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La foi dans le siècle

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Stéphane Tison
, 
Hervé Guillemain
, 
Nadine Vivier

Troisième sous-partie. Spiritualité et culture des corps

Les conflits internationaux dans le vitrail en Sarthe : une œuvre commémorative ?

Karine Bergeot

Texte intégral

1Art de transparence et de lumière, le vitrail est d’abord image, image spirituelle ou civile dont il faut analyser et comprendre le message : le vitrail est donc, parmi d’autres, un témoin des sensibilités d’une époque.

  • 1 Françoise Gatouillat, « Les vitraux du XIXe siècle, problématiques de sauvegarde », in Regards sur (...)

2Les vitraux forment un extraordinaire et inépuisable répertoire d’images, depuis le XIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. Les choix qui furent alors faits de ces images forment un immense champ d’étude, dont une partie échappe encore. Elles permettent de saisir des moments majeurs de l’histoire religieuse ou civile et nous parlent en même temps des communautés qui en étaient les usagères, contribuant ainsi à écrire l’histoire des mentalités. Les questions iconographiques occupent une place fondamentale dans le patrimoine local : c’est là que se manifeste tout spécialement l’adéquation entre l’objet à vocation culturelle et ceux pour lesquels il a été conçu1. Le vitrail devint en effet au fil des années, bien qu’en nette régression aux XVIIe et XVIIIe siècles, le support privilégié de sujets qui ne peuvent être compris que dans le contexte d’une histoire précise.

  • 2 Inventaire exhaustif des vitraux civils et religieux dans les bâtiments publics et privés de la Sa (...)

3Pourquoi traiter des conflits internationaux dans le vitrail, à partir d’exemples puisés dans les églises sarthoises ? En Sarthe, trente-sept édifices religieux2 (soit une église sur dix) conservent une ou plusieurs verrières traitant de la guerre de Cent Ans, des guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945, alors que lors de ces quatre conflits, le département a plutôt été épargné matériellement, les pertes humaines étant les plus importantes pendant la Grande Guerre.

4Le vitrail est-il un support privilégié pour mettre en scène des épisodes d’un conflit ou ce qui est conséquence de ce conflit ? En ce sens, peut-il être une œuvre commémorative ? Le vitrail étant un art de commande, quelle est l’implication des artistes et verriers dans la réalisation de ces vitraux ? Qui étaient les commanditaires ? Avaient-ils un lien direct avec l’image présentée sur le vitrail ? Ces images de verres, comment sont-elles perçues aujourd’hui ?

5J’évoquerai uniquement les vitraux conservés dans les églises de la Sarthe, et plus particulièrement ceux qui traitent des conflits et ceux qui ont été réalisés pendant ces affrontements et non ceux qui ont été conçus pour des églises bombardées pendant les guerres, quoique peu nombreuses en Sarthe, et dont les scènes n’évoquent aucunement ces guerres. Cette étude sera présentée de manière chronologique.

La guerre de Cent ans

  • 3 M. Bouttier,, La cathédrale du Mans, Le Mans, Editions de la Reinette, 2000.

6Concernant la guerre de Cent Ans, bel exemple que celui de la baie 217 de la cathédrale Saint-Julien du Mans… En 1392, le roi Charles VI fit un don pour la reconstruction du bras nord du transept de l’édifice. En expédition vers la Bretagne, il fut pris de folie en traversant la forêt de l’Augonay. Le roi s’intéressa à la cathédrale dont on achevait le bras sud du transept et, de retour à Paris, il offrit des terres parce que : « […] voulons et ordonnons, pour la grande et spéciale dévotion que nous avons à monsieur saint Julian, que pour faire la croisée de l’église, soit baillés et délivrés dix-mil francs que nous y donnons3 ».

7La somme était importante et permit de maintenir l’activité du chantier. Le don royal et les nombreuses contributions permirent à l’évêque Adam Chastelain de bénir la première pierre en 1403.

  • 4 L. Grodecki, Congrès Archéologique de France. Maine, 1961, p. 95-99.
  • 5 J.-B. de Vaivre, « Datation des vitraux du bras nord du transept de la cathédrale Saint-Julien du (...)
  • 6 F. Gatouillat, « Les vitraux du bras nord du transept de la cathédrale du Mans et les relations fr (...)
  • 7 P. Renouard, Essai historique sur la ci-devant Province du Maine, Le Mans, 1811, t. 1, p. 301.
  • 8 Ibid.

8Dans ce transept nord, la baie 217 (17 m x 7 m) est composée de 8 lancettes trilobées (3 registres) surmontées de la grande rose à vingt-quatre rayons trilobés. Ce vitrail est consacré au Couronnement de la Vierge, au Jugement dernier et, dans les lancettes, à un Credo apostolique complété par trois saints. Au soubassement, agenouillés devant des draps d’honneur galonnés de curieux caractères et, parfois des lys de France, sont alignés huit donateurs qui ont pu être identifiés grâce à leurs armes, parmi lesquels des membres de la dynastie d’Anjou et deux prélats liés à l’histoire de l’Église du Mans. Comme le stipulait Louis Grodecki4, le montage actuel du registre inférieur ne répond plus au programme primitif. Les trois grandes fenêtres latérales du bras nord ont, comme la rose, chacune huit lancettes. Leurs verrières répondaient à un programme concerté : les donateurs, à l’origine trente-deux, étaient agenouillés au registre inférieur. Par exemple, à l’emplacement du chanoine situé sur l’actuelle lancette A, se voyait autrefois, Jean Fitz Alan, comte d’Arundel, « lieutenant du roi d’Angleterre et du duc de Bedford pour la guerre de France5 ». La donation du comte d’Arundel ne fut pas une initiative isolée ; les chefs de l’occupation anglaise ont contribué à cette œuvre en y faisant placer leurs portraits6. Par ailleurs, côté français, Renouard7 avait reconnu Bertrand du Guesclin, dont le portrait était encore conservé au début du XIXe siècle : « On voit la figure de Duguesclin sur un des vitraux de l’église Saint-Julien au-dessus des fonts baptismaux. Ce connétable est représenté mains jointes. Sur son manteau sont peintes ses armoiries, d’argent à l’aigle déployée de sable8. »

  • 9 N. Reynaud, Les manuscrits à peinture en France, catalogue d’exposition de la BNF, 1993, p. 106-10 (...)

9Le cartonnier de la plupart des portraits princiers a été reconnu par Reynaud9 comme peintre actif à Angers ou plus vraisemblablement au Mans, où il pourrait avoir été présent au cours de la troisième décennie du XVe siècle. Il est désigné sous le nom de Maître de Barthélémy l’Anglais.

  • 10 F. Gatouillat, op. cit, ibid.
  • 11 Idem., « L’épiphanie de la gloire de Valois : le vitrail au service de la propagande royale », XXII (...)

10L’argument selon lequel l’occupation du Maine par les Anglais, du 10 août 1425 au 16 mars 1448, constituait un contexte défavorable à la mise en place de vitraux explicitement offerts par les ducs d’Anjou a été développé par plusieurs auteurs, qui ont de ce fait proposé pour les panneaux subsistants une datation très haute ou relativement basse10. Mais la présence du roi parmi les donateurs de la rose ne met-elle pas en évidence le fait que le vitrail fut utilisé ici comme un support de propagande, propre à proclamer sa légitimité11 ? Comme l’avaient proposé Louis Grodecki et Jean Lafond, on peut penser que les verrières ont été produites autour de 1435, ce qui s’accorde au mieux avec la facture des panneaux subsistants. Dans ce cas, il est important de mettre en évidence que, quinze ans avant la fin de la guerre de Cent Ans, les ennemis séculaires ont été capables de contribuer collectivement à un grand projet artistique.

11Après les périodes fastes du Moyen Âge et de la Renaissance, le vitrail connaît au XVIIe et au XVIIIe siècles un cruel déclin lié à la situation économique de l’époque, au triomphe de l’architecture classique et à un goût nouveau pour la clarté. Lors des premières décennies du XIXe siècle, la conjonction du renouveau de la foi catholique, de l’essor démographique et de la redécouverte du Moyen-Âge, favorise la renaissance du vitrail. En 1831, paraît, par exemple, l’ouvrage de Victor Hugo sur Notre-Dame de Paris qui focalise l’attention du public sur cette période de l’histoire. Dans des édifices agrandis ou reconstruits, de nombreux vitraux ont été installés dans le Haut-Maine.

12Le vitrail de cette époque a repris les anciens thèmes et en a actualisé certains. Il s’est aussi enrichi de nouvelles images en relation avec la symbolique, devenue alors fort prisée ou en rapport avec des faits religieux ou historiques contemporains à l’instar de la guerre de 1870-1871.

La guerre de 1870-1871

13La guerre de 1870-1871 est représentée dans cinq églises sarthoises, de deux manières bien distinctes.

  • 12 Archives Départementales de la Sarthe (2 O 396).
  • 13 Albert Echivard (Le Mans, 20 avril 1866 – Le Mans, avril 1939). Il fut élève du peintre-verrier Fe (...)

14Dans l’église Saint-Germain d’Yvré-l’Evêque, située à quelques kilomètres du plateau d’Auvours, un ensemble de vitraux illustrent un épisode de ce conflit. L’actuelle église a été reconstruite en 1879. Pour la compléter, l’abbé Duval, curé d’Yvré-l’Evêque, décide d’y ajouter une chapelle, grâce à la générosité des zouaves et de leurs amis. La chapelle est construite à l’emplacement de l’ancienne sacristie criblée de balles et d’obus le 11 janvier 187112. C’est dans la nuit qui précéda le combat que vinrent se confesser les Volontaires de l’Ouest du premier bataillon. Les travaux dirigés par l’architecte Pascal Vérité débutèrent en 1914. Trois vitraux, réalisés par Albert Echivard13 en 1914, présentent les principaux combattants (les capitaines de Bellevue, Belon et Dubourg, le sergent Vaubernier et le soldat Bernard du Port) tombés le 11 janvier 1871 au plateau d’Auvours, vêtus de l’habit gris bleu des Volontaires de l’Ouest. Le portrait du capitaine de Bellevue a été peint d’après un tableau de Lionel Royer représentant ce soldat pendant le cours de la reprise du plateau. Dans le médaillon 1 de la baie 8, a été reproduit l’épisode au cours duquel l’abbé Fouqueray qui, voyant tomber le capitaine de Bellevue et souhaitant le secourir, est mortellement frappé par une balle. Dans un décor de neige, on distingue à l’horizon, le village et le clocher de l’église d’Yvré-l’Evêque.

  • 14 Père Bresciani, L’Épopée des zouaves pontificaux, Casterman, [s.d.] ; J. Guenel, La dernière guerr (...)

15La guerre franco-allemande de 187014 a provoqué le retrait des troupes françaises et l’invasion de ce qui reste des États pontificaux par une armée italienne de 70 000 hommes sous le commandement du général Cadorna. En face, les effectifs pontificaux ne dépassent pas 13 000 hommes dont 3 000 zouaves. Suite au licenciement des zouaves et de retour de Rome, le Capitaine de Charette propose ses services au gouvernement de la Défense nationale qui l’autorise à fonder un corps franc en lui laissant toute liberté et l’uniforme de zouave mais à condition de changer le nom en Légion des volontaires de l’Ouest. Et d’affirmer : « Le Sacré-Cœur, c’est sous ces insignes que nos ancêtres ont défendu leurs croyances. Il est notre légende, car c’est grâce à cet amour des sacrifices dont le Sacré-Cœur est l’emblème le plus sublime que nous avons eu le bonheur de répandre notre sang pour Dieu. »

16Le 11 janvier 1871, les zouaves, avec à leur tête le général Gougeard, parviennent à reprendre aux Prussiens le plateau d’Auvours. Le 28 mai, la légion des zouaves est consacrée au Sacré-Cœur de Jésus et, la guerre étant terminée, les bataillons sont dissous le 13 août.

  • 15 Religieuse visitandine (1647-1690) qui, à la suite de révélations en 1673 au couvent de Paray-le-M (...)

17Sur les verrières conservées dans les églises sarthoises, la représentation de la guerre de 1870-1871 est, à l’exception de l’ensemble d’Yvré-l’Évêque, toujours associée à l’Apparition du Christ au Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacocque15.

18Néanmoins, l’Apparition du Christ au Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacocque est très rarement liée à ce conflit et fait partie des sujets très prisés par les commanditaires de vitraux au XIXe siècle, au même titre que les apparitions mariales, contemporaines de ce siècle, telles que la Vierge de Lourdes qui est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, la Vierge de la Salette, à Mélanie Calvat et Maximim Giraud en 1846 ou encore Notre-Dame de Pontmain, apparue à un groupe d’enfants en 1871.

  • 16 Ferdinand Hucher (décédé en 1906). Fils d’Eugène Hucher (1814-1889) ; fonctionnaire de l’administr (...)
  • 17 Les recherches concernant la donatrice sont en cours.

19Le vitrail de la baie 1 de l’église de Bousse figure cette apparition dans un médaillon placé sur un fond de grisaille décorative. Avec son traditionnel nimbe crucifère et son manteau rouge, le Christ montre, de son index gauche, son « Sacré-Cœur ». Agenouillée et de profil droit, Marguerite-Marie est habillée avec la tenue des visitandines. Dans les nuées, quatre anges portent un phylactère sur lequel est inscrit : « Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes. » À l’arrière-plan, traitée comme une photographie en noir et blanc, une scène représente un zouave en train de mourir, tenant une bannière sur laquelle figure le Sacré-Cœur de Jésus. Son fusil est au sol, à proximité de trois cadavres. Cette séquence prend place au milieu de champs dévastés par la guerre. Le vitrail a été réalisé par Ferdinand Hucher16 en 1903. L’année précédente, ce même peintre-verrier a honoré la commande d’un vitrail similaire pour la baie 3 de l’église de Chahaignes, avec la mention « À la mémoire de Mr et Mme Poussin Edeline 1896-1902 ». M. Poussin avait combattu lors de ce conflit. Des éléments supplémentaires y ont été peints : le globe terrestre sur lequel est inscrit « France » puis le monument parisien du Sacré-Cœur. Comme sur la verrière décrite ci-dessus, une scène est peinte à l’arrière-plan, cette fois-ci en couleur, et montre un zouave en train de mourir, tenant une bannière « Cœur de Jésus. Sauvez la France ». Pour la baie occidentale de l’église de Requeil et pour la baie 9 de l’église d’Aubigné-Racan, Hucher a très certainement utilisé le même carton que pour l’église de Chahaignes, les trois vitraux étant strictement identiques. Dans la partie basse de l’église de Requeil, y est indiqué : « Don de mesdames Touchard, Maudoux et Martineau », trois veuves de soldats morts pendant cette guerre. À Aubigné-Racan, est inscrit : « Don de Mme C. J.17 ».

Les vitraux du premier XXe siècle : une forte présence de Jeanne d’Arc

20Après les désastres de 1870, Jeanne d’Arc devient le symbole de la libération de la patrie. Béatifiée par Pie X en 1909, elle n’a cependant été canonisée par le pape Benoît XV que le 16 mai 1920. À partir de cette date, de nombreuses églises lui ont été consacrées. Au Mans, la salle des malades de la Maison-Dieu de Coëffort est devenue l’église Sainte-Jeanne-d’Arc.

  • 18 P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Éditions Gallimard, 1997.

21Tous les auteurs qui se sont intéressés à la postérité de Jeanne d’Arc ont été frappés par le contraste qui oppose les siècles de l’oubli ou de l’inattention (XVIe-XVIIIe siècles) aux siècles de la remémoration active (XIXe et XXe siècles)18.

  • 19 Sujet traité ci-dessous.
  • 20 Baie 4, 1893, G. P Dagrant, Bordeaux, vitrail inscrit M.H. 14 juin 1991.
  • 21 Baie 6, 1923, G. Merklen, Angers.
  • 22 Baie 7, 1928, G. Décôte et C. Blanchion, Lyon.
  • 23 Baie 2, 1933, A. Bessac, Grenoble.
  • 24 Baie 3, lancette A, 1886, Küchelbecker et Jacquier, Le Mans. Maurice Küchelbecker est le fils de C (...)
  • 25 Baie 14, dernier quart XIXe siècle, offert par Mme Chapon.
  • 26 Baie 12, lancette B, 1927, Dagrant, Bordeaux.
  • 27 Baie 6, 1903, F. Hucher, Le Mans, offert par la famille de Vienney.

22Le souvenir de la « sainte de la patrie » a été diffusé de maintes façons. Par l’intermédiaire du vitrail, excepté dans les scènes traitant de la guerre 1914-191819, elle est représentée en bergère, entendant les voix sur les vitraux des églises de Saint-Pierre-du-Loroüer20, Clermont-Créans21, Juigné-sur-Sarthe22, Souligné-sous-Ballon23. Elle est figurée avec l’armure, l’épée et la bannière sur les verrières des édifices d’Ecommoy24, Fay25, Noyen-sur-Sarthe26, Saint-Christophe-du-Jambet27 et sur la baie 121 (lancette A) de la basilique Notre-Dame de Vion. Sur la baie 5 de l’église d’Épineu-le-Chevreuil, elle est représentée sur le bûcher (mai 1931, Alleaume, Laval), offert par les paroissiens pour le Ve centenaire de son martyre. Dans l’église de Coulans-sur-Gée, elle est figurée sur les baies 8 et 10. Sur la première, réalisée par l’atelier chartrain Campin, en 1945-1946, elle est aux côtés de saint Michel et saint Louis. Sur la baie 10, exécutée par Ferdinand Hucher dans les années 1890, est inscrit : « Comment Martin Berruyer évêque du Mans, ancien curé de Coulans, hâta par ses écrits la solennelle réhabilitation de Jeanne d’Arc, à Rouen le 7 juillet 1456. Brûlée vive à Rouen en 1431, Jeanne d’Arc a été réhabilitée dès 1456, grâce en partie aux écrits de Martin Berruyer. »

  • 28 P. Nora, Les lieux de mémoire, op. cit.
  • 29 Vitraux des églises de Saint-Pierre-du-Loroüer et de Douillet-le-Joly.

23L’évocation de Jeanne d’Arc au XXe siècle est rarement désintéressée. Tandis que la recherche historique a multiplié les nouveaux travaux sur l’héroïne lorraine et son époque, les hommes d’État et les partis ont utilisé son souvenir à une double fin : l’union des Français ou, au contraire, l’affirmation partisane28. Sur deux vitraux29, représentée en bergère, Jeanne d’Arc est vêtue d’une robe « bleu-blanc-rouge ».

  • 30 Maréchal Foch, M. Barrès, Jeanne d’Arc, Paris, 1929.

24Maurice Barrès dépose en décembre 1914 une proposition de loi ayant pour objet l’institution d’une fête nationale de Jeanne d’Arc. Il écrit dans ses « Notes inédites » : « Son culte est né avec la patrie envahie ; elle est l’incarnation de la résistance contre l’étranger30. »

25La guerre de 1914-1918 a été l’événement propice pour rendre un hommage unanime à l’étendard de la Pucelle.

  • 31 S. Arrondeau, « Quelques verrières sarthoises du XXe siècle », in Revue Historique et Archéologiqu (...)
  • 32 S. Tison, « Albert et Maxime Echivard, Histoire d’un deuil de guerre 1914-1939 », in Revue Histori (...)

26Second formidable exemple puisé dans la cathédrale Saint-Julien du Mans, celui des 5 vitraux consacrés à la sainte dans la chapelle Sainte-Jeanne-d’Arc. Cette création correspond à un vœu de l’évêque du Mans, Mgr de La Porte, dont le souhait était de dédier une des chapelles de l’édifice manceau à la Pucelle si la ville était épargnée par les affres de la Première Guerre Mondiale. La cité le fut relativement et l’évêque tint parole. Ce fut cependant son successeur, Mgr Grente, qui honora cette promesse31. La chapelle de la cathédrale fut inaugurée en 1929. Les cinq vitraux, réalisés par Henry Morin, Julien Chappée et Albert Echivard sont innovants dans leur conception, tout particulièrement en ce qui concerne le sens de lecture, qui se fait ici de haut en bas pour la baie d’axe : saint Michel apparaissant à Jeanne d’Arc, Jeanne d’Arc devant Charles VII à Chinon, la chevauchée de Jeanne d’Arc vers Orléans, l’entrée de Jeanne d’Arc dans Orléans, le sacre de Charles VII à Reims, le procès de Jeanne d’Arc et Jeanne d’Arc sur le bûcher. La lecture est également continue d’une baie à l’autre, avec la chevauchée de la sainte. Au milieu de celle-ci, on peut déceler la présence de deux soldats de la Première Guerre Mondiale. Sur la baie 60, est représenté le porte-drapeau du 117e Régiment d’Infanterie basé au Mans. Hormis le contexte de la guerre qui fut un traumatisme pour les Français en règle générale, elle est vécue comme un drame personnel pour le verrier qui a réalisé ces 5 vitraux, Albert Echivard, qui a perdu son fils, Maxime, pendant ce conflit. Ce dernier, promis à une belle carrière de verrier, fut, dès le début de la guerre, engagé volontaire au sein de ce fameux 117e RI et disparut au combat en octobre 191432. D’ailleurs, dans le panneau inférieur de la baie 66, le portrait de Maxime est représenté dans une rondelle aux côtés de son père, Albert et d’Henry Morin ; manque celui de Julien Chappée, dont l’emplacement existe encore.

  • 33 S. Tison, Ibid.
  • 34 Conservé au Musée de Tessé au Mans.
  • 35 S. Tison, op. cit., p. 201.

27Maxime Echivard vient d’avoir 22 ans lorsqu’il tombe près de Goyencourt dans la Somme, le 2 octobre 1914. Pour le seul 117e RI, 3 officiers et 600 hommes (tués, blessés et disparus) parmi lesquels le sergent Echivard sont tombés33. Sur les traces de son père, il avait commencé avant guerre à créer des vitraux, dont La Dame à la rose34 et participé à la restauration de la grande rose de la baie 217 de la cathédrale du Mans. Si Stéphane Tison35 explique que la Vierge de la chapelle Notre-Dame-de-Liesse à Goyencourt est inspirée de Renée Adélaïde Louise Borgeais, sur les vitraux commémoratifs des églises sarthoises de Crannes-en-Champagne (baie 5), Villaines-la-Gonais (baie 6), Rouez-en-Champagne (baie 6), cette même personne est représentée sous les traits de Jeanne d’Arc, aux côtés d’un poilu qui pourrait être Maxime Echivard. Renée Adélaïde Marie Louise Borgeais était la fiancée de Maxime et devint, le 8 décembre 1917, la femme d’Albert Echivard, divorcé depuis avril 1914 de la mère de Maxime, Marie-Augustine Aubin.

  • 36 Je ne l’ai pas développé au cours de ce travail mais saint Michel est très souvent associé à l’ico (...)

28Au total, quarante-et-un vitraux traitant directement du premier conflit mondial sont répartis dans quinze églises sarthoises. Excepté ceux qui viennent d’être cités, en s’attardant sur l’iconographie de Jeanne d’Arc, on peut citer les six médaillons évoquant la sainte réalisés par Henry Morin, Julien Chappée et Albert Echivard pour la baie 6 de l’église de Crannes-en-Champagne, la baie occidentale de l’église de Douillet-le-Joly, avec mention dans la partie basse de la verrière : « Ce vitrail a été offert par la paroisse en souvenir de ses enfants tombés pour la patrie pendant la guerre de 1914. » Ce vitrail est inspiré de la peinture (1889) de Lenepveu conservée au Panthéon. Sur la baie 6 de l’église de Saint-Ouen-de-Mimbrée, Charles Lorin, un verrier chartrain, a exécuté en 1930, saint Michel36 (dans les registres supérieurs) avec une scène de guerre dans la partie basse. Canonisée par le pape Benoît XV le 16 mai 1920, elle n’est auréolée sur les vitraux qu’à partir de cette date.

29Si Jeanne d’Arc est largement représentée, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, en tant que patronne des soldats, l’est également (dans une moindre mesure) sur les baies 11 et 12, respectivement des églises de Souligné-sous-Ballon et Beaumont-sur-Sarthe. A Souligné-sous-Ballon, sont inscrits : « Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus protégez la France » ainsi que la liste des soldats morts pendant cette guerre.

30Les morts de Saint-Jean-d’Assé sont mentionnés sur les baies 1 et 2 de l’église, respectivement sur les vitraux dédiés à saint Pierre et saint Julien, avec la mention « Pour la France. Morts aux champs d’honneur 1914-1916 ».

  • 37 Une d’entre elles a déjà été mentionnée ci-dessus, réalisée par Albert Echivard en 1920 et traitan (...)

31Les églises de Rouez-en-Champagne et Crissé conservent chacune 1537 et 10 baies traitant directement de cette guerre. Ces deux édifices sont proches géographiquement et les vitraux ont été exécutés sur le même principe, par le même verrier installé à Paris, Charles Champigneulle, en 1921 pour Rouez et l’année suivante pour Crissé. Chaque vitrail figure un saint personnage en pied placé sous un dais architecturé et dans le registre inférieur, un cartouche indique « En souvenir de […] mort au champ d’honneur » ou « Don des familles […] ». Les saints personnages représentés sont toujours les saints patrons des soldats morts à la guerre, et les commanditaires, les veuves ou familles de ces combattants, en collaboration avec l’affectataire, pour la cohérence iconographique.

32Concernant ce premier conflit mondial, on peut encore citer la baie d’axe de l’église de Sougé-le-Ganelon et la baie 4 de celle de Saint-Georges-le-Gaultier. Ces deux édifices, proches géographiquement, abritent des vitraux identiques réalisés à une année d’intervalle (1918 pour Sougé-le-Ganelon et 1919 pour Saint-Georges-le-Gaultier). Ils ont tous les deux été exécutés par un peintre-verrier parisien, G. Léglise, qui, en Sarthe, n’a travaillé que dans ces deux bâtiments religieux. Ces baies figurent, toutes les deux, le Christ du Sacré-Cœur qui accueille la prière des victimes de la guerre 1914-18.

33Sur la baie d’axe de l’église d’Allonnes, Albert Echivard a réalisé en 1928, le buste de saint Martin, patron de l’église, et, dans le registre inférieur de la verrière, un calvaire avec indication de la guerre 1914-1918 sur le socle. Sur la baie 5 de l’église de Pezé-le-Robert, le peintre-verrier lavallois Alleaume a peint une Pietà, avec en arrière-plan, un champ dévasté par la guerre, et s’y trouve la mention suivante « Souvenez-vous, ô mère de nos héros morts pour la France » ; alors que sur la baie 12 datée de 1925 de l’église de Saint-Pierre-de-Chevillé, deux soldats sont figurés dans les registres supérieurs.

34En plus de ces vitraux, dans la plupart des églises sarthoises, on trouve des monuments commémoratifs des Première et Seconde Guerres mondiales, sur lesquels figurent les noms de tous les morts au combat.

La Seconde Guerre mondiale

35Six églises conservent des vitraux évoquant des événements de la Seconde Guerre mondiale.

  • 38 P.-M. Bourdin, « Abbé Jean de Maupeou d’Ableiges (Gray 1908-mort en déportation à Mauthausen 1945) (...)

36En juin 1944, l’église Sainte-Colombe de La Flèche a été bombardée et le chœur pulvérisé. L’abbé Bidault, nommé curé de la paroisse en 1945, engagé dans la Résistance pendant la guerre, décide de collecter des fonds pour remplacer les vitraux détruits. Avec le comité des fêtes du Bas-Rhin, il organise quatre kermesses dans le parc du presbytère de 1946 à 1950. Deux vitraux ont été réalisés par l’atelier angevin Bordereau ; ils ont été inaugurés le 14 mars 1948. Le vitrail des prisonniers (baie 1) montre le visage de huit déportés fléchois morts dans les camps : le docteur Jean Lhoste, chef de la clinique de la Providence, soignant ses compagnons, l’abbé Jean de Maupeou donnant les derniers sacrements aux mourants, Louis Jaffré, marchand forrain, Léopold Cognard, ouvrier serrurier, Jacques Reboul, teinturier, Ferdinand Pelletier, cafetier, Pierre Bizot, employé de banque, Eugène Pasquier, directeur de banque. Jean de Maupeou fut, avec Rémy Guéné, Julien Lelièvre, Joseph Pannetier, André Serais, l’un des cinq prêtres sarthois arrêtés et déportés pendant la Seconde guerre mondiale. Seuls deux sur cinq sont revenus après la capitulation allemande, Joseph Pannetier et Julien Lelièvre38. Sur la baie 2, est représentée la libération des camps.

  • 39 Ibid.

37En Sarthe, 1372 personnes furent transférées dans les camps en Allemagne pour diverses causes (résistance, motifs raciaux,…), 689 ne sont pas rentrés, pour une population en 1936 de 388 500 habitants39. Dans l’église de Connerré, les prisonniers de cette guerre sont représentés sur le vitrail de saint Symphorien. Témoignage fort intéressant que celui du vitrail de la baie 2 de l’église de Sougé-le-Ganelon qui figure la Sainte Famille, avec cette mention dans le registre inférieur : « Offert par plusieurs familles chrétiennes de la paroisse en reconnaissance du miracle de la paix de 1938 en la fête de Saint Michel, archange protecteur de la France. » Ce vitrail a été commandé suite à la signature des Accords de Munich. On imagine aisément l’empressement de ces familles à offrir cette verrière « historique » à la paroisse, qui malheureusement n’était plus d’actualité quelques mois plus tard ! Sur la baie 6 (réalisée entre 1952 et 1954) de l’église de Montbizot, est fait référence aux deux guerres « À nos morts 1914-1918 1939-1945 », mais la scène représentée est liée à la Seconde puisqu’il s’agit du bombardement, à la Libération, des fermes de Maulny et Vilaines, à Montbizot. Deux églises sarthoises sont pourvues de vitraux qui ont été réalisés pendant la Seconde guerre. Pour l’église de Parigné-le-Pôlin, Robert Micheau-Vernez, en 1944, fit les cartons des huit vitraux et dessina le chemin de croix. Les vicissitudes de la guerre avaient conduit au château des Perrais les élèves du lycée de Brest et leurs professeurs évacués de leur ville en raison des bombardements de 1943. Parmi ces professeurs, se trouvait Robert Micheau-Vernez, professeur de dessin, qui se proposa pour dessiner les vitraux, et c’est le prêtre qui choisit le thème de la Passion pour ces verrières. Les personnages des huit vitraux sont typés sémites (on est en 1944 et la réalité des camps est connue). C’est un verrier de Rennes, Rault, qui a mis ces dessins en lumière. Dans l’église de Saint-Germain-sur-Sarthe, l’ensemble des vitraux a été réalisé par un verrier installé à Tours, Lux Fournier, en 1943. Comment s’est-il fourni en plomb en pleine guerre ? Les baies 1 et 2 de cet édifice font référence à cette Seconde Guerre mondiale.

38La guerre de Cent Ans, les guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945 sont présentées dans trente-sept églises de la Sarthe, ce qui représente un total de soixante-quatorze vitraux consacrés au sujet. L’intérêt de cette étude est bel et bien de travailler sur un corpus en lien étroit avec l’histoire locale, avec des pièces « uniques » bien que pour les vitraux de la guerre de 1870-1871, le peintre-verrier Ferdinand Hucher ait très certainement réutilisé le même carton pour trois églises… Mais on reste dans l’histoire locale, l’histoire des mentalités liée à un événement international ayant des répercussions de différentes natures selon le territoire. Le commanditaire a bien sûr un rôle clé, c’est lui qui va choisir le sujet vu par tous ceux qui pénétreront dans l’édifice. Dans la plupart des cas, il s’agit de veuves ou familles de soldats qui offrent des vitraux en hommage à leur époux ou parents tombés pendant une de ces guerres, mais cette commande peut être « groupée » : trois veuves ont offert le vitrail pour l’église de Requeil, alors qu’à Rouez-en-Champagne et Crissé, les commandes ont été régies par les prêtres, en lien avec les veuves et leurs familles. Les prêtres ont bien souvent eu un rôle majeur quant au choix du programme iconographique, à l’instar de l’abbé Bidault, prêtre de Sainte-Colombe à La Flèche qui a décidé de collecter des fonds pour réaliser le vitrail des prisonniers morts dans les camps. C’est lui qui a choisi la thématique et les huit personnages qui y sont représentés. C’est encore le curé qui a décidé du thème de la Passion pour l’église de Parigné-le-Pôlin. Ces commanditaires rencontrent les artistes et verriers, et parfois ces derniers peuvent avoir « carte blanche » ou presque… quant à la manière de réaliser le vitrail à partir de la thématique choisie. L’exemple d’Albert Echivard est tout à fait frappant. Lorsqu’on lui commande des vitraux traitant de la guerre 1914-1918, si on lui en laisse l’occasion, il n’hésite pas à y « placer » son drame personnel, en accord avec les artistes Henry Morin et Julien Chappée.

  • 40 P. Nora, Les lieux de mémoire, op. cit.
  • 41 J.-P. Rioux, La France perd la mémoire, Comment un pays démissionne de son histoire, Paris, Perrin (...)
  • 42 Ibid.
  • 43 Ce vitrail n’est d’ailleurs plus visible depuis qu’il a été présenté à l’exposition « La France ro (...)

39Si le vitrail de la baie 217 de la cathédrale du Mans peut être considéré comme un support de propagande, les autres verrières présentées dans cette étude sont avant tout des œuvres commémoratives. Au moment de leur installation (entre quelques mois et trente ans après les faits), ces verrières étaient vues et comprises par la population locale qui connaissait les patronymes mentionnés sur ces vitraux. Mais aujourd’hui, qu’en est-il ? Pierre Nora40 ou Jean-Pierre Rioux41 n’hésitent pas à écrire que notre mémoire nationale disparaît rapidement. Pour Jean-Pierre Rioux42 : « Tout se passe comme si ce pays était sorti de l’histoire vive pour entrer en mémoire vaine, comme si la rumination avait remplacé l’ambition et qu’on expédie par pertes et profits Austerlitz, la laïcité ou un demi-siècle de paix en Europe. » Les vitraux attirent l’œil du fidèle ou du visiteur, notamment pour leur esthétique, mais est-ce que ces gens prennent le temps de comprendre ce que l’image signifie ? Prenons l’exemple de la cathédrale Saint-Julien du Mans, où « le public » vient essentiellement s’enthousiasmer devant le fameux vitrail de l’Ascension43 daté du XIIe siècle, les vitraux des chapelles et du chœur, parce qu’ils sont « anciens »… Quasiment personne ne se retourne sur l’ensemble de vitraux consacrés à Jeanne d’Arc, peut-être parce qu’ils sont « trop neufs ».

40Et puis, si présentement, on évoque cette cathédrale qui est un des monuments sarthois les plus visités, il n’en est pas de même pour les églises rurales citées tout au long de ce travail. La plupart des églises sont fermées, les messes sont de moins en moins fréquentes, si bien que décrypter un vitrail peut devenir un véritable parcours « du combattant » !

  • 44 J.-P. Rioux, La France perd la mémoire, op. cit.

41Hier, ces vitraux, vus et compris, étaient des « supports commémoratifs » ; aujourd’hui, l’accès aux églises est devenu très difficile et « nous valorisons les mémoires et les “devoirs” de mémoire, mais nous ne savons plus saisir l’âme de la France. Résultat : ce pays vit à l’heure du n’importe quoi mémoriel44 ».

Notes

1 Françoise Gatouillat, « Les vitraux du XIXe siècle, problématiques de sauvegarde », in Regards sur le vitrail, Actes Sud, ACAOAAF, 2002, p. 41.

2 Inventaire exhaustif des vitraux civils et religieux dans les bâtiments publics et privés de la Sarthe réalisé par Karine Bergeot pour le Conseil général de la Sarthe (1998-2001).

3 M. Bouttier,, La cathédrale du Mans, Le Mans, Editions de la Reinette, 2000.

4 L. Grodecki, Congrès Archéologique de France. Maine, 1961, p. 95-99.

5 J.-B. de Vaivre, « Datation des vitraux du bras nord du transept de la cathédrale Saint-Julien du Mans », in Bulletin Monumental, 1993, p. 497-523.

6 F. Gatouillat, « Les vitraux du bras nord du transept de la cathédrale du Mans et les relations franco-anglaises à la fin de la guerre de Cent Ans », in Bulletin monumental, 2003, t. 161-4, p. 307-324.

7 P. Renouard, Essai historique sur la ci-devant Province du Maine, Le Mans, 1811, t. 1, p. 301.

8 Ibid.

9 N. Reynaud, Les manuscrits à peinture en France, catalogue d’exposition de la BNF, 1993, p. 106-108.

10 F. Gatouillat, op. cit, ibid.

11 Idem., « L’épiphanie de la gloire de Valois : le vitrail au service de la propagande royale », XXII Internationales Colloquium des Corpus vitrearum in Nürnberg und Regensburg, Nuremberg, 2004, p. 47-51.

12 Archives Départementales de la Sarthe (2 O 396).

13 Albert Echivard (Le Mans, 20 avril 1866 – Le Mans, avril 1939). Il fut élève du peintre-verrier Ferdinand Hucher qui a travaillé pour l’atelier du Carmel du Mans avant que son père, Eugène Hucher, ne le rachète. Il a réalisé de nombreux vitraux civils et religieux en Sarthe et a également travaillé dans l’Aisne, en Bretagne, à Paris, en Grande-Bretagne ou encore aux États-Unis.

14 Père Bresciani, L’Épopée des zouaves pontificaux, Casterman, [s.d.] ; J. Guenel, La dernière guerre du Pape, les zouaves pontificaux au secours du Saint-Siège, 1860-1870, Presses de l’Université de Rennes, 1998.

15 Religieuse visitandine (1647-1690) qui, à la suite de révélations en 1673 au couvent de Paray-le-Monial, popularisa en France la dévotion au Sacré-Cœur dont l’initiateur était le Père Eudes. Béatifiée en 1864 et canonisée en 1920. Elle n’est jamais auréolée sur les vitraux présentés ci-dessous.

16 Ferdinand Hucher (décédé en 1906). Fils d’Eugène Hucher (1814-1889) ; fonctionnaire de l’administration des domaines ; membres de plusieurs sociétés savantes ; Directeur du Musée archéologique de la ville du Mans ; collaborateur à l’atelier du Carmel du Mans avant d’en devenir propriétaire ; auteur des Calques des vitraux peints de la cathédrale du Mans, Monnoyer, Le Mans, 1865, associé dès 1879 à la direction de l’atelier. Il succède à son père en 1889.

17 Les recherches concernant la donatrice sont en cours.

18 P. Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Éditions Gallimard, 1997.

19 Sujet traité ci-dessous.

20 Baie 4, 1893, G. P Dagrant, Bordeaux, vitrail inscrit M.H. 14 juin 1991.

21 Baie 6, 1923, G. Merklen, Angers.

22 Baie 7, 1928, G. Décôte et C. Blanchion, Lyon.

23 Baie 2, 1933, A. Bessac, Grenoble.

24 Baie 3, lancette A, 1886, Küchelbecker et Jacquier, Le Mans. Maurice Küchelbecker est le fils de Carl (cartonnier à l’atelier du Carmel du Mans ; décède en 1869) et fonde son propre atelier en collaboration avec Anglade, puis avec Jacquier (professeur de dessin au Mans).

25 Baie 14, dernier quart XIXe siècle, offert par Mme Chapon.

26 Baie 12, lancette B, 1927, Dagrant, Bordeaux.

27 Baie 6, 1903, F. Hucher, Le Mans, offert par la famille de Vienney.

28 P. Nora, Les lieux de mémoire, op. cit.

29 Vitraux des églises de Saint-Pierre-du-Loroüer et de Douillet-le-Joly.

30 Maréchal Foch, M. Barrès, Jeanne d’Arc, Paris, 1929.

31 S. Arrondeau, « Quelques verrières sarthoises du XXe siècle », in Revue Historique et Archéologique du Maine, 4e série, t. III, Le Mans, 2003, p. 165-176.

32 S. Tison, « Albert et Maxime Echivard, Histoire d’un deuil de guerre 1914-1939 », in Revue Historique et Archéologique du Maine, ibid., p. 177-203.

33 S. Tison, Ibid.

34 Conservé au Musée de Tessé au Mans.

35 S. Tison, op. cit., p. 201.

36 Je ne l’ai pas développé au cours de ce travail mais saint Michel est très souvent associé à l’iconographie de Jeanne d’Arc : quand elle entend les voix, il est aux côtés de sainte Catherine et sainte Marguerite ; quand elle est vêtue de l’armure, saint Michel lui tend l’épée et la bannière.

37 Une d’entre elles a déjà été mentionnée ci-dessus, réalisée par Albert Echivard en 1920 et traitant de l’iconographie de Jeanne d’Arc et du poilu.

38 P.-M. Bourdin, « Abbé Jean de Maupeou d’Ableiges (Gray 1908-mort en déportation à Mauthausen 1945) », in Revue Historique et Archéologique du Maine, 4e série, t. III, Le Mans, 2003, p. 207-271.

39 Ibid.

40 P. Nora, Les lieux de mémoire, op. cit.

41 J.-P. Rioux, La France perd la mémoire, Comment un pays démissionne de son histoire, Paris, Perrin, 2006.

42 Ibid.

43 Ce vitrail n’est d’ailleurs plus visible depuis qu’il a été présenté à l’exposition « La France romane » en 2003 au musée du Louvre. Il est en cours d’étude aux M.H.

44 J.-P. Rioux, La France perd la mémoire, op. cit.

Auteur

Doctorante, Université du Maine, CERHIO (CNRS-UMR 6258). Chargée de la valorisation du patrimoine au Conseil général de la Sarthe.

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