Chapitre XX. 1814, « la patrie en danger »
p. 331-350
Texte intégral
Les levées de 1814
1Jusqu’à l’écroulement final du régime impérial, les levées se poursuivent. À la levée « normale » des conscrits de 1815 s’ajoutent les levées spéciales, l’une qui s’intitule levée de la Garde nationale, et l’autre levée en masse. Conjointement à ces levées, se poursuit un effort matériel et, très vite, c’est tout le département qui est sur pied de guerre. En effet, la Seine-et-Marne est envahie et connaît désormais les combats sur son territoire. Les batailles les plus célèbres de la campagne de 1814 se déroulent à proximité du département ou même dans celui-ci, comme celle de Montereau.
2Le 15 janvier 1814, un décret impérial1 met en activité les conscrits de 1815 qui avaient été placés à la disposition du gouvernement par le sénatus-consulte du 9 octobre 1813. La Seine-et-Marne doit mille cinq cent trente-huit hommes dont l’examen est prévu à partir du 25 janvier et qui partiraient le 5 février2.
3Comme leurs devanciers, les conscrits de 1815 s’exécutent avec bonne volonté. Le 18 janvier 1814, le préfet presse l’organisation de la levée par une circulaire aux maires.
« La levée des conscrits de 1815 […] doit s’effectuer avec une célérité telle que les premiers départs puissent avoir lieu le 26 janvier et être totalement effectués le 5 février […] Vous sentirez que le retard d’une heure, que l’un de vous mettrait pour se rendre à la réunion, entraverait toutes les opérations. Je ne dois pas vous laisser ignorer qu’on compte, non les jours, mais les heures, et que j’ai chargé Messieurs les sous-préfets de me faire connaître toutes les causes qui ralentiraient leurs opérations3. »
4Cette circulaire est assortie d’un arrêté préfectoral du même jour qui répète que les circonstances ne permettent pas que la levée se fasse dans les formes prescrites par les délais antérieurs. Un premier départ a lieu le 25 janvier4 et, le 5 février, le préfet peut écrire : « Le treizième détachement a été mis en route, mille neuf cent trente-huit hommes ont été fournis, contingent qui excède ce qui était demandé, mais qui viendra en déduction de ce qui reste dû sur la levée des trois cent mille hommes5. » Cinq jours plus tard, on aboutit à un total de deux mille hommes6, sur lesquels cinquante-huit auraient été admis à se faire remplacer7, ce qui représente le pourcentage fort bas de 2,9 %. Cent soixante-dix-sept hommes auraient été réformés8.
5Les levées spéciales vont rencontrer davantage de difficultés. Un décret impérial du 5 avril 1813 avait demandé l’organisation des légions départementales constituées de compagnies de grenadiers et de chasseurs de la Garde nationale9. On sait que ces mots préludaient à un service actif, fût-il provisoire. À la fin du mois de décembre 1813, cette force supplétive est mobilisée. Dans la mesure où le décret date du 30 décembre 1813, la mobilisation n’intervient que dans les premiers jours de 1814 et c’est à ce titre qu’elle sera étudiée ici. Le décret du 30 décembre met en activité dans dix-sept départements voisins de Paris la moitié des légions départementales qui en principe avaient été organisées depuis avril 181310. La Seine-et-Marne est donc tenue, à partir d’une force évaluée à trois mille hommes, de prélever un contingent de mille cinq cents hommes qui serait rendu le 25 janvier à sa destination, c’est-à-dire à Nogent et à Meaux. Le lendemain, les administrateurs des départements concernés reçoivent à ce sujet une longue instruction du ministre de l’Intérieur11. Les hommes demandés formeront des cohortes de six cents hommes, chaque cohorte étant divisée en quatre compagnies de cent cinquante hommes mais, déjà, il est exigé davantage de la Seine-et-Marne. On attend du Département qu’il constitue deux cohortes qui, elles, comprendront cinq compagnies. Selon l’instruction, les hommes enrôlés seront choisis parmi ceux qui sont âgés de vingt à quarante ans. Dès réception de l’ordre des sous-préfets, les maires formeront des contrôles généraux. Le choix des hommes revient à un conseil d’organisation dont un membre du conseil général doit faire partie. Ce conseil d’organisation a pour tâche de désigner les hommes les plus aisés et les moins nécessaires à leur famille. Les remplacements sont admis, puisque, comme le reconnaît la circulaire, le choix porte sur les citoyens les plus fortunés. Mais le conseil d’organisation est sommé de se montrer regardant quant à la qualité des remplaçants car le service demandé ici est « une dette personnelle ». Après la formation des compagnies, s’effectuera le choix des officiers.
6À peine le préfet a-t-il commencé les opérations qu’un effort supplémentaire est demandé. Un décret du 6 janvier 1814 aggrave ou augmente les exigences12. Les gardes nationales, dont le décret précise qu’elles seront licenciées dès que l’ennemi sera chassé du territoire, sont désormais organisées en bataillons, chaque bataillon comprenant huit cent quarante hommes. La Seine-et-Marne est tenue de lever deux bataillons, par conséquent mille six cent quatre-vingt hommes. Le ministre de l’Intérieur justifie cet effort par une longue circulaire aux préfets datée du même jour.
« Je vous envoie le décret du 6 janvier par lequel Sa Majesté met en activité temporaire des corps de la Garde nationale et les appelle aux armées qui vont se former pour la défense des villes de Paris et de Lyon et pour celle des places-fortes. Cette mesure était réclamée par les vœux de tous les bons Français […] l’Empereur, en appelant les habitants d’un grand nombre de départements, a voulu réunir plus de forces pour la défense commune. Les départements compris au décret du 6 janvier sont tous intéressés à la formation des armées établies par ce décret : les uns ont vu eux-mêmes entamer leur territoire, d’autres sont prochainement menacés d’une invasion. […] Dès que l’ennemi sera rejeté au-delà du Rhin, les gardes nationales n’auront plus à combattre. Le service demandé à la garde nationale de votre département n’entraîne donc qu’une absence momentanée […] il faut aller le plus vite possible et que le contingent soit complètement formé le 25 de ce mois. Les premiers détachements doivent partir des chefs-lieux de sous-préfectures cinq jours après que vous aurez reçu cette dépêche. […] Vous aurez soin de ne point comprendre dans le contingent et dans la légion des hommes atteints par la levée des trois cent mille hommes […] l’organisation des contingents en bataillons se fera au chef-lieu du département. Vous consulterez le conseil d’organisation sur les choix des capitaines. Vous choisirez aussi, de la même manière, un chef de bataillon provisoire. Les gardes nationales du contingent recevront solde et vivres à partir du jour de leur arrivée au chef-lieu de la sous-préfecture. Le ministère de la Guerre fournira les armes après l’organisation de la brigade. Suivant le décret du 5 avril, les départements étaient tenus de pourvoir à l’habillement et à l’équipement du contingent de l’activité à raison de 137 francs 22 centimes. Mais, par décret du 6 janvier, ils n’auront à fournir que le petit équipement, ce qui montera à 76 francs 82 centimes13. »
7Les deux critères du bon déroulement d’une levée en Seine-et-Marne ont été jusqu’ici la facilité d’exécution et le nombre d’hommes fourni. Le premier critère semble rempli pour cette levée. Dès le 2 janvier, Plancy prend un arrêté14 et il est relayé efficacement par les sous-préfets. Celui de Fontainebleau écrit au maire de la ville de Nemours :
« Votre travail (selon l’arrêté du 2 janvier du préfet de Seine-et-Marne) exige soin et exactitude. Le 15 de ce mois, vous devez vous rendre à la sous-préfecture pour procéder, avec le préfet et moi, à la désignation des gardes nationaux. Il faut convoquer, dès demain si possible, vos collègues auprès de vous pour rédiger de concert les listes que vous aurez à fournir. C’est dans ce moment difficile […] que l’administrateur doit se montrer supérieur aux passions et agir avec cette justice et cette impartialité qui caractérisent l’homme de bien15. »
8Dans le rapport qu’il fournit rétrospectivement au conseil général, le préfet montre les difficultés de l’entreprise et comment elle fut menée à bien, avec un succès mitigé au point de vue quantitatif, puisque les mille six cent quatre-vingts hommes ne furent pas levés en totalité.
« Vous êtes presque tous, Messieurs, des maires des communes. À ce titre, vous vous rappelez les instructions données pour les listes de citoyens susceptibles, d’après leur âge, de concourir à la formation de la légion, et, par suite, à celle des bataillons d’activité puisque les individus qui devaient faire partie de ce bataillon devaient être extraits de la légion. J’ai recommandé aux maires de rédiger le tableau avec impartialité et de fournir sur les individus inscrits des renseignements très exacts sur leur liste. Vous n’ignorez pas (l’un de vous en était membre) avec quelle persévérance le conseil d’organisation a examiné toutes les réclamations. Le conseil n’a maintenu sur les listes que ceux qui se trouvaient le moins nécessaires et je n’ai eu généralement à désigner, pour faire partie des deux bataillons d’activité, que des célibataires dont beaucoup étaient pris parmi les conscrits [vraisemblablement ceux qui avaient tiré un bon numéro]. Le 27 janvier, ces deux bataillons étaient organisés. Ils présentaient un effectif de sept cent quarante-neuf hommes qui ont été habillés et équipés. L’approche de l’ennemi ne me permit plus de compléter les compagnies. Dès ce moment, l’organisation des bataillons ne fit plus de progrès. Plusieurs points du département furent menacés par l’ennemi. Les compagnies y allèrent, furent mises sous les ordres du général Pachtod puis furent prisonniers [sic]. Ces individus qui ont fait l’objet de cette levée n’ont été que quelques mois absents de leurs foyers où ils rentraient au fur et à mesure qu’ils échappaient à l’ennemi et le traité de paix a permis aux prisonniers de rentrer chez eux16. »
9Sept cent quarante-neuf hommes, dit le préfet. Quelques mois auparavant, il s’était montré plus optimiste. Il faisait allusion à neuf cents hommes dans une lettre au ministre de l’Intérieur17 ; il est vrai aussi que, réclamant des fonds pour eux, il avait intérêt à grossir leur nombre. Quoi qu’il en soit, cela représente dans le pire des cas moins de la moitié des hommes qui étaient demandés. Il faut convenir au demeurant que les hommes de vingt à quarante ans encore disponibles ne devaient pas être très nombreux car il s’agissait des conscrits des classes levées lors du Consulat et de l’Empire qui avaient échappé à la conscription. Beaucoup d’entre eux, surtout parmi les plus âgés, étaient mariés et, quand on se rappelle l’échec de la précédente levée des trois cent mille hommes qui portait sur les mêmes catégories, on est peu étonné que le nombre exigé ne soit pas atteint. Il y eut d’ailleurs cent vingt et un remplaçants, ce qui représente une proportion de 16 %, pour lesquels les remplacés devaient verser à l’État une indemnité plus forte que la somme habituelle18 ; il n’apparaît pas, malgré les recommandations du ministre de l’Intérieur, que leur profession et leurs motivations soient fort différentes de celles des habituels remplaçants19.
10En revanche, dans cette circonstance précise, les contrats qu’ils passent avec les remplacés sont très dissemblables avec les traités de remplacement étudiés précédemment. Sauf un cas où un vigneron reçoit deux mille cinq cents francs et en outre quatre cent soixante-dix francs en deux versements20, les sommes sont beaucoup plus faibles que dans les contrats habituels mais il ne faut pas oublier que le remplacé devait s’acquitter d’une indemnité versée à l’État, plus forte que l’indemnité ordinaire. Le contrat type est de ce genre : le remplaçant perçoit de 1 franc 50 centimes à 3 francs par jour pendant tout le temps que la Garde nationale active accomplit son service. Mais il ne reçoit plus rien si le licenciement de celle-ci n’intervient pas au bout de deux ans, voire au bout d’un an21. Toutefois, la plupart des contrats stipulent qu’à l’issue du service dans la Garde nationale, et quelle que soit la date où elle interviendra, le remplaçant touchera une somme qui varie de 300 francs à 1 500 francs22. Lorsque l’indemnité prévue au retour du remplaçant est modeste, elle est complétée par le versement immédiat d’une somme d’argent ou par une rente en nature, sous la forme de setiers de grains par exemple. Par ailleurs, comme dans certains contrats effectués lors des levées ordinaires, le remplacé prend en charge la famille du remplaçant. Ainsi Pierre Martin, cultivateur du canton de Lizy, loge chez lui Adelaïde Riche, fille de son remplaçant, tisserand à Melun, et s’engage à la nourrir et à l’entretenir comme son enfant23.
11Pourquoi cette différence relative avec les contrats passés par les conscrits ? À titre de comparaison, on peut donner l’exemple du contrat qui concerne un conscrit de 1815, fils d’un cultivateur appelé avec sa classe ; il offre au vigneron marié qui le remplace 5 000 francs, payables au bout de deux ans en cinq termes égaux24. Les gardes nationaux, eux, pouvaient penser que leur service était provisoire puisqu’ils seraient dispersés dès que l’ennemi aurait repassé les frontières. D’où l’incertitude qui apparaît dans les clauses : on espère bien que le service ne durera pas plus d’un an ou deux ; dans le cas contraire, le « salaire » reçu par le remplaçant devient caduc. D’où aussi des sommes qui, au total, sont plus faibles que celles que perçoit un remplaçant ordinaire. En tout état de cause, le service s’effectuera à l’intérieur des limites de la France, et peut-être même du département. Mais précisément l’avance des forces ennemies va partiellement déjouer ces prévisions et, pour accomplir un service provisoire en Seine-et-Marne, les gardes nationaux n’en vont pas moins payer de leur personne sur les champs de bataille dont leur région devient le théâtre.
12Quant à leurs officiers, que leurs hommes ne choisissaient pas eux-mêmes, à la différence des volontaires de la Révolution, ils sont eux aussi tirés en principe de la Garde nationale. Une petite minorité d’entre eux sont des enrôlés de la levée des gardes nationales de 1809, voire des levées révolutionnaires. Ainsi l’adjudant major de la première cohorte est-il Edme Justin Thévenon, volontaire de 1792, chef de bataillon en retraite25. Dans ce cas, ils dépassent l’âge requis de quarante ans mais pour la plupart il s’agit des jeunes fils de notables, propriétaires, cultivateurs, marchands et hommes de loi dont le revenu est parfois précisé. Ce fait est révélateur du souci d’associer ces notables à l’effort de guerre, avec, à la clé, une sorte de promotion honorifique.
13L’étude comparative du contrôle des officiers de la Garde nationale active de 1814 et de la liste des personnes qui ont contribué aux dépenses liées à la levée des gardes d’honneur de 1813 (ce qui, dans certains cas, leur permettait d’éviter le départ de leurs propres fils), rend visible le fait que, cette fois, les notables n’ont pas été épargnés. Ceux qui ne sont pas partis comme gardes d’honneur l’année précédente combattront dans les semaines qui viennent à la tête des gardes nationaux de Seine-et-Marne26. Encore un certain nombre de ces jeunes gens ont-ils servi comme sous-officiers dans la ligne ou dans le corps plus prestigieux de la Garde impériale.
14Cette levée nécessite un effort matériel. Les obstacles qui entravent son exécution ne sont pas sans rappeler ceux qui ont accompagné les levées de volontaires qu’il fallait aussi pourvoir au point de vue matériel. Le 21 janvier 1814, le préfet avoue franchement : « Les effets d’habillement se confectionnent avec activité et la plupart de ce qui est nécessaire dans le petit équipement. Je pourrai en armer une faible partie avant le départ27. » Quelques mois plus tard, il précise au ministre de l’Intérieur :
« Votre Excellence, par circulaire du 24 avril, me charge de vous faire connaître la situation des opérations et des dépenses relatives à l’habillement et l’équipement des bataillons de gardes nationales dont le gouvernement provisoire a prescrit la dissolution par arrêté du 4 mai ; l’extrême célérité avec laquelle il a fallu faire partir des bataillons, la modicité des fonds dont je pouvais disposer sur-le-champ et l’impossibilité de rien se procurer à crédit, n’ont permis de procurer aux gardes nationaux qu’une partie des effets qu’ils auraient dû recevoir […] les gardes nationaux ont été placés en première ligne et presque tous faits prisonniers et par conséquent leurs armes ont été perdues, le petit nombre de ceux qui sont revenus dans leurs foyers l’a été dans un état de dénuement absolu28. »
15Il ne suffisait pas de fournir, et l’on voit que tout n’a pu être fait, il fallait payer et payer immédiatement. Le préfet faisait savoir, dès le mois de janvier, que les caisses départementales n’offraient aucune ressource pour le paiement des dépenses entraînées par l’habillement et l’équipement des gardes nationaux appelés par décret du 6 janvier, les fournisseurs n’acceptant que le paiement au comptant. Plancy demande au ministre l’autorisation de recourir à un moyen extraordinaire, faire verser au receveur général tous les fonds qui se trouvent disponibles dans les caisses des communes et des hospices et qui appartiennent aux exercices antérieurs à celui de 1814, mesure approuvée le même jour par le ministre29. Il s’agit d’un emprunt.
16Les dépenses relatives à la Garde nationale s’élevèrent à 61 617 83 francs, les recettes – 88 321 37 francs – furent supérieures car il fallait additionner à l’emprunt les indemnités que durent verser les gardes nationaux remplacés et ceux qui n’avaient pas été appelés à marcher et qui, d’une certaine façon, étaient invités à acquitter un impôt30. Au moment de la première Restauration, Plancy justifie cet emprunt par l’impossibilité de recouvrer immédiatement les indemnités versées par les gardes nationaux qui ne partaient pas, alors qu’il était urgent de faire partir les compagnies mobilisées munies de quelques effets.
17En tout cas, les habitants ne purent accomplir l’ultime effort qu’on attendait d’eux, peut être parce qu’ils combattaient l’invasion par leurs propres moyens.
18Une instruction du 5 janvier 1814 rappelle que, selon l’ordre de l’Empereur du 2 janvier, repris par décret du 4 janvier, on attend des citoyens des départements à portée de l’ennemi une « insurrection générale », voire une levée en masse, termes révolutionnaires s’il en est. Mais les modalités de cette levée en masse sont confiées, non au pouvoir civil comme sous la Révolution, mais au pouvoir militaire. En effet, dans chaque département, c’est sous les ordres d’un général que doit se placer cette « insurrection ». Elle consiste à mettre tous les citoyens sous les armes mais, et c’est pourquoi elle est traitée avec les levées de 1814, le tiers d’entre eux est désigné pour entrer en activité tout de suite et former des compagnies de cent quarante hommes. En outre, les anciens militaires revenus à la vie civile sont autorisés à lever des corps de partisans, d’une trentaine d’hommes au minimum31.
19Au début de février 1814, la Seine-et-Marne est requise de fournir le tiers de la levée en masse. Les autorités civiles sont tenues de coopérer avec les autorités militaires. Or le préfet, énergique organisateur de la défense du territoire de Seine-et-Marne, montre, pour des raisons contradictoires, les plus grandes réticences à faire partir ces hommes. Le général de division Delagrange, nommé commandant de la levée en masse de Seine-et-Marne, se présente devant lui avec les ordres du ministre de la Guerre le 19 février 1814. Plancy – il l’écrit ensuite au ministre de la Guerre32 – lui répond qu’on ne peut faire partir le tiers d’une levée qui n’a pas été organisée en Seine-et-Marne puisque les trois-quarts du département ont été envahis et que les ordres préfectoraux tombaient entre les mains de l’ennemi. Il admet ensuite que les victoires de Champaubert, Montmirail et Montereau ont changé la position du département et changeront peut-être l’attitude du gouvernement sur la levée en masse qu’il déconseille d’appliquer en Seine-et-Marne.
« Votre Excellence connaît l’excellent esprit de la Seine-et-Marne et n’ignore pas que nous avons fourni un nombre considérable de conscrits de toutes classes antérieures à 1815. La levée de cette dernière année a donné cinq cents hommes au-delà du contingent ; la Garde nationale active a été mise sous les armes avec la plus grande célérité, la levée en masse se ferait avec la même célérité mais les services qu’elle rendrait seraient moins importants que ceux rendus par la Garde nationale et son organisation aurait des inconvénients […] la présence de ces hommes [ceux de la Garde nationale] en a certes imposé à 1’ennemi mais le désordre et l’esprit de pillage qui règnent dans ces bataillons les ont rendus redoutables aux citoyens. Les officiers des gardes nationales ne connaissent point les moyens de se procurer des subsistances et les généraux ne font pas assez de cas de ces troupes pour s’occuper beaucoup de cette nourriture. Jugez de mon embarras s’il faut que j’arrache six mille hommes que je vais enlever aux travaux de la campagne et dont la plupart sont occupés à fournir ou à conduire des subsistances nécessaires à l’armée. L’éloignement de l’ennemi rend donc peu nécessaire cette mesure33. »
20Faut-il voir dans cette attitude de la pusillanimité de la part des administrateurs de l’Empire, en opposition avec la détermination des administrateurs de la Révolution qui n’avaient pas redouté la levée en masse ou qui n’avaient pas craint de l’organiser malgré les difficultés matérielles qu’ils rencontraient eux aussi et les tentations de désordre qui avaient surgi ça et là parmi les requis ? Il est vrai que la Seine-et-Marne n’avait pas été, lors de l’été 1793, le théâtre de la guerre. Le préfet ajoute d’ailleurs que la mobilisation du tiers de la levée en masse est inutile dans son département, puisque les habitants des communes se sont mis en marche spontanément pour cerner les « petits partis » ennemis qui ont échappé à l’armée française. Peut-être juge-t-il avec quelque raison que cette levée en masse – si levée en masse il y a – doit combattre sur place, c’est-à-dire défendre son propre village ou sa propre ville.
21Le 26 février 1814, un nouveau décret demande à nouveau la mise en activité d’une partie de la levée en masse dans l’Aube, la Seine-et-Marne, l’Yonne34. Pour accélérer leur mobilisation et également dans le but de réduire les dépenses, un décret du 6 mars prescrit que ces hommes seront vêtus de l’habit gaulois ou blouse bleue.
« Cet habillement, conservé sans altération dans la plus grande partie des départements de l’intérieur de l’Empire, y est adopté en général par les cultivateurs et par tous ceux qui mènent une vie active. L’expérience prouve qu’il convient au soldat […] l’adoption de la blouse ou tunique gauloise accélérera l’équipement des contingents d’activité ou de la levée en masse que votre département est appelé à fournir35. »
22Un ordre du 2 mars 1814 demande à la Seine-et-Marne trois mille hommes pris sur « sa » levée en masse36 et une lettre du ministre de l’Intérieur est adressée au préfet pour vaincre les réticences qu’il avait exprimées.
« Je conçois […] que le complément des bataillons d’activité, l’organisation de la levée en masse, la mise en mouvement d’un contingent de cette levée, la réquisition de quatre cents chevaux d’artillerie, dût éprouver des difficultés dans votre département dont je connais la position mais je n’aperçois pas une impossibilité absolue et sa situation devrait changer. On n’exige pas de vous l’impossible, mais on demande tout ce qui est possible37. »
23Le 9 mars 1814, le préfet répond au ministre.
« Je dois faire connaître les raisons qui s’opposent à ce que j’exécute les décrets et instructions concernant le complément des bataillons d’activité de la Garde nationale [dont on se souvient que la moitié était partie], l’organisation de la levée en masse, la levée du contingent mobile de trois mille hommes et enfin la levée de quatre cents chevaux d’artillerie. Depuis près de deux mois [en fait depuis un mois seulement] mon département a toujours été en grande partie occupé par l’ennemi, des partisans ravagent les campagnes. L’armée française a parcouru le département dans tous les sens et une partie des habitants est occupée à la faire vivre […] les piétons ne veulent plus marcher ou sont battus par les cosaques. […] L’esprit des habitants est bon, conservons le, les habitants sont pour le moment moins bien organisés mais ils rendent plus de services que s’ils étaient en corps, il s’entendent, ils se réunissent, ils s’animent et marchent même à l’ennemi. J’en ai mille preuves38. »
24Sur ce dernier point, il n’avait pas tort et on peut penser que c’est aussi par un souci d’efficacité qu’il ne fit rien pour mobiliser cette levée en masse.
25Car elle n’eut pas lieu et le préfet se justifie en ces termes auprès du conseil général :
« Je n’en ai laissé ignorer les causes ni aux ministères ni à Delagrange. Les causes viennent de la nature de la levée […] j’ai été assez heureux pour que l’organisation de la levée en masse n’eût pas lieu et pour que le contingent mobile de trois mille hommes, demandé sur cette levée, ne fût point fourni39. »
26Enfin à ce département qui, au début de l’année 1814, était sur le point d’être envahi, à ce département dont on exigeait encore des hommes, on demande aussi un effort matériel. Un décret du 22 janvier 1814 réquisitionne trois cents chevaux de selle et un ordre impérial du 20 février 1814, alors que la Seine-et-Marne est en train de subir l’invasion, encore quatre cents chevaux de trait40. Le préfet note que la réquisition de janvier ne put être accomplie et ne donna que cinquante et un chevaux41.
« Tout est soldat pour vous combattre »
27Cette devise de la Révolution devient-elle une réalité pour la Seine-et-Marne envahie ? Sans retracer l’histoire des batailles ou de la campagne de 1814, il faut rappeler que c’est toute la population du département qui, pour la première fois, est confrontée aux réalités de la guerre. Il ne s’agit plus de lever des hommes pour les envoyer sur un front lointain ni d’accepter à la rigueur de défendre des frontières qui se trouvent à quelques centaines de kilomètres de la Seine-et-Marne, il s’agit de se défendre et de défendre sa famille et ses concitoyens. Les réactions de la population lors de l’avance des armées alliées sont peut-être l’illustration la plus éclatante de ce que les hommes de la Révolution avaient jadis souhaité au cas où l’intérieur de la France aurait été envahi.
28Il ne s’agit cependant pas, non plus qu’en 1792, de donner dans la légende épique. Le chroniqueur de Varreddes écrit :
« 1814 L’année a trais mal commancé on na fait partir tous Les conscrits de 1815 on na ramassez tous les Garson des année des vingt an a quarante pour partir […] et les homme sans enfant de vingt a quarante pour partir tout suite sa faisait La plus grand pitiez du monde tous les femmes se desoloit tout les hommes Etoit soldat Les seuze qui était chez eux falait aller tout Les jour an route avec Les chevaux pour mener Les voiture dequipage de pain davoine damunision de guerre42 […]. »
29Deux phases peuvent être distinguées dans la progression des Alliés43. La première, rendue inévitable par la défaite de Napoléon à La Rothière sur l’Aube, le ler février 1814, voit leurs avant-gardes s’avancer simultanément, l’une, celle de Blücher, vers la Marne et l’autre, les Austro-russes de Schwarzenberg, vers la Seine. Cette première phase s’achève le 18 février par la victoire de Napoléon à Montereau, qui donne un coup d’arrêt provisoire à l’avance alliée. Mais au cours de ces deux semaines de février, le nord, l’est et le sud-est de la Seine-et-Marne ont été occupés ou à tout le moins été le théâtre de « coups de main ».
30Les autorités de Seine-et-Marne, préfet en tête, galvanisent le département. Ce qui justifie le titre de ce chapitre « La Patrie en danger », c’est que le préfet, transformé en chef de guerre, mène une action qui rappelle celle des représentants en mission, malgré ses dénégations postérieures lors de la Restauration et bien qu’il n’ait pas voulu mobiliser une partie de la levée en masse.

Carte 3. – Carte simplifiée des opérations militaires.
31Le 21 janvier 1814, il adresse un arrêté de onze articles par circulaire aux sous-préfets et aux maires à propos des mesures à prendre si le département est envahi par l’ennemi. « Comme Français, comme propriétaire, vous connaissez les devoirs que vous avez à remplir dans les circonstances actuelles44. » Il demande aux maires d’organiser la garde nationale de leurs communes avec les hommes de vingt à cinquante ans. À l’approche de l’ennemi, éventuellement au son du tocsin, le tiers des gardes nationaux, composé des plus jeunes d’entre eux, se mettra en marche et devra s’être pourvu d’une arme ; toutes celles jugées propres à repousser l’ennemi pourront être indistinctement employées. Même les armes des pompiers sont alors réquisitionnées45.
32Certes, Plancy n’emploie pas les termes de levée en masse et il s’agit de la garde nationale sédentaire. Mais cette garde est destinée à combattre et il reprend le chiffre du tiers mobilisable qui avait été avancé par le gouvernement. Son refus de la levée en masse est donc en fait motivé pour des raisons d’efficacité : il préfère que les gens combattent sur place. De toute façon, son attitude énergique ne se dément pas pendant cette première étape de l’invasion. Non seulement il collabore avec les généraux mais il prend des initiatives d’ordre militaire. Il a en charge le sud et le sud-est du département puisque, selon ses termes, le nord et le nord-est sont couverts par l’armée française. Mais la partie du département qu’il va défendre comprend entre autres la vallée du Loing, clé stratégique des communications de l’armée française ou plutôt lieu de l’éventuelle jonction des troupes opérant en Champagne avec celles d’Espagne, rentrées en France et dirigées par Soult. Si l’ennemi s’emparait du Loing, il pourrait déferler sur la Beauce et s’avancer jusqu’à la Loire46.
33Le préfet rend compte au ministre de l’Intérieur de son action au jour le jour. Le 25 janvier, il peut encore affirmer : « L’ennemi ne pénétrera pas dans mon département à moins qu’il n’ait des forces supérieures et de l’artillerie […] on ne doit avoir aucune inquiétude sur mon département, nous sommes tous parfaitement d’accord, chacun fera son devoir47. » Le 31 janvier, il écrit, comme le ferait un général.
« Je me suis rendu à Montereau en toute hâte car on m’avait annoncé qu’on manquait de pierres à fusil. Je pense que de toute façon ma présence était nécessaire pour soutenir l’esprit public, faciliter les opérations militaires et faire réunir les troupes. J’avais fait partir en poste trente hommes bien armés et bien équipés de la compagnie de réserve. […] J’ai engagé le général Pacthod à envoyer des forces à Bray, j’ai moi-même dirigé sur ce point trente hommes de la compagnie de réserve et aussi une partie de notre gendarmerie48. »
34Il se permet même de décerner un « brevet de satisfaction » aux généraux Pajol, commandant de la deuxième division de réserve à Melun, qui avait pour mission de défendre la vallée de la Seine, et Pacthod. « Les braves généraux Pajol et Pacthod ne négligent rien pour défendre les points de la ligne qui leur est confiée et tous les fonctionnaires du département montrent une vigilance et une prévoyance rares49. »
35Le 2 février, il note que Nemours est menacée, bien qu’il ait affirmé que son département ne serait pas envahi et, pour en renforcer la garnison, il donne l’ordre aux gardes nationaux d’Eure-et-Loire de s’y diriger. Il précise tout de même que, pour ce faire, il s’est concerté avec le général Chanez50. Le 8 février, les cosaques qui tentent des coups de main sur le Loing reprennent leur marche en avant et, si le 10 février, le préfet est obligé d’avouer que Souppes est occupée, ce qui de nouveau fait peser une menace sur Nemours, il affirme aussi :
« Tout est en mouvement dans mon département pour assurer la subsistance des armées et transporter les troupes, tout se fait par réquisition, néanmoins personne ne murmure, tous les habitants apportent au contraire beaucoup de zèle à répondre aux appels qui leur sont faits, le contingent de mon département de la levée de 1815 était de mille cinq cent trente-huit hommes. Deux mille ont été dirigés sur Paris. 1815 paie ainsi ce que doit la levée de trois cent mille hommes et qu’il n’avait pu fournir parce que les classes qui devaient coopérer à cette levée étaient épuisées51. »
36Le 12 février, le préfet apprend la victoire de Champaubert et, le 13 février, celle de Montmirail ; elles écartaient provisoirement l’invasion du nord et de l’est de la Seine-et-Marne. Les Alliés qui avaient déjà occupé certaines villes, telles Provins et La Ferté-Gaucher, les évacuent mais la situation devient de plus en plus inquiétante dans le sud. Les reconnaissances des cosaques prennent le caractère de véritables expéditions52. Bray est prise et Fontainebleau menacée à son tour. Plancy annonce :
« Notre artillerie, cent vingt hommes de cavalerie et trois cents d’infanterie sont partis de Melun hier, j’ai cru pouvoir, dans une circonstance aussi impérieuse, prendre sur moi de changer leur destination. J’ai pensé qu’il fallait, autant que possible, empêcher l’occupation de Fontainebleau et couvrir la route de Paris53. »
37Deux jours plus tard, alors que Pajol venait d’évacuer Montereau – il était obligé de le faire sinon il risquait de se retrouver coupé du reste de l’armée – le préfet discute les ordres, justifie sa « stratégie » et défend sa conception d’une résistance jusqu’au-boutiste.
« Le général Pajol me communique l’ordre qu’il vient de recevoir du duc de Reggio, daté de Nangis, du 14 février, qui est de se rendre le plus promptement possible à Brie. Pajol m’invite à donner les ordres nécessaires pour que tout ce qu’il y a de troupes sous les ordres se dirige sur Villeneuve-Saint-Georges. Je prends ces mesures avec promptitude mais mon opinion bien prononcée est que le colonel Lavigne doit prendre toutes mesures pour mettre Fontainebleau à l’abri d’un parti et défendre le château jusqu’à la dernière extrémité. Mon intention est de rester à Melun jusqu’à ce que je sache si l’intention de l’ennemi est d’y entrer et de suivre le quartier général de Pajol qui se rend à Brie ou d’aller à Meaux, enfin dans un lieu où je pourrai continuer mes fonctions54. »
38La situation semblait désespérée puisque, le soir du 15, les forces de Schwarzenberg occupent Moret et tout le pays entre Bray et Montereau. Nangis est aux mains de l’ennemi qui avait poussé une pointe jusqu’à Melun. Mais le 16 février Napoléon est à Guignes, reprend l’offensive, est vainqueur à Mormant le 17 février, et, faisant sa jonction à marche forcée avec les troupes de Victor, de Gérard et de Pajol, reprend Montereau le 18.
39La population suit la détermination des administrateurs, préfet en tête. Ce dernier lui-même l’affirme et les historiens locaux le confirment. L’un d’entre eux juge même que la Seine-et-Marne est admirablement appropriée à une guerre défensive, de par sa nature – ce qui est discutable – et de par l’esprit de ses habitants55. Antoine Jules Dumesnil qui s’est particulièrement intéressé aux opérations dans le Gâtinais fait état de la combativité des gardes nationaux, qu’ils soient « sédentaires » ou d’active, souvent galvanisés par les anciens soldats des guerres de la Révolution et de l’Empire qui se trouvaient parmi eux. Lorsque les cosaques lancent leurs premiers coups de main le long de la vallée du Loing, il remarque que toutes les communes étaient sur le qui-vive, bien que la garde nationale n’y fût armée que de piques et de mauvais fusils de chasse56.
40Certes, l’action de ces gardes nationaux n’est pas toujours très efficace et, quand les cosaques reprennent leur mouvement le 8 février, les gardes nationaux, envoyés à Souppes par le maire de Château-Landon, lâchent pied. La commune est occupée mais d’autres gardes nationaux, venus de Nemours, coupent le pont de Souppes, vital pour les communications. Ces gardes nationaux sont soutenus par les anciens militaires des environs et du département voisin du Loiret, parmi lesquels Ponceau, de Puiseaux, ancien adjudant de l’armée de Sambre-et-Meuse, et Cantien Delafoy, de Bromeilles, ancien sous-officier de l’armée d’Espagne. Ce petit détachement de trente hommes lutte contre l’avant-garde russe57 et parvient à l’arrêter, mais pour un moment seulement. Un véritable combat s’engage à Nemours le 14 février, ce qui fait éprouver au préfet des craintes pour le sort de la ville voisine de Fontainebleau ; or ce combat est mené, non par des soldats de ligne au sens strict du terme, mais par trois cents élèves sous-officiers de l’école de Fontainebleau, pupilles de la Garde, dont les plus âgés n’avaient que dix-huit ans, et cent cinquante gardes nationaux « d’active », renforcés de quelques gendarmes et vingt artilleurs. Le combat dure trois heures, est suspendu pendant la nuit, puis reprend mais les Français n’ont plus de cartouches et Dagron, à la tête des gardes nationaux, se fait tuer. Nemours capitule58.
41Cette volonté de combattre ou de coopérer à la défense du département, on la sent partout, et pas seulement dans le sud, quasiment obligé de compter sur ses propres forces. Lorsque Napoléon fait mouvement vers le sud, il peut arriver en temps utile devant l’armée de Schwarzenberg, « à cause du dévouement spontané, de l’empressement patriotique des populations rurales de Seine-et-Marne59 », selon les mots d’Humbert qui ajoute : « À peine les troupes de Napoléon ont-elles quitté Meaux que la route se couvrit de charrettes conduites par les paysans qui recueillaient les soldats harassés dans leurs véhicules60. »
42Il n’est pas jusqu’à la bataille de Montereau qui ne soit une illustration de ce que, malgré leur inexpérience, l’ardeur défensive de jeunes gens convaincus de se battre pour une cause à laquelle ils étaient sensibles, et non plus pour des conquêtes, est capable de réussir. Les fameux Marie-Louise qui, dans ce cas précis, ne sont même plus des conscrits de 1814 mais de 1815, ne le cèdent en rien, quant à l’état d’esprit, aux volontaires de Valmy. En effet, c’est le corps du général Pajol qui est engagé le premier au cours de cette bataille. Pajol, lui-même ancien engagé volontaire de 1792, avait été aide de camp de Kléber. Le corps du général Pajol se compose de huit cents gendarmes venus d’Espagne, trois mille gardes nationaux sans aucune expérience du combat et dont la moitié n’était pas équipée, enfin de trois brigades de cavaliers, tous conscrits, pas tous originaires de Seine-et-Marne, mais quasiment dépourvus d’instruction militaire ; certains ne montaient à cheval que depuis quinze jours et ne savaient pas encore maîtriser leur monture. À cause de leur inexpérience, ces cavaliers d’occasion « labourent » les flancs de leurs chevaux, ce qui leur permet de dévaler les hauteurs qui dominent la ville, de traverser celle-ci en trombe et de la parcourir d’un bout à l’autre en faisant reculer des forces quatre fois supérieures. Cette charge furieuse et en partie incontrôlée est soutenue par les habitants de Montereau, exaspérés des abus que les occupants Wurtembourgeois commettaient depuis quatre jours, et qui jettent sur eux les tuiles des toits, désarmant ainsi les tirailleurs de Colloredo ; on voit même Moreau, le maire de Montereau, payer de sa personne61. L’arrivée de Napoléon avec sa garde permet de faire battre en retraite les Wurtembourgeois qui résistaient encore.
43Le préfet n’omet d’ailleurs pas de rappeler qu’à l’annonce de la victoire, il ordonne sur-le-champ à la compagnie de réserve, à la gendarmerie et à la Garde nationale de patrouiller pour ramasser les fuyards ennemis mais aussi les déserteurs français62 !
44La victoire de Montereau n’est qu’une pause. D’ailleurs, au nord-est du département, en l’absence de l’Empereur, la situation de Marmont et de Mortier restait critique. Le second doit faire retraite sur La Ferté-sous-Jouarre et le premier, pressé par Blücher, recule à partir du 26 février sur La Ferté-Gaucher puis Rebais. La Ferté-Gaucher, Rebais, Doue et Coulommiers sont occupées, Meaux menacée et, si le mouvement de Napoléon qui remontait pour tomber sur les arrières de Blücher permet à la Seine-et-Marne de n’être plus le théâtre des opérations, ce n’est qu’un répit momentané63. Dès les premiers jours de mars, commence la deuxième phase de la progression des Alliés et ces derniers reprennent partout l’offensive. Le 10 mars, ils menacent de nouveau la rive droite du Loing et, après la bataille d’Arcis-sur-Aube (20 et 21 mars 1814), plus aucune illusion n’est permise64. Dans leur marche sur Paris, les Alliés conquièrent ou reconquièrent le département ; les villes et villages de Seine-et-Marne sont occupés les uns après les autres.
45Deux décrets impériaux du 5 mars 1814 appellent à un ultime effort.
« Tous les citoyens français sont non seulement autorisés à courir aux armes mais requis de le faire […] de se rassembler, de fouiller les bois, d’intercepter les routes, de tomber sur les flancs et les arrières de l’ennemi. Tout citoyen français pris par l’ennemi et qui serait mis à mort sera vengé par la mort en représailles d’un prisonnier ennemi65. »
46Un autre décret du même jour annonce :
« Considérant que les peuples des villes et des campagnes, indignés des horreurs que commettent les Russes et les Cosaques, courent aux armes par un juste sentiment de l’honneur national pour arrêter le parti de l’ennemi mais que, de plusieurs lieux, ils ont été détournés par le maire ou d’autres magistrats, avons décrété et décrétons : tous les maires, fonctionnaires publics et habitants qui, au lieu d’exciter l’élan patriotique du peuple, le refroidissent ou dissuadent les citoyens d’une légitime défense, seront considérés comme traîtres et traités comme traîtres66. »
47Le lendemain, une circulaire du ministre de l’Intérieur amplifie l’effet des décrets.
« Dans les départements où l’ennemi a porté ses pas, il a commis des atrocités inouïes et des excès de tout genre qui sont aujourd’hui tellement connus que personne ne saurait douter de ses véritables projets qu’il a mal déguisés sous des proclamations démenties par les faits […] il fait la guerre à la population toute entière, aux hameaux comme aux villes, aux chaumières comme aux châteaux. Dans cet état de choses, la résistance à l’ennemi qui, de tout temps, fut le devoir d’un Français, est devenue un devoir plus pressant encore. Chaque individu a à combattre désormais pour la conservation de ce qu’il possède, pour préserver sa famille de la brutalité du soldat étranger, pour sa propre vie, celle de sa femme et de ses enfants. Dans des circonstances aussi extraordinaires, les magistrats ont un double devoir à remplir, comme Français qui résistent à l’étranger et comme magistrats qui donnent l’exemple de la résistance, la conseillent ou la commandent s’il en était besoin. Cela s’applique aux citoyens les plus considérables qui ont le plus à perdre et qui peuvent mieux comprendre ce qu’exige le devoir de tout Français67. »
48La même circulaire recommande d’aider par tous les moyens les troupes régulières et de ne céder qu’à des forces supérieures.
49Ni les administrateurs, ni la population de Seine-et-Marne n’avaient attendu de tels ordres pour les appliquer, on l’a vu lors de la première phase de l’invasion alliée. Lors de la seconde, le préfet incite encore à la résistance. Le 28 mars, il annonce par circulaire aux maires qu’un ancien capitaine de la Garde impériale, Bouchet, est commissionné par le gouvernement pour organiser un corps franc en Seine-et-Marne. Trois cents hommes, selon le préfet, composent le noyau de ce corps68 et, dans une seconde circulaire du même jour, il rappelle que Bouchet peut requérir les gardes nationaux de se réunir à son corps. En secondant le corps franc, les gardes nationaux tenteront de priver l’ennemi de subsistances, peut-être de pratiquer la politique de la terre brûlée. « Je vous engage à exciter par tous les moyens qui dépendent de vous l’élan de vos gardes nationales69. » Le 29 mars, il écrit enfin : « Je resterai à Melun jusqu’à la dernière extrémité70. »
50Mais ces efforts sont vains : le 30 mars l’armistice est signé, le 31, les Alliés font leur entrée dans la capitale et l’avant-dernier chapitre de l’épopée impériale, avant celui des Cent-Jours, se clôt en Seine-et-Marne par l’abdication de l’Empereur, le 6 avril 1814.
51Au lieu de terminer ce chapitre par la « traditionnelle » évocation des adieux de Fontainebleau, nous préférons achever ces pages par la mise en lumière d’un épisode méconnu, embelli sans doute par celui qui l’avait vécu mais qui a le mérite de montrer la formation de la légende napoléonienne en Seine-et-Marne même.
52Jean-Baptiste Alexis Durand, neveu d’un menuisier de Fontainebleau, et lui-même apprenti ébéniste, s’était engagé à dix-sept ans dans les gardes d’honneur en 1813, on l’a vu plus haut. Volontaire, mais n’appartenant pas à une famille de notables, il ne correspondait pas aux critères que l’on avait appliqués aux hommes de cette levée, au point que, lorsque la liste en avait été formée, il avait eu droit à cette mention : « On ne croit pas qu’il puisse rester attaché au corps ; il n’eût pas été présenté si on avait connu sa position71. » On se souvient, cependant, que, pour disposer d’un contingent suffisant, les autorités de Seine-et-Marne avaient accepté finalement des hommes qui n’étaient pas fils de notables. Durand n’avait pu lui-même payer son équipement. Il combattit, fut blessé, assista aux adieux de Fontainebleau et le lendemain participa avec un dernier carré de fidèles, dans la forêt de Fontainebleau, au lieu-dit « La table du grand-maître », à une scène qu’il mit en vers, vingt ans après environ, et qu’il situe en mars alors qu’elle se déroula au mois d’avril. En effet, installé à son compte à partir de 1824 à Fontainebleau, il occupait ses loisirs à écrire des poèmes, encouragé par Clovis Michaux, procureur du Roi et membre de plusieurs sociétés littéraires. Sous la monarchie de Juillet, il fut privé de la pension qu’il recevait, pour vers irrévérencieux72. On ne sait si c’est au titre de poète ou en tant qu’ancien soldat de Napoléon qu’une rue de Fontainebleau, où il mourut en 1853, porte son nom. Laissons-le évoquer ce qu’il a lui-même intitulé « l’holocauste patriotique » et que d’autres, après lui, ont nommé « une communion militaire » :
« Là s’offre à nos regards une table grossière,
Que dégradent les flots d’un siècle de poussière,
Mais qui d’un fait sublime attend un grand renom
Et conte au voyageur et son âge et son nom.
D’un seul fragment de roc, son plateau se compose,
Et rectangle parfait, sur cinq appuis repose.
Rangés à ses côtés, quatre sièges sans art,
Au passant fatigué font bénir le hasard.
C’est là qu’un bataillon de la garde invincible,
Ignorant l’attentat pour elle si sensible,
Attendait pour voler au secours de Paris
Que l’aurore eût montré son divin coloris.
………………………
Nos braves, pour voler où l’honneur les attend,
N’avaient pas, sans murmure, attendu cet instant,
Il fallut leur montrer une auguste défense.
Enfin, il est brisé le joug qui les offense,
Et l’armée en avant s’ébranle avec fureur
Au cri victorieux de Vive l’ Empereur !
Voilà qu’un messager, plus rapide qu’Éole
Paraît à l’horizon, bondit, s’élance, vole,
Arrive et souhaitant n’avoir jamais été
Nous révèle à grands traits l’affreuse vérité.
………………………
Nul ne prétend survivre à cette ignominie,
Le fer brille en leurs mains pour s’arracher la vie.
Que n’ont-ils à choisir un plus noble trépas !
Déjà ces tristes mots sont préférés tout bas :
“Souvenirs qui rendez ma douleur plus amère,
Adieu ma bien-aimée, adieu ma tendre mère,
Vous à qui j’espérais raconter nos exploits,
Hélas ! je pense à vous pour la dernière fois,
Je ne puis supporter le destin qui nous dompte.
Vous ne reverrez plus ce front couvert de honte,
L’honneur est dans la tombe, adieu, ma mère, adieu.”
Un chef que son devoir retenait en ce lieu,
Apprend avec effroi cet excès de courage.
Lui-même avait été surpris, pleurant de rage,
Mais, bien qu’il partageât la commune douleur,
Il se sentait plus grand, plus fort que le malheur.
“Grenadiers, nous dit-il, enfants que la victoire,
A cent fois ombragés des palmes de la gloire,
Guerriers dont l’univers est justement jaloux,
Quel affreux désespoir s’est emparé de vous ?
Vingt lâches potentats rêvent déjà leur proie,
Voulez-vous leur complaire et les combler de joie ?
En mourant, vous fuyez, vous nous livrez aux fers !
Voulez-vous donc servir de fable à l’univers ?
Dites, que deviendra la France infortunée
Quand tous ses défenseurs l’auront abandonnée ?
Soldats que deviendront vos parents, vos amis ?
………………………
Ah ! puisqu’il faut céder, puisqu’enfin nos rivages,
Ont flétri sous le joug de ces hordes sauvages,
Nous préserve le ciel d’aggraver notre sort
Par un vil attentat, par une indigne mort !
La gloire des Français doit rester grande et pure,
Que ses nobles drapeaux soient exempts de souillure.
Un ukase, jaloux de vous déshonorer,
Demain, nous forcera de nous en séparer.
À cette indignité nous ne pourrions descendre,
Eh bien ! Qu’à l’instant même ils soient réduits en cendre
Et qu’avant le coucher du céleste flambeau,
Le sein de nos guerriers leur serve de tombeau.”
Mille confuses voix, des cris que rien n’entrave,
Ont soudain applaudi les paroles du brave.
Enflammé par ce trait d’héroïque vertu,
Chacun sent ranimé son courage abattu.
Tous brûlent d’accomplir le noble sacrifice,
Et l’orateur guerrier choisit pour cet office
La table que ma Muse a dépeinte en ses vers.
………………………
Déjà, les sons flatteurs d’un air patriotique
Appellent nos héros vers la table rustique.
Et l’un deux, sans effroi comme sans repentir,
Sur le nouveau bûcher pose l’Aigle martyr.
C’en est fait, et la flamme a dévoré l’emblème
Du dieu qu’avait armé la victoire elle-même.
Étrange destinée après tant de hauts faits !
Ah ! consignons cet acte au nombre des bienfaits.
Nos yeux ne verront point une main sacrilège,
D’un indigne Français tenant son privilège,
Traîner avec mépris dans les murs de Berlin,
L’Aigle qui, dans sa serre, a tenu le Kremlin.
Cependant, nos guerriers, que ce beau jour honore,
Se recueillent au bruit du roulement sonore.
Depuis leur noble chef jusqu’à l’humble tambour,
Devant la table sainte, ils viennent à leur tour,
Et dans la rouge coupe, à tout moment tarie,
Chacun reçoit sa part de la cendre chérie.
………………………
Mais, ni l’isolement de ces lieux écartés
Ni de ces bois épais la ténébreuse cime,
N’ont pu tenir caché ce dévouement sublime.
Les vainqueurs de Paris, encore tout en émoi,
Au milieu de leur garde, en ont pâli d’effroi.
On dit même qu’à l’heure où la nuit sur la terre
Vient dérouler sans bruit les voiles du mystère,
Vers la table où fumait, le dernier jour de mars,
L’holocauste immortel, agréable au Dieu Mars,
Si le moindre zéphir, qui dans les bois voltige,
Agite des ormeaux l’harmonieuse tige,
Le voyageur surpris entend dire à l’écho :
“Ici fut inhumé l’Aigle de Marengo”73. »
53Dans l’en-tête de ses vers, Durand explique qu’il les a écrits pour laver ses camarades des accusations de lâcheté et de désertion que l’on proférait à leur encontre mais il avoue qu’autour du capitaine, instigateur de cette communion militaire, ils n’étaient plus qu’une centaine à boire le « jus divin », c’est-à-dire les cendres du drapeau mélangées au vin qui leur restait. Le capitaine avait au préalable fait flotter ce drapeau au-dessus des têtes puis, toujours selon Durand, l’avait « arrosé de ses larmes » et de poudre à canon avant d’y mettre le feu.
Notes de bas de page
1 Arch. nat., F7 3611, Lettre du préfet au Conseiller d’État chargé de la Police générale du Ier arrondissement de l’Empire, 25 janvier 1814.
2 Ibid., F9 263, État indicatif des départements auxquels la la levée de 1815 est ordonnée.
3 Archives municipales de Meaux, 1H2, Circulaire du préfet aux maires, 18 janvier 1814.
4 Arch. nat., F7 3611, Lettre du préfet au Conseiller d’État…, op. cit.
5 Ibid., Lettre du 5 février 1814.
6 Ibid., État de situation du 10 février 1814.
7 Arch. dép., 1R 167.
8 Ibid., 1R 168, Levée de 1815.
9 Arch. nat., AF IV 1064.
10 Ibid., F9 357, Décret impérial du 30 décembre 1813.
11 Ibid., Circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets, 31 décembre 1813.
12 Ibid., F7 7019, Décret impérial du 6 janvier 1814.
13 Ibid., F9 357, Circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets, 6 janvier 1814.
14 Archives municipales de Nemours, Série H, op. cit., Lettre du sous-préfet de l’arrondissement de Fontainebleau au maire du chef-lieu du canton de Nemours, 7 janvier 1814.
15 Ibid.
16 Arch. dép., 1N 3, Sessions, feuilletons, procès-verbaux, 1806-1814, session à partir du 17 octobre 1814.
17 Arch. nat., F9 696, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 5 mai 1814.
18 Arch. dép., 1N 3, Sessions, feuilletons, procès-verbaux…, op. cit.
19 Ibid., 4R 86, Garde nationale active (1814), remplacements.
20 Ibid.
21 Étude de Maître Charrier, Minutes de Maître Rémière, traités de remplacement du 23 janvier 1814.
22 Arch. dép., 4R 86…, op. cit.
23 Étude de Maître Charrier, Minutes de Maître Rémière, traité de remplacement du 18 janvier 1814.
24 Ibid., Traité de remplacement du 4 février 1814.
25 Arch. nat., F9 696, Contrôle des officiers de la Garde nationale, 2 février 1814. Voir Annie Crépin, Révolution et armée nouvelle…, op. cit., p. 176.
26 Arch. nat., F9 696…, op. cit. ; Arch. dép., 4R 7, Gardes d’honneur.
27 Arch. nat., F1c III Seine-et-Marne 11, Rapport du préfet au ministre de l’Intérieur, 21 janvier 1814.
28 Ibid., F9 696, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 5 mai 1814.
29 Ibid., Rapport présenté par le chef de la sixième Division au ministre de l’Intérieur, 18 janvier 1814.
30 Arch. dép., 1N 3, Sessions, feuilletons, procès-verbaux…, op. cit.
31 Arch. nat., F7 7019, Instruction du ministre de la Guerre aux généraux chargés d’organiser la levée en masse dans les départements désignés par le décret, 5 janvier 1814.
32 Ibid., F7 7020, Lettre du préfet au ministre de la Guerre, 19 février 1814.
33 Ibid.
34 Ibid., F9 357, Décret impérial du 26 février 1814.
35 Ibid., Lettre du ministre de l’Intérieur aux préfets, 8 mars 1814.
36 Ibid., État de situation, mars 1814.
37 Ibid., F9 696, Lettre du ministre de l’Intérieur au préfet, 17 mars 1814.
38 Ibid., F7 7020, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 9 mars 1814.
39 Arch. dép., 1N 3, Sessions, feuilletons, procès-verbaux…, op. cit.
40 Ibid.
41 Ibid.
42 Jean-Michel Desbordes, La chronique villageoise…, op. cit., p. 46.
43 Voir Carte 3, p. 341.
44 Arch. nat., F1c III Seine-et-Marne 11, Circulaire du préfet, 21 janvier 1814.
45 Ibid., F7 7020, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 10 février 1814.
46 Antoine Jules Dumesnil, Les cosaques dans le Gâtinais en 1814, Pithiviers, 1880, p. 20.
47 Arch. nat., F7 7020, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 21 janvier 1814.
48 Ibid., Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 31 janvier 1814.
49 Ibid.
50 Ibid., Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 2 février 1814.
51 Ibid., Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 10 février 1814.
52 Frédéric Humbert, L’invasion de 1814 en Seine-et-Marne, Melun, L’Avenir, 1885, p. 38.
53 Arch. nat., F7 7020, lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 13 février 1814.
54 Ibid., Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 15 février 1814.
55 Frédéric Humbert, L’invasion de 1814…, op. cit., p. 22.
56 Antoine Jules Dumesnil, Les cosaques dans le Gâtinais…, op. cit., p. 26.
57 Ibid., p. 36.
58 Antoine Jules Dumesnil, Les cosaques dans le Gâtinais…, op. cit., p. 94.
59 Frédéric Humbert, L’invasion de 1814…, op. cit., p. 47.
60 Ibid., p. 47 sq.
61 Ibid., Rapport du général comte Milhaud sur l’affaire de Mormant, p. 80. Il s’agit en fait d’une relation de la bataille de Montereau.
62 Arch. nat., F7 7020, Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 9 février 1814.
63 Frédéric Humbert, L’invasion de 1814…, op. cit., p. 84.
64 Antoine Jules Dumesnil, Les cosaques dans le Gâtinais…, op. cit., p. 120.
65 Arch. nat., AD XVIII B 50, Bulletin des lois, janvier-mars 1814, no 562.
66 Ibid., Décret du 5 mars 1814.
67 Ibid., F7 7019, Circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets et aux maires, 6 mars 1814.
68 Ibid., F7 7020, Circulaire du préfet aux maires, 28 mars 1814.
69 Ibid.
70 Ibid., Lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, 29 mars 1814 (sept heures du soir).
71 Arch. dép., 4R 7, Gardes d’honneur.
72 Agricol Perdiguier dénonce ce fait dans une lettre à George Sand de juillet 1843, voir Dinah Ribard, « De l’écriture à l’événement. Acteurs et histoire de la poésie ouvrière autour de 1840 », Revue d’histoire du XIXe siècle, no 32, 2006-1, p. 79-91.
73 Jean Baptiste Alexis Durand, La forêt de Fontainebleau, poème en quatre chants suivi de poésies diverses, Paris, Delaunay, 1836.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008