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Gaullisme et gaullistes

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François Audigier
, 
Frédéric Schwindt

Troisième partie. Personnel politique et élections

Le RPF et les élections législatives dans le Doubs en 1951

Thierry Choffat

Texte intégral

1Lorsqu’il fut question d’organiser un colloque sur « Le gaullisme et les gaullistes dans la France de l’Est sous la IVe République », j’avais été étonné de ne voir aucune mention du département du Doubs. C’est si vrai que les premiers documents ne mentionnaient même pas le député RPF élu dans le Doubs en 1951, à savoir Marcel Prélot. La raison était d’ailleurs motivée par les organisateurs de ces journées d’études : seuls les départements où le RPF avait obtenu plus de 20 % des suffrages apparaissaient.

2Si on retient ce critère, objectif et basé sur des considérations scientifiques parfaitement fiables, en effet, le département du Doubs disparaît et, du même coup, son député gaulliste, le recteur Prélot. Pourtant, on pourrait regretter l’absence de cette zone géographique. On pourrait surtout déplorer de ne pas parler du parlementaire Marcel Prélot, qui marqua en profondeur le milieu gaulliste, régional et national avant et après 1951. Qu’on en juge sur ses fonctions professionnelles puisqu’il fut professeur à la faculté de droit de Lille, de Strasbourg puis de Paris, recteur de l’Académie de Strasbourg en 1944, ou sur ses éminentes responsabilités politiques étant successivement membre du comité de direction du RPF, député du Doubs de 1951 à 1956, sénateur de 1959 à 1971 et président de la commission du suffrage universel et des lois constitutionnelles à l’Assemblée, Prélot est un personnage incontournable du mouvement gaulliste et de la Constitution de 1958.

3Reste la relative mais véridique faiblesse électorale du RPF dans le Doubs en 1951. Surprenant a priori dans un département où la droite est bien installée, où la résistance fut active et où les deux référendums de 1946 ont été rejetés par les électeurs. Mais la raison de ce semi-échec, n’est-il pas justement dans cette bonne implantation de la droite modérée que le RPF parvient difficilement à concurrencer en 1951 ? Afin de mieux comprendre ce phénomène, rappelons le contexte politique du département et présentons la campagne menée par la liste RPF de Marcel Prélot avant d’étudier les résultats de cette élection législative.

Le terroir : un département à droite

4Partons tout d’abord à la découverte du département du Doubs, entité complexe d’un point de vue sociologique et politique, avec des zones urbaines et ouvrières, d’autres rurales et conservatrices.

5Si le département était plutôt républicain voire radical aux débuts de la IIIe République, la droite modérée a largement pris sa revanche tout au long de la première moitié du XXe siècle. Dès 1878, les cinq députés sont à gauche, ou au moins acceptent la République. Les conservateurs sont exclus de la représentation. Ils le seront aussi du Sénat à partir de 1885. Mais, en 1889, le marquis René de Moustier, ancien candidat bonapartiste rallié à la République, est élu député de Baume-les-Dames avec le soutien des républicains. Il va faire de son arrondissement, un fief personnel lui permettant de réorganiser la droite et de partir à la conquête de l’ensemble du département. On verra que les résultats électoraux du RPF en 1951 seront étroitement liés à cette histoire particulière.

6En 1895, René de Moustier fait appel à un républicain opportuniste, Alfred Rambaud, futur ministre de l’Instruction Publique dans le cabinet Méline, pour écarter les radicaux du Sénat. Cette stratégie est payante. Elle le sera encore plus par la suite lorsque de Moustier parvient à unir la droite derrière son nom, à la moderniser, à l’éloigner des sphères trop conservatrices, monarchistes et cléricales pour en faire une droite modérée, républicaine et laïque, capable d’attirer les électeurs et de reconquérir les sièges perdus depuis 1877. En 1913, René de Moustier se fait élire président du conseil général du Doubs. Il en perdra la majorité entre 1922 et 1925 mais la reprendra aisément et la droite ne l’abandonnera plus jusqu’à l’aube du XXIe siècle. En 1919, la liste du bloc national emmenée par le marquis de Moustier obtient quatre élus sur cinq. À partir de 1921, la droite monopolise tous les sièges au Sénat.

7Lors du Front Populaire en 1936, cette droite réunie sous le sigle UNR, Union Nationaliste Républicaine du Doubs, se permet même le luxe de voter à contre-courant, faisant élire cinq députés sur cinq, le docteur Biétrix, proche des ligues à Besançon 1, le modéré Pierre Beaudoin-Bugnet à Besançon 2, le marquis Léonel de Moustier, fils de René, à Baume-les-Dames, l’industriel François Peugeot à Montbéliard et Fernand Claudet à Pontarlier. Le Doubs est l’un des seuls où le PCF et la SFIO perdent de nombreuses voix en 1936. Les communistes du Front Populaire perdent ainsi plus de la moitié de leurs suffrages de 1928.

8Cette évolution politique originale ne sera pas sans conséquence en 1951. En effet, la droite placée sous les auspices de la famille de Moustier, reste organisée, même après 1945. Le chef de file incontestée de cette droite, est un authentique résistant. De Moustier est l’un des 80 parlementaires à ne pas avoir voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il a organisé un réseau de résistance, a été arrêté et déporté en Allemagne d’où il ne reviendra pas.

  • 1 Enfin, une liste radicale socialiste réunit 4,7 % des suffrages.

9Au sortir de la guerre, même si la gauche est plus forte que dans les années 1930, la droite résiste plutôt bien, auréolée du nom de Moustier. Le fils du marquis mort en déportation, Roland de Moustier, reprend le flambeau. C’est lui qui anime la liste de l’Union Nationale Républicaine et Sociale (UNRS qui remplace l’ancienne UNR d’avant-guerre) aux élections législatives du 21 octobre 1945. La droite arrive en tête avec plus de 34 % des voix, et fait élire deux des siens, Roland de Moustier et Auguste Joubert devançant la SFIO (26,8 %) et le PCF (17,7 %) qui ont un élu chacun, Jean Minjoz et Léon Nicod. Le MRP n’obtient que 16,7 % et n’a pas d’élu1. Il n’a pas pu concurrencer cette droite bien implantée dans le département.

10Nouvelle donne en juin 1946 : si la droite l’emporte toujours avec près de 32 % des exprimés, elle est suivie par la SFIO (23,8 %) puis par le MRP (22,8 %) qui, cette fois, dépasse le PCF (16,1 %) et les radicaux (5,4 %). En novembre de la même année, l’UNRS du marquis de Moustier, se présentant désormais sous l’étiquette nationale du Parti Républicain de la Liberté monte à près de 38 % et a de nouveau deux élus, de Moustier et Joubert, devant la SFIO (22,5 %) qui assure la réélection du maire de Besançon Jean Minjoz et le MRP (21,4 %) qui envoie l’ancien président du Comité de Libération Émile Lambert à la Chambre des Députés. Avec 18,2 %, le PCF est battu.

11C’est sur ces bases que se crée le Rassemblement du Peuple Français en avril 1947. Le mouvement gaulliste dispose de certains atouts dans le département. C’est, on l’a vu, une vieille terre de droite. Aux deux référendums de 1946, les électeurs du Doubs ont très largement rejeté les projets de Constitution. Avec plus de 60 % de non en mai et encore près de 57 % en octobre. Seuls les cantons ouvriers de Montbéliard, Audincourt et d’Hérimoncourt votèrent majoritairement oui.

12La Résistance y a été plutôt active et bien organisée. Plusieurs maquis étaient franchement gaullistes. Par ailleurs, on pourrait presque penser que le marquis de Moustier, héritier d’une famille qui fut longtemps bonapartiste, aurait vocation à rallier le général de Gaulle. N’est-il pas d’ailleurs le fils d’un des résistants de 1940, d’un de ces rares parlementaires de droite à avoir refusé de suivre Pétain ?

13Mais, Roland de Moustier, reste à l’écart de l’épopée gaulliste. Il demeure à la tête de cette droite modérée et républicaine que sa famille anime depuis la fin du XIXe siècle. Les Moustier avaient refusé de se lancer dans l’aventure boulangiste en 1889. De la même manière, ils n’écouteront pas les sirènes gaullistes en 1947.

  • 2 Guy Baudoin (1922-1987), expert-comptable à Montbéliard, avait entendu l’Appel du 18 juin et était (...)
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14En revanche, le RPF peut compter sur de nombreux appuis, sur des militants sûrs et éprouvés, sur des personnalités de la Résistance intérieure et de la 1re Armée Française. Les fidèles du général de Gaulle dans le Doubs sont notamment Lucien Tharradin, Guy Baudouin2 et Georges Becker3 à Montbéliard, le conseiller général Albert Besançon à Pontarlier, les assureurs Jacques Weinmann et Raymond Tourrain4 à Besançon… Ce sont aussi le délégué départemental du RPF Pierre (ou Joseph) Brochet, Bertrand Ninosque, Rodolphe Mockly, le pharmacien Frédéric Muller5, et bien d’autres militants.

  • 6 Albert Besançon (1887-1969), huissier de justice à Pontarlier, avait été élu conseiller municipal (...)
  • 7 Candidat officiellement en tant que Républicain indépendant, le gaulliste Albert Besançon n’a pas (...)

15Forts de ces soutiens, le RPF part, dès 1947 à la bataille électorale. L’heure est à l’enthousiasme et aux réussites. Le Rassemblement présente des listes dans les trois principales villes du département, Besançon, Montbéliard et Pontarlier. À Besançon, l’assureur Jacques Weinmann, président du conseil départemental du RPF, échoue mais se fait élire conseiller municipal. Quoi qu’il en soit, la municipalité socialiste tombe au profit du radical Henri Bugnet, déjà maire de 1939 à 1944. à Montbéliard, le RPF Lucien Tharradin (1904-1957) l’emporte facilement dans une ville réputée de gauche, tenue successivement par les républicains, les radicaux, et depuis 1929 par la SFIO. Enseignant, résistant, déporté à Buchenwald, directeur de l’école professionnelle des usines Peugeot, Lucien Tharradin rallie les voix de tous les milieux sociaux et religieux de la région. Lui, le catholique et gaulliste fait de Montbéliard, vieille cité protestante et de gauche, un véritable fief qu’il conservera jusqu’à son décès survenu en 1957. Enfin, à Pontarlier, l’huissier Albert Besançon6, conseiller municipal de 1935 à 1941 et depuis 1944, qui avait déjà décroché le siège de conseiller général le 22 septembre 19457, parvient à conquérir la ville dominée alors par la SFIO. L’union scellée sous le signe de la Résistance s’est désagrégée. Albert Besançon avait tenté de la reconstruire sous le patronage du RPF. Il s’est heurté au refus des communistes et des socialistes. En revanche, le PRL et les radicaux présentent des candidats sur la liste gaulliste. La liste Besançon obtient 15 sièges contre 8 à la SFIO et 4 au PCF. Mais, en mars 1949, le seul conseiller général authentiquement gaulliste du département laissait son siège au profit du futur sénateur indépendant Jacques Henriet. Le mois suivant, il démissionnait également de son mandat de maire devant les très fortes critiques dont il est l’objet concernant les hospices et la maternité de la Ville. Son 1er adjoint, le radical Georges Bourdin lui succède.

16Dans les villes, les adversaires sont plutôt de gauche, radicaux et socialistes. En revanche, dans les cantons ruraux, les sièges de conseillers généraux restent entre les mains des élus de droite, affiliés à l’Union Nationale Républicaine et Sociale du marquis de Moustier. La droite dispose de la majorité au conseil général avec 16 sièges sur 27, sans compter les deux élus MRP.

17Il n’empêche que parfois, les gaullistes et la droite républicaine peuvent faire cause commune. Ce sera par exemple le cas lors des élections au Conseil de la République du 7 novembre 1948. Au premier tour, le PRL présente deux candidats, l’ancien ministre Georges Pernot, et Maillard. Le RPF fait de même avec les maires de Montbéliard et Pontarlier, Lucien Tharradin et Albert Besançon. Ces quatre candidats se partagent les premières places avec dans l’ordre Pernot (412), Tharradin (299), Besançon (295) et Maillard (251) sur 1 031 inscrits. Au second tour, la coalition PRL-RPF fait facilement élire Georges Pernot (612) et le gaulliste Lucien Tharradin (595).

18Le RPF chasse aussi sur les terres catholiques et conservatrices du Mouvement Républicain Populaire, moins puissant que dans le reste du pays, mais qui est néanmoins bien installée dans quelques bastions du Haut-Doubs, notamment dans les cantons de Maîche, Pierrefontaine, Vercel, Le Russey, Levier et Mouthe.

19En définitive, le MRP se montre plutôt gaulliste en 1946, sans doute plus d’ailleurs que la droite modérée réunie sous la bannière de l’UNRS. D’ailleurs, Marcel Prélot, que l’on retrouvera comme tête de liste RPF en 1951, est un ancien responsable démocrate-chrétien.

Les hommes et la campagne législative de 1951

20Une élection législative se fait certes sur un terroir particulier, mais aussi avec un appareil partisan, des hommes et un programme, ou, pour le moins, des thèmes abordés lors d’une campagne. Le contexte politique, nous l’avons vu, avec cette prédominance très nette de la droite modérée, bien encadrée par le marquis de Moustier. Les hommes, nous allons les rencontrer avec la liste du RPF.

21À l’origine, la tête de liste gaulliste devait être Pierre Brochet, un responsable RPF a priori préféré par les militants locaux. Puis, très rapidement, Marcel Prélot va s’imposer à tous. Il a en effet, plusieurs atouts à son actif. Tout d’abord, siégeant lui-même au comité directeur, il dispose du soutien des instances nationales du Rassemblement du Peuple Français.

22C’est surtout un excellent conférencier, connaissant parfaitement ses sujets, éblouissant l’auditoire par ses qualités oratoires. Il fera ainsi l’un de ses premiers discours devant 200 personnes à Montbéliard, montrant ses exceptionnelles qualités. Dès lors, il devient le candidat du RPF dans le Doubs.

  • 8 Marcel Prélot décédera le 25 décembre 1972 à Puget-Lille dans le Var mais est inhumé dans le cimet (...)

23Fils de notaire, Marcel Prélot est né le 30 octobre 1898 à Janville en Eure-et-Loir8. Combattant à partir de 1917, il poursuit ses études après la Première Guerre Mondiale, devenant agrégé et docteur en droit. Militant à l’Action Catholique de la Jeunesse Française (ACJF) et secrétaire du groupe parlementaire du Parti Démocrate Populaire (PDP), il participe, à la vie intellectuelle et politique du courant démocrate-chrétien dans les années 1930. Il est de ceux qui élaborent et rédigent la pensée démocrate chrétienne. Avec Raymond Laurent, il est même l’âme de l’écriture du programme du Parti Démocrate Populaire. Certaines de ses propositions politiques, telles la loi sur les allocations familiales adoptée en 1932, sont reprises et votées par la Chambre des Députés sous la IIIe République. Il est également cofondateur de la Revue Politique et professeur à la Faculté de Droit de Lille puis à celle de Strasbourg.

24Après la Seconde Guerre Mondiale, Marcel Prélot est professeur de droit, constitutionnaliste, recteur de l’Académie de Strasbourg et directeur de l’instruction publique en Alsace. À ce titre, il rétablit l’enseignement en 1944-1945 dans cette région.

25En 1947, le recteur revient sur la terre de ses ancêtres, se faisant élire conseiller municipal de Dambelin, un petit village près de Pont-de-Roide dans le Doubs. Son grand-père, notaire, avait en effet été maire de Pont-de-Roide sous le Second Empire et sa famille était originaire des environs de Saint-Hippolyte et de Dambelin.

26Membre du conseil de direction du RPF en 1949, il est professeur à la Faculté de Droit de Paris quand il est désigné pour mener la liste gaulliste dans le Doubs. Ce n’est pas vraiment un parachutage, on l’a vu, mais il est clair qu’il est moins bien implanté dans le département que bien d’autres militants et responsables. Le recteur éprouve aussi quelques difficultés à échanger avec la population. Heureusement, les trois autres candidats RPF ont, quant à eux, une certaine implantation locale.

27Si le premier impératif de la liste est d’avoir des représentants dans toutes les zones du Doubs, il faut aussi récompenser les fidèles militants et tenter d’élargir l’assise électorale du mouvement. Pour accompagner Marcel Prélot, le RPF a choisi le conseiller municipal de Besançon Jacques Weinmann, le maire d’Arçon Rodolphe Mockly, et enfin l’ouvrier Bertrand Ninosque. Jacques Weinmann (1906-1977) a alors 41 ans. Ancien résistant, passé capitaine d’aviation en 1946, il exerce la profession d’assureur. Président du conseil départemental du RPF, il s’est fait élire conseiller municipal de Besançon en 1947. Il le restera jusqu’en 1959, se faisant également élire par la suite conseiller général du canton de Besançon Nord de 1951 à 1964 et de 1970 à 1976 et enfin député de Besançon de 1958 à 1977. C’est assurément le meilleur représentant du RPF dans la région bisontine. Il sera l’éternel candidat puis élu gaulliste à Besançon pendant trente ans. Marie-Paul Mockly, est plus connu sous son prénom de « Rodolphe ». Il est fromager à Arçon dans le Haut-Doubs. Il en est le maire depuis 1945 et le restera jusqu’en 1973. Il décédera en octobre 1989. Bertrand Ninosque est contrôleur aux usines Peugeot à Sochaux. Il est également qualifié de juge suppléant de Baume-les-Dames. En raison de son origine sociale et géographique, il est censé représenter le Pays de Montbéliard ouvrier et la zone de Baume-les-Dames où le RPF, en raison de la bonne implantation du marquis de Moustier, a, en fait, peu de relais.

28Marcel Prélot est la tête de liste. Il anime la campagne, tient les meetings, parle aux réunions. En cas de victoire, espérée et attendue, il sera élu député du Doubs. Il est à la fois le chef de file et le théoricien du RPF dans le département. Mais il n’est pas très connu ni des électeurs ni des notables. Les suivants de la liste connaissent mieux les élus locaux, les notables, les habitants. Ils ont pour mission de rallier les électeurs de Besançon pour Weinmann, les ouvriers de Montbéliard pour Ninosque et les agriculteurs du Haut-Doubs pour Mockly. Ils accompagnent aussi Prélot dans sa campagne et lui présentent les maires et conseillers municipaux qu’ils connaissent mieux que lui.

29Sur le terrain, la liste RPF peut compter sur les soutiens de rares élus, des municipalités de Montbéliard et dans une moindre mesure de Pontarlier, de quelques relais, de plusieurs notables de la région. Le sénateur gaulliste Lucien Tharradin est l’un des principaux soutiens de la liste Prélot. Le mouvement compte sur cet élu populaire pour engranger des suffrages dans le Pays de Montbéliard, ouvrier, dominé par l’industrie automobile Peugeot (Sochaux, Beaulieu Mandeure, Hérimoncourt…). Le Rassemblement dispose d’ailleurs de sections de l’Action Ouvrière relativement fortes dans les usines Peugeot.

30Si le RPF a des militants locaux, il n’a pas ou peu de moyens financiers ou matériels. Surtout, il n’a que très peu d’élus. C’est un sérieux handicap face à la liste de Moustier qui, elle, dispose de très nombreux maires et conseillers généraux et municipaux, dans tous les cantons. Durant toute la campagne, Marcel Prélot loue une chambre dans un hôtel bisontin afin de recevoir ses soutiens ou les médias… Il estime qu’évidemment, cela vaut mieux que la ferme familiale de Dambelin mais l’opération coûte chère. Par ailleurs, le candidat ne sait pas conduire. Il loue une voiture dans un garage et c’est avec des proches et des militants qu’il sillonne le département.

  • 9 La liste communiste menée par Louis Garnier, futur maire d’Audincourt, et l’ancien député Léon Nic (...)

31Le RPF fait essentiellement une campagne sur les institutions publiques. Le thème est porteur et le recteur Prélot est un spécialiste de ces questions. D’ailleurs, en 1953, il deviendra président de la commission du suffrage universel et des lois constitutionnelles de l’Assemblée Nationale. Professeur de droit et auteur de manuels et d’articles sur les projets constitutionnels, il se montre à son avantage sur ces questions. Son talent oratoire fait le reste. Il fait siens les principes énoncés par le général Gaulle dans le discours de Bayeux en 1946, réclame une profonde réforme de l’État, condamne la Constitution de la IVe République, et demande l’établissement d’un pouvoir exécutif fort et l’usage du référendum. Les gaullistes parlent également du réarmement de l’Allemagne et s’appuient sur la forte personnalité du général de Gaulle. Dans cette région marquée par l’Occupation, qui a connu bien des réseaux de résistance, là aussi, le sujet peut faire mouche. Enfin, l’anticommunisme du RPF rencontre un certain écho dans le Haut-Doubs conservateur et même dans le Pays de Montbéliard où le PCF est plutôt bien implanté, notamment à Audincourt9, Seloncourt, Mandeure et Hérimoncourt.

Les résultats électoraux : le RPF derrière la droite

32Les quatre députés sortants, le marquis Roland de Moustier (PRL), Auguste Joubert (PRL), Jean Minjoz (SFIO) et Émile Lambert (MRP) élus en novembre 1946, sont tous de nouveau candidats.

33Huit listes sont en présence, celles du PCF menée par Louis Garnier, de la SFIO avec le député et ancien ministre Jean Minjoz, et le conseiller général d’Audincourt Georges Reverbori, des radicaux-socialistes avec l’assureur Henri Vannière, des démocrates-chrétiens MRP menés par le député Émile Lambert, du PRL avec Roland de Moustier, député et président du conseil général, et l’autre député Auguste Joubert, conseiller municipal de Besançon, du RPF avec Marcel Prélot, du Rassemblement pour l’Indépendance Française de l’ingénieur abondanciste Jean Marchand et enfin la liste du Rassemblement des Groupes Républicains et Indépendants Français de l’avocat Jean-Marie Michaud. En réalité, cette dernière liste ne fera pas campagne et n’obtiendra quasiment pas de voix.

34Si le scrutin proportionnel a été conservé, le système des apparentements est venu perturber le système. Cette loi doit favoriser les alliances et donc affaiblir en les isolant, les extrêmes, PCF et RPF. Dans le Doubs, les listes du Parti Républicain de la Liberté et du Mouvement Républicain Populaire (MRP) se sont apparentées, de la même manière que celles du Parti Radical-socialiste et de l’hypothétique liste du Rassemblement des Gauches Républicaines (RGRIF). La campagne est plutôt mouvementée. La Troisième Force, SFIO, MRP, modérés et radicaux, subit les attaques des communistes et des gaullistes. Les questions institutionnelles, économiques et sociales attirent les électeurs dans des réunions publiques.

35Aucun des deux apparentements ne parvient à dépasser la barre fatidique des 50 %. La droite PRL/MRP obtient tout de même plus de 50 000 voix (54 701 exactement) soit 40,70 %. L’alliance radicaux/RGRIF obtient moins de 5 %. La répartition des sièges se fait donc à la proportionnelle et donne deux députés pour la liste PRL, Roland de Moustier et Auguste Joubert, un pour la SFIO, Jean Minjoz, et le dernier pour le RPF, le recteur Prélot. Le MRP perd donc un siège au profit des gaullistes.

  • 10 La moyenne de la liste RPF est de 25 364 voix. Dans l’ordre, Marcel Prélot en recueille 26 565 (19 (...)

36Au soir de l’élection, la scène politique a largement évolué même si la droite arrive toujours en tête devant les socialistes. Sur 173 503 inscrits, 136 919 votants (78,91 %) et 134 386 exprimés, le Rassemblement du Peuple Français recueille un peu plus de vingt-cinq mille suffrages (25 364) soit 18,87 % des suffrages exprimés10. Même si le résultat n’est pas minime, il est patent que le score est singulièrement en dessous des prévisions et même en dessous du pourcentage national du RPF. Marcel Prélot n’a donc pas réussi l’exploit que l’on pouvait lui prêter. Il nous reste à en considérer les raisons.

37Voyons d’abord les scores des autres listes. Nous l’avons dit, le Parti Républicain de la Liberté du marquis de Moustier l’emporte de nouveau avec 27,9 % des suffrages. Il perd néanmoins dix points et près de quatorze mille voix par rapport aux élections précédentes. La chute est considérable. La SFIO baisse également, mais très légèrement, passant de 22,5 à 20 %. La surprise est donc constituée par la troisième place obtenue par le RPF. Les gaullistes semblent prendre une bonne moitié de ses voix à la droite traditionnelle. Il s’agit ici d’électeurs fidèles au général de Gaulle, inspirés par la critique contre la IVe République, motivés par l’anticommunisme, désireux sans doute de durcir leurs positions vis-à-vis du système politique.

38Une autre partie de l’électorat gaulliste vient assurément du MRP dont la liste perd près de 9 % et douze mille voix en cinq ans. Le transfert de suffrages du MRP au RPF conduit très directement à la non réélection du député démocrate chrétien Émile Lambert, facilement devancé par le recteur Prélot. Nous avons ici une autre explication du scrutin. Marcel Prélot a derrière lui un long parcours au sein de la famille démocrate chrétienne. N’a-t-il pas été militant à l’Action Catholique de la Jeunesse Française (ACJF) et secrétaire du groupe parlementaire du Parti Démocrate Populaire (PDP) durant l’entre-deux-guerres ? N’a-t-il pas inspiré la doctrine sociale de l’Église ? Les électeurs du Doubs, catholiques pour la plupart, se sont souvent méfiés des de Moustier qui, depuis les débuts de la Troisième République, ont modernisé la droite, l’ont laïcisé et ont toujours eu des relations difficiles avec le clergé et avec les milieux ultra catholiques du Haut-Doubs. Par ailleurs, le Mouvement Républicain Populaire s’est clairement positionné, comme le parti de la fidélité gaulliste. Cela était valable jusqu’en 1947. Cela ne l’est plus vraiment depuis la création du Rassemblement du Peuple Français.

  • 11 L’avenir donnera tort à cette analyse de 1951 puisqu’aux élections suivantes, en 1956, le PCF, quo (...)

39Enfin, troisième enseignement de cette élection après la chute de la droite modérée et du MRP, l’effondrement du Parti Communiste. Le PCF perd cinq points par rapport aux élections de 1946. Il perd tout espoir de faire réélire un député11. Puisque de toute évidence les électeurs communistes ne se sont pas reportés sur la liste SFIO, on peut en déduire qu’une partie de l’électorat du PC s’est prononcée en faveur du RPF. Cela peut notamment se constater dans le Pays de Montbéliard, ouvrier, où le PC fait régulièrement de bons scores mais où les gaullistes font mieux que se défendre. On pourrait donc prétendre, qu’à la marge, certains sympathisants communistes ont rallié la liste menée par le recteur Prélot. Il est vrai que le Rassemblement du Peuple Français avait un véritable programme social, susceptible d’intéresser les ouvriers et employés de la région. On se rappellera également que le Rassemblement avait des sections dans les milieux populaires et que le sénateur maire gaulliste de Montbéliard, Lucien Tharradin, était une figure capable de capter un électorat jusque là plutôt tenté par un vote gauche, socialiste voire communiste.

40Il nous reste maintenant à analyser la répartition géographique des voix gaullistes dans le département. Si la liste RPF obtient en moyenne 18,87 %, il existe naturellement des différences très nettes en fonction des zones, des arrondissements et des cantons. L’arrondissement le plus généreux pour la liste conduite par Prélot est celui de Besançon 1 qui offre 21,5 % aux gaullistes. Puis viennent ceux de Montbéliard (19,7 %), de Besançon 2 (17,9 %), de Pontarlier (17,8 %) et enfin de Baume-les-Dames (16,1 %). On notera, et ce n’est pas un hasard, que ces deux dernières circonscriptions sont également celles qui sont traditionnellement les plus à droite.

41Ce sont par exemple, celles qui accordent les plus forts pourcentages à la liste du marquis de Moustier avec respectivement 43 et 33 %. Nous sommes donc forcés de constater que le RPF a beaucoup de difficultés à se développer sur les vieilles terres de droite, là justement où la famille de Moustier a réussi, depuis des décennies, à s’implanter, à monter ses réseaux. Nous voici réellement devant la raison essentielle qui explique que dans le Doubs, le RPF n’ait pas réussi à dépasser les 20 % des voix comme dans les départements voisins. En effet, les listes gaullistes atteignent 29 % dans le Territoire de Belfort avec Raymond Schmittlein, et 27 % en Haute-Saône.

42Mais dans ces zones, la droite n’a pas la même envergure. On note même qu’en Haute-Saône, derrière le gaulliste Maurice Georges, conseiller général de Lure, le numéro 2 de la liste RPF est Robert Montillot, déjà député modéré en 1932. Contrairement à celle du Doubs, la droite saônoise s’est donc laissée séduire par de Gaulle. Un apparentement entre les listes RPF, RGR et MRP s’est même réalisé, permettant à l’alliance hétéroclite de dépasser la majorité absolue et de se partager les sièges. Le plus grand obstacle au RPF dans le Doubs est bel et bien constitué par la droite classique et surtout par le marquis de Moustier qui, en organisant et en encadrant le camp modéré, l’a fait gagner avant et après la guerre, et l’a préservé d’une trop grande réaction gaulliste.

43Ce constat est encore plus flagrant lorsque l’on analyse plus finement les résultats. Les cantons les plus réfractaires au gaullisme sont en effet les cantons les plus traditionnellement attachés à la droite, ceux où la liste du PRL l’emporte aisément. Cela est surtout remarquable dans les contrées où l’influence personnelle des Moustier est forte, très forte. Il en est particulièrement ainsi dans le canton de Rougemont où le poste de conseiller général est tenu par un Moustier depuis 1877. Le marquis Roland de Moustier occupe le siège depuis 1935. Sa liste y recueille, sans surprise plus de 43 % alors que celle du RPF n’en obtient que 12 %.

44Autre exemple, le canton de Pierrefontaine-les-Varans, probablement le plus à droite du département. Le conseiller général est présentement un notaire MRP, Jean Simon, mais l’ancien titulaire était Beaudoin de Moustier. Là, la droite approche les 58 %, le MRP les 20 % et le RPF les 14 % seulement. À Vercel, le PRL dépasse les 48 %, le MRP engrange 19 % tandis que le RPF se limite à 12,5 %. Les gaullistes s’en sortent un peu mieux dans le canton de Clerval (18,4 %), où pourtant le conseiller général est Guy de Moustier qui a succédé à son père le député Léonel de Moustier qui a tenu le siège depuis 1910, et où la droite dépasse les 43 %. Bref, en règle générale, plus la droite est forte localement, plus le RPF a du mal à émerger.

  • 12 La famille de Moustier, implantée depuis de nombreuses générations au château de Bournel (commune (...)

45En définitive, la liste gaulliste parvient à s’imposer dans les zones de droite, souvent là où le MRP est fort, où la pratique religieuse est constante, où les listes socialistes et communistes ont peu de voix, mais surtout là où les électeurs de droite échappent pour différentes raisons, à l’influence personnelle ou partisane de la famille de Moustier. Ainsi, plus on s’éloigne du centre névralgique de la droite modérée12 plus le RPF peut engranger de suffrages. Les gaullistes chassent alors sur les terres démocrates-chrétiennes, obtenant par exemple 28,6 % à Maîche et Montbenoît et 24,2 % au Russey. Ces trois cantons sont fortement à droite mais à la périphérie des zones « moustiéristes ». Le canton de Maîche est le cas le plus flagrant. Les conseillers généraux ont souvent été des libéraux, catholiques, conservateurs, rarement rattachés à l’UNR des Moustier. Depuis 1945, l’élu est le vétérinaire Paul Bobillier, inscrit au MRP. Les électeurs ont pu s’émanciper de la tutelle des organisations de droite. Ils ont ainsi plus de facilité pour rejoindre le camp gaulliste.

46Le deuxième constat concerne les terres de gauche. Le RPF y fait parfois bonne figure. Les gaullistes ne sont pas absents du Pays de Montbéliard, ce qui le démarque des autres forces de droite. Ainsi, la liste Prélot devance la liste de Moustier dans les cantons urbains de Montbéliard (20 % contre 12,6 %), d’Hérimoncourt (17 % contre 14,5 %) et d’Audincourt (17 % contre 11,3 %). Enfin, le RPF se maintient plutôt bien à Besançon (près de 22 % dans le canton de Besançon Nord où le gaulliste Jacques Weinmann se fera élire conseiller général le 14 septembre 1951, et réélire le 27 avril 1958 avant de devenir député UNR) et dans les zones proches de la capitale régionale : Ornans (22,2 %), Audeux (20,9 %), Amancey (20,4 %) et Roulans (20,1 %) notamment.

47En conclusion de cette rapide analyse géographique et sociologique, on rappellera que selon nous, si le RPF n’obtient pas dans le Doubs autant de succès qu’ailleurs, c’est essentiellement en raison d’une très bonne tenue de la droite, structurée, organisée par la famille de Moustier depuis plusieurs décennies. Il faudra attendre le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 pour que les gaullistes triomphent et supplantent la droite modérée, en écartant les Moustier qui, après 1958, abandonneront tous leurs mandats.

Notes

1 Enfin, une liste radicale socialiste réunit 4,7 % des suffrages.

2 Guy Baudoin (1922-1987), expert-comptable à Montbéliard, avait entendu l’Appel du 18 juin et était entré dans la Résistance puis dans la 1re Armée Française. Il avait fait la campagne de Rhin et Danube avant, en 1947, de prendre la responsabilité régionale du RPF et de siéger au comité directeur du mouvement gaulliste.

3 Georges Becker (1905-1994), docteur en sciences, professeur de collège en latin, grec et français depuis 1932, résistant, dirigeait le journal gaulliste local La Voix Nouvelle. Il se fit élire député UNR de Montbéliard de 1958 à 1967.

4 Raymond Tourrain, né en 1924 à Larnod (Doubs). Après avoir milité dans la Résistance au sein du groupe Guy Mocquet, il fut fonctionnaire en Afrique occidentale française puis cadre dans une entreprise africaine et enfin agent d’assurances à Dakar puis à Besançon. Après avoir animé les jeunes gaullistes en Afrique Occidentale Française, puis la section « information » du RPF dans cette zone géographique, il se fit par la suite élire conseiller général de Besançon en 1973, député du Doubs en 1978 et député européen.

5 Frédéric Muller (1910-1990) était né à Obernai en Alsace et avait fait ses études au lycée de Metz puis à la Faculté de Pharmacie de Nancy. Diplômé en 1934, il devint pharmacien d’officine à Hérimoncourt puis à Montbéliard. Il entra en Résistance et échappa par miracle à la rafle du 26 octobre 1943. Réfugié dans un sanatorium à Lay Saint-Christophe (54). Il rejoignit ensuite l’armée française et fut l’un des premiers à entrer dans Montbéliard libérée le 17 novembre 1944. En 1947, il se fit élire conseiller municipal RPF de Montbéliard sur la liste de Lucien Tharradin. Il y restera jusqu’en 1965. En 1948, il était nommé pharmacien à l’hôpital de Montbéliard et créera puis présidera le Syndicat national des pharmaciens des hôpitaux. Il figurera sur la liste des Républicains Sociaux (ex RPF) aux législatives de 1956 et sera nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1971.

6 Albert Besançon (1887-1969), huissier de justice à Pontarlier, avait été élu conseiller municipal en mai 1935 sur la liste d’entente municipale qui regroupait l’Union Nationale Républicaine du Doubs, le Parti Républicain radical et radical-socialiste et certains indépendants. Il sera nommé conseiller municipal par arrêté préfectoral le 9 novembre 1944 et élu 3e adjoint du maire SFIO Raymond Vauthier. Élu conseiller municipal et 4e adjoint de mai 1945 sur une liste commune SFIO, MRP, PCF, radicaux et indépendants, il est maire de Pontarlier de 1947 à 1949. Candidat sur la liste d’union indépendante, son mandat de conseiller municipal est renouvelé aux élections d’avril 1953. Il ne se représente pas en 1959. En 1948, il est candidat RPF – aux côtés de Lucien Tharradin – au Conseil de la République. Merci à Annie Brischoux, des Archives municipales de Pontarlier pour les précisions concernant le mandat de maire d’Albert Besançon.

7 Candidat officiellement en tant que Républicain indépendant, le gaulliste Albert Besançon n’a pas de candidat sur sa droite. Avec 3 780 voix (50,15 %), il l’emporte sur le socialiste Pagnier (2 846 – 37,76 %) et le radical-socialiste Charlin (911 – 12,09 %).

8 Marcel Prélot décédera le 25 décembre 1972 à Puget-Lille dans le Var mais est inhumé dans le cimetière de Dambelin. Après la démission d’Édouard Herriot en 1954, le groupe gaulliste de l’Union Républicaine d’Action Sociale (URAS) le présentera comme candidat à la présidence de la Chambre des Députés. Battu aux élections législatives de 1956 (6,74 %) dans le Doubs, il prend sa revanche en 1959 en se faisant élire sénateur UNR dans le même département. Il le restera jusqu’en 1971. Prélot sera consulté par le gouvernement en 1958 afin de mettre en place la Constitution de la Ve République. Après avoir inspiré la Constitution de 1958, il aidera à mieux la faire connaître et montrera comment elle évolue. Vice-président de la commission du suffrage universel du Sénat en 1962, Marcel Prélot est exclu du groupe sénatorial UDR le 24 avril 1969 pour s’être prononcé contre la régionalisation et contre la réforme du Sénat. Catholique libéral, Prélot défendra au Sénat le statut des écoles libres. Le fils de Marcel Prélot, Bernard, a publié à compte d’auteur en 2006 une biographie de son père, ouvrage préfacé par le président du Sénat, Christian Poncelet : Marcel Prélot, la vie et l’œuvre d’un grand parlementaire comtois, Imprimerie Simon à Ornans, 259 p.

9 La liste communiste menée par Louis Garnier, futur maire d’Audincourt, et l’ancien député Léon Nicod, conseiller général et municipal de Besançon, recueillera encore plus de 30 % dans le canton d’Audincourt en 1951 et près de 32 % en 1956.

10 La moyenne de la liste RPF est de 25 364 voix. Dans l’ordre, Marcel Prélot en recueille 26 565 (19,77 %), Jacques Weinmann 25 965 (19,32 %), Rodolphe Mockly 24 615 (18,32 %), et Bertrand Ninosque 24 310 (18,09 %).

11 L’avenir donnera tort à cette analyse de 1951 puisqu’aux élections suivantes, en 1956, le PCF, quoique ne progressant que modestement de 14,07 % contre 13,37 % fera élire sa tête de liste, Louis Garnier, conseiller municipal d’Audincourt et secrétaire de la Fédération Communiste du Doubs.

12 La famille de Moustier, implantée depuis de nombreuses générations au château de Bournel (commune de Cubry) rayonne dans les cantons de Rougemont (elle occupera le siège de conseiller général de 1877 à 1958), de Clerval (Léonel de Moustier est conseiller général de 1910 à 1945 avant que son fils Guy reprenne sa succession de 1945 à 1958), de Pierrefontaine-les-Varans (avec Beaudoin de Moustier), de Baume-les-Dames, de Vercel, de Marchaux, de Roulans…

Table des illustrations

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Titre RPF
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Titre PRL
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Auteur

Maître de Conférences en science politique à l’Université de Nancy 2

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