1 La revue International Security est typique et démontre en même temps l’aspect pratique ou soi-disant pratique.

2 Les traditionalistes se comprennent comme rationalistes, aussi bien que les « modernistes », se distinguant en premier lieu par les outils qu’ils utilisent.

3 L’un des tenants de cette distinction entre sciences de la nature et sciences sociales est Jean-Claude Passeron. Pour Passeron, le raisonnement sociologique est un raisonnement mixte, soit un va-et-vient entre contextualisation historique et raisonnement expérimental : « Aucune des conditions logiques de la « falsifiabilité » d’une théorie ou d’une proposition générale n’est remplie stricto sensu dans le cas de la structure logique des théories sociologiques (ou des « synthèses historiques ») dès lors que l’on prend au sérieux les contraintes de l’observation historique. » in Le raisonnement sociologique : l’espace non-poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991, p. 134. On retrouve ici l’empreinte wéberienne de la critique du monisme scientifique, entre autres dans son Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965. Pierre Favre au contraire tend à défendre une thèse positiviste postulant l’unité de la science entre les sciences de la nature et les sciences de l’Homme. Cf. Favre P., Comprendre le monde pour le changer, op. cit.

4 Rittberger V. (Hrsg.), Theorien der internationalen Beziehungen : Bestandsaufnahme und Forschungsperspektiven, Opladen, Wesdeutscher Verlag, 1990.

5 Il va de soi que même des politistes comme les représentants des sciences dures ne considèrent pas la science politique comme une discipline scientifique.

6 Citons comme exemple Groom A., John R., 2002, dans la revue « Les relations internationales en France : un regard d’outre Manche », Revue internationale et stratégique no. 47 (automne), p. 108-117.

7 Cf. Kant E., Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Paris, Bordas, 1988.

8 Bourdieu P., « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », Actes de la Recherche en sciences sociales, n ° 145, décembre 2002, p. 4.

9 Holsti K J., International politics. A framework for analysis, Prentice-Hall, 1967. La raison en est probablement son manque de connaissances de la langue allemande.

10 Ashley R., « Political realism and human interests », International Studies Quarterly, 25, 2, 1981, p. 204-236.

11 Cf. Braud Ph., La science politique, Paris, PUF, « Que sais-je ? » n° 909, 2007 (1^re ed., 1982).

12 En outre, un certain nombre de professeurs d’université qui ont été les chantres de la refondation de la science politique en Allemagne après la seconde Guerre Mondiale ont trouvé refuge des 1933 dans des universités américaines, tels que Karl Deutsch, Otto Kirchheimer ou Karl Loewenstein, ce qui a de facto contribue à créer des liens entre les deux sphères académiques allemande et américaine après 1945. Cf. Laborie R P., Trom D., « La science politique allemande dans tous ses états », Politix, 15 (59), 2002, p. 33-66 et Lietzmann H ., « Le retour de la science politique allemande. Une continuité paradoxale dans la période de l’après-guerre », Politix, 15 (59), 2002, p. 15-32.

13 Bourdieu P., « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », art. cit., p. 4.

14 Weave R O., « The sociology of a not so international discipline : European and American developmentsin international relations », International Organization, 42, 5, autumn 1998, p. 687-727.

15 Ibid., p. 726.

16 Cf. Easton D., A systems analysis of political life, New York : J. Wiley & Sons, 1965.

17 Bourdieu P., ibid., p. 8.

18 Il faudrait aussi mentionner qu’en relations internationales et en économie politique internationale, le choix rationnel est bien établi quoi que minoritaire.

19 Sur les métathéories, leur présence et leur rôle dans les sciences, cf. Favre P., Comprendre le monde pour le changer. Épistémologie du politique, Paris, Sciences Po Les Presses, 2005, p. 13-20.

20 Cf. Bourdieu P., ibid. et Les usages sociaux de la science, Paris, INRA Éditions, 1997 ; ainsi que Vinck D., Sociologie des sciences, Paris, Armand Colin, Coll. « U  », 1995.

21 Bourdieu P., Science de la science et réflexivité, Cours du Collège de France 2000-2001, Paris, Éd. Raisons d’agir, 2001.

22 Sur la notion de rendement croissant, cf. Pierson P., « Increasing Returns, Path Dependency, and the Study of Politics. », in American Political Science Review, 94 (2), 2000, p. 251-267 et Politics in time. History, institutions and social analysis, Princeton, Princeton University Press, 2004.

23 Bourdieu P., « Les conditions sociales de la circulation internationale des idées », Actes de la Recherche en sciences sociales, n° 145, décembre 2002, p. 3.

24 Kuhn Th., La structure des révolutions scientifiques, Traduit de l’américain, Paris, Flammarion, 1972 (éd. originale : 1962).

25 Muller P., Surel Y., L’analyse des politiques publiques, Paris, Montchrestien, Coll. « Clefs Politique », 1998, p. 138.

26 Un exemple serait la réactivation de Carl Schmitt du côté constructiviste : Behnke A ., « Presence and creation : A Few (Meta-) Critical Comments on the c.a.s.e Manifesto », Security Dialogue no. 38 (1), 2007, p. 105-111.

27 Almond parle de « politique des tables separées », une notion reprise par Gerald Schneider et Mark Aspinwall. Almond G., A discipline divided : schools and sects in political science, Newbury Park, Sage Publications, 1990 ; Aspinwall M., Schneider G., « Same menu, separate tables : the institutionnalist turn in political science and the study of European integration », in European Journal of Political Research, 38, 2000, p. 1-36.

28 WALT S. M., « Rigor or rigor mortis ? Rational choice and security studies », International Security, 23, 4, spring, 1999, p. 5-48.

29 En fait, si l’on regarde les chiffres, les modélisateurs représentent une minorité mesurée en termes de publications : entre 1975 et 2000, la proportion de ce type de publications est passe d’environ 9 % à 11 %. Sprintz D., Wolinski-Nahmias Y. (eds.), op. cit., Models, numbers, cases – Methods for studying international Relations, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2004, p. 6.

30 Niou E. M. S., Odershook P. C., « Return of the Luddites », International Security, 14/2, fall 1999, p. 86.

31 Fearon J., Wendt A., Rationalism vs Constructivism : A SkepticalView, in Handbook of international relations, London, Sage Publications, 2002, p. 52-72.

32 King G., Keohane R. O., Verba S., Designing Social Inquiry, Princeton N. J., Princeton University Press, 1994.

33 George A., Bennett A., Case Studies and Theory Development in the Social Sciences, Cambridge MAS, MIT Press, 2005.

34 Brady H. E ., Collie R D. (eds.), Rethinking Social Inquiry, Lanham/Boulder/New York/Toronto/Oxford : Rowman & Littlefield Publishers, 2004. Mentionnons aussi l’ouvrage recent de Moses J. W., and Knutsen T. L., Ways of Knowing. Competing Methodologies in Social and Political Research, Houndmills, Basingstoke and New York, Palgrave MacMillan, 2007.

35 Sprintz D., Wolinski-Nahmias Y. (eds.), op. cit.

36 Zagare F. C., « All Mortis, No Rigor », International Security 24/2, autumn 1999, p. 107-114.

37 Morgenstern O., Von Neumann J., Theory of games and economic behavior, Princeton, Princeton University Press, 1944.

38 Op. cit.

39 S Charpf F., « Die Politikverflechtungsfalle- Europaïsche Integration und deutscher Föderalismus im Vergleich », Politische Vierteljahrschrift, 26, 1985, p. 323-356, et « The joint decision-making trap : Lessons from German federalism and European council », Public Administration, 66, 1988, p. 239-278.

40 Weber M., Économie et société, T 1 : Les catégories de la sociologie, traduit de l’allemand par Julien Freund, Pierre Kamnitzer, Pierre Bertrand et al., sous la direction de Jacques Chavy et d’Eric de Dampierre, Paris, Pocket, 2003.

41 Il s’agit notamment de Didier Georgakakis, Virginie Guiraudon, Antonin Cohen ou encore Antoine Vauchez. Sur ce point, cf. Saurugger S ., « Les théories sociologiques de l’intégration européenne. Perspectives critiques », Politique Européenne, 25, printemps 2008, p. 572.

42 Norgaard A., « Rediscovering reasonable rationality in institutional analysis », European Journal of Political Research, 85, 1996, p. 237-243.

43 Cela fait écho, nous semble-t-il, avec la notion de « rationalité limitée » développée par Herbet Simon in Simon H., Administrative behavior. A study of decision-making processes in administrative organisations, London, Macmillan, 1960.

44 Pour un article de synthèse sur les trois variantes du courant néo-institutionnaliste, cf. Hall P., Taylor R., « La science politique et les trois néo-institutionnalismes », Revue Française de Science Politique, 47 (3-4), juin-août 1997, p. 469-495.

45 Par faits sociaux, nous nous referons ici à la définition qu’en donne Durkheim, soit tout phénomène, comportement ou représentation correspondant à quatre critères essentiels : la généralité, l’extériorité par rapport aux individus, le pouvoir coercitif dans la mesure ou un fait social s’impose aux individus, et un critère historique. Cf. Durkheim E., Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1993 (7^e éd.).

46 Surel Y., Palier B., « Les trois I  » et l’analyse de l’État en action », in Revue Française de Science Politique, (1), février 2005, p. 7-32.

47 Ce découpage correspond aux trois types de néo-institutionnalismes identifies par Peter Hall et Rosemary Taylor : le néo-institutionnalisme du choix rationnel, le néo-institutionnalisme historique et le néo-institutionnalisme sociologique. Cf. Hall P., Taylor R., art. cit.

48 March J., Olsen J., Rediscovering institutions : the organizational basis of politics, New York, The Free Press, 1989.

49 Cf. Elias N., Qu’est-ce que la sociologie ?, Paris, Pocket Agora, 1993 et La société des individus, Avant-propos de Roger Chartier, Traduit de l’allemand par Jeanne Etoré, Paris, Fayard, 1991 (Éd. allemande : Suhrkamp Verlag, 1987).

50 Cf. Surel Y., Palier B., art. cit.

51 Cf. Pierson P., op. cit.

52 Cf. Boudon R., Essais sur la théorie générale de la rationalité, Paris, PUF, 2007, p. 76-77.

53 Cf. Favre P., op. cit.