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Les financiers et la construction de l'État

 | 
Anne Dubet
, 
Jean-Philippe Luis

Première partie. Ministres et administrateurs

La factorerie générale du roi dans les finances de la monarchie espagnole au milieu du XVIIe siècle

La factoría general del rey en la hacienda de la monarquía española a mediados del siglo XVII

Carlos Álvarez Nogal

Résumé

Au XVIIe siècle, la monarchie espagnole redessine son système financier en incorporant à sa structure d’administration et de gouvernement quelques-uns des banquiers internationaux qui travaillent avec elle. Un des postes les plus importants – mais pas le seul – occupés par ces derniers est celui de Facteur Général du roi. Tant le Facteur Général que d’autres facteurs du roi ne se contentent pas d’apporter des ressources à la monarchie. Membres de divers Conseils, ils participent à son gouvernement.
La mission principale de ces banquiers est de professionnaliser la structure financière de la Couronne espagnole afin de lui permettre d’être plus efficace dans sa gestion et d’accéder aux marchés financiers dans des conditions plus favorables. Les banquiers sont là pour inspirer confiance aux autres agents économiques et donner de la crédibilité à tout le système financier. Leur incorporation à l’administration royale est une stratégie destinée à accroître le capital humain et la professionnalisation des finances du roi.

Texte intégral

  • 1 Andrés Ucendo et Lanza García, 2008.

1Avant d’analyser le rôle du Facteur Général dans le système financier de la Monarchie espagnole, il convient d’expliquer pourquoi la Couronne sollicite les services des banquiers. En effet, elle dispose d’un énorme volume de revenus annuels1. En outre, l’hostilité de quelques membres du gouvernement à l’égard de ces intermédiaires joue en défaveur du recours à leurs services. Pourtant, outre le besoin que la Couronne a de crédit pour combler son déficit annuel, la présence de ces banquiers est liée à la nécessité de faire des transferts de fonds et de gérer de l’information financière.

  • 2 Lovett, 1972. Carlos Morales, 2008, p. 171.
  • 3 Jensen y Meckling, 1976.

2Dans le domaine des transferts de fonds, il n’est pas facile pour les finances royales de faire venir l’argent là où la dépense se fait. Les banquiers peuvent être remplacés par des officiers du roi, mais au prix de coûts d’agence élevés et d’une mauvaise administration avérée. C’est précisément pourquoi, depuis la fin du Moyen Age, la couronne préfère s’appuyer sur des hommes d’affaires experts dans la direction de ses finances. Les cas de Juan Fernández de Espinosa, Melchor de Herrera, ou la proposition d’Hernán López Gallo, pendant le règne de Philippe II, en offrent des exemples2. En outre, leur expérience des marchés de l’argent leur permet d’améliorer l’information nécessaire à la prise de décisions. Un banquier, mais surtout, son réseau de relations avec d’autres marchands, sont des éléments auxquels le roi accède ainsi sans avoir à les créer ni à les gérer3. Ce réseau lui permet d’agir sur le terrain financier, mais aussi fiscal, en les chargeant d’une partie du recouvrement.

3La relation entre les Finances Royales et les banquiers se traduit par la signature de contrats de crédit chaque année, soit de partis (asientos), soit de factoreries. Le prix de l’argent dépend du marché, de l’offre et de la demande, tandis que les autres coûts sont fixés au terme de longues négociations bilatérales. Ces coûts sont variés : travail du banquier, frais de transfert, travail des intermédiaires, coût d’opportunité de l’argent investi dans l’opération, coûts de transaction implicites, etc. Les deux parties s’efforcent de réduire les coûts de transaction pour rendre l’accord possible. Le modèle de financement en vertu duquel un groupe de banquiers joue le rôle d’intermédiaire entre les recettes et les dépenses de la Couronne paraît adapté lorsque les coûts peuvent être quantifiés. La Couronne délègue la fourniture d’argent à un groupe de personnes qui, de par leur spécialisation, sont capables de l’effectuer tout en maximisant leur propre bénéfice. Ce procédé est plus économique et plus efficace que le recours à des officiers du roi dont les connaissances financières et l’engagement dans ces affaires sont moindres. Enfin, pour réduire le prix exigé par les banquiers pour leur crédit, on suscite la concurrence entre eux, éliminant toute forme de monopole.

4Or, cette façon d’organiser le financement de la Monarchie hispanique est remise en cause chaque fois que les finances royales rencontrent des problèmes de liquidités et que les banquiers menacent de ne pas remplir leurs contrats. Dans le cas où Couronne et banquiers ne parviennent pas à un accord sur le coût réel du crédit, parce qu’ils ne peuvent quantifier le risque, on recourt alors à un contrat de factorerie. Ce contrat permet de fixer des coûts qui, eux, sont quantifiables, et sur lesquels les deux parties s’accordent, laissant les frais variables aux aléas du marché et dans les mains de la Couronne, qui devra les assumer le moment venu. De la sorte, le banquier reste bien un intermédiaire de la Couronne, mais il n’expose pas son crédit et la Couronne ne le paye pas pour ce risque. La monarchie paie seulement le coût réel du transfert et le salaire du facteur pour ce service.

  • 4 Ruiz Martín, 1968, p. 157. Pendant le règne de Philippe II, la Couronne hésite entre partis et fac (...)

5Certes, la délégation d’opérations qui entrainent des coûts variables oblige à exercer un contrôle rigoureux sur le facteur. Pour la Couronne, le coût en est élevé. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’un contrat pour services financiers avec un tiers extérieur à l’administration, mais d’une organisation hiérarchique dans laquelle le facteur devient un employé de plus des finances royales. Un employé qu’il faut surveiller, tout en sachant d’avance que l’information pour le faire n’est pas facile à obtenir ni à analyser. Les contrats de factorerie ne sauraient donc être utilisés à tort et à travers4. Si nécessaire, il est préférable d’établir une relation de confiance avec un seul banquier plus facile à contrôler.

  • 5 Álvarez Nogal, 2007 et 2008.

6Dans les années 1620 la Couronne prend conscience de la hausse du prix du crédit et de l’impossibilité d’obtenir le volume de crédit dont elle a besoin, étant donnée la précarité de ses consignations. Elle décide alors de modifier son organisation financière, en recourant à une solution ancienne, le Facteur Général. Le problème est que le projet ne peut fonctionner que si la personne choisie pour l’emploi est capable de servir la Couronne en renonçant de façon désintéressée à son gain personnel. Il est en effet admis qu’il sera difficile de le contrôler et qu’une vigilance trop étroite l’empêcherait de remplir sa mission. Pra conséquent, il faut un homme de confiance. Pendant la première moitié du règne de Philippe IV, l’élu est Bartolomé Spínola, banquier génois5.

7Dans des emplois à hautes responsabilités, où l’information est inégalement répartie entre des acteurs qui n’ont pas tous les talents nécessaires pour l’interpréter, où enfin il est difficile de contrôler le travail de ceux qui les occupent, le succès ou l’échec d’une gestion dépendent en grande partie de la définition du poste, mais plus encore de la valeur de ceux qui les occupent. S’il est impossible de contrôler les activités du Facteur Général et si l’homme nommé est un fraudeur ou un incompétent, c’est la Couronne qui en supportera le préjudice. Un bon facteur doit bien connaître les marchés d’argent internationaux, pouvoir faire des virements par lettres de change au meilleur prix ou emprunter, si nécessaire et seulement dans ce cas. La nomination d’un homme d’affaires s’impose, qui doit être habile, mais aussi honnête.

8Le fait qu’à la mort de Bartolomé, les finances royales soient incapables de le remplacer, bien qu’au milieu du siècle deux grands partisans génois soient nommés, confirme que la personne qui occupe l’emploi est aussi importante que l’emploi lui-même. Les pages qui suivent proposent une analyse de son activité au quotidien à la tête de la Factorerie Générale du roi, en se demandant dans quelle mesure il a contribué à améliorer les finances de la Couronne.

Le conseil en matière financière et fiscale

9Grâce à Bartolomé Spínola, les finances royales bénéficient des conseils d’un expert de la finance, capable de clarifier les exigences des banquiers qui traitent avec la couronne. Seul un homme habitué aux affaires d’argent et bon connaisseur du fonctionnement des marchés internationaux est en effet capable de discuter avec eux les détails techniques des contrats.

10Souvent, les négociations des contrats de partis durent des semaines. Les représentants du roi ne peuvent guère distinguer quand un banquier refuse les conditions d’un parti parce qu’il y ferait des pertes réelles, et quand il s’agit seulement de marchander pour obtenir un meilleur prix. Bartolomé conseille les finances royales dans ce type d’affaires.

  • 6 Thompson, 1981, p. 100-101.

11Cette fonction justifie sa présence dans les Conseils des Finances et de la Guerre, ainsi que dans nombre de juntes et autres réunions. Pourquoi précisément ces deux Conseils ? I. A. A. Thompson l’explique fort bien. Le Conseil des Finances s’occupe de la fourniture générale des fonds, tandis que celui de la Guerre examine le détail de leur assignation et de leur distribution. Le Conseil de la Guerre présente à celui des Finances un calcul des besoins de l’armée pour que celui-ci cherche des fonds. Or, le Conseil des Finances, ne connaissant pas l’emploi précis des fonds, n’est pas toujours conscient de l’urgence de la dépense, et par conséquent, le Conseil de Guerre ne sait pas toujours quand et combien il recevra, ce qui complique la gestion de la dépense. Les reproches mutuels entre les deux Conseils sont constants6. Une façon de résoudre ces conflits est la nomination de conseillers communs aux deux. Le Facteur Général est l’un d’entre eux.

  • 7 AGS, CJH, 770. Brouillon, 20/06/1637.

12La documentation du Conseil des Finances, et en particulier les consultes au roi, conserve les opinions de chacun de ses membres et les décisions prises dans nombre d’affaires. On y trouve les recommandations de Spínola notamment en matière de crédit, ainsi que plusieurs mémoires et brouillons autographes. Souvent, ce sont des corrections apportées aux consultes, pour en préciser l’objet7. Les affaires traitées concernent divers domaines politiques et économiques : la recherche de nouvelles recettes, le mode de négociation avec les banquiers, les problèmes monétaires de la Castille.

13Spínola connaît bien la qualité des consignations offertes aux financiers et sait jusqu’à quel point on peut faire pression sur eux pour qu’ils améliorent leurs conditions. Parfois, ses avis vont dans le sens des demandes des finances royales. D’autres fois il soutient les financiers. Le point est important, car on a trop tendance à croire que les banquiers ont toujours des exigences abusives. Or, on oublie que la Couronne a du pouvoir dans ces négociations, car elle est un client puissant.

  • 8 AGS, CJH, 638. Consulte de Miguel de Ypeñarrieta, 31/05/1627. Les banquiers acceptent que l’argent (...)
  • 9 ASG, Notai Antichi, 2434. Lettre de l’ambassadeur de Gênes à la république, 28/08/1627.
  • 10 Cette suspension des paiements est l’occasion d’un bras-de-fer entre le favori de Philippe IV, le (...)

14L’opinion de Spínola sur le rôle des Portugais dans les finances de la Monarchie est intéressante. Dans le contrat de factorerie négocié avec eux en 1627, ils posent plusieurs conditions concernant les modalités des transferts de fonds. La plupart sont suggérées par Spínola. Le Facteur Général signale en effet que la seule clause qu’ils ont voulu intégrer au contrat, avec insistance et sans lui demander son avis, est une erreur qui démontre qu’ils sont ignorants en matière de change d’argent8. La critique de rivaux en affaires ? La chose est peu probable, puisque cette année-là, les fournitures des banquiers portugais aux Pays-Bas sont étroitement liées aux opérations du Facteur Général9. La triste situation de nombreux Génois, suite à la suspension des paiements de 162710, fait qu’il est difficile de trouver des collaborateurs dans les foires. C’est pourquoi Bartolomé se charge de faire remettre à Anvers l’argent que lui font parvenir les banquiers portugais à Madrid.

  • 11 AGS, CJH, 689. Consulte, 9/01/1632.

15Il intervient aussi dans le long processus de mise en affermage des taxes sur le commerce américain, les almojarifazgos dits mayor et « des Indes », à Séville. Il se déplace même personnellement à Séville pour procéder dans la ville à la vente de vassaux décrétée en 1630 et, au passage, négocier avec le groupe de vingt-cinq personnes qui ont fait des offres pour affermer les taxes. Les délibérations sur l’affaire dans les Conseils d’État et des Finances se prolongent jusqu’au début de l’année 1632. Chaque fois, son opinion est requise11.

  • 12 N.d.t. : des rentes, le plus souvent rachetables, assignées sur les caisses de recettes fiscales o (...)
  • 13 AGS, CJH, 714. Consulte, 20/12/1633.

16Un autre exemple illustre le zèle avec lequel Spínola défend les intérêts de la Couronne. Il s’agit de la négociation d’un parti de 1 046 000 écus avec Carlos Strata en décembre 1633. Une partie des consignations offertes à Strata se trouvent en Sardaigne, mais Strata exige en outre des lettres acceptées à Gênes par des gens solvables, même si cela doit retarder la fourniture de trois mois. Or, Bartolomé Spínola s’oppose frontalement à ce que le Conseil des Finances accepte cette condition. En effet, accorder les lettres à Strata en plus des consignations en Sardaigne revient à lui concéder un double bénéfice, car se faire payer à Gênes est « sans comparaison » bien plus appréciable que d’être payé comptant à Madrid. Lui donner des lettres acceptées, c’est lui éviter l’incertitude de l’envoi de l’argent, laquelle fait partie des risques assumés par tout banquier qui signe un parti. Il faut aussi tenir compte du fait que les autres consignations du contrat peuvent être perçues par avance et qu’on lui donne même la possibilité d’éteindre des juros12 ou de les vendre pour en tirer des liquidités. Sur un contrat de plus d’un million, seuls 50 000 ducats à peine de consignation ne sont pas garantis. Selon Bartolomé Spínola, lorsque l’on fixe les consignations, « il faut tenir compte de leur qualité, non de leur quantité, et la quantité doit profiter à celui qui prend le parti »13.

  • 14 N.d.t. : les services des millions sont des contributions extraordinaires, temporaires et assortie (...)
  • 15 AGS, CJH, 795. Consulte, 10/02/1639. Les consignations de secours qu’il a reçues pour les ventes d (...)

17Spínola tient le même langage dans le cas d’Octavio Centurión, quand en 1639 il refuse d’accepter l’accord passé avec le comte de Castrillo pour qu’il conserve la factorerie des présides. Il n’hésite pas, ici, à s’opposer à plusieurs membres du Conseil des Finances. Tout d’abord, argumente-t-il, on a offert à Centurión des assignations sur les services des millions de 164014 comme consignation de secours, ce qui peut freiner la négociation de nouveaux contrats. Ensuite, à son avis, la factorerie des présides n’a pas besoin de telles garanties. Le banquier génois se voit déjà présenter ses consignations par avance pour qu’il puisse rejeter celles qui ne lui conviennent pas. Il est même en droit, s’il n’est pas remboursé, de suspendre les paiements prévus. Par conséquent, si les consignations qu’on lui donne sont sûres et régulières, lui donner des garanties supplémentaires n’a pas de sens, alors que l’on en a besoin pour d’autres contrats. Spínola est d’autant plus mécontent que lui n’a jamais été aussi bien traité dans ses factoreries. Jamais il n’a reçu aucune consignation de secours15.

  • 16 AGS, CJH, 714. Consulte, 21/06/1634.

18C’est là un des nombreux exemples de l’indépendance avec laquelle Spínola prend position au sein du Conseil. Cela dit, de même qu’il lui arrive d’attaquer quelques-uns de ses collègues banquiers, il arrive aussi qu’il prenne leur parti, en dépit des critiques ou des soupçons de ses ennemis à la cour. C’est la défense des intérêts de la Monarchie qui est prioritaire, et elle demande parfois que l’on protège les banquiers. Ainsi, en juillet 1634, le Facteur Général ne cesse de critiquer les confiscations de biens que pratique l’Inquisition aux Pays-Bas. Ces interventions, à son sens, ne font que perturber les marchés, nuisant sans raison au crédit de certains hommes d’affaires et compliquant les négociations avec l’Espagne16. Ses interventions dans la négociation des partis de 1635 vont dans le même sens. La Couronne demande alors 7 256 000 écus, sans compter la dépense des maisons royales. Presque tout le Conseil juge la somme disproportionnée, mais alors que les autres se contentent de propositions générales pour réunir l’argent, Spínola est le seul à apporter des données chiffrées sur l’état des caisses. Dans cette réunion, il fait preuve d’une connaissance précise du fonctionnement et de l’état des finances royales à l’époque et prévient les plaintes et requêtes que les banquiers ne manqueront pas d’adresser au Conseil lors de la négociation.

19La clef de l’affaire est alors la mauvaise qualité des consignations. Il y en a deux sortes. Les consignations sûres sont celles dont on connaît avec certitude le montant et le délai de paiement, car ce sont des impôts consolidés dont le rendement annuel est stable. Pour ce qui est des consignations incertaines, on prévoit un montant, mais ni le moment du paiement ni la quantité exacte ne peuvent être prédits. Selon Spínola, les partis demandent des consignations sûres parce que pour les honorer les banquiers s’endettent à leur tour et ne sauraient assumer le défaut de paiement d’une somme importante. Cependant, au milieu des années 1630, le Conseil des Finances prétend passer des partis sans offrir de sécurité pour toutes ses consignations. Le refus des financiers est compréhensible.

  • 17 AGS, CJH, 714. Consulte, 3/10/1634.

20Comme solution d’urgence, Spínola propose cette année-là des partis brefs, négociés sur la base de consignations dont le montant et le délai de paiement sont plus sûrs, différant jusqu’à janvier la signature des contrats annuels. Ou alors, on pourrait signer des partis annuels, mais tout en sachant qu’ils ne seraient en vigueur que quatre à six mois, la période pour laquelle il y a un remboursement sûr. Il n’y a rien de nouveau ici. En effet, même si les partis sont signés pour un an, il est de plus en plus fréquent qu’ils ne durent pas plus de huit mois, « car toutes les consignations ne peuvent être certaines et parce que les hommes d’affaires ont, pour leur sécurité, une clause de suspension »17.

  • 18 AGS, CJH, 714. Consulte, 3/10/1634. On leur donne aussi la possibilité de se faire payer le princi (...)

21Cette situation est le résultat de l’échec, cette même année, de la vente de 200 000 ducats en nouveaux juros assignés sur les services des millions. On a alors calculé que cette opération rapporterait quatre millions de ducats puisqu’on les vendait au denier vingt (5 %), mais le marché est saturé, et il n’y a pas eu d’acheteurs. Dans le Conseil, deux camps se sont formés. Les uns proposent de réduire la demande de crédit à 5 071 600 écus, suivant les suggestions du Facteur Général, à condition de ne pas retarder la signature des partis. Les autres préfèrent augmenter les cadeaux (adehalas) associés aux partis, ou bien attendre l’arrivée des galions chargés d’argent américain, pour maintenir la somme initiale. C’est alors que Carlos Strata propose un emprunt forcé d’un million de ducats sur les annuités des juros. Au début, Spínola rejette cette possibilité, essayant, avec d’autres conseillers, de l’écarter, mais il sait à quel point il est difficile de trouver de l’argent par d’autres moyens. Aussi propose-t-il ses conseils pour tenter d’atténuer les préjudices qu’un éventuel emprunt forcé causerait. À son sens, l’ordre de confiscation doit être donné dans le plus grand secret. Il convient d’informer tous les trésoriers, fermiers d’alcabalas, tercias, services des millions et autres recettes fiscales servant d’assiette à des juros pour qu’ils retiennent immédiatement la quantité nécessaire pour réunir un million de ducats d’argent. Le Conseil des Finances doit donc calculer le montant pris sur chaque juro, sans en excepter aucun, si privilégiés que soient ces juros. Spínola propose aussi que l’argent retenu cette année soit rendu l’année suivante aux titulaires des juros avec un intérêt de 5 % et que le paiement soit fait par les mêmes trésoriers qui auront retenu les fonds. Ainsi, l’on évitera les transferts d’argent d’un lieu à l’autre18.

  • 19 AGI, C, 364-1. Paiements aux Héritiers de Marcos et Cristóbal Fugger par cédules des 30/01 et 21/0 (...)
  • 20 AGS, CJH, 689. Consulte, 6/01/1632.

22Spínola intervient aussi activement dans le débat suscité par la question de la continuité de la branche ancienne de la maison Fugger. Le comte-duc d’Olivares a commencé de perdre patience, préférant négocier avec la branche la plus jeune de la famille, mais Spínola a toujours été partisan de faire tout ce qui était possible pour conserver le crédit de la branche ancienne19. Cette divergence d’opinions se manifeste sans ambages fin 1631. Le comte-duc d’Olivares, à la demande du roi, pousse alors la maison « comtes Jérôme Fugger, frère et cousin », à accepter de fournir 900 000 écus l’année suivante. Cependant, lorsque les conditions du contrat sont présentées au Conseil des Finances, deux conseillers s’y opposent formellement, le marquis de la Puebla et Bartolomé Spínola. Pour le premier, Président du Conseil, la branche ancienne de la maison des Fugger a droit à une chance. Son représentant lui a rendu visite pour proposer une fourniture d’argent sans adehala. Spínola soutient la proposition, alléguant que les demandes de Julio César Scazuola, l’agent des jeunes Fugger, sont excessives. En effet, une grande partie des consignations qu’il réclame seraient payées avant que Scazuola fournisse l’argent, et en outre, il exige de pouvoir suspendre le paiement si la Couronne ne respecte pas les délais promis. Ainsi, le parti n’impliquerait pas de grosse avance d’argent ni de risque. Enfin, le prix du change de la monnaie castillane en écus est trop généreux20.

23Pour Spínola, la préférence accordée à la branche ancienne des Fugger permettrait de donner une nouvelle chance à une compagnie qui a bien servi la Monarchie à plusieurs reprises, un élément essentiel pour l’avenir de la négociation avec les banquiers. Cela dit, la préoccupation de fond, tant du roi que d’une grande partie du Conseil des Finances, n’est pas tant le prix ou les conditions que l’assurance que les paiements seront faits ponctuellement. C’est cette préoccupation qui détermine le choix de la maison d’affaires. Or, sur ce point, la maison ancienne des Fugger n’offre pas de garantie suffisante.

  • 21 AGS, CJH, 715. Brouillon de consulte, 1634.

24Toutefois, l’appui de Spínola n’est pas inconditionnel. Ainsi, lorsque plus tard, en 1634, la maison ancienne des Fugger voit venir la fin d’un moratoire de plus de deux ans imposé à ses créanciers pour qu’elle puisse mettre de l’ordre dans ses comptes, Spínola refuse d’accorder au facteur de cette maison l’autorisation de partir en voyage en Allemagne. Il compte alors sur le soutien de don Antonio de Contreras et du marquis de Trujillos, contre le reste du Conseil. En effet, pour Spínola, quoique ce voyage soit urgent et nécessaire, le facteur doit d’abord ajuster ses comptes, réformer l’administration de la compagnie et proposer des solutions aux innombrables créanciers qui attendent d’être remboursés depuis des années. Certains sont en droit de percevoir des juros dont le paiement repose sur la compagnie des Fugger, en tant qu’administratrice de plusieurs recettes royales21.

  • 22 AGS, CC, 516. Billet du roi à l’archevêque inquisiteur au Buen Retiro, 10/05/1636.

25Les interventions et les avis du Facteur Général sont écoutés avec une attention croissante à mesure qu’il gagne en ancienneté dans le Conseil et en expérience. En 1636, il est invité à se réunir avec le protonotaire Jerónimo de Villanueva, Hernando de Salazar, Miguel de Ypeñarrieta et don Pedro Valle de la Cerda, pour décider de la gestion de l’impôt du papier timbré attribué initialement au Conseil de la Croisade22.

  • 23 AGS, CJH, 806. Minute, 20/10/1640.
  • 24 AHPNM, Protocole 4529, fol. 76. 18/02/1643.
  • 25 AGS, CJH, 806. Consulte, 15/11/1640. N.d.t. : « Pour cent », le ciento, une taxe de 1 % sur les va (...)

26Spínola établit aussi les conditions de la négociation de la ferme de la recette des laines attribuée à Simón de Fonseca Piña en 164023. En 1643, il intervient dans la négociation avec plusieurs personnes à Madrid de contrats de levée de quatre à cinq-cents hommes destinés à servir dans la flotte royale24. Cette même année, la « junte des Moyens » est constituée pour chercher des fonds destinés à financer les fronts de Catalogne et du Portugal. Au cours de l’une des réunions qui se tiennent alors chez le comte-duc, le Facteur Général rappelle qu’il y a quatre ans qu’il a proposé ce qu’il propose à nouveau à la junte, en relation avec la gestion du pour cent25.

Négocier des crédits avec d’autres banquiers

27Spínola ne se contente pas de conseiller le Conseil, mais intervient directement dans la négociation avec les banquiers et fournisseurs de la Couronne. Après avoir commencé par les petits contrats, il dirige la négociation des grands partis annuels de la Couronne.

  • 26 Ce pourcentage ne doit pas être confondu avec les bénéfices obtenus par de la Torre, car on ne sai (...)

28Ainsi, en 1631, il négocie au nom des finances royales avec Miguel de la Torre la fourniture de 200 000 écus à Anvers, Dunkerque, Lille et Namur. Le paiement doit être fait chaque mois en monnaies d’or et d’argent, pendant dix mois, à partir de la fin du mois de mars. Le coût pour les finances royales est de 13,75 % : 13 420 écus au titre des intérêts (6,7 %) et 14 080 écus pour le change26.

  • 27 AGS, CJH, 784. Billet du roi au Président du Conseil des Finances, 24/04/1638.

29Grâce à ses connaissances, Spínola peut « faciliter quelques points » pour que les banquiers acceptent les conditions de la Couronne. Ainsi, par exemple, dans une réunion avec le comte-duc en 1638, il propose de parler aux banquiers pour qu’ils ne refusent pas les consignations qu’on leur offre. Il leur exposera leurs qualités, pour répondre à leurs objections27.

  • 28 AGS, CJH, 815. Consulte, 8/11/1640.
  • 29 AGS, CJH, 795. Brouillon du parti, 12/11/1639.

30À la fin de l’année 1640, il est particulièrement difficile de s’accorder sur les fournitures d’argent générales pour différentes raisons. La guerre en Espagne a nui au bon recouvrement des impôts, ce qui affecte les consignations des partis. La rareté de l’argent fait qu’on ne peut changer la monnaie de billon. En outre, en peu de temps, sont morts quelques-uns des banquiers les plus importants : Carlos Strata, Julio César Scazuola, Lelio Imbrea et Simón Tinoco. Cependant, l’argent est plus nécessaire que jamais en raison des rébellions de Catalogne et du Portugal. Spínola est donc chargé de négocier avec chaque homme d’affaires séparément, informant le Conseil et le comte-duc de ses démarches28. On parvient ainsi à un pré-accord avec les banquiers, pour 3 030 000 écus. C’est le Facteur Général qui révise le brouillon pour le présenter au Conseil des Finances29.

  • 30 AGS, CJH, 795. Consulte, 12/05/1639.
  • 31 AGS, CJH, 828. Consulte, 27/02/1641. N.d.t. : la media anata est une taxe d’une demi-annuité pesan (...)

31Parmi tous les banquiers, Spínola exerce une influence particulière sur la compagnie « Jerónimo Gentil et Alejandro Palavesín ». Tout d’abord, parce que Gentil est son neveu, et ensuite parce qu’il a soutenu dès le début leur participation aux partis. Aussi, n’est-il pas étonnant qu’en 1640, alors que plusieurs banquiers sont morts et que d’autres refusent de poursuivre leurs affaires, Spínola obtienne leur collaboration. En 1639, Alejandro Palavesín accepte de fournir 100 000 écus aux Pays-Bas, renonçant à toute adehala30. Un an avant, il avait déjà prêté de l’argent à Marcos Fernández Monsanto et Manuel Rodríguez de Andrade, receveurs des almojarifazgos mayor et des Indes de Séville pour qu’ils puissent avancer à la Couronne le montant de la media anata des juros assignés sur ces recettes31.

En dernier recours, prêteur

32Spínola apporte sa garantie aux engagements que contracte la Couronne en négociant des partis avec des banquiers, avant signature ou lorsque des problèmes se présentent. Sa fonction consiste à faire en sorte que le banquier perçoive ses consignations ponctuellement, pour éviter qu’il suspende le paiement des sommes qu’il s’est engagé à payer. Spínola devient ainsi un prêteur de dernier recours, tant pour la Couronne que pour ses banquiers. Une sorte de banquier central qui atténue les tensions entre la Couronne et ses créanciers à court terme. La difficulté consiste à le faire avec les fonds tirés des recettes du roi ou des crédits obtenus dans les foires de change génoises à travers les percepteurs de Spínola.

33À mesure que la situation financière de la Couronne se détériore, accroissant le risque de non paiement, sa présence devient indispensable dans la négociation des fournitures générales annuelles. On constate ainsi que les banquiers sont plus disposés à négocier quand il se confirme que Spínola a accepté de se charger de la factorerie qu’on lui offre chaque année.

  • 32 AGS, CJH, 850. Ordre du roi à la Commission des Millions, 25/04/1643.
  • 33 Bartolomé obtient que Juan Bautista Palavesín avance le métal précieux en lui offrant 136 000 duca (...)

34Dans la négociation de 1643, Spínola se charge de payer aux gens d’affaires toutes leurs consignations sur le service des millions et les autres recettes. Pour cela, le Conseil des Finances lui donne commission pour réunir ces fonds et payer les banquiers32. Quand en 1636, ces derniers refusent de reconduire leurs asientos si on ne leur donne pas de monnaie d’argent, Spínola les rassure avec 100 000 ducats qu’il a empruntés à cet effet. Il entretient cette dette dans les foires italiennes, payant les intérêts avec l’argent de la Factorerie Générale33.

  • 34 N.d.t. : taxe destinée au financement de la flotte qui assure le commerce transatlantique.
  • 35 AGS, CJH, 676-1-10. Consulte, 22/04/1631.

35Bien que Bartolomé Spínola ne soit pas favorable au recours aux banquiers portugais, nous l’avons vu, il garantit cependant nombre de leurs opérations. C’est le cas des garanties qu’il leur offre pour les fournitures générales de 1631. Lorsque les administrateurs de l’avería34 de Séville s’avèrent incapables de verser 72 850 ducats à ces financiers, c’est le Facteur Général qui paie à leur place35. Il veille aussi à ce qu’ils perçoivent sans difficulté plusieurs sommes à la banque Saint-Georges de Gênes.

  • 36 AGS, CCGG, 121. Parti, 2/09/1627.
  • 37 AHPNM, Protocole 4513, fol. 404. 16/06/1628.
  • 38 AHPNM, Protocole 4518, fol. 771. Procuration, 9/08/1634.

36Conséquence du rôle joué par Spínola, les partis commencent à inclure des clauses garantissant aux banquiers que tout ou partie de leurs consignation sera tiré de revenus perçus par le Facteur Général. On en trouve plusieurs exemples. En septembre 1627, un parti est accordé avec Francisco María Piquinoti, pour un montant de 280 000 écus à remettre aux Pays-Bas : or 170 000 écus de marc sont consignés sur la foire de l’Apparition de Nove de 1629, le responsable étant Spínola36. L’année suivante, Spínola paie à la compagnie « Jerónimo Fugger frère et cousin » 48 513c727 mrs et leur cède la perception de plusieurs actes de vente de vassaux en échange de la fourniture de 120 000 écus aux Pays-Bas37. Le partisan García de Yllán charge son frère Fernando de se faire payer par Spínola 3 057 681 mrs d’argent après avoir signé un parti en décembre 1633 pour fournir 291 884 écus en Espagne, aux Pays-Bas et en Allemagne38.

  • 39 AGS, CJH, 701. 29/11/1633.

37La garantie du Facteur Général est particulièrement utile lorsque les consignations ne sont guère fiables. Dans ces cas-là, les banquiers préfèrent la médiation d’un homme jouissant d’une bonne réputation sur les marchés financiers, car dans le cas où les finances royales n’auraient pas de fonds, cet agent pourrait emprunter pour qu’ils soient remboursés à temps. Tous les hommes d’affaires engagés dans les fournitures générales annuelles à partir de 1633, tant génois que portugais ou allemands, finissent par se faire payer une partie de leurs consignations par Spínola. Sans cela, il aurait été impossible de parvenir à un accord avec eux. Le Facteur Général remplit ses obligations avec des fonds tirés de ses factoreries et, en particulier, des recettes du trésor américain, du droit d’extraction du sel, du service des millions et de la vente d’offices dont il est chargé39.

38Une difficulté supplémentaire vient du fait que l’on promet de la monnaie d’argent aux banquiers alors que la majorité des consignations de Castille sont des impôts payés en monnaie de cuivre, avec laquelle les banquiers ne peuvent rembourser leurs dettes à l’étranger. Spínola se charge du change.

  • 40 En tout, 34 184 écus, 5 sous et 5 deniers en argent « double ». AHPNM, Protocole 4525, fol. 675-68 (...)

39En outre, il ne se contente pas de faciliter la négociation des crédits ou la bonne exécution des contrats. Spínola aide aussi plusieurs banquiers à rester en activité. Il s’agit alors de placer des compagnies sous tutelle avant qu’elles ne fassent faillite. La Couronne est en effet la première intéressée, qui veut éviter de perdre aucun de ses banquiers. Ainsi, Spínola s’occupe de régler les problèmes de la maison d’affaires de Carlos Strata à la mort de celui-ci, l’été 1639. Strata a été l’un des banquiers les plus importants de la monarchie, surtout pendant les années 1630. Le Conseil des Finances souhaite donc préserver le crédit de sa maison pour qu’elle continue de négocier avec la Couronne. En août, arrivent une série de lettres d’Anvers, mais Joseph, fils de Carlos, qui prépare alors les comptes de la compagnie, n’a pas d’argent. Si les lettres étaient protestées, la rumeur que la maison Strata est en faillite se répandrait aux Pays-Bas et il faudrait fermer boutique. Joseph demande l’aide de Spínola mais ce dernier n’a pas alors assez de liquidités en caisse. Aussi, tous deux décident que Spínola empruntera l’argent par le biais de lettres de change sur les Pays-Bas ou la foire de Plaisance, ce que Joseph Strata n’a pas les moyens de faire40. Ainsi, c’est Bartolomé qui engage son nom et sa réputation, même si le coût de l’opération échoit à Joseph. Dans cette opération, Spínola utilise avec un autre banquier les techniques et les procédures qu’il utilise pour s’acquitter des factoreries du roi.

  • 41 AGS, CJH, 815. Consulte, 8/11/1640.

40Certes, ce type d’opérations, faites pour doter les agents travaillant pour le roi de liquidités, n’est pas une exclusivité du Facteur Général. À la demande du Conseil des Finances, les banquiers se soutiennent mutuellement en fonction de la situation de chacun41. Cela dit, le Facteur Général se distingue des autres non seulement parce qu’il intervient plus souvent qu’eux, mais aussi parce qu’il le fait pour servir une stratégie de la Couronne visant à soutenir et huiler les rouages du système de crédit.

Faire des économies dans les fournitures d’argent

41Les fournitures d’argent peuvent se faire de deux façon : par le biais de lettre de change ou par transport d’espèces. Les deux sont complémentaires, mais il faut choisir et décider quand et comment. Plusieurs facteurs, dans une même opération, peuvent profiter à la Couronne ou nuire à ses intérêts, selon le moment. Même lorsqu’on dispose de l’argent en espèces, il peut être plus rentable de l’emprunter sur la place où le paiement doit se faire que de le transporter, et de virer ensuite la dette sur une foire. On vend alors le métal précieux sur une autre place où il sera plus coté pour virer ensuite les fonds par lettre de change sur la foire de paiement où a été virée la dette du crédit demandé. Ainsi, dans cette foire, l’obligation de payer le crédit et le virement du prix de la vente du métal précieux se compensent. Ce n’est que dans le cas où la monarchie manque de fonds pour payer cette dette que celle-ci peut être virée dans une autre foire, jusqu’à ce que le Facteur ait réuni assez de métal précieux. Certes, chaque virement requiert le paiement d’intérêts, commissions et frais de correspondance qui s’ajoutent au principal dû.

42L’une des fonctions de Spínola comme Facteur Général est d’éteindre ces dettes le plus tôt possible, en envoyant aux foires de paiement le produit de la vente de métaux précieux ou autres matières premières demandées dans les marchés internationaux. Parfois, surtout si la dette est née aux Pays-Bas, l’envoi est envoyé directement en métal là où réside le créancier. Spínola ordonne à ses correspondants de virer une lettre sur son propre représentant à Anvers, coordonnée avec l’envoi d’espèces, pour que ce dernier accepte puis paye la lettre quand il aura reçu les espèces. Le créancier peut ainsi escompter la lettre sur le marché s’il ne peut pas ou ne veut pas attendre l’arrivée de l’argent.

43Une autre possibilité, plus complexe, consiste à envoyer l’argent à Gênes et à le vendre sur place ou à Venise, où le prix du métal précieux est souvent élevé. À Venise, les lettres payables aux Pays-Bas sont abondantes, pour des marchandises exportées là-bas ou pour des dettes de commerce que l’on veut éteindre sur l’une des foires où la Couronne de Castille entretient les siennes. La vente du métal précieux permet d’acheter ces instruments de paiement, qui permettent d’être remboursé précisément là où la Couronne a besoin de faire le paiement. Si la lettre de change est payable dans une foire italienne, le créancier du roi à Anvers n’a pas besoin de faire le déplacement. Il peut l’escompter chez un banquier génois d’Anvers ayant des agents à Gênes ou dans la foire de paiements.

44Le choix entre ces deux possibilités pour l’envoi d’espèces à Anvers ou Gênes dépend de plusieurs facteurs : le prix des changes sur les places, la disponibilité des moyens de transport, la sécurité, la capacité d’assurer l’argent sur l’une ou l’autre route, etc. Pour tout ceci, il faut obtenir l’information nécessaire, savoir la comprendre et avoir des collaborateurs. C’est pourquoi les banquiers, et en particulier le Facteur Général, sont si importants pour la Couronne. Spínola peut remplir cette fonction parce qu’il dispose d’un réseau efficace de correspondants en Europe, créé quand il était banquier privé.

  • 42 AGS, CJH, 701. 12/11/1633.

45D’après le Conseil des Finances, la fonction du Facteur Général est d’« être bénéfique pour les finances » en « leur faisant économiser beaucoup de maravédis »42. Outre l’exécution correcte des fournitures de fonds, l’économie peut se faire dans deux domaines : le coût du crédit, quand l’alternative est le recours aux partisans, et la souplesse au moment de modifier la destination d’une fourniture de fonds.

Réduire le coût du crédit

  • 43 AGS, CJH, 656. Consulte, 9/08/1629. Voici un bon exemple de ce type d’opérations. En 1629, le Cons (...)

46Un parti se compose de plusieurs opérations : le crédit, le transfert de fonds et, souvent, le change monétaire. Le crédit n’est pas nécessaire si la Couronne a des fonds disponible, mais les deux autres services le sont. Dans ce cas-là, recourir à un parti revient à payer pour un service dont la Couronne n’a pas besoin et, en outre, la négociation du contrat demande plus de temps et d’énergie. Il est alors plus rentable pour le roi de s’adresser au Facteur Général43.

  • 44 AGS, CJH, 689. Consulte, 18/06/1632.
  • 45 AGS, CJH, 689. Consulte, 18/06/1632.

47Six ans après la première Factorerie de Spínola, le bilan est très positif pour les finances royales. En 1632, le contrôleur des restes chargé des papiers de la Factorerie Générale informe que depuis 1627 Spínola a fait des provisions pour un montant de 5 864 643 ducats, en Espagne et en dehors, sans compter une voiture d’espèces de 1 240 000 ducats à Milan, en 162944. L’auteur estime que si l’on compare ses provisions aux conditions posées par d’autres banquiers, Spínola a fait économiser 769 131 ducats à la Couronne : 316 350 pour le change monétaire et 365 589 ducats au titre des adehalas qu’il ne réclame pas, 27 451 ducats dans les voitures d’espèces en Castille, à Lisbonne et à Valence et 59 750 pour celle faite en Italie en 1629. En outre, il faut ajouter à cela une économie importante, que l’on ne peut quantifier : les intérêts au titre de retards que le roi n’a pas eu à payer, grâce à la rapidité avec laquelle Spínola a remboursé les emprunts qu’il a faits au nom du roi d’Espagne45.

  • 46 AGS, CJH, 656. Consulte, 2/02/1629.
  • 47 AGS, CJH, 850. Brouillon de consulte, 23/06/1643.

48La somme peut être comparée avec les 6 600 000 ducats fournis par factorerie par Ambrosio Spínola, marquis de Los Balbases, fameux général et banquier, et par son frère Federico. Dans un mémoire adressé au Conseil des Finances lors de la révision de ses comptes, on estime l’économie réalisée à 596 000 ducats, par rapport à « ce que cela aurait coûté par le biais d’hommes d’affaires »46. Bartolomé Spínola n’a dépassé cette somme que lors de ses débuts comme Facteur Général, et si l’on compare les niveaux des économies réalisées, en proportions, il surpasse de 45 % celle réalisée par Ambrosio. Il en est conscient quand en 1643 il se vante au Conseil des Finances de ce que les conditions de sa fourniture de 200 000 ducats en cours sont meilleures que celles de tout autre banquier47.

  • 48 AGS, CJH, 638. Consulte, 28/02/1627. Sur le transport des espèces, Álvarez Nogal, 2005.
  • 49 AGS, CJH, 638. Consulte, 28/02/1627.

49Quelques-unes des dépenses des factoreries sont fixées par avance dans le contrat de fourniture. Ainsi, dans celle négociée avec quelques banquiers en 1627, on leur accorde 1 % pour les sommes voiturées de Madrid ou Séville à Barcelone pour le compte du roi, et 0,5 % si l’envoi se fait depuis Carthagène48. Pour le recouvrement de sommes en monnaie de billon et leur conduite à la cour, ils peuvent percevoir 2 %, et pour les sommes en barres ou en monnaie d’argent amenées à Madrid, 0,5 %. Il faut y ajouter la « commande » que la Couronne verse aux correspondants des banquiers pour la gestion de l’argent sur différentes places49.

50Ces résultats appellent une question. Si le service du Facteur Général est si rentable, pourquoi ne pas lui confier toutes les fournitures d’argent à l’extérieur ? Ce choix obéit à deux raisons. D’une part, l’argent n’est pas toujours disponible avant que le paiement soit fait. D’autre part, et surtout, le volume de crédit nécessaire dans ce cas-là ne saurait être supporté par un seul financier. Si grande que soit la capacité du Facteur Général, il n’a ni le temps ni le personnel ni le crédit pour assumer tout le crédit réclamé année après année par la Monarchie espagnole. S’il le faisait, le risque serait si grand que le marché ne le lui permettrait pas, et il ne trouverait pas d’argent sur les foires de change.

51Ceci permet de comprendre pourquoi pendant les années 1630 d’autres banquiers, comme Centurión ou Palavesín, commencent eux aussi à travailler comme facteurs du roi, même si aucun d’eux ne jouit des prérogatives accordées au Facteur Général dans la gestion des affaires économiques de la Couronne.

La souplesse dans les destinations des fournitures

  • 50 AGS, CJH, 714. Consulte, 21/01/1634.

52L’autre voie par laquelle le Facteur Général fait économiser de l’argent au roi est au moment de changer la destination d’une fourniture. Les partis se négocient à un moment donné de l’année, mais les besoins de dépense évoluent au fil des mois et au gré des imprévus. Renégocier avec les banquiers la modification du lieu ou du montant d’une fourniture a toujours un coût. L’alternative est de confier ces imprévus au Facteur Général, sachant que pour exécuter l’opération il choisira toujours les voies les plus avantageuses pour le roi50.

  • 51 AGS, E, 3336. Document 160. Consulte, 20/09/1631.

53Les exemples sont nombreux. En septembre 1631, le roi lui ordonne d’envoyer aux Pays-Bas des fournitures initialement destinées à l’Espagne et à l’Italie entre octobre et janvier. Spínola a déjà organisé les opérations avec Anvers, et doit donc trouver moyen d’accroître la somme de 150 000 ducats. Il est aussi invité à faire passer aux Pays-Bas tout l’argent recouvré en Sicile et dans le royaume de Naples pour payer l’armée de Lombardie51.

  • 52 AGS, CJH, 714. Consulte, 11/03/1634. Tout d’abord, il demande que la Couronne paie l’escorte qui d (...)

54Spínola donne une autre preuve de sa disponibilité en mars 1634. À l’époque, le Cardinal Infant Ferdinand, et le duc de Feria ont un besoin urgent d’argent en Alsace. Wallenstein vient de mourir et l’armée est sur le point de quitter Milan pour les Pays-Bas. Peu après, la victoire de Nordlingen changera le cours de la guerre. À ce moment de l’année, il est difficile de trouver un crédit extraordinaire, car les caisses royales n’ont guère les fonds disponibles pour bien le négocier. On demande alors à Carlos Strata de prendre sur la fourniture qu’il fait aux Pays-Bas 225 000 ducats à envoyer en Alsace, mais le banquier répond avec impertinence, exigeant la révision à la hausse du prix de toutes ses fournitures. La couronne confie alors l’opération au Facteur Général52.

  • 53 AGS, CJH, 852. Rapport du Président du Conseil des Finances, 21/05/1643. Il semble que don Miguel (...)

55Outre les opérations de fourniture imprévues, la souplesse du Facteur Général se traduit par sa capacité à renoncer, le cas échéant, aux fonds qui lui sont assignés dans ses factoreries. Ainsi, en 1643, il apprend qu’il devra renoncer à 44 000 ducats sur l’argent qui lui est assigné sur la recette de la Croisade du royaume d’Aragon pour ses envois aux Pays-Bas. En effet, le comte de Montalvo a besoin de cet argent pour approvisionner en blé l’armée du front Aragon53. Le Facteur Général doit attendre que l’on trouve une nouvelle source de revenus pour recevoir cette somme.

Conclusions

56À partir de 1627, Bartolomé Spínola est le principal intermédiaire entre les recettes de la Couronne et ses obligations de dépense, en tant que Facteur Général du roi. Sa mission consiste à satisfaire ces obligations en recouvrant une partie des recettes royales et en transférant l’argent, par le biais de lettres de change ou de voitures d’espèces, ou encore en s’endettant sur les marchés national et international jusqu’à réunir les fonds nécessaires pour rembourser la dette. Tous les coûts de ces opérations sont à la charge des finances royales, et par conséquent, le travail de Spínola comporte les risques communs à toute fourniture par factorerie. Dans le fond, il fait la même chose que les autres banquiers du roi, mais avec cette différence que, pour sa part, il sert la Couronne en cherchant à atteindre le moindre coût pour elle, sans tirer le moindre bénéfice personnel de ces opérations, en dehors du salaire qu’il reçoit pour son emploi dans l’administration royale.

57Quel bénéfice Spínola tire-t-il de la factorerie ? Si élevé que soit son salaire, le gain est moindre que celui d’une activité privée, entre autres parce que le risque assumé par le facteur est moindre. Cela dit, Spínola jouit à la cour du roi d’Espagne d’un statut, d’un pouvoir et d’une influence dont aucun autre banquier ne peut se prévaloir et qu’il n’aurait pas pu acquérir en les achetant. C’est surtout en termes de bénéfices symboliques et sociaux qu’il faut envisager l’intérêt de la factorerie générale pour lui.

58Cette figure de Facteur Général permet aux finances royales de gagner en souplesse dans les transferts d’argent rapides, sans s’endetter. En outre, s’il faut emprunter, le roi le fait par l’intermédiaire d’un homme réputé sur les marchés et dont les connaissances lui permettent de s’endetter à moindres frais. Si le roi tire parti du crédit du Facteur, la réputation de ce dernier ne souffre-t-elle pas, à l’inverse, de son association avec un roi mauvais payeur ? Le propos de ce chapitre n’était certes pas d’expliquer comment Spínola parvient à mettre en relation les besoins de la monarchie d’Espagne et les marchés internationaux de capitaux, comment il opère sur les marchés du crédit. Toutefois, l’on peut signaler que le crédit du Facteur Général sur ces marchés n’est pas affecté par sa relation avec le roi d’Espagne, comme en attestent les comptes qui ont été dressés par les finances royales pour évaluer les bénéfices tirés de la factorerie.

59La Couronne ne renonce pas pour autant à passer des contrats de partis avec d’autres banquiers. Sa stratégie consiste à combiner les deux voies pour tirer de chacune le meilleur profit. Les finances royales s’appuient sur un facteur général et, en même temps, recourent aux partis avec d’autres banquiers, parmi lesquels certains signent aussi des contrats de factorerie pendant quelques années.

60La figure du Facteur Général facilite la négociation du crédit car le Facteur apporte sa garantie aux consignations offertes aux banquiers, quand celles-ci sont de qualité insuffisante. D’autre part, les finances royales peuvent soutenir le Facteur Général, en utilisant le crédit offert par les gens d’affaires, en garantissant ses opérations lors de difficultés passagères, quand les sources habituelles de revenus qui lui sont assignées font défaut ou quand il emprunte sur les foires de change. En outre, le fait de combiner les deux modèles de crédit permet à la Couronne d’obtenir davantage d’information et d’établir des comparaisons. Grâce à Bartolomé Spínola, elle peut comparer les taux de change des monnaies étrangères, contrôler le coût du transport de l’argent, évaluer la difficulté des marchés du crédit à tout moment. En effet, pour réaliser ses opérations, Spínola recourt aux mêmes voies, institutions et agents que les banquiers privés.

61Plusieurs indices autorisent à penser que sans Bartolomé Spínola, la Monarchie hispanique n’aurait pas pu atteindre les niveaux de crédit dont elle bénéficie pendant les années 1630. Son succès répond ainsi à deux besoins fondamentaux de la Couronne espagnole : obtenir du crédit dans un contexte de méfiance croissante à l’égard des finances royales et obtenir une plus grande souplesse et la baisse du coût de la gestion financière.

Notes

1 Andrés Ucendo et Lanza García, 2008.

2 Lovett, 1972. Carlos Morales, 2008, p. 171.

3 Jensen y Meckling, 1976.

4 Ruiz Martín, 1968, p. 157. Pendant le règne de Philippe II, la Couronne hésite entre partis et factoreries. Les banquiers font de même, le choix dépendant de la situation de la Couronne et de sa solvabilité à court terme.

5 Álvarez Nogal, 2007 et 2008.

6 Thompson, 1981, p. 100-101.

7 AGS, CJH, 770. Brouillon, 20/06/1637.

8 AGS, CJH, 638. Consulte de Miguel de Ypeñarrieta, 31/05/1627. Les banquiers acceptent que l’argent soit d’abord envoyé aux foires de Massa ou Gênes, avant de parvenir à Anvers, d’où ils ne pourront pas tirer d’argent pour le compte du roi. Ils pourraient aussi envoyer l’argent en espèces de Gênes aux Pays-Bas au nom du roi, mais toujours en l’assurant. Pourtant, ils signalent que les finances royales seront avantagées si on les autorise à remettre de l’argent à Anvers depuis plusieurs places, et même envoyer de l’argent comptant pour le vendre à Venise et de là, remettre la somme à Anvers par lettres de change.

9 ASG, Notai Antichi, 2434. Lettre de l’ambassadeur de Gênes à la république, 28/08/1627.

10 Cette suspension des paiements est l’occasion d’un bras-de-fer entre le favori de Philippe IV, le comte-duc d’Olivares, et les groupes de financiers, Olivares allant jusqu’à faire enfermer pendant quelques heures dans des salles séparées les délégués des Génois et des Portugais – alors en pleine ascension – pour les mettre en concurrence. L’opération permet à la monarchie d’opérer une sélection entre les Génois, les plus faibles s’éloignant désormais des affaires espagnoles, et de mettre fin au quasi-monopole qu’ils exercent sur les affaires de finances depuis le début du règne de la monarchie, en ouvrant des espaces d’activité aux Portugais (Ruiz Martín, 1990).

11 AGS, CJH, 689. Consulte, 9/01/1632.

12 N.d.t. : des rentes, le plus souvent rachetables, assignées sur les caisses de recettes fiscales ordinaires et, depuis le milieu des années 1620, de certains services des millions. Parfois données en cadeau aux bons serviteurs du roi ou achetées par les rentiers, au XVIIe siècle, elles sont le plus souvent émises lors de suspensions de paiements, permettant alors au roi de consolider sa dette flottante.

13 AGS, CJH, 714. Consulte, 20/12/1633.

14 N.d.t. : les services des millions sont des contributions extraordinaires, temporaires et assorties de conditions, accordées au roi par le royaume de Castille réuni en Cortes. Leur montant est fixé en millions de ducats ou de maravédis, d’où leur nom.

15 AGS, CJH, 795. Consulte, 10/02/1639. Les consignations de secours qu’il a reçues pour les ventes de vassaux et d’offices ne comptent pas, puisqu’elles présentaient des risques et des caractéristiques dont personne ne voulait.

16 AGS, CJH, 714. Consulte, 21/06/1634.

17 AGS, CJH, 714. Consulte, 3/10/1634.

18 AGS, CJH, 714. Consulte, 3/10/1634. On leur donne aussi la possibilité de se faire payer le principal de leur juro avec un nouveau juro, sans attendre que le trésorier fasse le paiement. Le principal des juros s’exprimant en monnaie d’argent, la prime des monnaies d’argent sur le billon est fixée à 25 %.

19 AGI, C, 364-1. Paiements aux Héritiers de Marcos et Cristóbal Fugger par cédules des 30/01 et 21/02/1631. Matilla Tascón, 1958, p. 174. Je suis en désaccord avec l’idée que Spínola et Centurión, membres du Conseil des Finances, étaient la principale menace pesant sur la branche ancienne des Fugger. C’était à la maison des jeunes Fugger que les Génois en voulaient, et en particulier à Julio César Scazuola, leur agent à Madrid. Domínguez Ortíz, 1960, p. 139. Au contraire, Spínola les défend toujours contre l’avis du comte-duc et de plusieurs membres du Conseil. Il durcit sa position quand ils cessent de payer les annuités des juros pesant sur les revenus des Ordres Militaires et, après deux ans de moratoire, ne semblent pas disposer à réformer leur administration pour trouver des solutions. En 1639, le placement sous tutelle de la maison Fugger a moins à voir avec la situation de cette dernière qu’avec les difficultés des finances royales.

20 AGS, CJH, 689. Consulte, 6/01/1632.

21 AGS, CJH, 715. Brouillon de consulte, 1634.

22 AGS, CC, 516. Billet du roi à l’archevêque inquisiteur au Buen Retiro, 10/05/1636.

23 AGS, CJH, 806. Minute, 20/10/1640.

24 AHPNM, Protocole 4529, fol. 76. 18/02/1643.

25 AGS, CJH, 806. Consulte, 15/11/1640. N.d.t. : « Pour cent », le ciento, une taxe de 1 % sur les valeurs échangées rajoutée à l’alcabala, mais payable par tous. La traduction est de Jean Orry (Dubet, 2009, chap. 2.2.).

26 Ce pourcentage ne doit pas être confondu avec les bénéfices obtenus par de la Torre, car on ne sait pas quelle partie de l’argent qu’il fournit lui appartient personnellement. S’il a emprunté, ce prêt a un coût. AGS, CJH, 676-18-4. Consulte, 12/01/1631.

27 AGS, CJH, 784. Billet du roi au Président du Conseil des Finances, 24/04/1638.

28 AGS, CJH, 815. Consulte, 8/11/1640.

29 AGS, CJH, 795. Brouillon du parti, 12/11/1639.

30 AGS, CJH, 795. Consulte, 12/05/1639.

31 AGS, CJH, 828. Consulte, 27/02/1641. N.d.t. : la media anata est une taxe d’une demi-annuité pesant sur tous les juros non privilégiés, depuis 1635.

32 AGS, CJH, 850. Ordre du roi à la Commission des Millions, 25/04/1643.

33 Bartolomé obtient que Juan Bautista Palavesín avance le métal précieux en lui offrant 136 000 ducats de billon en garantie, qu’il peut changer au prix officiel pour solder sa dette. AGS, CJH, 750. Consulte, 23/10/1636. Finalement, l’échange ne se fait pas et il faut rendre le métal précieux autrement.

34 N.d.t. : taxe destinée au financement de la flotte qui assure le commerce transatlantique.

35 AGS, CJH, 676-1-10. Consulte, 22/04/1631.

36 AGS, CCGG, 121. Parti, 2/09/1627.

37 AHPNM, Protocole 4513, fol. 404. 16/06/1628.

38 AHPNM, Protocole 4518, fol. 771. Procuration, 9/08/1634.

39 AGS, CJH, 701. 29/11/1633.

40 En tout, 34 184 écus, 5 sous et 5 deniers en argent « double ». AHPNM, Protocole 4525, fol. 675-683. Acte d’engagement entre Joseph Strata et Bartolomé Spínola, 30/07/1639. AHPNM, Protocole 4525, fol. 818. Procuration de Joseph Strata, 7/09/1639.

41 AGS, CJH, 815. Consulte, 8/11/1640.

42 AGS, CJH, 701. 12/11/1633.

43 AGS, CJH, 656. Consulte, 9/08/1629. Voici un bon exemple de ce type d’opérations. En 1629, le Conseil des Finances négocie avec les banquiers portugais une fourniture par parti de 100 000 ducats aux Pays-Bas. Comme la Couronne a l’argent, Gilimón de la Mota préfère confier directement la provision au Facteur Général pour qu’il remette l’argent par factorerie. L’économie prévue est de 12 %, comparée au parti.

44 AGS, CJH, 689. Consulte, 18/06/1632.

45 AGS, CJH, 689. Consulte, 18/06/1632.

46 AGS, CJH, 656. Consulte, 2/02/1629.

47 AGS, CJH, 850. Brouillon de consulte, 23/06/1643.

48 AGS, CJH, 638. Consulte, 28/02/1627. Sur le transport des espèces, Álvarez Nogal, 2005.

49 AGS, CJH, 638. Consulte, 28/02/1627.

50 AGS, CJH, 714. Consulte, 21/01/1634.

51 AGS, E, 3336. Document 160. Consulte, 20/09/1631.

52 AGS, CJH, 714. Consulte, 11/03/1634. Tout d’abord, il demande que la Couronne paie l’escorte qui doit protéger l’argent jusqu’en Alsace, et ensuite, il augmente le prix de chaque écu de 4,3 %. Si pour chaque écu qu’il paiera aux Pays-Bas, Strata demande 352,6 maravédis, pour l’Alsace, il en réclame 368.

53 AGS, CJH, 852. Rapport du Président du Conseil des Finances, 21/05/1643. Il semble que don Miguel Formento ait accepté la fourniture du blé et perçu comme consignation l’argent libéré par Spínola. La fourniture d’argent que le Facteur Général devait faire aux Pays-Bas a alors été confiée à Alejandro Palavesín.

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