Figures N° 26-28 : Cahier du centre de recherche sur l’image, le symbole et le mythe de l’Université de Bourgogne
Centre Gaston Bachelard, « Brouillards, brumes, nuées », 2003, 15,24 euros
p. 233
Texte intégral
1Le vingt-et-unième volume de la collection « Figures » rend accessibles les travaux d’un colloque tenu à Dijon en décembre 2000, et témoigne d’un nouvel aspect de la recherche sur l’imaginaire des éléments, celui de la combinaison, ici le mélange de l’eau et l’air, dans une approche érudite et pluridisciplinaire. Pas moins de vingt-quatre communications permettent de mieux cerner des réalités souvent confondues - brouillard, brumes, nuées - grâce à de précieuses études philologiques et diachroniques qui font la part belle au monde gréco-latin, à l’univers médiéval, sans négliger l’apport des langues européennes. Ces thèmes transversaux sont articulés par un discours scientifique qui prend appui sur une description littéraire, et même poétique, au sens d’une poésie des éléments. L’affectivité et la subjectivité débordent sur les restrictions matérielles et objectives liées à la nature même des éléments évoqués. On se situe donc constamment entre analyse et portée symbolique, lecture élémentaire et interprétation imaginaire ou mythologique.
2Le caractère passionnant de ces études polyphoniques vient du caractère fluide du sujet choisi, lequel suscite une pluralité de discours à la mesure de son caractère insaisissable. Dans le domaine littéraire et artistique proprement dit, la musique et la peinture se distinguent par la représentation de « zones d’indéfinité » - dont l’équivalent conceptuel serait le seuil ou l’entrée dans la nuée comme accès à la connaissance et au divin. C’est d’évidence dans la pensée qui articule au plus près mystique, savoir et trajet vers la transcendance que ces thèmes paraissent les plus féconds. Si le brouillard semble servir de repoussoir à l’ambition philosophique comme aspiration à la clarté, il est pourtant loin d’être absent d’une réflexion phénoménologique avant la lettre.
3C’est l’un des mérites - une prise de risque - de cet ensemble imposant que de ne négliger presque aucun domaine de l’expérience humaine devant cette triade nébuleuse, en suivant les détours d’une pensée analogique.
Auteur
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