Conclusion de la troisième partie
p. 273-274
Texte intégral
1Le long du proche littoral atlantique, une zone à l’intérieur de laquelle les échanges sont denses peut être dessinée grâce aux indications contenues dans les registres d’entrées et de sorties du port de Nantes du XVIIIe siècle. Cet espace est délimité au nord par le pôle lorientais et au sud par le port des Sables-d’Olonne, pour ce dernier site essentiellement grâce aux congés. Malgré une augmentation significative des volumes des entrées en provenance des ports environnants (de 22 000 tx environ à plus de 31 000), la part de ces flux de proximité diminue au XVIIIe siècle : elle représente 46 % du tonnage en 1702 et seulement 25,2 % en 1772.
2À l’intérieur de cette zone, plusieurs sous-espaces géographiques peuvent être mis en évidence. Le plus important d’entre eux est constitué par les ports de la baie de Bourgneuf : les bâtiments arrivant de cet espace représentent près de 7 500 tx en 1702 et 10 200 en 1772, soit le tiers des entrées en provenance des ports de la proche façade atlantique pour les deux années. Au début du siècle, la deuxième place est occupée par les ports du golfe du Morbihan (5 400 tx en 1702) ; en 1772, ils sont distancés par le pôle lorientais qui a fortement monté en puissance (4 100 tx en 1702 et presque 7 800 en 1772). En 1772, les sites du Golfe sont à la même hauteur que les ports du pays guérandais (autour de 3 500-3 600 tx). Signalons également l’augmentation des arrivées depuis les ports de la Vilaine (1 500 tx en 1702 et 3 300 en 1772).
3Portés par des échanges fondés sur des produits traditionnels (à l’exception notable de Lorient avec les marchandises orientales), ces trafics semblent presque condamnés au déclin dans l’activité globale du port ligérien, même s’ils conservent une importance non-négligeable. Ces flux impliquent principalement des céréales et des sardines en provenance des ports du littoral sud de la Bretagne, du bois venant de Redon et du sel récolté dans les marais du pays guérandais ainsi que de la baie de Bourgneuf. En échange, Nantes expédie du vin, des eaux-de-vie et de la chaux. Là encore le cas Lorientais est particulier avec les approvisionnements de la compagnie des Indes orientales et une grande diversité des produits issus de l’hinterland nantais.
4Il est délicat de faire de Lorient, port de la compagnie des Indes, une des composantes de l’aire portuaire de la cité ligérienne. Ce site se développe au XVIIIe siècle et exerce lui-même une attraction sur des ports du littoral sud de la Bretagne, bouleversant du même coup les influences le long de cette côte. L’intensité des relations entre les deux grands ports du sud de la Bretagne pose toutefois la question de la dépendance du port de la Compagnie vis-à-vis de Nantes : « Lorient sans Nantes n’était pas viable1. » Pour les autres sites, force est de constater l’insuffisance du critère des entrées et des sorties d’un port. Les sites exportateurs de sel font des envois beaucoup plus importants en direction de l’étranger que de la cité ligérienne. Cependant, des Nantais jouent un rôle clé dans le commerce du sel, notamment chargé dans des navires étrangers, ce qui témoigne de l’importance des interventions des marchands et des négociants étrangers établis à Nantes. La cité ligérienne tire parti de son rang de grande place internationale au XVIIIe siècle en attirant à elle des négociants étrangers qui font du commerce international du sel l’une de leurs activités. Ce faisant, Nantes exerce une emprise sur les ports environnants.
5Cette étude des courants d’échanges et des marchandises doit être complétée par une autre sur les embarcations impliquées dans le cabotage d’approvisionnement et de redistribution.
Notes de bas de page
1 Le Bouëdec G., « Les approvisionnements… », op. cit., p. 412.
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