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    Plan détaillé Texte intégral Les clivages politiques L’influence de la polarisation sur la popularité du gouvernement Résultats empiriques Une confrontation micro-électorale en France Conclusion Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Le choix rationnel en science politique

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    7. L’influence des clivages idéologiques sur les jugements politiques rétrospectifs : une comparaison entre six pays

    Raul Magni Berton

    p. 163-177

    Texte intégral Les clivages politiques L’électorat potentiel comme mesure des clivages politiques Polarisation, indicateur P et extrémistes L’influence de la polarisation sur la popularité du gouvernement Résultats empiriques Une confrontation micro-électorale en France Conclusion Notes de bas de page Notes de fin Auteur

    Texte intégral

    1Depuis une trentaine d’années, de nombreux travaux tendent à mettre en évidence une disparition du « vote de clivage » au profit du « vote sur enjeu1 » : les électeurs votent de moins en moins en fonction de leur filiation partisane et idéologique et de plus en plus en regardant les programmes (vote prospectif)2, en fonction des résultats obtenus par le gouvernement précédent (vote rétrospectif)3 ou encore selon la personnalité du candidat4. Tous s’accordent à donner à ce phénomène la même explication : l’augmentation générale du niveau d’études, le développement des médias et l’expérience de la démocratie diminuent fortement le coût lié à l’accès aux informations. Cette explication est difficilement contestable : c’est un fait qu’aujourd’hui les citoyens sont bien mieux informés qu’il y a trente ans.

    2Parallèlement à cette tendance, plusieurs études ont également montré qu’un meilleur accès à l’information semble exacerber l’attitude critique des citoyens à l’égard de leur gouvernement. Ils lui accordent moins facilement leur confiance ainsi qu’aux institutions politiques en général et semblent plus difficiles à satisfaire5.

    3Il apparaît donc qu’un plus faible accès à l’information ait pu générer autrefois à la fois de forts clivages idéologiques (associés au vote de classe) et une relative satisfaction à l’égard des institutions politiques6.

    4Si donc cette double tendance peut être établie, il faut maintenant en examiner les limites. Cet article vise à explorer deux d’entre elles : premièrement, de quelle façon la présence de forts clivages idéologiques est-elle liée à la satisfaction des citoyens à l’égard de leurs gouvernants ? Deuxièmement, jusqu’où la distinction entre « vote de clivage » et « vote sur enjeu » est-elle pertinente pour décrire le comportement électoral d’aujourd’hui ? Nous essayerons d’apporter des éléments de réponse à ces deux questions en montrant comment la présence de clivages idéologiques – que nous appellerons « polarisation politique » – diminue les chances pour un gouvernement de satisfaire son électorat. Nous montrerons comment ce mécanisme s’explique par une influence mutuelle des clivages sur la perception des enjeux et des enjeux sur la perception des clivages.

    5Il faut noter que si la plupart des travaux cités ne se revendiquent pas du choix rationnel, ils en assument néanmoins l’héritage. L’idée d’une baisse du « coût d’information » qui rendrait les « jugements rétrospectifs » plus aisées au détriment des « jugements idéologiques » est issue directement de la littérature classique du choix rationnel. Si donc la plupart des travaux en science politique – surtout venant d’outre atlantique – ont intégré des notions fondamentales du choix rationnel, il est vrai également qu’un grand nombre d’auteurs explicitement issus du courant du choix rationnel ajustent de plus en plus leur modèles en prenant en compte des biais cognitifs. A titre d’exemple, les travaux de Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, qui portent sur les situations dans lesquelles les individus se comportent irrationnellement, ont été davantage exploités par les chercheurs issus du choix rationnel que par les autres.

    6Cette contribution participe de cette tendance. Elle intègre dans un modèle général – dans lequel les acteurs sont considérés comme rationnels – un biais cognitif particulier que l’on peut appeler « l’influence de l’idéologie sur le jugement rétrospectif ». Pour le décrire brièvement, il consiste à dire que deux individus, avec les mêmes informations, vont juger différemment l’action d’un troisième selon qu’ils lui faisaient plus ou moins confiance avant que cette action soit accomplie.

    7Nous mettons en évidence une conséquence importante de ce biais dans les démocraties européennes : même si l’absence de clivages idéologiques peut être corrélée à une attitude plus critique des citoyens vis à vis de leurs institutions, elle est aussi la cause d’une plus grande satisfaction de ceux-ci à l’égard de leurs gouvernants.

    Les clivages politiques

    8L’idée de « clivages politiques » fait référence à la présence d’une polarisation de l’opinion qui va déterminer le comportement politique des citoyens. Il y a donc de forts clivages politiques s’il existe une barrière politique, religieuse ou socio-professionnelle qui empêche les individus de voter pour un parti différent de celui pour lequel ils votent habituellement, voire de fréquenter les électeurs du parti adverse7.

    9Il faut souligner deux aspects importants de la notion de clivages. Premièrement, elle décrit un phénomène macro-sociologique. Elle n’est pas le résultat d’une généralisation de propriétés individuelles, comme peut l’être la popularité du gouvernement, mais un phénomène qui émerge de la combinaison de ces propriétés. Une personne ne peut, à elle seule, donner lieu à des clivages : pour qu’il y ait clivages politiques il faut au moins deux individus.

    10Deuxièmement, la notion de « clivage politique » ne fait pas référence au contenu des croyances présentes dans la société, mais aux relations entre les différentes croyances en présence. Ce qui est important sera, dès lors, la perception que les citoyens ont de l’intensité des clivages présents dans leurs pays, et non l’incompatibilité objective des idéologies représentées dans le parlement.

    L’électorat potentiel comme mesure des clivages politiques

    11Les mesures de l’intensité des clivages politiques se font par des indicateurs de « polarisation politique ». Ils peuvent se distinguer aujourd’hui en trois groupes. Premièrement, il existe les mesures spatiales, issues de la tradition de Downs8. Cet indicateur consiste à placer les principales orientations politiques sur une cartographie spatiale (la version originelle compte deux dimensions). Parmi les indicateurs les plus simples, on peut citer le pourcentage d’extrémistes (extrême droite + extrême gauche), ou la forme d’une courbe qui décrit l’auto positionnement politique des individus. Des indicateurs bien plus complexes peuvent être également proposés9.

    12Deuxièmement, il est possible de décrire la polarisation politique en termes de « valeurs ». Cette tradition, issue de l’ouvrage d’Almond et Verba de 1963, consiste à reconstruire l’intensité des clivages politiques en fonction de valeurs centrales telles que la redistribution des richesses ou le post matérialisme10.

    13Enfin, une troisième approche, que nous développons ici, s’appuie sur des mesures probabilistes11. Elle consiste à mesurer les clivages par la probabilité que les électeurs puissent voter pour tel ou tel parti. Plus il est probable que les électeurs votent pour un parti qui n’est pas le leur, moins il y aura de polarisation politique. Cet indicateur s’appuie sur l’hypothèse que plus un électeur et un parti sont éloignés idéologiquement, moins cet électeur sera disposé à voter pour le parti en question. Un parti pour lequel seuls ses électeurs se déclarent susceptibles de voter est un parti qui défend des idées très éloignées des citoyens qui ne sont pas ses électeurs. Le fait qu’un électeur puisse exclure ou pas de voter pour un parti donné nous en dit long sur la distance idéologique qu’il perçoit entre ses idées et celles du parti considéré12.

    14Nous disposons d’une grande enquête Eurobaromètre, conduite en 1984, qui compare les pays européens autour de l’électorat potentiel13. Voici les résultats que nous avons relevés pour six pays :

    Tableau 1 : Institut Eurobaromètre, 1984 : pourcentages de personnes qui refusent de voter pour les mouvements cités ci-dessus par pays

    Image

    Note **

    15Le texte de la question posée est : « Dites-moi, s’il vous plait, s’il est possible ou impossible que vous puissiez voter pour un parti qui correspond à la description suivante : communiste, socialiste, libéral, démocrate-chrétien, conservateur, écologistes, nationaliste, fasciste14 ». Les chiffres représentés ici correspondent aux nombres de gens, en pourcentage, qui déclarent qu’ils refuseront toujours de voter pour un parti correspondant à la description ci-dessus. Nous avons mis en gras les partis qui correspondent le plus aux deux principaux partis présents dans les pays en question.

    16En utilisant les données concernant l’électorat potentiel et des indicateurs correspondant à une mesure de polarisation P = n, plus n sera grand, plus la polarisation politique sera forte. Cet indicateur prendra en compte trois aspects : premièrement puisque le nombre de partis en Europe varie d’un pays à l’autre, nous ne prendrons en compte que le pourcentage des gens qui refusent de voter pour l’un ou l’autre des deux principaux partis. De plus, les partis politiques cités par Eurobaromètre, de par leur vocation comparative, évoquent des tendances inexistantes dans certains pays, mais présentes dans d’autres. Le parti démocrate-chrétien est, par exemple, complètement absent en France. Les partis pris en considération changeront d’un pays à l’autre pour mieux refléter chaque réalité politique. Deuxièmement, pour déterminer les deux principaux partis de chaque pays, nous utiliserons essentiellement deux indicateurs : a) les deux partis qui obtiennent le plus grand nombre de voix aux élections (pendant les années 1980) : ils doivent être suffisamment importants pour être pris en considération. b) ces deux partis doivent être suffisamment distincts : concrètement (ne pas appartenir à la même coalition) et idéologiquement (défendre des principes suffisamment différents). Enfin, lorsque les deux partis principaux auront été déterminés, nous établirons un indicateur de polarisation pour chaque pays. Pour ce faire, nous effectuerons la somme des pourcentages de ceux qui refusent de voter pour un parti et de ceux qui refusent de voter pour l’autre15.

    17Il faut maintenant sélectionner, parmi tous les mouvements cités et pour chaque pays, quels sont les deux mouvements les plus pertinents. Nous procéderons au cas par cas.

    18Au Danemark, en dépit du fait que nous ayons observé une correspondance entre les deux partis principaux et ceux qui reçoivent le moins de refus de votes, nous avons été étonnés par la présence, dans ce pays, d’une forte polarisation. En effet, le Danemark ne semblait pas produire de partis extrémistes importants ou de conflits particulièrement visibles. Il semblerait qu’il y règne une « polarisation calme ». Les partis Social-démocrate et Populaire-conservateur ont été identifiés comme les deux partis les moins impopulaires de ce pays à savoir le mouvement Socialiste (46 % de refus) et le mouvement Conservateur (48 % de refus). L’indicateur de polarisation est donc de P = 94.

    19L’Allemagne présente, dans le tableau 1, deux partis qui obtiennent moins de 30 % de refus : celui des démocrates-chrétiens et celui des libéraux. Les partis qui correspondent à ces étiquettes font partie depuis 1982 de la même coalition de droite, et rassemblent les préférences des électeurs de centre-droite. Par conséquent, malgré leur relative popularité en termes d’électorat potentiel, ils sont trop proches les uns des autres et ne constituent pas de véritable alternative. Les partis qui obtiennent le plus de voix effectives sont le SPD (Parti Social-démocrate) et le CDU (démocrates-chrétiens). Le mouvement socialiste a 39 % de refus de vote et le mouvement démocrate-chrétien 26 % (contre 27 % pour les libéraux). L’indicateur de polarisation est donc P = 65.

    20En France, si l’orientation socialiste ne pose pas de problème particulier, à droite le mouvement Gaulliste constitue une spécificité du pays. Il tend à rassembler les électeurs nationalistes, conservateurs, chrétiens et libéraux. Cependant, ce mouvement ne se définit pas par rapport à ses valeurs religieuses ni par rapport à des valeurs conservatrices. En revanche, plusieurs politologues ont remarqué le rapprochement, depuis 1978, de ce mouvement avec des idées « néo-libérales16 » (Baudouin, 1986). De surcroît, le chiffre obtenu par le parti libéral du sondage Eurobaromètre est très proche du score obtenu par le RPR lors d’un même type de sondage portant sur la France la même année par l’institut SOFRES. Nous le rapprocherons, par conséquent, du mouvement libéral. En France, P = 61.

    21L’Irlande présente un paysage politique très particulier. C’est en effet le seul pays dans lequel aucun des partis de la gauche traditionnelle (Socialiste, Communiste ou Travailliste) n’apparaît au premier plan. Les deux principaux partis qui se succèdent au pouvoir (parfois avec l’appui des travaillistes) sont le Fianna Fail et le Fine Gaël qui partagent des idées nationalistes et catholiques. Par ailleurs, peu de gens refusent de voter pour les orientations politiques généralement classées à droite : nationalistes, démocrates-chrétiens, conservateurs et libéraux obtiennent des chiffres avoisinant les 30 %, ce qui est très bas. Le refus de voter pour des mouvements de gauche est, en revanche, beaucoup plus important. Même si les travaillistes bénéficient aujourd’hui d’un appui croissant, dans les années 1980 ils n’obtenaient, au maximum, que 10 % des voix. Ils ne peuvent, de ce fait, être considérés comme un parti important. Les partis que nous avons pris en compte sont le parti nationaliste (29 %) et le parti démocrate-chrétien (28 %), ce qui donne à l’Irlande l’indicateur de polarisation le plus bas d’Europe avec P = 57.

    22L’Italie avait, en 1984, pour principaux partis le parti Communiste et la Démocratie chrétienne. Le parti Socialiste, d’une taille non négligeable, faisait partie de la coalition gouvernementale avec la Démocratie Chrétienne. Nous rencontrons ici le même problème qu’avec les libéraux allemands. Pour les mêmes raisons, nous ne prendrons pas en compte le score obtenu par le mouvement socialiste dans le tableau 1. Nous ne prendrons en considération que le pourcentage des gens qui refusent de voter pour le Parti Communiste (53 %) et pour le Parti Démocrate-Chrétien (36 %). P = 89.

    23Il en va de même pour les Pays-Bas, dont le mouvement écologiste, pour lequel très peu de personnes refusent de voter, n’existait pas encore au moment où a été effectué ce sondage (1984) puisque celui-ci n’est apparu qu’en 1989 et n’a obtenu que très peu de voix. Il est par conséquent impossible de prendre en compte ce chiffre pour l’indice de polarisation des Pays-Bas. P = 82.

    Polarisation, indicateur P et extrémistes

    24L’indicateur P de polarisation décrit au paragraphe précédent n’en est qu’un parmi les indicateurs possibles. Il a cet avantage de pouvoir comparer l’opposition idéologique entre les citoyens « modérés ». Plus précisément, contrairement à d’autres indicateurs plus structurels – le pourcentage de voix obtenus par les partis extrémistes ou la présence de clivages socio-économiques qui sont à l’origine du « vote de classe » – l’indicateur P permet de sonder l’ordre des préférences des individus. L’action de ces individus ne pourra se comprendre – dans la perspective du choix rationnel – sans faire appel aux préférences subjectives révélées dans la question d’eurobaromètre.

    25Par exemple, il y a en France 33 % des électeurs qui refusent de voter pour le parti socialiste en 1984, alors qu’il y en a 46 % au Danemark. Dans les deux pays, le parti socialiste (ou social démocrate) a des orientations affichées et des scores électoraux assez proches17, mais il suscite au Danemark beaucoup plus d’oppositions idéologiques. Les mêmes considérations peuvent être faites à propos du parti chrétien-démocrate allemand (26 % des refus) par rapport à celui aux Pays Bas (43 %). Il y a donc une polarisation perçue par les citoyens entre les orientations politiques des deux principaux partis qui semble assez indépendante des positions prises par ceux-ci.

    26Il faut noter, cependant, que la polarisation politique telle qu’elle est conçue traditionnellement par les modèles spatiaux de la politique à deux dimensions, faisait référence à la présence d’extrémistes dans un pays. Un pays très polarisé est un pays avec un grand pourcentage d’extrémistes. Cette notion de « polarisation » est conceptuellement différente de celle que nous présentons ici. Cependant, nous voudrions montrer qu’elle est empiriquement liée.

    27Nous avons donc fait appel à une question issue de l’enquête Eurobaromètre concernant l’auto positionnement politique des citoyens sur une échelle à une dimension qui va de l’extrême gauche à l’extrême droite et qui comportait 10 degrés (1 = extrême gauche et 10 = extrême droite)18. Nous avons ensuite évalué le pourcentage d’extrémistes par la somme des pourcentages obtenus dans les positions 1, 2, 9 et 10.

    28La figure 2 montre la relation entre le pourcentage d’extrémistes obtenu pour chaque pays et l’indicateur P de polarisation.

    29La figure 2 tend globalement à confirmer qu’il y a bien un lien entre l’indicateur P construit sur une mesure probabiliste et l’indicateur spatial construit à partir du pourcentage d’extrémistes. Les deux indicateurs semblent donc se renforcer mutuellement. Cependant, il faut souligner une exception importante : le Danemark possède un nombre d’extrémistes très faible par rapport à son score très élevé de polarisation (P = 94). Cette exception peut être interprétée comme un conflit entre indicateurs : l’indicateur fondé sur une mesure probabiliste suggère qu’il peut y avoir une forte polarisation politique sans pour autant y avoir d’extrémisme. Ceci est possible dans la mesure où la distance qui existe entre deux partis « modérés » peut être perçue comme plus ou moins grande. En particulier, bien qu’au Danemark il y ait une culture de l’extrémisme (et en particulier de l’extrémisme de gauche) très peu présente, il y a également un indice de vote de classe parmi les plus élevés19. Cela signifie qu’il est possible que des clivages nets et marqués coexistent avec des idéologies modérées.

    Figure 2. Relation entre pourcentage d’extrémistes et d’indicateur P par pays

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    30Nous avons représenté ici la corrélation entre l’indicateur P de polarisation construit à partir de l’électorat potentiel et le pourcentage d’extrémistes, c’est-à-dire la somme des positions 1, 2, 9, 10. La corrélation est de 0.52. Sans le Danemark, la corrélation devient beaucoup plus forte (0.82, figure 14. Sa signification est de. 012).

    L’influence de la polarisation sur la popularité du gouvernement

    31La thèse défendue dans cette section est que la présence d’une forte polarisation politique dans une démocratie représentative diminue la popularité qu’un gouvernement peut raisonnablement attendre au cours de son mandat. Celle-ci peut être mesurée par la popularité moyenne que les gouvernements d’un pays ont obtenue sur de nombreuses années.

    32L’idée, rapidement exposée, est très simple : dans une situation fortement polarisée aucun parti au gouvernement ne pourra espérer être soutenu par les électeurs du parti adverse.

    33Notre hypothèse concernant les individus consiste à dire que si les citoyens soutiennent un gouvernement en fonction de ses performances, de ses propositions voire de son honnêteté, le poids qu’ils accordent à la position idéologique du gouvernement est lui aussi très important20. Ainsi, nous postulons qu’indépendamment des politiques et des résultats obtenus par un gouvernement, les citoyens qui s’en sentiront trop éloignés idéologiquement ne lui accorderont pas leur soutien.

    34Cette hypothèse peut s’exposer comme suit : la proximité idéologique à l’égard d’un parti politique n’a pas seulement un impact sur le jugement prospectif des gens, mais aussi sur leur jugement rétrospectif (tout comme la satisfaction quant au travail effectué par le gouvernement).

    35Le soutien qu’un parti peut raisonnablement attendre des citoyens dépend, toutes choses égales par ailleurs, de leurs positions idéologiques. Une société polarisée est une société dans laquelle les électeurs sont massivement concentrés dans les zones idéologiques perçues comme moralement inconciliables. Dans cette situation, un gouvernement ne pourra jamais espérer être appuyé par les partisans de l’opposition.

    36Nous soutenons que les gens ne jugent pas une situation socio-économique d’après des critères absolus, ni seulement au regard de la situation qui a précédé, mais aussi en fonction de leur propre idée de ce qu’un gouvernement aurait pu faire ou en fonction de leur appréciation du sérieux de son travail. En effet, une amélioration n’est pas nécessairement le fait du gouvernement. Toutes sortes de facteurs économiques ou sociaux peuvent y avoir contribué et il est toujours possible de penser que le gouvernement aurait pu exploiter de meilleure manière une conjoncture déjà favorable. En effet, les citoyens n’ont pas accès aux informations pertinentes qui leur permettraient d’évaluer le travail du gouvernement par rapport à ce qu’il aurait pu faire ou ce qu’ils auraient souhaité qu’il fasse. Ou alors, ces informations présentent un coût prohibitif. Les orientations idéologiques des partis politiques peuvent remplacer ces informations dans la mesure où elles offrent des garanties sur les intentions des partis. Par conséquent, nous pouvons nous attendre à ce que l’aversion à l’égard des idées d’un parti, puisse rendre compte de l’insatisfaction quant à la manière dont il a travaillé.

    37Avant de tester les principales conséquences empiriques de ce modèle, nous développerons les fondements de notre hypothèse microsociologique. Il existe une abondante littérature relative au comportement électoral. Parmi les plus importantes controverses qui portent sur la décision électorale, il y a celle concernant les déterminants du vote : l’électeur vote-il principalement d’après son attachement et son identification à un parti politique ou bien d’après les enjeux présents au moment de l’élection21 ? La thèse du vote d’après les enjeux a initialement été développée par Downs dans le cadre d’une psychologie prospective attribuée aux individus, c’est-à-dire que ceux-ci votaient en fonction des programmes ou des promesses que les partis politiques leur proposaient.

    38Mais en 1978, dans un célèbre article, Fiorina suggère que le vote sur les enjeux est essentiellement rétrospectif : puisque les promesses des partis dans les démocraties représentatives ne les contraignent en aucune manière, les citoyens rationnels ont intérêt à juger d’après la conduite passée du parti au pouvoir et non à partir des promesses faites lors de la campagne électorale.

    39Dans la mesure où le crédit accordé aux promesses faites lors des campagnes électorales dépend de la confiance que les gens ont dans le parti, nous trouverons facilement une concordance entre les électeurs qui votent pour un parti à cause de leur proximité idéologique et ceux qui votent pour un parti à cause de son programme : leur vote sera avant tout et nécessairement une question de forte confiance en ce parti. En conséquence de cela, il est possible d’assimiler le vote idéologique au vote prospectif et le vote sur les enjeux au vote rétrospectif22. L’évaluation par un individu de ce qu’a fait un parti semble en effet indépendante du lien qui peut unir la plus ou moins grande proximité que cet individu a avec ce parti.

    40L’hypothèse microsociologique que nous avons proposée va à l’encontre de cette conception : nous soutenons en effet que la proximité idéologique a un impact sur le jugement rétrospectif. Nous approfondirons cette idée dans la partie consacrée aux fondements microsociologiques de ce modèle. Nous nous concentrerons maintenant sur ses résultats empiriques.

    Résultats empiriques

    41Il s’agit ici de voir si, dans les pays où il y a davantage de clivages partisans, la popularité moyenne des partis politiques est également plus faible.

    42Nous prenons six pays, l’Irlande, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie et le Danemark, qui étaient classés dans l’indicateur probabiliste de polarisation comme ayant beaucoup (Irlande, France et Allemagne) ou peu (Pays Bas, Italie et Danemark) d’électorat potentiel pour les principaux partis. Ensuite nous comparerons les résultats obtenus sur la base de cet indicateur avec la somme de la popularité moyenne pour les deux principaux partis politiques. Nous observons que la popularité moyenne semble très liée à l’électorat potentiel.

    43La figure 3 est tirée des données Eurobaromètre citées plus haut, et des données sur la moyenne de la popularité des deux principaux partis politiques tirées de Byers, Davidson et Peel23. Les données pour l’Allemagne couvrent la période 1950-1989, pour les Pays-Bas 1979-1996 et pour le Danemark 1960-1992. Pour la France, les données proviennent de l’institut SOFRES et elles couvrent la période allant de 1976 à 2000. Elles portent sur la popularité des premiers ministres. Pour l’Italie, les données sont tirées de l’institut Doxa. Elles portent sur la popularité du président du conseil pendant la période qui va de 1955 à 199524. Pour l’Irlande, les données proviennent d’un ensemble de sondages sur la popularité du Toaiseach recueillis par Michael Marsh et vont de 1976 à 1998. La colonne de gauche montre le degré de polarisation et la colonne de droite la moyenne de popularité des principaux partis politiques. La relation inverse semble évidente. La corrélation est de-0.98 et elle est très significative (.003). Elle doit cependant être interprétée avec prudence, puisqu’elle ne concerne que six cas.

    Figure 3 : Relation entre le degré de polarisation politique et la popularité moyenne des autorités politiques

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    44La relation prévue semble confirmée. La popularité moyenne des partis politiques est nettement sensible à la polarisation politique présente dans la société. Il faut relever l’hétérogénéité des données dont nous disposons : si pour l’Allemagne, la France, les Pays Bas et le Danemark nos données portent sur la confiance accordée aux deux principaux partis politiques, pour l’Irlande et l’Italie les données décrivent la satisfaction à l’égard du chef de l’exécutif. Cette disparité semble cependant secondaire par rapport à l’influence de la polarisation politique, car cette dernière se maintient dans les deux groupes de questions.

    45Ce résultat a une conséquence importante pour notre propos. Nous pouvons penser que si le « vote de clivage » a baissé, c’est parce que la polarisation politique s’est affaiblie également. Si cela est vrai, nous devrions nous attendre à ce que les gouvernements soient de plus en plus populaires. Cette tendance se vérifie en France : de 1974 à 1980 la satisfaction moyenne à l’égard des Premiers Ministres était de 37,5 %. De 1981 à 1990 elle montait à 38,5 %, pour arriver à 43,3 % dans les années 1990. De même, en Italie, la satisfaction moyenne à l’égard des Présidents du Conseil était de 25,7 % entre 1970 et 1984, alors qu’elle dépassait les 33 % dans les quinze ans qui suivaient. La même tendance peut être observée en Irlande25. L’attitude des citoyens, moins opposés idéologiquement qu’auparavant, peut donc avoir provoqué une augmentation moyenne de la satisfaction à l’égard de leurs gouvernants.

    46Il faut remarquer ici la présence d’un paradoxe. Dans les pays où la popularité moyenne des gouvernements est la plus faible – en particulier en Italie et au Danemark – il y a eu une alternance très faible ou nulle. En Italie, la Démocratie Chrétienne a gouverné pendant 40 ans sans interruptions et au Danemark le parti Social-Démocrate a été quasiment toujours présent dans la coalition gouvernementale. De plus, dans une perspective temporelle, l’augmentation de la popularité moyenne du gouvernement en France semble coïncider avec une augmentation de l’alternance particulièrement marquée, puisque aucune majorité n’a été reconduite. Tout laisse à penser qu’un gouvernement plus populaire a moins de chances d’être réélu.

    47Cet apparent paradoxe peut être résolu par l’effet de la polarisation. Lorsque la polarisation est forte, il y aura une très faible mobilité électorale gauche-droite. En revanche, dans une situation moins polarisée, les électeurs changeront plus facilement de vote d’une élection à l’autre. Un parti qui a eu une majorité à une élection aura donc plus de chances de la garder à l’élection suivante, si l’électorat est polarisé. Autrement dit, la polarisation fait diminuer les chances d’alternance. Cependant, comme nous l’avons montré, chaque électeur a plus de chances d’apprécier la politique gouvernementale si le pays est faiblement polarisé, donc, la popularité moyenne du gouvernement augmentera. On peut donc comprendre pourquoi les premiers ministres ont plus de difficultés à se faire réélire aujourd’hui bien qu’ils soient en moyenne plus populaires. En situation polarisée, les électeurs sont plus captifs : même s’ils sont déçus de leurs partis, ils continueront à l’élire. Le parti majoritaire, aura de bonnes chances de le rester, même s’il est très peu populaire. La diminution de la polarisation va permettre à ce parti d’une part d’obtenir plus d’appui, et éventuellement de voix, de la part des électeurs qui ne lui sont pas proches, mais elle va entraîner, d’autre part, une plus forte chance de perdre un certain nombre de ses électeurs dans la mesure où ils sont maintenant plus disposés à voter pour le parti d’opposition.

    48Nous illustrerons ce phénomène en utilisant le cas de la France. La popularité moyenne des premiers ministres a augmenté d’environ 6 % en vingt ans, et la situation politique est passée d’une absence totale d’alternance dans les années 60-70 à une alternance quasi-systématique dans les années 80-90.

    Une confrontation micro-électorale en France

    49Les résultats au niveau macro-politique sont expliqués par une hypothèse micro-sociologique très simple : la distance idéologique qui peut séparer le gouvernement et ses électeurs tend à influencer négativement le jugement sur la performance économique et sociale du gouvernement. Cela est vrai non seulement lorsque les objectifs idéologiques sont divergents, mais également lorsqu’ils convergent. Ainsi, par exemple, la lutte contre le chômage, la diminution des déficits publics ou la sécurité des citoyens semblent être des valeurs pour tous, même si leur importance peut varier selon les orientations politiques de chacun. Mais en dépit de l’importance que l’on peut leur accorder et des succès que le gouvernement a obtenus, plus les électeurs sont éloignés idéologiquement du gouvernement et plus ils seront sévères avec celui-ci. La figure 4 illustre parfaitement ce phénomène.

    Figure 4 : Institut SOFRES, dans L’état de l’opinion 1997, 23-25 avril 1997 : Pourcentages de satisfaction des résultats de la politique de Chirac par proximité partisane

    Image

    50La question posée par l’institut SOFRES était : « Diriez-vous que, depuis son élection en mai 1995, le bilan de l’action de Jacques Chirac est plutôt positif ou plutôt négatif en ce qui concerne… » Nous avons reporté ici seulement les opinions favorables. Nous avons choisi de prendre des paramètres d’évaluation du travail du gouvernement qui soient 1) les plus visibles possible (nous avons éliminé, par exemple, « la paix sociale ») et 2) majoritairement économiques, puisque les facteurs économiques sont ceux qui, au niveau macro politique, semblent jouer le plus grand rôle. Nous avons retenu un seul paramètre non économique, la sécurité des citoyens, puisqu’il est clair et directement observable, même si ce n’est qu’à petite échelle, par les citoyens.

    51Nous voyons que les opinions varient de manière extrêmement stable et forte selon les proximités partisanes. Les citoyens sont d’autant plus satisfaits des politiques gouvernementales qu’ils se sentent proches du parti du Président (RPR). Pour chaque problème rencontré la courbe de satisfaction selon les orientations partisanes est parfaitement régulière et culmine avec les sympathisants RPR. On peut également remarquer l’éloignement idéologique qui sépare les électeurs de droite et ceux d’extrême droite, il est clairement visible aussi bien dans le refus de ces deux partis de produire des alliances que dans leur discours, ce qui est bien représenté dans la figure 4. Les électeurs d’extrême droite sont généralement moins satisfaits du travail du président de droite que ne le sont les électeurs de gauche, sauf en ce qui concerne la lutte contre le chômage, sujet sur lequel les positions de la gauche sont très sensibles. La proximité idéologique à l’égard d’un parti a donc un impact évident sur l’évaluation des politiques gouvernementales.

    52Ce fort impact de l’éloignement idéologique sur le jugement à l’égard des autorités politiques ne doit cependant pas être considéré comme le seul déterminant. Nous pouvons constater dans la figure 4 que, si l’orientation politique a un rôle important, l’opinion sur la politique menée varie également selon les enjeux. Par exemple, les gens paraissent globalement fort insatisfaits de la politique contre le chômage et plutôt satisfaits des politiques pour la sécurité. Quelle que soit l’orientation idéologique des citoyens, les politiques mises en œuvre pour améliorer la sécurité ou pour garantir la bonne marche de l’économie ont été jugées plus efficaces que les politiques de réduction des déficits ou les mesures prises pour lutter contre le chômage. On peut effectivement donner une raison objective à ce phénomène : le gouvernement doit effectivement avoir été plus performant pour lutter contre l’insécurité que pour réduire le chômage.

    53L’analyse micro-électorale tend donc également à confirmer notre hypothèse centrale, que l’on pourrait maintenant reformuler ainsi : si l’éloignement idéologique des citoyens vis-à-vis du gouvernement n’est pas l’unique facteur qui permette de déterminer leur jugement sur les politiques menées, il ne doit cependant pas être négligé. Il peut être conceptualisé comme une probabilité : plus les citoyens seront opposés idéologiquement au gouvernement, moins il y aura de chances qu’ils jugent favorablement sa conduite. Ce qui constitue, comme nous l’avons montré, un impact négatif de la polarisation politique sur la popularité du gouvernement et des partis politiques.

    Conclusion

    54La polarisation politique, que nous avons surtout cernée empiriquement en tant que « perçue » par les citoyens, semble avoir un fort impact sur la popularité des gouvernements. Ce résultat présente un double intérêt pour les études sur la popularité et plus généralement, sur le soutien au gouvernement. Premièrement, il met en évidence l’importance de facteurs politico-culturels dans l’explication de la popularité. Ces facteurs avaient étés injustement subordonnés aux variables économiques telles que le chômage, l’inflation ou la croissance par habitant. Cette dimension est très importante dans le débat général sur le choix rationnel. Ce courant s’est initialement développé en minimisant l’importance des facteurs culturels et en privilégiant les facteurs économiques ou institutionnels. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et des travaux tels que celui présenté ici montrent comment il est possible de traiter la dimension culturelle avec les outils du choix rationnel.

    55Deuxièmement, il porte sur la popularité moyenne, et non sur les variations de la popularité. Nous savons, par exemple, qu’une augmentation de l’inflation diminue la popularité à laquelle un gouvernement peut s’attendre26. Mais nous ne pouvons pas expliquer le fait que, dans des pays au taux d’inflation moyen similaire, la popularité moyenne dont jouit le gouvernement varie d’un pays à l’autre. Cette étude s’inscrit donc dans ces recherches, dans la mesure où elle est parfaitement compatible avec les explications de la variation de la courbe de popularité.

    56De façon plus générale, cette étude permet de s’interroger sur la tendance des démocraties occidentales à avoir un électorat de plus en plus critique et de moins en moins attaché aux idéologies. Nous avons montré, en effet, que si les citoyens paraissent devenir plus sévères à l’égard de leurs institutions, ils semblent cependant de plus en plus faciles à satisfaire par leurs gouvernants. Nous attribuons ce phénomène précisément à la baisse de la polarisation politique. Mais la relation de causalité entre polarisation politique et satisfaction pour les institutions et les gouvernements ne se comprend qu’en explorant ce qui se passe au niveau des individus. Nous avons montré que, si les électeurs se déclarent plus concernés par les « enjeux » que par les « idéologies » lors de leur vote du fait d’un accès plus aisé à l’information, il y a cependant une assez grande influence de l’orientation idéologique sur les jugements que les électeurs portent sur les enjeux, et plus particulièrement sur la performance du gouvernement. Ces éléments permettent à la fois d’infléchir et de mieux comprendre ces grandes tendances contemporaines.

    Notes de bas de page

    1 Nie N. H., Verba S., Petrocik J. R., The Changing American Voter, Harvard University Press, 1976 ; Franklin M., Mackie T., Valen H. (ed.), Electoral Change : Response to Evolving Social and Attitudinal Structures in Western Countries, Cambridge, Cambridge University Press, 1992. En français on peut consulter Habert P. (dir.), Le nouvel électeur, Paris, Vinci, 1996.

    2 Alesina A., Rosenthal H., Partisan Politics, Divided Government and the economy, Cambridge University Press, 1995 ; Himmelweit H., Jaeger M., Humphreys, How Voters decide : a model of vote choice based on a special longitudinal study extending over fifteen years and the British election surveys of 1970-1983, Milton Keynes, Open University Press, 1992.

    3 Fiorina M. P. « Economic Retrospective Voting in American National Elections : A Micro-analysis », American Journal of Political Science, 22, 1978 ; Frey B. S. (ed.), Political Business Cycles, Cheltenham, Edward Elgar, 1997.

    4 Alexander G., Juliette G., Presidential personality and performance, Boulder, Westview, 1998 ; Wattenberg M., The rise of candidate-centered politics : presidential elections of the 1980s, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.

    5 Nye J. S. Jr., Zelikow P. D., King D. C. (ed.), Why people don’t trust government, Cambridge et London, Harvard University Press, 1997 ; Grundberg G., Mayer N., Sniderman P. M. (dir.), La démocratie à l’épreuve. Une nouvelle approche de l’opinion des Français, Presses de Sciences Po, 2002.

    6 Norris P. (ed.), Critical Citizens. Global Support for Democratic Governance, Oxford, Oxford University Press, 1999.

    7 A cet égard, un des indicateurs les plus anciens et suggestifs de polarisation politique a été offert par Almond G. A., Verba S., The Civic Culture, Princeton, Princeton University Press, 1963 (ch. 5). Il porte sur l’opinion que les personnes ont à l’égard de ceux qui votent pour un parti différent du leur.

    8 Downs A., An Economic Theory of Democracy, New York, Harper and Row, Publishers, Inc., 1957.

    9 Listhaug O., Macdonald S. E., Rabinowitz G., « Ideology and party support in comparative perspective », European Journal of Political research, 25, 1994 ; Esteban J. M., Debray R., « On Measurement of Polarization », Econometrica, 62, 4, 1994.

    10 Inglehart R., Culture Shifts in Advanced Industrial Society, Princeton, Princeton University Press, 1990 ; Knutsen O., « Left-right polarization among the mass publics : A comparative longitudinal study from eight West European countries », chap. 9, in Hanne M. N., Toril A. (eds.), Challenges to Representative Democracy : Parties, Voters and Public Opinion, Bergen, Fagbokforlaget, 1999.

    11 Coughlin P. J., Probabilistic Voting Theory, Cambridge, Cambridge University Press, 1991 ; Lafay J. -D., « La théorie probabiliste du vote », Revue d’économie politique, 102, 4, 1992.

    12 Ce type de mesure a été développé pour la première fois par Van Der Eijk C., Niemöller B., Tillie J. N., The Two Faces of « Future Vote » : Voter Utility and Party Potential, Université de Amsterdam, manuscrit inédit, 1986. Il faut noter que cette mesure ne prend en considération qu’une probabilité égale à 0, et une probabilité différente de 0. Des mesures plus sophistiquées sont également envisageables.

    13 Malheureusement, il s’agit là de la seule enquête Eurobaromètre portant sur cette question. Son caractère « daté » entraîne une certaine prudence dans l’interprétation des résultats. Ils visent à offrir une régularité, mais non à permettre d’interpréter la situation actuelle compte tenu d’un certain nombre de bouleversements politiques apparus après 1984 (en particulier en Italie et en Allemagne).

    14 Nous regrettons l’absence d’un parti travailliste, et l’emploi du terme « socialiste » plutôt que « social-démocrate » qui aurait permis de préciser l’avantage notre analyse. Par ailleurs nous avons éliminé du tableau les informations concernant le « parti fasciste » car, dans tout le pays, très peu d’individus seraient disposés à voter pour eux.

    15 Magni Berton R., « Action gouvernementales et polarisation politique : une étude comparée », Revue française de science politique, 53, 6, 2003, p. 941-962.

    16 Baudouin J., « L’évolution idéologique du RPR depuis 1981 », Nouvelle revue socialiste, janvier 1986.

    17 Si l’on se réfère aux programmes électoraux ou à l’analyse des experts, il semblerait même que le parti socialiste français se distingue plus clairement du principal parti concurrent que ne le fait le parti social-démocrate danois (voir Huber J., Inglehart R., « Expert interpretation of party space and party location in 42 societies », Party Politics, 1, 1995 ; Laver M., Hunt B., Policy and party competition, New York and London, Routledge, 1992). Malgré cette plus forte différentiation, en France l’orientation socialiste semble mieux acceptée.

    18 Eurobaromètre 21, 1984.

    19 Borre O., Goul Andersen J., Voting and Political Attitudes in Denmark, Aarhus, Aarhus University Press, 1997.

    20 Macdonald S. E., Rabinowitz G., « Ideology and candidate evaluation », Public Choice, 76, 2003.

    21 Mayer N., Perrineau P., Les comportements politiques, Paris, Armand Colin, 1992.

    22 Alesina A., Rosenthal H., op. cit., 1995.

    23 Byers D., Davidson J., Peel D., « The dynamics of aggregate political popularity : evidence from eight countries », Electoral Studies, 19, 1, 2000.

    24 Les données sur la popularité que nous utilisons proviennent de sources différentes et les questions posées sont aussi légèrement différentes. La comparaison entre ces données n’est donc pas parfaite. Nous avons choisi de prendre les opinions favorables dans chaque pays (en excluant les réponses non fournies).

    25 Les données sont tirées de l’Institut IFOP en France, de l’Institut DOXA en Italie et des MRBI Polls pour l’Irlande. Tous ces sondages portent sur la satisfaction à l’égard du chef de l’exécutif.

    26 Carlsen F., « Inflation and elections : Theory and evidence for six OECD economies », Economic inquiry, 37, 1, 1999.

    Notes de fin

    * Le pourcentage d’électeurs potentiel pour le parti communiste est trop faible pour être significatif.

    Auteur

    • Raul Magni Berton
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    1 Nie N. H., Verba S., Petrocik J. R., The Changing American Voter, Harvard University Press, 1976 ; Franklin M., Mackie T., Valen H. (ed.), Electoral Change : Response to Evolving Social and Attitudinal Structures in Western Countries, Cambridge, Cambridge University Press, 1992. En français on peut consulter Habert P. (dir.), Le nouvel électeur, Paris, Vinci, 1996.

    2 Alesina A., Rosenthal H., Partisan Politics, Divided Government and the economy, Cambridge University Press, 1995 ; Himmelweit H., Jaeger M., Humphreys, How Voters decide : a model of vote choice based on a special longitudinal study extending over fifteen years and the British election surveys of 1970-1983, Milton Keynes, Open University Press, 1992.

    3 Fiorina M. P. « Economic Retrospective Voting in American National Elections : A Micro-analysis », American Journal of Political Science, 22, 1978 ; Frey B. S. (ed.), Political Business Cycles, Cheltenham, Edward Elgar, 1997.

    4 Alexander G., Juliette G., Presidential personality and performance, Boulder, Westview, 1998 ; Wattenberg M., The rise of candidate-centered politics : presidential elections of the 1980s, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.

    5 Nye J. S. Jr., Zelikow P. D., King D. C. (ed.), Why people don’t trust government, Cambridge et London, Harvard University Press, 1997 ; Grundberg G., Mayer N., Sniderman P. M. (dir.), La démocratie à l’épreuve. Une nouvelle approche de l’opinion des Français, Presses de Sciences Po, 2002.

    6 Norris P. (ed.), Critical Citizens. Global Support for Democratic Governance, Oxford, Oxford University Press, 1999.

    7 A cet égard, un des indicateurs les plus anciens et suggestifs de polarisation politique a été offert par Almond G. A., Verba S., The Civic Culture, Princeton, Princeton University Press, 1963 (ch. 5). Il porte sur l’opinion que les personnes ont à l’égard de ceux qui votent pour un parti différent du leur.

    8 Downs A., An Economic Theory of Democracy, New York, Harper and Row, Publishers, Inc., 1957.

    9 Listhaug O., Macdonald S. E., Rabinowitz G., « Ideology and party support in comparative perspective », European Journal of Political research, 25, 1994 ; Esteban J. M., Debray R., « On Measurement of Polarization », Econometrica, 62, 4, 1994.

    10 Inglehart R., Culture Shifts in Advanced Industrial Society, Princeton, Princeton University Press, 1990 ; Knutsen O., « Left-right polarization among the mass publics : A comparative longitudinal study from eight West European countries », chap. 9, in Hanne M. N., Toril A. (eds.), Challenges to Representative Democracy : Parties, Voters and Public Opinion, Bergen, Fagbokforlaget, 1999.

    11 Coughlin P. J., Probabilistic Voting Theory, Cambridge, Cambridge University Press, 1991 ; Lafay J. -D., « La théorie probabiliste du vote », Revue d’économie politique, 102, 4, 1992.

    12 Ce type de mesure a été développé pour la première fois par Van Der Eijk C., Niemöller B., Tillie J. N., The Two Faces of « Future Vote » : Voter Utility and Party Potential, Université de Amsterdam, manuscrit inédit, 1986. Il faut noter que cette mesure ne prend en considération qu’une probabilité égale à 0, et une probabilité différente de 0. Des mesures plus sophistiquées sont également envisageables.

    13 Malheureusement, il s’agit là de la seule enquête Eurobaromètre portant sur cette question. Son caractère « daté » entraîne une certaine prudence dans l’interprétation des résultats. Ils visent à offrir une régularité, mais non à permettre d’interpréter la situation actuelle compte tenu d’un certain nombre de bouleversements politiques apparus après 1984 (en particulier en Italie et en Allemagne).

    14 Nous regrettons l’absence d’un parti travailliste, et l’emploi du terme « socialiste » plutôt que « social-démocrate » qui aurait permis de préciser l’avantage notre analyse. Par ailleurs nous avons éliminé du tableau les informations concernant le « parti fasciste » car, dans tout le pays, très peu d’individus seraient disposés à voter pour eux.

    15 Magni Berton R., « Action gouvernementales et polarisation politique : une étude comparée », Revue française de science politique, 53, 6, 2003, p. 941-962.

    16 Baudouin J., « L’évolution idéologique du RPR depuis 1981 », Nouvelle revue socialiste, janvier 1986.

    17 Si l’on se réfère aux programmes électoraux ou à l’analyse des experts, il semblerait même que le parti socialiste français se distingue plus clairement du principal parti concurrent que ne le fait le parti social-démocrate danois (voir Huber J., Inglehart R., « Expert interpretation of party space and party location in 42 societies », Party Politics, 1, 1995 ; Laver M., Hunt B., Policy and party competition, New York and London, Routledge, 1992). Malgré cette plus forte différentiation, en France l’orientation socialiste semble mieux acceptée.

    18 Eurobaromètre 21, 1984.

    19 Borre O., Goul Andersen J., Voting and Political Attitudes in Denmark, Aarhus, Aarhus University Press, 1997.

    20 Macdonald S. E., Rabinowitz G., « Ideology and candidate evaluation », Public Choice, 76, 2003.

    21 Mayer N., Perrineau P., Les comportements politiques, Paris, Armand Colin, 1992.

    22 Alesina A., Rosenthal H., op. cit., 1995.

    23 Byers D., Davidson J., Peel D., « The dynamics of aggregate political popularity : evidence from eight countries », Electoral Studies, 19, 1, 2000.

    24 Les données sur la popularité que nous utilisons proviennent de sources différentes et les questions posées sont aussi légèrement différentes. La comparaison entre ces données n’est donc pas parfaite. Nous avons choisi de prendre les opinions favorables dans chaque pays (en excluant les réponses non fournies).

    25 Les données sont tirées de l’Institut IFOP en France, de l’Institut DOXA en Italie et des MRBI Polls pour l’Irlande. Tous ces sondages portent sur la satisfaction à l’égard du chef de l’exécutif.

    26 Carlsen F., « Inflation and elections : Theory and evidence for six OECD economies », Economic inquiry, 37, 1, 1999.

    * Le pourcentage d’électeurs potentiel pour le parti communiste est trop faible pour être significatif.

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    Ce livre est cité par

    • Delori, Mathias. (2019) Dictionnaire des politiques publiques. DOI: 10.3917/scpo.bouss.2019.01.0375
    • (2017) Analyser la gouvernance multi-niveaux. DOI: 10.3917/pug.poupe.2017.01.0213
    • Delori, Mathias. (2014) Dictionnaire des politiques publiques. DOI: 10.3917/scpo.bouss.2014.01.0359
    • Delori, Mathias. (2010) Dictionnaire des politiques publiques. DOI: 10.3917/scpo.bouss.2010.01.0359
    • Bertrand, Gilles. Delori, Mathias. (2015) Introduction. Études internationales, 46. DOI: 10.7202/1035174ar
    • Hug, Simon. (2014) Further Twenty Years of Pathologies? Is Rational Choice better than it used to be?. Swiss Political Science Review, 20. DOI: 10.1111/spsr.12123
    • Delori, Mathias. (2011) Le poids de la mémoire sur la politique étrangère. Politique européenne, n° 34. DOI: 10.3917/poeu.034.0231

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    Berton, R. M. (2009). 7. L’influence des clivages idéologiques sur les jugements politiques rétrospectifs : une comparaison entre six pays. In M. Delori, D. Deschaux-Beaume, & S. Saurugger (éds.), Le choix rationnel en science politique (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.11990
    Berton, Raul Magni. « 7. L’influence des clivages idéologiques sur les jugements politiques rétrospectifs : une comparaison entre six pays ». In Le choix rationnel en science politique, édité par Mathias Delori, Delphine Deschaux-Beaume, et Sabine Saurugger. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2009. https://doi.org/10.4000/books.pur.11990.
    Berton, Raul Magni. « 7. L’influence des clivages idéologiques sur les jugements politiques rétrospectifs : une comparaison entre six pays ». Le choix rationnel en science politique, édité par Mathias Delori et al., Presses universitaires de Rennes, 2009, https://doi.org/10.4000/books.pur.11990.

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    Delori, M., Deschaux-Beaume, D., & Saurugger, S. (éds.). (2009). Le choix rationnel en science politique (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.11964
    Delori, Mathias, Delphine Deschaux-Beaume, et Sabine Saurugger, éd. Le choix rationnel en science politique. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2009. https://doi.org/10.4000/books.pur.11964.
    Delori, Mathias, et al., éditeurs. Le choix rationnel en science politique. Presses universitaires de Rennes, 2009, https://doi.org/10.4000/books.pur.11964.
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