpilhe où il installe, en 1459, sa nouvelle chambre qui communique avec une chapelle. Les masures sont aménagées en hôtel, les maçonneries sont restaurées, de nouvelles fenêtres percées et de nouveaux planchers posés. René préfère séjourner dans cette nouvelle bastide plutôt que dans le vieux château de Guillaume de Rousset. En 1471, deux escaliers à vis supplémentaires et une couverture sont rajoutés. Au total, le domaine de Gardanne dispose de trois grandes salles, de huit chambres dont la jaune, la verte et la perse, ainsi que quatre retraits. De fait, l’ensemble ressemble à une grande ferme puisque les offices qui sont accolés au bâtiment principal donnent sur la même cour que les étables et écuries. Gardanne est un grand domaine agricole avec de vastes parcelles céréalières, des vignes et des pâtures où paissent les vaches et les moutons du roi. René apporte un soin particulier à son domaine. Il fait d’ailleurs rédiger un règlement d’administration intérieure en 14559.
18Le roi a fait d’autres acquisitions dans la région aixoise. En 1473, six siècles avant Picasso, il obtient le château de Vauvenargues avec ses deux tours du XIVe siècle. Il s’en sépare rapidement au profit de son médecin angevin Pierre Robin. Vers 1474, René achète un hôtel particulier dans le village de Saint-Cannat, nouveau caprice du roi, qu’il entreprend de transformer à sa guise. Le 8 septembre 1479, la propriété est assez grande pour accueillir l’éléphant et le tigre du roi.
19René achète également une maison de ville à Avignon aux Chartreux de Villeneuve en 1476 auxquels d’autres ne tardent pas à s’ajouter pour former un ensemble dont la galerie est décorée en 1477 par le peintre Nicolas Froment d’une représentation d’un combat de « naves turquesques et chrestiennes10 ». Comme en Anjou, René fait venir les meilleurs artisans pour agrandir et décorer ses demeures.
L’exemple de Tarascon
20Tarascon, sis au bord du Rhône, rappelle à René les paysages angevins. Il y dispose d’une magnifique forteresse construite par son père dès 1400 sur les ruines d’un ancien château mentionné dès 1040 et détruit fin XIVe siècle lors de la guerre dite de l’Union d’Aix. Son pouvoir y est également représenté par un palais et pour pallier aux inconvénients du château et à sa réparation, il achète en 1478 un hôtel particulier dans la ville même (fig. 1).

Le château de Tarascon
21Dès 1400, commencent les premiers travaux d’arasement du rocher sur lequel était construite l’ancienne forteresse détruite en 138711. Le père de René, Louis II, ordonne la reconstruction du château, malgré les accords prévus avec les Tarasconnais qui ne voulaient plus d’un tel édifice. L’Arlésien Bertrand Boysset relate d’ailleurs cet événement dans ses mémoires12.
22Les travaux se poursuivent, en 1404, puisqu’un acte notarié daté du 17 juin13, entérine la commande passée par Antoine Masson, le maître d’œuvre du château de Tarascon, à un Beaucairois, Pierre Daumat, de pierres de taille appelées cadastas, de deux pans et demi de long et un pan de haut (62,5 cm × 25 cm environ)14, et d’autres nommées quarteria, de trois pans de long, deux de large et un de hauteur (75 cm × 50 cm × 25 cm), qui sont des pierres de taille pour une ouverture, placées dans le sens de l’épaisseur du mur. Enfin, une troisième catégorie de pierres est demandée, appelées grasa, d’une longueur de quatre pans, d’un de large et un de haut (100 cm × 37,5 cm × 25 cm), faisant penser à des marches d’escalier ou des rebords de fenêtres. Le prix est établi à vingt-huit gros la centaine de pierres, les deux dernières catégories comptant autant que deux simples blocs de pierre équarris « cayron15 ». En 1406, les dépenses totales pour le château construit par Louis II s’élèveraient déjà à plus de 33 000 florins16.
23En août 1414, trois lapicides poursuivent la construction de l’édifice, à savoir Jean le Bourguignon, Pierre le Champenois et surtout Jean Robert, natif de Tarascon qui va devenir le maître d’œuvre des travaux et travaille donc au château bien avant 1430, comme on le pensait jusqu’à maintenant. Tous trois achètent de la chaux à un Beaucairois pour servir à l’édification du château17. Malheureusement, on ne sait pas sur quelle partie exacte du château les travaux sont effectués et dans quel ordre ils se déroulent. Il faut attendre 1428 pour trouver à nouveau mention de travaux pour la forteresse et, en avril 1431, on retrouve Jean Robert, le maître d’œuvre du château, qui fait appel, cette fois, à un expert Hugues Paris, maître des fours à chaux de Forcalquier et habitant Tarascon, pour construire un chaufour à l’intérieur des fossés de la ville près du château18. Le maçon tarasconnais Richard Imbert travaille également en septembre 1431 sous les ordres de Jean Robert pour élever un mur à l’intérieur de la forteresse entre l’escalier et la tour d’entrée19. Entre octobre 1432 et janvier 1433, deux sculpteurs, Simon de Beaujeu et Jacques Morel, viennent assister Jean Robert et reçoivent la somme de cinq cents florins20. En novembre 1433, ce sont deux cents pierres de taille provenant de la carrière de Fontvieille que commande Jean Robert afin de continuer ses travaux21. Le 9 mai 1434, le maçon juif tarasconnais Joseph de Castries reçoit quittance de la construction du pont devant le château22.
24Il semble que la majeure partie des travaux soit finie en 1435, donc à l’avènement de René. On sait que Jean Robert travaille encore au château de 1447 à 1449 pour l’édification d’une nouvelle chapelle s’ouvrant sur la cour intérieure. De même, le peintre et valet de chambre du roi René, Barthélemy d’Eyck, d’origine flamande et probablement parent de Jean et Hubert Van Eyck, est l’auteur des « entrevous » du château de Tarascon qu’il exécute entre 1447 et 144923. Par la suite, le gros œuvre étant terminé, il n’y a plus que quelques travaux de finition ou de confort, intérieurs ou extérieurs. Entre 1476 et 1479 notamment, René fait construire une galerie de bois pour relier directement sa chambre à la partie sud du château. Il fait également poser des fenêtres24. En janvier 1480, le roi fait construire un toit près du donjon25.
25Ainsi, dans sa forme définitive, le château de Tarascon a une centaine de mètres de longueur et une élévation d’un peu moins de cinquante mètres du haut des tours. Ces dernières, au nombre de quatre, sont sises aux angles du quadrilatère principal formant la forteresse, à savoir deux carrées du côté du Rhône et deux rondes face à la ville. À la forteresse proprement dite, est adjointe une basse cour – où sont les communs – entourée d’une muraille pourvue de quatre autres tours plus basses que celle du château lui-même. L’ensemble manifeste ainsi la puissance et la majesté du souverain et devient, en plus de son rôle défensif et résidentiel, un important repère topographique urbain et extra-urbain pour les Tarasconnais et les voyageurs.
Le palais royal
26Le palais appelé palatium ou curia regia est distinct de la forteresse proprement dite dénommée fortalitium ou castellum. Cette distinction apparaît dès 129826. Michel Hébert dans sa thèse sur Tarascon au XIVe siècle avait remarqué cette dualité, mais pensait que les deux édifices étaient contigus. En fait, ils sont éloignés d’environ une centaine de mètres l’un de l’autre. Si tous deux sont dans la « gache » ou quartier dit du Château, la forteresse se situe sur un rocher arasé au bord du Rhône et le palais royal se trouve près de la porte de Jarnègues contre les remparts jouxtant la brassière (méandre) du Rhône qui sert de fossés27.
27Dans les cadastres médiévaux ou « averamens » comme on les nomme à Tarascon, on retrouve ce palais ou cour royale. Ainsi, en 1378, on mentionne la « cort reginal ». En 1390, l’édifice est désigné sous le nom de « la cort del rey » ou bien « lo palays de la cort ». En 1442 comme en 1459, on retrouve cette locution de « la cort del rey », transformée dès 1459 et en 1487 en « cort real ». En 1498, on parle de « cort royale28 ». Ces différents « averamens » qui ne comportent pas de plan, contrairement à nos cadastres actuels, permettent néanmoins, grâce à la mention des confronts pour chaque bien décrit, la reconstitution du parcellaire médiéval et la localisation précise du palais. Celui-ci se trouve d’ailleurs en plein quartier de la Juiverie. Ainsi, Bellaut Bellaut, médecin juif tarasconnais du roi Louis II, habitait la maison qui jouxte à l’ouest le palais royal29.
28De ce palais, il ne reste plus actuellement qu’une porte monumentale, décorée dans sa partie supérieure d’un fronton où alternent des balances et des épées entrecroisées de bucranes, mais qui ne remonte pas à l’époque médiévale (voir planche couleur VII, no 8). Le rez-de-chaussée a conservé une longue salle voûtée en berceau et au XIXe siècle, on pouvait encore voir au premier étage une chapelle dont le clocheton émergeait de la toiture. Une cour est aménagée entre la porte et l’édifice proprement dit. Devant la porte du palais, la rue des juifs ou rue droite du château s’élargit en une placette sur laquelle se trouvait un puits.
29L’enquête du roi Robert de 1331-1333 sur ses droits et revenus dans son comté de Provence et plus particulièrement dans la viguerie de Tarascon fait bien apparaître la distinction entre ce palais et la forteresse royale. Leopardo da Foligno, l’enquêteur royal, siège d’ailleurs pour sa mission dans le palais royal et non dans le château30. L’enquête nous révèle que le viguier, le juge et le trésorier (clavaire royal) habitent tous dans le château en 133231, ce qui ne paraît plus être le cas au temps du roi René. Quant au palais, c’est le lieu où l’on dit le droit, où l’on rend la justice royale32. C’est dans ce palais que siège le tribunal royal33.
30Le palais royal abrite également les prisons et l’enquête de 1332 précise qu’il dispose d’une cloche, donc d’un campanile, probablement le clocheton encore visible au XIXe siècle34. Dans le palais en 1332 sont installées aussi la trésorerie et les archives publiques35, de même au temps de René d’Anjou36.
31Cet édifice était peut-être à l’origine le palais consulaire de la commune de Tarascon avant le rachat du consulat par Charles Ier d’Anjou. Désormais et a fortiori sous René d’Anjou, il est le siège de l’administration royale à Tarascon, lieu de pouvoir essentiel du prince à côté du château qui sous René devient de plus en plus résidence princière tout en gardant sa fonction militaire. Ainsi, c’est dans le palais royal que les syndics nouvellement élus viennent recevoir auprès du viguier la confirmation de leur autorité37. De nombreux actes de l’administration royale siégeant dans ce palais sont conservés aux Archives municipales de Tarascon et notamment sous le règne du roi René38.
32Avant de disposer d’une maison commune en 1393, les syndics et le conseil de Tarascon se réunissaient dans ce palais39. Au XVe siècle, ils n’y viennent plus que lors de la réunion du conseil élargi de tous les chefs de feux de la ville. Par exemple, en août 1442, le conseil élargi de la ville de Tarascon se réunit in curia regia ville Tharasconis devant le viguier pour la création d’un nouvel « averamen40 ». La même année en novembre, une telle réunion a lieu au palais pour le vote d’un don de 1 100 florins pour la rançon du duc Jean de Calabre, prisonnier des Génois qui veulent le vendre au roi d’Aragon ou au duc de Milan41. De même, en 1445, on retrouve une telle assemblée congregato consilio universitatis Tharasconis in curia regia predicte ville en vue de l’union, éphémère, du monastère de moniales Saint-Honorat de Tarascon avec l’église Sainte-Marthe42.
33En revanche, on ne trouve pas mention tout au long du règne de René de transformations ou de constructions au palais, comme on le voit par exemple pour le château, peut-être tout simplement parce que le roi n’y réside pas.
L’Hôtel particulier
34Dans les comptes du roi René, Arnaud d’Agnel avait trouvé trace de l’achat par ce prince à Jeanne, veuve d’Aubert « Vaigiron »43, le 20 octobre 1478, d’une maison dans la ville de Tarascon, non loin du château44. On sait toujours grâce à la transcription d’Arnaud d’Agnel que, par la suite, de nombreux travaux ont été ordonnés par le roi René dans cette maison, notamment la pose de vitres dans la chambre du roi, mais encore l’achat d’un poêle pour la salle basse et celui d’un jardin et d’une cour45.
35Nos recherches dans la documentation tarasconnaise46 nous ont permis de connaître plus précisément la vendeuse. Il s’agit de Jeanne Raousset, issue d’une riche famille bourgeoise tarasconnaise dont les membres siègent souvent au conseil de la ville et obtiennent des mandats de syndics. Elle apparaît dans notre documentation entre 1452 et 1502. En 1478, elle est la veuve du noble Aubert de Cahoret alias Vaignon, marchand, détenteur de l’office de gardien des salines de Peccais et qui apparaît dans la documentation tarasconnaise entre 1441 et 1472. Tous deux habitaient une maison sur la Place du marché de Tarascon47.
36En outre, l’acte de vente de la maison a été conservé dans les brèves du notaire Pierre Margoti et nos récentes recherches ont permis de le découvrir. Daté du 3 octobre 1478, il est néanmoins partiellement déchiré, en particulier le début48. S’il ne nous apporte rien de nouveau quant à la localisation de la maison, probablement précisée dans la partie manquante, il nous donne d’autres renseignements sur la vente. L’achat a été conclu pour une somme de 1 000 florins par l’intermédiaire de Jean de Vaulx alias Alardeau, seigneur du Breuil, frère de l’évêque de Marseille et secrétaire du roi René en charge de ses « menus plaisirs ».
37L’acte d’achat prévoit, en outre, le versement de 500 florins supplémentaires pour la dot d’Agnès de Cahoret, fille d’Aubert et de Jeanne, pour son mariage avec Georges Genoyn, noble juriste tarasconnais. Le 11 septembre 1479, Agnès de Cahoret donne procuration à sa mère Jeanne pour récupérer les 500 florins promis par René et non encore versés49. Une quittance datée du 11 décembre 1479, nous indique que les 1 000 florins ont bien été payés par le roi René50. L’acte initial n’est seulement cancellé que le 20 mai 1480, date du versement des 500 florins supplémentaires promis.
38Nonobstant la détérioration partielle de l’acte de vente, la localisation de l’hôtel particulier est possible grâce à une recherche dans les cadastres ou « averamens » de 1459 et 148751. Bien entendu, René d’Anjou n’étant évidemment pas soumis à l’impôt proportionnel à la fortune, il ne s’agit pas de retrouver dans le cadastre ses propriétés, mais celles d’Aubert de Cahoret. Ce dernier déclare, en 1459, pas moins de quatre maisons dont son habitation principale sise sur la Place du marché où sa veuve habite encore en 1487 et en est toujours propriétaire52. Restent donc trois hôtels ou boutiques mitoyens, situés dans la Juiverie contre les remparts de la brassière de Jarnègues, près de la Place du château, dans l’angle nord-ouest de la ville. Tous sont vendus avant 1487. Les deux premiers forment l’angle entre la rue de la Juiverie et la Place du château. Le troisième s’insère juste après dans la rue de la Juiverie. Quelques indices permettent d’émettre l’hypothèse que l’hôtel acheté par le roi René est le troisième. En effet, dans le cadastre de 1459, Aubert le déclare comme un « hostal en Juataria tot fondut », c’est-à-dire une maison en ruine dans la Juiverie, ce qui explique l’importance des travaux qu’a dus faire le roi René après son acquisition53. Aubert compte d’ailleurs s’en séparer puisqu’il indique qu’il veut la remettre aux moniales de Saint-Honorat de Tarascon qui en sont les seigneurs fonciers. Dans le cadastre de 1487, personne ne déclare posséder cet hôtel particulier et il n’apparaît pas en confront dans les déclarations des propriétaires des maisons voisines. En revanche, en 1498, ladite maison appartient désormais à un illustre noble arlésien, Gaucher Quiqueran de Beaujeu54. Les deux autres maisons qui forment l’angle de la Juiverie sont désormais propriétés du monnayeur tarasconnais Guillaume Reynoard55.
39René d’Anjou n’est pas isolé dans sa nouvelle maison sise dans la Juiverie. Jean de Vaulx, son secrétaire possède également une maison dans le quartier juif, au moins dès février 147856. De même, le sous-viguier a coutume de loger dans la maison de l’autre côté de la rue, en face de celle achetée par René57.
40Tout concourt à privilégier cette hypothèse et en premier lieu, la proximité du château qui est de l’autre côté de la place. De cet endroit, René a vue sur le port de Tarascon et sur sa pinasse, bateau qu’il s’y fait construire58. Il a également la possibilité de constituer un jardin sur l’île de Jarnègues de l’autre côté de la brassière du Rhône. On sait qu’il achète une cour et un jardin pour compléter sa maison et surtout qu’il fait aplanir des fossés pour se faire une promenade au bord du Rhône près du château, nous dit Arnaud d’Agnel59. Mais, ne serait-ce pas plutôt les fossés de la brassière de Jarnègues que le roi fait combler pour accéder aux jardins sur l’île du même nom ? D’autant plus que le château est construit sur un rocher émergeant du fleuve et que de ce côté-ci, il n’y a pas de fossés. En outre, nos recherches dans les études de notaires tarasconnais ont permis de découvrir l’achat en mars 1479, par le poète Jean du Prier, prévôt des maréchaux du roi, d’une boutique sise à Jarnègues de l’autre côté de la brassière, en face de la nouvelle maison de René60.
41Dans cette même étude notariale de Jean de Rino, en date du 26 novembre 1481, est également conservé l’inventaire de la domo regia de Tarascon61. Il confirme la modestie de cette nouvelle acquisition royale. L’inventaire est établi par noble Honorata Albe, fille du seigneur de Roquemartine, veuve de Gabriel de Valory, seigneur de Marignane, qui habite alors cette demeure62. La maison se compose de trois niveaux, à savoir un rez-de-chaussée et deux étages. Elle comporte douze pièces et un jardin. L’inventaire commence par la dépense ou expensa dans laquelle se trouvent deux bancs. Ensuite, Honorata décrit une cuisine avec notamment une caisse en noyer et un châssis de fenêtre en fer, puis une fruiterie et un cellier. Une salle basse fait office de salle à manger avec sa table en sapin et cinq châssis de cage à oiseaux. Il y a également une salle haute pourvue de trois lits et d’une grande cathèdre en sapin. Un comptoir ou boutique, ayant peut-être fait office de cabinet de travail du roi, comporte une table et un banc recouverts de tissu vert semblables aux meubles inventoriés dans son cabinet d’écriture du palais d’Aix63. La maison abrite quatre chambres. Dans l’une d’elles, avec vue sur le jardin, se trouvent deux coffres en peuplier blanc munis de serrures. Dans la chambre immédiatement contiguë, deux lits et un vaisselier ou dressoir composent l’ameublement. La chambre près du cabinet de travail est munie de fenêtre en papier et celle qui lui fait suite est meublée d’un lit et de deux caisses, une en sapin et l’autre en noyer. Enfin, dans la chambre haute qui sert de grenier, n’est décrit qu’un seul banc en sapin avec quatre pieds. Cet acte inédit est un témoignage précieux sur une des dernières demeures du roi René (voir planche couleur VII, no 8).
*
42À la fin du XVe siècle, Tarascon s’affirme de plus en plus comme résidence royale. René y détient un château, un palais et un hôtel particulier dont l’unité de lieu est très pratique pour le vieux roi.
43Après sa mort et surtout le rattachement de la Provence à la France, les lieux de pouvoir et les résidences de plaisance de René dans ce comté vont très souvent disparaître ou subir d’importantes transformations. Si le palais comtal d’Aix connaît encore quelques siècles de gloire avec ses parlementaires jusqu’à sa destruction en 1787, les bastides aixoises sont très tôt abandonnées. Le château de Tarascon sert le plus souvent à loger des garnisons puis se transforme en prison, mais il est resté quasiment intact jusqu’à nos jours. Le palais est appelé dès le XVIe siècle « Maison du Roy » et garde sa fonction. Il sera le premier palais de justice de la ville de Tarascon.
44Quant à l’hôtel particulier du roi, après Honorata Albe, son nouveau propriétaire Gaucher Quiqueran de Beaujeu depuis 1498 au moins, le vend en 1514 à Jean de Lamanon, boucher et néophyte tarasconnais, alias Davin de Melgueil son ancien nom juif, pour en faire la « tuerie » de la ville à savoir l’abattoir communal64.
PIÈCE JUSTIFICATIVE
Inventaire de l’hôtel particulier de René d’Anjou à Tarascon (26 novembre 1481) [original : ADBdR, 407 E 120, fo 653 vo]
45Inventarium factum per nobilem Honoratam Albe relictam quondam nobilis viri Gabrielis Valory de bonis mobilibus ac domus ustensilibus existentibus ac per eam repertis in domo regia sita in presenti villa Tharasconis.
46Anno Domini M IIIIC LXXXI et die XXVI novembris ipsa nobilis Honorata Albe reperit in eadem domo ea que sequitur : Et primo in expensa65 ipsius domus, duo scanna cum quatuor pecolis ac duas pectas66 pauci valoris separatas a pectis (sic).
47Item in frucheria, unam licheriam pauci valoris, duos tratellos ac duas postes.
48Item in coquina, unam licheriam bonam garnitam postibus ; item unam capsam de noguerio pauci valoris ; item duos tratellos ; item unum chassium de fenestra ferratis.
49Item in celario, unum archibancum pauci valoris.
50In aula bassa, duo archibanca; item unam tabulam mensalem de sapo unacum ejus subpede; item unum bancum cum quatuor pecolis; item quinque chassia gabie avium.
51In camera supra viridarium, duas capsias de alba cum seriis.
52In alia camera alteri predicte contigua, duas licherias garnitas postibus; item unum dressederium.
53In contaderio67, unam tabulam garnitam panno viridi; item unum bancum garnitum et copertum panno viridi; item duas postes.
54In camera contigua dicto contaderio, item duo chassiva (sic) fenestrarum garnita paperi.
55In alia camera alteri camere immediate designate contigua, unam licheriam minutam postibus; item unam magnam capsiam de noguerio; item unam aliam capsiam de sapo; item quatuor tratellos.
56In aula superiore, tres licherias quarum due parue sunt garnite postibus ac magna non, cuiquidem magne sunt duo subpedes; item quamdem magnam cathedram de sapo.
57In camera alta sive granerio, unum bancum de sapo cum quatuor pecolis.
58Quequidem bona promisit bene ac debite regere et gubernare ac tam cum locus assendit cui seu quibus reddenda et restituenda et tamen reddere ac restituere etc. de quibus etc.
59Actum in dicto hospicio, presentibus domino Johanne Dionisii, presbitero et Micheleto Boucheti testibus et me, Johanne de Rino, notario.
Notes de bas de page
1 Lecoy de La Marche A., Le roi René. Sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires d’après des documents inédits, Paris, 1875, 2 vol. Villeneuve-Bargemont F.-L., Histoire de René d’Anjou, roi de Naples, duc de Lorraine et comte de Provence, Paris, 1825, 3 vol.
2 Sur le palais d’Aix, voir Robin Fr., La cour d’Anjou-Provence. La vie artistique sous le règne de René, Paris, 1985, p. 99-121 ; Boyer J., « Le palais comtal d’Aix du roi René à 1787 », Aspects de la Provence. Société de statistique d’histoire et d’Archéologie de Marseille et de Provence, Marseille, 1983.
3 Lecoy de La Marche A., Le roi René…, op. cit. ; Aurell M., Boyer J.-P. et Coulet N., La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 2005.
4 Lecoy de La Marche A., Le roi René…, op. cit.
5 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René, publiés d’après les originaux inédits conservés aux Archives des Bouches-du-Rhône, Paris, 1908-1910, 3 vol., t. 1, no 128 à 160.
6 Sur le Jardin d’Aix, voir Coulet N., « Jardin et jardiniers du roi René à Aix », Annales du Midi, 1990, pp. 275-286 ; Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit. ; Arch. dép. des Bouches-du-Rhône (désormais ADBdR), B 1214.
7 Sur la bastide de Pérignanne, voir Lecoy de La Marche A., Le roi René…, op. cit., p. 454-497 ; ADBdR, B 1214.
8 Sur le domaine et le château de Gardanne, voir les travaux cités de l’abbé Gustave Arnaud d’Agnel, d’Albert Lecoy de La Marche et de Françoise Robin.
9 ADBdR, B 1472.
10 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit. ; ADBdR, B 2481, fo 12 (27 juin 1477).
11 Sur le château de Tarascon, Mourret C., « Documents inédits sur le château de Tarascon », Congrès archéologique de Nîmes, 1897, p. 291-304 ; Pressouyre S., « Le château de Tarascon », Congrès archéologique de France, 1963, p. 221-243 ; Robin Fr., « Le château de Tarascon, entre défense et plaisance », Hommage à Robert Saint-Jean. Art et Histoire dans le Midi languedocien et rhodanien (Xe-XIXe siècle), Montpellier, 1993, p. 185-198.
12 Bonnemant L., « Mémoires de Bertrand Boysset. Contenant ce qui est arrivé de plus remarquable à Arles et en Provence depuis 1372 jusqu’en 1414 », Le Musée. Revue arlésienne, historique et littéraire, t. 12, 1876, p. 58.
13 ADBdR, 407 E 5 (17 juin 1404) : « Pro Anthonio Massonis, magistro operis castri Tharasconis… Petrus Dalmatii, habitator Bellicadri, per se et suos, convenit sollempniter et promisit magistro Anthonio Massonis magistro magistri sive operis castri regii Tharasconis, presenti, stipulanti, sollempne et recipienti, nomine et vice dicti magisterii, se dictum Petrum extractum, ab inde ad opus ipsius magisterii, in peyreria Bellicadri, de lapidibus vocatis cadastas, longitudinis duorum palmorum cum dimidio et altitudinis unius palmi et alias ad consuetudinem dicti operis sive magisterii. Item de quarteriis longitudinis trium palmorum, duorum palmorum latitudinis et unius palmi altitudinis, quod quarteria consistent et consistere debeant quodlibet per duobus cayronis pro precio viginti octo grossorum pro centenali monete Francie. Item de grasis longitudinis quatuor palmorum et latitudinis unius palmi cum dimidio ac altitudinis unius palmi, pro duobus cayronis ad ratione dicti precii. »
14 Philippe Bernardi donne comme dimension maximale pour ce type de pierre 75 × 75 × 37 cm : Bernardi P., Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de l’époque gothique (1400-1550), Aix-en-Provence, 1995, p. 439.
15 Philippe Bernardi donne comme dimension pour les cayrons 75 × 25 × 25 cm (ibid., p. 441).
16 Pressouyre S., « Le château… », op. cit., p. 233-234.
17 ADBdR, 407 E 27, fo 90 vo (1er août 1414).
18 ADBdR, 395 E 67, fo 20 vo (4 avril 1431): « Pacta pro magistro Johanne Roberti, peyrerio, et magistro Hugone Parisi, magistro furnorum calsis de Forcalquerio habitatore Tharasconis; […] fecerit et construxerit unum furnum calsis in fossatis presentis loci Tharasconis prope castrum Tharasconis. »
19 ADBdR, 395 E 67, fo 451 vo (18 septembre 1431) ; Pressouyre S., « Le château… », op. cit., p. 238.
20 Ibid., p. 239.
21 ADBdR, 395 E 69, fo 871 (6 novembre 1433).
22 Arch. communales (désormais AC) Tarascon, CC 143 (18 novembre 1434) : « Per Castres lo jusiou a ix de may l’an m cccc xxxiiii per far lo pont davant lo castel. » On trouve à nouveau mention de ce pont devant le château en novembre 1477, sur lequel se trouve alors probablement une guérite ou un poste de garde : ADBdR, 407 E 116 (4 novembre 1477) : Actum in domuncula pontis castri Tharasconis.
23 Robin Fr., La cour d’Anjou-Provence…, op. cit., p. 81.
24 Arnaud D’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit., t. 1, no 166, 179, 186, 189 et 190.
25 ADBdR, 407 E 119, fo 89 vo (24 janvier 1480).
26 ADBdR, B 1021 et 1298 ; Hébert M., Tarascon au XIVe siècle. Histoire d’une communauté urbaine provençale, Aix-en-Provence, 1979, p. 41.
27 Actuellement no 23, rue du Château.
28 AC Tarascon, CC 25, en 1378 ; CC 26, en 1390 ; CC 27, en 1442 ; CC 28, en 1459 ; CC 29, en 1487 ; CC 31, en 1498.
29 AC Tarascon, CC 25, fo 16, en 1378.
30 ADBdR, B 1060, fo 1 (en 1332) : « Apud castrum Tharascone in regio palatio ipsius castri, presentibus in eodem palatio […] venerabilis et circumspectus vir dominus Leopardus de Fulgineo archipresbyter Beneventanus, regius capellanus et consiliarius ac inquisitor in eodem palatio hora vesperarum. » Voir Pécout Th. (dir.), Martin-Portier C. (éd.), avec la collaboration de Hébert M., Mailloux A. et Roux C., L’enquête générale de Leopardo da Foligno dans la viguerie de Tarascon (janvier-février 1332), Paris, 2010.
31 ADBdR, B 1060, fo 5 (en 1332) : « Item habet in dicto castro fortalitium cum orto ejusdem contiguo, confrontatum ab una parte cum hospicio heredum Aymerici de Balmis quondam et ab aliis partibus cum carreriis publicis et alia parte cum fl umine Rodani. […] In quoquidem fortalitio vicarius, judex et clavarius regii habitabant. »
32 AC Tarascon, FF 4/6 (17 août 1324) : « Actum in curia regia Tharasconis loco ubi jus redditur. »
33 AC Tarascon, FF 4/3 (4 décembre 1308) : « In curia Tharasconis pro tribunali sedentis. »
34 ADBdR, B 1060, fo 5 (en 1332) : « Item habet palatium in quo jus publicum redditur cum carcere regio sibi contiguo et una campana. »
35 ADBdR, B 1060, fo 5 et 5 vo (en 1332) : « Item in eodem palatio domum unam vocatam La Clavaria in qua pignora clavarie reponuntur. Et in postato ipsius superiore scripta curie et cartularia conservantur. Item sunt in dicto palatio tria tabularia, videlicet unum ad civilia, aliud ad criminalia et reliquum in quo clavarius cartularia sua tenet. »
36 AC Tarascon, BB 7, fo 189 vo (8 janvier 1445).
37 AC Tarascon, BB 54/3 (10 mars 1363) : « Actum Tharasconis in palatio reginali dicti loci » ; BB 54/7 (27 octobre 1432) : « Actum Tharascone in dicta regia curia. »
38 AC Tarascon, BB 53/8 (20 juin 1379) ; BB 53/15 (19 mars 1455) ; FF 1/13 (6 juillet 1353) ; FF 2 (en 1456) ; FF 4/18 (1er juillet 1439)…
39 Hébert M., Tarascon au XIVe siècle…, op. cit., p. 41.
40 AC Tarascon, BB7, fo 118 (5 août 1442).
41 AC Tarascon, BB7, fo 126 vo (30 novembre 1442).
42 AC Tarascon, BB7, fo 188 (8 janvier 1445).
43 Il s’agit d’une erreur de lecture pour « Vaignon ».
44 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit., t. 1 no 166-180. ADBdR, B 2484, fo 28 vo.
45 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit., t. 2, no 2939. ADBdR, B 2484, fo 20.
46 Roux C., Tarascon au XVe siècle. Espace et société au temps des derniers comtes angevins de Provence (1400-1481), thèse de doctorat d’histoire, université de Provence, 2004.
47 AC Tarascon, CC 27, fo 90 (en 1442) ; CC 28, fo 183 vo (en 1459).
48 ADBdR, 305 E 107, fo 192 (3 octobre 1478).
49 ADBdR, 305 E 107, fo 251 (11 septembre 1479).
50 ADBdR, 407 E 118, fo 779 (11 décembre 1479).
51 AC Tarascon, CC 28 (en 1459) ; CC 29 (en 1487).
52 AC Tarascon, CC 28, fo 163 vo (en 1459) et CC 29, fo 175 (en 1498).
53 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit., t. 1, no 181 (ADBdR, B 2485, fo 25 vo).
54 AC Tarascon, CC 31, fo 115 (en 1498).
55 AC Tarascon, CC 29 (en 1487) et CC 31, fo 183 (en 1498).
56 ADBdR, 407 E 117, fo 122 vo (6 février 1478) : « Videlicet quoddam hospicium situm in gachia Castelli in carreria Judeorum presentis ville Tharasconis confrontatum ab oriente cum hospicio nobilis viri Johannis de Vallibus, domini de Brolio quod alias fuit Jacob Aym quondam. »
57 AC Tarascon, CC 29 (en 1487) ; CC 31 (en 1498).
58 Arnaud d’Agnel G., Les comptes du roi René…, op. cit., t. 1, no 464-467 (ADBdR, B 2484, fo 29 vo).
59 Ibid., t. 1, no 175, et t. 2, no 2939 (ADBdR, B 2483 fo 27 vo et B 2484, fo 20).
60 ADBdR, 407 E 118, fo 258 (18 mars 1479).
61 ADBdR, 407 E 120, fo 653 vo (26 novembre 1481). Voir l’édition en pièce justificative.
62 ADBdR, 407 E 120, fo 684 vo: « Licet in domo regia in qua inhabitat. »
63 ADBdR, B 1214, fo 222 vo.
64 AC Tarascon, BB 12, fo 330 (29 octobre 1514).
65 En occitan, « despenso » : lieu où l’on garde les provisions, garde-manger.
66 Pour « postes » ?
67 En occitan « comptadouiro » : comptoir, boutique.
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