Gaullistes et radicaux en Haute-Saône sous la IVe République
p. 335-349
Texte intégral
1Département essentiellement rural, de tradition « modérée et catholique », la Haute Saône est souvent qualifiée par les géographes d’« espace de confins » tiraillé entre l’influence bourguignonne et l’influence franc-comtoise1. Sur le plan politique il s’agit d’un département très spécifique, car il apparaît longtemps rétif à l’implantation des « grands partis », et sa logique politique évolue à contre-courant de celle de sa région de Franche Comté. Il y existe en effet avant-guerre une tradition radicale incarnée par Jules Jeanneney, élu du département de 1901 à 1940, et cette tradition persiste lors des élections de 1936, alors que la gauche et les radicaux reculent dans l’ensemble de la région.
2Sous la IVe République, cette spécificité politique perdure : passée la période transitoire des Assemblées constituantes, ce département se trouve de fait bipolarisé, ne fournissant lors des consultations nationales de la IVe République que des élus se rattachant à la droite modérée sous ses diverses incarnations, dont l’une d’elle est le gaullisme, ou au radicalisme, champion de la gauche départementale (la SFIO départementale n’étant présente que dans la seule zone de grande industrie, les houillères de Ronchamp, et étant alors assez nettement inféodée aux radicaux). Comment expliquer cette bipolarisation précoce, comment expliquer les spécificités de cette bipolarisation ? Il convient de faire à ce sujet deux remarques préliminaires.
3La première a trait à l’incompatibilité entre gaullisme et radicalisme. Celle-ci a été souvent soulignée, notamment par Henri Lerner2 : entre de Gaulle et les radicaux, « on ne vit pas dans le même monde ». Le discours politique gaulliste s’est en partie construit sur le rejet d’un radicalisme assimilé à l’échec de la IIIe République, et surtout à une absence totale de volontarisme politique. Cette opposition de principe a été par la suite nuancée, notamment par les travaux de Bernard Lachaise. Il existe en effet des convergences entre ces deux familles. Convergences idéologiques (autour du rejet de la constitution de la IVe), et convergences tactiques3 qui perdurent jusqu’à l’interdiction de la double appartenance en 1951. On peut ainsi citer l’exemple d’un homme de l’Est, Jean Masson, député de Haute-Marne, radical RPF jusqu’en 1949, et gaullo-mendésiste par la suite. Les élections de 1947 voient de nombreux radicaux rejoindre le RPF, pour s’en détacher ensuite, la vague électorale étant retombée. Bref, une incompatibilité spontanée entre gaullistes et radicaux, notamment pour la période 1947-1948, et dans le nord-est de la France, si elle n’est pas un cas unique, n’est pas un fait politique banal.
4La seconde remarque a trait à la spécificité Haut-Saônoise. Le radicalisme départemental, fortement personnalisé par son leader André Maroselli, s’inscrit dans une tradition orthodoxe : la configuration politique départementale en fait avant tout le champion de la gauche départementale. En somme, les radicaux de Haute-Saône ne sont absolument pas concernés par le rapprochement progressif avec la droite modérée qui caractérise la stratégie du parti radical des années 1946-19554. C’est au nom de la fidélité à l’alliance socialiste qu’André Maroselli sera de ceux qui porteront Pierre Mendès France à la tête du parti radical en mai 1955, avant de l’abattre deux ans plus tard pour les mêmes raisons.
5Il en va de même des gaullistes du département. Pour reprendre la formule d’Éric Duhamel, les élus RPF sont moins que quiconque des gaullistes « chimiquement purs5 », issus du combat résistant. Au contraire, leur passion gaulliste ne se manifestera essentiellement que pendant deux périodes : celle qui va des municipales de 1947 à la scission ARS de 1952, puis celle qui précède les élections législatives de 1958. Pour le reste, le gaullisme départemental se fond essentiellement sur les structures héritées de la droite modérée6 dominée par le PRL puis la mouvance indépendante, et les leaders locaux trouveront après 1952 dans cette famille un cadre politique bien mieux adapté à leur sensibilité. Cette évolution qui les oppose à des militants dont le gaullisme est bien plus orthodoxe, ne va pas freiner la droite sur le plan départemental, bien au contraire : c’est sous les couleurs d’une droite modérée, qui s’est éloignée du gaullisme, que ces hommes conquièrent une prééminence départementale pendant les années 1950. Bref, la situation est assez comparable avec celle de l’Aube, mais le rapport de force est ici encore plus défavorable au RPF Le gaullisme n’est ici qu’un appendice dont la droite locale s’accommode un temps, avant de l’abandonner après 1952, provoquant dans ce cas la disparition totale de la structure militante. Il est donc nécessaire de s’interroger sur la totale disjonction entre les militants gaullistes et les hommes censés les représenter.
6Comprendre les spécificités de l’opposition entre gaullistes et radicaux en Haute Saône sous la IVe République revient donc à s’interroger sur les rivalités d’hommes porteurs de traditions et de cultures politiques et de parcours antagonistes, et à comparer deux organisations militantes au fonctionnement très différent, et enfin à s’interroger sur les modalités de leur affrontement.
Les hommes, radicaux orthodoxes contre gaullistes d’occasion
7Il s’agit avant tout d’étudier les hommes qui vont incarner cet affrontement. La guerre provoque un phénomène de recomposition politique, mais après la parenthèse des élections aux Assemblées constituantes (qui voient l’élection d’un communiste et d’un socialiste indépendant), les forces politiques se divisent entre gaullistes et radicaux, ce clivage est largement l’héritier du clivage droite/gauche d’avant-guerre. Examinons les antécédents et le parcours des hommes qui vont représenter ces deux familles politiques pendant la période.
Une nouvelle génération ?
8Les hommes qui vont représenter ces deux familles politiques ne sont pas à proprement parler des hommes neufs. Du côté radical, l’exclusion du député André Liautey en 1946 donne à André Maroselli la mainmise sur le radicalisme départemental. Celui-ci va d’ailleurs l’exercer de manière assez absolue, se basant sur quelques lieutenants, Pierre Renet, maire de Vesoul, Georges Pequegnot, maire de Lure, Fernand Perrot-Migeon, sénateur en 1952, son représentant dans les milieux ruraux, et Roger Laburthe, journaliste, principal rédacteur des journaux radicaux (La Démocratie Haut-Saônoise puis l’Union démocratique de Haute Saône), sénateur en 1956. Né en 1893, André Maroselli a déjà à la Libération une longue carrière politique derrière lui, au point que ses adversaires lui reprocheront d’être un « professionnel de la politique », n’ayant jamais exercé d’autre métier7. Battu aux élections législatives de 1932 par Robert Montillot, de nouveau battu en 1933, André Maroselli devient sénateur de la Haute Saône en 1935. Ayant voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, il évolue par la suite vers l’opposition au Régime : arrêté en 1942 et détenu trois mois à Fresnes, il est en janvier 1943 le premier sénateur à rejoindre de Gaulle à Londres8. Chargé de mission en Amérique du sud par le Général de Gaulle, membre de l’Assemblée consultative d’Alger, il possède donc une légitimité résistante qu’il ne manquera jamais de dénier à ses adversaires gaullistes locaux. Les hommes qu’il amène à ses côtés sont des hommes de sa génération : Roger Laburthe a entamé une carrière journalistique avant-guerre, Fernand Perrot Migeon une carrière politique locale, mais le principal souci de Maroselli est de chasser de la fédération radicale tous les hommes de son adversaire André Liautey, et de bloquer l’émergence de tout concurrent à l’échelle départementale (son fils Jacques sera son héritier politique). Néanmoins, son crédit politique personnel dépasse largement celui de sa fédération.
9Côté gaulliste, il existe peu d’élus qu’on puisse relier directement au gaullisme de combat. L’avocat Robert Montillot, député jusqu’à sa mort en 1957, né en 1882, est un ancien membre du Parti républicain socialiste, avant de rejoindre longuement l’Alliance républicaine démocratique, puis de participer aux jeunesses républicaines de Pierre Taittinger. Ce parcours l’inscrit donc dans une droite classique, nationale dans les années 1930. Il est le seul député gaulliste du Nord Est de la France à avoir exercé un mandat sous la IIIe République. Député Républicain de gauche de Haute Saône de 1932 à 1936, il est alors battu par le radical Mauguières. À la Libération, élu sur une liste du Parti républicain de la liberté et d’action gaulliste aux deux Assemblées constituantes et à la première assemblée législative, il reprend le flambeau de la droite modérée du département. Parmi les hommes de Robert Montillot, on retrouve les sénateurs Édouard Depreux et Pierre Vitter : ce groupe, issu du PRL, écrit au général de Gaulle en avril 1947 pour « se mettre à la disposition du rassemblement9 ».
10Un autre groupe d’hommes plus jeunes se développe autour de Maurice Georges, industriel, maire de Gray, qui s’impose comme le leader de la droite classique au sein du département. Il s’associe dans cette perspective avec le sénateur Depreux. Ces deux hommes ont entamé une carrière locale avant-guerre, et leur ardeur gaulliste apparaît avant tout justifiée par des raisons tactiques. En 1949, Jacques Soustelle doit insister auprès du sénateur Depreux pour que celui-ci accepte de porter l’étiquette RPF à l’occasion des élections cantonales de Luxeuil, contre André Maroselli10. À ce groupe, il convient d’ajouter Alfred Clerget, industriel de la vallée du Haut-Ognon, que Maroselli compare à une « pieuvre vorace11 », et qui prend le relais de Robert Montillot à la mort de celui-ci. La scission ARS de 1952 va ainsi décapiter le RPF départemental. Robert Montillot fait partie des deux députés qui démissionnent sur le champ du Rassemblement après avoir choisi de voter l’investiture d’Antoine Pinay, tandis que Maurice Georges fait partie des 26 fondateurs de l’ARS Si en 1951, il s’agit pour eux de « remplacer la triste majorité d’hier par une majorité RPF, pour sauver à nouveau le pays », en 1956, leur ardeur gaulliste s’est considérablement refroidie, au point que toute référence gaulliste est abandonnée par une liste qui comprend les mêmes hommes à une exception près : il s’agit désormais de « poursuivre le redressement économique entamé depuis 1951 et de faire barrage à une majorité de Front Populaire12 ».
11À ce groupe, il convient d’opposer les hommes qui dominent l’infrastructure militante, essentiellement représentée par le colonel Burthey (président du conseil départemental) et par Jean Rivat (délégué départemental du général de Gaulle, maire de Vesoul de 1947 à 1953). Les deux sont décrits comme des « résistants au parcours remarquable », mais surtout comme des militants extrêmement dévoués, Rivat ayant notamment conduit son cabinet dentaire à la ruine en raison de son ardeur militante. Ils sont décrits par Philippe Raguenau comme « des gens moyens, peut-être, mais sincères, travailleurs et disciplinés13 ».
Des familles divisées
12Il convient également de ne pas exagérer l’unité de ces familles. La famille radicale est ainsi empoisonnée par l’influence occulte qu’y conserve André Liautey, ancien homme fort du département. En 1946, celui-ci n’hésite pas à soutenir une liste radicale dissidente, menée par Pascal Bompard sous l’étiquette de « Rassemblement populaire et gaulliste pour la liberté ». La persistante volonté d’André Liautey de conserver un rôle départemental (il redevient député en 1951 en s’apparentant avec la droite) le conduit à priver les radicaux du département de certains thèmes exploités ailleurs, comme celui du combat contre la politique anti-alcoolique des gouvernements Laniel et Mendès France14, ou la défense des petits artisans et commerçants, thème crypto-poujadiste que les radicaux du département se trouvent contraints de combattre pour des raisons d’opportunité politique. L’autorité d’André Maroselli sur le radicalisme départemental ne dépasse pas non plus les frontières de l’intérêt local. En 1953, Pierre Renet gouverne ainsi le conseil municipal de Vesoul avec une majorité axée à droite15. Cette indiscipline, puisque la fédération suit une ligne d’alliance avec les socialistes, lui vaut d’être privé à deux reprises d’une candidature aux élections sénatoriales, qui aurait risqué de remettre en cause l’alliance départementale avec les socialistes.
13À droite, ces divisions sont encore plus marquées. Au sein des élus, on trouve un véritable conflit de générations entre les hommes d’avantguerre, issue des milieux juridiques, et une génération qui prend le relais à la Libération, plus ancrée dans les milieux de la petite industrie et de l’agriculture. Un conflit de ce type conduit Maurice Georges à ravir à Robert Montillot la tête de liste pour les législatives de 1951. À cette occasion, le RPF doit jouer un rôle d’arbitrage, et le général de Gaulle, après avoir un temps défendu la présence en tête de liste de Robert Montillot, se voit contraint d’accepter l’inversion, le rapport de force local étant nettement favorable à Maurice Georges16. Le rapprochement d’André Liautey avec la droite à l’occasion de l’apparentement de 1951 est une pure affaire de circonstances, puisqu’un affrontement personnel très violent l’oppose par la suite à Maurice Georges, au sujet de l’affaire des « journaux fantômes17 ». Édouard Depreux, sénateur de 1948 à 1952, se mêle à cette lutte : élu sous une étiquette RPF, il entretient les réseaux du PRL départemental, au nom duquel il présente une liste anti-RPF aux législatives de 1951. Le MRP est enfin la dernière composante de la droite départementale. Son chef, Marcellin Carraud, notaire de profession, s’entend à plusieurs reprises avec les chefs départementaux du gaullisme sans que les militants soient consultés18.
Les schémas de l’affrontement politique
14L’affrontement entre ces deux familles obéit à une classification assez nette : les affrontements locaux sont feutrés, le conseil général s’occupe d’administration plus que de politique, même si les radicaux, qui tiennent la présidence avec Besson puis Maroselli de 1945 à 1951, la perdent par la suite. Symboliquement, alors que le rapport de force devient de plus en plus favorable à la droite au cours des années 1950, les radicaux continuent à accepter d’y occuper une vice-présidence. Mais cela n’empêche pas des affrontements violents entre ces hommes à l’occasion des consultations nationales, au cours desquelles la vie politique départementale s’anime subitement. De fait, toutes les consultations nationales font l’objet de recours en annulation19.
15Dès lors, les contraintes locales priment absolument sur la logique partisane. Ainsi, à l’occasion des élections de 1951, une note d’André Diethelm souligne à quel point les leaders gaullistes départementaux, en contradiction avec la ligne nationale du RPF, n’envisagent même pas de se priver de recourir à un apparentement incluant le MRP et la liste d’André Liautey pour éliminer André Maroselli de la scène départementale. « J’ai argumenté contre les apparentements, mais je les ai trouvés transportés d’aise à l’idée d’éliminer ce politicien néfaste », note Diethelm20. Maurice Georges se fend d’une lettre personnellement adressée au général de Gaulle, datée du 22 mai 1951, pour pointer la nécessité d’une coalition de tous les partis « antimarxistes » pour faire barrage à la coalition radicale et socialiste. « Si vous n’acceptiez pas, mon général, je ne pourrais pas mener cette campagne difficile qui n’aurait aucune chance de succès, ce qui provoquerait la consternation, parmi nos amis d’abord et parmi les électeurs nationaux ensuite21. »
16Plus encore, cet apparentement est symbolique du primat accordé aux intérêts locaux sur la cause « nationale », mais aussi locale du gaullisme : à l’occasion de cet apparentement de juin 1951, les leaders départementaux n’hésitent pas à promettre au MRP Marcelin Carraud le retrait de candidats RPF pour les cantonales suivantes, sans pour autant avertir la fédération RPF : la révélation de cet accord, quelques semaines après les élections, crée un violent conflit réglé par le départ des élus du RPF. Jean Rivat note alors : « Actuellement, il y a une trop grande différence de méthode entre les parlementaires et les compagnons qui ont formé le noyau du rassemblement pour que nous puissions marcher sans heurts22. » Rivat et Burthey démissionnent de leurs fonctions, ce qui sonne dès 1951 le glas du RPF départemental.
Des organisations rivales
17Au-delà des leaders départementaux, lesquels, chacun à leur manière, privilégient les logiques personnelles à celle de leur organisation, ce sont deux groupements politiques qui s’engagent dans un rude affrontement.
Un profil très différent
18Tout en conservant la distance critique nécessaire par rapport à ces termes, il y a sens à dire que s’affrontent une organisation de masse et une organisation de cadres. Bien évidemment, la fédération radicale ne regroupe jamais plus de 2000 membres23, chiffre important pour une fédération radicale, mais qui reste modeste rapporté à la population locale : sa force réside avant tout dans son dense réseau de maires et de conseillers généraux. Cependant, les militants interviennent fréquemment dans la vie du parti, ce qui tranche d’ailleurs avec la réalité de la plupart des fédérations radicales. Le congrès annuel joue ainsi un rôle important, car il s’agit d’un moment clé de la vie de la fédération, mais aussi du parti à l’échelon national. Les assistances atteignent parfois 400 à 500 personnes, et plusieurs leaders nationaux du parti font le déplacement pour y assister, prononcer un discours ou présider une séance : c’est ainsi le cas d’André Morice, de Jean Masson ou de Gaston Monnerville. Cette organisation se double d’un souci de quadriller l’ensemble du département, la région de Vesoul, mais également les zones traditionnellement favorables à la droite, comme la région de Gray. Dans les mois précédant les périodes électorales, comme le soulignent les rapports préfectoraux, des comités radicaux sont installés dans chaque petit village24.
19La fédération du RPF apparaît comme une structure reposant bien plus sur ses notables. On peut ainsi noter que même au plus fort de la vague gaulliste, en 1947, les effectifs ne dépassent pas les 2 500 sympathisants, ce chiffre retombant vite. Lors de la campagne du timbre, le département envoie 3 000 lettres et 4 950 vignettes, soit 15 lettres pour 1 000 habitants, et 1,3 lettre au prorata des adhérents25. La structure apparaît assez fragile : en janvier 1948, le RPF n’a placé que 132 cartes, et la situation financière de la fédération reste précaire : en juillet 1948, la fédération doit ainsi contracter un emprunt de 5 000 F pour payer les services d’une sténo-dactylo, la sténo bénévole, membre de la fédération devant quitter le département. Comme le note Philippe Raguenau en 1948, la fédération se résume de fait à deux personnes26 : après le départ de Rivat et Burthey en 1952, la structure fédérale se délite absolument. André Astoux écrit ainsi, en 1953-1954 plusieurs lettres pour déplorer le « silence » de la fédération, laquelle figure au nombre des 3 départements qui n’ont jamais fourni de listes d’adhérents pour 1952 ni pour 1953, et le seul département ayant connu une implantation gaulliste à être dans ce cas27. Aucune structure de l’URAS ne s’implante après 1955, comme en atteste l’absence totale d’archives28 : le seul correspondant dans le département, Albert Grillot n’entre en contact avec le siège que pour demander des interventions en haut-lieu destinées à l’aider sur le plan professionnel. En juin 1954, Astoux ne compte que 30 adhérents potentiels, le retour de l’ancien sénateur Pierre Vitter étant jugé peu souhaitable29. La structure gaulliste ne renaît qu’en 1958, autour du riche industriel Alfred Clerget, qui monte une structure très « personnelle », « clergetiste » plus que gaulliste.
20Les méthodes d’action politiques sont également divergentes. La fédération radicale-socialiste occupe autant que possible l’espace politique du département. Elle constitue clairement le principal outil d’action et d’influence d’André Maroselli, et celui-ci prend soin de l’associer à toutes ses actions publiques, y compris quand il occupe un portefeuille ministériel30. La plupart des manifestations publiques sont l’occasion de démonstrations de force, de réunion de l’ensemble des élus. Fernand Perrot-Migeon, sénateur en 1952, et Roger Laburthe, sénateur en 1958, semblent ainsi étroitement inféodés à André Maroselli. La fédération possède en outre un organe hebdomadaire qui rend scrupuleusement compte des activités fédérales radicales et « Maroselliennes », la Démocratie Haut-Saônoise, puis l’Union démocratique de Haute Saône (rachetée à André Liautey) à partir de 1955.
21Au contraire, il est frappant de constater l’atonie de la fédération RPF A l’exception de deux congrès en 1949 et 1950 à l’occasion desquels André Diethelm est présent, peu de manifestations viennent attester publiquement du dynamisme de la fédération. Les campagnes électorales se font avant tout par contacts personnels avec les notables du département, dans de petites réunions semi-officielles, et l’activité de la droite locale semble avant tout être déterminée lors de réunions en marge des sessions du conseil général31, au point que l’on peut se demander s’il n’existe pas de fait, en 1950-1951, deux fédérations RPF qui s’ignorent. La faiblesse de l’activité fédérale est de fait conditionnée par le peu d’implication d’élus peu désireux de voir leur liberté d’action ainsi restreinte. La presse reste attachée directement à des leaders (on peut citer l’exemple de la Presse de Gray pour Maurice Georges) et non à la fédération.
Des réseaux antagonistes
22Cette opposition entre les deux organisations vient se greffer sur des clivages divisant le département : leurs réseaux d’influence sont dès lors divergents, et même antagoniques. Le premier est d’ordre confessionnel. La droite locale est clairement reliée à l’Église catholique : le PRL n’est-il pas le parti ayant réclamé l’inscription de la liberté de l’enseignement dans la constitution ? À plusieurs reprises, notamment au cours de l’année 1956, Maurice Georges rend publiques dans son journal La Presse de Gray des lettres adressées à l’évêque dans lesquelles il s’engage à se faire le principal défenseur de la liberté de l’enseignement : en novembre 1956, la majorité du conseil général qu’il préside se prononce ainsi contre l’abolition de la Loi Barrangé. Cette prise de position implique bien sûr la présence d’une forte thématique laïque chez les radicaux. André Maroselli appartient à la franc-maçonnerie et ne s’en cache pas, et la fédération participe activement au cartel d’action laïque départemental, où elle est représentée par Guillaume.
23Le second clivage réside dans l’opposition de clientèles. La droite gaulliste est avant tout présente dans les milieux ruraux, Maurice Georges étant le président de la Confédération Générale Agricole départementale. Elle est aussi bien implantée dans le milieu des petits entrepreneurs. En revanche, son ancrage dans les villes est plus diffus, ce qui tranche avec le profil général des fédérations du RPF Dès lors, les réseaux d’influence municipaux sont ardemment recherchés. Ainsi, en 1948, une polémique s’engage sur l’opportunité d’intégrer Gauthier, président de la chambre de commerce de Vesoul, au RPF. Celui-ci est recommandé par Georges et Vitter, et bénéficie de la bienveillance de la rue de Solférino (Louis Terrenoire fait ainsi remarquer dans une note qu’« un président de la chambre de commerce de Vesoul n’est pas à négliger32 »). Pourtant, suite à une enquête de Philippe Raguenau dans le département, son adhésion est refusée, son parcours ne présentant pas l’exemplarité attendue d’un militant gaulliste (« Il est gaulliste comme je suis Papou », écrit Raguenau33).
24Face à ces positions gaullistes, la clientèle radicale se recrute avant tout dans les villes et les gros bourgs ruraux. L’influence du radicalisme passe par un contrôle de l’administration (Le préfet Thomassin est ainsi décrit dans les notes fédérales comme un « Franc maçon, jouet entre les mains de Maroselli34 »), et la fédération déploie ainsi une intense activité associative, multipliant les amicales et associations annexes, notamment dans le milieu des petits commerçants et dans celui des fonctionnaires, pour compenser sa moindre influence dans les zones rurales. La volonté de constituer partout des comités radicaux montre néanmoins le refus des radicaux d’abandonner à la droite gaulliste les campagnes. Les réseaux radicaux sont toutefois surtout dus au dense maillage d’élus dans tout le département : la municipalité de Luxeuil apparaît ainsi comme une véritable « machine clientélaire », et sert de modèle aux autres municipalités radicales du département, comme celle de Lure, dirigée par Georges Péquegnot. Cependant, ces réseaux ont été fortement désorganisés par le départ d’André Liautey, et dans plusieurs domaines d’interventions, la fédération radicale se trouve en concurrence avec celui-ci. C’est par exemple le cas des milieux d’anciens combattants, dans lesquels André Maroselli déploie une activité particulièrement soutenue : le souvenir de la guerre est particulièrement vif, le département ayant longtemps été sur la ligne de front. Il est crucial pour Maroselli de ne pas laisser ces réseaux être monopolisés par la droite se réclamant du général de Gaulle. Toutefois, André Liautey lui fait concurrence, tenant un discours très « national35 ». L’autre point d’affrontement est constitué par les diverses associations de bouilleurs de cru, domaine d’intervention privilégié d’André Liautey, au point qu’en 1954, André Maroselli fonde son propre syndicat de Bouilleurs de cru, présidé par son second à Luxeuil, Pierre Thrivaudey36. Cette prise de position dans un département profondément rural le met d’ailleurs en position délicate vis-à-vis de Pierre Mendès France, et lors de la campagne de décembre 1955, André Maroselli se voit contraint de prendre ses distances avec la politique de lutte contre l’alcoolisme menée par Mendès France.
Les schémas d’un affrontement bipolaire
25Ces quelques remarques permettent donc de mieux comprendre la vie politique du département, et l’échec du gaullisme à s’y implanter véritablement.
L’absence d’une « vague gaulliste » après 1947
26La première remarque que l’on peut faire est celle de l’absence d’une « vague gaulliste » lors des élections municipales de 1947, puisque celle-ci semble limitée à Vesoul, où l’emporte une majorité de coalition à direction RPF. Pour le reste, 46 municipalités sur 583 se réclament du RPF, mais à l’approche des élections de 1953, peu donnent encore de nouvelles à la Rue de Solférino. Les contacts entre radicaux et RPF semblent limités à ce cas municipal. Ailleurs, les radicaux sont protégés par une appellation RGR qui leur permet de gagner quelques voix satellites et de neutraliser l’action d’André Liautey. L’absence de conciliation à ce moment naît de l’intransigeance gaulliste. La rue de Solférino semble particulièrement hostile à André Maroselli, puisque pour les municipales de 1947, elle exige de sa section à Luxeuil que celle-ci refuse les 3 places offertes par Maroselli sur sa liste municipale, et qu’elle présente une liste autonome37. Les militants ne cachent d’ailleurs pas leur amertume face au rapprochement entre radicaux et RPF qu’ils constatent ailleurs, ce qui est fermement condamné par la rue de Solférino : il n’est pas et ne sera jamais question d’un rapprochement d’André Maroselli avec le RPF, ne serait-ce que parce que celui-ci a fait partie des trois premiers radicaux à intégrer le gouvernement Ramadier en 1947 quand le gaullisme basculait dans l’opposition. Cette frontière est-elle infranchissable ? Le rapport de juillet 1948 montre que des conseillers généraux radicaux ne sont pas hostiles par principe au RPF sur le plan idéologique (ils partagent son anticommunisme), mais que leur ancrage s’est fait sur l’étiquette radicale, ce qui leur interdit de prendre l’étiquette RPF38 : déjà, les frontières politiques sont posées, ce qui prive le RPF d’une vraie capacité d’action.
27Ce rapprochement est en outre rendu impossible par la primauté prise par la droite classique sur le RPF au niveau départemental. Le RPF local se trouve ainsi contraint de se calquer sur de structures pré-existantes, d’autant que, comme le note un responsable local à l’occasion des élections cantonales de 1949, « cinq voix gaullistes sur sept sont PRL39 ». Il n’y a donc pas autour du gaullisme Haut-Saônois de dynamique de rassemblement au-delà des partis. Ce gaullisme sert juste un temps de blason commun aux diverses familles de la droite.
La rapide cristallisation du schéma bipolaire
28De fait, le RPF en Haute-Saône favorise au contraire l’émergence d’une vie politique bipolaire opposant une droite réunie sous l’étiquette gaulliste à une gauche non marxiste dominée par les radicaux. Les troupes d’André Liautey, réunies sous la bannière du parti paysan sont finalement la seule variable d’ajustement de la vie politique départementale. Les élections législatives de juin 1951, puis les élections sénatoriales de 1952 constituent l’apogée de cet affrontement. L’étiquette RPF permet paradoxalement à la droite de se présenter rassemblée, apparentée au parti paysan et au MRP, et de bénéficier de la prime majoritaire alors même que ses leaders perdent des voix, tandis qu’André Maroselli en gagne 40 %40. Le Général de Gaulle devient alors la référence que le PRL avait en vain cherchée à s’approprier après son départ du pouvoir en 194641. Pourtant, le contrôle exercé sur la droite locale reste limité : la rue de Solférino joue un rôle d’arbitre entre Montillot et Maurice Georges, mais reste impuissante à peser sur leur ligne politique. Cette victoire est importante car elle induit un basculement du rapport de force départemental : la droite locale conquiert à cette occasion la présidence du conseil général, jusque-là détenue par les radicaux, et son emprise ira ensuite s’accentuant. On peut supposer que, puisque la droite possède les trois sièges départementaux, elle dispose de toute la capacité d’intervention et d’intercession avec le pouvoir central. Cette victoire « à la Pyrrhus » marque cependant la fin du RPF en Haute-Saône, l’accord conclu avec le MRP par les élus les conduisant en effet à soutenir le MRP Marcelin Carraud lors d’une cantonale en octobre 1951, contre la candidate RPF, issue de la résistance, Mme Barbier.
29Inversement, les élections sénatoriales de 1952 constituent l’apogée du radicalisme départemental, puisque la totalité des moyens fédéraux et des réseaux sont déployés pour obtenir un succès massif : c’est la dernière fois que le radicalisme se manifeste comme puissance politique à l’échelon départemental. Mais sa force réside désormais dans son réseau d’élus locaux. Son nombre de voix lors des élections législatives de 1956, qui ramènent André Maroselli à l’Assemblée Nationale, est en retrait par rapport en 1951. Au contraire, ces élections marquent la conquête progressive par la droite d’une forte majorité au conseil général, dont la présidence tourne ente les hiérarques locaux.
1958 ou la redistribution des cartes
30La vague gaulliste de 1958 voit une partie de la droite départementale reprendre son étiquette gaulliste abandonnée en 1952, essentiellement pour des raisons d’opportunité. On constate dès lors une bipartition de la droite locale, permise par le scrutin de circonscription, entre la droite indépendante, représentée par Pierre Vitter, maire de Gray, et la droite gaulliste, représentée par l’industriel Alfred Clerget, conseiller général de Mélisey, qui devient dans les années 1960 l’homme fort du département, s’emparant de la présidence du conseil général. Les deux hommes, nés en 1910 et 1913, incarnent un rajeunissement. La vague gaulliste est importante à l’occasion du référendum sur les institutions : 90 000 voix pour le oui, 13 000 pour le non, ce qui peut expliquer qu’André Maroselli, opposé aux pleins pouvoirs en juin 1958, se soit prononcé en faveur du texte constitutionnel à l’automne.
31On comprend que la configuration locale ait joué dans l’opposition viscérale d’André Maroselli au général de Gaulle en mai 1958, avant un revirement à l’automne. Sa défaite à l’occasion des élections législatives est importante car elle met un terme à l’équilibre des forces dans le département. Son élection au Sénat l’année suivante, loin d’être le décalque de celle de 1952, n’est acquise que pour trois voix de majorité. Au lendemain de cette élection, André Maroselli cite Goethe : « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière42. » De fait, l’élection de son fils Jacques à la députation en 1967 sera pour le radicalisme un authentique « soleil dans la nuit », avant le basculement irréversible du département vers la droite, tandis que la gauche départementale est prise en main par les socialistes. Néanmoins, deux caractéristiques subsisteront de cette période : la survivance de la seconde famille de la droite, symbolisée par Jean-Jacques Beucler et Pierre Vitter, qui montre les difficultés du gaullisme à s’implanter durablement. La bipolarisation, d’autre part. Ce département conservera un représentant de gauche dans plusieurs consultations, membre du Parti socialiste ou du Mouvement des citoyens43, ce qui montre une certaine pérennité de ces traditions antagoniques
32En Haute-Saône, le gaullisme ne vient donc pas véritablement bouleverser la donne politique, car il se calque sur des oppositions anciennes sans véritablement créer de dynamique de rassemblement au-dessus des partis. À gauche comme à droite, les systèmes partisans sont trop bien implantés pour que la vague gaulliste les emporte. En 1947, ce ne sont pas tant des oppositions idéologiques que les oppositions politiques traditionnelles qui empêchent le gaullisme de briser le dualisme entre droite et radicaux. Hors d’état d’imposer ses hommes, le gaullisme départemental en recycle donc d’autres issus de la droite classique. Pour ceux-ci, le gaullisme est une forme de « pavillon de complaisance », revêtu en 1947, le temps des élections de 1951, puis de nouveau en 1958 afin de bénéficier de la vague électorale. Mais l’indépendance de ces élus reste entière et la propension de la direction RPF à peser sur eux quasi-nulle.
33Cette organisation bipolaire de la vie politique permet aussi au radicalisme départemental de conserver une certaine vitalité, André Maroselli s’imposant comme le seul homme d’État du département. Cependant, sa pratique politique, peu idéologisée, mais clientélaire et fondée sur l’alliance avec les socialistes, survit mal à l’éloignement des radicaux du pouvoir, et encore moins à la ligne centriste adoptée par le parti dans la première moitié des années 1960. Le rapport de force départemental, de plus en plus favorable à la droite, bascule avec les élections de 1958, puis définitivement avec celles de 1962 : la Haute-Saône devient alors un laboratoire de l’assimilation entre le gaullisme et la droite classique. Pour toutes ces raisons, le département préfigure le schéma politique bipolaire qui s’impose progressivement après 1965.
Notes de bas de page
1 Béatrice Giblin, Nouvelle géopolitique des régions françaises, Paris, Fayard, 2005.
2 Henri Lerner, « De Gaulle et les radicaux », in Gilles le Béguec, Éric Duhamel, La reconstruction du parti radical, Paris, l’Harmattan, 1993, p. 65.
3 Des liens entre mouvance gaulliste et mouvance radicale sont entretenus à travers le RGR, lequel est à ses débuts massivement investi par les gaullistes. Les mémoires de Pierre de Léotard, édités par Éric Duhamel, fournissent de nombreux éléments d’information à ce sujet. Cf. Pierre de Léotard, Mes souvenirs politiques, dans Recherches contemporaines, 5, 1998-1999, en particulier p. 237.
4 Francis de Tarr, The French radical Party from Herriot to Mendès France, Oxford, 1961.
5 Cette formule nous a été rapportée par le Professeur Bernard Lachaise.
6 Jean-Paul Thomas, Droite et Rassemblement du PSF au RPF : hommes, réseaux, culture, Thèse sous la direction de Serge Berstein, IEP de Paris, 2002.
7 Il aurait dirigé à ses débuts une petite industrie de broderies.
8 Archives de l’Assemblée Nationale, dossier biographique d’André Maroselli.
9 Soit exactement au moment ou le PRL traverse une crise grave suite à la conférence faite par André Mutter devant des nostalgiques de la Révolution nationale, ce qui suscite le départ de Jules Ramarony. Comme le souligne Matthias Bernard, Montillot s’inscrit dans le cadre de ces députés réticents face au RPF, mais se réclamant directement du général de Gaulle. Cf. Matthias Bernard, « Le parti républicain de la liberté ou l’impossible union des droites », Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier, La recomposition des droites en France à la Libération, Rennes, PUR, 2004, p. 191-204.
10 Institut Charles de Gaulle, Fonds RPF, RPF 447.
11 L’Union Démocratique de Haute-Saône, no 1001, juin 1964.
12 Recueils « Barodet » des Professions de foi de candidats aux élections législatives de 1951 et de 1956, Archives de l’Assemblée Nationale.
13 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 521.
14 André Liautey est président du syndicat national des bouilleurs de crû, et mène à ce titre la lutte contre la politique des gouvernements Laniel et Mendès France.
15 AN, F1cIII 1 336.
16 Institut Charles de Gaulle, Fonds RPF 576.
17 Maurice Georges accuse alors André Liautey de publier des journaux au tirage confidentiel afin de toucher les aides à la publication. Cette affaire participe de la dissolution définitive de l’alliance électorale de 1951 et ouvre un long affrontement judiciaire entre les deux hommes.
18 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 521.
19 Les instances nationales du RPF sont ainsi sollicitées pour tenter d’obtenir l’invalidation de l’élection du sénateur radical Fernand Perrot-Migeon, en 1952. Inversement, André Maroselli avait tenté de faire annuler celle d’André Liautey aux élections législatives de l’année précédente.
20 Institut Charles de Gaulle, Fonds RPF, RPF 576.
21 Ibid.
22 Ibid.
23 La fédération atteint son apogée avec 2 301 cartes payées en 1957. Le contexte radical y est pour beaucoup, André Maroselli voulant alors « peser » lors du congrès national contre le chef du parti, Pierre Mendès France. Le nombre réel de militants « actifs » est sans doute plus proche de la moitié, selon les estimations des préfets. AN, FICIII 1 336.
24 AN, F1cIII 1336, rapport du mois de novembre 1955.
25 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 576.
26 Ibid.
27 Ibid.
28 Le carton de correspondance de l’URAS pour le département, comme nous l’avons constaté avec M. Oulmont, ne contient qu’une carte topographique de la Haute-Saône.
29 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 521.
30 Sous la IVe République, André Maroselli est Ministre de l’air dans le premier cabinet Ramadier (Janvier-Octobre 1947), puis Secrétaire d’État aux forces armées dans le second (Octobre-novembre 1947), Ministre des anciens combattants et victimes de guerre dans le cabinet d’André Marie, (26 juillet 1948-3 septembre 1948), Secrétaire d’État aux forces armées dans le second cabinet de Georges Bidault, le second cabinet d’Henri Queuille, le premier cabinet de René Pleven et le troisième cabinet d’Henri Queuille (29 octobre 1949 au 11 août 1951), Secrétaire d’État à la santé publique et à la population dans les cabinets de Guy Mollet et de Maurice Bourgès-Maunoury (1er février 1956 au 6 novembre 1957), enfin Ministre de la santé publique dans le cabinet de Pierre Pflimlin, du 14 au 31 mai 1958. Malgré une assez longue éclipse gouvernementale suite à son échec lors des élections législatives de 1951, André Maroselli s’impose donc comme l’un des principaux hommes du radicalisme de gouvernement de la IVe République.
31 AN, F1CIII 1316, rapport du mois d’octobre 1955.
32 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF 576.
33 Ibid.
34 Ibid.
35 À ce sujet, la thèse en cours d’Olivier Verdier, Action politique et défense des intérêts catégoriels, André Liautey et le monde des groupes de pression, sous la direction de Gilles Le Béguec, université Paris X Nanterre.
36 À l’occasion de la campagne des élections législatives de novembre 1962, André Maroselli lance un syndicat « indépendant et apolitique », présidé par son collaborateur Pierre Thrivaudey, secrétaire administratif à sa mairie de Luxeuil-les-Bains.
37 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 576.
38 Institut Charles de Gaulle, fonds RPF, RPF 521.
39 Ibid.
40 La non-élection d’André Maroselli à l’occasion des élections législatives de 1951 est fréquemment citée comme l’un des cas de figure les plus choquants dus aux apparentements. Allant seul à la bataille, Maroselli, malgré une campagne dynamique et un gain de voix de 40 % par rapport à novembre 1946, doit abandonner son siège à André Liautey, qui a réuni sur son nom deux fois moins de voix que lui.
41 Matthias Bernard, art. cit.
42 L’Union démocratique de Haute-Saône no 944 du 9 mai 1959.
43 C’est en particulier le cas de Jean-Pierre Michel, député du département de 1981 à 2002, élu comme membre du Mouvement des citoyens à partir de 1993.
Auteur
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Frédéric Fogacci
Professeur agrégé, docteur en histoire contemporaine, ATER à l’Université Paris IV, CHPP
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