Florimond Robertet (v. 1465-1527)
p. 99-116
Texte intégral
1Florimond Robertet est bien mal connu, victime du désert historiographique qui, trop longtemps en France, a fait le vide entre ce qu’il est convenu d’appeler le Moyen Âge et les Temps modernes1. De ce fait, on s’aventure souvent à lui prêter des rôles franchement anachroniques ou bien peu pertinents, comme s’il avait pu être le « premier des secrétaires d’État » ou une sorte de « ministre des affaires étrangères ». Il n’en reste pas moins que sa destinée a été tout à fait exceptionnelle. Pourtant, il faut le dire, sa carrière, dans ses premiers temps, a été relativement banale. Issu d’une famille de notables de Montbrison, comme tous les siens il entre d’abord au service du duc de Bourbon, puis devient secrétaire du roi signant en finance et enfin trésorier de France. Son ascension sociale et politique aurait pu trouver là son apogée comme ce fut le cas de bien d’autres financiers2. Le fait inattendu, en son cas, c’est que la protection du cardinal Georges d’Amboise lui vaut, sans avoir à résigner aucun de ces deux offices, d’entrer dès l’avènement de Louis XII dans le saint des saints du Conseil, devenant ainsi l’un des « mignons », autrement dit des favoris du roi3. Il y tient même le premier rôle après la mort de son maître et en conserve mieux que les restes sous le règne suivant. Secrétaire et en même temps homme d’État, il est donc une sorte de Janus politique dont l’exploit unique en son genre est de porter sans discontinuer ses deux visages jusqu’à la fin de ses jours. Là réside aussi le secret du rôle de « diplomate » qu’il a tenu parallèlement avec brio. Cependant l’homme politique de grande envergure qu’il était devenu souffrit toujours de la modestie de ses origines qui détonnaient dans le milieu aristocratique de la cour. Avait-il devancé l’heure ? C’est possible. Pour lui trouver de véritables successeurs, ne faudrait-il pas se projeter beaucoup plus tard, au temps de ces grands commis qui, continuant à servir le monarque à titre personnel, ont bâti de la même main la haute administration d’un État moderne ?
Les voies d’une ascension sociale
Des notables de Montbrison
2Florimond Robertet est né très probablement entre 1460 et 1465 à Montbrison, principale bonne ville du comté de Forez qui avait été uni à la fin du XIVe siècle au duché de Bourbon. Son père, Jean (III), et sa mère, Louise Chauvet, appartiennent à deux familles attestées depuis le début du XVe siècle dont l’honorabilité et le prestige étaient rehaussés par les offices de finances qu’elles exerçaient en Forez au service des ducs. Un simple exemple : de 1421 à 1521, le clerc de la Chambre des comptes du comté a toujours été un Robertet4.
3Le père de Florimond mérite particulièrement l’attention5. Un homme tout à fait remarquable. Secrétaire et familier de trois ducs successifs, titulaire de nombreux offices locaux, formé à la culture dans leur brillante cour, bon connaisseur des œuvres de Pétrarque et des peintres du Quattrocento depuis le voyage en Italie qu’il fit avant 1460. Poète apprécié, il correspond avec tous les rhétoriqueurs qui fréquentent les cours princières d’Orléans et de Bourgogne. Notaire et secrétaire du roi de 1470 à 1492, il entre dans les faveurs de Louis XI qui en fait, en 1469, le premier greffier de son ordre de Saint-Michel, si bien en cour même qu’il est capable, en 1480, de tirer une fameuse épine du pied de son beau-frère, Louis Chauvet, empêtré dans un mauvais procès au parlement de Paris. En 1492, toujours en faveur, il devient valet de chambre du roi6.
4Inutile de chercher ailleurs le secret de la formation et de l’ascension de ses fils. Florimond est un enfant de la balle. Le voici très jeune sur la trace de ses aïeux : secrétaire retenu à la signature des finances du duc, le 5 septembre 1485, châtelain de Montbrison, le 25 février 14887. Or son père, atteint sans doute par l’âge ou les infirmités, sans résigner ses offices, choisit en 1490 de se retirer progressivement à Montbrison où il meurt vers 1502/1503. Deux de ses fils lui succèdent. L’aîné, François, reste strictement dans la ligne paternelle, grand officier du duc, ami des beaux-arts et poète. Florimond fait, lui, le choix du service exclusif du roi. Il résigne son office de châtelain dès le 2 mai 1489 et selon Émile Dacier, à la même date, tous les autres qu’il détenait en Forez. Notaire et secrétaire du roi, au plus tard le 14 mars 1490, greffier de l’ordre de Saint-Michel, il ne résigne ces offices prestigieux que peu avant sa mort8. Il les devait au patronage de son père, sans qu’il soit nécessaire d’invoquer celui d’Anne de Bretagne ou d’Anne de Beaujeu, duchesse de Bourbon9.
Secrétaire du roi
5Le voilà donc membre du prestigieux collège des « six vingt » notaires et secrétaires du roi, naguère simple confrérie, maintenant corps constitué en vertu de l’ordonnance de novembre 1482 qui avait confirmé ses privilèges bientôt complétés par l’anoblissement d’office et son monopole de l’expédition des lettres passées en chancellerie. Il en est certes, mais, aussitôt ou presque, il s’en détache. Depuis le milieu du XVe siècle, en effet, un groupe d’une dizaine de secrétaires bien mieux rémunérés que leurs confrères s’est constitué au sein du collège, mais aussi en dehors de lui. Les uns en font partie, en raison de leur champ de compétence, par exemple la signature exclusive de toutes les lettres de finances. Les autres, plus récemment apparus, sont simplement des officiers domestiques de l’hôtel du roi faisant fonction de secrétaires particuliers. À partir du règne de Charles VIII, on les dit secrétaires de la Chambre. Leur champ d’action, c’est l’expédition des lettres missives hors chancellerie dont l’accroissement considérable résulte du développement de l’action personnelle du roi dans ses relations directes avec ses sujets et plus encore avec les autres princes.
6Robertet est du nombre. Il reçoit ses lettres de provision comme secrétaire signant en finances, le 9 mai 1495, à Naples10. Il figure comme secrétaire de la Chambre sur un état daté de 1495-1496, avec cinq autres dont Henri Bohier, le jeune frère de Thomas, général des finances de Normandie11. Mais il y a tout lieu de penser qu’il l’était bien avant. La preuve parmi d’autres, c’est qu’en 1493 il donne quittance d’un don du roi de 150 livres tournois « en considération des continuelz et labourieulx services par moy faiz audit seigneur chacun jour à l’entour de sa personne et pour l’expedition de ses principaulx affaires12 ». Son activité est considérable : au moins cent quatre-vingt-six missives signées par lui avant 1498 et vingt-quatre ordonnances souscrites, dont les traités d’Etaples en 1492 et de Senlis en 1493 ; il peut même se permettre de laisser ses clercs travailler pour le duc d’Orléans, un service bien placé13.
7Son office l’astreint à une présence continuelle auprès du roi. Pas étonnant donc qu’il l’ait suivi dans l’expédition de Naples. Au retour, le matin de Fornoue, le 6 juillet 1495, le cardinal Briçonnet et Commynes qui négocient avec les provéditeurs vénitiens leur envoient une lettre que « escripvit Robertet, ung secretaire que le roy avoit, de qui il se fioit »14. Trois semaines plus tard, à Chieri, le roi l’envoie à Moulins pour porter ses ordres au duc de Bourbon, lieutenant général du royaume15. Florimond Robertet, on le voit, est donc fort avancé dans la faveur du roi, mais il reste au second plan, cantonné dans les tâches d’exécutant.
Le mariage de Robertet et ses conséquences
8Au retour d’Italie et sûrement quelque peu avant 1501 il épouse Michèle Gaillart, fille de Michel, général des finances d’Outre-Seine-et-Yonne, et de Marguerite Bourdin, veuve de Macé Picot, un secrétaire des finances mort en 1481. Mariage certainement mal assorti : le marié a une bonne trentaine d’années et l’épousée, à peine nubile, une quinzaine au plus, mais excellente opération. Michel Gaillart, en effet, a servi durant sa vie tout à la fois la maison d’Orléans et le roi Louis XI16. Par sa première femme, Jacquette Berthelot, il est l’oncle du tout-puissant cardinal Briçonnet17 et la demi-sœur de Michèle, Claude Picot, a épousé Henri Bohier en 149318. Florimond Robertet, ancien fidèle du duc de Bourbon, entre donc par cette union dans le réseau des gens de finances tourangeaux et blésois, ce groupe d’hommes qui se sont aussi avancés auprès du roi en passant d’abord par le service des maisons princières, qui les Anjou, qui les Orléans. Ainsi l’anastomose des réseaux familiaux de financiers vient à point. Elle accompagne, après la lutte acharnée menée contre les princes par Louis XI et les guerres intestines qui l’avaient suivie au temps des Beaujeu, leur regroupement pour une grande cause autour de l’unique souverain, politique inaugurée avec audace par Charles VIII en 1491 et continuée par Louis XII.
9Voilà, en tout cas, Florimond Robertet à même d’entrer dans la voie fructueuse du cumul d’offices : général maître des monnaies en 1496, office aussitôt résigné pour celui de conseiller et maître clerc des Comptes, visiteur des gabelles en Languedoc en 1500 et mieux encore trésorier de France, le 11 décembre 150119. Heureux résultat de son mariage. À sa mort au début de 1501, Michel Gaillart a laissé vacante sa charge de général des finances ; elle passe à Jacques Hurault, un autre blésois, serviteur fidèle de la maison d’Orléans, qui cède à Florimond Robertet son propre office de trésorier de France en Normandie. La boucle est bouclée.
Trésorier de France
10Florimond Robertet entre dans le collège des gens de finances dont la puissance n’avait cessé de grandir depuis la mort de Louis XI. Par la petite porte, il est vrai. Le domaine pèse si peu dans les finances royales que sa gestion, fonction des trésoriers, est presque une sinécure, mais une sinécure dorée : 1 200 livres tournois de gages20, plus les à-côtés et la pension, soit, au bas mot, au moins 3 500 livres, grevées, il est vrai, de la lourde obligation de répondre largement aux emprunts forcés. Une charge très honorifique surtout, qui procure un rang élevé dans la société. Ainsi, à partir de 1502, Robertet est-il toujours nommé « monseigneur le trésorier », à l’instar d’un prince ou d’un grand prélat21. Jusque-là, néanmoins, son ascension sociale, parfaitement gérée, est restée conforme à celle des gens de son milieu les plus favorisés. Elle connaît une seconde accélération avec l’avènement de Louis XII en 1498.
Favori du roi et diplomate
Robertet au Conseil
11Le Conseil est bien la bouteille à l’encre des historiens du droit et des institutions. Pas de liste de membres, pas d’effectif fixé, pas de champ de compétence défini ni de procès-verbal de séances ni même d’archives. Car le Conseil est multiforme. Il peut être très large et occasionnel ou bien ordinaire et quasi quotidien, réduit alors à une dizaine de personnes, des experts pour la plupart, qui font le travail législatif et répondent aux requêtes sous la présidence du chancelier, ou bien encore étroit et secret, limité à quelques favoris qui se tiennent en permanence auprès du roi. De ceux-ci, on dit couramment qu’ils gouvernent le roi ou le royaume et parfois, mais très rarement encore, tout simplement qu’ils sont le gouvernement22.
12Situons Robertet dans cet imbroglio. Il a fait sûrement plus que des apparitions au Conseil ordinaire entre août 1494 et avril 1498, mais c’est seulement à partir de cette dernière date qu’il entre dans le cercle des favoris23. Il suffit, pour en être sûr, de se référer aux instructions données à Nicolas Machiavel en juillet 1500.
« Les personnes sur lesquelles nous pouvons compter auprès de ce prince (le roi) sont : monseigneur de Rouen (Georges d’Amboise) monseigneur d’Albi (son frère Louis) ; on peut ajouter toute la maison d’Amboise, le maréchal de Gié et le seigneur Robertet24. »
13Robertet est-il donc déjà membre de ce que l’on appellera sous François Ier le « Conseil des affaires » ? Rien de formalisé encore, semble-t-il. Ce qui prévaut à l’évidence, ce sont les libres entretiens du roi avec chacun de ses intimes au hasard des circonstances ou bien des nouvelles que lui apporte l’un ou l’autre, relations directes, concertées ou non, telles en tout cas qu’elles suscitent entre ses serviteurs familiers, toujours exposés à une brutale disgrâce, jalousies et rivalités dont il sait user à l’occasion. Le cas de Robertet, resté en grâce de 1498 jusqu’à sa mort en 1527, n’en est que plus exceptionnel.
La diplomatie au temps de Robertet
14Les affaires que le roi soumet à ses conseillers intimes sont principalement les relations qu’il entretient avec les autres princes, ceux qu’il appelle officiellement « ses frères » ou, un cran au-dessous, « ses cousins », et, de fait, ils le sont dans bien des cas. Il y va, certes, de l’honneur de la couronne, mais aussi de ses droits dynastiques et de ses intérêts familiaux, le tout servi le plus souvent par de subtiles combinaisons matrimoniales. Affaires personnelles dont le règlement se passait de service diplomatique organisé et de personnel spécialisé. Il n’y avait pas même de vocabulaire fixe pour désigner les représentants d’un prince ou d’une cour : ambassadeur n’était qu’une dénomination parmi d’autres25.
15Néanmoins, depuis longtemps, un rituel et des usages établis règlent les trois temps principaux de ces relations : d’abord la grande ambassade dont les dirigeants viennent présenter solennellement leurs lettres de créance et l’objet de leur démarche devant un Conseil élargi, puis, en fonction de la réponse obtenue, l’envoi de messagers pour en régler les points d’application, enfin la ratification très formalisée de l’accord éventuellement conclu. Ce qu’il y a seulement de nouveau depuis la seconde moitié du XVe siècle, c’est le développement considérable pris par le deuxième temps, celui où il s’agit, non pas de négocier (le mot ne s’emploie pas), mais de « pratiquer ». La pratique est un art où les Italiens sont passés maîtres, un jeu assez trouble fait d’écoute, de contacts plus ou moins discrets, de recherche d’information pas très loin de l’espionnage, de fausses confidences et de vrais conciliabules, de dissimulation et de manœuvres, voire tout simplement de corruption. De là, le recours, encore bien rare, sauf en Italie, à l’ambassadeur permanent pour s’en charger au jour, le jour.
16La règle de base de toute pratique diplomatique et son application à Robertet nous sont clairement exposées par Machiavel.
« Il s’agit de s’arranger pour se faire ici quelque ami qui vous défende et qui prenne vos intérêts à cœur ; c’est ainsi qu’agissent tous ceux qui traitent d’affaires ici ; et je ne puis croire que votre Orateur vienne ici sans être bien pourvu. Je fais foi à vos Seigneuries que s’il n’est pas en mesure de témoigner du moins à Robertet quelque gratitude de votre part, il n’aura pas la moindre possibilité de manœuvre, entre autres choses il n’obtiendra même pas l’expédition d’une simple lettre ordinaire26. »
17Un bon ambassadeur doit donc d’abord savoir quels sont les gens influents dans une cour, se présenter à chacun d’eux muni de lettres de créance à leur adresse et cultiver leur amitié grâce à de fréquentes visites et à des cadeaux bien choisis. Florimond Robertet, favori bien en cour et secrétaire chargé des expéditions, est évidemment de ceux-ci.
Robertet au cœur des pratiques diplomatiques
18L’abondance des sources florentines publiées montre que l’avertissement de Machiavel a toujours été bien suivi par les ambassadeurs de la Seigneurie. À partir de 1498, Robertet est constamment la cible de leurs prévenances, mais aussi bien de celle des autres ambassadeurs, les Vénitiens, les représentants de Maximilien et de l’archiduchesse Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas, et à partir de la crise de 1512-1513, les Anglais, sans parler des Espagnols, moins bien connus27. Comme le dit Émile Dacier, tous le suivent pas à pas, le harcèlent même, le matin, le soir, chez lui ou au cours de ces déplacements à la suite du roi. C’est qu’on le sait très au courant des affaires et plus accessible que le roi Louis XII, souvent malade ou parti à la chasse et que le cardinal Georges d’Amboise, dur à convaincre et parlant peu. Il est d’autant plus bavard que ces attentions flattent le parvenu qu’il est28 ; jusqu’à l’imprudence même, ainsi Fra Giocondo de Vérone, architecte, mais aussi agent secret de Venise, parvient-il, un jour, à percer le secret du chiffre sur une lettre qu’il lui montre imprudemment29.
19S’adresserait-on à lui, aussi, parce qu’il aurait été particulièrement vénal ? Il faut en finir, une fois pour toutes, avec cette idée trop longtemps reçue. Car « l’argent est le vrai nerf d’une négociation diplomatique » et les cadeaux diplomatiques sous toutes leurs formes sont monnaie courante, c’est le cas de le dire30. Robertet n’a certainement pas été le moins avide en son temps, c’est clair, mais enfin sa fâcheuse réputation tient surtout à l’anecdote montée en épingle par Émile Dacier, d’après le récit plein de vivacité qu’en a fait l’ambassadeur florentin Alessandro Nasi. En mai 1510, à Lyon, alors que le corps du cardinal d’Amboise est à peine refroidi, Robertet, avec beaucoup de circonlocutions diplomatiques, en aparté, lui demande sa part des 10 000 ducats promis au défunt par la Seigneurie. L’ambassadeur, feignant de n’en rien savoir, répond évasivement, mais sa mission arrive à son terme et c’est ce qui explique sans doute le cynisme et la hâte de Robertet. Finalement, Machiavel, plus tard, recommandera de tirer un trait sur l’affaire en laissant la moitié du magot à l’impudent quémandeur31.
20Faut-il en conclure que Robertet n’a été qu’un agent de renseignement un peu naïf et un peu plus corruptible que les autres ? Son jeu, en fait, est bien plus subtil. Lui aussi se mêle de pratiquer en fréquentant familièrement les ambassadeurs étrangers et en leur rendant à l’occasion des services32 ; il cherche ainsi à leur soutirer le maximum d’informations. Quand il n’est pas sûr de lui ni de la position du cardinal d’Amboise, il sait se taire « parce qu’il ne sait pas ce que le légat a dans l’esprit33 ». En effet, ce qui le rend si précieux c’est son intimité connue avec son maître qui a le dernier mot avec le roi en matière de relations extérieures. A contrario, les ambassadeurs florentins ne s’adressent presque jamais au maréchal de Gié.
Un secrétaire tout-puissant
21Centre de la pratique diplomatique, Florimond Robertet l’est aussi parce qu’il est secrétaire des finances. Le fait tient en grande partie à la place croissante prise par l’écriture dans les relations extérieures. Un simple exemple : Louis XII, en 1500, écrit presque tous les jours à son ambassadeur à Venise34. Le travail quotidien des favoris du souverain consiste donc à préparer des textes diplomatiques ou à les dépouiller : dépêches, instructions et pouvoirs à donner aux ambassadeurs ou encore rédaction des conventions. Robertet y participe, mais, comme secrétaire, préside ensuite en maître à leur rédaction. Machiavel en est témoin une fois de plus. Il écrit en 1500 : « Il me confirma qu’il était chargé d’écrire dans les termes les plus énergiques en faveur de votre Seigneurie » à monseigneur de Ligny et à l’ambassadeur de Rome35. Si le secrétaire peut rédiger un peu comme il veut les dépêches, il peut aussi en retarder indéfiniment l’expédition.
« Dans cette cour, il n’y a personne qui puisse être plus utile en la matière que Robertet, parce qu’il est secrétaire des finances ; il peut en faire presque à sa guise et aussi les généraux. Par son intermédiaire, on peut attendre tout bien, mais, en l’ayant comme adversaire, toute sorte de mal et de ruine36. »
22Enfin, dernier moyen de pression, s’il ne gère pas les relais de la poste royale, il peut seul en autoriser l’usage aux ambassadeurs étrangers qui n’ont pas les moyens d’entretenir des courriers37.
23Autant de moyens de puissance dans lesquels sa prétendue connaissance étendue des langues étrangères ne joue aucun rôle, car elle est de l’ordre de la fable38. À quoi lui aurait-elle servi, du reste, à lui qui n’est allé qu’une fois en mission à l’extérieur ? C’est le latin qui reste la langue diplomatique, même si le français progresse et quelque peu l’espagnol. Robertet maîtrise parfaitement l’italien, ce qui est banal à l’époque, et peut-être un peu l’espagnol écrit, voilà tout39.
24Ce qui le sert bien plus, c’est d’abord son activité prodigieuse, maintenue jusqu’à la fin de ses jours. Le registre de ses expéditions, pas toutes d’ordre diplomatique, certes, faites du 15 octobre 1524 au 18 août 1525, ne comporte pas moins de six cent trois numéros40. C’est aussi sa compétence, si grande que ses dépêches diplomatiques serviront plus tard de modèle41. C’est enfin, dans le même ordre d’idée, sa connaissance de toutes les cours européennes due à son long passage au pouvoir et non moins l’extraordinaire instrument de travail qu’il s’était constitué en gardant par-devers lui quantité de pièces originales ou de copies d’actes, cent cinquante au bas mot, échelonnées de 1385 à 1525. La plupart sont des documents proprement diplomatiques, mais d’autres d’intérêt plutôt dynastique, comme le contrat de mariage de Valentine Visconti avec Louis d’Orléans ou celui de Charles VIII avec Anne de Bretagne42.
25Finalement ce secrétaire en finances exerce une sorte de monopole de la correspondance diplomatique. Ainsi, par exemple, sur dix-sept lettres écrites par le roi de février à juin 1510 au comte de Carpi, son ambassadeur auprès du Saint-Siège, Robertet en signe quatorze auxquelles s’ajoutent celles qu’il lui envoie de son propre chef43. De ce fait, son bureau devient école de formation pour des novices, tous appelés à faire de belles carrières au cours du règne de François Ier, tels Jean Breton, Gilbert Bayard, Palamède Gontier et aussi Guillaume Bochetel44. Au total, en 1515, au début du nouveau règne, il n’y a plus que trois secrétaires des finances : Robertet, leur chef de file, Robert Gédoyn et Nicolas de Neufville45. C’est une sorte de secrétariat collectif du gouvernement, spécialement compétent en matière de diplomatie, qui s’est constitué confusément. Il est impossible d’en dire plus.
L’homme politique
Les débuts
26La carrière politique de Florimond Robertet ne se résume pas à son rôle diplomatique ; elle commence à coup sûr avec le changement de règne, le 8 avril 1498. Simple conséquence du changement de personnel habituel en pareil cas ? Sûrement non. Plutôt changement de régime dont la fonction assumée par Guillaume Briçonnet auprès de Charles VIII avait été en quelque sorte le signe prémonitoire. Depuis 1483, en effet, si la souveraineté du roi sans limites théoriques restait bien incontestée, le choix était loin d’être fait entre l’exercice personnel d’un pouvoir absolu et sa délégation à des intermédiaires, quelles qu’en fussent les formes46. Quand Louis XII choisit de laisser la « totale auctorité », comme dit Seyssel, à son vieil ami et fidèle conseiller, l’archevêque de Rouen, Georges d’Amboise, qui y gagnera au passage la pourpre cardinalice, il opte délibérément pour un partage des responsabilités en vue du bien commun47. Avec lui certes, mais presque autant avec Pierre de Rohan, le maréchal de Gié, car l’un et l’autre étaient réputés comme : « Les deux premiers gouverneurs de tous les faits du roi48. »
27Robertet prend place à côté d’eux, parce qu’il est entré dans l’amitié et la clientèle du cardinal, à la faveur sans doute des liens noués avec le réseau orléaniste des Hurault et des Gaillart. Il le reconnaîtra sans barguigner en disant à l’ambassadeur de Florence : « Comme vous avez pu le voir, j’ai été de son vivant serviteur du légat à la mesure de l’amour qu’il me portait, si grand que jamais je ne l’oublierai49. » En fait, il apparaît toujours en retrait, plus dans la peau d’un secrétaire que d’un gouvernant. Absent dans l’affaire du divorce du roi, il n’en garde pas moins la sentence dans son portefeuille et s’il suit le roi dans sa conquête de Milan en 1499, puis y retourne avec lui en 1502, c’est aussi par obligation de service50.
28La victoire et l’éviction de Ludovic Sforza ne résolvaient pas tout. Il fallait que l’investiture de ce fief d’Empire par le roi des Romains vînt apporter au fait accompli sa légitimité « internationale ». Tel était le plus ardent désir de Louis XII et l’idée fixe qui le conduisit à toutes les combinaisons matrimoniales échafaudées de 1501 à 1504 avec la maison d’Autriche-Bourgogne, dans le détail desquelles il est inutile d’entrer. Georges d’Amboise les élabore et Robertet les signe, puis les range dans ses papiers. Toujours dans le même but, en octobre 1501, le cardinal part à Trente en grand appareil, avec une bourse bien remplie, pour conclure avec Maximilien les préliminaires d’un accord sur l’investiture. Robertet joue alors son rôle de second, envoyé en décembre à Innsbruck pour porter les lettres de ratification du roi et régler les modalités d’exécution. C’est, du reste, la seule mission diplomatique qu’il ait accomplie à l’extérieur et sans succès51.
29Il en va de même dans ses relations avec le maréchal de Gié. En 1503, le cardinal passe l’année à Rome, présent aux deux conclaves successifs dont il attendait le couronnement de ses rêves, la tiare. Pendant son absence, Robertet ouvre les dépêches d’Italie avec Gié avant d’en faire avec lui rapport au roi, mais c’est bien le maréchal seul qui va au-devant du souverain pour s’assurer de son état de santé et de sa capacité à les recevoir52.
30Georges d’Amboise revient dépité de Rome, bien décidé alors à régner seul à Blois. Dans la logique du ministériat de fait instauré par le roi, il n’y a pas de place pour deux têtes. L’attaque lancée contre le maréchal en mars 1504 et le procès en lèse-majesté qui s’en suit ne viennent pourtant pas directement du cardinal, mais de la reine et de Louise de Savoie, deux mères rivales et ennemies, mais unies pour l’occasion par la haine qu’elles portent au ministre trop arrogant. À peine masqué, il n’était pas loin derrière elles. Robertet, lui, se garde bien de se compromettre. Cité comme témoin à décharge par le maréchal, il parvient, comme tant d’autres, à ne faire aucune déposition53.
31Sous-jacente à cette querelle de sérail se trouve la question-clé du mariage de Claude de France avec François d’Angoulême, le fils de Louise ; elle est l’héritière des biens propres de la reine et du roi, ses parents, soit la Bretagne, Blois, Asti, Milan et même Naples et lui de la couronne, à défaut de dauphin né ou à naître. Gié souhaitait cette union sans guère s’en cacher et ce fut l’une des causes de sa disgrâce. Or, voici qu’au printemps de 1505, le roi se trouve à l’article de la mort. Seuls l’assistent dans sa chambre deux chambellans de service, son aumônier, son confesseur et l’indispensable secrétaire, Florimond Robertet. Il n’était plus temps de tergiverser. Bravant la colère prévisible de la reine qui espérait caser sa fille dans la maison d’Autriche, le roi déclare par testament qu’elle devrait épouser François et organise à toutes fins utiles une sorte de Conseil de régence où Robertet figure en queue de liste, après la reine, Louise de Savoie, le cardinal, le comte de Nevers, le chancelier et le premier chambellan54.
32Le roi se remit. Robertet, mis en valeur par l’événement et par la chute du maréchal, voit son astre grandir. Il prend le bon parti et, suivant son maître qui vire de bord sans vergogne, il se range du côté de l’héritier présomptif, comme le fait aussi avec enthousiasme l’assemblée d’états réunie au Plessis en mai 1506.
33Un fait de plus montre son ascension. Cette même année, le roi tombe encore malade et le cardinal part à Rouen pour deux mois ; ce sont Robertet et Étienne de Poncher, l’évêque de Paris, qui « font toutes les depesches en son absence » sur sa recommandation55. Robertet tient maintenant la vedette, constamment cité dans les dépêches des ambassadeurs florentins à propos de toutes les affaires de l’heure : le recouvrement de Pise par Florence, le rapprochement avec Ferdinand d’Aragon et son remariage avec la nièce du roi, Germaine de Foix, la reprise de Gênes révoltée à laquelle il assiste en 1507, le triomphe du roi célébré à Milan, la préparation de la ligue de Cambrai contre Venise, enfin la campagne de 1509, où il suit le roi, et la retentissante victoire d’Agnadel.
Primus inter pares
34Sur ces entrefaites, le cardinal d’Amboise, miné par la maladie depuis plus d’un an, vient à mourir à Lyon le 25 mai 1510. On aurait pu penser que le régime de gouvernement fondé sur l’amitié profonde qui le liait au roi prendrait fin avec lui. Il n’en fut rien. L’ambassadeur florentin le constate :
« Robertet reste le pivot de cette cour et pourra faire valoir son avis comme il voudra, parce que, outre son expérience et sa prudence largement éprouvées, on voit qu’en tout, il reste l’oreille et la langue du roi. »
35Il ajoute qu’avec lui gouverneront Étienne de Poncher, Boucicaut (sic, mais tout donne à penser qu’il s’agit du seigneur du Bouchage, fort âgé pourtant), et Raoul de Lannoy, bailli d’Amiens, un vieux soldat qui s’était illustré au temps de Louis XI. Il sait que le chancelier, Jean de Ganay depuis 1507, avait intrigué pour « avoir le gouvernement », mais, dit-il encore, il n’était ni apte à la direction de l’État ni assez travailleur pour l’assumer56. Machiavel confirme son propos et complète la liste avec Artus Gouffier, seigneur de Boisy, gouverneur de François d’Angoulême depuis 1506, mais, dit-il, « en réalité ce sont Robertet et monseigneur de Paris qui gouvernent tout », et même plus précisément encore : « Il n’y a que Robertet qui soit au courant de tout57. » Floranges écrivit aussi plus tard :
« Le trésorier […] pour lors gouvernoit tout le royaulme, car […] c’estoit l’homme qui estoit des plus approchiez et qui avoit beaucoup veu, tant du temps du roy Charles et du roy Loys ; et, poinct de faulte, c’estoit l’ung des hommes le mieuls entendu que je pense guaires avoir veue et de meilleur esprit et tant qu’ilz c’est mellée des affaires de France et qu’ilz en a eu la totalle charge, il en a eu cest honneur qu’ilz se sont merveilleusement bien portée58. »
36Il occupe la place de Georges d’Amboise jusque dans l’intimité du roi, admis dans sa chambre, dînant, chassant avec lui59. Seul maître en fait puisque le chancelier de Ganay, mort en mai 1512, n’est pas remplacé et qu’Étienne de Poncher devient garde des sceaux60. De même, quand Raoul de Lannoy meurt en 1513, il prend sa suite jusque dans sa charge de concierge et bailli du Palais à Paris, ce qui lui procure un beau logement de fonction au bout de la « grand salle61 ». Ménageant l’avenir, il ne manque pas d’entrer aussi dans les bonnes grâces de Louise de Savoie dont le fils n’est toujours pas marié à Claude de France. Fleuranges rapporte que le prince est alors « merveilleusement servy » par lui et par Artus Gouffier pour l’aider à surmonter les obstacles : l’hostilité de la reine « a luy fort contraire », et même les réticences du roi « ung peu chatilleux et voyant bien comment il avoit faict au feu roy Charles et craignoient que le seigneur d’Angoulesme ne luy en voulsist faire aultant62 ». Reconnaissante, Louise donne en mariage Souveraine d’Angoulême, une bâtarde de son mari qu’elle avait élevée, au beau-frère de Robertet, Michel Gaillart II, avec 3 000 écus d’or de dot63. Robertet entre dans la famille du futur roi.
37Quand Robertet prend les rênes du pouvoir, la situation est fort tendue à l’extérieur. Le pape Jules II est sorti de la ligue de Cambrai ; il a signé une paix séparée avec Venise et prétend briser le duc de Ferrare, son vassal rebelle, mais un allié fidèle du roi de France. D’autre part, débarrassé d’un rival redouté par la mort de Georges d’Amboise, il persécute sans retenue les cardinaux qui lui sont hostiles et pousse du coup à la dissidence le cardinal Briçonnet, chef de file des Français, et l’espagnol Bernardino de Carvajal, un réformiste respecté.
38Une double rupture s’annonce donc en août 1510. Sur le terrain, car il faut défendre Ferrare et maintenir l’hégémonie du roi en Italie et à la curie, car les cardinaux menacés font sécession en lançant l’idée d’un concile général réuni ouvertement pour la réforme de l’Église et secrètement pour la déposition d’un pontife opiniâtre et tyrannique. Robertet et le roi avec lui estiment que le pape a besoin « d’un sérieux coup de massue », mais pour eux le concile ne doit être qu’un moyen de pression64. Un écart se creuse au fil des jours entre la cour de Blois prête à rechercher un compromis avantageux et les cardinaux appuyés par les militaires que même la perspective d’un schisme ne font pas reculer65. De là l’enchaînement des faits : les opérations entre Bologne et Ferrare, la vaine conférence de Mantoue en mars 1511, où Poncher représente le roi, celle de Lyon au mois d’août suivant, l’ouverture du concile à Pise en novembre, son repli à Lyon en 1512, enfin la convocation de celui du Latran par Jules II. Tout dépendait en définitive du sort des armes. La reprise de Bologne, la campagne foudroyante de Gaston de Foix et la victoire de Ravenne en 1512 donnent l’espoir d’un accord de paix dont le prix aurait été l’abandon du concile de Pise-Milan, moyennant de substantielles concessions du pape sur Ferrare et Bologne et le pardon des cardinaux rebelles. Le renversement de la conjoncture politique et militaire coupe court à ces tentatives à peine esquissées, mais Robertet, plus tard, put se donner les gants de faire savoir au pape Léon X :
« Que nul plus que lui ne s’était opposé au concile et qu’il avait toujours poussé le roi très chrétien à changer de voie pour se conformer à la volonté du pape66. »
39La défense du royaume menacé de toutes parts en 1513, la liquidation du concile gallican ne le font pas changer de politique italienne. Il s’emploie efficacement au renversement des alliances. L’accord avec Venise, conclu à la fin de mars 1513, est son œuvre et toute la cour, Louise de Savoie en tête, s’en réjouit avec ostentation67. La défaite de Novare, le 5 juin 1513, le fait rêver de revanche. D’après l’ambassadeur de Venise, outre le roi, il n’y a guère que lui, le duc de Bourbon et Thomas Bohier pour y penser à la fin de 151468. Cependant, le dénouement de la crise avec le Saint-Siège, puis dans la foulée, en août 1514, la paix avec l’Angleterre entrée en guerre en 1513, voient la manifestation éclatante du triomphe de Robertet. Au remariage de Louis XII avec Marie Tudor, sœur d’Henri VIII, convenu pour cimenter l’accord, Robertet tient la place d’honneur, signe le contrat juste après les princes du sang et passe un splendide collier orné de joyaux au cou de la nouvelle reine, à l’occasion de son entrée à Paris69.
La conquête d’un statut social
40Cette position enviée ne doit pourtant pas faire trop illusion. Elle est fragile, entièrement dépendante de la faveur du roi. Or les jaloux ne manquent pas, prêts à exploiter ce qui est la principale faiblesse de Robertet, la modestie de ses origines. En ce temps, loin de s’effacer, les valeurs sociales fondées sur la race et les qualités innées propres aux gentilshommes ne font, en effet, que se renforcer70. Alessandro Nasi, l’ambassadeur florentin, en est témoin et dit en parlant de Robertet et de ses partenaires : « De ceux qui fréquentent la cour, bien qu’ils ne soient pas de sang illustre, ils sont vraiment jugés les plus prudents71. » Robertet, n’étant pas veuf, ne peut songer à entrer dans l’Église pour contourner l’obstacle, comme l’avait fait Briçonnet et comme le fera Duprat. Il ne peut compter que sur l’acquisition de fiefs et de titres nobiliaires qualifiants ; il le fait, non par l’effet du hasard, entre 1505 à 1515, à l’heure de sa montée en puissance. Tout ce qui passe à sa portée est alors bon à prendre ; sans entrer dans le détail, il suffit de mettre en valeur ce qui illustre son désir de paraître.
41Il lui fallait une résidence à Blois. Nécessité pratique certes, mais bonne occasion aussi d’aménager un logis splendide. Ce fut l’hôtel d’Alluyes, commencé probablement après 1498, sûrement achevé en 1508. Grâce aux travaux de restauration dont il vient d’être l’objet, il est possible d’en retrouver l’aspect originel72. Sur rue, une façade traditionnelle de brique et pierre, beaucoup plus sobre que celle d’aujourd’hui, présente tout de même un portail à pilastre d’un style tout à fait novateur. À l’intérieur, un cortile à l’italienne bordé sur les quatre faces par deux niveaux de galeries ouvertes dont il ne subsiste que deux ; elles sont ornées de médaillons de marbre à l’origine (aujourd’hui de terre cuite), et dans la grande salle, une cheminée monumentale, toujours en place, belle démonstration du nouveau vocabulaire décoratif. Au total, une réalisation sans exemple en France à cette date.
42La première grande acquisition de seigneurie titrée faite par Robertet est celle de la châtellenie de la Guierche, le 7 février 1508, mais amorcée déjà peut-être dès 150573. Un beau morceau payé 10 000 écus d’or. Puis vient Villemomble, en 1507, achetée 6 000 livres à Aymar de Prie, seigneur de Buzançais. Brou lui est donné par Évrard de La Marck, évêque de Chartres, à Milan, le 1er juillet 150974.
43Pour Émile Dacier, c’est à cette occasion que Robertet est dit chevalier pour la première fois ; il aurait été adoubé pendant la campagne d’Agnadel. L’hypothèse est très vraisemblable, car dans l’acte d’achat de la Guierche, il n’est encore que « noble homme, maître Florimond Robertet, conseiller du roy et trésorier de France ». Peu importe, l’essentiel est qu’il l’ait été.
44Il fallait au nouveau chevalier un château aux champs. L’acquisition de Bury à quelques kilomètres de Blois, le 2 janvier 1511, lui en donna le moyen. Robertet, qui voulait absolument cette terre, l’acquit, libre de tout réméré, pour 6 000 écus, or l’acte précise que : « Ladite seigneurie est de present en ruyne quant au manoir, et il n’y a aucune demourance ou habitation75. » Tout pouvait donc être refait à neuf sans entrave. La construction commencée probablement aussitôt est très avancée vers 1515, et achevée au plus tard en 1524. Ruinée, il en reste encore bien plus qu’un souvenir. Le plan quadrangulaire, les tours d’angle, le châtelet d’entrée, les douves en eau et les deux ponts-levis disent le désir du maître de conserver tous les symboles traditionnels de la puissance châtelaine. Pour le reste, tout est nouveau, tout est d’inspiration italienne : la séparation de la basse-cour et de la cour d’honneur, la parfaite symétrie du plan, la galerie ouverte, le quadrillage harmonieux des moulures et des pilastres sur toutes les façades, le pavillon central surélevé contenant un escalier rampe sur rampe, enfin l’abaissement de l’entrée fait pour en permettre la vue.
45Au centre de la cour d’honneur trône le David de Michel-Ange. L’œuvre vient indirectement du maréchal de Gié qui avait passé commande, en 1502, à la Seigneurie de Florence d’une copie de la statue de Donatello. Après sa disgrâce, Robertet reprend le projet à son compte ; entre ses mains, la commande devient don exigé et la statue lui est livrée en 1508.
46Mais surtout, ce qu’il y a de remarquable de notre point de vue à Bury, c’est qu’à l’instar du Gaillon de Georges d’Amboise ou du Verger de Gié, il s’agit d’un château de cour76. Une allée tracée au cordeau à travers la forêt mène du château du maître à Blois jusqu’à celui de son serviteur. Ses appartements ont été conçus comme une suite royale. Il fallait qu’ils puissent être laissés au roi, s’il faisait à son favori l’honneur de venir loger chez lui, ce qui se produisit, en effet, à plusieurs reprises avant 1525.
47Le couronnement de cette stratégie bien menée est l’acquisition d’Alluye, une seigneurie en piteux état, mais une baronnie. Robertet l’obtient avant 1514 d’Antoine de Luxembourg, comte de Brienne, en échange de Villemomble, plus 14 000 livres tournois de soulte. Le contrat réputé léonin est ensuite attaqué par l’héritier du vendeur, de sorte que Robertet n’est maître incontesté de la seigneurie qu’en décembre 151877. Robertet n’y fit aucuns travaux ; le titre lui suffisait. Un palais urbain, deux belles châtellenies, une baronnie, la chevalerie et une immense fortune de 215 000 livres au bas mot78, il possède tous les signes extérieurs du gentilhomme qu’il n’est pas mais veut paraître.
Le nouveau gouvernement
48Au sommet de sa gloire, monseigneur d’Alluye a peu à craindre du changement de règne. Le nouveau roi François et Madame Louise, sa mère, lui doivent beaucoup. Tous ses offices lui sont confirmés et il reste au pouvoir, mais non plus au premier rang. C’est Boisy, devenu grand maître, qui « pour lhors gouvernoit le royaulme de France » et ainsi jusqu’à sa mort en 151979. Son jeune frère Guillaume, l’amiral de Bonnivet, lui succéda dans ce rôle. Mais il y a aussi René, Bâtard de Savoie, l’oncle du roi, et Odet de Foix, vicomte de Lautrec, l’homme de guerre du groupe. Il y avait enfin le nouveau chancelier, Antoine Duprat, qui a enlevé les sceaux à Étienne de Poncher, envoyé du coup aux oubliettes. Il a les dents longues, convoite la première place et nourrit une solide jalousie à l’égard de ceux de son rang qui lui barrent la route, Semblançay au premier chef, mais aussi le vieux du Bouchage, et sans doute Robertet lui-même80.
49Changement de personnel ne veut pas dire pour autant changement de régime. L’équilibre entre l’exercice personnel du pouvoir et le besoin de recourir à un Conseil intermédiaire entre Dieu, le monarque et l’ensemble du peuple n’est pas rompu81. Le système de délégation reste fondamentalement le même, à ceci près que le roi est plus présent aux affaires et surtout que Madame en assure la cohésion, elle qui va jusqu’à se montrer assidue aux séances du Conseil ordinaire82.
50Dans cette conjoncture nouvelle, les atouts de Robertet dont on disait qu’il serait « avec ce roi comme l’était “Rouen” avec l’autre » restent considérables83. Son activité de secrétaire est toujours intense et les ambassadeurs se pressent toujours à sa porte. Le cardinal Wolsey qu’il a rencontré au Camp du Drap d’Or l’apprécie tant qu’il le voudrait voir venir aux conférences de Calais en 1521 à la place de Duprat84. Présent à Marignan, il ne lâche plus le roi d’une semelle ensuite, du moins autant que le lui permet sa santé déclinante ; en 1522, il doit confier à son neveu Jean l’intérim de ses fonctions de secrétaire et de trésorier85 et la cataracte le rend presque aveugle en 152686. De ce fait il s’implique moins dans les affaires courantes. La preuve en est que, dans son fonds d’archives privées, le nombre des pièces concernant le règne ne dépasse pas la dizaine.
Un personnage considérable
51Robertet est un recours à la façon d’un vieux sage très respecté. Quand Boisy part à Montpellier, en 1519, pour négocier avec le représentant de Charles Quint, il recommande à l’ambassadeur anglais de ne s’adresser pendant son absence qu’au roi, à sa mère et à Robertet qui du coup « expédie toutes les depesches » et, deux ans plus tard, Bonnivet, lui aussi sur le départ, donnera la même consigne87.
52Deux frères de Robertet sont successivement évêques d’Albi. Le mariage de sa fille Anne, dotée de 25 000 ducats, avec le fils du comte d’Étampes, en janvier 1521, est un événement diplomatique88.
53Il s’est élevé en prenant appui sur des réseaux de famille et de clientèle, maintenant c’est lui qui est à même de s’en constituer un. Il suffit de voir le florilège de lettres obséquieuses, signées des noms les plus illustres, que Mikhael Harsgor a constitué. C’est bien sous ce jour de l’intermédiaire inévitable et efficace que le présente Marguerite de Navarre dans la dix-septième nouvelle de l’Heptaméron.
54Il a pris assez de hauteur pour éviter de se trouver dans la tourmente qui bouscule à partir de 1523 ses parents et ses amis, les gens de finances dont il fait partie assurément, mais en fait si peu. De même, lors de la rébellion du duc de Bourbon à la maison duquel pourtant tous les siens devaient tant, il reste au-dessus de la mêlée, fidèle à Louise de Savoie qui, en retour, lui laisse une part des dépouilles89.
Dernier service
55C’est à ses côtés qu’il prend une dernière fois une part éminente aux affaires publiques au cours de la campagne du roi en Italie, celle qui aboutit, le 25 février 1525, au sanglant désastre de Pavie et à sa captivité. Robertet, trop affaibli sans doute, est resté aux côtés de la régente. La noblesse française décimée et le Conseil vidé par l’hécatombe, il devient alors son unique appui. Duprat se plaint même alors d’être supplanté par lui90.
56Grâce à l’exceptionnel fond d’archives utilisé par Gilbert Jacqueton, on peut le voir concrètement à l’œuvre. Depuis quelque temps déjà, Louise de Savoie et Robertet avec elle cherchent à reprendre contact avec l’Angleterre en vue d’un accord de paix. Tout a été dès le début conforme aux usages les plus éprouvés : conversations sous le manteau à Calais, envoi à Londres d’un mystérieux religieux, puis d’un maître d’hôtel de Madame, déguisé en marchand génois, contacts sur place, non avec le cardinal Wolsey, mais avec son confesseur. Quand enfin Jean Brinon, un parlementaire d’origine bourbonnaise, est envoyé en décembre 1524 comme ambassadeur en titre chargé de « pratiquer », il n’est pas difficile de reconnaître dans ce choix la main de Robertet. Après Pavie, Il faut d’urgence parer au plus pressé et travailler à la libération du roi. Il est là « pour faire les depesches », c’est-à-dire pour continuer à diriger avec la régente la politique extérieure91. Les pourparlers de Londres qui avaient été interrompus sont repris activement et Brinon repart en ambassade. Robertet rédige de sa propre main les instructions qui lui sont données, annote ou corrige les dépêches, signe les lettres de Madame qu’il a sans nul doute rédigées et correspond lui-même directement avec l’ambassadeur. Quand l’accord est en vue et qu’il faut en arrêter les termes, Duprat est enfin consulté, mais ses objections de juriste sont balayées d’un revers de main. Les cinq traités de Moore, le 30 août 1525, conclus comme toujours à coup de millions d’écus dont Wolsey a sa large part, viennent couronner l’action commune de la régente et de Robertet. Premier grand succès qui en appelait d’autres. Dans un remarquable mémoire destiné au roi d’Angleterre, en janvier 1526, Robertet, qui l’a rédigé entièrement de sa main, trace un programme cohérent de politique extérieure ; dès le début du texte, il fait dire à la régente qu’il convient :
« De faire […] une ligue défensive et offensive tant pour parvenir à une paix universelle, délivrance de son très cher Seigneur et filz que pour mectre en liberté l’Ytalie et aussi pour empescher la grandeur de l’empereur qui tasche, ainsi que chacun peut clairement congnoistre, se faire monarque92. »
57C’est tout l’esprit des ouvertures qui sont faites activement pendant tout ce temps au pape, à Venise et aux autres puissances italiennes.
58Nulle surprise, dans ces conditions, à trouver Robertet présent à Bayonne pour accueillir le roi libéré ni à le voir cité parmi les plénipotentiaires commis à conclure la ligue de Cognac, heureux résultat de sa politique93. Son énergie reste infatigable, son sens du devoir, constant, malgré les infirmités qui l’affectent durement. Le 24 juillet 1527, il est encore là pour assister à la mémorable séance où le roi en personne vient tancer sévèrement le parlement de Paris pour son comportement insolent pendant la régence de sa mère et son acharnement contre le chancelier Duprat ; c’est lui qui lit solennellement l’édit où lui sont assignées les limites à ne pas franchir94.
59Il meurt à Paris, dans son logis de la Conciergerie, le 29 novembre suivant. Par deux fois, le roi lui-même est venu lui rendre visite au cours de sa dernière maladie. Son décès est un événement dont les cours étrangères sont informées. Le « Bourgeois de Paris » lui consacre un long paragraphe de sa chronique ; il y raconte en détail les honneurs qui lui sont rendus sur ordre du roi : l’exposition du corps dans son logis, le convoi solennel, le premier service célébré aux Augustins, le deuxième à Notre-Dame-des-Champs, enfin l’inhumation à Blois dans sa chapelle de l’église Saint-Honoré. Montbrison était bien oublié95. Les poètes se mettent de la partie. Clément Marot dédie à sa mémoire une « déploration » qui, loin d’être une flagornerie de circonstance, est une belle œuvre littéraire et une profession de foi réformée.
Conclusion
60Un grand homme venait donc de disparaître. Soit, mais quel grand homme ? Une personnalité forte et de grand talent ? C’est probable et pourtant d’après Émile Dacier et tous ceux qui l’ont suivi, il n’aurait été qu’un exécutant sans relief, un commis sans initiative, voire un simple porte-parole. À l’opposé, une autre interprétation veut qu’il ait joué, avant 1510 au moins, à jeu égal avec Louis XII et Georges d’Amboise, une partie diplomatique où se seraient laissés prendre les ambassadeurs étrangers, et surtout les Florentins96. Ces interprétations ont toutes le tort de faire peu de cas du vide institutionnel propre à la monarchie « tempérée » de ce temps. Le roi, souverain incontesté, délègue la pratique du pouvoir à une poignée de gouvernants sans titre ni compétence définis, même pour celui qui exerce parmi eux une prééminence évidente. Ils sont ses conseillers les plus proches, mais, formellement au moins, ceux qu’il ne consulte qu’occasionnellement, dans un cadre plus ou moins élargi, ne le sont pas moins et, sans forcer le trait, on peut dire que les représentants des états assemblés comme en 1506 le sont aussi. C’est une question de degrés. Ce comportement avait été délibérément choisi par Charles VIII et Louis XII, moins clairement par François Ier. Quoi qu’il en soit, dans un tel régime, il est rarement possible de démêler la part du roi et celle de ses « ministres » favoris dans la décision politique. À propos de Robertet, tout ce que l’on peut dire, c’est qu’il a été continuellement l’un d’eux, quelque peu en retrait souvent, mais au premier rang de 1510 à 1515, puis à nouveau en 1525 et 1526.
61Cette exceptionnelle longévité politique tient certainement à l’amplification qu’il a su donner par sa compétence et sa puissance de travail pour ainsi dire illimitée à la fonction de secrétaire signant en finances. C’est sans doute pour cette raison que l’on voudrait faire de lui le premier en date des secrétaires d’État en oubliant son rôle parallèle de gouvernant. Ses épigones formés à son école, mais privés de cette double fonction, à commencer par son fils François, n’ont été, eux, que des exécutants sans grande envergure, formant ensemble un secrétariat vaguement spécialisé dans les affaires d’État. Hélène Michaud avait raison de dire qu’en l’espèce, rien de clair ne s’était dégagé pendant le règne de François Ier97.
62La mort ignominieuse de Semblançay a précédé de quelques mois l’apothéose de Robertet. Singulière coïncidence, révélatrice néanmoins de la disparition de ces oligarques issus du « peuple gras » dont parle Seyssel pour ajouter aussitôt : « Et semble à bien à aucun du premier état que cettui-ci soit mieux traité que le leur98. » Cette élite dirigeante sans aïeux qui devait tout à sa compétence se mue en rouage administratif. Florimond Robertet qui était baron d’Alluye, mais non point gentilhomme, n’a été en somme que le premier et le dernier secrétaire des finances à se hisser au sommet de l’État.
Notes de bas de page
1 Pas de biographie pleinement satisfaisante. Pour compliquer encore les choses, sa pseudo-oraison funèbre, œuvre fantaisiste d’un écrivain à gage du XVIIe siècle, retrouvée et publiée en 1878, est venue jeter la confusion. Gilbert Jacqueton, La Politique extérieure de Louise de Savoie. Relations diplomatiques de la France et de l’Angleterre pendant la captivité de François Ier (1525-1526), Paris, 1892, s’y était laissé prendre, mais non point Émile Dacier dont la thèse de l’École nationale des chartes « Florimond Robertet, secrétaire du roi et trésorier de France (?-1527) » est conservée aux archives départementales du Loir-et-Cher (une copie de lecture difficile en existe au Centre d’études supérieures de la Renaissance de Tours). Résumé dans Positions de thèse, Toulouse, Privat, 1898, p. 35-39. Voir encore Les Notaires et secrétaires du roi sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII (1461-1515), Notices personnelles et généalogies établies par André Lapeyre et Rémy Scheurer, 2 t., Paris, 1978, t. I, p. 281-283, t. II, pl. LXXXV, Mikhael Harsgor, Recherches sur le personnel du roi sous Charles VIII et Louis XII, Lille, service de reproduction des thèses, 1980, t. III, « les Robertet » p. 2099-2427, Philippe Hamon, « Robertet, Florimond », dans La France de la Renaissance. Histoire et dictionnaire, dans Arlette Jouanna, Philippe Hamon et al. (dir.), 2001, p. 1047-1049, enfin C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, Florimond Robertet ( ?-1527) Homme d’État français, Paris, 1994, 221 p., riche de faits, pauvre d’idées.
2 Philippe Hamon, « Messieurs des finances ». Les grands officiers de finance dans la France de la Renaissance, Paris, 1999, p. 23-40.
3 La France de la Renaissance, op. cit., p. 811-812, s. v. Favori.
4 Olivier Mattéoni, Servir le prince, les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998, p. 293, n. 236. Voir aussi Catalogue des officiers des ducs de Bourbon et catalogue biographique des officiers centraux, volume III de la thèse, ANRT, univ. Lille. Je remercie l’auteur des compléments d’information qu’il m’a fournis.
5 C. Margaret Zsuppan, « Jean Robertet’s Life and Career. A Reassessment », Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, Travaux et documents, t. XXXI, 1969, p. 333-342.
6 André Lapeyre et Rémy Scheurer, op. cit., Louis Chauvet avait même été incarcéré, C. Margaret Zsuppan, op. cit.
7 Mikhael Harsgor, op. cit., p. 2105.
8 Mikhael Harsgor, ibid., p. 2107.
9 À la suite de Gilbert Jacqueton, op. cit., p. 10, on le répète pourtant à l’envi.
10 André Lapeyre et Rémy Scheurer, op. cit., I, p. 181 et 282. Il remplace Jean de La Primaudaye en charge depuis 1483.
11 Histoire de Charles VIII, roi de France […] par Guillaume de Jaligny et autres historiens, recueillis par Théodore Godefroid, Paris, 1684, Observations, p. 704-705. Tous reçoivent 400 l. tournois de gages.
12 Lettres de Charles VIII, t. IV, p. 238, n. 1.
13 Procédures politiques du règne de Louis XII, René de Maulde la Clavière (éd.), Paris, 1885, p. 1098.
14 Philippe de Commynes, Mémoires, Joseph Calmette (éd.), Paris, 1965, t. III, p. 177.
15 Lettres de Charles VIII, t. IV, p. 235.
16 Bernard Chevalier, « Michel Gaillart (1425-1501), homme de finances et chef d’entreprise à la fin du XVe siècle », dans De Jacques Cœur à Renault, gestionnaires et organisations, Toulouse, 1995, p. 33-44.
17 Bernard Chevalier, Guillaume Briçonnet (vers 1445-1514). Un cardinal-ministre au début de la Renaissance, Rennes, 2005.
18 BnF, pièces originales, 381, 8395, no 11.
19 Date donnée par Gilbert Jacqueton, Documents relatifs à l’administration financière en France de Charles VII à François Ier (1443-1523), 1891, p. 290. André Lapeyre et Rémy Scheurer, op. cit., disent le 28 février 1502 d’après Gustave Dupont-Ferrier.
20 CAF, V, 615, 17 818.
21 Philippe Hamon, Messieurs…, op. cit., p. 391, n. 260. « Monseigneur le secrétaire » eut été franchement ridicule.
22 Un ambassadeur florentin doit savoir quels sont « les seigneurs du gouvernement et du conseil », « quelli signori del Governo e del Consiglio », Giuseppe Canestrini et Abel Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, 3 vol. Paris, 1859-1875, (désormais Canestrini-Desjardins), t. II, p. 610, 31 janvier 1514. Les autres citations dans la suite seront toutes traduites de l’italien.
23 Les mentions de sa présence au Conseil sont tirées des tableaux dressés d’après les souscriptions d’actes par Mikhael Harsgor, op. cit., p. 397, 411, 420, 427, qui ne sont guère plus que vaguement indicatifs.
24 Toutes les lettres de Machiavel, présentées et annotées par Edmond Barincou, 2 vol., Paris, 1955, t. I, p. 77-78. Machiavel accomplit alors, de juillet à novembre 1500, la première de ses quatre missions en France.
25 René A. de Maulde La Clavière, La diplomatie au temps de Machiavel, Paris, 1892-1893, 3 vol., réimpr. Slatkine, 1970, t. I, p. 294-305 et Charles Giry-Deloison, « La Naissance de la diplomatie moderne en France et en Angleterre au début du XVIe siècle (1475-1510) », Nouvelle revue du seizième siècle, 1987, p. 41-58.
26 Toutes les lettres…, op. cit., t. I, p. 137, 24 novembre 1500.
27 Émile Dacier, thèse, passim, s’appuyant pour les Vénitiens sur Marino Sanuto, I Diarii dal 1496 al 1532, F. Stefani et al. (éd.), Venise, 1879-1903, 58 vol., et pour les Anglais, sur LP, notamment, t. I, p. 509-510. Voir aussi André Le Glay, Négociations diplomatiques entre la France et l’Autriche pendant les trente premières années du XVIe siècle, 2 vol., Paris, 1845, t. I, p. 258-259 et Lettres du roy Louis XII et du cardinal d’Amboise, Bruxelles, 1712.
28 « Robertet ne serait pas fâché que les orateurs de votre Seigneurie, comme ceux des autres états lui fassent visite, en outre de toutes les manifestations d’estime et d’amitié qui lui sont faites par ailleurs », dépêche de Nicolo Valori, Lyon 29 janvier 1504 (n. st.) dans Toutes les lettres, op. cit., t. I, p. 412-413.
29 René Maulde de La Clavière, Diplomatie…, op. cit., II, p. 294.
30 Ibid., p. 296-350.
31 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. II, p. 505-506, Lyon, 25 mai 1510, Toutes les lettres, op. cit., t. II, p. 206.
32 Services récompensés évidemment, comme ceux qu’il rend à Marguerite d’Autriche en procès avec Engilbert de Clèves, duc de Nevers, en 1510, André Le Glay, Négociations…, op. cit., I, p. 457.
33 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. II, p. 280, A. Nasi et G. Ridolfiaux Dix, Blois, 10 février 1509. Le cardinal d’Amboise est légat du pape en France.
34 René Maulde de La Clavière, op. cit., III, p. 109.
35 Toutes les lettres, op. cit., t. I, p. 131.
36 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. II, p. 137, Pandolfini aux Dix, Blois, 30 septembre-3 octobre 1505.
37 Ainsi est-ce le cas de Thomas Boleyn, l’ambassadeur d’Henri VIII en 1519, Émile Dacier, thèse, p. 133 d’après LP, III, p. 352.
38 Gilbert Jacqueton, op. cit., le dit, p. 10, mais en suivant la pseudo-oraison funèbre et depuis on le répète sans preuve qui vaille.
39 Témoin, en 1512, sa réponse improvisée à l’envoyé vénitien à l’occasion de sa réception, René Maulde de La Clavière, Diplomatie, op. cit., II, p. 73.
40 « Registre de monseigneur Florimont Robertet, chevalier, secrétaire des finances du roy, des expedicions commandées par Madame, régente de France durant l’absence d’icelluy seigneur », cf. Rémy Scheurer, « L’enregistrement à la chancellerie de France au cours du XVe siècle », Bibliothèque de l’École des chartes, t. CXX, 1962, p. 104-129 qui montre bien pourquoi tous les secrétaires en tenaient de semblables. Publication du texte dans Georges Robertet et Ernest Coyecque, Les Robertet au XVIe siècle…, t. II, fascicule 1, Paris, 1888, 105 p.
41 Philippe Hamon, Messieurs…, op. cit., p. 77.
42 AN, J 964 no 32, Inventaire dressé en 1534 avant versement fait par sa veuve au Trésor des chartes sur injonction du roi. C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 12-13, en ont donné une publication (appendice 6, p. 161-193) précieuse, bien que criblée de fautes de lecture. Pratique commune au demeurant ; le chancelier Duprat faisait de même, Hélène Michaud, La Grande chancellerie et les écritures royales au XVIe siècle, Paris, 1967, p. 370.
43 René Maulde de La Clavière, Diplomatie, op. cit., III, p. 437-464. Le fait mérite l’attention, parce que bien peu de lettres reçues par un ambassadeur nous sont parvenues.
44 Philippe Hamon, Messieurs…, op. cit., p. 8. Sur Bochetel qui dit avoir été greffier de Robertet, Roland Mousnier et collab., Le Conseil du roi de Louis XII à la Révolution, Paris, 1970, p. 115.
45 Hélène Michaud, op. cit., p. 129.
46 Philippe Contamine, Le Moyen Âge. Le roi, l’Église, les grands, le peuple, 481-1514, Paris, 2002, p. 420-423.
47 Nicole Hochner, Louis XII. Les dérèglements de l’image royale (1498-1515), Champ Vallon, 2005, dans son chapitre 6, « une philosophie du partage », p. 215-244, tourne autour de cette idée qui ne peut être écartée d’un mot et c’est elle qui cite Seyssel p. 217.
48 Canestrini-Desjadins, op. cit., t. II, p. 79, instructions données le 22 novembre 1503 à Niccolo Valori, ambassadeur de Florence, qui aura des lettres de créance pour eux.
49 Ibid., p. 505.
50 C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 28 et 38.
51 André Le Glay, op. cit., p. 46-54.
52 Procédures politiques, op. cit., p. LXXV et 150.
53 Ibid., p. 297-298.
54 Jean d’Auton, Chroniques de Louis XII, éd. pour la SHF par René de Maulde La Clavière, 4 vol., 1889-1902, t. IV, p. 2, n. 2.
55 René de Maulde La Clavière, Diplomatie…, op. cit., t. III, p. 391.
56 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. II, p. 515, Lyon, 13-14 juin 1510.
57 Machiavel, Œuvres complètes, texte présenté par Edmond Barincou, Paris, NRF, 1952, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 147 et Toutes les lettres, op. cit., t. II, p. 240.
58 Robert de La Marck-Florange, Mémoires, R. Croubaix et P. Lemoine (éd.), 2 t., Paris, 1913-1924, t. I, p. 151.
59 René de Maulde La Clavière, Diplomatie…, op. cit., t. III, p. 3 et 11.
60 Ernest de Ganay, Un chancelier de France sous Louis XII, Jehan de Ganay, Paris, 1932, p. 89.
61 André Lapeyre et Rémy Scheurer, op. cit., t. I, notice 589, CAF, VI, 20464.
62 Mémoires, op. cit., t. I, p. 147-148 et 151.
63 Le mariage « fait et accordé par notre très chere et tres amée dame et mere » fut célébré à Amboise le 10 février 1513, BnF, P. O., 1265, no 80, 1er mai 1517.
64 Machiavel, Toutes les lettres, op. cit., t. II, p. 243.
65 Bernard Chevalier, Guillaume Briçonnet…, op. cit., p. 370-385.
66 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. II, p. 607-608, Acciajuoli aux Dix, Étampes, 20 mai 1514.
67 Émile Dacier, thèse, p. 118, d’après Sanudo, I Diarii…, XVI, 190. Voir aussi René de Maulde La Clavière, Diplomatie…, op. cit., t. III, p. 94.
68 Alfred Spont, Semblançay, 1895, p. 73-74.
69 Mikhael Harsgor, op. cit., p. 2117.
70 Arlette Jouanna, Ordre social, Mythes et hiérarchies dans la France du XVIe siècle, Paris, 1977.
71 Canestrini-Desjardins, op. cit., t. I, p. 509.
72 M. Sébastien Gresse leur auteur a bien voulu me communiquer le dossier inédit qu’il a constitué à cette occasion. Je l’en remercie vivement.
73 Sarthe, ar. du Mans, C. Ballon. H. de La Vallière, « Bury en Blaisois. Ce que l’on sait de sa première existence et la série de ses seigneurs depuis 1080 » Revue de Loir-et-Cher, no 11, 1889, p. 83 analyse avec précision le début de l’acte et donne la date, mais sans en préciser le style. André Lapeyre et Rémy Scheurer, op. cit., suivant Bétancourt, Noms féodaux, indiquent 1505 en se fondant sur des aveux rendus « à la chatellerie de la Guierche en la personne de Floromond Robertet » (sic). Voir aussi C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 155.
74 Eure-et-Loir, ar. Châteaudun, ch. l. c., voir Émile Dacier, thèse.
75 Loir-et-Cher, ar. Blois, c. Herbault, cne Molineuf. MmeTissier de Mallerais a bien voulu me communiquer le manuscrit de son mémoire inédit, Martine Garczynska, Le château de Bury, mémoire d’histoire de l’art, soutenu à Paris, faculté des lettres, année 1963-1964. Je l’en remercie très vivement.
76 Monique Chatenet, La cour de France au XVIe siècle. Vie sociale et architecture, Paris, 2002, p. 38, 271 et n. 54, fig. 131-132.
77 Alluyes, Eure-et-Loir, ar. Châteaudun, c. Bonneval. Voir AN, Minutier central, XIX 41, 10 décembre 1516 (relatif à l’échange) et 46, 15 décembre1518 (acte définitif). Villemomble passa de main en main et fut finalement racheté par Robertet. Cf. Philippe Hamon, Messieurs des finances…, op. cit., p. 252 et 254, qui m’a aimablement communiqué des compléments d’information. C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 157, n’est pas fiable.
78 Philippe Hamon, Messieurs des finances…, op. cit., p. 242.
79 Florange, Mémoires, t. I, p. 210.
80 Alfred Spont, op. cit., p. 139, n. 3, 157, 207, 243.
81 Robert J. Knecht, Un prince de la Renaissance. François Ier et son royaume, Paris, 1998, p. 528, qui se réfère pour cette formule à un juriste « constitutionnaliste » du temps.
82 Alfred Spont, op. cit., p. 127, n. 1.
83 Ibid., p. 134, n. 1 citant le rapport d’un ambassadeur vénitien de mars 1515.
84 Émile Dacier, thèse, p. 140.
85 Émile Dacier, thèse, p. 135 et 144.
86 Philippe Hamon, Messieurs…, op. cit., p. 100.
87 Émile Dacier, thèse, p. 137 et 141.
88 Marino Sanuto, op. cit., VI, XXIX p. 627, cité par Martine Garczynska, op. cit., p. 41.
89 L’importante seigneurie de la Roche-en-Régnier, CAF, VII, 528, 26483.
90 C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 92.
91 Alfred Spont, op. cit., p. 207, n. 3.
92 Gilbert Jacqueton, op. cit., p. 409.
93 CAF, VIII, 608, 32 432, Cognac, 20 mai 1526.
94 Robert J. Knecht, op. cit., p. 265.
95 C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 17-18.
96 C.-A. Mayer et D. Bentley-Cranch, op. cit., p. 32-34.
97 Hélène Michaud, op. cit., p. 129.
98 Cité par Mikhael Harsgor Recherches, op. cit., p. 2127.
Auteur
-
Bernard Chevalier
Université de Tours
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008