Chapitre V. La levée du 28 germinal an VII (17 avril 1799)
p. 77-89
Texte intégral
L’entrée en vigueur de la loi
1La situation s’aggravait puisque la deuxième coalition s’était formée, or l’armée française n’avait toujours pas les effectifs qu’elle était en droit d’attendre du fait de l’échec relatif de la levée de vendémiaire. Une deuxième levée s’avérait nécessaire. Ce fut la levée du 28 germinal an VII (17 avril 1799). Elle appelle les conscrits de première classe qui n’avaient pas encore rejoint, et si nécessaire les conscrits de deuxième et troisième classes, pour parvenir à ce chiffre de deux cent mille hommes qui n’avait pu être atteint lors de la première levée1. Comme on juge qu’il ne serait pas nécessaire de lever tous les hommes de deuxième et troisième classes, puisqu’on escomptait que cette fois la première classe donnerait tout ce qu’on pouvait espérer d’elle, on décide qu’un tirage au sort aurait lieu parmi les conscrits de deuxième et troisième classes et que par ailleurs ceux-ci pourraient se faire remplacer.
2Par cette disposition la loi du 28 germinal est donc en retrait ou en contradiction avec l’esprit égalitaire de la loi Jourdan. Outre le fait que les conscrits de deuxième et de troisième classes ont un intérêt majeur à ce que la loi soit appliquée, à savoir que tous leurs camarades de première classe en état de le faire partent réellement, l’introduction du tirage au sort et du remplacement, même si celui-ci doit être assuré par des engagements volontaires, prélude à un détournement de la loi2.
3Une instruction du 29 germinal (18 avril) accélère les choses3. Dès qu’elle l’aurait reçue avec la loi, l’administration centrale du Département devait se mettre en permanence pour répartir le contingent entre les cantons et les communes. À son tour, chaque administration municipale, après avoir eu connaissance de la répartition, siègerait en permanence pour faire le recensement de tous les conscrits de sa circonscription en état de partir. Après trois jours accordés à ceux qui voudraient s’enrôler volontairement, l’administration municipale était tenue de transmettre le lendemain à l’administration centrale l’état des conscrits de première classe, celui des enrôlés volontaires envoyés au Département et celui des conscrits de deuxième et troisième classes sur lesquels il faudrait prélever le complément du contingent si le nombre des enrôlés volontaires n’était pas suffisant. Dans ce cas, vingt-quatre heures après, l’administration centrale tirerait au sort, canton par canton, les conscrits de deuxième et troisième classes. Les conscrits ainsi désignés pourraient se faire remplacer. Enfin les municipalités étaient obligées de procurer aux conscrits de cette levée leur habillement et leur équipement et une somme de cent francs.
4L’administration centrale de Seine-et-Marne agit avec sa rapidité et son efficacité coutumières. Ayant déjà fourni mille quatre cent trente hommes, il lui fallait enrôler mille cinq cent soixante-neuf hommes pour la seconde levée. Le 3 floréal4, elle les répartit par cantons et le même jour elle décide d’accélérer la révision des dispenses car devait venir s’y ajouter l’examen des conscrits de deuxième et troisième classes tirés au sort. Si certains de ceux-ci étaient hors d’état de partir comme on pouvait le présumer, un second tirage au sort aurait lieu. Une circulaire du 4 floréal (23 avril)5 rappelle aux administrations cantonales le contingent à fournir et la marche à suivre prévue par l’instruction du 29 germinal.
5Les administrations des Cantons font diligence au point que neuf jours plus tard, c’est-à-dire le 13 floréal, il existe un nombre suffisant de conscrits pour que l’administration centrale juge à propos et même urgent de les faire partir6, du moins de faire partir pour Metz une première compagnie sous la direction d’un officier de gendarmerie qu’elle nomme pour ce faire, en l’absence d’une décision du commandant de la l7e division militaire. En effet, elle estime qu’il n’y aurait bientôt plus de place au dépôt pour les conscrits qui y arrivaient journellement.
6Il ne s’agit pour l’instant que des conscrits de première classe demeurés en Seine-et-Marne. Leur récupération et les enrôlements volontaires ne suffisent cependant pas. Il faut donc tirer au sort parmi les conscrits de deuxième et de troisième classes de chaque canton dont les autorités s’empressent de corriger les tableaux car des changements avaient pu intervenir depuis leur formation, preuve supplémentaire du soin apporté ici à cette tâche. Ainsi est fait du 6 au 12 floréal à Moret, qui tient même une séance extraordinaire consacrée à cet objet, à Melun, Fontainebleau et Perthes ainsi qu’à La Chapelle et Égreville7.
7Le Département, quant à lui, effectue le tirage au sort du 12 au 23 floréal8. Ce jour-là, il fixe un ordre de route, toujours canton par canton, à chaque détachement, le dernier devant être arrivé à Melun le 17 prairial. Il envoie aux Cantons la liste de ceux qui sont tirés au sort parmi la deuxième et la troisième classes et qui sont obligés de partir. Les Cantons habillent et équipent leurs conscrits, ainsi l’attestent les délibérations de Voulx9 et de Beaumont où « la certitude du départ des conscrits pour l’armée commande la diligence la plus active10 » et où l’on fournit une paire de souliers, une paire de bas, deux chemises, un havresac et la somme de neuf francs représentant un mois de solde, le ministère mettant tout de même à la disposition du Département mille cinq cent soixante-neuf paires de bas et mille cinq cent soixante-neuf paires de souliers. L’administration de La Chapelle affecte une somme de deux cent soixante et un francs à cet objet11.
8Comme lors de la première levée, au moment du départ du détachement cantonal les administrations cantonales organisent parfois des fêtes au cours desquelles les discours prononcés lient la défense de la Patrie au rappel de l’assassinat des plénipotentiaires de Rastadt qui venait d’avoir lieu le 9 floréal an VII (28 avril 1799).
9Si l’administration de Brie se contente de rappeler ses conscrits à leurs devoirs12, celle de Château-Landon organise avec plus de solennité une véritable cérémonie.
« Le cortège parvenu à la place de la Liberté, les jeunes gens de l’âge au-dessous viennent au-devant des défenseurs de la Patrie et les encouragent à aller à la défense de nos droits et propriétés et les embrassent avec les dernières démonstrations de l’amitié. Le président de l’administration fait un discours où il enflamme leur ardeur par l’horreur qu’inspire le tableau déchirant de l’assassinat de nos ministres plénipotentiaires de Rastadt. Il leur donne l’accolade fraternelle, acquiert la certitude qu’ils mourront glorieusement ou qu’ils reviendront dans leurs foyers, couverts de lauriers13. »
10À Égreville, c’est au cours de la cérémonie pour l’assassinat des plénipotentiaires de Rastadt que sont proclamés les noms des conscrits du canton et des volontaires partis pour l’armée14.
Les résultats de la seconde levée
11Un premier bilan peut être fait globalement, qui entraîne les mêmes réserves que celui de la première levée. Le compte général d’Hargenvilliers donne mille six cent quarante-neuf hommes appelés, mille trois cent trente-quatre partis et mille soixante-quinze incorporés. Mais les critiques émises précédemment à l’encontre des chiffres d’Hargenvilliers se trouvent pleinement justifiées dans le cas présent puisqu’on a la certitude que ce ne furent pas mille six cent quarante-neuf hommes mais mille cinq cent soixante-neuf qui furent appelés.
12Le rapport de l’an IX déjà mentionné15 donne mille quatre cent trente-quatre départs. Une fois de plus, n’y aurait-il pas eu une erreur ? Les chiffres fournis par l’administration départementale paraissent dès lors plus crédibles : quinze détachements sont partis pour Metz, au total mille cinq cent vingt et un hommes, trois conscrits se sont enrôlés, onze conscrits, depuis le tirage au sort, ont reçu des ordres de routes particulières du ministre de la Guerre pour se rendre isolément à Metz ou en d’autres points et ont justifié de leur présence sous les drapeaux, vingt-quatre conscrits sont encore au dépôt. Il ne reste plus que dix hommes pour atteindre le contingent de mille cinq cent soixante-neuf que la Seine-et-Marne devait fournir pour la deuxième levée, dit le Département le 27 messidor16.
13Dès le 21 prairial (10 juin) d’ailleurs, dans une adresse aux Cinq-Cents17, les administrateurs pouvaient écrire que treize détachements formant mille trois cent soixante-seize hommes s’étaient mis en marche successivement depuis le 16 floréal jusqu’au 19 prairial et que leur départ s’était fait dans l’allégresse. Un petit nombre de conscrits manquait, ce qu’il ne fallait pas interpréter comme une défection, mais des « infirmités ont imposé silence à leur zèle » et ils seraient remplacés par des jeunes gens assez robustes pour supporter les fatigues de la guerre.
14Un rapport du commissaire du Département confirme cette bonne impression.
« L’activité qu’apportent tous les corps administratifs ainsi que tous les citoyens à l’objet de la conscription si intéressant pour le salut de la Patrie est le meilleur renseignement que vous puissiez recevoir sur l’esprit public du département. La première compagnie composée de cent trois hommes est partie hier pour Metz dans le meilleur ordre et avec tout ce que la circonstance peut comporter de satisfaction18. »
15En messidor an VII, il ajoute :
« Il n’aura sûrement pas échappé à l’administration générale que le Département de Seine-et-Marne a été des premiers à effectuer les deux premières levées, que ses deux contingents [il s’agit des deux levées] sont arrivés à Metz presque complets et qu’il n’en est déserté qu’un petit nombre (quarante) [sur les deux levées]. Il restait encore à envoyer à Metz quelques conscrits faisant partie du contingent du département. […] Mandés pour le 11 thermidor (ou messidor) ils sont partis pour le 14. On m’assure que le dernier contingent de mille cinq cent soixante-neuf hommes a été fourni réellement à un homme près. Cependant, lisant les notes remises par le commandant du dépôt, au moment du départ, il manquerait encore seize hommes19. »
16Il est certain que la Seine-et-Marne obtient des résultats supérieurs à beaucoup de départements où la levée fut très médiocre20. Il se produit tout de même un déficit, peut-être plus important que ne le disait l’administration, dû en premier lieu à la désertion en route. Des sources permettent de mesurer ce déficit. Le 20 floréal, le commandant du premier détachement, qui devait être formé des conscrits de première classe « récupérés » au cours de la seconde levée, fait savoir que les cent trois conscrits composant son détachement « qui ont frémi d’horreur en apprenant l’asssassinat de Rastadt » sont tous présents et ont un moral excellent21. Le 1er prairial, l’un d’entre eux cependant a déserté22. Le 10 prairial, trois conscrits déserteurs du détachement de troisième classe23 sont repris. À la fin de prairial24, parmi un détachement de quatre-vingt-quatorze conscrits, trois seulement peuvent être considérés comme déserteurs. Le seizième détachement de vingt-neuf conscrits arrive au complet à Metz25, le quinzième détachement de quatre-vingt-sept hommes, lui, subit un déficit de sept hommes26.
17Ces désertions sont toutefois de l’ordre de 1 à 3 % des hommes de chaque détachement, seules celles de l’avant-dernier détachement représentent 8 %. Comme la totalité des rapports n’est pas disponible, il faut s’en tenir à ce qu’annonçait le commissaire en messidor, à savoir une quarantaine de déserteurs27. Hargenvilliers, plus pessimiste, estime que sur mille trois cent trente-quatre hommes partis, mille soixante-quinze ont été incorporés, ce qui ferait deux cent cinquante-neuf déserteurs28, mais il faut répéter combien la réserve s’impose devant ces chiffres à moins qu’il n’ait englobé, outre les déserteurs en route, ceux qui quittaient les drapeaux au bout de quelques semaines puis les déserteurs de la première levée et les réquisitionnaires revenus chez eux et qui devaient repartir avec la seconde levée. Contre eux, l’administration centrale luttait sans cesse mais pas toujours avec succès.
18Le commissaire du Canton de Dammartin dénonce au Département un meunier de son canton qui « errait » dans les cantons voisins29. Le commissaire du Canton rural de Provins note que dans une commune de sa circonscription, Saint-Loup, beaucoup de réquisitionnaires et de déserteurs se cachent malgré le zèle de la gendarmerie. L’administration centrale juge opportun de faire héberger aux frais des parents des « fuyards » les gendarmes chargés d’arrêter ces derniers jusqu’à ce que les jeunes gens retournent aux armées. À défaut, ils seront dénoncés aux tribunaux comme favorisant la désertion30. La même décision est prise en réponse aux sollicitations du commissaire du Canton d’Augers31 qui réclamait une mesure extraordinaire.
19Les déserteurs passaient d’un canton à un autre pour échapper à la vigilance des autorités. Le commissaire du Châtelet avait demandé à son collègue de Mormant de faire arrêter par la gendarmerie un conscrit de son canton qui s’était réfugié – supposait-on – dans la circonscription de Mormant. Le commissaire de Mormant répond en lui relatant par le menu les perquisitions de la gendarmerie qui n’avaient en fait abouti à aucun résultat32. Cinq conscrits de première classe du canton de Moret s’enfuient lors de leur trajet vers Melun et quatre d’entre eux semblent être revenus à Moret. L’administration du Canton nomme le 25 floréal un de ses membres pour s’en assurer et « s’il y avait eu, de la part du commandant, quelque négligence, lui rappeler qu’ils étaient sous sa responsabilité et que, quant à elle, elle a pris toutes les mesures qui étaient en son pouvoir33 ».
20Un certain nombre de ces déserteurs qui « circulent » en Seine-et-Marne sont étrangers au département. Aussi, lorsqu’on les arrête à Moret et à Melun, alors qu’en général ils sont sans passeport, on aimerait les faire partir en déduction du contingent déjà formé34. Fontainebleau manifeste le même souhait35.
21Mais au total, même en comptant ces déserteurs dont les administrateurs de Seine-et-Marne rejettent « l’infamie » sur les autres départements, le bilan est mince, numériquement parlant.
22Le problème de l’insoumission, quelque forme qu’elle prenne, risquait d’être plus sensible en Seine-et-Marne. Certes, c’est là une deuxième cause du déficit considéré. Mais l’insoumission déguisée en prétendues maladie ou infirmité est rendue improbable par l’application de la loi du 28 nivôse.
23L’insoumission déclarée existe aussi. L’administration du Canton de Moret se plaint que des jeunes gens soumis en principe à la loi du 28 germinal s’y soustraient à la faveur du canal du Loing, zone déjà sensible sous la Révolution, « que la police sur ce fluide ne s’exerçait pas aussi régulièrement que dans les communes du canton et qu’il fallait que le commandant de la garde nationale exige de tous les mariniers d’exhiber leur passeport36 ».
24En effet, toute une main-d’œuvre « flottante », parfois étrangère au département, pense pouvoir échapper à la conscription avec la complicité de ses employeurs. Elle est parfois dénoncée par les autres conscrits. Si c’est à tort que le 10 floréal des conscrits de Chaumes dénoncent des maçons et des compagnons tisserands – une visite domiciliaire chez leurs patrons prouvent qu’ils n’ont pas l’âge de la conscription37 – en revanche, le lendemain, la gendarmerie découvre, lors de recherches chez un cultivateur, un charretier qui avoue ne s’être pas fait conscrire parce qu’il ignorait la loi et ne l’a apprise que cinq jours auparavant. Il se défend d’être un « homme sans aveu38 ». Mais le fait qu’on trouve chez ce même cultivateur un autre homme qui n’est visiblement pas originaire du département, quoiqu’il n’ait ni passeport ni acte de naissance, et qui refuse de donner des renseignements sur sa personne, en dit long sur la complaisance de certains qui cachaient ces insoumis vraisemblablement en échange d’une baisse de salaire.
25Les mêmes faits ont lieu à Melun. Le 6 floréal, les commissaires choisis par la municipalité de Melun au sein de sa garde nationale, débusquent trois citoyens chez un cabaretier et un quatrième chez un marchand de vin. Ils avouent qu’ils ne sont pas inscrits sur les tableaux de deuxième et troisième classes39. Le lendemain, ce sont les gendarmes qui arrêtent un homme résidant à Melun depuis quelques mois. Il se défend en disant qu’il ignorait la loi du 28 germinal. Un officier municipal rétorque qu’elle a été publiée avec solennité. Abandonnant sa première ligne de défense, le suspect en trouve une seconde. « Il dit qu’il était en route pour se faire inscrire quand un ami qu’il a rencontré lui a dit de ne pas y aller, que, s’il était inscrit, il serait partant à coup sûr40. » Les jours suivants, les officiers municipaux et les gendarmes récupèrent de la sorte neuf hommes. Détail piquant, un des commissaires de la garde nationale nommé pour les aider dans leur tâche se révèle être un insoumis : conscrit de troisième classe, il s’était dispensé de se faire porter sur les tableaux car il était marié depuis deux ans. En fait il vivait avec une femme qui passait pour son épouse. « L’administration considère qu’il a voulu se soustraire à ses obligations41. »
26Toutefois, la lecture des délibérations cantonales ne laisse pas l’impression qu’il s’agit d’un phénomène massif. On peut faire l’hypothèse que le rejet de la seconde levée en Seine-et-Marne s’est traduit par l’utilisation du remplacement. Au lieu de se faire donner des exemptions de complaisance comme lors de la première levée, on se fait remplacer. Malheureusement, l’étude des remplacements ne peut être exhaustive puisque les sources n’existent plus que pour le tiers des cantons. Force est de constater que le quart, le plus souvent le tiers, parfois la moitié des conscrits tirés au sort se fait remplacer.
27Toutes les demandes de remplacement ne sont pas assorties de mentions de profession. On pourrait s’attendre à ce que se vérifie une idée communément admise selon laquelle il faut avoir les moyens de se faire remplacer et que les citoyens pauvres, poussés par des motivations financières, voire la nécessité, se substituent aux citoyens aisés.
28En effet, ce « trafic de chair humaine » se faisait selon des clauses précisées par contrat notarial intitulé en l’an VII « traité sur enrôlement ». Quelques sondages peuvent s’avérer utiles : l’étude Opoix à Donnemarie a conservé six contrats. Les sommes versées en numéraire aux remplaçants varient de cent soixante à huit cent soixante-dix francs42. Il est vrai que ces sommes sont payables en plusieurs termes, ne serait-ce que par crainte que le remplaçant ne déserte immédiatement en empochant la somme complète. Les termes s’étalent sur cinq ans. Les sommes les plus faibles sont complétées par un paiement en nature, boisseaux de blé ou « buchots de méteil bon grain » donnés à la famille de l’enrôlé. Parfois celui-ci est habillé aux frais de celui dont il prend la place.
29Une autre source, les papiers de l’étude melunaise du notaire Lestang, confirme ces premières observations, bien que les sommes versées aux remplaçants soient en moyenne plus élevées, entre quatre cents et six cents francs, le paiement étant ici aussi échelonné sur plusieurs mois, quand ce n’est pas sur plusieurs années43.
30Ces traités d’enrôlement et la liste des professions, lorsqu’elles sont mentionnées, permettent d’observer une situation plus complexe qu’on ne le croit généralement. Certes, quelques conscrits se font remplacer par leurs frères en déclarant qu’ils n’ont pas de fortune ; ils n’achètent donc pas un remplaçant au sens strict du terme. Mais d’autres conscrits qui ont recours à ces tractations financières sont d’origine modeste. Des agriculteurs et des petits propriétaires vignerons se font remplacer au prix d’un lourd endettement. On notera la date tardive de certains contrats datés de messidor an VII. C’est qu’en effet, lorsque le sort était tombé sur des malades ou des inaptes lors du premier tirage, l’administration centrale avait procédé à un second tirage, ainsi l’attestent les délibérations des cantons de Tournan et de Chaumes44. Aussi ceux qui avaient été désignés par le sort lors du second tirage se mirent à leur tour en quête de remplaçants.
31Quoi qu’il en soit, la Seine-et-Marne se classe fort honorablement par rapport à bien d’autres départements. Elle se retrouve dans « le peloton de tête » auquel appartiennent certains départements déjà remarqués lors de la première levée, bien que des distorsions apparaissent dans l’attitude des départements entre les deux levées.
32De toute façon, les résultats de cette seconde levée ne sont guère brillants. Le ministre de la Guerre estime qu’à la date du 15 messidor 47 % des conscrits auraient été incorporés45. À suivre les chiffres donnés par le Département à la fin de messidor – les administrateurs affirment que, sur les mille cinq cent vingt et un hommes partis à coup sûr, une quarantaine a déserté – la Seine-et-Marne en aurait fait incorporer 94 % dans les armées du Directoire. Si l’on s’en tient aux conclusions d’Érik Achorn, on descendrait à 49 %, ce qui lui vaudrait l’honorable place de quatorzième, avant même la Seine-et-Oise46. Hargenvilliers, quant à lui, jauge à 65,1 % le taux d’incorporation des recrues seine-et-marnaises mais toutes les réserves que doivent inspirer ces chiffres ont été développées précédemment.
33Ce pourcentage satisfaisant, voire très important si l’on en croit les autorités du Département, contraste avec l’apathie politique persistante que le commissaire du Département signale encore après une tournée dans les cantons en pluviôse et en ventôse.
« On croit voir ressortir quelques nuances de l’an V ; les revers essuyés par nos armées inspirent à la malveillance un espoir qu’elle ne dissimule pas, le fanatisme commence à se réveiller. Les exagérés font cause commune avec les royalistes, les honnêtes républicains sont découragés. Cependant tout est tranquille et, si la tristesse ou le mécontentement se peignent sur tous les visages, ils ne se seront manifestés d’ailleurs par aucun symptôme alarmant. On ne peut pas dire que le peuple des campagnes préfère le Gouvernement établi à l’Ancien Régime mais il ne fera rien pour le renverser. La tendance qui est le seul obstacle, c’est que soit rétablie la religion dominante47. »
34Les termes d’insouciance et d’apathie reviennent dans les rapports détaillés qu’il établit canton par canton. Elles ne vont pas cependant jusqu’à « la résistance passive ».
35L’attentat de Rastadt, le 9 floréal an VII (28 avril 1799), aurait pourtant provoqué un sursaut. S’il n’a pas eu lieu au moment précis de la levée, il a peut-être facilité le prompt départ des conscrits, c’est ce que redisent dans leurs procès-verbaux et dans leurs adresses aux Cinq-Cents les administrations cantonales, du moins la plupart d’entre elles.
« Vengeance. […] Guerre aux assassins, ce cri dont vous avez fait retentir les murs de votre auguste enceinte a électrisé tous les cœurs français. […] Nous avons, Citoyens Représentants, inspiré vos sentiments à nos jeunes soldats. Un grand nombre s’était rangé sous les drapeaux de la République avant que la voix de la Patrie se fît entendre, ceux que le sort a désignés ont partagé, avec enthousiasme, ce généreux dévouement. Tous sont en présence de l’ennemi48. »
36L’administration municipale de Fontainebleau le répète le 12 prairial. « Citoyens Représentants, que n’avez-vous été témoins du courage et du dévouement patriotique de nos jeunes conscrits, au moment de leur départ ! Le besoin de la vengeance était empreint sur leur physionomie49. » Provins, à son tour, retrace l’événement qu’a été le banquet civique et militaire offert aux jeunes enrôlés, aux portes de la commune :
« La joie et la plus franche gaieté ont présidé à ce festin champêtre et animé le discours de cette belliqueuse jeunesse […] les circonstances du massacre de nos ministres, sans cesse retracées et recueillies toujours avec la même avidité, font briller dans tous les yeux l’ardent désir de venger la Patrie du plus sanglant outrage. Vengeance ! Vengeance ! Ce cri, mille fois répété, a retenti dans les airs et, succédant à tous les chants civiques, est devenu le signal d’un départ que nous ne retenions encore que pour prolonger les délicieuses émotions que la courageuse intrépidité de ces jeunes citoyens fit naître dans tous les cœurs50. »
37En guise d’adresse, Meaux envoie le 25 prairial le procès-verbal de la cérémonie du 12 prairial organisée lors du départ des conscrits. Le 11 prairial, elle est sollicitée par une députation de jeunes gens.
« L’administration pénétrée de reconnaissance et de sensibilité envers l’enthousiasme, le zèle et l’empressement avec lesquels ces jeunes gens se dévouent à la défense de la République, au maintien et à l’affermissement de son gouvernement, arrête à l’unanimité qu’elle se fera un devoir bien doux et bien précieux de rendre un hommage public à des dispositions aussi héroïques et à des sentiments aussi naturels que généreux, qu’en conséquence vingt et un jeunes guerriers seront invités à se rendre demain, sept heures du matin […] ayant à leur tête l’officier chargé de les conduire à leur première destination51 […]. »
38Le 12, le cortège se forme.
« Il a traversé la ville au son d’une musique guerrière. Passant devant une caserne où sont déposés des prisonniers autrichiens, le cortège les a vu se précipiter aux balustrades et fenêtres et les a entendu s’écrier : “Les Français sont inépuisables, rien ne les rebute, il s’en trouve autant et plus qu’on en demande, de bonne volonté et jamais cela ne tarira, ils vont en chercher des nôtres…” Le corps de musique vocale, arrivé devant l’enceinte de Meaux chante trois couplets composés par le citoyen Raoult pour la circonstance. Les voici :
Défenseurs glorieux de notre indépendance,
Partez, jeunes Républicains.
La route de l’honneur s’ouvre à votre vaillance
Et ses palmes sont dans vos mains.
Partez, courez à la Victoire,
Du fer vengeur, armez vos braves.
Le Français est né pour la Gloire
Et la Gloire est dans les combats.
Quelle est cette jeunesse ardente et magnanime
Qui déjà brave les hasards
Et qui, le cœur brûlant du feu le plus sublime,
Sort en chantant de nos remparts ?
Liberté, puissante déesse
Qu’adore un peuple généreux,
Dis-nous, d’où leur vient l’allégresse
Qu’on voit éclater dans leurs yeux ?
Partez, courez à la Victoire
Du fer vengeur, armez vos braves.
Le Français est né pour la Gloire
Et la Gloire est dans les combats.
Ce ne sont plus ici ces soldats sanguinaires
Maîtres de l’orgueil des rois,
Ce sont des citoyens, défenseurs de leurs frères
Qui vont combattre pour nos droits.
Tremble ! Assassin lâche et barbare
De nos trois ministres de paix,
Tremble du sort que te prépare
La juste fureur des Français.
Partez, courez à la victoire
Du fer vengeur, armez vos braves.
Le Français est né pour la Gloire
Et la Gloire est dans les combats52. »
39Si le contingent était déjà parti auparavant, lors de la cérémonie consacrée à Rastadt, on lisait les noms des conscrits en route vers les drapeaux, ainsi à Égreville et à Brie53. Enfin certains conducteurs des conscrits n’hésitaient pas à faire en cours de route le lien entre le sens de l’enrôlement, celui de leur départ, et les luttes politiques, tel le général Cordellier, ancien officier de la Révolution comme beaucoup de ces hommes chargés d’amener les conscrits à Metz et qui en quelque sorte jetaient une passerelle entre les levées de la Révolution et celles du Directoire.
« Gloire vous soit rendue, vous venez encore une fois de sauver la République en reprenant l’énergie mâle du véritable républicain. Les jeunes conscrits que je suis chargé de conduire sous les drapeaux de la liberté ont applaudi avec leurs chefs aux mesures que vous crûtes devoir prendre dans les circonstances dangereuses où trois membres du Directoire ont mis la République54. »
40Le ton un peu particulier de cette adresse s’explique parce qu’elle est envoyée après le coup d’état de Prairial, bien qu’elle parle de la seconde levée, et c’est à ce titre qu’elle est maintenant mentionnée. Elle se poursuit par une véritable diatribe, d’une part contre le triumvirat et les dilapidateurs de grandes fortunes auxquels Cordellier souhaite l’échafaud, d’autre part contre La Révellière-Lepeaux55 en particulier, dont il fait le bouc émissaire de tous ses malheurs personnels. Cordellier56 se prétend proscrit depuis cinq ans, obligé d’aliéner une partie des biens de sa femme et serait allé « mendier du pain » près de La Révellière-Lépeaux, selon les termes de son adresse. Celui-ci, pour toute réponse, l’aurait envoyé à l’armée d’Orient. Rien dans la carrière de Cordellier ne correspond à ce dernier épisode qui semble avoir été inventé par l’intéressé lui-même pour noircir le directeur devenu une des cibles des partisans du coup d’état de Prairial.
41Pour conclure, il faut faire la part de l’embellissement officiel et tempérer l’impression indéniable de succès que laisse la seconde levée par une remarque prosaïque. Le remplacement a joué le rôle de soupape de sûreté et a quelque peu masqué le refus de la conscription. Payer un remplaçant pouvait être en fait un moyen détourné de refuser celle-ci, refus qui n’est pas perceptible au niveau des effectifs, celui-ci laissant au contraire l’image d’une levée réussie. Réussite toute relative qui ne s’accompagne pas d’enthousiasme mais d’acceptation résignée, si l’on en juge par la lettre qu’écrit à son fils aîné, un père de famille, maçon au Châtelet, au sujet de ses cadets susceptibles d’être conscrits :
« Le 24 floréal an VII
Mon cher fils
Comme ton frère se trouve dans la deuxième classe de la conscription, le sort l’a rangé dans le nombre de ceux qui doivent incessamment partir pour la défense de la patrie ; à la réception de la présente, peut-être l’aura-t-on forcé de partir mais, s’il ne l’était pas, je te prie d’engager ton frère le plus jeune à partir avec lui, tous deux ils pourront se soulager et, si le plus vieux partait seul, il est trop simple et trop timide pour ne pas être malheureux.
Je crois que le plus jeune lui est assez attaché pour ne pas se refuser à le suivre, il aurait d’autant plus tort puisque d’environ [sic] six mois il sera peut-être lui-même forcé de partir.
Dans tous les cas, je te prie de me faire passer incessamment un certificat visé par le Département qui constate qu’au moins l’aîné est réellement parti.
Si je ne pouvais en justifier bientôt, je me verrais consumé de frais, faute de le représenter57. »
Notes de bas de page
1 Arch. nat., AD XVIII B, Conseil des Anciens, tome 227, 28 germinal an VII.
2 Gustave Vallée, La conscription…, op. cit., p. 53.
3 Arch. nat., AD XIX G4, Journal militaire, 30 germinal an VII.
4 Arch. dép., L 88, Délibérations de l’administration centrale du Département, 3 floréal an VII.
5 Ibid., L 1407, Délibérations de l’administration cantonale de Château-Landon, 8 floréal an VII.
6 Ibid., L 88, Délibérations de l’administration centrale du Département, 13 floréal an VII.
7 Ibid., L 1438, Délibérations de l’administration cantonale de Moret, 6 floréal an VII ; L 1427, délibérations de l’administration cantonale de Melun, 7 floréal an VII ; L 1420, délibérations de l’administration cantonale de Fontainebleau, 9 floréal an VII ; L 1456, Délibérations de l’administration cantonale de Perthes, 9 floréal an VII ; L 1404 ; Délibérations de l’administration cantonale de La Chapelle, 10 floréal an VII ; L 1416 ; Délibérations de l’administration cantonale d’Égreville, 12 floréal an VII.
8 Ibid., L 88, Délibérations de l’administration centrale du Département, 12 au 23 floréal an VII.
9 Ibid., L 1458, Délibérations de l’administration cantonale de Voulx, 15 floréal an VII.
10 Ibid., L 1394, Délibérations de l’administration cantonale de Beaumont, 8 floréal an VII.
11 Ibid., L 1404, Délibérations de l’administration cantonale de La Chapelle, 9 floréal an VII.
12 Ibid., L 1401, Délibérations de l’administration cantonale de Brie, 24 floréal an VII.
13 Ibid., L 1407, Délibérations de l’administration cantonale de Château-Landon, 14 prairial an VII.
14 Ibid., L 1416, Délibérations de l’administration cantonale d’Égreville, 15 prairial an VII.
15 Arch. nat., AF IV 1121.
16 Arch. dép., L 89, Délibérations de l’administration centrale du Département, 27 messidor an VII.
17 Arch. nat., C 459 16, Adresse des administrateurs du Département de Seine-et-Marne aux Cinq-Cents, 21 prairial an VII.
18 Ibid., F1c III Seine-et-Marne 6, suite du rapport, 17 floréal an VII.
19 Ibid., Neuvième rapport du ministre de l’Intérieur, messidor an VII.
20 Gustave Vallée, La conscription…, op. cit., voir en particulier le chapitre v.
21 Arch. dép., L 416-13, Lettre du commandant du 1er détachement de conscrits du reste de la première classe aux administrateurs du Département, 20 floréal an VII.
22 Ibid., L 416-16, Lettre du commandant du 1er détachement de conscrits du reste de la première classe aux administrateurs du département, 1er prairial an VII.
23 Ibid., L 416-17, Billet d’un gendarme de Sainte-Menehould, 10 prairial an VII.
24 Ibid., L 416-19 et L 416-20, Lettres du commandant de la 66e demi-brigade, 25 prairial an VII.
25 Ibid., L 416-21, Lettre du commandant du 16e détachement de conscrits aux administrateurs de Seine-et-Marne, 14 thermidor an VII.
26 Ibid., L 416-26 à 28, Certificat des administrateurs de Seine-et-Marne, 13 fructidor an VII.
27 Arch. nat., F1c III, Seine-et-Marne 6, Neuvième rapport…, messidor an VII…, op. cit.
28 Ibid., AF IV 1123.
29 Arch. dép., L 88, Délibérations de l’administration centrale du Département, 18 floréal an VII.
30 Ibid.
31 Ibid., L 89, Délibérations de l’administration centrale du Département, 3 messidor an VII.
32 Ibid., L 1435, Lettre au commissaire près du Canton du Châtelet, 14 prairial an VII.
33 Ibid., L 1438, Délibérations de l’administration cantonale de Moret, 25 floréal an VII.
34 Ibid., 7 floréal an VII, L 1427, Délibérations de l’administration cantonale de Melun, 12 floréal an VII.
35 Ibid., L 414-144, Lettre des administrateurs municipaux de la commune de Fontainebleau aux administrateurs du Département, 9 messidor an VII.
36 Ibid., L 1438, Délibérations de l’administration cantonale de Moret, 7 floréal an VII.
37 Archives municipales de Chaumes, D, Délibérations municipales, 10 floréal an VII.
38 Ibid., 11 floréal an VII.
39 Archives municipales de Melun, IDI 8, Délibérations municipales, 6 floréal an VII.
40 Ibid., 7 floréal an VII.
41 Ibid., 8 floréal an VII.
42 Arch. dép., 86 E 22, Étude Opoix, an VII, an VIII et an IX.
43 Minutes de l’Étude Lestang de Melun conservées par maître Charrier, an VII et an VIII.
44 Archives municipales de Tournan, D, Correspondance, circulaire de la municipalité aux conscrits, 8 messidor an VII.
45 D’après les calculs que nous avons refaits à partir des chiffres qu’il fournit. Voir Érik Achorn, « La conscription de l’an VII… », op. cit., p. 345. Érik Achorn, plus pessimiste, évalue l’apport réel à l’armée à 36 %. Gustave Vallée le rejoint à peu près. S’il pense que 55 % des hommes qui auraient dû partir l’ont fait effectivement, il estime à 38 % les incorporations. Gustave Vallée, La conscription…, op. cit., p. 71, note 114.
46 Érik Achorn, « La conscription de l’an VII… », op. cit. Michel Auslender aboutit à la conclusion inverse, la Seine-et-Oise ayant incorporé selon lui 51 % de ses hommes. Michel Auslender, L’effort de guerre du Directoire à la fin de l’Empire…, op. cit.
47 Arch. nat., F1c III Seine-et-Marne 6, Neuvième rapport… germinal an VII…, op. cit.
48 Ibid., C 459 14, Adresse de l’administration municipale de Melun aux députés des Cinq-Cents, 3 prairial an VII.
49 Ibid., C 459 15, Adresse de l’administration municipale de Fontainebleau aux députés des Cinq-Cents, 12 prairial an VII.
50 Ibid., C 459 16, Adresse des administrateurs municipaux de Provins et du Canton rural extra muros, s. d.
51 Ibid., C 461 29, Adresse de la commune de Meaux aux députés des Cinq-Cents, 25 prairial an VII.
52 Ibid.
53 Archives dép., L 1416, Délibérations de l’administration cantonale d’Égreville, 15 prairial an VII ; L 1401, Délibérations de l’administration cantonale de Brie, 15 prairial an VII.
54 Arch. nat., C 685, Lettre de Cordellier, général de division commandant le 13e détachement des conscrits de Seine-et-Marne, 5 messidor an VII.
55 Louis Marie de La Revellière-Lepeaux (1753-1824), élu à la Constituante puis à la Convention. Devient l’un des cinq Directeurs le 9 brumaire an IV (30 octobre 1795). Il se montre très favorable au coup d’état de Fructidor mais est aussi l’un des initiateurs de la loi du 22 floréal an VI. Le coup d’état du 30 prairial an VII le force à démissionner.
56 Étienne Jean Delanoue Cordellier est fils d’un notaire de Faremoutiers qui devient en 1790 membre de l’administration départementale de Seine-et-Marne. Lui-même a servi dans l’armée royale de 1785 à 1788. Capitaine de la garde nationale de Faremoutiers, il est élu capitaine du second bataillon des volontaires de Seine-et-Marne en 1791 à l’âge de 24 ans. Lieutenant-colonel en second en avril 1792, il est lieutenant-colonel en premier en mai 1793. Général de brigade le 3 septembre 1793, il est employé dans l’armée des Ardennes. Il devient général de division le 1er octobre et combat à Wattignies. Envoyé dans l’armée de l’Ouest, il combat à Cholet mais est suspendu de ses fonctions en mai 1794 et emprisonné. Amnistié, il est relevé de sa suspension en juillet 1795 puis autorisé à prendre sa retraite le 15 novembre 1797. Le 11 juillet 1799, il rentre dans le service actif et est envoyé à l’armée d’Helvétie. Réformé en 1800, admis à la retraite en 1812, il organise une des levées de 1813 dans la Marne. Voir Annie Crépin, La Révolution et l’armée nouvelle…, op. cit., p. 87-88.
57 Arch. dép., L 414-55, Lettre d’un père à son fils au sujet de son autre fils, conscrit.
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